Je l'aime beaucoup, cette bestiole !...
"Tintin" avait Chlorophylle, "Spirou" aura Sybilline... deux magnifiques séries créées par Raymond Macherot.
Sybilline ?... c'est une petite souris qui fait ses premiers pas dans l'hebdo Spirou n° 1403 du 4 Mars 1965. Elle vit dans un univers champêtre rempli de fantaisie, de douceur de vivre... quoique, parfois...
Car elle n'est pas seule, la coquine! Autour d'elle vivent aussi son éternel fiancé : Taboum ; Verboten, un hérisson garde-champêtre ; le lapin Clothaire ; Flouzemaker, un corbeau commerçant... Tout irait bien dans ce petit monde s'il n'y avait LE méchant : Anathème, un rat bête qui n'est pas sans rappeler Anthracite de Chlorophylle, la redoutable méchanceté de ce dernier en moins.
Mais cette série, qui plaît tant aux adultes qu'aux (très) jeunes lecteurs va faire peur à ces derniers à la fin des années 70. Macherot va mettre en scène une série de personnages vraiment inquiétants et maléfiques. Sybillline va devoir se mesurer -entre autres- à Burokratz le vampire, Elixir le maléfique, Zagabor, une musicienne "vénéneuse", etc...
Macherot va même se permettre de ridiculiser son héroïne, la plaçant dans des scénarios cruels. En même temps, son trait rond va devenir plus haché. Lui qui dessinait de magnifiques paysages campagnards, champêtres, ne va plus que les esquisser d'un trait rapide, rageur, privilégier les gros plans. Fin donc des mille et un petits détails qui faisaient le charme des premiers opus.
Notre coquine aura les honneurs de 11 albums cartonnés publiés par Dupuis dès 1967. Certains scénarios seront conçus par Paul Deliège (Bobo).
L'air de rien, cette "fifille des champs" -et en regardant bien les premiers opus d'une double lecture- préfigurait déjà le féminisme qui allait exploser après 1968. Sybilline est indépendante (Taboum n'est qu'un piètre faire-valoir), a du caractère, prend les décisions, "mène la barque" à sa façon... Visionnaire Macherot ?... Certainement !..
Et l'auteur dans tout celà ?...
Raymond Macherot, dessinateur-scénariste de nationalité belge est né à Verviers le 30 Mars 1924. Outre Sybilline, on les connaît la série Chlorophylle, des albums de Clifton, Chaminou, Mirliton, rédige des scénarios pour Isabelle (Will), Le Chevalier Blanc (Funcken), et moult autres séries moins connues.
Aux dernières nouvelles, Macherot jouit d'une retraite bien méritée (il a 82 ans) auprès de sa famille. Un grand monsieur qui, s'il n'a pas révolutionné la BD des "30glorieuses" s'en est approprié une chouette part.
Pour la première fois Yann travaillait avec un autre dessinateur que Conrad. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son association avec Franck Le Gall est loin d’être ratée.
Les exploits de Yoyo se décomposent en deux aventures : la lune noire et les sirènes de Wall street (rééditées en intégrale par vents d’ouest en 2002).
L’histoire de la lune noire se déroule dans un pays qui ressemble à une contrée slave, mais rien n’est indiqué avec précision. Yoyo et une petite fille héritière sont confrontés à des mythes bien vivaces dans ces lieux. Il y a un côté onirique très présent dans cet album. Au dessin, Le Gall fait de très belles choses accentuant ce côté onirique et Yann distille avec talent son humour noir (même si il en fait parfois un peu trop). Je mettrais bien 4 étoiles à cet album.
L’album les sirènes de Wall street m’a moins plu ; il est plus identifiable ; l’histoire se passe au moment de la grande dépression des années 30 aux Etats-Unis. Mais Yann a tendance à abuser du cynisme et tombe un peu plus dans la parodie. Ma note est de 2 étoiles.
L'Histoire et les femmes...
Voilà les deux passions de Yann. Cette série, un peu tombée dans oubliettes, fait encore une fois état de ces deux passions.
