Ce préquel en trois tomes à Largo Winch est conçu comme une saga familiale, abordant une voire deux générations en un seul tome. Cela avance donc à un train d'enfer ! Et c'est de mon point de vue, une des forces de cette saga : un rythme endiablé permettant de reconstituer plaisamment un puzzle dramatique dont chacune des pièces renseigne progressivement sur les personnages de Nério et Largo. Les personnages rencontrés sont tantôt sympathiques, tantôt méprisables, des vies souvent assez romanesques sinon extraordinaires, esquissées davantage que suivies sur la durée, donnant l'impression d'évoquer la personne à partir de la vieille photo jaunie extraite de l'arbre généalogique, d'en retenir quelques traits, quelques lignes, expliquant le présent ; puis l'on passe à la génération suivante, sans plus s’attarder.
Côté illustrations et couleurs, c'est très lisse, relativement dénué de vie. Ce qui là aussi renforce l'impression d'ouvrir le passé à partir d'anciennes photos.
C'est donc agréable à lire, très dynamique, assez ludique, mais cela nous laisse à l'extérieur, sans trop de possibilités de s'impliquer, de s'investir, d'être empathique, ce que pourraient regretter des lecteurs appréciant les belles tranches de vie.
Un diptyque où il ne se passe pas grand-chose, avec des cases souvent très grandes, avec peu de texte. Et une intrigue assez classique, autour d’Achille, un homme qui, après des années et des années d’hésitations, cherche à retrouver son amour d’enfance.
Mais voilà, Vadot réussit à dépasser les clichés, « capitaliser » sur le vent, des petits riens. Il insuffle de la poésie et du merveilleux – plus que du mystère finalement – dans son histoire, ce qui l’immunise contre le déjà-vu et/ou la mièvrerie qui guettaient sur ce type d’histoire.
Les pieds d’Achille (et pas seulement son talon !) sont omniprésents, symbolisent sa force et ses faiblesses. Si au départ je ne savais pas trop quoi penser de cet aspect, qui semblait amener vers du fantastique pur, j’ai plutôt bien apprécié l’utilisation que Vadot en fait.
Alors, certes, l’intrigue en elle-même est assez légère, mais elle est plaisante. Et la mise en pages, qui fait varier taille et forme des cases – plus que le dessin lui-même, assez basique – ajoute au plaisir de lecture.
Note réelle 3,5/5.
Un sujet classique, sans doute traité de façon trop classique. Une lecture d’emprunt sans trop d’originalité, même si l’intrigue se laisse lire. On reste en terrain connu, si ce n’est que Sherlock lui-même fait partie des suspects.
Les remarques sont presque identiques concernant le dessin, qui fait très bien le boulot, tout en restant très classique et sage. J’ai plus de réserves concernant la colorisation (informatique ?), que j’ai trouvé souvent trop sombre, et qui lisse bien trop les détails.
Une honnête histoire, à réserver aux inconditionnels du détective londonien.
Note réelle 2,5/5.
Varela est un auteur que j’aime bien, même si d’habitude il n’officie qu’au dessin (souvent pour accompagner ses compatriotes Agrimbau ou Trillo). Mais je l’avais déjà trouvé intéressant sur sa production solo Diagnostics. Et je le trouve encore plus convainquant ici.
La version de Pinocchio que nous livre Varela est loin de celle de Disney, lorgne vers un certain trash, en tout cas c’est très noir. D’ailleurs, on aurait presque pu voir ces aventures se dérouler sans Pinocchio, tant Varela développe un univers qui s’écarte de l’histoire connue de tous (plus que l’excellente version de Winshluss, finalement plus fidèle, mais aussi plus trash).
Pinocchio est ici un personnage salace, vulgaire, sans trop de morale, bien évidemment menteur éhonté. Ses mœurs, ses propos et ses actes l’amène donc régulièrement en enfer – ou plutôt en Averne, puisque c’est cette version plus poétique et mythologique qu’utilise Varela. Paolo le visite régulièrement, car dans le premier tome, il s’en échappe, pour y être ramené à plusieurs reprises.
C’est bourré de références : Dante (que croise Pinocchio dans le premier tome), Bosch bien sûr et, pour rester dans la BD, je pense à des auteurs comme Ruijters (avec son Inferno (Ruijters) ou Kirchner (avec son Jheronimus & Bosch), ou alors La Danse Macabre du duo Radomski et Taillefer, les couleurs dominantes se rapprochant des deux dernières références.
