Très bon dessin, une touche différente qu'en couleurs sur Pest avec parfois un système en ombres chinoises, ce qu'on peut trouver par exemple dans Le Fluink. Et c'est avant tout le dessin qui est intéressant, qui donne l'ambiance sombre de l'album et de ce petit bout de terre isolé du monde. Côté scénario, j'avoue n'avoir pas forcément saisi où on voulait en venir. Et la fin est pour cela très étrange, surprenante du reste en tout cas.
Une lecture en plusieurs fois que j'aurais aimé avoir mieux aimé, surtout que j'avais une idée des avis plutôt bons émis à son endroit.
Malet était pour moi un personnage inconnu. L'auteur me l'apprend (et se vante un peu de nous éclairer, je trouve), aucun manuel d'histoire n'évoque ce coup d'Etat contre Bonaparte. A la manière romancée basée sur des faits historiques comme il l'écrit dans ses quelques notes en postface, Nicolas Juncker se base sur différents ouvrages d'historiens pas toujours concordants (je viens d'ailleurs de lire l'article sur wikipedia qui diverge sur certains points des faits de la présente bd), pour présenter l'usurpateur Malet.
Il est vrai que le dessin peut être critiquable pour les esthètes, il est en noir et blanc, assez brouillon, mais il me plaît. Et d'ailleurs on n'est pas si loin de la patte d'un Tardi dans les mêmes veines de récits historiques.
De la bonne ouvrage.
J'ai découvert Christophe Bec avec Carthago que j'avais acheté sur un bon pressentiment et pour une fois sans avoir consulté Bdtheque auparavant, ce qui ne m'arrive presque jamais. Ayant beaucoup apprécié le tome précité, je me suis lancé dans l'achat de plusieurs séries où Monsieur Bec apparaît. C'est le cas de cette BD.
Le dessin est bon. Il correspond parfaitement à l'ambiance qui se dégage de l'histoire. Le trait est simple, net, fin et épuré pour mieux nous décrire le monde apocalyptique du "Temps des Loups". Le graphisme est structuré par rapport aux zones de vide laissées volontairement je pense. Je le trouve donc élaboré car intelligemment posé.
Côté scénario, ce premier tome n'est pas très rempli. En effet, l'auteur introduit l'intrigue, les personnages et le monde où ils évoluent. Ce tome sert donc d'introduction. La "véritable" action commencera dès le tome suivant. Il est donc difficile de donner une note.
J'aime beaucoup l'ambiance qui se dégage du récit. Et l'idée, même si elle n'est pas révolutionnaire (ex : Ken le survivant), des villages isolés qui se débrouillent comme au Moyen Age me plaît énormément. Les sentiments de solitude, de vide et de danger qui se dégagent du récit sont fortement accentués de cette façon.
Le personnage principal semble cacher un secret qu'il me tarde de découvrir dans les prochains volumes.
Décidément, j'aime l'univers de Christophe Bec et cette BD le confirme. J'attends le second tome avec impatience. Je pourrai alors voir ma note à la hausse si l'histoire tient toutes ses promesses.
Note approximative : 3.5/5
Katharine Cornwell, un mélodrame tragique dans une ambiance rétro des années 30 aux USA prenant la forme d'un bel album souple de 141 pages.
Amateurs de récits d'action et d'intrigues mouvementées, passez votre chemin. Ce récit est tout en finesse, tout en langueur et en dialogues entre les personnages. Sa thématique est en outre sombre et tourmentée.
Voilà typiquement le genre de récit qui aurait dû me lasser à titre personnel, piètre amateur de tragédie que je suis. Et pourtant, la finesse du scénario, la fluidité des dialogues, la narration légèrement décousue mais très bien montée et surtout la force d'évocation qui se dégagent des derniers instants de l'album m'ont objectivement fait apprécier cette BD à son juste et haut niveau de qualité.