Yann plante le décor de "Nuit blanche" principalement dans la Russie post-Révolution d'Octobre, à l'heure où les Romanov vont disparaître, jusqu'à la fin de leurs derniers partisans. L'âme russe, avec tout ce qu'elle comporte de désespéré, de mélancolique et de symboliste, transpire dans toutes les pages de cette série, même au sein des deux épilogues que forment les tomes 1 et 5. Et Yann en profite pour faire le lien avec Les Innommables dans le tome 5...
Pourtant, son histoire n'est pas toujours simple à suivre... la faute en incombe à la multiplication des personnages dans la partie centrale du récit, pour arriver à un beau bordel...
Heureusement que le dessin d'Olivier Neuray, à la fois classique et élégant, sauve un peu la série, même s'il manque de rigueur sur les visages des personnages...
Voici une série qu’il m’est difficile de coter car si on ne prend en considération que le plaisir de lecture procuré, je lui mettrai seulement 2 étoiles. C’est sans doute injuste pour une telle bd mais je trouve qu’elle manque de dynamisme.
Pourtant, le scénario de Joe Haldeman est solide et garde une approche très réaliste des propos tenus dans un décor plutôt futuriste. Cette solidité du scénario et la lourdeur des propos tiennent sans nul doute à son expérience de la guerre du Vietnam qui est en quelques sortes transposée dans l’espace. De ce côté, Haldeman semble avoir bien étudié les théories spatio-temporelles pour offrir un cadre crédible à l’histoire en incluant une réflexion bien à propos sur le décalage temporel. L’idée de base est donc intéressante et le message que sous-tend la bd est universel mais malheureusement trop souvent oublié.
Cette série a été l’occasion de découvrir le trait de Marvano, très réaliste, qui présente un aspect "brut" tout en gardant une bonne lisibilité.
A lire . . .
Le mot qui me vient à l'esprit après la lecture de l'Etrangleur est : originalité.
Originalité dans le support : aspect papier journal avec une bonne qualité de papier et d’encrage (pas de mains sales après lecture).
Originalité de publication : 5 numéros avec un presque tous les mois, mais malheureusement avec pas mal de retard : il m’était presque obligatoire de relire les numéros précédents avant d’entamer le dernier acheté.
Originalité dans la présentation : Une de journal avec des articles culturels (théâtre, cinéma) dans l'ambiance années 50 et d'autres relatifs à l'intrigue. Puis la bd occupe les pages intérieures. Et enfin la dernière page retrouve l’aspect journal avec un article « société » puis un encart pour tenir en haleine jusqu’au prochain numéro. Génial !
Originalité de la fin de l’intrigue : à la Scoubidou (je crois) où on nous mène en bateau (je vous laisse découvrir)… de plus, l’édition cartonnée de cette bd comportera, paraît-il, plusieurs fins… intéressant !
Au niveau dessin, pas grand chose à dire : c’est du Tardi tout craché, des bonnes gueules, des rues parisiennes pavées, tout ça dans une ambiance après guerre (2nde) très bien rendue… du Tardi, quoi !
L’intrigue (histoire d’un meurtrier en série) ne m’a pas trop emballé. Ma lecture a été laborieuse (peut-être due à la publication espacée). Beaucoup de personnages secondaires, donc beaucoup de noms à retenir : je suis souvent revenu en arrière pour bien comprendre ce qui se passait… je réessayerai de la relire d’une traite, une prochaine fois…
Et puis la fin me laisse sur ma faim. Les explications ne semblent tirées par les cheveux.
Mais dans l’ensemble, le concept de cette bd est vraiment intéressante. A vous de voir...
Moi qui avais adoré Adèle Blanc-Sec du même auteur, je me suis précipité sur cet album car je savais que les deux histoires étaient liées. Résultat: une grosse déception.
"Adieu Brindavoine" part dans tous les sens, les personnages disparaissent et réapparaissent, et il est très difficile de tout relier en une seule fois. Pour tout dire, il m'a fallu trois lectures pour comprendre l'essentiel... Et à où en 8 albums l'autre série avait réussi à donner une cohérence à l'histoire, ce one-shot m'a laissé perplexe. Mais j'aime bien par contre le personnage principal, Lucien Brindavoine car c'est un héros simple et qui ne comprend rien à ce qui lui arrive.
