Je suis assez d’accord avec Chalybs qui, dans son avis, rapproche – assez justement – Condor de Corto Maltese, de James Bond et du capitaine Haddock (même si physiquement, il ressemble plus à Allan, l’ennemi qu’il croise dans plusieurs aventures).
C’est de l’aventure vieille école, pas dénuée de péripéties, mais avec un rythme quelque peu pépère, avec un héros qui, malgré ses succès (auprès de la gente féminine ou contre tous ceux qui lui veulent du mal) reste flegmatique, tranquille, une sorte de force tranquille qui tient du Bogart de pas mal de film, ou de personnages incarnés par Lino Ventura.
Il faut donc être amateur de ce genre de récit. Autheman envoie son héros dans des histoires diverses – toutes dans des décors exotiques (on visite un peu tous les continents – en tout cas dans les quatre premiers albums du duo Autheman/Rousseau, les seuls que j’ai lus) – dans lesquelles il croise barbouzes, révolutionnaires, magouilleurs en tout genre.
Ça se laisse lire, on ne s’ennuie pas. Mais ça n’est pas une série que je garderai en mémoire. Condor lui-même n’est pas vraiment charismatique, et les récits manquent d’un je ne sais quoi (folie, surprises, personnages marquants) qui les ferait sortir du lot. Même si le diptyque des albums 3 et 4 possède une intrigue quand même plus élaborée.
Le dessin de Rousseau est parfois maladroit (je n’en suis pas fan), mais sa ligne claire est lisible (en tout cas meilleure que sur le tout premier album dessiné par Autheman seul, que j’avais eu l’occasion de feuilleter il y a longtemps, le dessin m’ayant alors repoussé).
A emprunter à l’occasion.
Note réelle 2,5/5.
Comment La Joconde est-elle devenue cette superstar de l'art ? Une part de la réponse tient en un fait divers. Quand, en 1911, un ouvrier italien travaillant dans les ateliers du Louvre, décide que le tableau de Léonard de Vinci, alors une pièce parmi d'autres au sein du musée, aurait plutôt sa place en Italie, mère patrie du célèbre peintre. Il s'introduit donc sans coup férir dans le musée, profite qu'il n'y a personne dans son entourage immédiat et subtilise la toile avant de la ramener chez lui, où il la garde cachée sous on lit pendant... deux ans. En parallèle, Vincenzo Peruggia développe son attirance pour sa voisine Elisa, d'origine italienne comme lui.
Le récit est prenant, Marco Rizzo a choisi de nous raconter toutes les étapes de ce vol hors du commun (quoique pour l'époque, pas si étonnant, le Louvre n'était pas du tout aussi surveillé que maintenant). Il présente Peruggia comme un homme ordinaire, certes pas très malin, mais surtout simple, sans aller jusqu'au simplet cependant. Par conséquent on a de l'empathie pour ce petit bonhomme sympathique, sans pour autant cautionner son impulsion.
Lelio Bonaccorsi propose un dessin semi-réaliste, qui tend un peu vers ce qu'a fait Alfred à une époque avec la même gouaille graphique et la même énergie. C'est super agréable à l'œil, on passe indubitablement un bon moment de lecture, qui permet d'en savoir plus sur cet évènement qui a propulsé la Joconde sur le devant de la scène, la presse s'en étant largement emparée à l'époque.
Je recommande la lecture de la postface de Marco Rizzo, rappelant la situation compliquée des immigrants italiens en France au début du XXème siècle, précise un peu la façon dont il voyait l'acte de Peruggia. Il indique également avoir inventé quelques personnages secondaires, comme le collègue africain de Peruggia, pour enrichir un peu le récit, et précise encore des petites choses sur les personnages historiques authentiques. Et en passant, le choix d'utiliser dans le titre et le texte de l'album l'orthographe originelle "Monna Lisa", qui a une véritable signification en italien.
Bref, c'est franchement sympathique.
Ce diptyque est assez original car la série s'appuie sur la culture Inuit. Comme cette thématique est assez méconnue cela donne un récit dépaysant mais pas forcément simple à suivre.
En effet les personnages des esprits sont assez déroutants par moments et la narration reprend parfois des extraits de textes poétiques mais un peu difficiles pour des enfants.