Le dessin, noir et blanc, est joliment rétro. Il rappelle les classiques du comics américain mais aussi les noir et blanc d'auteurs latins tels que Hugo Pratt et autres José Muñoz. L'héroïne est superbe, rappelant immanquablement une autre Katharine, Hepburn celle-là. Les planches sont esthétiques et ne s'effacent pas devant l'abondance des dialogues, affirmant malgré tout leur beauté soignée et suggestive.
Il est légèrement difficile d'entrer dans le récit car l'on craint au départ une narration trop dramatique à la manière de la scène de théâtre par laquelle s'entame le récit. A la manière de films dramatiques et noirs, on saute aussi de scènes en scènes avec un peu de mal à s'y retrouver en début de lecture.
Mais très vite la fluidité des dialogues et l'intelligence du montage permettent de pénétrer l'intrigue et de s'attacher à cette Katharine Cornwell malgré la distance qu'elle affiche tant avec les autres personnages qu'avec le lecteur.
Belle et froide, elle est comédienne, oui, mais pas la star intouchable qu'on imaginerait en voyant la classe qui se dégage d'elle. Relativement pauvre, accablée, son talent est reconnu par peu de ses proches et surtout tous ou presque lui reprochent son attitude renfermée et sans assurance, son rejet du bonheur et ses secrets enfouis. "Elle est un mélange rare de dignité et de fragilité" sont les mots d'un homme qui l'aime malgré tout, et c'est vrai que c'est exactement cela. Elle respire la classe, la beauté digne, mais on sent en elle un vrai traumatisme.
Et c'est ce mystère qui va se dévoiler doucement au fil des pages, expliquant son attitude et rendant d'autant plus cruels les déconvenues qui l'accablent.
C'est ainsi qu'on s'attache de plus en plus au personnage et que la fin du récit n'en est que plus forte et amère, d'autant qu'elle est racontée avec brio.
Un drame d'une excellente qualité, une construction riche et intelligente, une intrigue toute en finesse et en non-dits. Les amateurs du genre tiendront là une petite perle.
Grand fan de Dave McKean, et notamment de son chef-d’œuvre Cages, je me devais de lire ce recueil de travaux graphiques.
Globalement je ne regrette pas ma lecture, mais comme le dit Cassidy ci-dessous, et comme c’est souvent le cas dans ce genre de compilation, la qualité varie énormément d’une histoire à l’autre. Enfin sans parler de « qualité », disons que certaines histoires (notamment la dernière) m’ont beaucoup plus intéressé et touché que d’autres, l’ensemble étant souvent confus, abstrait et/ou trop léger pour émouvoir.
Reste que si vous êtes fan du travail graphique de McKean, ce recueil devrait vous ravir. L’acheter ? Non, moi je l’ai lu en bibliothèque, et je vous encourage à en faire autant, vu le prix prohibitif (justifié par le format et le nombre de pages, certes).
Tengu-Do, manga à l'européenne sur le thème des Samouraïs et du Japon médiéval, est de bonne qualité tant au niveau du dessin que du scénario, mais je crains que ce récit manque un peu d'impact pour différentes raisons.
Au dessin, Andrea Rossetto est très pro. Un encrage souple et maîtrisé, de beaux décors, simples mais soignés, de bons personnages, il maîtrise son trait et nous offre des planches plutôt réussies. S'il y avait des reproches à lui faire, ce serait au niveau de certains visages à l'aspect un peu trop juvéniles et aux expressions parfois en contradiction avec l'intensité des moments.
De ce fait apparaît le premier manque d'impact à mes yeux, l'impact visuel, car certaines scènes qui devraient paraître grandioses se retrouvent sans force évocatrice. Une bataille qui aurait dû paraître formidable et impressionnante n'en ressort que comme l'agitation d'une foule de jeunes hommes en armes qui courent les uns vers les autres et se retrouvent en un "joyeux" fouillis. Puis ensuite, une plongée dans le monde démoniaque du Tengu a un petit air de balade fantaisie tant la tension ne ressort pas des visages des personnages. C'est un ressenti étrange car les dessins en eux-mêmes sont relativement irréprochables.
