Les derniers avis (110875 avis)

Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Watership Down
Watership Down

Watership Down, roman de l’auteur britannique Richard Adams paru en 1972, m’avait marqué lors de ma jeunesse. Avec pour protagonistes une communauté de lapins de garenne, il parvient à conjuguer aventure, poésie et rudesse dans un récit d’une étonnante densité. Il a également été adapté en 1978 en un film d’animation réputé pour avoir traumatisé toute une génération de jeunes spectateurs, tant certaines scènes y sont violentes, reflet fidèle, en vérité, de la nature épique et impitoyable de l’histoire d’origine. Car la société des lapins que l’on y découvre est tout sauf paisible. Tout commence dans une garenne bien établie, le jour où le petit frère du héros Hazel a une vision apocalyptique. Devant l’incrédulité du chef de la communauté, Hazel et quelques compagnons décident de fuir en secret, entamant un périple semé d’embûches. Leur chemin sera jalonné de dangers multiples, parfois liés à la nature, parfois à l’homme, mais souvent aux autres lapins eux-mêmes, dont certains se révèlent des plus cruels. Parvenus à fonder une nouvelle petite garenne sur la colline de Watership Down, les survivants devront affronter une autre communauté totalitaire afin de permettre à leur groupe de se pérenniser. L’enjeu : trouver des femelles pour assurer la survie de leur colonie. L'éditeur Monsieur Toussaint Louverture publie cette BD déjà récompensée par l'Eisner Award 2024 de la meilleure adaptation et il le fait avec la manière. Au format bouquin avec un dos rond et une couverture épaisse et élégante, rehaussée d'un vernis sélectif cuivré, c'est un superbe ouvrage au papier épais et solide. Il justifie largement son prix un peu élevé par sa pagination généreuse de plus de 350 pages, sa qualité de fabrication et la richesse de son contenu. C'est un objet qu'on affiche avec plaisir dans sa bibliothèque, aux côtés d'autres beaux albums comme Château l'Attente par exemple qui avait bénéficié du même soin éditorial. Mais au-delà du contenant, c’est bien le contenu qui impressionne. Le récit original de Richard Adams brillait déjà par sa capacité à insuffler un souffle épique à une fable animalière, tout en explorant la dureté du monde sauvage, la solidarité, le courage et la transmission des mythes. L’univers des lapins est doté d’un langage propre, de légendes fondatrices et d’une cohérence interne fascinante. Cette édition s’enrichit d'ailleurs d’une carte détachée des lieux traversés ainsi que d’un glossaire reprenant les termes spécifiques à leur culture. Le scénario de James Sturm réussit l’exploit de restituer fidèlement cette richesse sans alourdir le récit. Le rythme est maîtrisé, les dialogues limpides, et la narration fluide. Quant au dessin de Joe Sutphin, légèrement naturaliste, il colle parfaitement à l’ambiance du récit. Il parvient à exprimer toute la vitalité des lapins, à restituer les paysages de la campagne anglaise avec simplicité et beauté, et à insuffler une vraie tension dans les scènes d’action. Il trouve quelques petites idées graphiques pour permettre de reconnaitre les personnages même s'il faut admettre que c'est probablement là la seule faiblesse de l'ensemble, la quantité de lapins étant telle qu'il est parfois ardu de différencier les uns des autres. Si les dialogues permettent sans problème de ne pas s'y perdre la majorité du temps, j'ai ressenti cette difficulté dans une scène de combat vers la fin de l'album où l'on passe d'un combattant à un autre sans que je l'ai compris en première lecture, ce qui m'a forcé à revenir en arrière pour bien assimiler ce qu'il s'était déroulé. Cela reste toutefois un bémol mineur face à la qualité générale de la mise en scène et du dessin. Violence, danger, fraternité, paysages bucoliques, moments de grâce et d’angoisse : tout y est. Cette adaptation graphique de Watership Down est une franche réussite, à la fois respectueuse de l’œuvre originale et pleinement convaincante dans sa forme. Un album dense, émouvant, intelligent et magnifiquement réalisé. Une vraie réussite sur tous les plans !

