Citéruine

Note: 2/5
(2/5 pour 2 avis)

Citéruine est une ville désolée, vidée de ses habitants, usée par le temps et l’abandon - guerre ? épidémie ? génocide ? effondrement ?… Elle est le reflet parallèle, le reste ou le cauchemar d’une ville possible, d’une grande ville étale sans centre ni périphérie, une mégalopole postindustrielle et surpeuplée qui a ou qui a eu pour nom Citéville.


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L’une et l’autre cités ont été dessinées par Jérôme Dubois, toutes deux selon le même découpage, les mêmes cadrages, la même fatale temporalité. Mais là où Citéville grouille de stupides turpitudes, s’alimente de ses déchets et assure la reproduction des monstres humains qui l’ont bâtie, Citéruine dresse ses abattis, laisse calmement miroiter son squelette sous les durs néons qui lui restent. S’étant débarrassée de ses occupants ou ayant été délaissée par eux, qu’importe, ayant abandonné tout espoir, Citéruine a quitté son pauvre statut de décor. Elle est désormais paysage, et paysage animé?: ses contours et ses lieux reprennent le flambeau de la narration, rejouent la comédie urbaine pour eux seuls, et tournent dans la nuit, dévorés par le feu. Il a été confié aux éditions Cornélius de porter le destin de Citéville, tandis que les Éditions Matière accueillent Citéruine. Les deux villes communiquent, se hantent en deux ouvrages distincts dont les lectures simultanées ou différées sont autant de perturbations d’un même espace par le temps et ses affres. nota : Citéruine et Citéville font partie de la sélection officielle 2021 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Août 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Citéruine © Matière 2020
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 2 avis)
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18/03/2021 | cac
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L'avatar du posteur Noirdésir

Comme il l’explique en avant-propos des deux albums, Jérôme Dubois a conçu Citéville et « Citéruine » comme un tout. Plusieurs planches sont ainsi réutilisées d’un album à l’autre (et les chapitres portent les mêmes titres). Et effectivement, je pense qu’il faut lire les deux pour mieux comprendre l’ensemble. Et de préférence lire Citéville en premier. En tout cas les lecteurs qui ne liront que « Citéruine » auront sans doute du mal à accrocher, voire à comprendre le propos de l’auteur. Cet album est en effet encore plus déroutant que « Citéville », qui l’était déjà pas mal. Là où dans « Citéville » on ne pouvait s’imaginer vivre dans cette société absurde et définitivement invivable, dans « Citéruine » la vie a physiquement disparu, ne restent que des décors vides, qui accentuent la vacuité de l’existence de société matérialistes et déshumanisantes. Exercice de style au traitement froid, cet album est difficile à appréhender sans son album jumeau. Les éditions Matière publient des œuvres exigeantes, en opposition sur la forme et le fond à la société de consommation dans laquelle elles sont pourtant nées. Ma note vaut pour l’album seul, mais en lisant les deux albums comme un tout mon ressenti serait supérieur. A vous de voir. Note réelle 2,5/5.

03/08/2023 (modifier)
Par cac
Note: 2/5
L'avatar du posteur cac

Jérôme Dubois dessine très bien. Enfin mieux qu'il n'écrit. Il faut dire qu'il n'y a pas de texte dans cet album. Il imagine une cité en ruine, une ville vide de ses habitants. Comme dans les rues aux alentours de Fukushima désertées de ses habitants, ou comme pendant un confinement strict à sa maison. L'auteur réalise le dessin noir et blanc à partir de photos de ses pérégrinations citadines, tout cela est très réaliste, propre et net. L'album fait écho à Citéville du même auteur mais aux éditions Cornélius, qui lui semble avoir des personnages et des dialogues. Il faudra que je le lise à l'occasion. Il faut avouer que les éditions Matière ont des partis pris très pointus. Je ne sais pas s'ils vendent beaucoup de livres et arrivent à être rentables.

18/03/2021 (modifier)