La deuxième petite histoire, "La fleur au fusil", est pour moi beaucoup plus réussie. Tardi choisit ici de dénoncer la guerre, toujours avec le même personnage Brindavoine. Celui-ci est embarqué dans une guerre (c'est la première guerre mondiale) qu'il ne veut pas, et dont il fait tout pour s'échapper. L'auteur présente bien les choses, décidant de ne mettre un bête clivage gentils/méchants. En une dizaine de pages, on arrive quand même à voir un scénario construit avec des personnages qui se mettent en place, plus que dans l'autre histoire qui est pourtant trois fois plus longue... La fin tragique veut elle nous faire comprendre la bêtise des hommes en ce qui concerne la guerre. Elle y arrive.
Quant aux dessins, ils sont peut-être un peu en-dessous de ceux qu'on a l'habitude de voir avec l'auteur, mais personnellement, j'aime bien... Et même s'il est vrai que les personnages sont un peu plats par leurs expressions, je trouve qu'ils arrivent à avoir un certain charme. Par ailleurs, je ne conseille pas l'achat de cette bd car pour ceux qui ne connaissent pas Tardi, ce n'est pas pour moi une bd pratique pour se lancer dans les séries de cet auteur.
Johan est un preux chevalier errant survêtu d'une longue tunique rouge. D'où son surnom.
Il fait ses premiers pas -en langue flamande- dans le quotidien belge "De Standaard" du 06 Novembre 1959. Et quels pas !... Il est toujours édité en Belgique sous le nom de "De Rode Ridder".
Il s'agit d'une grande fresque médiévale réaliste imaginée par Willy Vandersteen. Johan passe son temps à sauver la veuve et l'orphelin, à combattre seigneurs félons, envahisseurs et princes retords aux quatre coins du monde d'alors.
Le dessin est confié à Karel Verschueren, connu pour la série "Bessy". Les créateurs imaginent un monde médiéval de bonne tenue où, malheureusement, un fantastique de mauvais aloi va faire son apparition. Classiques au départ, les aventures de Johan s'orientent alors vers des domaines étranges : il va rencontrer des extra-terrestres, des robots... ce qui va nuire pendant un certain temps à la qualité scénaristique de la série.
Les 43 premières histoires seront rédigées par Vandersteen. Verschueren s'occupera de la partie graphique jusqu'au 37ème épisode. La suite sera confiée à Karel Biddeloo. Les aventures actuelles sont signées "Studio Vandersteen", sans indications d'auteurs(s).
Le Chevalier Rouge est un véritable best-seller dans la partie nord de la Belgique ainsi qu'aux Pays-Bas. Sur les quelque 150 titres actuellement parus, 19 seulement ont été traduits en langue française car "la sauce" n'a pas pris en francophonie. Cette série est méconnue et quasi introuvable sur le marché français. Les albums sont brochés et ne comportent chacun qu'une trentaine de pages.
Note sur l'auteur : Willy Vandersteen était une très grosse pointure de la BD belge. Né à Anvers le 15 Février 1913, il est décédé à Edegem le 28 Août 1990. Sa série la plus connue est Bob et Bobette ( plus de 100 MILLIONS -source de l'éditeur- d'albums vendus !). Outre "Le chevalier rouge", on lui doit aussi les séries Bessy, Biggles, Karl May, Safari et moult autres éditées en Belgique. Sa production scénaristique est évaluée à quelques 1000 albums différents. Un monstre, je vous dis !...
Intituler une bd KGB a quelque chose d’un peu prétentieux… Ca laisse croire qu’on est en face de la bd ultime sur un sujet loin d’être simple. Et vu l’abondance de la bd d’espionnage en bd, Mangin a de la chance que ce titre n’ait jamais été choisi en bd… Le plus étonnant par rapport à ce titre, c’est qu’on est pas vraiment en face d’une bd d’espionnage… mais dans un registre fantastique-étrange avec expériences secrètes et savant fou au programme. Y’a même un côté x-men à la bolchevique assez plaisant. Le contexte historiques et les personnalités qui font l’URSS à cette époque-là sont décrits de manière crédible. Mais que pensez concrètement du côté totalement fantasque de évènements dépeints dans cette bd ? N’est-on pas simplement en face d’une série b grande classe ? Sans doute… et à ce titre, je pense que cette bd a toute les chance de plaire à ceux qui ont aimé Je suis légion.
