En étant tout à fait honnête, oui j'ai ri à la lecture de cette BD ! Mais franchement beaucoup moins que ce que j'aurais cru. Déjà parce que certains ressorts utilisés me semblent éculés, comme le procédé consistant à reraconter une histoire mais plus "crédible" avec des trucs improbables (ici la résurrection). De même, la vision de Dieu comme une sorte de gros beauf m'a fait sourire mais j'ai déjà vu des idées dans ce genre et une fois de plus, ça me fait modérément rire.
En fait, j'ai adoré certaines images carrément bien trouvé (Saint-Sébastien et Guillaume Tell par exemple) mais dans l'ensemble, Winschluss brocarde la religion catholique avec son humour. Il faut aimer le style mais je trouve que c'est franchement bien mené, jamais méchant de façon bête, cherchant à rire du contenu de la bible et de l'hypocrisie de certains croyants. C'est sympathique, même si j'ai moins ri que je n'aurais cru. Le dessin de l'auteur correspond tout à fait à ce qu'on imagine pour ce genre de récit, par contre, aucun doute !
Si vous cherchez dans cet album une profonde réflexion, passez votre chemin : ici, c'est un pur plaisir d'action.
Kali, c'est un album que l'on pourrait presque comparer à un film de série B (une BD de série B, ça se dit ?), le scénario n'est qu'un prétexte pour un enchaînement de scènes d'actions dantesques où l'on suit notre protagoniste dans sa mission de vengeance quasi-suicidaire. Tout ce que l'on sait d'elle à l'origine, c'est qu'elle s'est faite trahir par son ancien gang, a été laissée pour morte, et cherche aujourd'hui à tuer chacune de ses anciennes camarades. On apprendra bien deux petits détails sur son passé, dont un se voulant être un twist, mais j'insiste : le scénario n'est presque qu'un prétexte.
Bon, il y a tout de même un sous-texte, à savoir le besoin de liberté contre la sécurité qu'apportent les systèmes autoritaires en temps de crise, mais je maintiens que l'album cherche surtout à enchaîner les scènes d'actions dans des décors de fin du monde. Oui, j'ai oublié de le dire, ici c'est un peu la fin du monde. On l'oublierai presque avec toutes ces explosions et ces pétarades.
Le dessin, mêlant les personnages trop propres sur soi pour le cadre post-apocalyptique et les pétages de gueules et giclées de sang gratuit-e-s, colle parfaitement à l'ambiance série B dont je vous parlais plus haut. L'action est parfaitement fluide et lisible, la mise en scène est parfois assez cinématographique, vraiment le dessin rend la lecture très agréable.
Vraiment, du très bon dans son genre.
Je conseille surtout la lecture aux amateur-ice-s d'histoires à la Mad Max où au film d'actions bourrin mais joliment chorégraphiés.
Honnêtement, j'ai hésité à aller jusqu'à quatre étoiles car j'ai vraiment passé un bon moment, mais le petit twist de fin m'a semblé assez mal amené et m'a fait un chouïa baisser ma note. Un coup de cœur tout de même.
Après son adaptation – réussie – du roman « 1984 », Xavier Coste n’a semble-t-il pas voulu en rester là avec l’univers créé par Orwell, puisqu’il nous propose une « suite ». J’étais assez circonspect avant d’attaquer cette lecture – et j’admets l’être encore un peu après l’avoir finie.
Coste reste fidèle à « l’habillage » du précédent volume. Un joli format carré (beau travail de Sarbacane une nouvelle fois), et un dessin usant de bichromies (différentes de l’album précédent), d’un trait jouant sur des esquisses plus ou moins rehaussées. Des décors absents ou très froids, un ensemble très sombre et déshumanisé. On est dans la droite ligne de « 1984 ».
Mon bémol vient du fait que je ne sais pas si une « suite » était souhaitable, tant l’œuvre originelle se justifiait par elle-même, jusque dans sa conclusion tragique et suffocante, pessimiste.
