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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Docteur Jekyll & Mister Hyde
Docteur Jekyll & Mister Hyde

Mais la tentation était telle qu'elle finit par vaincre toute crainte. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'une adaptation en bande dessinée du roman L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886), Robert Louis Stevenson (1850-1894), réalisée par Lorenzo Mattotti, dessins et couleurs, avec l'aide de Jerry Kramsky pour le scénario. Elle comporte soixante-deux pages de BD. L'ouvrage commence par la dédicace de l'artiste à Alberto Breccia (1919-1993). Il se termine avec une postface illustrée, de six pages, écrites par Michel Archimbaud, et cinq pages d'esquisses. L’ombre déformée et agrandie d’Edward Hyde se projette sur les murs des rues, alors qu’il court dans la nuit. Dans le même temps, Harry Jekyll se dit qu’il ne ressent qu’horreur, horreur pour ce terrible lien, avec cette espèce d’animal. Il les perdra. Ils sont pareils à des bêtes féroces, dans des labyrinthes toujours plus vastes. Alors que Hyde marche d’un bon pas avec sa canne, une jeune femme marche vivement sur le trottoir perpendiculaire, des pas innocents dans le brouillard, un corps plein d’énergie vitale dans un guet-apens. Elle arrive au coin et le corps massif de Hyde lui barre le chemin. Elle lui demande de la laisser passer, car son père ne va pas bien et elle doit aller chercher le docteur. L’autre en profite, voyant qu’on l’a envoyée toute seule. Il la saisit par les cheveux, et commence à lui asséner des coups avec sa canne, puis il la piétine. Des passants voient la scène et le reconnaissent pour un monstre. Hyde prend la fuite, pendant les gens entourent la jeune fille à terre, atterrés par ses blessures, faisant appeler un docteur. Enfin Hyde rejoint la demeure de Jekyll et il s’enferme dans son laboratoire, mais les bruits ont été entendus par Poole, le majordome de Jekyll. Il appelle le notaire Gabriel John Utterson en lui demandant de venir. C’était un soir glacial et venteux de mars, avec un maigre croissant de Lune couché sur le dos, comme renversé par le vent dans une fuite de nuages effilochés et diaphanes. Utterson ne se rappelait pas avoir jamais vu ce quartier de la ville aussi désert. Mais à cet instant, il eut désiré le contraire. Jamais dans sa vie, il n’avait ressenti un aussi profond besoin de ses semblables, de les avoir visibles et tangibles autour de lui, car malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à se débarrasser d’un accablant pressentiment de malheur. Le notaire arrive au domicile de Harry Jekyll et frappe à la porte. Poole lui ouvre et lui explique qu’il y a quelque chose qui ne va pas, qui ne tourne pas rond. Il pense qu’il y a eu un meurtre. Il prend le manteau d’Utterson et il le prie de le suivre. Ils sortent dans la cour et se rendent au bâtiment abritant le laboratoire du docteur. Poole frappe à la porte annonçant le notaire, et une voix à l’intérieur crie qu’il ne veut voir personne. Utterson trouve la voix du docteur changée. Poole renchérit qu’elle est plus que changée, qu’il n’a pas passé vingt ans dans cette maison pour ne pas savoir la reconnaître, et ce n’est pas celle de son maître. De même il lui demande d’écouter les pas qui se font entendre, et ce ne sont pas ceux de son maître. Utterson en convient : ils sont étrangement agiles et légers. La conclusion s’impose : monsieur Hyde fréquente encore cette maison. Plusieurs choses ont pu attirer le lecteur : le plaisir de découvrir ce roman classique sous la forme d’une bande dessinée, ou le plaisir de découvrir une interprétation visuelle d’une histoire qui lui tient à cœur s’il la connaît déjà, ou encore un amour de la narration visuelle de l’artiste. Celui-ci a marqué le monde la bande dessinée, avec des ouvrages comme Feux & Murmure , respectivement parus en 1984 et 1989, le second réalisé avec Jerry Kramsky (nom de plume de Fabrizio Ostani). Il a donc choisi d’adapter un célèbre roman avec l’aide d’un coscénariste. En fonction de sa familiarité avec l’œuvre originale, le lecteur peut déceler quelques différences. Le début commence avec Hyde, et non pas avec Utterson et Richard Enfield, suivi par un retour en arrière. Les auteurs rendent plus explicites les relations de Hyde avec les femmes, avec la mise en scène de plusieurs dont Frau Elda, et quelques prostituées. Il y a donc bien adaptation, et le résultat relève de la bande dessinée, et non pas du texte illustré, même s’ils ont conservé une partie du flux de pensée de Jekyll, dans des cartouches apposés dans certaines cases. Dès la première page, le lecteur retrouve l’usage de couleurs vives par l’artiste, sa marque de fabrique depuis Feux (Mattotti). L’ombre de Hyde, d’un noir dense, est d’autant plus monstrueuse qu’elle contraste fortement avec un rouge intense ou un orange soutenu. Ces teintes vives peuvent se comprendre comme l’expression des émotions qui animent les individus vivant dans la cité, et les plus vives peuvent aussi s’envisager comme étant les émotions paroxystiques