Il y a un petit côté Reine des neiges qui devrait plaire aux jeunes lecteurs. Le rythme est rapide mais cela manque un peu de rebondissements à mon goût.
Le graphisme de Thomas Gilbert est soigné avec un Tupilak bien effrayant et des esprits aux looks originaux. La mise en couleur est un peu pâlotte à cause de la grande présence (obligée) du blanc et d'un bleu très clair.
Une lecture pour la jeunesse agréable et dépaysante. Un bon 3
Une histoire étrange, qui part d’un postulat original vaguement futuriste (la Belgique s’est divisée, et la région wallonne est dirigée par une sorte de fasciste aux airs de chef d’entreprise magouilleur). Un pays qui cherche à se rapprocher de la Chine, qui serait devenue un géant politique, un modèle.
Ce postulat intéressant n’est pas assez exploité je trouve, et reste en arrière-plan, c’est dommage. L’essentiel de l’intrigue redevient plutôt conventionnel, plus polar/thriller, même si c’est bien fait et que ça se laisse lire facilement, et agréablement.
Le dessin moderne et très lisible de Constant y est aussi pour beaucoup. Une lecture plaisante, mais qui aurait pu l’être davantage en exploitant plus en profondeur l’idée de départ.
Un album témoignage, celui de Hai-Anh, elle raconte ses échanges avec sa mère, Linh.
Hai-Anh, d'origine vietnamienne, est née et a grandi à Paris. Elle vit depuis 2020 à Hô Chi Minh-Ville.
Sõng est sa première BD et c'est son amie d'enfance, Pauline Guitton, qui l'accompagne pour la partie graphique.
Un récit familial fait de petits chapitres reprenant les nombreux souvenirs de sa mère et ceux-ci commencent par un titre en vietnamien, pour nous initier à sa langue maternelle. D'ailleurs le titre de cet ouvrage signifie 'Vivant' ou 'En vie'.
Ma deuxième incursion au Vietnam après Rouge sang, un pays toujours sous la coupe d'un régime communiste. Et justement, une grande partie de ce roman graphique se déroule pendant la guerre contre les américains, ce qui permet de découvrir la vie des révolutionnaires dans le maquis à travers les souvenirs de Linh. Une période qui a marqué sa vie, pas facile d'être une femme dans un milieu masculin en plein conflit. C'est à cette époque qu'elle apprend le cinéma par le biais des documentaires réalisés pour la propagande de l'armée populaire vietnamienne. Elle deviendra plutard une cinéaste reconnue.
Des chapitres qui nous éclairent sur un pan d'histoire de ce pays mais aussi sur les relations parfois compliquées mères/filles.
Pauline Guitton propose un style tout en rondeur, aux couleurs douces et au trait précis. Ben moi, je trouve qu'il convient parfaitement à ce témoignage enrichissant, il apporte une touche exotique.
Une lecture recommandable.
Le témoignage cru et sans concession de la vie sexuelle de l'auteur, Dav Guedin, depuis sa plus tendre enfance jusqu'à ce qu'il devienne étudiant et jeune adulte.
Dans l'esprit, ça fait pas mal penser à du Crumb et ses propres récits autobiographiques de ses relations avec les femmes. Le dessin y a une même touche caricaturale et underground, n'hésitant pas à enlaidir les personnages, ce qui est d'ailleurs assez rebutant pour les premières histoires quand les gamins et gamines de maternelle et de primaire ont des gueules de gros pervers attardés sortis du bar.
Mais contrairement à Crumb, Dav Guedin n'hésite pas à être très cru, présentant son sexe et celui de ses partenaires avec force détails, eux aussi souvent caricaturés, avec force dégoulinures et autres fluides. Ce n'est pas très ragoutant et c'est tout aussi bien car ce n'est pas une BD érotique mais bien une BD témoignage. S'il fallait juger la vie sexuelle de l'auteur, je dirais qu'elle n'est pas très engageante mais qu'elle a été manifestement très mouvementée. Notamment, ses récits de quand il était tout petit sont très loin de mes préoccupations de l'époque et tiennent presque du fantasme, vite rabroué par la glauque réalité de la vie telle que l'auteur la met en scène. Attirance et dégoût se mêlent au cours de la lecture de ces planches qui suintent trop de véracité.