Ici, à vouloir être fidèle à Orwell, mais en « poursuivant » le récit, Coste prend le risque de redites inutiles, et je ne sais pas si couper le silence terrible qui clôt le roman était une bonne idée.
De fait, j’ai trouvé que certains passages de « 1985 » étaient presque trop verbeux, et surtout que l’intrigue devenait presque « ordinaire », alors qu’elle se laisse lire, et que Coste réussit quand même à développer quelque chose de très noir et anxiogène, dans la continuité de « 1984 ». Mais il n’y a pas tant de nouveautés et de surprises que ça. Même si le personnage de Lloyd se révèle moins linéaire que je ne l’imaginais au départ – voir les passages avec son frère jumeau – il ressemble encore trop au grain de sable qu’était Winston. Et, là où Orwell ne laissait aucun espoir, Coste semble parier sur une possibilité de sorti de cette horreur. C’est certes différent, mais du coup ça rend aussi son récit moins « terrible » in fine que celui d’Orwell.
Bon cela dit, ça reste quand même un album à découvrir, Coste a du talent.
Contrairement à Ro, j’apprécie le personnage d’Arthur Cravan (qui apparait dans plusieurs autres BD – voir le thème qui lui est consacré). Mais j’ai trouvé beaucoup trop brouillonne sa représentation, même si Cravan était un personnage provocateur, fantasque et hautement subversif et poétique.
Je ne connaissais par contre pas le personnage du boxeur Johnson – si ce n’est par son nom accolé à un combat avec Cravan. J’ai donc découvert un autre personnage décalé, extraverti et foutraque, qui lui aussi a défié quelques conventions de l’époque – être Noir dans les États-Unis soumis aux lois Jim Crow rendait nécessaire une forte personnalité pour émerger, voire survivre ! Mais là aussi ça se perd un peu, la narration est brouillonne.
De plus, je n’ai pas accroché au dessin, inégal, et pas vraiment à mon goût, ce qui a sans doute joué pour me laisser un peu en retrait d’un sujet qui, pourtant, m’intéressait.
A noter que la présentation rapide de Trostki, qui croise Johnson et Cravan dans un bateau reliant l’Espagne aux États-Unis durant la première guerre mondiale est assez tendancieuse. Il ne « fuit » pas. Contre cette guerre par principe de toute façon (comme tous les bolcheviks), il vient d’être expulsé de France, puis d’Espagne, et n’a donc pas eu le choix.
Bref, un album qui m’a laissé sur ma faim, même si les deux personnages au cœur de cette biographie bicéphale sont suffisamment bravaches, loufoques et hauts en couleur pour rendre cette lecture un minimum intéressante.
Note réelle 2,5/5.
J'aime bien la collection Dédales qui a pour particularité de nous présenter des énigmes policières avec des enquêteurs aux charges originales et quelque peu répulsives. J'y ai déjà croisé un bourreau romain, un embaumeur égyptien ou un inquisiteur français. Ces charges s'inscrivent dans des contextes historiques précis ce qui donne une ambiance et un charme particuliers à la série. Ici les auteurs nous font voyager dans la Rome Antique de Claudius au côté de Salomé esclave née à Cirta ( aujourd'hui Constantine en Algérie). Pour donner une crédibilité aux initiatives de la belle Salomé , Prungnaud en fait une devineresse respectée pour sa possibilité de communiquer avec les dieux. Le souci est que cela affaiblit le scénario qui avance à coup de visions un peu faciles. Sinon la narration est classique avec une ambiance bien posée et une lecture facile et fluide assez divertissante mais sans surprise.
Le graphisme de Giuseppe Palumbo s'inscrit dans la droite file de la collection. Des personnages semi réalistes bien travaillés dans les expressions avec un dynamisme un peu restreint. Comme souvent dans la collection l'effort est fait sur les extérieurs qui doivent installer l'ambiance historique qui est le plus de la collection. Pour la Rome antique la tâche est plus difficile car déjà beaucoup exploitée.
Ce n'est pas l'opus que j'ai préféré mais c'est une lecture divertissante .