Si je ne conseille pas vraiment l’achat, c’est parce que j’ai été un brin déçu par la fin de l’album qui se termine de façon un peu trop « facile », avec un manque de corps au niveau psychologique. Mais je lirai la suite…
Inégal.
C'est le mot qui me vient à l'esprit en repensant à ce petit album.
Ces quelques historiettes de SF compilées ici sont certes traitées de façon très honorable sur le plan du dessin. Le style d'Azpiri est très dynamique, énergique et se prête très bien à ce genre d'univers. Je suis moins enthousiaste quant au choix des couleurs, mais cela reste de très bonne facture.
En revanche, la qualité scénaristique des différentes histoires est très fluctuante. Cela va du très convenu (notamment celle des méchants colonisateurs humains massacreurs d'aliens innocents ou celle des pauvres colonisateurs humains massacrés par les aliens sanguinaires) au très bon (la dernière, où la flotte d'invasion extra-terrestre se retrouve confrontée à l'héritage robotique et nucléaire de la guerre froide).
J'ai donc trouvé certaines histoires inintéressantes et d'autres frustrantes parce qu'elles auraient mérité d'être un peu plus développées.
Allez, cela reste agréable à lire quand même.
Ayant lu et beaucoup aimé Les Sept Ours Nains d'Emile Bravo, j'étais bien content le jour où j'ai mis la main sur l'intégrale de cette petite série apparemment assez méconnue, avant de m'apercevoir qu'il ne signait ici que les dessins, sur des scénars de Jean Régnaud, d'où une certaine déception de ma part avant même d'avoir commencé ma lecture.
Bref, surmontant cette légère déconvenue, j'ai entamé ma lecture, et découvert un drôle de style, à la croisée de chemins de Tintin, Corto Maltese et Alexis Bocostar/Belkravat (le personnage de Dimitri, protagoniste de "Pognon's Story" entre autres), placé sous le signe d'un humour noir mordant, voire cruel.
Les pérégrinations de ce jeune russe à travers l'Europe de l'est des années 20 sont un prétexte à égratigner méchamment la figure romantique du révolutionnaire. Sous l'oeil relativement placide d'Aleksis, qui subit ces 3 aventures plus qu'il n'y participe activement, se succèdent suiveurs mous et abrutis, pillards sans foi ni loi, opportunistes roublards, fachos demeurés, sous la plume de Régnaud le dissident est imbécile, traître, lâche ou les trois à la fois, ce que certains pourront d'ailleurs peut-être considérer comme un peu réac, mais bon, passons, c'est pas comme s'il semblait dire "la rébellion c'est pour les cons, et ça ne fonctionne pas", il se contente de mettre le doigt sur le côté obscur des révolutions, et ses portraits au vitriol sonnent juste derrière la satire caricaturale.
Malgré tout, il y a un hic. Certes c'est drôle, certes c'est rythmé, donc on peut considérer ça comme une bonne petite série d'humour et d'aventures. Oui mais voilà, le ton plutôt enjoué de la série tranche assez nettement avec sa violence crue et omniprésente. C'est pas que ce soit gore, mais à chaque page, tueries massives ou assassinats sont monnaie courante. Ca étripe, ça fusille, ça poignarde. Du coup, même quand on est fan d'humour noir, c'est un peu difficile de rire de bon coeur d'un bon mot quand on sait qu'une case plus tard, un personnage rigolo risque d'être froidement abattu d'une balle dans la tête. A mes yeux, ce mélange de genres n'est pas tout à fait convaincant et le plaisir de lecture en pâtit.
Au final, c'est quand même une série originale et qui réserve de bons moments, mais pas une totale réussite donc.