bouillonnant au sein d’Edward Hyde, des pulsions d’une force indicible, sans aucune retenue, nullement sublimées, animales. Il se souvient de la déclaration d’intention et du credo de l’artiste exprimé par le personnage d’Absinthe dans Feux. Les couleurs sont autant de feux dans le noir qui échauffent l’esprit, et cette nuit-là il passe de l’autre côté, dans une région où les choses sont comme on les sent. Absinthe avait tué pour défendre ses émotions et il était incapable de distinguer la raison de l’instinct. La nouvelle façon de voir les choses par Absinthe va provoquer la ruine de ses coéquipiers, et les couleurs le brûlent toujours plus. Dans cette adaptation, les couleurs remplissent la même fonction : elles constituent les signes des émotions, de ces forces de vie qui animent littéralement l’être humain. Le lecteur peut voir les couleurs les plus vives comme le reflet de l’intensité terrible des émotions de Hyde. Il peut voir les couleurs un peu moins soutenues comme l’expression des émotions des autres personnages, la façon dont ils projettent leur ressenti sur ce qui les entourent, mais aussi l’émotion qui a animé un créateur pour réaliser une robe, un meuble, de la musique. Le récit déborde alors d’émotions et de sensations. L’histoire de ce docteur est bien connue et le lecteur peut retrouver dans cette adaptation les principales interprétations comme l’incarnation de la désinhibition de l’individu laissant libre cours à ses bas instincts, comme le sadisme, l’absence d’empathie, le refus de toute limite, de toute contrainte, la schizophrénie, la dépendance. Il retrouve également un récit éminemment moral, avec des caractéristiques manichéennes : au fur et à mesure qu’il cède à ses pulsions, l’apparence d’Edward Hyde devient plus bestiale, plus monstrueuse, plus laide. Le mode de dessin atténue un peu cette dernière caractéristique car les personnages ne correspondent pas aux canons de la beauté, même la séductrice Frau Elda. Les représentations de l’être humain comportent des traces de formes géométriques, sans aller jusqu’au cubisme, et de surréalisme qui déforment discrètement les visages et les silhouettes. Les silhouettes peuvent devenir des formes ondulantes pour accompagner la grâce de la séduction, ou la vivacité d’une attaque physique. Les proportions du corps humains peuvent se trouver altérées, une tête avec une dimension exagérée et de petites mains, pour attirer l’attention sur un individu tout entier dans sa façon de voir les choses, et pas dans l’action ou la réalisation. Les perspectives sont faussées par moment pour attirer l’attention sur l’état d’esprit du personnage qui déforme sa perception de la réalité, qui voit son environnement au travers de ses émotions, et plus au travers d’une analyse rationnelle. Dans cette adaptation, Edward Jekyll vole la vedette de chaque scène par sa silhouette fluide, ses expressions agressives, fourbes, sadiques, de jouissance, la noirceur de sa veste et de son pantalon qui semble ne laisser filtrer aucune émotion, et son visage blanc qui semble les absorber toutes. En l’observant, le lecteur voit un individu animé d’uniquement deux objectifs : satisfaire ses pulsions, et survivre. Il n’y a pas de plaisir dans son comportement, pas de tranquillité, ni même de réelle satisfaction si ce n’est dans l’instant quand il peut totalement se laisser aller à une pulsion. Par exemple, quand il frappe sans relâche la jeune fille allant chercher un docteur pour son père, quand il peut boire sans modération, danser sans retenue, se livrer à des pratiques sexuelles sadiques, frapper un infirme, tuer un chien, se jeter sur une femme pour une relation allant vers la dévoration, etc. C’est un individu qui est tout entier dans l’instant présent, son instinct lui permettant de fuir à temps, sans aucune velléité de construire, de se projeter dans l’avenir proche ou à plus long terme, dépourvu de toute forme d’empathie à l’exception de la perception du désir sexuel, et de la souffrance d’autrui. Jekyll commente que Hyde buvait, avec une avidité bestiale, à la souffrance des autres. Ses actes sont condamnés par la morale de la société dans laquelle il vit, ce qui apparaît dans les réactions des personnes qui le croisent, et dans les commentaires de Harry Jekyll très conscient de des crimes que commet son alter ego, et ni la satisfaction, ni la satiété ne lui sont accessibles. L’auteur avec son coscénariste se livre à un véritable travail d’adaptation, aménageant quelques scènes, supprimant quelques personnages et intégrant d’autres non présents dans le roman. La narration graphique de l’artiste reste dans un registre expressionniste, adapté à la bande dessinée, au travers des formes et surtout de l’usage des couleurs. Le récit reste ancré dans une forme moraliste, tout en exprimant les différentes interprétations possibles : sociale ou psychanalytique. L’hypocrisie sociale de la société victorienne, le dédoublement de la personnalité, les phases d’euphorie et d’abattement d’un toxicomane, l’absence de retenue ou de maîtrise de ses émotions qui ne sont plus que des pulsions.