Un récit bien sympathique mettant en vedette John Constantine.
On retrouve une bonne synthèse du personnage et de son univers. On peut lire ce one-shot sans problème si on ne connait pas le personnage, mais je pense que les nouveaux lecteurs risquent d'être surpris par les blagues souvent crues et sexuelles ainsi que le côté anarchiste du personnage. Et encore cela reste soft comparé à ce que l'on pouvait voir lorsque les aventures de Constantine paraissaient sous le label Vertigo.
Le récit est aussi facile à comprendre alors que parfois les aventures de Constantine me semblent inutilement complexes. Le scénario est au final classique, mais terriblement efficace et aussi très amusant à lire. J'ai bien aimé le dessin, très lisible et agréable pour les yeux.
Ally et Gator est une charmante BD jeunesse racontant l'amitié entre une petite fille solitaire et un gros alligator orphelin.
Gator a été jeté bébé dans les toilettes par le gamin à qui il avait été offert comme animal de compagnie. Dix ans plus tard, c'est devenu un gros animal tout gentil qui vit dans les égouts mais que la faim pousse à boulotter les chiens et les chats du quartier. Ally, elle, vit seule la plupart du temps car sa mère travaille tard et elle ne s'entend pas avec ses camarades d'école. Les deux vont se rencontrer et très vite s'apprivoiser.
C'est une série jeunesse marrante dessinée dans un style proche du comic strips américain. Les décors sont épurés, la mise en scène toute en efficacité, le trait ferme et maîtrisé. C'est du bon boulot et je trouve que Gator a une bouille aussi drôle qu'attendrissante.
L'histoire ne marquera pas par son originalité, si l'on excepte le fait d'avoir un héros qui mange les animaux domestiques du coin, mais elle se lit avec le sourire et fait passer un bon moment. Une BD feel good sur l'amitié entre deux personnages qu'on n'aurait pas imaginé ensemble avec une bonne part d'humour et de bons sentiments.
Une histoire intéressante, mêlant vie quotidienne et fantastique, et traitant, comme beaucoup d'histoires, des affres de l'adolescence et du regard des autres.
Du classique mais rondement mené. Déjà, Vera Brosgol ajoute à cette histoire un thème qui lui est cher, à savoir la double-nationalité, le sentiment d'être ostracisé par ses origines (thèmes également abordés dans Un été d'enfer !). Le sujet est sans nul doute personnel à l'autrice qui doit y mettre beaucoup de sa propre histoire dans ses récits, en tout cas on ressent bien l'aspect concret et tangible des problématiques abordées.
Ici, en plus des origines, on traite également la problématique de l'image de soi, là aussi déjà abordée dans une autre de ses œuvres, à savoir Jane face aux Sirènes (album techniquement sorti après celui-ci, mais vous me comprenez). En effet, Anya n'a pas que honte de ses origines, elles se sent aussi mal dans sa peau à cause de ses formes trop rondes. Elle craint que le garçon pour qui elle a le béguin ne puisse jamais la trouver jolie. Alors quand elle tombe mystérieusement sur un fantôme qui prétend pouvoir l'aider à rendre sa vie meilleure, comment peut-elle refuser ?
L'album parle beaucoup des attentes que l'on a, de comment nous idéalisons certaines choses (tout particulièrement en étant jeune) qui se révèlent bien souvent nocives, comme vouloir paraître cool à tout prix ou bien ne plus exister qu'à travers le regard des autres.
Une lecture agréable, chaudement recommandée à un public adolescent.
Comme l'a si bien décrit un autre critique sur cette page, The Kong crew est une BD popcorn, ou bien blockbuster.
Comprenez une BD qui cherche avant tout à distraire sans trop se poser de questions. Le problème c'est que j'aime bien m'en poser^_^
Cela lorgne aussi vers les BD Pulp US des années 20-30.
