Comme mes prédécesseurs je suis resté un peu sur ma faim. Pourtant j'aime bien l'humour de Ced et je trouve le sujet original et intéressant.
En effet il est devenu presque impossible de se passer des fonctions de nécessité que propose internet (messagerie, gestion, commande, scolarité, vie pro).
Contrairement au sous-titre un peu trompeur, il semblerait que "l'expérience" soit fictive. L'intérêt de la série se réduit à un fiction humoristique remplie de gags.
Ainsi j'ai trouvé les passages inégaux d'autant plus que les préoccupations centrales du petit Ced ne sont pas miennes (facebook, séries, games).
Si j'ai trouvé le passage Facebook réussi bien que convenu, les autres passages sont moins drôles à mes yeux.
De plus Ced passe rapidement sur la pornographie gratuite et très facilement accessible, ce qui est une thématique importante.
Je préfère le Ced scénariste au Ced dessinateur mais son trait rond et humoristique convient parfaitement au style de la série.
Ced reste dans un style assez dépouillé que j'avais rencontré dans le bon Contes à dormir debout. Malheureusement dans la présente série le personnage de Ced est un peu trop seul pour amener une diversité visuelle qui manque cruellement.
Une lecture récréative mais qui manque un peu de profondeur et de sel.
Leviathan est un thriller dans l'espace développé en 3 tomes autour de la thématique de la survie.
Si l'on compare à des films, il est clair que l'on s'éloigne aussi bien d'un "Alien" (menace extérieure) que d'un "Gravity" (menace liée à un problème technologique) comme l'on aurait pu s'y attendre ou l'espérer. L'auteur préfère nous inviter à un jeu de massacre, façon Battle Royale (ce qui parle bien davantage aux jeunes d'aujourd'hui, cela étant notamment devenu un sous-genre dans le jeu vidéo), pour tenir un discours pas si éloigné de "Sa majesté des mouches" sur la cruauté des enfants.
L'on assiste donc à une foire d’empoigne avec multiples variantes : des alliances de circonstance, des stratégies défensives, des vengeances individuelles dans lesquelles s'expriment différentes cruautés. L'auteur a le bon goût de convier quelques thématiques importantes (harcèlement, féminisme, classes sociales...) mais n'engendrant aucun changement dans sa conception de l'intrigue, apportant au mieux une justification à telle organisation ou telle cruauté, permettant essentiellement de ne pas se lasser de la redondance à l’œuvre. Les chapitres s'attachent généralement à nous présenter un affrontement, dont l'enjeu narratif réside dans la découverte de celui y survivant, non sans adopter un malsain voyeurisme à l'égard d'une violence présentée comme fascinante, spectaculaire, voire amusante. Comme souvent, l'on se perd un peu dans tous ces personnages (malgré des illustrations de plutôt belle facture), et il est impossible de se représenter topographiquement les différents espaces du vaisseau, donc de ressentir toute l'horreur de cette partie de cache-cache.
Le manga a la bonne idée de jouer sur les temporalités et d'apporter un point de vue extérieur. L'on découvre en effet l'intrigue tantôt selon les points de vue des enfants, tantôt celui d'un journal intime/de bord (dont on se demande bien comment il a pu être calmement rédigé étant donné la peur devant régner), tantôt celui d'une opération de secours arrivant plusieurs années après la bataille et tentant de comprendre ce qui s'est passé dans le vaisseau.
Ce dernier point permet de mettre en doute ici ou là ce que nous avons jusqu'alors vu, et de préparer à l'habile et plausible retournement final.
Son décès récent, et les nombreux documentaires qui lui ont été consacrés ont remis sous la lumière Gisèle Halimi, et les séries s'enchaînent autour de cette figure du militantisme. Un attrait qui doit sans doute un peu à l'opportunisme de certains éditeurs. Mais qui en tout cas est légitime, tant Gisèle Halimi a défendu et incarné un certain nombre de valeurs théoriquement portées très haut dans notre République.
Le début de l'album m'a un peu laissé sur ma faim, je craignais une biographie scolaire, monocorde et sans âme. Mais la suite m'a donné tort. Si la narration ne m'a pas vraiment enthousiasmé, j'ai trouvé ce récit de plus en plus intéressant.