30/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Tilly Zorus
Tilly Zorus

La mère de Tilly est une brillante scientifique qui a découvert un moyen secret de faire revenir les dinosaures sur Terre. Avec son mari et leur fille, elle les élève discrètement dans une ferme, comme de simples animaux domestiques. Mais cela doit rester discret pour ne pas effrayer la population du petit village où ils viennent de s'installer. Tilly Zorus est une série jeunesse pleine de fraîcheur, idéale pour les lecteurs autour de 10 ans, mais tout à fait capable de divertir un public de tout âge. Le dessin de Gorobei, au style moderne et doux, évoque par moments l’univers de jeux vidéo comme Animal Crossing. Son trait rond, son encrage précis et ses couleurs pastel donnent à l’ensemble une atmosphère légère et un charme cartoon qui fonctionne à merveille. L’histoire oscille entre comédie et aventure, avec une touche de fantastique bien dosée. Si le concept de dinosaures domestiques apporte de l'originalité, les deux premiers tomes s’ancrent dans un quotidien plein de malice : dinosaures en fuite, chaos dans le village, jalousies locales ou anciennes rivalités qui refont surface. Le troisième tome, lui, élargit l’univers en révélant les origines des dinosaures et en basculant vers une intrigue de science-fiction plus exotique tout en conservant le ton léger et espiègle qui fait le charme de la série. Structurée en chapitres qui sont autant d'histoires courtes qui se suivent, la lecture est fluide, accessible, et facilement fractionnable. Ce n’est peut-être pas une bande dessinée qui provoque de grands éclats de rire, mais elle est constante dans son humour doux et sympathique, de ceux qui dessinent un sourire discret mais durable. Une lecture agréable et attachante, qui plaira autant aux enfants qu'aux adultes en quête d’un moment léger.

30/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Sang des Porphyre
Le Sang des Porphyre

J’ai lu le premier cycle de quatre tomes, plutôt avec plaisir, même si le lecteur doit quand même accepter quelques petites facilités pour suivre l’intrigue (en particulier tous les passages avec la pieuvre dans la grotte, agrémentée de sables mouvants – un peu trop à mon goût !). Pour le reste, la série baigne dans une ambiance étrange, mais reconstitue très bien l’univers de la Bretagne du XVIIIème siècle : le langage, les résurgences de paganisme, tout est bien retranscrit et utilisé ici. L’intrigue ballotte le lecteur au gré des révélations (qui s’accélèrent dans les deux derniers tomes du cycle) autour des rejetons présumés du clan Porphyre. Là aussi quelques facilités, mais ça passe globalement plutôt bien, et l’intrigue est dynamique. Une histoire intéressante, avec ces naufrageurs qui dynamisent le récit, et la présence encore un peu énigmatique d’Hermine de Rotheneuf. A noter le clin d’œil aux rochers sculptés de Rotheneuf justement, près de Saint-Malo (qui commencent à s’estomper hélas), avec ces rochers sculptés sur la plage, constituant une des portes d’entrée de cette grotte évoquée plus haut. Une série plaisante à lire en tout cas.

30/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Kinderzimmer
Kinderzimmer

Je poste mon avis le jour du quatre-vingtième anniversaire de la libération du camp de Ravensbrück, l’un de ces lieux où l’horreur concentrationnaire et mortifère nazie s’est développée. Lieu ou des dizaines de milliers de femmes ont été déportées, torturées, tuées. Lieu où près de 500 bébés sont nés. Grâce au courage et à l’entraide des déportées, quelques-uns ont survécu à cet enfer. Lieu où se sont déroulés les faits relatés ici. Je ne connais pas le roman de Valentine Goby à l’origine de cet album. Mais je ne peux qu’être admiratif de l’énorme travail réalisé par Ivan Gros. Pour l’adapter, mais aussi pour y apporter sa vision du travail mémoriel. Il va pour cela, en plus d’un énorme travail de recherche (voir la bibliographie en fin de volume), utiliser comme matériau les dessins réalisés et sauvés au péril de leur vie par certaines détenues. Avec ce matériau, et l’utilisation du personnage fictif de Mila, Gros va retracer l’horreur du camp, mêlant Mila à de vraies déportées – dont les noms sont parfois modifiés. C’est un sujet que je connais bien, particulièrement ce camp de Ravensbrück (le plus grand camp où étaient déportées les femmes, dans une zone au climat pénible du nord de l’Allemagne). Je connais en particulier très bien le « vécu » d’un personnage important du récit, ici nommée Sabine, de son vrai nom Marie-Jo Chombart de Lauwe. Je l’ai rencontrée de nombreuses fois, et j’ai été à chaque fois impressionné et bouleversé par son témoignage, mais aussi par sa force de caractère, son engagement sans faille contre l’injustice et sa soif de combat même au-delà de 90 ans. Discuter avec elle, qui multipliait à plus de 90 ans les projets et autres interventions, était enrichissant : clairement l’une des personnes dont la rencontre m’a le plus marqué. Elle est venue rencontrer des élèves, témoigner de son rôle de résistante, de son arrestation puis de sa déportation. Et, lorsqu’elle abordait Ravensbrück, les passages où elle expliquait les efforts faits pour sauver des bébés étaient plus que poignants. On retrouve ici les anecdotes qu’elle donnait, et la lutte pour la vie au milieu d’un univers de mort. Pour revenir à l’album, je dois dire que la lecture est ardue, assez ingrate. Mais intéressante. Car, par-delà le sujet lui-même, Gros livre une profonde réflexion sur la façon de représenter le camp et ce qui s’y passait, citant et commentant les sources, les dessins des détenues, les polémiques concernant d’autres représentations (par exemple l’album de Croci sur Auschwitz), reprenant certaines idées de Spiegelman. Un refus de sensationnalisme, mais aussi d’esthétiser l’horreur. Un album exigeant, mais que je recommande chaudement.