Kong crew prend le postulat suivant: King Kong a survécu à son affrontement, et a fait de Manhattan son domaine. Depuis, la presqu'île est devenue une zone interdite contrôlée par l'armée, personne n'entre, personne ne sort. En tout cas à priori.
Un pilote américain va hélas s'écraser sur Manhattan, et devra composer avec une jungle urbaine peuplée de dinosaures, mais aussi d'une féroce tribu d'amazones.
Bon disons le tout de suite, le gros point fort de cette BD, c'est justement son côté pulp, mêlant exotisme et action, les dessins sont bien, c'est quasiment sans temps morts et tout s'enchaîne à un rythme parfois effréné.
Un point à souligner cependant: Kong est relativement absent de l'intrigue, c'est un peu dommage....
Mais le gros soucis, c'est que le scénario est laissé en plan.
D'abord, LE gros problème, c'est qu'on ne comprend pas trop d'où sortent tous les animaux de cette jungle: faune impressionnante de dinosaures, armée de singes, aucune explication n'est fournie. Et je ne demandais pas beaucoup, on aurait pu très simplement dire que l'armée US les avait amené pour éliminer Kong, et que rapidement la situation était devenue hors de contrôle.
De même, il y a quand même pas mal de monde dans cette zone interdite: la fameuse tribu d'amazones par exemple (on se demande aussi comment des femmes ont pu tomber à un tel niveau grégaire en moins de 20 ans...) qui pratique l'esclavage et la traite humaine en toute tranquilité, des intrus, ainsi qu'un ennemi qui pointe le bout de son nez à la fin du troisième tome..Le tout sans que l'armée, la NSA et la CIA se rendent compte de quoi que ce soit.
On a aussi droit à deux sous-intrigues:
1)L'une débile et sans intérêt sur le teckel du pilote, pour lequel une opération de secours et campagne d'opinion publique sera lancée.
2)L'autre plus intéressante l'un des intrus en question est un biologiste qui se rend compte que les animaux sur Manhattan évoluent à vitesse grand V. Mais bon cela lorgne un peu trop vers la planète des singes version années 2000. Et on en saura pas plus, car ce triptyque ne fait qu'annoncer un second cycle qui ne débarquera cependant pas avant quelques années.
Trois étoiles pour le célèbre gaffeur ?!
Oui.
Gaston, c'est drôle, je reconnais à la série d'avoir créé des personnages attachants, en particulier le héros éponyme qui peut se vanter d'être l'un des premiers véritable anti-héros de la bande-dessinée franco-belge. Mais je préfère être honnête, bien que certains gags parviennent à me faire rire, l'humour est ici assez inégal (beaucoup de réutilisation des mêmes ressorts comiques par exemple). Je suis surtout attendrie par le personne de Gaston plutôt qu'hilare face à ses déboires et les malheurs qu'il cause à son entourage bien malgré lui. Il est touchant dans sa grande fantaisie et ses idéaux humanistes qui n'ont d'égal que sa gigantesque fainéantise (fainéantise d'ailleurs surfaite, c'est plutôt qu'il n'aime pas le travail de bureau et les cadres trop stricts, quand il s'agit d'inventer pour son plaisir il est quand-même sacrément débrouillard).
Donc bon, pas taper, j'aime bien Gaston, sincèrement. La lecture des albums est agréable et le trait de Franquin est toujours parfaitement maîtrisé. Je n'y suis juste sincèrement pas attachée comme pourrait l'être les personnes ayant grandi avec et qui l'ont érigé comme parangon de l'humour.
Je sais qu'étant jeune j'aurais facilement pu lui donner une quatrième étoile, mais je pense qu'après avoir lu davantage de strips comiques et avoir affiné mes goûts en bande-dessinée la série a un peu perdu de son aura à mes yeux.
Une lecture intéressante et recommandée quand-même, ne serait-ce que pour l'aspect historique. De toute façon, il y a de grandes chances que les parents continuent de mettre ces albums entre les mains de leurs enfants, donc bon, la lecture est relativement assurée.