Cela tient aussi à la narration car c'est surtout elle qui est responsable de ce manque d'intensité à mon avis.
Elle est fluide et agréable à lire, oui. Mais pour respecter une construction en chapitre à parution mensuelle, à partir du 3e chapitre l'auteur a tendance à user de raccourcis spatio-temporels un peu trop brusques, amenant en 2 ou 3 pages notre héros d'une époque à une autre. D'un lieu tranquille, il passe à un champ de bataille dans lequel il se jette presque aussitôt sans préparation. Du champ de bataille, il passe aussitôt après à un univers magique dont il ne savait rien une minute avant mais où à peine arrivé il plonge sciemment dans le danger. Ainsi, autant certains passages du récit ont un rythme lent, autant d'autres moments paraissent trop rapides, trop faciles, en comparaison.
La tension de ces instants ne parvient pas à ressortir correctement, tant et si bien que l'intrigue parait plate.
Et pourtant le scénario est plutôt bon. Classique dans sa trame, celle d'un jeune guerrier qui cherche à venger son maître tué par un démon mystérieux, il gagne en originalité avec l'apparition du compagnon-guerrier du héros, compagnon capable de lui faire traverser les âges et les lieux quasi instantanément, l'amenant à se confronter à des périls au-delà du réel. Cette intrigue amène l'intérêt et la curiosité. D'autant plus qu'elle est racontée avec aisance et fluidité.
Mais c'est ce manque de tension, d'intensité du récit, qui m'amène à modérer mon avis.
Une lecture plaisante pour une BD de qualité malgré tout ; j'attends de voir la suite.
Il y a des Tardi que j'ai aimés, et d'autres non.
Celui-ci restera parmi ceux que j'ai modérément appréciés.
Certes, il contient -encore une fois- de belles images du Paris d'autrefois, avec ses petits bolides, ses décors très expressifs. Tardi s'amuse en outre à croquer, dès qu'il le peut, des "gueules" inénarrables, bien que là ce soit moins affirmé que dans certaines autres de ses productions.
Par contre, je n'ai pas beaucoup aimé l'histoire. Adaptée d'un roman de Daeninckx, elle s'avère très vite assez nébuleuse, avec des portes qui claquent, des personnages qui tombent à pic. C'est plutôt incroyable comme scénario, et du coup on décroche rapidement.
Restent les ambiances...
"C'est naze, poussif, raté, répétitif et tout ce que vous voudrez et que ça ne vaut pas un bon vieux roman graphique ou une manga sensible et adulte."
Enfin, c'est à mille lieues, quoi. :)
"Jésus et les copains" ressemble à ces films des années 1970-1980 avec Claude Brasseur, Victor Lanoux, Jean Rochefort... Vous savez, des costumes tous pourris, des dialogues cuculs la praline et des situations grotesques. Eh bien "Jésus et ses copains" c'est un peu ça, mais en l'assumant complètement. Il se veut une relecture de certains passages de la Bible, en les modernisant et les tournant en ridicule. Par contre, ça reste en-deça du blasphème, et du coup les ligues catholiques ne se plaindront pas trop.
Pour ma part j'adhère assez peu à ce style d'humour, qui dénote tout de même une grosse recherche, mais aussi un énorme boulot niveau montage/graphisme. Je ne connais pas la technique employée par Dimitri Planchon, mais je dois dire que c'est assez efficace, constant et inventif.