12/12/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Le Marquis d'Anaon
Le Marquis d'Anaon

Une belle découverte que ce "Le Marquis d'Anaon". Une serie de cinq albums, ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres (une histoire par tome), mais je conseille tout de même l'ordre de parution. On va suivre les aventures de Jean-Baptiste Poulain, le fameux Marquis d'Anaon (Anaon est un mot breton qui désigne l'ensemble des âmes des défunts et le lieu où elles se retrouvent), un jeune homme en avance sur son époque (esprit scientifique) et au passé brumeux. Des aventures qui lorgnent sur le polar avec pour pimenter les intrigues quelques légendes d'un autre temps. Fabien Vehlman a la judicieuse idée de choisir le siècle des Lumière, celui-ci promouvait le rationalisme et le libéralisme, des outils qu'utilisera notre Marquis pour combattre l'obscurantisme et la superstition. Un ensemble qui fonctionne bien malgré la faible pagination des albums (48 pages) pour bâtir des récits qui tiennent la route. Des récits sombres où la mort sera un compagnon de route de notre Marquis, il fera face à des tueurs en série, à une épidémie et à une bête sanguinaire. Un peu de frustration tout de même de quitter notre Marquis et de ne pas en savoir plus sur son mystérieux passé. Mathieu Bonhomme nous propose un dessin clair, aéré, au trait précis et à la très belle colorisation. Un ensemble qui rend hommage à cette période historique. Une mise en page classique. Du très bon boulot. Un 4 étoiles un peu généreux pour une série qui vaut le détour.

12/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Minuit Passé
Minuit Passé