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In God We Trust
En étant tout à fait honnête, oui j'ai ri à la lecture de cette BD ! Mais franchement beaucoup moins que ce que j'aurais cru. Déjà parce que certains ressorts utilisés me semblent éculés, comme le procédé consistant à reraconter une histoire mais plus "crédible" avec des trucs improbables (ici la résurrection). De même, la vision de Dieu comme une sorte de gros beauf m'a fait sourire mais j'ai déjà vu des idées dans ce genre et une fois de plus, ça me fait modérément rire. En fait, j'ai adoré certaines images carrément bien trouvé (Saint-Sébastien et Guillaume Tell par exemple) mais dans l'ensemble, Winschluss brocarde la religion catholique avec son humour. Il faut aimer le style mais je trouve que c'est franchement bien mené, jamais méchant de façon bête, cherchant à rire du contenu de la bible et de l'hypocrisie de certains croyants. C'est sympathique, même si j'ai moins ri que je n'aurais cru. Le dessin de l'auteur correspond tout à fait à ce qu'on imagine pour ce genre de récit, par contre, aucun doute !
Kali
Si vous cherchez dans cet album une profonde réflexion, passez votre chemin : ici, c'est un pur plaisir d'action. Kali, c'est un album que l'on pourrait presque comparer à un film de série B (une BD de série B, ça se dit ?), le scénario n'est qu'un prétexte pour un enchaînement de scènes d'actions dantesques où l'on suit notre protagoniste dans sa mission de vengeance quasi-suicidaire. Tout ce que l'on sait d'elle à l'origine, c'est qu'elle s'est faite trahir par son ancien gang, a été laissée pour morte, et cherche aujourd'hui à tuer chacune de ses anciennes camarades. On apprendra bien deux petits détails sur son passé, dont un se voulant être un twist, mais j'insiste : le scénario n'est presque qu'un prétexte. Bon, il y a tout de même un sous-texte, à savoir le besoin de liberté contre la sécurité qu'apportent les systèmes autoritaires en temps de crise, mais je maintiens que l'album cherche surtout à enchaîner les scènes d'actions dans des décors de fin du monde. Oui, j'ai oublié de le dire, ici c'est un peu la fin du monde. On l'oublierai presque avec toutes ces explosions et ces pétarades. Le dessin, mêlant les personnages trop propres sur soi pour le cadre post-apocalyptique et les pétages de gueules et giclées de sang gratuit-e-s, colle parfaitement à l'ambiance série B dont je vous parlais plus haut. L'action est parfaitement fluide et lisible, la mise en scène est parfois assez cinématographique, vraiment le dessin rend la lecture très agréable. Vraiment, du très bon dans son genre. Je conseille surtout la lecture aux amateur-ice-s d'histoires à la Mad Max où au film d'actions bourrin mais joliment chorégraphiés. Honnêtement, j'ai hésité à aller jusqu'à quatre étoiles car j'ai vraiment passé un bon moment, mais le petit twist de fin m'a semblé assez mal amené et m'a fait un chouïa baisser ma note. Un coup de cœur tout de même.
Journal de 1985
Après son adaptation – réussie – du roman « 1984 », Xavier Coste n’a semble-t-il pas voulu en rester là avec l’univers créé par Orwell, puisqu’il nous propose une « suite ». J’étais assez circonspect avant d’attaquer cette lecture – et j’admets l’être encore un peu après l’avoir finie. Coste reste fidèle à « l’habillage » du précédent volume. Un joli format carré (beau travail de Sarbacane une nouvelle fois), et un dessin usant de bichromies (différentes de l’album précédent), d’un trait jouant sur des esquisses plus ou moins rehaussées. Des décors absents ou très froids, un ensemble très sombre et déshumanisé. On est dans la droite ligne de « 1984 ». Mon bémol vient du fait que je ne sais pas si une « suite » était souhaitable, tant l’œuvre originelle se justifiait par elle-même, jusque dans sa conclusion tragique et suffocante, pessimiste. Ici, à vouloir être fidèle à Orwell, mais en « poursuivant » le récit, Coste prend le risque de redites inutiles, et je ne sais pas si couper le silence terrible qui clôt le roman était une bonne idée. De fait, j’ai trouvé que certains passages de « 1985 » étaient presque trop verbeux, et surtout que l’intrigue devenait presque « ordinaire », alors qu’elle se laisse lire, et que Coste réussit quand même à développer quelque chose de très noir et anxiogène, dans la continuité de « 1984 ». Mais il n’y a pas tant de nouveautés et de surprises que ça. Même si le personnage de Lloyd se révèle moins linéaire que je ne l’imaginais au départ – voir les passages avec son frère jumeau – il ressemble encore trop au grain de sable qu’était Winston. Et, là où Orwell ne laissait aucun espoir, Coste semble parier sur une possibilité de sorti de cette horreur. C’est certes différent, mais du coup ça rend aussi son récit moins « terrible » in fine que celui d’Orwell. Bon cela dit, ça reste quand même un album à découvrir, Coste a du talent.