Si les esprits chagrins comme moi ne manqueront pas de trouver suspect le fait d'avoir comme par hasard sorti une BD sur l'écologie à une époque où deux ex-présidentiables reconvertis dans la réalisation de documentaires et la vente de shampooings aux herbes exotiques ont remis à la mode cette marotte pour hippies, force est de reconnaître que dans le paysage morne de la BD humoristique, aujourd'hui saturé de couillonnades sans âme pondues par des fonctionnaires du gag recyclant un humour qui était déjà ringard sous la IIIème République (les blagues de Toto, les blagues de blondes, les policiers, les pompiers, les profs, les vétérinaires, les proctologues, les routiers, les célibataires, les trentenaires, les parisiens, le guide de mes couilles, 500 idées pour faire des BD de merde, Bigard, Chevallier et Laspallès, Shirley & Dino, en gros tout ce qui sort de chez Bamboo, Jungle et de la plume de "Jim"), "Toxic Planet" parvient à tirer son épingle du jeu : le dessin est sympathique et surtout, les gags sont plutôt pas mal, bien qu'un peu répétitifs parfois il est vrai, mais c'est le genre qui veut ça, alors on ne va pas faire la fine bouche sur cette petite BD qui se lit vite, le sourire aux lèvres, ce qui ne justifie pas forcément l'achat ou une note excellente, c'est vrai, mais disons que face à l'invasion en librairies de machins indigents comme "Les Vamps contre Bataille et Fontaine" ou "Le guide des 500 trucs qui font rââââââler les éboueurs célibataires qui vont chez le psy dans des voitures tunées" ou n'importe quoi écrit par Raoul Cauvin, c'est le genre de série qui fait plaisir.
J'ai envie de donner un petit coup de pouce à ce manga à l'européenne qui n'est pas exempt de quelques défauts de maîtrises mais qui a aussi beaucoup de qualités et fait partie du haut du panier des productions du ShogunMag.
Le décor, Eidos, une mégalopole futuriste aux allures de Ghost in the shell où humains et serviteurs robotisés cohabitent pour le bien-être de toute l'humanité. Bien sûr, tout n'est pas parfait dans cette cité mais les zones d'ombre sont rares. Mais que se passerait-il si soudainement quelques habitants puis soudain beaucoup plus découvrent que eux aussi sont des robots, ou plutôt des esprits humains qui ont été placés à leur insu dans des corps cybernétiques ? Quête de l'immortalité pour un troïka de dirigeants mais cauchemar et crise d'identité pour les malheureuses victimes.
Je dois dire que ce scénario s'entame très bien, intelligemment mené et suffisamment complexe et intéressant pour vraiment captiver le lecteur amateur de science-fiction et de polar futuriste.
Le dessin lui aussi est de bonne qualité.
Quoique les décors paraissent un peu plats du fait du noir et blanc et de la faible utilisation de trames, ils sont tous très soignés et certaines planches fourmillent de détails réussis. C'est du bon boulot.
Quant aux personnages, ils rendent bien dans l'ensemble. A la lecture, je leur reprocherai deux choses. D'abord un léger manque de vie dans leurs mouvements mais rien de grave. Ensuite et surtout des visages d'une part assez difficiles à différencier - j'ai souvent eu du mal à reconnaître quel personnage était représenté à certains moments - mais aussi un peu trop lisses, à la manière de masques un peu figés que les personnages porteraient sur le visage.
Mais tout comme l'encrage s'affirme entre le début et la fin du premier tome paru, je pense que le dessinateur saura gagner en maîtrise et en aisance afin de donner plus de vie et de personnalité à ses personnages.
L'autre reproche que je ferais à ce manga est sa narration parfois difficile à suivre. Flash-backs, parfois même flash-backs dans les flash-backs, le lecteur reçoit beaucoup d'informations mais il peine un peu à les mettre en forme. Certains passages par exemple me sont restés assez incompréhensibles, avec l'impression que ce ne serait que plus tard que je comprendrais leur signification vis-à-vis du reste du récit. Et effectivement, en fin de premier album, on a compris à peu près tout ce qu'on a lu auparavant mais il ne faut pas s'y perdre en chemin car la narration n'aide pas à rendre la compréhension très fluide.
Bref, une bonne série SF en format manga quoique les auteurs soient d'origine italienne, un bon scénario et un dessin sympathique qui donnent envie de voir la suite. Malheureusement celle-ci ne viendra jamais...