Le premier tome est intéressant, mais souffre de longueurs, en particulier dans le long passage avec la prêtresse d’Artemis (car, en plus des références déjà citées, il y a de la Grèce antique, de la Venise de la Renaissance, etc.). Certains « bonus » en fin de ce premier album font penser à Cooper ou Woodring.
Dix ans après ce qui fut sa première œuvre en tant qu’auteur complet, Varela remet le couvert avec un autre album, beaucoup plus épais, et un dessin que j’ai trouvé à la fois plus épuré et plus maîtrisé.
Si les cases sont souvent moins remplies, l’intrigue est elle plus dense et surtout plus personnelle, s’écartant franchement de Pinocchio.
Plus de Venise et moins d’enfer aussi. Et une intrigue plus ambitieuse et noire. Avec toujours ce mélange de mythologie grecque, d’ambiance vénitienne, et d’une lutte entre Bien et Mal, avec l’enfer (ou le paradis ?) en ligne de mire.
Une œuvre déroutante, pas si facile que ça à appréhender (surtout le second tome), mais qui donne à Varela une stature d’auteur original – et à découvrir.
Note réelle 3,5/5.
Plutôt mitigée après cette lecture,
SPOILER
Le dessin est assurément sa force, c’est beau, les personnages ont assez de personnalité dans les visages (je précise parce que je sors de la lecture de Blue où il était presque impossible de reconnaître qui était qui).
Le gros point faible étant selon moi la narration et le scénario,
Je ne suis pas fan de changer de narrateur en cours d’histoire, cela m’avait déjà rebuté dans Chicagoland. Toute la première partie centrée sur la journaliste aurait pu être occultée et faire juste à la place une présentation du crime et du mystère puis on passe à l’ado. Le fait que la journaliste soit très antipathique n’aide pas car j’imagine que c’est le personnage auquel la lectrice ou le lecteur est sensé s’attacher pour rentrer dans l’histoire, hors la manière dont elle traitait son enfant m’est sortie par les yeux.
Quand je lis un polar j’adore être étonnée et tomber des nues sur les révélations, là pas du tout, donc j’ai été assez déçue par l'intrigue.
Comme de très nombreux scénaristes, Yann se penche sur une histoire dont le cadre est la Grande Guerre. C'est une fiction qu'il intègre avec un certain bonheur dans un cadre historique avéré.
Comme souvent, Yann propose un scénario bien documenté à la fois sur les offensives de 1917/18 et aussi sur les avions utilisés dans ces années. Son récit bâtit autour de l'interchangeabilité de deux jumeaux aviateurs est bien ficelé rendant son histoire crédible.
Sa construction est bien équilibrée avec quelques flash-backs explicatifs pas trop nombreux et situés aux bons moments. Il y a bien quelques facilités peu vraisemblables (les noyades, Henri qui traverse l'explosion du Zeppelin comme une fleur) qui permettent aux auteurs de sortir d'une tension dramatique en happy end un peu convenu.
De même j'ai été un peu déçu par une fin un peu bonbon en queue de poisson.
Le beau graphisme de Hugault propose un mode assez réaliste et soft. Les horreurs des massacres de la guerre ne sont pas mises au premier plan de façon trop dure. Les scènes de combats aériens sonnent juste avec des cadrages et des découpages qui rendent la situation fluide et compréhensible. La mise en couleur participe à l'ambiance du front avec ce contraste entre la grisaille des fantassins et l'exubérance colorées des aviateurs et de leurs avions.
Une lecture plaisante bien construite pour un moment agréable mais un peu superficielle et qui ne m'a pas fait vibrer.
Premier titre des Éditions Oxymore, créée par Mourad Boudjellal qui revient dans la BD après avoir renoncé à la politique et au sport, « Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux » de la talentueuse Edith, constitue une belle entrée en matière, avec un titre qui saura marquer les esprits par sa longueur, quand bien même il sera difficile à retenir… De plus, il se place sous la collection Noctambule, qui, tout comme Métamorphose, revient dans le giron d’Oxymore, après plus d’une décennie chez Delcourt depuis le rachat de Soleil, la maison fondée par l’homme d’affaires.