Il était 2 fois Arthur
Contrairement à Ro, j’apprécie le personnage d’Arthur Cravan (qui apparait dans plusieurs autres BD – voir le thème qui lui est consacré). Mais j’ai trouvé beaucoup trop brouillonne sa représentation, même si Cravan était un personnage provocateur, fantasque et hautement subversif et poétique. Je ne connaissais par contre pas le personnage du boxeur Johnson – si ce n’est par son nom accolé à un combat avec Cravan. J’ai donc découvert un autre personnage décalé, extraverti et foutraque, qui lui aussi a défié quelques conventions de l’époque – être Noir dans les États-Unis soumis aux lois Jim Crow rendait nécessaire une forte personnalité pour émerger, voire survivre ! Mais là aussi ça se perd un peu, la narration est brouillonne. De plus, je n’ai pas accroché au dessin, inégal, et pas vraiment à mon goût, ce qui a sans doute joué pour me laisser un peu en retrait d’un sujet qui, pourtant, m’intéressait. A noter que la présentation rapide de Trostki, qui croise Johnson et Cravan dans un bateau reliant l’Espagne aux États-Unis durant la première guerre mondiale est assez tendancieuse. Il ne « fuit » pas. Contre cette guerre par principe de toute façon (comme tous les bolcheviks), il vient d’être expulsé de France, puis d’Espagne, et n’a donc pas eu le choix. Bref, un album qui m’a laissé sur ma faim, même si les deux personnages au cœur de cette biographie bicéphale sont suffisamment bravaches, loufoques et hauts en couleur pour rendre cette lecture un minimum intéressante. Note réelle 2,5/5.
Salomé
J'aime bien la collection Dédales qui a pour particularité de nous présenter des énigmes policières avec des enquêteurs aux charges originales et quelque peu répulsives. J'y ai déjà croisé un bourreau romain, un embaumeur égyptien ou un inquisiteur français. Ces charges s'inscrivent dans des contextes historiques précis ce qui donne une ambiance et un charme particuliers à la série. Ici les auteurs nous font voyager dans la Rome Antique de Claudius au côté de Salomé esclave née à Cirta ( aujourd'hui Constantine en Algérie). Pour donner une crédibilité aux initiatives de la belle Salomé , Prungnaud en fait une devineresse respectée pour sa possibilité de communiquer avec les dieux. Le souci est que cela affaiblit le scénario qui avance à coup de visions un peu faciles. Sinon la narration est classique avec une ambiance bien posée et une lecture facile et fluide assez divertissante mais sans surprise. Le graphisme de Giuseppe Palumbo s'inscrit dans la droite file de la collection. Des personnages semi réalistes bien travaillés dans les expressions avec un dynamisme un peu restreint. Comme souvent dans la collection l'effort est fait sur les extérieurs qui doivent installer l'ambiance historique qui est le plus de la collection. Pour la Rome antique la tâche est plus difficile car déjà beaucoup exploitée. Ce n'est pas l'opus que j'ai préféré mais c'est une lecture divertissante .