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Le phalanstère du bout du monde
Très bon dessin, une touche différente qu'en couleurs sur Pest avec parfois un système en ombres chinoises, ce qu'on peut trouver par exemple dans Le Fluink. Et c'est avant tout le dessin qui est intéressant, qui donne l'ambiance sombre de l'album et de ce petit bout de terre isolé du monde. Côté scénario, j'avoue n'avoir pas forcément saisi où on voulait en venir. Et la fin est pour cela très étrange, surprenante du reste en tout cas. Une lecture en plusieurs fois que j'aurais aimé avoir mieux aimé, surtout que j'avais une idée des avis plutôt bons émis à son endroit.
Malet
Malet était pour moi un personnage inconnu. L'auteur me l'apprend (et se vante un peu de nous éclairer, je trouve), aucun manuel d'histoire n'évoque ce coup d'Etat contre Bonaparte. A la manière romancée basée sur des faits historiques comme il l'écrit dans ses quelques notes en postface, Nicolas Juncker se base sur différents ouvrages d'historiens pas toujours concordants (je viens d'ailleurs de lire l'article sur wikipedia qui diverge sur certains points des faits de la présente bd), pour présenter l'usurpateur Malet. Il est vrai que le dessin peut être critiquable pour les esthètes, il est en noir et blanc, assez brouillon, mais il me plaît. Et d'ailleurs on n'est pas si loin de la patte d'un Tardi dans les mêmes veines de récits historiques. De la bonne ouvrage.
Le Temps des loups
J'ai découvert Christophe Bec avec Carthago que j'avais acheté sur un bon pressentiment et pour une fois sans avoir consulté Bdtheque auparavant, ce qui ne m'arrive presque jamais. Ayant beaucoup apprécié le tome précité, je me suis lancé dans l'achat de plusieurs séries où Monsieur Bec apparaît. C'est le cas de cette BD. Le dessin est bon. Il correspond parfaitement à l'ambiance qui se dégage de l'histoire. Le trait est simple, net, fin et épuré pour mieux nous décrire le monde apocalyptique du "Temps des Loups". Le graphisme est structuré par rapport aux zones de vide laissées volontairement je pense. Je le trouve donc élaboré car intelligemment posé. Côté scénario, ce premier tome n'est pas très rempli. En effet, l'auteur introduit l'intrigue, les personnages et le monde où ils évoluent. Ce tome sert donc d'introduction. La "véritable" action commencera dès le tome suivant. Il est donc difficile de donner une note. J'aime beaucoup l'ambiance qui se dégage du récit. Et l'idée, même si elle n'est pas révolutionnaire (ex : Ken le survivant), des villages isolés qui se débrouillent comme au Moyen Age me plaît énormément. Les sentiments de solitude, de vide et de danger qui se dégagent du récit sont fortement accentués de cette façon. Le personnage principal semble cacher un secret qu'il me tarde de découvrir dans les prochains volumes. Décidément, j'aime l'univers de Christophe Bec et cette BD le confirme. J'attends le second tome avec impatience. Je pourrai alors voir ma note à la hausse si l'histoire tient toutes ses promesses.