J’avais inégalement apprécié mes précédentes lectures de Gaëlle Geniller, et cet album, que j’ai pourtant entamé avec un a priori positif, s’est finalement révélé décevant. Esthétiquement c’est intéressant, plutôt agréable, malgré des visages qui ne me conviennent pas (affaire de goût – trop « manga ») et une colorisation qui manque de nuance. Mais je reconnais un chouette cachet au rendu général. C’est l’intrigue, son déroulé, sa construction, qui m’ont par contre laissé sur ma faim, au point que je me suis ennuyé à plusieurs reprises. Le départ est intriguant, invite le fantastique dans l’intrigue, notre curiosité est titillée. Mais la suite n’est pas à la hauteur de mes attentes. En fait j’ai trouvé qu’il ne se passait pas grand-chose, que toutes les allusions, les éventuelles métaphores ne servaient pas à grand-chose. On traverse l’histoire sans être accroché, « pour voir », et justement on ne voit rien (je suis un peu dur mais c’est le ressenti final). Car si l’auteure a su mettre en place une atmosphère intrigante, je trouve que c’est resté un décor vide, bien décoré certes (un manoir de la grande bourgeoisie sert de lieu unique – à différentes époques – à l’histoire), mais sans âme. Et aussi sans la poésie qui aurait pu compenser une histoire creuse (ou alors qui m’a en partie échappé). Bon, cela dit, une bonne partie de mes remarques sont affaires de goût, et semble-t-il d’autres lecteurs y ont trouvé leur compte – et l’album n’est clairement pas dénué de qualités. Mais je fais partie des déçus. Note réelle 2,5/5.

12/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Sauvages
Sauvages

Mouais. J’ai failli arrondir à l’arrache aux trois étoiles, parce que globalement, même si c’est sans enthousiasme, ça se laisse lire. Mais en fait non, trop de choses m’ont gêné pour que je fasse cet effort. Le dessin fait le travail, mais il est sans âme, pas exempt de menus défauts (perspective), avec une colorisation sans nuance que je n’ai pas aimée. L’intrigue est à la fois emberlificotée et prévisible. C’est typiquement le genre d’histoire artificiellement complexe, qui manque d’originalité (si ce n’est le fait qu’elle se déroule surtout dans le monde animalier et dans un zoo), et qui sent pas mal le déjà-vu. Ça transpire trop à mon goût le mauvais téléfilm français, avec comme ingrédient principal une famille nombreuse de la grande bourgeoisie, avec le retour d’un rejeton paria, les pièces rapportées mal intégrées, les inévitables bisbilles intra familiales, les secrets et autres trahisons qu’on découvre au fur et à mesure que le scénariste nous les jette en pâture. Pas vraiment la cadre qui m’attire a priori. A cela s’ajoute une intrigue qui multiplie trop les facilités ou invraisemblances (en Afrique autour d’un trafic illégal, dans le parc animalier avec enlèvements et sabotages qui s’enchainent, etc.). Et une fin qui là aussi joue la facilité, bien vite expédiée qui plus est. Bref, une lecture qui m’a laissé de côté.

12/12/2025 (modifier)
Couverture de la série 1984 (Coste)
1984 (Coste)

J’ai découvert 1984 à travers l’adaptation graphique de Xavier Coste, sans avoir lu auparavant le roman de George Orwell. J’en connaissais seulement les grandes lignes, mais cette BD m’a permis d’entrer pleinement dans l’univers dystopique du récit. Je précise aussi que je me suis procuré la première édition contenant le pop-up collector, un très bel objet qui ajoute une dimension supplémentaire à l’expérience de lecture. Dès les premières pages, l’atmosphère oppressante saute aux yeux. Le style visuel de Coste, dominé par des teintes sombres et des jeux de rouge intenses, retranscrit à merveille le climat de surveillance permanente et de contrôle absolu. Chaque planche semble peser sur le lecteur, comme si Big Brother observait depuis la moindre case. J’ai trouvé la narration particulièrement fluide. Même en n’ayant jamais lu le roman, je n’ai eu aucune difficulté à suivre l’histoire. Les thèmes majeurs : manipulation de la vérité, effacement de l’individu, propagande sont clairement mis en scène, et le langage graphique les rend encore plus frappants. Coste parvient à rendre l’univers à la fois compréhensible, immersif et profondément dérangeant. Enfin, l’édition avec le pop-up apporte un vrai plus. Elle donne un caractère « collector » au livre et offre une sorte de dernière image marquante qui prolonge l’ambiance après la lecture. En bref, même sans connaître le texte original, j’ai beaucoup apprécié ce roman graphique. C’est une adaptation intense, visuellement percutante et suffisamment complète pour toucher un lecteur novice tout en donnant envie de découvrir le roman d’Orwell.