Les racines de l'engagement de Gisèle Halimi puisent dans son enfance (voir pour compléter l'album qui est spécifiquement dédié à cette partie de sa vie, Gisèle Halimi - Une jeunesse tunisienne), et elle a tôt eu cette droiture, cette force, qui l'on poussé à braver menaces et freins sociétaux pour mener jusqu'au bout les grands combats qui l'ont animée toute sa vie: lutter contre le racisme et l'iniquité de la justice coloniale, lutter contre le sexisme et pour le droit à l'avortement.
Sa volonté de faire de certains procès des tribunes pour faire "bouger les choses" (un peu comme Badinter contre la peine de mort) l'a amené à rencontrer pas mal de monde (décideurs politiques, intellectuels - Sartre en tête), à parfois se disperser, s'épuiser, et se désillusionner face à l'hypocrisie ou au sectarisme de certains.
L'album brosse un portrait complet et intéressant de Gisèle Halimi, de ses combats, de ses méthodes, sans occulter sa personne, ses difficultés à mener de front combats sociétaux et vie familiale.
Il manque peut-être un chouia d'envolées, de romantisme, à ce récit d'une vie, mais ça se laisse lire facilement, et ça illustre très bien certains des débats importants de la seconde moitié du XXème siècle.
Le dessin de Marko n'est pas forcément ma tasse de thé, mais il est simple et efficace, fluide, et concourt à rendre agréable cette lecture, qui se révèle finalement assez dense.
Note réelle 3,5/5.
2.5
Si je ne me trompe pas c'est le premier album de cet auteur chilien que je lis et le résultat est vraiment moyen.
Alors l'auteur nous révèle comment les chats sont apparus sur Terre et ont soumis les humains. C'est pas très marrant, l'auteur se contente la plupart du temps d'utiliser les clichés sur les chats. Il y a quelques dialogues qui m'ont fait sourire sans plus. Il faut dire que vu qu'il y a peu de cases par pages, l'album se lit vite et le scénario est au final trop léger pour être marquant.
Entre les chapitres du récit, l'auteur place deux interludes dont le ton est beaucoup plus sérieux que le récit principal. La première parle de la fixation des chats pour les boites et la seconde parle de la divination du chat dans diverses mythologies, et je dois dire que j'ai trouvé ces deux parties plus intéressantes que le récit humoristique qui constitue la majorité de l'album. J'aurais préféré que l'album soit un documentaire sur les chats comme ces deux interludes. Le dessin est sympathique sans être génial ou très personnel (on dirait le genre de dessin qu'on voit tous les jours dans les réseaux sociaux).
À la limite, c'est à emprunter si on aime les chats.
Une petite-fille qui va découvrir un grand-père dont elle ignorait l'existence, au caractère très dur et renfermé, et qui va finalement apprendre à le connaître, lui et son terrible passé ; et pour cause puisqu'il a survécu à la Shoah. C'est terrible mais j'ai l'impression d'avoir déjà lu pas mal de BD sur ce thème là, et même si celle-ci est l'adaptation d'un roman jeunesse qui a peut-être précurseur dans son domaine, cette adaptation n'apporte pas grand chose de neuf au sujet.
Il n'y a pas de réel reproche à faire à cette BD dont le sujet est sincère. Le dessin de Marc Lizano est très reconnaissable. Sans qu'on puisse le qualifier de beau, il est agréable et efficace. L'histoire est bien rythmée, bien racontée. Le caractère des deux protagonistes principaux est bien affirmé, ajoutant à l'intérêt de leur récit. Mais comme indiqué plus haut, l'histoire comporte bien peu de surprise à moins d'être un bien jeune lecteur qui découvre le sujet. Et surtout, l'histoire s'arrête simplement quand le grand-père et la petite-fille finissent par bien s'entendre, sans aller vraiment au-delà. Je trouve que ça manque de développement et tel quel l'intrigue me parait trop convenue.
Deux ans après "Le Silence et l'ombre", Elodie Garcia revient en tant qu'autrice complète avec ce second album. Là encore très personnel, mais émargeant dans un registre plus fantastique.