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Sibylline
Je l'aime beaucoup, cette bestiole !... "Tintin" avait Chlorophylle, "Spirou" aura Sybilline... deux magnifiques séries créées par Raymond Macherot. Sybilline ?... c'est une petite souris qui fait ses premiers pas dans l'hebdo Spirou n° 1403 du 4 Mars 1965. Elle vit dans un univers champêtre rempli de fantaisie, de douceur de vivre... quoique, parfois... Car elle n'est pas seule, la coquine! Autour d'elle vivent aussi son éternel fiancé : Taboum ; Verboten, un hérisson garde-champêtre ; le lapin Clothaire ; Flouzemaker, un corbeau commerçant... Tout irait bien dans ce petit monde s'il n'y avait LE méchant : Anathème, un rat bête qui n'est pas sans rappeler Anthracite de Chlorophylle, la redoutable méchanceté de ce dernier en moins. Mais cette série, qui plaît tant aux adultes qu'aux (très) jeunes lecteurs va faire peur à ces derniers à la fin des années 70. Macherot va mettre en scène une série de personnages vraiment inquiétants et maléfiques. Sybillline va devoir se mesurer -entre autres- à Burokratz le vampire, Elixir le maléfique, Zagabor, une musicienne "vénéneuse", etc... Macherot va même se permettre de ridiculiser son héroïne, la plaçant dans des scénarios cruels. En même temps, son trait rond va devenir plus haché. Lui qui dessinait de magnifiques paysages campagnards, champêtres, ne va plus que les esquisser d'un trait rapide, rageur, privilégier les gros plans. Fin donc des mille et un petits détails qui faisaient le charme des premiers opus. Notre coquine aura les honneurs de 11 albums cartonnés publiés par Dupuis dès 1967. Certains scénarios seront conçus par Paul Deliège (Bobo). L'air de rien, cette "fifille des champs" -et en regardant bien les premiers opus d'une double lecture- préfigurait déjà le féminisme qui allait exploser après 1968. Sybilline est indépendante (Taboum n'est qu'un piètre faire-valoir), a du caractère, prend les décisions, "mène la barque" à sa façon... Visionnaire Macherot ?... Certainement !.. Et l'auteur dans tout celà ?... Raymond Macherot, dessinateur-scénariste de nationalité belge est né à Verviers le 30 Mars 1924. Outre Sybilline, on les connaît la série Chlorophylle, des albums de Clifton, Chaminou, Mirliton, rédige des scénarios pour Isabelle (Will), Le Chevalier Blanc (Funcken), et moult autres séries moins connues. Aux dernières nouvelles, Macherot jouit d'une retraite bien méritée (il a 82 ans) auprès de sa famille. Un grand monsieur qui, s'il n'a pas révolutionné la BD des "30glorieuses" s'en est approprié une chouette part.
Les Exploits de Yoyo
Pour la première fois Yann travaillait avec un autre dessinateur que Conrad. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son association avec Franck Le Gall est loin d’être ratée. Les exploits de Yoyo se décomposent en deux aventures : la lune noire et les sirènes de Wall street (rééditées en intégrale par vents d’ouest en 2002). L’histoire de la lune noire se déroule dans un pays qui ressemble à une contrée slave, mais rien n’est indiqué avec précision. Yoyo et une petite fille héritière sont confrontés à des mythes bien vivaces dans ces lieux. Il y a un côté onirique très présent dans cet album. Au dessin, Le Gall fait de très belles choses accentuant ce côté onirique et Yann distille avec talent son humour noir (même si il en fait parfois un peu trop). Je mettrais bien 4 étoiles à cet album. L’album les sirènes de Wall street m’a moins plu ; il est plus identifiable ; l’histoire se passe au moment de la grande dépression des années 30 aux Etats-Unis. Mais Yann a tendance à abuser du cynisme et tombe un peu plus dans la parodie. Ma note est de 2 étoiles.