Katharine Cornwell
Note approximative : 3.5/5 Katharine Cornwell, un mélodrame tragique dans une ambiance rétro des années 30 aux USA prenant la forme d'un bel album souple de 141 pages. Amateurs de récits d'action et d'intrigues mouvementées, passez votre chemin. Ce récit est tout en finesse, tout en langueur et en dialogues entre les personnages. Sa thématique est en outre sombre et tourmentée. Voilà typiquement le genre de récit qui aurait dû me lasser à titre personnel, piètre amateur de tragédie que je suis. Et pourtant, la finesse du scénario, la fluidité des dialogues, la narration légèrement décousue mais très bien montée et surtout la force d'évocation qui se dégagent des derniers instants de l'album m'ont objectivement fait apprécier cette BD à son juste et haut niveau de qualité. Le dessin, noir et blanc, est joliment rétro. Il rappelle les classiques du comics américain mais aussi les noir et blanc d'auteurs latins tels que Hugo Pratt et autres José Muñoz. L'héroïne est superbe, rappelant immanquablement une autre Katharine, Hepburn celle-là. Les planches sont esthétiques et ne s'effacent pas devant l'abondance des dialogues, affirmant malgré tout leur beauté soignée et suggestive. Il est légèrement difficile d'entrer dans le récit car l'on craint au départ une narration trop dramatique à la manière de la scène de théâtre par laquelle s'entame le récit. A la manière de films dramatiques et noirs, on saute aussi de scènes en scènes avec un peu de mal à s'y retrouver en début de lecture. Mais très vite la fluidité des dialogues et l'intelligence du montage permettent de pénétrer l'intrigue et de s'attacher à cette Katharine Cornwell malgré la distance qu'elle affiche tant avec les autres personnages qu'avec le lecteur. Belle et froide, elle est comédienne, oui, mais pas la star intouchable qu'on imaginerait en voyant la classe qui se dégage d'elle. Relativement pauvre, accablée, son talent est reconnu par peu de ses proches et surtout tous ou presque lui reprochent son attitude renfermée et sans assurance, son rejet du bonheur et ses secrets enfouis. "Elle est un mélange rare de dignité et de fragilité" sont les mots d'un homme qui l'aime malgré tout, et c'est vrai que c'est exactement cela. Elle respire la classe, la beauté digne, mais on sent en elle un vrai traumatisme. Et c'est ce mystère qui va se dévoiler doucement au fil des pages, expliquant son attitude et rendant d'autant plus cruels les déconvenues qui l'accablent. C'est ainsi qu'on s'attache de plus en plus au personnage et que la fin du récit n'en est que plus forte et amère, d'autant qu'elle est racontée avec brio. Un drame d'une excellente qualité, une construction riche et intelligente, une intrigue toute en finesse et en non-dits. Les amateurs du genre tiendront là une petite perle.
Echos graphiques
Grand fan de Dave McKean, et notamment de son chef-d’œuvre Cages, je me devais de lire ce recueil de travaux graphiques. Globalement je ne regrette pas ma lecture, mais comme le dit Cassidy ci-dessous, et comme c’est souvent le cas dans ce genre de compilation, la qualité varie énormément d’une histoire à l’autre. Enfin sans parler de « qualité », disons que certaines histoires (notamment la dernière) m’ont beaucoup plus intéressé et touché que d’autres, l’ensemble étant souvent confus, abstrait et/ou trop léger pour émouvoir. Reste que si vous êtes fan du travail graphique de McKean, ce recueil devrait vous ravir. L’acheter ? Non, moi je l’ai lu en bibliothèque, et je vous encourage à en faire autant, vu le prix prohibitif (justifié par le format et le nombre de pages, certes).