C'est donc l'histoire d'un jeune garçon qui est pris entre ses rêves d'évasion, liés à la mer, et les attentes de ses parents, liées à... la pêche. Son destin va évidemment basculer en lien avec ces contraintes. Il va bien sûr en apprendre plus sur ses origines. Comme en témoigne la superbe couverture, l'album baigne dans des ambiances bleues et un récit aux allures de conte. Si le récit n'offre pas beaucoup de surprises, on voit la progression de la dessinatrice, même au fil des planches. Il y a pas mal d'inventivité en termes de design, mais j'aurais bien aimé découvrir un peu plus le monde des Océnides. Mais j'imagine qu'Elodie Garcia va développer ça par la suite.
C'est sympathique, même si l'ensemble manque encore de maturité.
Sans esbroufe, la série regroupe des histoires plutôt sympas à lire, et relativement variées, contrairement à ce que je craignais, puisqu’elles ont pour protagonistes des marins naviguant sur un cargo.
Le dessin de Dubois, avec ces marins à trogne, la gueule « carrée » (mais ses visages féminins – plus rares il est vrai – sont moins réussis), est dynamique. Lui aussi sans fioriture, il fait très bien le boulot.
Il y a bien les clichés véhiculés autour de la marine marchande. Mais Riondet n’en abuse pas, et sais glisser quand il le faut de la poésie (lorsqu’un vieux loup de mer déclame du Victor Hugo ou du Supervielle), du polar (à plusieurs reprises). Forcément les bonhommes sont bourrus, mais la fraternité domine. Une vingtaine de pages à chaque fois au minimum, ça permet de développer un peu les récits, de donner à l’intrigue et à la personnalité des marins une profondeur agréable.
Une série sympathique.
C'est avec un vrai plaisir que je me suis plongé dans le début des aventures de Rémy que j'avais découvert dans le bon Dictature à Brickaville.
Je rejoins l'avis d'Alix sur la fraîcheur et la tonicité du récit de Pov et Dwa. Une fois encore je suis séduit par le travail des deux auteurs malgaches.
Avec humour les auteurs multiplient les situations qui rappellent le temps béni de la vie estudiantine. On s'aperçoit ainsi que les aspirations d'un étudiant malgache ne sont pas éloignées de celles d'un étudiant européen ou ailleurs dans le monde.
J'ai beaucoup aimé la progression de la personnalité de Rémy dans le récit. La stratégie qu'il met en place pour devenir Président de l'asso est très intéressante et me le rend attachant.
Sous une forme humoristique les auteurs proposent deux programmes de convivialité que tous les étudiants du monde veulent connaître : les études oui mais sans oublier la partie extra-scolaire autour du sport, de la fête ou des rencontres (amoureuses) essentielles à cet âge.
J'ai trouvé la manière de conduire le récit très intelligente et les personnalités des personnages qui entourent Rémy très bien travaillées.
Le graphisme est plaisant même si j'ai trouvé Dictature plus précis dans les expressions et dans les détails extérieurs.
Cela reste une lecture récréative très fraiche et dépaysante.
Bon, autant le dire tout de suite, mon ressenti personnel serait sans doute plus proche des deux étoiles (note réelle 2,5/5). Mais j'arrondis à trois étoiles parce que je pense que des ados (le vrai cœur de cible selon moi) peuvent y trouver davantage leur compte.
Le début - et une bonne partie de la suite d'ailleurs - nous présente une aventure fantasy ultra classique et aussi trop " gentille ", autour d'un petit groupe de chevaliers capables à 5 d'écraser une énorme horde de barbares. Ce sont ces facilités, cette naïveté de certains dialogues et situations (y compris les énormes happy end du final) qui m'ont gêné.
Mais le scénario apporte heureusement des surprises, qui vont dynamiter l'intrigue, en y mettant de la SF. Je pense même que cet aspect aurait pu être davantage exploité.
Quant au dessin, il est très lisible, mais pas vraiment mon truc. Idem pour la colorisation.
Le principal intérêt de cette BD est qu’elle est inspirée du roman de Robert Badinter qui décrit l’histoire de sa famille maternelle de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème siècle. Cette histoire est, malheureusement, assez banale et ne m’a pas appris grand-chose à part le fait de pouvoir situer correctement la Bessarabie, ex-région de l’empire russe qui est aujourd’hui la Moldavie.