Je ne peux pas vraiment m'identifier à son parcours sexuel mais je m'y retrouve tout de même parfois ici et là. Et dans ce sens le témoignage est intéressant et pourra en intéresser beaucoup d'autres, et peut-être des lectrices curieuses aussi d'ailleurs puisque j'ai récemment lu une BD inverse où l'autrice racontait sa propre vie sexuelle adolescente et que je l'avais lue avec en partie un sentiment voyeur et curieux de découvrir le quotidien intime d'une ado.
Pas très ragoûtant donc, mais raconté avec la sincérité d'un auteur qui se livre, d'une manière qui reste instructive et qui n'ennuie pas, et avec un dessin certes pas très attirant ni surtout pas excitant mais en tout cas doté d'une intéressante personnalité.
C’est un diptyque assez dynamique et rythmé, on ne s’ennuie pas. Démarrant comme une énième enquête sur un tueur en série dans les bas-fonds du Londres du dernier tiers du XIXème siècle, ça se poursuit sur un autre plan (surtout à partir du dernier tiers du premier tome), avec un complot de plus grande ampleur, dans lequel sont impliqués des pairs du royaume.
On ne reste donc pas uniquement dans une ambiance à la From Hell ou Une Nuit Chez Kipling (La Voix des Ténèbres). Surtout, une partie de l’intrigue est « délocalisée » en Afrique (c’est d’ailleurs là qu’elle commence) dans le second tome (on y voit d’ailleurs intervenir Rimbaud sur la fin !), pour une fin qui nous renvoie presque dans un roman de Rider Haggard (comme « Les mines du roi Salomon »), autour du mystérieux trésor de la reine de Saba.
L’histoire est rythmée, donc, avec des personnages dynamiques, l’intrigue est assez fouillée. Trop sans doute dans sa seconde partie. En effet, je me suis un peu perdu dans ses méandres dans le second tome, avec péripéties, personnages et rebondissements par trop nombreux – même si ça se laisse lire quand même agréablement.
Le dessin est lui aussi agréable, même si la colorisation fait plus que son âge je trouve. Même si j’aurais aimé voir cet aspect encore plus développé et utilisé, le côté steampunk des décors, et en particulier des machines et moyens de transport est un réel plus.
Un diptyque plaisant à lire.
Les auteurs remettent le couvert après Village global, en utilisant une partie des mêmes personnages (les principaux en tout cas), mais en inversant la perspective. Cette fois-ci ce ne sont pas des immigrés qui arrivent dans un petit village français, mais des Français qui se retrouvent dans un village africain (au Sénégal).
Là aussi il y a régulièrement une pleine page pour présenter le parcours de certains personnages, toujours marqué – que ce soient des Européens ou des Africains – par d’importantes migrations transfrontalières. On le voit, il s’agit encore de mettre en avant et en valeur les échanges, l’enrichissement culturel, dans une vision qui parait parfois un peu naïve (pas trop finalement), mais qui par son positivisme et son optimisme, fait du bien par les temps qui courent.
Une lecture sympathique, avec des personnages peut-être parfois trop caricaturaux, une vision trop naïve des choses, mais c’est une lecture agréable.
3.5
Une valeur sûre pour grands enfants estampillée Astrapi: c'est bien dessiné, bien écrit, simple mais pas infantilisant.
Les enfants peuvent s'identifier facilement à cette fille qui vit un paquet d'aventures, grisantes mais pas palpitantes pour autant. Un peu comme les livres de la bibliothèque verte de la grande époque.
Les textes sont bien écrits, le graphsime a le don de s'améliorer avec le temps et de changer sans dénaturer le canevas de cette belle série.
Encore une BD qui ne vaut que 2 mais que je monte à 3 en raison des bons souvenirs passés.
Une école où l'on peut apprendre la magie c'est cool. Mais contrairement à Harry Potter, c'est plus proche et les effectifs sont plus réduits pour un suivi plus personnalisé. Le dessin est sympa tout comme l'ambiance des écoliers arborant des looks bien disincts, j'adorais le futur celui chaman africain et plaignait celui en Merlin l'enchanteur,
J'ai retrouvé les mêmes sensations ado en regardant le film "les sous-doués", peut-être la source d'inspiration de l'auteur?