Nuit blanche
L'Histoire et les femmes... Voilà les deux passions de Yann. Cette série, un peu tombée dans oubliettes, fait encore une fois état de ces deux passions. Yann plante le décor de "Nuit blanche" principalement dans la Russie post-Révolution d'Octobre, à l'heure où les Romanov vont disparaître, jusqu'à la fin de leurs derniers partisans. L'âme russe, avec tout ce qu'elle comporte de désespéré, de mélancolique et de symboliste, transpire dans toutes les pages de cette série, même au sein des deux épilogues que forment les tomes 1 et 5. Et Yann en profite pour faire le lien avec Les Innommables dans le tome 5... Pourtant, son histoire n'est pas toujours simple à suivre... la faute en incombe à la multiplication des personnages dans la partie centrale du récit, pour arriver à un beau bordel... Heureusement que le dessin d'Olivier Neuray, à la fois classique et élégant, sauve un peu la série, même s'il manque de rigueur sur les visages des personnages...
La Guerre Eternelle
Voici une série qu’il m’est difficile de coter car si on ne prend en considération que le plaisir de lecture procuré, je lui mettrai seulement 2 étoiles. C’est sans doute injuste pour une telle bd mais je trouve qu’elle manque de dynamisme. Pourtant, le scénario de Joe Haldeman est solide et garde une approche très réaliste des propos tenus dans un décor plutôt futuriste. Cette solidité du scénario et la lourdeur des propos tiennent sans nul doute à son expérience de la guerre du Vietnam qui est en quelques sortes transposée dans l’espace. De ce côté, Haldeman semble avoir bien étudié les théories spatio-temporelles pour offrir un cadre crédible à l’histoire en incluant une réflexion bien à propos sur le décalage temporel. L’idée de base est donc intéressante et le message que sous-tend la bd est universel mais malheureusement trop souvent oublié. Cette série a été l’occasion de découvrir le trait de Marvano, très réaliste, qui présente un aspect "brut" tout en gardant une bonne lisibilité. A lire . . .
Le Secret de l'Étrangleur
Le mot qui me vient à l'esprit après la lecture de l'Etrangleur est : originalité. Originalité dans le support : aspect papier journal avec une bonne qualité de papier et d’encrage (pas de mains sales après lecture). Originalité de publication : 5 numéros avec un presque tous les mois, mais malheureusement avec pas mal de retard : il m’était presque obligatoire de relire les numéros précédents avant d’entamer le dernier acheté. Originalité dans la présentation : Une de journal avec des articles culturels (théâtre, cinéma) dans l'ambiance années 50 et d'autres relatifs à l'intrigue. Puis la bd occupe les pages intérieures. Et enfin la dernière page retrouve l’aspect journal avec un article « société » puis un encart pour tenir en haleine jusqu’au prochain numéro. Génial ! Originalité de la fin de l’intrigue : à la Scoubidou (je crois) où on nous mène en bateau (je vous laisse découvrir)… de plus, l’édition cartonnée de cette bd comportera, paraît-il, plusieurs fins… intéressant ! Au niveau dessin, pas grand chose à dire : c’est du Tardi tout craché, des bonnes gueules, des rues parisiennes pavées, tout ça dans une ambiance après guerre (2nde) très bien rendue… du Tardi, quoi ! L’intrigue (histoire d’un meurtrier en série) ne m’a pas trop emballé. Ma lecture a été laborieuse (peut-être due à la publication espacée). Beaucoup de personnages secondaires, donc beaucoup de noms à retenir : je suis souvent revenu en arrière pour bien comprendre ce qui se passait… je réessayerai de la relire d’une traite, une prochaine fois… Et puis la fin me laisse sur ma faim. Les explications ne semblent tirées par les cheveux. Mais dans l’ensemble, le concept de cette bd est vraiment intéressante. A vous de voir...
