Je ne peux pas dire que la narration de Sergio Salma m’ait enthousiasmé. Au contraire, j’ai trouvé que le rythme était lent, et le ton quelque peu monocorde, comme lorsqu’une personne présente un sujet sensible et passionnant à un auditoire, sans que celui-ci sente que l’orateur est lui-même passionné.
Ceci étant dit, j’ai quand même apprécié ma lecture. D’abord, parce que, pour équilibrer ma critique liminaire, on sent que Salma est intéressé par son sujet, et qu’il a pas mal bossé son sujet (à ce propos, une petite bibliographie en fin de volume aurait été la bienvenue, ne serait-ce que pour donner les références des lettres échangées entre Vincent et son frère Théo – documents à la base de l’album de Salma).
Ensuite, l’album est intéressant car il propose de mettre en lumière la partie méconnue de la vie de van Gogh – c’est-à-dire plus des deux tiers de sa vie ! Une partie importante, tant elle va être fondatrice de l’homme et de l’artiste qu’il deviendra à la fin de sa vie – car l’album s’arrête au moment où Vincent prend la décision de devenir peintre.
En tout cas j’ai appris pas mal de choses concernant un artiste dont je ne suis pas forcément fan, mais qui m’intrigue et m’intéresse. Et ce que j’ai appris de sa période « d’avant » n’a fait que renforcer mon intérêt pour le bonhomme.
Vincent vit une enfance très heureuse jusqu’à ce qu’il soit envoyé dans un internat, puis moult établissements, de plus en plus éloignés de sa famille après l’âge de 11 ans. Cette première rupture est ensuite suivie de plusieurs moments forts : déceptions amoureuses, échecs scolaires et professionnels. A chaque fois il retourne dans sa famille pour repartir, comme un cycle infernal, sans qu’il ne trouve sa voie.
Dès son plus jeune âge il baigne dans le milieu de la peinture – en tout cas de la vente, sans que cela ne l’intéresse vraiment. Il se révèle même peu doué en la matière lorsqu’il étudie un peu la peinture. Ça n’est que peu à peu, et tardivement, qu’il a prendre conscience de sa capacité à retranscrire avec des pinceaux ce qu’il voit et vit. Il a alors 27 ans (et c’est là que l’album se termine).
A part cette petite curiosité, il y a deux points forts qui peuvent expliquer le van Gogh que nous connaissons, celui des dix dernières années. D’abord son expérience quasi christique, lorsque, pensant devenir pasteur, il décide de vivre dans la misère au milieu des mineurs (Salma, qui a déjà publié sur le milieu de la mine est sensible à cet aspect et donne ici une vision presque dantesque de la vie des mineurs dans la Belgique du dernier quart du XIXème siècle) : cela ressemble à une descente en fer autant que dans une mine, avec une déchéance sociale et physique qui inquiète et scandalise son père, mais dont va le faire sortir son frère.
Car l’autre point marquant est le lien extrêmement fort qui unit Vincent à son frère Théo, depuis leur enfance jusqu’à la fin de la vie de Vincent. Théo qui a réussit socialement, dans le monde de l’art, va être le confident, le soutien de son frère jusqu’au bout – leur correspondance étant une source inestimable pour qui souhaiterait connaitre van Gogh de l’intérieur (et c’est en grande partie grâce à la femme de Théo que les centaines de peintures de Vincent et plus généralement son travail nous sont parvenus).
Si je suis resté un peu sur ma faim par rapport à la narration employée par Salma, son travail permet de faire découvrir l’homme torturé que l’on devine dans les peintures tourmentées de van Gogh. Les amateurs de l’artiste y trouveront donc leur compte.
2.5
Un album qui a comme sujet le sauvetage des jeunes garçons d'une équipe de football thaïlandais qui s'étaient retrouvés prisonniers dans une grotte inondée il y a de cela maintenant quelques années.
Le scénario montre bien les faits et j'ai même appris quelques éléments du drame que je ne connaissais pas ou dont je ne me souvenais pas du moins. Cet événement est un bon exemple de ce que peut apporter la persévérance, l'entraide et la solidarité et je pense que c'est le genre de choses qu'on a besoin face à une actualité de plus en plus sombre. On a même laissé de côté la polémique ridicule d'Elon Musk et sa solution bidon pour sauver les gamins et je suis bien content parce que l'évoquer aurait fait tache avec le reste.