12/12/2025 (modifier)
Par Johnny
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Soli Deo Gloria
Soli Deo Gloria

Alors, la composition graphique, franchement, elle est top. Les effets de trame sur ces encres noires, ça donne vraiment de la texture, de la profondeur aux dessins. Et puis les arabesques colorées, c’est pas juste joli, ça rajoute une vraie dimension poétique, une intensité qui te fait ressentir chaque scène. C’est le genre de visuel où tu t’arrêtes sur chaque page juste pour observer, parce que chaque détail te parle d’une manière différente. Mais au-delà de l’aspect graphique, ce que j’ai trouvé génial, c’est la manière dont l’histoire se déroule. Les deux personnages, au début, ils sont vraiment liés par quelque chose de très pur, presque une sorte de fusion enfantine. On dirait que leur existence dépend d’une symbiose, un peu comme si l’un ne pouvait pas vivre sans l’autre, et ça, c’est beau. C’est ce genre de lien qu’on vit tous à un moment donné, quand on est tout petits ou même dans certaines relations adultes, tu sais, cette dépendance naturelle. Sauf qu’au fur et à mesure, ça commence à déraper. Ce lien qui semblait invincible devient presque oppressant. Ça glisse doucement vers la folie, puis l’incompréhension. On sent qu’ils ne se comprennent plus, qu’ils se perdent dans leurs propres délires, leurs peurs, et ça devient de plus en plus tendu. C’est là que l’histoire prend une autre direction, avec cette séparation qui arrive comme un coup de tonnerre. On passe d’une sorte d’unité à la plus totale solitude, et c’est ça qui est fort : cette évolution, ce changement radical. Et au fond, l’histoire c’est ça. C’est une parabole, mais pas une parabole simpliste, hein. C’est vraiment mystique. Ça parle de l’orgueil et de l’humilité, ces deux forces opposées qui façonnent nos vies. L’orgueil, c’est ce qui les pousse à se perdre dans cette quête de pouvoir, de contrôle, de vouloir être plus fort, plus indépendant, à se croire invincibles. Et l’humilité, c’est ce qu’ils perdent en chemin. Ce moment où tu réalises que l’humilité, c’est la clé, mais que parfois, c’est trop tard. Ça te met une claque, parce que tu te dis que c’est exactement ça dans la vie : on se perd souvent dans nos envies, notre égo, et on oublie de rester connecté à ce qui compte vraiment. Bref, c’est vraiment bien construit, tout ça. L’histoire, les dessins, l’évolution des personnages, ça nous fait réfléchir tout en nous emportant dans un univers qui est à la fois poétique, intense et tragique. C’est le genre d’histoire qui te reste avec toi longtemps après avoir tourné la dernière page.

12/12/2025 (modifier)
Par Johnny
Note: 5/5
Couverture de la série L'Amourante
L'Amourante

Ce livre, je l’ai vraiment ressenti. Dès les premières pages, j’ai eu l’impression d’entrer dans un monde à la fois super intime et en même temps super universel. Chaque dessin dégage une sorte de tendresse, de fragilité, comme si on pouvait presque toucher les émotions. Pierre Alexandrine, il arrive à donner une vraie texture aux sentiments, comme si les pages avaient une chaleur, un souffle. Il y a une vraie poésie dans sa façon de raconter. C’est pas précipité, il prend son temps, et ça nous permet de vraiment ressentir chaque geste, chaque moment de silence. Rien ne fait faux, tout est naturel, fluide, mais ça te prend aux tripes. À la fin de la BD, j’ai refermé le livre avec le cœur un peu serré, mais en même temps, j’avais cette sensation d’avoir tenu quelque chose de vraiment unique entre les mains.