Histoire assez banale, disais-je, car elle évoque les mauvais traitements des Juifs en Europe de l’Est et leur désir de quitter ces régions hostiles. Mais qu’est-ce que les Juifs ont bien pu faire pour mériter ces mauvais traitements à travers le monde et les siècles ? Que ce soit un peuple déicide ? Quelle justification stupide pour malmener tout un peuple pendant des millénaires ! Toujours est-il qu’ils furent tellement tourmentés et pourchassés que beaucoup d’entre eux émigrèrent. La plupart allèrent vers le Nouveau Monde si prometteur mais les Rosenberg-Badinter optèrent pour la France et ses valeurs républicaines qui avaient innocenté un capitaine juif contre l’armée tout entière lors de l’affaire Dreyfus.
Le reste de la BD décrit avec beaucoup de détails les différents métiers et déménagements que la famille fit dans son effort d’intégration, fort réussi au demeurant, dans la société française. Hélas, le malheur s’est de nouveau abattu sur la communauté juive lors de l’occupation allemande et a décimé une très grande partie de la famille Badinter.
Tout cela est assez connu et fort long, entre autres l’agonie d’Idiss. Je ne doute pas que cela soit très intéressant pour la famille proche et leurs amis mais, pour le grand public, cela manque de rythme et entre trop dans des détails domestiques qui alourdissent le récit. Par contre, la dernière page est particulièrement dense en faits dramatiques qui auraient mérité un développement un peu plus long. Ce que j’aurais aussi apprécié, c’est que le récit continue après la guerre et qu’il me rattache au temps présent, ce qui aurait donné une lueur d’espoir à ces drames à répétition.
Les couleurs sont sympathiques et chaudes. Elles sont très agréables, trop sans doute car cela ne rend pas le caractère dramatique du récit. Le dessin, fort élémentaire, et les couleurs correspondent davantage à un livre illustré pour enfants qu’à la vie tourmentée d’une famille juive maltraitée par l’Histoire.
En résumé, le côté véridique et dramatique de cette histoire mériterait une note plus élevée mais ses longueurs et le caractère inadapté des couleurs et dessin au texte m’empêchent de mettre plus que 3.
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Un an sans internet - Journal d'une expérience
Comme mes prédécesseurs je suis resté un peu sur ma faim. Pourtant j'aime bien l'humour de Ced et je trouve le sujet original et intéressant. En effet il est devenu presque impossible de se passer des fonctions de nécessité que propose internet (messagerie, gestion, commande, scolarité, vie pro). Contrairement au sous-titre un peu trompeur, il semblerait que "l'expérience" soit fictive. L'intérêt de la série se réduit à un fiction humoristique remplie de gags. Ainsi j'ai trouvé les passages inégaux d'autant plus que les préoccupations centrales du petit Ced ne sont pas miennes (facebook, séries, games). Si j'ai trouvé le passage Facebook réussi bien que convenu, les autres passages sont moins drôles à mes yeux. De plus Ced passe rapidement sur la pornographie gratuite et très facilement accessible, ce qui est une thématique importante. Je préfère le Ced scénariste au Ced dessinateur mais son trait rond et humoristique convient parfaitement au style de la série. Ced reste dans un style assez dépouillé que j'avais rencontré dans le bon Contes à dormir debout. Malheureusement dans la présente série le personnage de Ced est un peu trop seul pour amener une diversité visuelle qui manque cruellement. Une lecture récréative mais qui manque un peu de profondeur et de sel.