30/04/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Downlands
Downlands

Je continue ma découverte des BDs de Norm Konyu, après les superbes « The junction » et « The space between the trees » (encore non traduites en français au moment où j’ecris cet avis), et je ressors une nouvelle fois ravi de ma lecture. L’auteur revisite le mythe éculé du fantôme, et base son récit sur les légendes et le folklore de sa région adoptive, les collines du « South Downs » de la côte sud anglaise : le chien noir diabolique « Black Shuck », la légende de la Dame Blanche (l’autostoppeuse fantôme), les pleurs de bébé dans la nuit, les cercles de pierres levées (il en existe 316 juste en Angleterre), et bien plus encore. L’histoire prend la forme d’une enquête historique conduite par un jeune garçon qui vient de perdre sa sœur dans des circonstances mystérieuses. Les termes « classique mais efficace » décrivent parfaitement cette intrigue enjouée et prenante, et si la fin est un peu convenue, je dois avouer avoir englouti l’album d’une traite. On reconnait bien le style cartoon et informatisé de l’auteur, qui sert parfaitement l’histoire. Moi, j’aime beaucoup, je trouve les planches élégantes, j’aime ce genre de graphisme (terme plus adapté que « dessin »). Une chouette histoire de fantômes, ancrée dans le folklore anglais.

30/04/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série The Kong Crew
The Kong Crew

N'ayant préalablement pas lu les critiques des uns et des autres, sur ce site ou ailleurs, je me suis retrouvé embarqué dans un récit qui piétinait joyeusement mon horizon d'attente. J'envisageais naïvement une relecture de King Kong, il s'agit finalement d'une uchronie imaginant la survie du gorille et sa main-mise sur une île de Manhattan vite désertée. Les dinosaures ont suivi l'exode du singe, les amazones sont de la partie, le tout mixé à la sauce pulp à renfort de militaires/aviateurs à grande gueule, de "pépées", d'action débridée, d'humour de potaches, etc. Rythme, illustrations et bonne humeur sont au diapason dans ce tome inaugural. Du pur divertissement, sympathiquement rocambolesque et sans doute oubliable. Espérons une suite et fin aussi échevelée et quelques remarques bien senties pour ouvrir avec soin quelques thématiques sociétales pertinentes à même de rendre l'ensemble plus digeste et d'en conserver un souvenir amusé.