Hellblazer - Rise & Fall
Un récit bien sympathique mettant en vedette John Constantine. On retrouve une bonne synthèse du personnage et de son univers. On peut lire ce one-shot sans problème si on ne connait pas le personnage, mais je pense que les nouveaux lecteurs risquent d'être surpris par les blagues souvent crues et sexuelles ainsi que le côté anarchiste du personnage. Et encore cela reste soft comparé à ce que l'on pouvait voir lorsque les aventures de Constantine paraissaient sous le label Vertigo. Le récit est aussi facile à comprendre alors que parfois les aventures de Constantine me semblent inutilement complexes. Le scénario est au final classique, mais terriblement efficace et aussi très amusant à lire. J'ai bien aimé le dessin, très lisible et agréable pour les yeux.
Ally et Gator
Ally et Gator est une charmante BD jeunesse racontant l'amitié entre une petite fille solitaire et un gros alligator orphelin. Gator a été jeté bébé dans les toilettes par le gamin à qui il avait été offert comme animal de compagnie. Dix ans plus tard, c'est devenu un gros animal tout gentil qui vit dans les égouts mais que la faim pousse à boulotter les chiens et les chats du quartier. Ally, elle, vit seule la plupart du temps car sa mère travaille tard et elle ne s'entend pas avec ses camarades d'école. Les deux vont se rencontrer et très vite s'apprivoiser. C'est une série jeunesse marrante dessinée dans un style proche du comic strips américain. Les décors sont épurés, la mise en scène toute en efficacité, le trait ferme et maîtrisé. C'est du bon boulot et je trouve que Gator a une bouille aussi drôle qu'attendrissante. L'histoire ne marquera pas par son originalité, si l'on excepte le fait d'avoir un héros qui mange les animaux domestiques du coin, mais elle se lit avec le sourire et fait passer un bon moment. Une BD feel good sur l'amitié entre deux personnages qu'on n'aurait pas imaginé ensemble avec une bonne part d'humour et de bons sentiments.
La Vie hantée d'Anya (Le Fantôme d'Anya)
Une histoire intéressante, mêlant vie quotidienne et fantastique, et traitant, comme beaucoup d'histoires, des affres de l'adolescence et du regard des autres. Du classique mais rondement mené. Déjà, Vera Brosgol ajoute à cette histoire un thème qui lui est cher, à savoir la double-nationalité, le sentiment d'être ostracisé par ses origines (thèmes également abordés dans Un été d'enfer !). Le sujet est sans nul doute personnel à l'autrice qui doit y mettre beaucoup de sa propre histoire dans ses récits, en tout cas on ressent bien l'aspect concret et tangible des problématiques abordées. Ici, en plus des origines, on traite également la problématique de l'image de soi, là aussi déjà abordée dans une autre de ses œuvres, à savoir Jane face aux Sirènes (album techniquement sorti après celui-ci, mais vous me comprenez). En effet, Anya n'a pas que honte de ses origines, elles se sent aussi mal dans sa peau à cause de ses formes trop rondes. Elle craint que le garçon pour qui elle a le béguin ne puisse jamais la trouver jolie. Alors quand elle tombe mystérieusement sur un fantôme qui prétend pouvoir l'aider à rendre sa vie meilleure, comment peut-elle refuser ? L'album parle beaucoup des attentes que l'on a, de comment nous idéalisons certaines choses (tout particulièrement en étant jeune) qui se révèlent bien souvent nocives, comme vouloir paraître cool à tout prix ou bien ne plus exister qu'à travers le regard des autres. Une lecture agréable, chaudement recommandée à un public adolescent.