« Moi, Edin Björnsson… » nous plonge ainsi dans cette Scandinavie rurale du XVIIIe siècle, où les conditions de vie étaient difficiles, pour suivre le parcours d’ « Asticot », ce jeune garçon malingre à la destinée rocambolesque, pour qui tout avait plutôt mal commencé… Après avoir été témoin de la mort de son père, gravement blessé par un tourteau lâché par une mouette, le gamin dût travailler très tôt pour assurer la subsistance de sa mère à la santé fragile et de sa tante Tilda qui s’occupait du foyer. Engagé comme pêcheur alors qu’il rêvait d’étudier, le jeune Edin eut une vie aussi courte que mouvementée, comme le suggère assez bien ce titre en forme de condensé… jusqu’au « mari jaloux » qui constitue en fait le lien unissant Edith à son personnage, qu’il faudra chercher du côté de son « animal-totem », l’ours… Car en effet, ce récit intègre des éléments de chamanisme par le biais de la vieille guérisseuse du village, revêtue d’une peau d’ursidé, ce qui contribue largement au mystère du récit, charge au lecteur d’en raccorder les fils…
Une fois encore, le dessin d’Edith convainc par sa délicate simplicité et le rendu des atmosphères. Nous sommes littéralement immergés dans l’ambiance glaciale des contrées nordiques, qui dégagent une beauté à la fois rude et lumineuse, servie par une technique à l’aquarelle très maîtrisée et d’élégants clairs-obscurs qui sont un délice pour l’œil.
Derrière la narration bien construite, il serait sans doute vain d’y chercher un quelconque propos ou une morale de fable. « Moi, Edin Björnsson… » ne doit s’envisager que comme l’histoire extraordinaire d’un personnage ordinaire, dans un registre que l’on pourrait qualifier de « conte austère vaguement chamanique ». Si l'amateur de fantastique pourrait rester un brin frustré devant l’absence d’indices corroborant la vie antérieure de l’autrice, il devra se contenter de brefs propos en introduction : Edith nous rappelle, qu’avant d’être une prosélyte de ses propres croyances, elle est d’abord une « raconteuse en images » qui « laisse la porte entrouverte », et on ne saurait lui en vouloir ! Dès lors, il sera très facile de se laisser charmer par cet album à l’envoutante étrangeté, mais ne rentrant pas pour autant dans le genre fantastique.
Un autre documentaire sur Poutine.
Disons que si on a déjà lu sur la vie du dictateur, on ne va pas en apprendre grand chose sur sa jeunesse, son ascension et comment il fait tout pour rester au pouvoir. Comme c'est mon cas, ce qui m'a surtout intéressé, ce sont les comparaisons entre ce que fait Poutine et les tsars avant lui et on voit qu'au final il est dans la continuité que ce que les dirigeants ont fait.
Un autre aspect intéressant est que le scénariste Andrew S. Weiss a travaillé dans l'administration Clinton et a rencontré Poutine à quelques reprises. Il brosse le portait d'un homme qui veut paraitre le plus fort possible alors qu'au fond il est faible. Il est certes dangereux, mais ce n'est pas non plus un méchant invincible sorti d'un James Bond comme il veut le faire croire. Évidemment, ce n'est que la version de Weiss et on peut l'accuser d'avoir un biais pro-américain, mais sa démonstration est crédible et bien documentée.
Le dessin est sobre comme c'est toujours le cas avec Box Brown. Son style va bien pour un documentaire, mais les caricatures de personnalités ne sont pas toujours réussies. Un album pour ceux qui veulent une synthèse facile à comprendre sur Poutine.
Goldorak, Capitaine Flam, Albator 84 ou encore Cobra, autant de grands classiques du manga ou de l'animation japonaise que je n'ai pas connus enfant, car arrivé trop tard. Né au milieu des années 80, le temps de grandir un peu et d'être plus ou moins en âge de regarder ce genre de choses, je suis plutôt de la génération « Saint-Seiya – Les Chevaliers du Zodiaque » et « Dragon Ball ».
J'ai néanmoins été intéressé par cet album, tant en raison du statut légendaire de Goldorak dans la pop culture , que de la qualité graphique indéniable, du talent des auteurs et de leur démarche.
Visuellement, c'est beau, plaisant, léché et très fidèle au matériel d'origine, selon moi en tout cas. Rien à redire sur ce plan.