Léviathan (Ki-oon)
Leviathan est un thriller dans l'espace développé en 3 tomes autour de la thématique de la survie. Si l'on compare à des films, il est clair que l'on s'éloigne aussi bien d'un "Alien" (menace extérieure) que d'un "Gravity" (menace liée à un problème technologique) comme l'on aurait pu s'y attendre ou l'espérer. L'auteur préfère nous inviter à un jeu de massacre, façon Battle Royale (ce qui parle bien davantage aux jeunes d'aujourd'hui, cela étant notamment devenu un sous-genre dans le jeu vidéo), pour tenir un discours pas si éloigné de "Sa majesté des mouches" sur la cruauté des enfants. L'on assiste donc à une foire d’empoigne avec multiples variantes : des alliances de circonstance, des stratégies défensives, des vengeances individuelles dans lesquelles s'expriment différentes cruautés. L'auteur a le bon goût de convier quelques thématiques importantes (harcèlement, féminisme, classes sociales...) mais n'engendrant aucun changement dans sa conception de l'intrigue, apportant au mieux une justification à telle organisation ou telle cruauté, permettant essentiellement de ne pas se lasser de la redondance à l’œuvre. Les chapitres s'attachent généralement à nous présenter un affrontement, dont l'enjeu narratif réside dans la découverte de celui y survivant, non sans adopter un malsain voyeurisme à l'égard d'une violence présentée comme fascinante, spectaculaire, voire amusante. Comme souvent, l'on se perd un peu dans tous ces personnages (malgré des illustrations de plutôt belle facture), et il est impossible de se représenter topographiquement les différents espaces du vaisseau, donc de ressentir toute l'horreur de cette partie de cache-cache. Le manga a la bonne idée de jouer sur les temporalités et d'apporter un point de vue extérieur. L'on découvre en effet l'intrigue tantôt selon les points de vue des enfants, tantôt celui d'un journal intime/de bord (dont on se demande bien comment il a pu être calmement rédigé étant donné la peur devant régner), tantôt celui d'une opération de secours arrivant plusieurs années après la bataille et tentant de comprendre ce qui s'est passé dans le vaisseau. Ce dernier point permet de mettre en doute ici ou là ce que nous avons jusqu'alors vu, et de préparer à l'habile et plausible retournement final.
Gisèle Halimi l'insoumise
Son décès récent, et les nombreux documentaires qui lui ont été consacrés ont remis sous la lumière Gisèle Halimi, et les séries s'enchaînent autour de cette figure du militantisme. Un attrait qui doit sans doute un peu à l'opportunisme de certains éditeurs. Mais qui en tout cas est légitime, tant Gisèle Halimi a défendu et incarné un certain nombre de valeurs théoriquement portées très haut dans notre République. Le début de l'album m'a un peu laissé sur ma faim, je craignais une biographie scolaire, monocorde et sans âme. Mais la suite m'a donné tort. Si la narration ne m'a pas vraiment enthousiasmé, j'ai trouvé ce récit de plus en plus intéressant. Les racines de l'engagement de Gisèle Halimi puisent dans son enfance (voir pour compléter l'album qui est spécifiquement dédié à cette partie de sa vie, Gisèle Halimi - Une jeunesse tunisienne), et elle a tôt eu cette droiture, cette force, qui l'on poussé à braver menaces et freins sociétaux pour mener jusqu'au bout les grands combats qui l'ont animée toute sa vie: lutter contre le racisme et l'iniquité de la justice coloniale, lutter contre le sexisme et pour le droit à l'avortement. Sa volonté de faire de certains procès des tribunes pour faire "bouger les choses" (un peu comme Badinter contre la peine de mort) l'a amené à rencontrer pas mal de monde (décideurs politiques, intellectuels - Sartre en tête), à parfois se disperser, s'épuiser, et se désillusionner face à l'hypocrisie ou au sectarisme de certains. L'album brosse un portrait complet et intéressant de Gisèle Halimi, de ses combats, de ses méthodes, sans occulter sa personne, ses difficultés à mener de front combats sociétaux et vie familiale. Il manque peut-être un chouia d'envolées, de romantisme, à ce récit d'une vie, mais ça se laisse lire facilement, et ça illustre très bien certains des débats importants de la seconde moitié du XXème siècle. Le dessin de Marko n'est pas forcément ma tasse de thé, mais il est simple et efficace, fluide, et concourt à rendre agréable cette lecture, qui se révèle finalement assez dense. Note réelle 3,5/5.
La Conquête de la Terre par les chats
2.5 Si je ne me trompe pas c'est le premier album de cet auteur chilien que je lis et le résultat est vraiment moyen. Alors l'auteur nous révèle comment les chats sont apparus sur Terre et ont soumis les humains. C'est pas très marrant, l'auteur se contente la plupart du temps d'utiliser les clichés sur les chats. Il y a quelques dialogues qui m'ont fait sourire sans plus. Il faut dire que vu qu'il y a peu de cases par pages, l'album se lit vite et le scénario est au final trop léger pour être marquant. Entre les chapitres du récit, l'auteur place deux interludes dont le ton est beaucoup plus sérieux que le récit principal. La première parle de la fixation des chats pour les boites et la seconde parle de la divination du chat dans diverses mythologies, et je dois dire que j'ai trouvé ces deux parties plus intéressantes que le récit humoristique qui constitue la majorité de l'album. J'aurais préféré que l'album soit un documentaire sur les chats comme ces deux interludes. Le dessin est sympathique sans être génial ou très personnel (on dirait le genre de dessin qu'on voit tous les jours dans les réseaux sociaux). À la limite, c'est à emprunter si on aime les chats.