Malgré tout, ce one-shot n'est pas très passionnant à lire à cause de son dessin trop simpliste. Les gamins ne changent pratiquement pas physiquement et du coup on ne dirait même pas qu'ils sont en danger. Les personnages ont presque toujours la même expression au visage et il y a aucune tension. Le fait que je savais déjà ce que serait le sort des enfants a peut-être joué aussi dans mon appréciation, mais le dessin a fait en sorte que je n'ai pas été captivé.
Pierre-Emmanuel Barré, célèbre trublion de Radio Nova, met régulièrement en scène dans ses chroniques le village fictif de Saint-Roustan et ses habitants. Pour ceux qui ne connaitraient pas le personnage, on va dire qu'il pratique un humour très corrosif, et qu'il n'a pas sa langue dans sa poche pour commenter l'actualité politique. Si vous ne connaissez pas Saint-Roustan, imaginez Groland : on n'est pas très loin.
Surfant sur le succès rencontré par l'humoriste, Delcourt publie un album inspiré de ses chroniques. Sous forme de strips de quelques cases, ou sur quelques planches les gags se succèdent à bon rythme. Les situations complètement loufoques mettant en scène les habitants de Saint-Roustan ne manquent pas. Certains personnages, comme le maire de la ville qui ressemble étrangement à Guillaume Meurice, viendront régulièrement animer les pages de l'album. D'autres personnages prennent encore plus directement les traits et les répliques des compagnons de Pierre-Emmanuel Barré à la radio, Aymeric Lompret en tête. C'est l'occasion de retranscrire quelques-unes des vannes qu'ils font ensemble à l'antenne.
Certains des gags donnent l'impression d'avoir été déjà entendus à la radio. D'autres ont semble-t-il été imaginés pour la BD, mais ils sont dans le même esprit. L'humour un peu gras qui caractérise les sketchs de Pierre-Emmanuel Barré est présent tout au long de l'album. Donc c'est un peu vulgaire et un peu trash.... Mais c'est plutôt drôle, si tant est qu'on aime le style de cet humoriste. C'est inégal, certains gags sont un peu trop lourds, mais d'autres passent plutôt bien.
Cela ne fera pas rire tout le monde, mais pour un album adapté de sketchs radios c'est plutôt pas mal.
J'ai beaucoup apprécié cette fiction historique retraçant le fin de la guerre d'Indochine du côté Viet-Minh quelque peu dépolitisée.
Minh est un jeune artiste libre d'esprit qui se retrouve enrôlé par les Rouges alors que sa famille et son éducation sont Bleues. Cela donne un récit documenté qui travaille sur deux axes. Le premier axe principal est militaire. Truong nous décrit d'une façon très crédible la montée du jeune soldat artiste vers la bataille décisive de Dien Ben Fu . L'auteur reprend toutes les situations qui ont fait la légende de la bravoure des paysans et paysannes Viet-Minh pour réussir à vaincre les troupes d'élites françaises qui se sont vaillamment battues. L'auteur utilise un road trip qui part du camps d'entrainement chinois jusqu'à l'enfer de Dien Bien Fu pour nous montrer la ténacité d'une armée en sandales, se déplaçant à pieds de nuit sur des terrains difficiles aidée par des JF porteuses de lourdes caisses de munitions sur des axes continuellement bombardés et mitraillés. Le récit ne peut que conduire à l'admiration de ces combattant(e)s qui n'ont jamais faibli malgré des pertes colossales. L'auteur rappelle ainsi que le sort de la bataille a longtemps été incertain.
