Mirador - Tête de mort

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Une plongée sans détour dans l’univers des skins, un témoignage rare sur l’itinéraire d’un enfant pas gâté.


Autobiographie Documentaires La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Racisme, fascisme

Lendemain de fête, quelque part dans Bordeaux. Sam, Doc Marteens aux pieds et Bomber sur le dos émerge de son sommeil de cuite. Au téléphone Mélanie lui demande de venir avec elle, au poste de police pour témoigner au bénéfice de Romain, déjà en garde à vue. Sam est aussitôt mis lui-même en garde à vue : un homme est mort, hier soir et sa bande de skinhead semble être à l’origine du drame. Lui, Sam, ne se souvient pas de ce qu’il s’est passé la veille. Alors il se remémore ses dernières années, « l’histoire de ma descente dans les recoins glauques de la vie où j’aurais pu perdre au moins la raison ». A son retour de l’ex-Yougoslavie, Sam avait retrouvé sa bande de potes, celle avec laquelle il jouait dans les concerts skinheads ou débarquait à Paris pour célébrer le 1er mai aux côtés du Front National.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Mai 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mirador - Tête de mort © La Boîte à Bulles 2013
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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13/05/2013 | Alix
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Par Ro
Note: 3/5
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Je suis totalement étranger à l'univers des skinheads, qui restent pour moi presque une légende urbaine tant je n'ai jamais approché de près ou de loin ces groupes dont j'ignorais même qu'ils n'avaient pas encore disparu à la fin des années 1990. Mirador - Tête de mort a le mérite de proposer un témoignage rare et sincère, celui d'un ancien membre de ces groupuscules. David Cénou revient sur son passé, entre violence, bière, musique haineuse et ratonnades, avant la chute et une éventuelle rédemption qu'on ne verra pas ici. Ce regard de l'intérieur, sans fascination ni jugement appuyé, donne à l'album une certaine authenticité... mais son message reste flou. On suit donc ce personnage de jeune skin qui transpire la haine et la violence malgré sa petite taille et son incapacité à se battre. On découvre son quotidien avec ses camarades de lutte et de beuverie, en particulier après un drame dont il semble être le complice. Mais rien ne vient expliquer comment il a pu devenir ce skin, ce qui l'a conduit à une telle haine et à un tel racisme : je ne saurai donc pas et ne comprendrai toujours pas comment on peut en arriver à cet extrémisme. La narration, parfois décousue, rend la chronologie un peu confuse, mais le récit reste prenant, surtout grâce aux passages alternant entre souvenirs et garde-à-vue. L'ambiance des années 90 est bien restituée, et l'album éclaire aussi la diversité de ces mouvances extrémistes. On est frappé par l'absurdité de ces factions rivales qui se détestent autant qu'elles haïssent l'extérieur. Graphiquement, le lavis de gris installe une atmosphère contrastée : la douceur du trait tranche avec la brutalité du propos, ce qui crée une tension intéressante, même si le dessin reste assez passe-partout et manque parfois de force. Il en découle une lecture instructive, plus documentaire qu'émotionnelle, qui montre la descente aux enfers d'un jeune paumé en quête d'identité, sans expliquer hélas comment il en est arrivé là. La conclusion m'a également laissé perplexe, avec le sentiment flou qu'un message avait été vaguement glissé dans les deux dernières pages d'un épilogue un peu coupé du reste, mais sans que j'en comprenne bien la teneur. Un témoignage intéressant, même si j'aurais aimé qu'il dépasse l'anecdote pour offrir une réflexion plus approfondie sur ce passé.

18/08/2025 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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J'avoue aisément que le monde des skinheads n'est pas ma tasse de thé. Je ne suis jamais tombé dans la soupe de cette haine de l'autre au nom d'un patriotisme exacerbé. Toutefois, c'est intéressant de découvrir le monde des nazillons de l'intérieur au travers des yeux d'un ex-membre. Je découvre également que des femmes sont séduites par ces hommes au crâne rasé. Oui, c'est possible. Cette bd nous plonge dans les années 90. Que dire de la situation 20 ans après où les idées nationalistes ont bien progressé ? Cela fait peur pour la suite que certains voient comme une délivrance. Je ne me doutais pas qu'il y avait une telle ignorance, une telle haine, une telle absence de dialogues, une telle admiration pour la bière. Cela mènera l'auteur à une véritable descente aux enfers avant de connaître la rédemption qui est un thème qui m'est cher. Ce témoignage sincère est plutôt rare donc assez original. On pardonnera aisément toutes les maladresses. Pour le reste, et comme dit, je ne suis pas fan même si cela nous sensibilise sur l'état d'esprit de ces groupuscules à droite de l'extrême-droite.

05/04/2015 (modifier)
Par Superjé
Note: 3/5

Un album osé quoique un poil maladroit, qui traite d'un sujet fort intéressant : 3.5/5 On suit dans cette BD la vie d'un ex-membre d'un groupuscule d'extrême-droite skinhead et nazillon : bienvenue dans le doux monde des fafs. Le principal reproche que je pourrais faire à cette album, c'est la narration un poil décousue qui rend le récit un peu dur à reconstituer dans sa chronologie. Mais sinon, il est très intéressant car il montre la diversité des mouvements d'extrême-droite (hooligans, les "fafounés", les skins "de base" etc...) français, tout en rappelant (mais de manière peut-être pas assez prononcée pour ceux qui ne le savaient pas avant leur lecture) que le mouvement skin n'est pas forcément un mouvement d'extrême droite raciste et violent, à l'origine. Un récit instructif donc, mais, et c'est bien normal, pas fun. Le dessin est lui, plutôt bon, tout en lavis de gris dans un style pas si éloigné de certains albums de Davodeau, ça se lit très bien. Peut-être que le côté "neutre" de l'album (c'est à dire que l'histoire est racontée sans connotation aucune, ni critique) peut gêner certains lecteurs. Personnellement, ça ne m'a aucunement dérangé, et comme c'est un récit autobiographique, je trouve que c'est même plutôt honnête de la part de l'auteur.

30/07/2013 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
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« Mirador, tête de mort » nous fait plonger dans le milieu des skinheads d’extrême droite, tout en nous rappelant que ce mouvement né en Grande Bretagne dans les années 60 n’était originellement pas raciste ni même politisé. Certaines branches skinheads actuelles sont d’ailleurs toujours pacifistes. L’album est autobiographique, l’auteur ayant trainé dans les milieux skinhead dans sa jeunesse. Le récit est bien entendu édifiant, et nous présente une brochette de personnages tous aussi détestables les uns que les autres. Il est d’ailleurs presque (je dis bien presque) comique de voir différentes factions de fascistes se détester et se tirer dans les pieds : les skinheads, les lepénistes, les hooligans nazies etc. Je dois avouer que ces nuances subtiles m’ont échappé. Un facho reste un facho. L’intrigue même, articulée autour du meurtre en début de récit, est prenante et bien construite, même si elle ne réserve pas de grande surprise. Un album intéressant et édifiant - terme récurrent dans cet avis, mais parfait pour décrire le contenu. A découvrir.

13/05/2013 (modifier)