12/12/2025 (modifier)
Par Johnny
Note: 4/5
Couverture de la série Silent Jenny
Silent Jenny

D’accord, je vais rendre le texte plus naturel et fluide, comme si tu en parlais à un ami. Mathieu Bablet, c’est devenu une référence incontournable dans la bande dessinée française, non ? Ses sorties suscitent une attente de plus en plus grande, et on peut dire qu'il n’est plus vraiment loin d’avoir le même statut qu’un Larcenet. À chaque annonce de ses nouveaux projets, ça crée un vrai buzz. C’est clairement le cas avec Silent Jenny. Dès qu’on prend le livre en main, on est impressionné : il est grand, lourd, avec une finition qui donne tout de suite une sensation de qualité. Et quand on ouvre les premières pages, c’est là qu’on tombe sous le charme. Le dessin de Bablet est vraiment unique : ses personnages, ses détails, ses couleurs… tout ça nous plonge instantanément dans son univers. Il y a une vraie force dans son trait, qui est hyper reconnaissable dès les premières pages. Mais ce n’est pas juste une question de dessin. L’édition autour de Silent Jenny est aussi impeccable : la couverture est magnifique, et encore mieux avec les cinq variantes disponibles, toutes plus belles les unes que les autres. C’est clair que l’équipe éditoriale a fait un travail de dingue pour préparer cette sortie, et ça se ressent dès qu’on ouvre le livre. Un truc que j’ai vraiment aimé aussi, c’est la manière dont Bablet nous immerge dans l’histoire. Par exemple, quand Jenny lit une lettre, elle occupe toute la page, et on a vraiment l’impression de la découvrir avec elle. Pareil pour un panneau qu’elle observe : il prend toute la page, et on se retrouve à partager son regard. C’est ce genre de petits détails qui rendent l’expérience vraiment immersive. Et puis il y a l’univers qu’il dépeint. Certes, il est sombre, presque sans espoir, mais il a une cohérence fascinante. On sent que la vie a presque disparu, et que ce qui reste, c’est la survie dans une société qui s’est reconstruite sur ses propres ruines. C’est un peu apocalyptique, mais d’une manière réaliste. Ce qu’il montre, ce n’est pas juste un futur catastrophique, c’est une vision extrême de ce que pourrait devenir notre monde… et ça fait un peu froid dans le dos. D’ailleurs, pendant ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Nausicaä de la Vallée du Vent. Ces "manches-cailloux", ces personnages rejetés, masqués, vivant dans un monde toxique… ça m’a fait vraiment penser aux Maîtres-vers de Miyazaki. C’est un peu la même idée de peuples exclus et condamnés à survivre dans un monde hostile. Il y a un parallèle évident. Mais malgré tout ce que j’ai adoré dans cette BD, la fin m’a laissé un peu sur ma faim. Je l’ai trouvée trop rapide, comme si on voulait conclure trop vite, alors qu’il y avait encore tellement de choses à explorer. Ce n’est pas que la fin en elle-même, mais la manière dont elle arrive, qui m’a un peu dérangé. Du coup, ça m’empêche de mettre une note parfaite, même si c’est clairement un 8 solide. L’univers, la puissance visuelle, c’est impressionnant. Et maintenant, il n’y a plus qu’à attendre la prochaine œuvre de Bablet, tout en ayant envie de relire Silent Jenny à chaque fois.

12/12/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 2/5
Couverture de la série Le Secret de Présentine Ramondore
Le Secret de Présentine Ramondore