Pour le reste, l'album est bon et l'histoire plaisante. Je me suis toutefois senti partiellement exclu du scénario, de par ma méconnaissance de la série originale. J'ai eu l'impression d'arriver plusieurs jours après le début de vacances entre amis. On est content d'être là, mais on a clairement l'impression d'avoir raté les jours précédents et d'être, du moins en partie, le spectateur des petites histoires et liens que les premiers sur place ont tissés avant notre arrivée. Pour l'anecdote, il m'a d'ailleurs fallu mettre ma lecture en pause, le temps de combler certaines lacunes sur internet. Mais cela n'est pas pareil que de connaître l'œuvre originale.
Ce one shot est très clairement une suite "fan service" qui ne parlera complètement qu'à ceux qui ont connu la série d'animation. J'aurais apprécié une petite introduction ou un résumé, pour pouvoir embarquer pleinement dans l'aventure et me sentir faire partie de la famille Goldorak.
Reste un bel album, de beaux dessins et une aventure plaisante, mais réservée "aux vieux de la vieille".
Amusante histoire qui explore les songes d'une manière polissonne, sur fond d'histoire aux mystères qui se dévoilent petit à petit. Cela dit, l'ensemble reste assez sobre aussi bien dans le récit que dans le dessin, ce qui me fait légèrement regretter de ne pas pouvoir donner plus.
Si j'aime bien l'ambiance proche du steampunk, le côté voyeuriste avec l'héroïne qui se dénude facilement (mais pas gratuitement) et l'intrigue qui avance à petit pas dans une direction précise, le tout est assez rapidement lu avec des situations diverses qui se répètent un peu : la journée avec quelques machines diverses, le rêve de la nuit toujours dans un autre univers très marqué, puis réveil et mystère qui s'épaissit. L'ensemble ne se développe vraiment qu'a la moitié du second tome, dévoilant les intentions de Coraline et les dessous de toute cette affaire pour un petit final sympathique mais qui me semble arriver un peu trop tardivement.
Pour l'ensemble, j'aime le dessin qui sait se faire très beau dans certaines cases (les premières planches notamment) et l'ensemble est réhaussé par les couleurs. C'est joli mais j'ai l'impression que le même soin n'a pas été apporté à toutes les planches. En tout cas, c'est plaisant à lire et je pense que si on n'en attends pas plus, c'est le genre de série qui plaira !
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La Fortune des Winczlav
Ce préquel en trois tomes à Largo Winch est conçu comme une saga familiale, abordant une voire deux générations en un seul tome. Cela avance donc à un train d'enfer ! Et c'est de mon point de vue, une des forces de cette saga : un rythme endiablé permettant de reconstituer plaisamment un puzzle dramatique dont chacune des pièces renseigne progressivement sur les personnages de Nério et Largo. Les personnages rencontrés sont tantôt sympathiques, tantôt méprisables, des vies souvent assez romanesques sinon extraordinaires, esquissées davantage que suivies sur la durée, donnant l'impression d'évoquer la personne à partir de la vieille photo jaunie extraite de l'arbre généalogique, d'en retenir quelques traits, quelques lignes, expliquant le présent ; puis l'on passe à la génération suivante, sans plus s’attarder. Côté illustrations et couleurs, c'est très lisse, relativement dénué de vie. Ce qui là aussi renforce l'impression d'ouvrir le passé à partir d'anciennes photos. C'est donc agréable à lire, très dynamique, assez ludique, mais cela nous laisse à l'extérieur, sans trop de possibilités de s'impliquer, de s'investir, d'être empathique, ce que pourraient regretter des lecteurs appréciant les belles tranches de vie.
Maudit mardi !
Un diptyque où il ne se passe pas grand-chose, avec des cases souvent très grandes, avec peu de texte. Et une intrigue assez classique, autour d’Achille, un homme qui, après des années et des années d’hésitations, cherche à retrouver son amour d’enfance. Mais voilà, Vadot réussit à dépasser les clichés, « capitaliser » sur le vent, des petits riens. Il insuffle de la poésie et du merveilleux – plus que du mystère finalement – dans son histoire, ce qui l’immunise contre le déjà-vu et/ou la mièvrerie qui guettaient sur ce type d’histoire. Les pieds d’Achille (et pas seulement son talon !) sont omniprésents, symbolisent sa force et ses faiblesses. Si au départ je ne savais pas trop quoi penser de cet aspect, qui semblait amener vers du fantastique pur, j’ai plutôt bien apprécié l’utilisation que Vadot en fait. Alors, certes, l’intrigue en elle-même est assez légère, mais elle est plaisante. Et la mise en pages, qui fait varier taille et forme des cases – plus que le dessin lui-même, assez basique – ajoute au plaisir de lecture. Note réelle 3,5/5.