Le second axe narratif concerne le côté politique qui imprégnait le discours idéologique des commissaires accompagnant la troupe. Les talents graphiques de Minh font de lui un élément de choix pour les unités de propagande ( 40 hommes ou femmes défendus par douze soldats) essentielles pour illustrer les exploits des uns et la cruauté des autres à une troupe et ses auxiliaires illettrés. Cette partie rend le personnage de Minh moins crédible. En effet il est douteux qu'une telle indépendance d'esprit considérée comme de l'insolence vis à vis de la doctrine communiste ait pu rester sans châtiment très sévère. Toutefois cela permet à l'auteur d'épingler la cécité de quelques intellectuels de l'époque qui participaient au culte de Staline et de rappeler le jdanovisme artistique qui sévissait dans les pays du bloc communiste. L'une des scène est très symbolique du regard le l'auteur sur la liberté des artistes à cette époque. En effet la caricature que fait Minh de Staline superposé à Mao m'a immédiatement fait penser à la célèbre affaire du portrait de Picasso. Picasso est d'ailleurs honoré quelques pages plus loin comme artiste de la paix avec sa colombe.
J'ai donc trouvé ce récit très riche tout au long des presque 300 pages qui se lisent sans effort.
Le graphisme propose un N&B précis avec quelques nuances de couleurs. Les extérieurs sont bien travaillés ce qui plonge le/la lecteur-trice immédiatement dans l'ambiance du pays. Ma seule petite réserve graphique est qu'il est parfois difficile de distinguer certains personnages.
Une lecture qui m'a parlé par sa justesse de ton et l'originalité de son point de vue. Un bon 4
Même si je n'adhère pas à l'ensemble du discours d'Eva Roussel je suis sorti de ma lecture avec un petit sourire. Tout d'abord j'ai trouvé ce graphisme plaisant. J'aime bien comment l'autrice se met en scène d'une façon rigolote, moderne et dynamique. J'ai aussi aimé la mise en couleur très printanière qui procure une vraie douceur de lecture. Le texte des illustrations est quelque fois un peu long mais cela se laisse lire facilement pour un large public. Ensuite j'ai bien aimé l'esprit bienveillant qui émane de la narration. Evidemment le discours est militant et engagé sur l'écoféminisme et l'écologie mais cela reste soft à mes yeux.
Eva ne réinvente rien et on peut lui reprocher de picorer de droite et de gauche sur des pratiques chamaniques, druidiques ou animiste pour se fabriquer une spiritualité sur mesure. Elle affronte d'ailleurs certaines de ses contradictions et son discours peut paraitre parfois superficiel dans un esprit bobo .
Toutefois, j'y ai trouvé une lecture fraiche et sincère.
J'ai trouvé cette série bien adaptée pour un public de 8/12 ans plutôt masculin avide d'aventure et de fantastique. Ce comics à la saveur chinoise se lit très facilement mais ne propose pas de grosse surprise. Le schéma initiatique et messianique est très convenu avec des personnages aux rôles préétablis bien connus. Cela donne un scénario linéaire et sans difficulté de lecture. Les dialogues sont simples et accessibles au plus grand nombre. Toutefois cela évite d'être simpliste ce qui rend la lecture agréable.
A mes yeux le point fort reste le dynamisme du graphisme. Cela donne une belle tonicité à la narration où je ne me suis jamais ennuyé. La présentation est très moderne et les différentes situations sont travaillées avec soin. Le mixte humains et guerriers dragons passe très bien pour créer une ambiance exotique réussie.
Une lecture jeunesse très classique mais agréable. Un bon 3
Hmm, que dire ?
Je ne suis pas vraiment férue de Western mais je parviens tout de même à apprécier le caractère sale, complexe et nerveux des western spaghettis. En ce qui concerne les western en BD, il n'y a pas à faire, malgré quelques excursions de ma part de temps en temps et quelques rares exceptions qui parviennent à me plaire ce n'est vraiment pas ma came. Pourtant, comme beaucoup, j'ai grandi avec Lucky Luke, donc des réinterprétations de ce personnages peuvent m'intéresser.
Ici, le résultat est… intéressant. Surprenant, surtout, on va dire.