Un Grand-père tombé du ciel
Une petite-fille qui va découvrir un grand-père dont elle ignorait l'existence, au caractère très dur et renfermé, et qui va finalement apprendre à le connaître, lui et son terrible passé ; et pour cause puisqu'il a survécu à la Shoah. C'est terrible mais j'ai l'impression d'avoir déjà lu pas mal de BD sur ce thème là, et même si celle-ci est l'adaptation d'un roman jeunesse qui a peut-être précurseur dans son domaine, cette adaptation n'apporte pas grand chose de neuf au sujet. Il n'y a pas de réel reproche à faire à cette BD dont le sujet est sincère. Le dessin de Marc Lizano est très reconnaissable. Sans qu'on puisse le qualifier de beau, il est agréable et efficace. L'histoire est bien rythmée, bien racontée. Le caractère des deux protagonistes principaux est bien affirmé, ajoutant à l'intérêt de leur récit. Mais comme indiqué plus haut, l'histoire comporte bien peu de surprise à moins d'être un bien jeune lecteur qui découvre le sujet. Et surtout, l'histoire s'arrête simplement quand le grand-père et la petite-fille finissent par bien s'entendre, sans aller vraiment au-delà. Je trouve que ça manque de développement et tel quel l'intrigue me parait trop convenue.
Le Pêcheur de rêves
Deux ans après "Le Silence et l'ombre", Elodie Garcia revient en tant qu'autrice complète avec ce second album. Là encore très personnel, mais émargeant dans un registre plus fantastique. C'est donc l'histoire d'un jeune garçon qui est pris entre ses rêves d'évasion, liés à la mer, et les attentes de ses parents, liées à... la pêche. Son destin va évidemment basculer en lien avec ces contraintes. Il va bien sûr en apprendre plus sur ses origines. Comme en témoigne la superbe couverture, l'album baigne dans des ambiances bleues et un récit aux allures de conte. Si le récit n'offre pas beaucoup de surprises, on voit la progression de la dessinatrice, même au fil des planches. Il y a pas mal d'inventivité en termes de design, mais j'aurais bien aimé découvrir un peu plus le monde des Océnides. Mais j'imagine qu'Elodie Garcia va développer ça par la suite. C'est sympathique, même si l'ensemble manque encore de maturité.
Mérite maritime
Sans esbroufe, la série regroupe des histoires plutôt sympas à lire, et relativement variées, contrairement à ce que je craignais, puisqu’elles ont pour protagonistes des marins naviguant sur un cargo. Le dessin de Dubois, avec ces marins à trogne, la gueule « carrée » (mais ses visages féminins – plus rares il est vrai – sont moins réussis), est dynamique. Lui aussi sans fioriture, il fait très bien le boulot. Il y a bien les clichés véhiculés autour de la marine marchande. Mais Riondet n’en abuse pas, et sais glisser quand il le faut de la poésie (lorsqu’un vieux loup de mer déclame du Victor Hugo ou du Supervielle), du polar (à plusieurs reprises). Forcément les bonhommes sont bourrus, mais la fraternité domine. Une vingtaine de pages à chaque fois au minimum, ça permet de développer un peu les récits, de donner à l’intrigue et à la personnalité des marins une profondeur agréable. Une série sympathique.