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Condor
Je suis assez d’accord avec Chalybs qui, dans son avis, rapproche – assez justement – Condor de Corto Maltese, de James Bond et du capitaine Haddock (même si physiquement, il ressemble plus à Allan, l’ennemi qu’il croise dans plusieurs aventures). C’est de l’aventure vieille école, pas dénuée de péripéties, mais avec un rythme quelque peu pépère, avec un héros qui, malgré ses succès (auprès de la gente féminine ou contre tous ceux qui lui veulent du mal) reste flegmatique, tranquille, une sorte de force tranquille qui tient du Bogart de pas mal de film, ou de personnages incarnés par Lino Ventura. Il faut donc être amateur de ce genre de récit. Autheman envoie son héros dans des histoires diverses – toutes dans des décors exotiques (on visite un peu tous les continents – en tout cas dans les quatre premiers albums du duo Autheman/Rousseau, les seuls que j’ai lus) – dans lesquelles il croise barbouzes, révolutionnaires, magouilleurs en tout genre. Ça se laisse lire, on ne s’ennuie pas. Mais ça n’est pas une série que je garderai en mémoire. Condor lui-même n’est pas vraiment charismatique, et les récits manquent d’un je ne sais quoi (folie, surprises, personnages marquants) qui les ferait sortir du lot. Même si le diptyque des albums 3 et 4 possède une intrigue quand même plus élaborée. Le dessin de Rousseau est parfois maladroit (je n’en suis pas fan), mais sa ligne claire est lisible (en tout cas meilleure que sur le tout premier album dessiné par Autheman seul, que j’avais eu l’occasion de feuilleter il y a longtemps, le dessin m’ayant alors repoussé). A emprunter à l’occasion. Note réelle 2,5/5.
Pour l'amour de Monna Lisa
Comment La Joconde est-elle devenue cette superstar de l'art ? Une part de la réponse tient en un fait divers. Quand, en 1911, un ouvrier italien travaillant dans les ateliers du Louvre, décide que le tableau de Léonard de Vinci, alors une pièce parmi d'autres au sein du musée, aurait plutôt sa place en Italie, mère patrie du célèbre peintre. Il s'introduit donc sans coup férir dans le musée, profite qu'il n'y a personne dans son entourage immédiat et subtilise la toile avant de la ramener chez lui, où il la garde cachée sous on lit pendant... deux ans. En parallèle, Vincenzo Peruggia développe son attirance pour sa voisine Elisa, d'origine italienne comme lui. Le récit est prenant, Marco Rizzo a choisi de nous raconter toutes les étapes de ce vol hors du commun (quoique pour l'époque, pas si étonnant, le Louvre n'était pas du tout aussi surveillé que maintenant). Il présente Peruggia comme un homme ordinaire, certes pas très malin, mais surtout simple, sans aller jusqu'au simplet cependant. Par conséquent on a de l'empathie pour ce petit bonhomme sympathique, sans pour autant cautionner son impulsion. Lelio Bonaccorsi propose un dessin semi-réaliste, qui tend un peu vers ce qu'a fait Alfred à une époque avec la même gouaille graphique et la même énergie. C'est super agréable à l'œil, on passe indubitablement un bon moment de lecture, qui permet d'en savoir plus sur cet évènement qui a propulsé la Joconde sur le devant de la scène, la presse s'en étant largement emparée à l'époque. Je recommande la lecture de la postface de Marco Rizzo, rappelant la situation compliquée des immigrants italiens en France au début du XXème siècle, précise un peu la façon dont il voyait l'acte de Peruggia. Il indique également avoir inventé quelques personnages secondaires, comme le collègue africain de Peruggia, pour enrichir un peu le récit, et précise encore des petites choses sur les personnages historiques authentiques. Et en passant, le choix d'utiliser dans le titre et le texte de l'album l'orthographe originelle "Monna Lisa", qui a une véritable signification en italien. Bref, c'est franchement sympathique.