30/04/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Downlands
Downlands

Un futur incontournable ? Sans aucun doute ! Norm Konyu est canadien, il vit actuellement dans le Sussex, il a travaillé de nombreuses années dans l'animation. Il s'est orienté dernièrement vers le neuvième art, après son adaptation de L'Appel du Cthulhu (comics qui a failli garnir ma bibliothèque), il se lance dans ce projet personnel. Un récit qui s'appuie sur la mythologie, la géographie et le folklore du sud de l'Angleterre, sa région d'adoption. 1994 dans un village du sud de l'Angleterre, un garçon de 14 ans, James Reynods, vient de perdre subitement sa sœur jumelle Jen. Une perte qui plonge James et ses parents dans un deuil impossible. C'est l'apparition d'un chien noir, que seule Jen a vu la veille de sa mort, qui va pousser James a fouillé dans le passé du village et il va découvrir d'étranges histoires. Des histoires qui vont lui ouvrir des portes, des portes sur un autre monde. Mais toutes les portes ne sont pas bonnes à ouvrir. La vie laisse une empreinte, mais la mort laisse la plus forte empreinte qui soit. On peut les appeller fantômes ou esprits, mais ce ne sont que des échos, les échos des âmes disparues. Un récit atypique, c'est du fantastique avec une pointe d'historique et de polar. Le scénario est prenant, je n'ai pas pu lâcher le bouquin avant sa conclusion et la narration maîtrisée qui oscille entre les recherches de James sur ce chien noir et les récits sur le passé de son village sont dosés avec justesse. Toutes ces anecdotes / histoires macabres ne sont pas là par hasard, elles font partie d'un tout qui va se dévoiler au fil des investigations de James. Les personnages sont attachants, enfin presque tous, et particulièrement James avec son rituel de déposer une lettre dans un bocal sur la tombe de Jen, il veut lui donner les dernières nouvelles du village. Je pourrais vous en dire beaucoup plus, mais je n'ai pas envie de gâcher votre future lecture, l'inattendu sera au rendez-vous. Une lecture captivante qui doit beaucoup à la partie graphique, elle transmet les émotions et nous plonge lentement mais sûrement dans le surnaturel. Un dessin très anguleux et expressif, aux décors soignés où le moindre détail peut avoir son importance. Les couleurs m'ont époustouflé, elles évoluent suivant l'espace temps, mais aussi avec la présence (ou non) du fantastique. Une ambiance à la Edgar Allan Poe. Sublime ! Un dossier sur les inspirations à l'origine de "Downlands" vient compléter cet album de plus de 300 pages. Un auteur à découvrir. Culte et gros coup de cœur. "Ce n'est qu'une rue dans un village. Et il y a tant à raconter".

30/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Un petit livre oublié sur un banc
Un petit livre oublié sur un banc

L'idée est bonne, très bonne même, mais vraiment perfectible. L'histoire est celle de Camélia qui tombe un beau jour par hasard sur un petit livre oublié sur un banc, sur lequel lui est visiblement adressé un message signé "un inconnu". Se sentant enfermée dans son couple, au point mort dans sa vie, la jeune femme va tout faire pour retrouver son mystérieux semeur de livre qui a su par ses mots raviver la flamme de sa passion qu'elle croyait éteinte. Un amour des mots beaux et simples, une passion du romanesque transcendant le quotidien, un joli message sur le fait qu'il n'est jamais trop tard pour changer de cap et améliorer sa vie, il n'y a pas à dire, il y a du bon là-dedans. Pourtant je maintiens ce que j'ai dit dans mon introduction : tout cela reste perfectible. Tout d'abord il y a le fait que cette romance épistolaire que semble vivre Camélia (ou en tout cas que souhaite vivre Camélia) prend parfois beaucoup trop de place face aux thèmes bien sympathiques de l'album. C'est un défaut minime, il m'est sans doute personnel, mais je trouve bête de ne finalement rabaisser le message qu'à cela (alors que je suis très fleur bleue, hein, donc sur le papier je suis partante pour une romance). Un défaut moins minime c'est le cul. Alors, pour une œuvre qui appelle à la poésie simple du quotidien, bon sang qu'est-ce que ça parle de cul. Le cul peut être poétique, attention, mais là tout est une occasion pour les personnages pour ramener à la fesse de la manière la plus bas du front possible. Comme le besoin d'amour, je comprends que le besoin intime fasse défaut à cette jeune femme délaissée, mais par pitié arrêtez de ne rabaisser sa situation (et encore une fois le propos de l'album) qu'à cela. De nouveau, défaut sans doute personnel, mais j'ai horreur de ce genre de récits qui m'apparaissent comme parasités par des allusions au cul mal placées et/ou mal dosées. Et puis au-delà d'être bien souvent trop terre à terre, le sujet des émotions de Camélia m'est bien souvent apparu trop mièvre ou trop convenu. Son petit-ami est une véritable tête à claque de compétition, on cherche à nous faire savoir sans aucune subtilité que Camélia va se séparer de lui, pareil pour l'écrivain beau-parleur qui tente d'emmener Camélia dans son lit et dont on se doute dès le début que c'est un menteur, ... l'histoire est trop prévisible, trop entendue, pas assez innovante ou fraîche. Sauf sur la fin où j'avoue que la simplicité du moment et du message a su me toucher. Bon, revenons donc sur du positif, même si le besoin romantique et sexuel de Camélia m'a semblé prendre parfois un peu trop de place dans cette histoire, il n'empêche que le sujet du besoin de liberté et de vouloir vivre une vie palpitante même au quotidien reste sincèrement prenant. Le dessin de Mig est toujours beau, quoi que les couleurs ne m'ont pas semblé lui rendre pleinement hommage (que voulez-vous, je trouve le trait de Mig bien mieux mis en valeur en noir et blanc ou bien avec quelques contrastes de couleurs). Une lecture sympathique mais vraiment pas parfaite.