Mégacomplots à Tananarive
C'est avec un vrai plaisir que je me suis plongé dans le début des aventures de Rémy que j'avais découvert dans le bon Dictature à Brickaville. Je rejoins l'avis d'Alix sur la fraîcheur et la tonicité du récit de Pov et Dwa. Une fois encore je suis séduit par le travail des deux auteurs malgaches. Avec humour les auteurs multiplient les situations qui rappellent le temps béni de la vie estudiantine. On s'aperçoit ainsi que les aspirations d'un étudiant malgache ne sont pas éloignées de celles d'un étudiant européen ou ailleurs dans le monde. J'ai beaucoup aimé la progression de la personnalité de Rémy dans le récit. La stratégie qu'il met en place pour devenir Président de l'asso est très intéressante et me le rend attachant. Sous une forme humoristique les auteurs proposent deux programmes de convivialité que tous les étudiants du monde veulent connaître : les études oui mais sans oublier la partie extra-scolaire autour du sport, de la fête ou des rencontres (amoureuses) essentielles à cet âge. J'ai trouvé la manière de conduire le récit très intelligente et les personnalités des personnages qui entourent Rémy très bien travaillées. Le graphisme est plaisant même si j'ai trouvé Dictature plus précis dans les expressions et dans les détails extérieurs. Cela reste une lecture récréative très fraiche et dépaysante.
Green Valley
Bon, autant le dire tout de suite, mon ressenti personnel serait sans doute plus proche des deux étoiles (note réelle 2,5/5). Mais j'arrondis à trois étoiles parce que je pense que des ados (le vrai cœur de cible selon moi) peuvent y trouver davantage leur compte. Le début - et une bonne partie de la suite d'ailleurs - nous présente une aventure fantasy ultra classique et aussi trop " gentille ", autour d'un petit groupe de chevaliers capables à 5 d'écraser une énorme horde de barbares. Ce sont ces facilités, cette naïveté de certains dialogues et situations (y compris les énormes happy end du final) qui m'ont gêné. Mais le scénario apporte heureusement des surprises, qui vont dynamiter l'intrigue, en y mettant de la SF. Je pense même que cet aspect aurait pu être davantage exploité. Quant au dessin, il est très lisible, mais pas vraiment mon truc. Idem pour la colorisation.
Idiss
Le principal intérêt de cette BD est qu’elle est inspirée du roman de Robert Badinter qui décrit l’histoire de sa famille maternelle de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème siècle. Cette histoire est, malheureusement, assez banale et ne m’a pas appris grand-chose à part le fait de pouvoir situer correctement la Bessarabie, ex-région de l’empire russe qui est aujourd’hui la Moldavie. Histoire assez banale, disais-je, car elle évoque les mauvais traitements des Juifs en Europe de l’Est et leur désir de quitter ces régions hostiles. Mais qu’est-ce que les Juifs ont bien pu faire pour mériter ces mauvais traitements à travers le monde et les siècles ? Que ce soit un peuple déicide ? Quelle justification stupide pour malmener tout un peuple pendant des millénaires ! Toujours est-il qu’ils furent tellement tourmentés et pourchassés que beaucoup d’entre eux émigrèrent. La plupart allèrent vers le Nouveau Monde si prometteur mais les Rosenberg-Badinter optèrent pour la France et ses valeurs républicaines qui avaient innocenté un capitaine juif contre l’armée tout entière lors de l’affaire Dreyfus. Le reste de la BD décrit avec beaucoup de détails les différents métiers et déménagements que la famille fit dans son effort d’intégration, fort réussi au demeurant, dans la société française. Hélas, le malheur s’est de nouveau abattu sur la communauté juive lors de l’occupation allemande et a décimé une très grande partie de la famille Badinter. Tout cela est assez connu et fort long, entre autres l’agonie d’Idiss. Je ne doute pas que cela soit très intéressant pour la famille proche et leurs amis mais, pour le grand public, cela manque de rythme et entre trop dans des détails domestiques qui alourdissent le récit. Par contre, la dernière page est particulièrement dense en faits dramatiques qui auraient mérité un développement un peu plus long. Ce que j’aurais aussi apprécié, c’est que le récit continue après la guerre et qu’il me rattache au temps présent, ce qui aurait donné une lueur d’espoir à ces drames à répétition. Les couleurs sont sympathiques et chaudes. Elles sont très agréables, trop sans doute car cela ne rend pas le caractère dramatique du récit. Le dessin, fort élémentaire, et les couleurs correspondent davantage à un livre illustré pour enfants qu’à la vie tourmentée d’une famille juive maltraitée par l’Histoire. En résumé, le côté véridique et dramatique de cette histoire mériterait une note plus élevée mais ses longueurs et le caractère inadapté des couleurs et dessin au texte m’empêchent de mettre plus que 3.