Nordics
Ce diptyque est assez original car la série s'appuie sur la culture Inuit. Comme cette thématique est assez méconnue cela donne un récit dépaysant mais pas forcément simple à suivre. En effet les personnages des esprits sont assez déroutants par moments et la narration reprend parfois des extraits de textes poétiques mais un peu difficiles pour des enfants. Il y a un petit côté Reine des neiges qui devrait plaire aux jeunes lecteurs. Le rythme est rapide mais cela manque un peu de rebondissements à mon goût. Le graphisme de Thomas Gilbert est soigné avec un Tupilak bien effrayant et des esprits aux looks originaux. La mise en couleur est un peu pâlotte à cause de la grande présence (obligée) du blanc et d'un bleu très clair. Une lecture pour la jeunesse agréable et dépaysante. Un bon 3
Le Sourire de Mao
Une histoire étrange, qui part d’un postulat original vaguement futuriste (la Belgique s’est divisée, et la région wallonne est dirigée par une sorte de fasciste aux airs de chef d’entreprise magouilleur). Un pays qui cherche à se rapprocher de la Chine, qui serait devenue un géant politique, un modèle. Ce postulat intéressant n’est pas assez exploité je trouve, et reste en arrière-plan, c’est dommage. L’essentiel de l’intrigue redevient plutôt conventionnel, plus polar/thriller, même si c’est bien fait et que ça se laisse lire facilement, et agréablement. Le dessin moderne et très lisible de Constant y est aussi pour beaucoup. Une lecture plaisante, mais qui aurait pu l’être davantage en exploitant plus en profondeur l’idée de départ.
Sông
Un album témoignage, celui de Hai-Anh, elle raconte ses échanges avec sa mère, Linh. Hai-Anh, d'origine vietnamienne, est née et a grandi à Paris. Elle vit depuis 2020 à Hô Chi Minh-Ville. Sõng est sa première BD et c'est son amie d'enfance, Pauline Guitton, qui l'accompagne pour la partie graphique. Un récit familial fait de petits chapitres reprenant les nombreux souvenirs de sa mère et ceux-ci commencent par un titre en vietnamien, pour nous initier à sa langue maternelle. D'ailleurs le titre de cet ouvrage signifie 'Vivant' ou 'En vie'. Ma deuxième incursion au Vietnam après Rouge sang, un pays toujours sous la coupe d'un régime communiste. Et justement, une grande partie de ce roman graphique se déroule pendant la guerre contre les américains, ce qui permet de découvrir la vie des révolutionnaires dans le maquis à travers les souvenirs de Linh. Une période qui a marqué sa vie, pas facile d'être une femme dans un milieu masculin en plein conflit. C'est à cette époque qu'elle apprend le cinéma par le biais des documentaires réalisés pour la propagande de l'armée populaire vietnamienne. Elle deviendra plutard une cinéaste reconnue. Des chapitres qui nous éclairent sur un pan d'histoire de ce pays mais aussi sur les relations parfois compliquées mères/filles. Pauline Guitton propose un style tout en rondeur, aux couleurs douces et au trait précis. Ben moi, je trouve qu'il convient parfaitement à ce témoignage enrichissant, il apporte une touche exotique. Une lecture recommandable.
Confessions d'un puceau
Le témoignage cru et sans concession de la vie sexuelle de l'auteur, Dav Guedin, depuis sa plus tendre enfance jusqu'à ce qu'il devienne étudiant et jeune adulte. Dans l'esprit, ça fait pas mal penser à du Crumb et ses propres récits autobiographiques de ses relations avec les femmes. Le dessin y a une même touche caricaturale et underground, n'hésitant pas à enlaidir les personnages, ce qui est d'ailleurs assez rebutant pour les premières histoires quand les gamins et gamines de maternelle et de primaire ont des gueules de gros pervers attardés sortis du bar. Mais contrairement à Crumb, Dav Guedin n'hésite pas à être très cru, présentant son sexe et celui de ses partenaires avec force détails, eux aussi souvent caricaturés, avec force dégoulinures et autres fluides. Ce n'est pas très ragoutant et c'est tout aussi bien car ce n'est pas une BD érotique mais bien une BD témoignage. S'il fallait juger la vie sexuelle de l'auteur, je dirais qu'elle n'est pas très engageante mais qu'elle a été manifestement très mouvementée. Notamment, ses récits de quand il était tout petit sont très loin de mes préoccupations de l'époque et tiennent presque du fantasme, vite rabroué par la glauque réalité de la vie telle que l'auteur la met en scène. Attirance et dégoût se mêlent au cours de la lecture de ces planches qui suintent trop de véracité. Je ne peux pas vraiment m'identifier à son parcours sexuel mais je m'y retrouve tout de même parfois ici et là. Et dans ce sens le témoignage est intéressant et pourra en intéresser beaucoup d'autres, et peut-être des lectrices curieuses aussi d'ailleurs puisque j'ai récemment lu une BD inverse où l'autrice racontait sa propre vie sexuelle adolescente et que je l'avais lue avec en partie un sentiment voyeur et curieux de découvrir le quotidien intime d'une ado. Pas très ragoûtant donc, mais raconté avec la sincérité d'un auteur qui se livre, d'une manière qui reste instructive et qui n'ennuie pas, et avec un dessin certes pas très attirant ni surtout pas excitant mais en tout cas doté d'une intéressante personnalité.