En fait je ne sais pas trop quoi en penser. J'apprécie la construction décousue, cet enchaînement d'anecdotes de voyages qui ne sont rapportés par un personnage tierce (nommé Baldwin), qui nous laisse combler les interludes avec notre imagination et se permet quelques petits passages contemplatifs. En ce point l'album est intéressant, on sent qu'il y a eu un peu de réflexion pour son écriture, et pourtant… bah je ne retire pas grand chose de cette lecture. Ni la contemplation que j'ai trouvé convenue, ni les débuts de réflexions et de critique sur le colonialisme américain qui restent infiniment plus travaillés et développés dans d'autres œuvres, ni même encore l'appartenance avec le canon de Lucky Luke. Certes, il s'agit d'une réinterprétation, pas besoin de faire revenir des personnages connus ou des archétypes narratifs de l'œuvre d'origine tant que l'essence même de l'œuvre reste, voire au contraire qu'elle soit remise en question, mais pourtant ici rien ne colle avec les aventures de Lucky Luke. En ça j’entends que ce cowboy aurait pu être n'importe quel autre quidam. Certes, il est stoïque, droit dans l'âme et dans ses bottes et est une véritable légende de l'ouest, mais ces caractéristiques ne nécessitait pas pour autant de prendre Lucky Luke au lieu d'un autre personnage. Après, c'est vrai que la réinterprétation plus "terre-à-terre" de personnages de légendes nécessite souvent que l'on utilise des personnages légendaires (ou a minima très connus) pour le lectorat, mais cela aurait pu vraiment être n'importe quel autre héros de Western connu ici.
Après, je suis mauvaise langue, les récits font intervenir quelques personnages historiques de l'époque, comme dans les aventures d'origine, mais encore une fois est-ce vraiment là que se trouverait l'essence de Lucky Luke ?
Pas mauvais, en tout cas je suppose. Pas inintéressant, même si peu marquant. Une lecture… que j'ai lu, ça au moins j'en suis sûre.
Je suis peut-être trop dure, après tout comme dit en introduction je ne suis pas la mieux placée pour parler du genre western, prenez mon retour avec des pincettes.
(Note réelle 2,5)
Dur, dur, de comprendre le projet d'Appollo dans cette bande dessinée... Il veut apparemment rendre hommage à Lucky Luke, brosser un portrait des États-Unis à la fin du XIXe, nous proposer un western mélancolique et réfléchir avec nous sur la construction d'une légende. Sauf que ces quatre projets ne réussissent jamais à se marier correctement !
Cela donne des histoires parfois assez réussies, mais dont on se demande systématiquement pourquoi Appollo a voulu les écrire. Certaines mettent en scène des personnages historiques (Louis Riel, Annie Oakley... cette dernière avait d'ailleurs 20 ans en 1880, une incohérence avec le récit présenté), d'autres font plus ou moins croire que les personnages y sont réels (le photographe Curly Wilcox qui doit son nom à un personnage de La Chevauchée fantastique, Vinnie Harold qui vient de La Première balle tue, ou les deux poètes trop clairement inspirés d'Arthur Rimbaud et de Verlaine... mais que viennent-ils faire ici, au Far West, dans un Lucky Luke ?). Il y a donc une sorte de jeu sur l'entremêlement de la réalité et de la fiction, très bien. Le procédé est relativement plaisant et complété par un faux dossier historique à la fin, qui est assez amusant. Mais finalement, dans quel but Appollo fait-il cela ?
Oui, on a un portrait des États-Unis à la fin du XIXe, qui ne manque pas d'intérêt. Mais pour le reste... Lucky Luke ne joue qu'un rôle très limité dans ses propres histoires, donc pourquoi avoir rattaché le tome aussi artificiellement à la saga ? Y a-t-il des raisons autres que marketing ? Difficile à dire, mais je n'aime pas cette volonté de psychologiser des personnages qui n'ont pas été créés pour l'être...
Malgré tout, il faut reconnaître que l'atmosphère langoureuse et mélancolique fonctionne plutôt, voire très bien. C'est principalement dû au dessin de Brüno, que je n'aime pas toujours, mais qui fait ici des merveilles. C'est vraiment ce dessin qui m'a plongé dans l'ambiance et qui m'a évité de regretter d'acheter ce volume. In fine, je dois donc dire que la lecture a été plutôt plaisante et que l'album a beaucoup de points qui suscitent l'intérêt (d'où ma note), mais j'avoue que je me demande encore après avoir refermé l'album ce qu'a voulu nous dire Appollo.