The Kong Crew
Comme l'a si bien décrit un autre critique sur cette page, The Kong crew est une BD popcorn, ou bien blockbuster. Comprenez une BD qui cherche avant tout à distraire sans trop se poser de questions. Le problème c'est que j'aime bien m'en poser^_^ Cela lorgne aussi vers les BD Pulp US des années 20-30. Kong crew prend le postulat suivant: King Kong a survécu à son affrontement, et a fait de Manhattan son domaine. Depuis, la presqu'île est devenue une zone interdite contrôlée par l'armée, personne n'entre, personne ne sort. En tout cas à priori. Un pilote américain va hélas s'écraser sur Manhattan, et devra composer avec une jungle urbaine peuplée de dinosaures, mais aussi d'une féroce tribu d'amazones. Bon disons le tout de suite, le gros point fort de cette BD, c'est justement son côté pulp, mêlant exotisme et action, les dessins sont bien, c'est quasiment sans temps morts et tout s'enchaîne à un rythme parfois effréné. Un point à souligner cependant: Kong est relativement absent de l'intrigue, c'est un peu dommage.... Mais le gros soucis, c'est que le scénario est laissé en plan. D'abord, LE gros problème, c'est qu'on ne comprend pas trop d'où sortent tous les animaux de cette jungle: faune impressionnante de dinosaures, armée de singes, aucune explication n'est fournie. Et je ne demandais pas beaucoup, on aurait pu très simplement dire que l'armée US les avait amené pour éliminer Kong, et que rapidement la situation était devenue hors de contrôle. De même, il y a quand même pas mal de monde dans cette zone interdite: la fameuse tribu d'amazones par exemple (on se demande aussi comment des femmes ont pu tomber à un tel niveau grégaire en moins de 20 ans...) qui pratique l'esclavage et la traite humaine en toute tranquilité, des intrus, ainsi qu'un ennemi qui pointe le bout de son nez à la fin du troisième tome..Le tout sans que l'armée, la NSA et la CIA se rendent compte de quoi que ce soit. On a aussi droit à deux sous-intrigues: 1)L'une débile et sans intérêt sur le teckel du pilote, pour lequel une opération de secours et campagne d'opinion publique sera lancée. 2)L'autre plus intéressante l'un des intrus en question est un biologiste qui se rend compte que les animaux sur Manhattan évoluent à vitesse grand V. Mais bon cela lorgne un peu trop vers la planète des singes version années 2000. Et on en saura pas plus, car ce triptyque ne fait qu'annoncer un second cycle qui ne débarquera cependant pas avant quelques années.
Gaston Lagaffe
Trois étoiles pour le célèbre gaffeur ?! Oui. Gaston, c'est drôle, je reconnais à la série d'avoir créé des personnages attachants, en particulier le héros éponyme qui peut se vanter d'être l'un des premiers véritable anti-héros de la bande-dessinée franco-belge. Mais je préfère être honnête, bien que certains gags parviennent à me faire rire, l'humour est ici assez inégal (beaucoup de réutilisation des mêmes ressorts comiques par exemple). Je suis surtout attendrie par le personne de Gaston plutôt qu'hilare face à ses déboires et les malheurs qu'il cause à son entourage bien malgré lui. Il est touchant dans sa grande fantaisie et ses idéaux humanistes qui n'ont d'égal que sa gigantesque fainéantise (fainéantise d'ailleurs surfaite, c'est plutôt qu'il n'aime pas le travail de bureau et les cadres trop stricts, quand il s'agit d'inventer pour son plaisir il est quand-même sacrément débrouillard). Donc bon, pas taper, j'aime bien Gaston, sincèrement. La lecture des albums est agréable et le trait de Franquin est toujours parfaitement maîtrisé. Je n'y suis juste sincèrement pas attachée comme pourrait l'être les personnes ayant grandi avec et qui l'ont érigé comme parangon de l'humour. Je sais qu'étant jeune j'aurais facilement pu lui donner une quatrième étoile, mais je pense qu'après avoir lu davantage de strips comiques et avoir affiné mes goûts en bande-dessinée la série a un peu perdu de son aura à mes yeux. Une lecture intéressante et recommandée quand-même, ne serait-ce que pour l'aspect historique. De toute façon, il y a de grandes chances que les parents continuent de mettre ces albums entre les mains de leurs enfants, donc bon, la lecture est relativement assurée.