Le Méridien des brumes
C’est un diptyque assez dynamique et rythmé, on ne s’ennuie pas. Démarrant comme une énième enquête sur un tueur en série dans les bas-fonds du Londres du dernier tiers du XIXème siècle, ça se poursuit sur un autre plan (surtout à partir du dernier tiers du premier tome), avec un complot de plus grande ampleur, dans lequel sont impliqués des pairs du royaume. On ne reste donc pas uniquement dans une ambiance à la From Hell ou Une Nuit Chez Kipling (La Voix des Ténèbres). Surtout, une partie de l’intrigue est « délocalisée » en Afrique (c’est d’ailleurs là qu’elle commence) dans le second tome (on y voit d’ailleurs intervenir Rimbaud sur la fin !), pour une fin qui nous renvoie presque dans un roman de Rider Haggard (comme « Les mines du roi Salomon »), autour du mystérieux trésor de la reine de Saba. L’histoire est rythmée, donc, avec des personnages dynamiques, l’intrigue est assez fouillée. Trop sans doute dans sa seconde partie. En effet, je me suis un peu perdu dans ses méandres dans le second tome, avec péripéties, personnages et rebondissements par trop nombreux – même si ça se laisse lire quand même agréablement. Le dessin est lui aussi agréable, même si la colorisation fait plus que son âge je trouve. Même si j’aurais aimé voir cet aspect encore plus développé et utilisé, le côté steampunk des décors, et en particulier des machines et moyens de transport est un réel plus. Un diptyque plaisant à lire.
Sunugal - Retour au village
Les auteurs remettent le couvert après Village global, en utilisant une partie des mêmes personnages (les principaux en tout cas), mais en inversant la perspective. Cette fois-ci ce ne sont pas des immigrés qui arrivent dans un petit village français, mais des Français qui se retrouvent dans un village africain (au Sénégal). Là aussi il y a régulièrement une pleine page pour présenter le parcours de certains personnages, toujours marqué – que ce soient des Européens ou des Africains – par d’importantes migrations transfrontalières. On le voit, il s’agit encore de mettre en avant et en valeur les échanges, l’enrichissement culturel, dans une vision qui parait parfois un peu naïve (pas trop finalement), mais qui par son positivisme et son optimisme, fait du bien par les temps qui courent. Une lecture sympathique, avec des personnages peut-être parfois trop caricaturaux, une vision trop naïve des choses, mais c’est une lecture agréable.
Marion Duval
3.5 Une valeur sûre pour grands enfants estampillée Astrapi: c'est bien dessiné, bien écrit, simple mais pas infantilisant. Les enfants peuvent s'identifier facilement à cette fille qui vit un paquet d'aventures, grisantes mais pas palpitantes pour autant. Un peu comme les livres de la bibliothèque verte de la grande époque. Les textes sont bien écrits, le graphsime a le don de s'améliorer avec le temps et de changer sans dénaturer le canevas de cette belle série.
L'Ecole Abracadabra
Encore une BD qui ne vaut que 2 mais que je monte à 3 en raison des bons souvenirs passés. Une école où l'on peut apprendre la magie c'est cool. Mais contrairement à Harry Potter, c'est plus proche et les effectifs sont plus réduits pour un suivi plus personnalisé. Le dessin est sympa tout comme l'ambiance des écoliers arborant des looks bien disincts, j'adorais le futur celui chaman africain et plaignait celui en Merlin l'enchanteur, J'ai retrouvé les mêmes sensations ado en regardant le film "les sous-doués", peut-être la source d'inspiration de l'auteur?