30/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Les Bad Guys (Les Super Méchants/Les Méchants)
Les Bad Guys (Les Super Méchants/Les Méchants)

Monsieur Loup en a marre d’être systématiquement catalogué comme un méchant. Pour changer cette image tenace, il s’entoure de comparses tout aussi mal aimés : Monsieur Requin, Monsieur Serpent, Monsieur Piranha et l’araignée La Toile. Ensemble, ils forment un gang de... gentils, bien décidés à prouver qu’ils peuvent aussi être des héros, et à sauver le monde des véritables menaces qui le guettent. Il m’a fallu un moment pour faire le lien, tant le style graphique et la narration sont différents, mais il s’agit bien ici de la bande dessinée ayant inspiré le film d’animation Les Bad Guys de DreamWorks. Le film, résolument moderne dans son traitement visuel comme dans son ton, vise plutôt un public adolescent ou au minimum préadolescent. La BD, quant à elle, semble s’adresser davantage aux jeunes enfants : créée par l’auteur australien Aaron Blabey, elle adopte un format souple, presque carré, proche de l’album jeunesse. Chaque tome propose des planches très aérées, avec rarement plus de trois cases et régulièrement une seulement, un dessin simple voire naïf, des décors souvent vides, et des dialogues écrits dans une typographie qui rappelle celle des premiers livres pour enfants. Pourtant, le ton, lui, est bien plus décalé qu’on ne pourrait le croire : derrière cette apparente simplicité se cache un humour débridé qui peut franchement faire sourire un lecteur adulte. J’y ai retrouvé l’esprit du dessin animé Les As de la Jungle : une équipe loufoque d’animaux héros, un ton mi-sérieux mi-burlesque, de l’aventure et beaucoup d'humour. Ça ne se prend pas du tout au sérieux et c'est amusant à lire, convenable autant pour des enfants que pour des adultes. La série compte 20 tomes en version originale. En français, elle a connu trois éditions : une première au Québec, avec 14 tomes en noir et blanc à ce jour, et deux autres chez Casterman, en France, avec d’abord 7 tomes en noir et blanc, puis une réédition avec 4 tomes seulement en couleurs pour le moment. Malheureusement, la publication semble aujourd’hui interrompue chez Casterman. Faut-il en conclure que la série n’a pas trouvé son public en France ? C’est possible, et c’est regrettable car le quatrième tome en couleurs se termine sur une forme de cliffhanger : nos héros s’apprêtent à partir sur la Lune pour contrer un savant fou menaçant la Terre. La suite est disponible ailleurs, en noir et blanc, mais c’est un peu frustrant : la version colorisée, plus attrayante à mes yeux, semble abandonnée en cours de route.

29/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Dans un rayon de soleil
Dans un rayon de soleil

3.5 Pour l'instant, c'est le récit de Tillie Walden que j'ai le plus apprécié. Il faut dire que le récit fait partie d'un genre que j'aime bien: la science-fiction, mais qui mélange du fantastique donc tout peut arriver, c'est pas de la science-fiction classique avec des trucs que j'ai déjà vus plein de fois. Le scénario est dense et il faut prendre son temps pour bien lire l'album, le genre de lecture parfait si on a deux ou trois heures où on n'a rien à faire. Encore une fois avec cette autrice, le rythme est un peu lent, mais cela ne m'a pas dérangé parce que le scénario est plutôt prenant et les personnages sont attachants. En tout cas, je ne vois pas trop quoi dire de plus que les autres avis hormis que j'ai bien aimé ma lecture et que ça se lit bien malgré le fait que ça fait plus de 500 pages. Je comprends que cela risque de faire peur à quelques lecteurs, mais la narration est fluide et cela ne parait jamais trop long. On retrouve des thèmes que l'autrice aime bien développer comme l'amour entre deux filles. Le dessin est très bon comme c'est toujours le cas avec Walden.

29/04/2025 (modifier)