Sherlock Holmes (Panini Comics)
Un sujet classique, sans doute traité de façon trop classique. Une lecture d’emprunt sans trop d’originalité, même si l’intrigue se laisse lire. On reste en terrain connu, si ce n’est que Sherlock lui-même fait partie des suspects. Les remarques sont presque identiques concernant le dessin, qui fait très bien le boulot, tout en restant très classique et sage. J’ai plus de réserves concernant la colorisation (informatique ?), que j’ai trouvé souvent trop sombre, et qui lisse bien trop les détails. Une honnête histoire, à réserver aux inconditionnels du détective londonien. Note réelle 2,5/5.
Paolo Pinocchio
Varela est un auteur que j’aime bien, même si d’habitude il n’officie qu’au dessin (souvent pour accompagner ses compatriotes Agrimbau ou Trillo). Mais je l’avais déjà trouvé intéressant sur sa production solo Diagnostics. Et je le trouve encore plus convainquant ici. La version de Pinocchio que nous livre Varela est loin de celle de Disney, lorgne vers un certain trash, en tout cas c’est très noir. D’ailleurs, on aurait presque pu voir ces aventures se dérouler sans Pinocchio, tant Varela développe un univers qui s’écarte de l’histoire connue de tous (plus que l’excellente version de Winshluss, finalement plus fidèle, mais aussi plus trash). Pinocchio est ici un personnage salace, vulgaire, sans trop de morale, bien évidemment menteur éhonté. Ses mœurs, ses propos et ses actes l’amène donc régulièrement en enfer – ou plutôt en Averne, puisque c’est cette version plus poétique et mythologique qu’utilise Varela. Paolo le visite régulièrement, car dans le premier tome, il s’en échappe, pour y être ramené à plusieurs reprises. C’est bourré de références : Dante (que croise Pinocchio dans le premier tome), Bosch bien sûr et, pour rester dans la BD, je pense à des auteurs comme Ruijters (avec son Inferno (Ruijters) ou Kirchner (avec son Jheronimus & Bosch), ou alors La Danse Macabre du duo Radomski et Taillefer, les couleurs dominantes se rapprochant des deux dernières références. Le premier tome est intéressant, mais souffre de longueurs, en particulier dans le long passage avec la prêtresse d’Artemis (car, en plus des références déjà citées, il y a de la Grèce antique, de la Venise de la Renaissance, etc.). Certains « bonus » en fin de ce premier album font penser à Cooper ou Woodring. Dix ans après ce qui fut sa première œuvre en tant qu’auteur complet, Varela remet le couvert avec un autre album, beaucoup plus épais, et un dessin que j’ai trouvé à la fois plus épuré et plus maîtrisé. Si les cases sont souvent moins remplies, l’intrigue est elle plus dense et surtout plus personnelle, s’écartant franchement de Pinocchio. Plus de Venise et moins d’enfer aussi. Et une intrigue plus ambitieuse et noire. Avec toujours ce mélange de mythologie grecque, d’ambiance vénitienne, et d’une lutte entre Bien et Mal, avec l’enfer (ou le paradis ?) en ligne de mire. Une œuvre déroutante, pas si facile que ça à appréhender (surtout le second tome), mais qui donne à Varela une stature d’auteur original – et à découvrir. Note réelle 3,5/5.
Contrition
Plutôt mitigée après cette lecture, SPOILER Le dessin est assurément sa force, c’est beau, les personnages ont assez de personnalité dans les visages (je précise parce que je sors de la lecture de Blue où il était presque impossible de reconnaître qui était qui). Le gros point faible étant selon moi la narration et le scénario, Je ne suis pas fan de changer de narrateur en cours d’histoire, cela m’avait déjà rebuté dans Chicagoland. Toute la première partie centrée sur la journaliste aurait pu être occultée et faire juste à la place une présentation du crime et du mystère puis on passe à l’ado. Le fait que la journaliste soit très antipathique n’aide pas car j’imagine que c’est le personnage auquel la lectrice ou le lecteur est sensé s’attacher pour rentrer dans l’histoire, hors la manière dont elle traitait son enfant m’est sortie par les yeux. Quand je lis un polar j’adore être étonnée et tomber des nues sur les révélations, là pas du tout, donc j’ai été assez déçue par l'intrigue.