Il y a au moins trois raisons pour lesquelles j’ai fait l’acquisition de cette BD. La première, qui est aussi la principale, c’est bien évidemment son dessin. La deuxième, c’est son thème qui me semblait tourner autour de la spiritualité, avec une petite patine à la sauce conte poétique. Le fait que les héros soient des vieux (une vieille en l’occurrence) ne m’a absolument pas gêné, ainsi que j’ai pu le lire ici ou là. La troisième raison, c’est l’éditeur, dont j’apprécie généralement le travail. Pour ce qui est du dessin, splendide, ce dernier remplit complètement son rôle. Le trait est sûr, souligné par une colorisation du meilleur effet qui a l’avantage de mettre l'accent sur sa finesse sans le noyer sous des tonnes de nuances. Je ne connaissais pas Florent Desanthèmes, mais en voilà un qui va figurer en bonne position dans ma petite liste des auteurs à suivre. Je n’ai rien à redire concernant l’édition. C’est une fois encore un travail soigné. Nul besoin de développer. C’est le scénario qui peine à convaincre. Si le texte a le bon gout de ne pas se montrer omniprésent, laissant ainsi la part belle au dessin, il faut reconnaitre que la lecture manque de constance, et que le pauvre lecteur, lui, manque quand même de grain à moudre. Par exemple, on ne saisit pas forcément que la vieille Présentine tente de retrouver l’impact de la météorite. D’ailleurs, on ne comprend pas davantage que cette météorite a quelque chose à voir dans son escapade… Escapade qui ne dure pas suffisamment longtemps pour être crédible. En effet, elle se met soudain en route avec son frère (avec lequel elle semble un peu en froid mais qui déboule d’on ne sait trop où), occasion de montrer de belles pages certes, mais revient presque aussi sec sans qu’on sache trop ce qu’elle est partie faire (ou alors j’ai dormi). Très étrange ! J’aime beaucoup le contexte, l’univers… Mais l’ensemble me parait bien trop léger, si bien que je ne garde rien de ma lecture. J’ai eu le sentiment que le scénario n’était pas fini, en tout cas pas très clair ni pour le dessinateur, ni pour le scénariste lui-même qui n’a pas su trop quoi faire de ses personnages. Quant à trouver une fin qui se tienne… Bref ! Avec une telle histoire, il y avait moyen de faire un truc chouette. Vues les thématiques abordées (la question de la transmission entre les générations, la croyance, les rituels, le poids familial mais également sociétal…), il y avait des chevaux sous le capot. Mais Charre a lancé les percherons…

12/12/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série La Terre verte
La Terre verte

Cadre original pour cette histoire qui suit un contingent fraîchement débarqué sur les côtes du Groenland à la fin du XVe siècle afin d'y installer un évêque, fonction vacante depuis près d'un siècle au sein d'une petite communauté de descendants de Vikings survivant tant bien que mal. Parmi les accompagnateurs se trouve un chevalier anglais : bossu et boiteux, c'est un combattant aguerri au passé trouble qui se loue désormais comme mercenaire. Déçu par cette terre désolée, il pense d'abord la quitter au plus vite avant de comprendre qu'il peut y assouvir ses ambitions de pouvoir. S'engagent alors des luttes d'influence entre les anciennes autorités locales, l'évêque et ce chevalier, qui se révèle aussi fourbe que manipulateur, se trompant autant lui-même que ceux qui l'entourent. Je ne connais pas la pièce Richard III de Shakespeare, et ce n'est qu'à la fin, lorsque les dialogues deviennent de plus en plus lyriques et que la dramaturgie shakespearienne s'impose, que j'ai fait le rapprochement avec le style de l'auteur. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre avec ce Richard, que j'ai trouvé intrigant du début à la fin. À la fois rusé et animé d'une folie insidieuse, parfois ouvertement manipulateur, parfois semblant sincère, il apparaît lui-même en proie à ses passions, tiraillé entre plusieurs élans, même si son destin reste inéluctable. Alors qu'on croit pouvoir s'y attacher, il se révèle souvent détestable. C'est un personnage solide et captivant, même si ses motivations pour s'emparer du pouvoir sur une communauté misérable dans une contrée aussi froide et sans avenir restent difficiles à partager. Le dessin le suggère d'ailleurs très tôt, et on s'étonne de l'éventail de ses réactions silencieuses face aux côtes du Groenland. Le graphisme peut paraître morne par moments, comme les décors gris et arides de ces terres froides, mais il révèle fréquemment une vraie maîtrise, notamment dans les scènes de bataille entre chevaliers anglais. Il ne m'a pas transporté comme celui d'autres collaborateurs d'Alain Ayroles, mais il reste efficace, toujours au service de l'ambiance du récit, mélange de tragique et d'espoirs vite déçus. Je n'ai pas été pleinement emporté, en partie à cause d'un personnage principal trop souvent antipathique et d'ambitions vouées à l'échec, mais j'ai suivi l'histoire avec intérêt et l'envie constante de découvrir où les auteurs allaient nous mener. Et même si je n'y ai pas été particulièrement sensible, j'ai apprécié l'ampleur dramatique et l'esprit shakespearien de l'ensemble.

12/12/2025 (modifier)