Adieu Brindavoine
Moi qui avais adoré Adèle Blanc-Sec du même auteur, je me suis précipité sur cet album car je savais que les deux histoires étaient liées. Résultat: une grosse déception. "Adieu Brindavoine" part dans tous les sens, les personnages disparaissent et réapparaissent, et il est très difficile de tout relier en une seule fois. Pour tout dire, il m'a fallu trois lectures pour comprendre l'essentiel... Et à où en 8 albums l'autre série avait réussi à donner une cohérence à l'histoire, ce one-shot m'a laissé perplexe. Mais j'aime bien par contre le personnage principal, Lucien Brindavoine car c'est un héros simple et qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. La deuxième petite histoire, "La fleur au fusil", est pour moi beaucoup plus réussie. Tardi choisit ici de dénoncer la guerre, toujours avec le même personnage Brindavoine. Celui-ci est embarqué dans une guerre (c'est la première guerre mondiale) qu'il ne veut pas, et dont il fait tout pour s'échapper. L'auteur présente bien les choses, décidant de ne mettre un bête clivage gentils/méchants. En une dizaine de pages, on arrive quand même à voir un scénario construit avec des personnages qui se mettent en place, plus que dans l'autre histoire qui est pourtant trois fois plus longue... La fin tragique veut elle nous faire comprendre la bêtise des hommes en ce qui concerne la guerre. Elle y arrive. Quant aux dessins, ils sont peut-être un peu en-dessous de ceux qu'on a l'habitude de voir avec l'auteur, mais personnellement, j'aime bien... Et même s'il est vrai que les personnages sont un peu plats par leurs expressions, je trouve qu'ils arrivent à avoir un certain charme. Par ailleurs, je ne conseille pas l'achat de cette bd car pour ceux qui ne connaissent pas Tardi, ce n'est pas pour moi une bd pratique pour se lancer dans les séries de cet auteur.
Le Chevalier Rouge
Johan est un preux chevalier errant survêtu d'une longue tunique rouge. D'où son surnom. Il fait ses premiers pas -en langue flamande- dans le quotidien belge "De Standaard" du 06 Novembre 1959. Et quels pas !... Il est toujours édité en Belgique sous le nom de "De Rode Ridder". Il s'agit d'une grande fresque médiévale réaliste imaginée par Willy Vandersteen. Johan passe son temps à sauver la veuve et l'orphelin, à combattre seigneurs félons, envahisseurs et princes retords aux quatre coins du monde d'alors. Le dessin est confié à Karel Verschueren, connu pour la série "Bessy". Les créateurs imaginent un monde médiéval de bonne tenue où, malheureusement, un fantastique de mauvais aloi va faire son apparition. Classiques au départ, les aventures de Johan s'orientent alors vers des domaines étranges : il va rencontrer des extra-terrestres, des robots... ce qui va nuire pendant un certain temps à la qualité scénaristique de la série. Les 43 premières histoires seront rédigées par Vandersteen. Verschueren s'occupera de la partie graphique jusqu'au 37ème épisode. La suite sera confiée à Karel Biddeloo. Les aventures actuelles sont signées "Studio Vandersteen", sans indications d'auteurs(s). Le Chevalier Rouge est un véritable best-seller dans la partie nord de la Belgique ainsi qu'aux Pays-Bas. Sur les quelque 150 titres actuellement parus, 19 seulement ont été traduits en langue française car "la sauce" n'a pas pris en francophonie. Cette série est méconnue et quasi introuvable sur le marché français. Les albums sont brochés et ne comportent chacun qu'une trentaine de pages. Note sur l'auteur : Willy Vandersteen était une très grosse pointure de la BD belge. Né à Anvers le 15 Février 1913, il est décédé à Edegem le 28 Août 1990. Sa série la plus connue est Bob et Bobette ( plus de 100 MILLIONS -source de l'éditeur- d'albums vendus !). Outre "Le chevalier rouge", on lui doit aussi les séries Bessy, Biggles, Karl May, Safari et moult autres éditées en Belgique. Sa production scénaristique est évaluée à quelques 1000 albums différents. Un monstre, je vous dis !...