Le Pilote à l'Edelweiss
Comme de très nombreux scénaristes, Yann se penche sur une histoire dont le cadre est la Grande Guerre. C'est une fiction qu'il intègre avec un certain bonheur dans un cadre historique avéré. Comme souvent, Yann propose un scénario bien documenté à la fois sur les offensives de 1917/18 et aussi sur les avions utilisés dans ces années. Son récit bâtit autour de l'interchangeabilité de deux jumeaux aviateurs est bien ficelé rendant son histoire crédible. Sa construction est bien équilibrée avec quelques flash-backs explicatifs pas trop nombreux et situés aux bons moments. Il y a bien quelques facilités peu vraisemblables (les noyades, Henri qui traverse l'explosion du Zeppelin comme une fleur) qui permettent aux auteurs de sortir d'une tension dramatique en happy end un peu convenu. De même j'ai été un peu déçu par une fin un peu bonbon en queue de poisson. Le beau graphisme de Hugault propose un mode assez réaliste et soft. Les horreurs des massacres de la guerre ne sont pas mises au premier plan de façon trop dure. Les scènes de combats aériens sonnent juste avec des cadrages et des découpages qui rendent la situation fluide et compréhensible. La mise en couleur participe à l'ambiance du front avec ce contraste entre la grisaille des fantassins et l'exubérance colorées des aviateurs et de leurs avions. Une lecture plaisante bien construite pour un moment agréable mais un peu superficielle et qui ne m'a pas fait vibrer.
Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux
Premier titre des Éditions Oxymore, créée par Mourad Boudjellal qui revient dans la BD après avoir renoncé à la politique et au sport, « Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux » de la talentueuse Edith, constitue une belle entrée en matière, avec un titre qui saura marquer les esprits par sa longueur, quand bien même il sera difficile à retenir… De plus, il se place sous la collection Noctambule, qui, tout comme Métamorphose, revient dans le giron d’Oxymore, après plus d’une décennie chez Delcourt depuis le rachat de Soleil, la maison fondée par l’homme d’affaires. « Moi, Edin Björnsson… » nous plonge ainsi dans cette Scandinavie rurale du XVIIIe siècle, où les conditions de vie étaient difficiles, pour suivre le parcours d’ « Asticot », ce jeune garçon malingre à la destinée rocambolesque, pour qui tout avait plutôt mal commencé… Après avoir été témoin de la mort de son père, gravement blessé par un tourteau lâché par une mouette, le gamin dût travailler très tôt pour assurer la subsistance de sa mère à la santé fragile et de sa tante Tilda qui s’occupait du foyer. Engagé comme pêcheur alors qu’il rêvait d’étudier, le jeune Edin eut une vie aussi courte que mouvementée, comme le suggère assez bien ce titre en forme de condensé… jusqu’au « mari jaloux » qui constitue en fait le lien unissant Edith à son personnage, qu’il faudra chercher du côté de son « animal-totem », l’ours… Car en effet, ce récit intègre des éléments de chamanisme par le biais de la vieille guérisseuse du village, revêtue d’une peau d’ursidé, ce qui contribue largement au mystère du récit, charge au lecteur d’en raccorder les fils… Une fois encore, le dessin d’Edith convainc par sa délicate simplicité et le rendu des atmosphères. Nous sommes littéralement immergés dans l’ambiance glaciale des contrées nordiques, qui dégagent une beauté à la fois rude et lumineuse, servie par une technique à l’aquarelle très maîtrisée et d’élégants clairs-obscurs qui sont un délice pour l’œil. Derrière la narration bien construite, il serait sans doute vain d’y chercher un quelconque propos ou une morale de fable. « Moi, Edin Björnsson… » ne doit s’envisager que comme l’histoire extraordinaire d’un personnage ordinaire, dans un registre que l’on pourrait qualifier de « conte austère vaguement chamanique ». Si l'amateur de fantastique pourrait rester un brin frustré devant l’absence d’indices corroborant la vie antérieure de l’autrice, il devra se contenter de brefs propos en introduction : Edith nous rappelle, qu’avant d’être une prosélyte de ses propres croyances, elle est d’abord une « raconteuse en images » qui « laisse la porte entrouverte », et on ne saurait lui en vouloir ! Dès lors, il sera très facile de se laisser charmer par cet album à l’envoutante étrangeté, mais ne rentrant pas pour autant dans le genre fantastique.