Tengu-Do
Tengu-Do, manga à l'européenne sur le thème des Samouraïs et du Japon médiéval, est de bonne qualité tant au niveau du dessin que du scénario, mais je crains que ce récit manque un peu d'impact pour différentes raisons. Au dessin, Andrea Rossetto est très pro. Un encrage souple et maîtrisé, de beaux décors, simples mais soignés, de bons personnages, il maîtrise son trait et nous offre des planches plutôt réussies. S'il y avait des reproches à lui faire, ce serait au niveau de certains visages à l'aspect un peu trop juvéniles et aux expressions parfois en contradiction avec l'intensité des moments. De ce fait apparaît le premier manque d'impact à mes yeux, l'impact visuel, car certaines scènes qui devraient paraître grandioses se retrouvent sans force évocatrice. Une bataille qui aurait dû paraître formidable et impressionnante n'en ressort que comme l'agitation d'une foule de jeunes hommes en armes qui courent les uns vers les autres et se retrouvent en un "joyeux" fouillis. Puis ensuite, une plongée dans le monde démoniaque du Tengu a un petit air de balade fantaisie tant la tension ne ressort pas des visages des personnages. C'est un ressenti étrange car les dessins en eux-mêmes sont relativement irréprochables. Cela tient aussi à la narration car c'est surtout elle qui est responsable de ce manque d'intensité à mon avis. Elle est fluide et agréable à lire, oui. Mais pour respecter une construction en chapitre à parution mensuelle, à partir du 3e chapitre l'auteur a tendance à user de raccourcis spatio-temporels un peu trop brusques, amenant en 2 ou 3 pages notre héros d'une époque à une autre. D'un lieu tranquille, il passe à un champ de bataille dans lequel il se jette presque aussitôt sans préparation. Du champ de bataille, il passe aussitôt après à un univers magique dont il ne savait rien une minute avant mais où à peine arrivé il plonge sciemment dans le danger. Ainsi, autant certains passages du récit ont un rythme lent, autant d'autres moments paraissent trop rapides, trop faciles, en comparaison. La tension de ces instants ne parvient pas à ressortir correctement, tant et si bien que l'intrigue parait plate. Et pourtant le scénario est plutôt bon. Classique dans sa trame, celle d'un jeune guerrier qui cherche à venger son maître tué par un démon mystérieux, il gagne en originalité avec l'apparition du compagnon-guerrier du héros, compagnon capable de lui faire traverser les âges et les lieux quasi instantanément, l'amenant à se confronter à des périls au-delà du réel. Cette intrigue amène l'intérêt et la curiosité. D'autant plus qu'elle est racontée avec aisance et fluidité. Mais c'est ce manque de tension, d'intensité du récit, qui m'amène à modérer mon avis. Une lecture plaisante pour une BD de qualité malgré tout ; j'attends de voir la suite.
Le der des ders
Il y a des Tardi que j'ai aimés, et d'autres non. Celui-ci restera parmi ceux que j'ai modérément appréciés. Certes, il contient -encore une fois- de belles images du Paris d'autrefois, avec ses petits bolides, ses décors très expressifs. Tardi s'amuse en outre à croquer, dès qu'il le peut, des "gueules" inénarrables, bien que là ce soit moins affirmé que dans certaines autres de ses productions. Par contre, je n'ai pas beaucoup aimé l'histoire. Adaptée d'un roman de Daeninckx, elle s'avère très vite assez nébuleuse, avec des portes qui claquent, des personnages qui tombent à pic. C'est plutôt incroyable comme scénario, et du coup on décroche rapidement. Restent les ambiances...
Jésus et les copains
"C'est naze, poussif, raté, répétitif et tout ce que vous voudrez et que ça ne vaut pas un bon vieux roman graphique ou une manga sensible et adulte." Enfin, c'est à mille lieues, quoi. :) "Jésus et les copains" ressemble à ces films des années 1970-1980 avec Claude Brasseur, Victor Lanoux, Jean Rochefort... Vous savez, des costumes tous pourris, des dialogues cuculs la praline et des situations grotesques. Eh bien "Jésus et ses copains" c'est un peu ça, mais en l'assumant complètement. Il se veut une relecture de certains passages de la Bible, en les modernisant et les tournant en ridicule. Par contre, ça reste en-deça du blasphème, et du coup les ligues catholiques ne se plaindront pas trop. Pour ma part j'adhère assez peu à ce style d'humour, qui dénote tout de même une grosse recherche, mais aussi un énorme boulot niveau montage/graphisme. Je ne connais pas la technique employée par Dimitri Planchon, mais je dois dire que c'est assez efficace, constant et inventif.