KGB
Intituler une bd KGB a quelque chose d’un peu prétentieux… Ca laisse croire qu’on est en face de la bd ultime sur un sujet loin d’être simple. Et vu l’abondance de la bd d’espionnage en bd, Mangin a de la chance que ce titre n’ait jamais été choisi en bd… Le plus étonnant par rapport à ce titre, c’est qu’on est pas vraiment en face d’une bd d’espionnage… mais dans un registre fantastique-étrange avec expériences secrètes et savant fou au programme. Y’a même un côté x-men à la bolchevique assez plaisant. Le contexte historiques et les personnalités qui font l’URSS à cette époque-là sont décrits de manière crédible. Mais que pensez concrètement du côté totalement fantasque de évènements dépeints dans cette bd ? N’est-on pas simplement en face d’une série b grande classe ? Sans doute… et à ce titre, je pense que cette bd a toute les chance de plaire à ceux qui ont aimé Je suis légion. Si je ne conseille pas vraiment l’achat, c’est parce que j’ai été un brin déçu par la fin de l’album qui se termine de façon un peu trop « facile », avec un manque de corps au niveau psychologique. Mais je lirai la suite…
Les Colonisateurs
Inégal. C'est le mot qui me vient à l'esprit en repensant à ce petit album. Ces quelques historiettes de SF compilées ici sont certes traitées de façon très honorable sur le plan du dessin. Le style d'Azpiri est très dynamique, énergique et se prête très bien à ce genre d'univers. Je suis moins enthousiaste quant au choix des couleurs, mais cela reste de très bonne facture. En revanche, la qualité scénaristique des différentes histoires est très fluctuante. Cela va du très convenu (notamment celle des méchants colonisateurs humains massacreurs d'aliens innocents ou celle des pauvres colonisateurs humains massacrés par les aliens sanguinaires) au très bon (la dernière, où la flotte d'invasion extra-terrestre se retrouve confrontée à l'héritage robotique et nucléaire de la guerre froide). J'ai donc trouvé certaines histoires inintéressantes et d'autres frustrantes parce qu'elles auraient mérité d'être un peu plus développées. Allez, cela reste agréable à lire quand même.
Aleksis Strogonov
Ayant lu et beaucoup aimé Les Sept Ours Nains d'Emile Bravo, j'étais bien content le jour où j'ai mis la main sur l'intégrale de cette petite série apparemment assez méconnue, avant de m'apercevoir qu'il ne signait ici que les dessins, sur des scénars de Jean Régnaud, d'où une certaine déception de ma part avant même d'avoir commencé ma lecture. Bref, surmontant cette légère déconvenue, j'ai entamé ma lecture, et découvert un drôle de style, à la croisée de chemins de Tintin, Corto Maltese et Alexis Bocostar/Belkravat (le personnage de Dimitri, protagoniste de "Pognon's Story" entre autres), placé sous le signe d'un humour noir mordant, voire cruel. Les pérégrinations de ce jeune russe à travers l'Europe de l'est des années 20 sont un prétexte à égratigner méchamment la figure romantique du révolutionnaire. Sous l'oeil relativement placide d'Aleksis, qui subit ces 3 aventures plus qu'il n'y participe activement, se succèdent suiveurs mous et abrutis, pillards sans foi ni loi, opportunistes roublards, fachos demeurés, sous la plume de Régnaud le dissident est imbécile, traître, lâche ou les trois à la fois, ce que certains pourront d'ailleurs peut-être considérer comme un peu réac, mais bon, passons, c'est pas comme s'il semblait dire "la rébellion c'est pour les cons, et ça ne fonctionne pas", il se contente de mettre le doigt sur le côté obscur des révolutions, et ses portraits au vitriol sonnent juste derrière la satire caricaturale. Malgré tout, il y a un hic. Certes c'est drôle, certes c'est rythmé, donc on peut considérer ça comme une bonne petite série d'humour et d'aventures. Oui mais voilà, le ton plutôt enjoué de la série tranche assez nettement avec sa violence crue et omniprésente. C'est pas que ce soit gore, mais à chaque page, tueries massives ou assassinats sont monnaie courante. Ca étripe, ça fusille, ça poignarde. Du coup, même quand on est fan d'humour noir, c'est un peu difficile de rire de bon coeur d'un bon mot quand on sait qu'une case plus tard, un personnage rigolo risque d'être froidement abattu d'une balle dans la tête. A mes yeux, ce mélange de genres n'est pas tout à fait convaincant et le plaisir de lecture en pâtit. Au final, c'est quand même une série originale et qui réserve de bons moments, mais pas une totale réussite donc.