Tsar par accident - Les Vies et Mensonges de Vladmir Poutine
Un autre documentaire sur Poutine. Disons que si on a déjà lu sur la vie du dictateur, on ne va pas en apprendre grand chose sur sa jeunesse, son ascension et comment il fait tout pour rester au pouvoir. Comme c'est mon cas, ce qui m'a surtout intéressé, ce sont les comparaisons entre ce que fait Poutine et les tsars avant lui et on voit qu'au final il est dans la continuité que ce que les dirigeants ont fait. Un autre aspect intéressant est que le scénariste Andrew S. Weiss a travaillé dans l'administration Clinton et a rencontré Poutine à quelques reprises. Il brosse le portait d'un homme qui veut paraitre le plus fort possible alors qu'au fond il est faible. Il est certes dangereux, mais ce n'est pas non plus un méchant invincible sorti d'un James Bond comme il veut le faire croire. Évidemment, ce n'est que la version de Weiss et on peut l'accuser d'avoir un biais pro-américain, mais sa démonstration est crédible et bien documentée. Le dessin est sobre comme c'est toujours le cas avec Box Brown. Son style va bien pour un documentaire, mais les caricatures de personnalités ne sont pas toujours réussies. Un album pour ceux qui veulent une synthèse facile à comprendre sur Poutine.
Goldorak
Goldorak, Capitaine Flam, Albator 84 ou encore Cobra, autant de grands classiques du manga ou de l'animation japonaise que je n'ai pas connus enfant, car arrivé trop tard. Né au milieu des années 80, le temps de grandir un peu et d'être plus ou moins en âge de regarder ce genre de choses, je suis plutôt de la génération « Saint-Seiya – Les Chevaliers du Zodiaque » et « Dragon Ball ». J'ai néanmoins été intéressé par cet album, tant en raison du statut légendaire de Goldorak dans la pop culture , que de la qualité graphique indéniable, du talent des auteurs et de leur démarche. Visuellement, c'est beau, plaisant, léché et très fidèle au matériel d'origine, selon moi en tout cas. Rien à redire sur ce plan. Pour le reste, l'album est bon et l'histoire plaisante. Je me suis toutefois senti partiellement exclu du scénario, de par ma méconnaissance de la série originale. J'ai eu l'impression d'arriver plusieurs jours après le début de vacances entre amis. On est content d'être là, mais on a clairement l'impression d'avoir raté les jours précédents et d'être, du moins en partie, le spectateur des petites histoires et liens que les premiers sur place ont tissés avant notre arrivée. Pour l'anecdote, il m'a d'ailleurs fallu mettre ma lecture en pause, le temps de combler certaines lacunes sur internet. Mais cela n'est pas pareil que de connaître l'œuvre originale. Ce one shot est très clairement une suite "fan service" qui ne parlera complètement qu'à ceux qui ont connu la série d'animation. J'aurais apprécié une petite introduction ou un résumé, pour pouvoir embarquer pleinement dans l'aventure et me sentir faire partie de la famille Goldorak. Reste un bel album, de beaux dessins et une aventure plaisante, mais réservée "aux vieux de la vieille".
Songes
Amusante histoire qui explore les songes d'une manière polissonne, sur fond d'histoire aux mystères qui se dévoilent petit à petit. Cela dit, l'ensemble reste assez sobre aussi bien dans le récit que dans le dessin, ce qui me fait légèrement regretter de ne pas pouvoir donner plus. Si j'aime bien l'ambiance proche du steampunk, le côté voyeuriste avec l'héroïne qui se dénude facilement (mais pas gratuitement) et l'intrigue qui avance à petit pas dans une direction précise, le tout est assez rapidement lu avec des situations diverses qui se répètent un peu : la journée avec quelques machines diverses, le rêve de la nuit toujours dans un autre univers très marqué, puis réveil et mystère qui s'épaissit. L'ensemble ne se développe vraiment qu'a la moitié du second tome, dévoilant les intentions de Coraline et les dessous de toute cette affaire pour un petit final sympathique mais qui me semble arriver un peu trop tardivement. Pour l'ensemble, j'aime le dessin qui sait se faire très beau dans certaines cases (les premières planches notamment) et l'ensemble est réhaussé par les couleurs. C'est joli mais j'ai l'impression que le même soin n'a pas été apporté à toutes les planches. En tout cas, c'est plaisant à lire et je pense que si on n'en attends pas plus, c'est le genre de série qui plaira !