Toxic planet
Si les esprits chagrins comme moi ne manqueront pas de trouver suspect le fait d'avoir comme par hasard sorti une BD sur l'écologie à une époque où deux ex-présidentiables reconvertis dans la réalisation de documentaires et la vente de shampooings aux herbes exotiques ont remis à la mode cette marotte pour hippies, force est de reconnaître que dans le paysage morne de la BD humoristique, aujourd'hui saturé de couillonnades sans âme pondues par des fonctionnaires du gag recyclant un humour qui était déjà ringard sous la IIIème République (les blagues de Toto, les blagues de blondes, les policiers, les pompiers, les profs, les vétérinaires, les proctologues, les routiers, les célibataires, les trentenaires, les parisiens, le guide de mes couilles, 500 idées pour faire des BD de merde, Bigard, Chevallier et Laspallès, Shirley & Dino, en gros tout ce qui sort de chez Bamboo, Jungle et de la plume de "Jim"), "Toxic Planet" parvient à tirer son épingle du jeu : le dessin est sympathique et surtout, les gags sont plutôt pas mal, bien qu'un peu répétitifs parfois il est vrai, mais c'est le genre qui veut ça, alors on ne va pas faire la fine bouche sur cette petite BD qui se lit vite, le sourire aux lèvres, ce qui ne justifie pas forcément l'achat ou une note excellente, c'est vrai, mais disons que face à l'invasion en librairies de machins indigents comme "Les Vamps contre Bataille et Fontaine" ou "Le guide des 500 trucs qui font rââââââler les éboueurs célibataires qui vont chez le psy dans des voitures tunées" ou n'importe quoi écrit par Raoul Cauvin, c'est le genre de série qui fait plaisir.
ECube (UnderSkin)
J'ai envie de donner un petit coup de pouce à ce manga à l'européenne qui n'est pas exempt de quelques défauts de maîtrises mais qui a aussi beaucoup de qualités et fait partie du haut du panier des productions du ShogunMag. Le décor, Eidos, une mégalopole futuriste aux allures de Ghost in the shell où humains et serviteurs robotisés cohabitent pour le bien-être de toute l'humanité. Bien sûr, tout n'est pas parfait dans cette cité mais les zones d'ombre sont rares. Mais que se passerait-il si soudainement quelques habitants puis soudain beaucoup plus découvrent que eux aussi sont des robots, ou plutôt des esprits humains qui ont été placés à leur insu dans des corps cybernétiques ? Quête de l'immortalité pour un troïka de dirigeants mais cauchemar et crise d'identité pour les malheureuses victimes. Je dois dire que ce scénario s'entame très bien, intelligemment mené et suffisamment complexe et intéressant pour vraiment captiver le lecteur amateur de science-fiction et de polar futuriste. Le dessin lui aussi est de bonne qualité. Quoique les décors paraissent un peu plats du fait du noir et blanc et de la faible utilisation de trames, ils sont tous très soignés et certaines planches fourmillent de détails réussis. C'est du bon boulot. Quant aux personnages, ils rendent bien dans l'ensemble. A la lecture, je leur reprocherai deux choses. D'abord un léger manque de vie dans leurs mouvements mais rien de grave. Ensuite et surtout des visages d'une part assez difficiles à différencier - j'ai souvent eu du mal à reconnaître quel personnage était représenté à certains moments - mais aussi un peu trop lisses, à la manière de masques un peu figés que les personnages porteraient sur le visage. Mais tout comme l'encrage s'affirme entre le début et la fin du premier tome paru, je pense que le dessinateur saura gagner en maîtrise et en aisance afin de donner plus de vie et de personnalité à ses personnages. L'autre reproche que je ferais à ce manga est sa narration parfois difficile à suivre. Flash-backs, parfois même flash-backs dans les flash-backs, le lecteur reçoit beaucoup d'informations mais il peine un peu à les mettre en forme. Certains passages par exemple me sont restés assez incompréhensibles, avec l'impression que ce ne serait que plus tard que je comprendrais leur signification vis-à-vis du reste du récit. Et effectivement, en fin de premier album, on a compris à peu près tout ce qu'on a lu auparavant mais il ne faut pas s'y perdre en chemin car la narration n'aide pas à rendre la compréhension très fluide. Bref, une bonne série SF en format manga quoique les auteurs soient d'origine italienne, un bon scénario et un dessin sympathique qui donnent envie de voir la suite. Malheureusement celle-ci ne viendra jamais...