Foucauld - Une tentation dans le désert

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Après s'être intéressé à Saint Vincent de Paul, Jean Dufaux revient sur une autre grande figure de l'Eglise catholique pour essayer d'en percer le mystère : Charles de Foucauld.


Jean Dufaux Séries avec un unique avis Spiritualité et religion

Âgé de vingt et un ans, Charles-Eugène de Foucauld de Pontbriand est un petit nobliau désabusé. Passant le plus clair de son temps à s'amuser, il a déjà dilapidé une bonne partie de l'héritage familial. Cependant, il ressent une profonde sensation de vide que même l'uniforme militaire n'a pas pu combler. L'Église serait-elle la solution ? De nombreuses années plus tard, Charles, alors vieillard, est retrouvé inconscient dans le désert par l'armée de Kaocen, chef des tribus touaregs. Bien que Français et Touaregs soient en guerre, Kaocen décide de sauver cet homme car, devenu homme de Dieu, il aide au mieux les gens de ces régions, quelles que soient leur religion ou leurs croyances. Mais cette décision remplit de haine Ghebelli, un autre chef touareg, qui, lui, est bien décidé à tuer ce vieillard en qui il ne voit qu'un infidèle. Face à la violence de cette guerre, c'est à sa manière que Charles de Foucauld veut lutter afin d'unifier et pacifier les peuples autour d'un dieu unique ; un dieu plein de bonté et d'amour.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Septembre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Foucauld - Une tentation dans le désert © Dargaud 2019
Les notes
Note: 3/5
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23/06/2023 | Josq
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Par Josq
Note: 3/5
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Après Vincent - Un saint au temps des mousquetaires, voilà que Jean Dufaux s'attaque à un autre saint catholique emblématique : Saint Charles de Foucauld. On comprend très vite ce qui a pu fasciner l'auteur dans le parcours hors-normes de cet homme à qui tout réussissait, et qui a décidé de lui-même, dans un esprit de renoncement inattendu, de se couper du monde pour aller vivre en ermite dans le désert du Hoggar, au milieu des populations locales. Dufaux décrit assez bien les relations entre le père de Foucauld et les autochtones, s'attirant l'amitié des uns et la méfiance des autres. Se décrivant lui-même comme le "frère universel", Charles de Foucauld savait se faire aimer de tous, sans jamais manifester une réprobation autre que pour la haine qui pouvait animer certains de ses invités, français comme touaregs. Mais jamais il ne s'oppose à l'individu lui-même, juste aux sentiments noirs qui l'agitent. En cela, je trouve que Dufaux atteint assez bien son but et sait nous attacher à la sagesse de cet homme au caractère exceptionnel. On pourra toutefois regretter qu'il gomme ou ignore (peut-être honnêtement) certains aspects de la vie du père de Foucauld. Il le décrit notamment comme très apolitique, ce qui est en partie vrai. Cela dit, s'il s'oppose évidemment à la colonisation agressive d'un Jules Ferry et Gambetta, il soutenait pour autant largement la mission civilisatrice de l'armée française, ce que le scénario n'aborde que très peu et de manière assez légère, probablement pour éviter un débat potentiellement clivant (sur les potentiels bienfaits d'une certaine colonisation française au Maghreb). On le comprend, mais le sujet aurait pourtant mérité d'être abordé. Dufaux préfère s'attarder sur les tourments intérieurs de Foucauld, et notamment son rejet de lui-même, qui confine parfois à l'ambivalence. Il s'abaisse au plus bas, mais certaines lignes de dialogues, trop ou pas assez explicites, semblent nous le montrer refusant de renier sa jeunesse festive à l'excès. Or, tout dans les écrits du saint montre qu'il avait plus que radicalement tourné cette page, et ne se reconnaissait pas dans ce jeune militaire insouciant et dragueur évoqué en début d'album. De même, si on comprend bien la volonté de l'auteur, ce dernier a parfois tendance à extrapoler légèrement les propos du père de Foucauld, lui conférant un caractère très œcuménique, trop moderne pour refléter la réalité de sa mentalité. Être proche des autres religions et les accueillir sans distinction, oui, mais l'ermite a toujours affirmé haut et fort son désir de convertir les âmes. Ici, il semble parfois témoigner d'un respect qui exclut la conversion (quoiqu'il signale sa volonté au détour d'une ligne de dialogue). Attention, ces remarques sont celles d'un lecteur qui connaît assez bien le personnage historique dont il est question ici, je ne dis pas que ces points de détails choqueront un lecteur novice, qui ne connaît pas outre mesure Charles de Foucauld. Et malgré les quelques approximations ou atténuations que j'ai signalées ci-dessus, je dois dire que le travail de synthèse de Dufaux est excellent. Il sait résumer toutes les grandes lignes de la vie du père de Foucauld en 64 pages de manière exhaustive, sans qu'on ait l'impression qu'il saute du coq à l'âne en allant d'une péripétie à l'autre. Ici, la narration est claire et concise, créant un récit prenant doté de personnages attachants. Le dessin de Jamar, lui, est équivalent à son travail sur Vincent - Un saint au temps des mousquetaires. Peut-être un peu statique, il est toutefois très beau et complet, bénéficiant en outre d'une mise en couleur qui lui fait honneur. Le trait réaliste sait donner vie aux personnages comme il convient de le faire, et c'est un plaisir de regarder ces pages colorées et vives. Bref, donc une biographie qui semble assez complète, malgré quelques absences narratives, probablement due à un nombre de pages trop limité pour aborder tous les débats qui auraient pu l'être. C'est agréable à lire, informatif, et probablement efficace pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas (ou peu) la vie du père de Foucauld.

23/06/2023 (modifier)