L’album est relativement imposant et, même s’il n’est pas très verbeux, il impose au lecteur une certaine concentration, et du temps de lecture.
Car l’intrigue n’est pas toujours claire, facile à suivre. D’une part à cause des nombreux flash-backs qui parsèment le récit. Mais aussi parce que ce récit n’est pas forcément linéaire, et que j’ai parfois eu du mal à distinguer certains protagonistes.
Le dessin est étrange. Un trait un peu gras, des visages comme burinés. C’est assez froid et sec, et plutôt avare de détails.
L’intrigue s’inspire pas mal de Robin des bois. Et la couverture m’avait laissé penser que ça allait même en être plus proche que ça ne l’est réellement. Car Ferret s’en écarte, pour proposer quelque chose de différent. Ça reste de l’aventure qui flirte avec le médiéval fantastique (la fin en particulier), et qui nous propose un récit noir et violent, âpre, dans lequel on peinerait à trouver un personnage parfait, entièrement positif. C’est aussi l’intérêt du récit de prendre le temps de développer les personnalités, leurs interactions.
Au final, même si parfois ma lecture n’a pas été fluide, c’est un album que j’ai trouvé intéressant.
Note réelle 3,5/5.
Encore un album déchirant sur la perte d’un être cher, après que celui-ci ait lutté – longtemps et sans succès – contre une sale maladie. Certes. Mais je trouve que Laurent Astier est parvenu à maintenir le juste équilibre entre la sincérité et le pathos, qu’il n’a jamais perdu le lecteur avec une surenchère d’effets -même si, au final, on ne peut qu’être touché par cette mort, jeune, et la douleur d’Astier.
Cet album est un hymne à l’amitié, sa force envers et contre tout, une amitié dont Astier nous décrit la construction, la consolidation. C’est aussi une déclaration d’amour – en partie posthume – d’Astier à son ami Cyril. Un amour que j’ai longtemps imaginé homosexuel assumé, tant la prise de conscience de cette amitié, des liens forts unissant Cyril et Laurent étaient montrée de façon appuyée et tactile au départ. Mais ça reste latent (ou imaginé par moi).
Astier prend le temps de bien présenter les personnages, leurs interactions, sans que ce soit trop bavard. Là aussi un bon équilibre est respecté. Astier lui-même, et tous les personnages (copains, famille) sont entiers, crédibles, même si le côté positif, optimiste domine, gommant peut-être certaines failles ou crispations : l’éloignement de Laurent Astier de ses deux copains de lycée est ainsi traité assez rapidement et de façon pudique ensuite. Le cœur étant la relation entre Laurent et Cyril.
J’ajoute que le dessin, réaliste, est très agréable. Dynamique, fluide, plaisant. Et le jeu sur la colorisation, est lui aussi intéressant : en fonction des moments/périodes, plus ou moins dramatiques et optimistes/pessimistes, des couleurs changent et saturent l’espace.
Un récit autobiographique sincère et intéressant.
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Vincent avant Van Gogh
Je ne peux pas dire que la narration de Sergio Salma m’ait enthousiasmé. Au contraire, j’ai trouvé que le rythme était lent, et le ton quelque peu monocorde, comme lorsqu’une personne présente un sujet sensible et passionnant à un auditoire, sans que celui-ci sente que l’orateur est lui-même passionné. Ceci étant dit, j’ai quand même apprécié ma lecture. D’abord, parce que, pour équilibrer ma critique liminaire, on sent que Salma est intéressé par son sujet, et qu’il a pas mal bossé son sujet (à ce propos, une petite bibliographie en fin de volume aurait été la bienvenue, ne serait-ce que pour donner les références des lettres échangées entre Vincent et son frère Théo – documents à la base de l’album de Salma). Ensuite, l’album est intéressant car il propose de mettre en lumière la partie méconnue de la vie de van Gogh – c’est-à-dire plus des deux tiers de sa vie ! Une partie importante, tant elle va être fondatrice de l’homme et de l’artiste qu’il deviendra à la fin de sa vie – car l’album s’arrête au moment où Vincent prend la décision de devenir peintre. En tout cas j’ai appris pas mal de choses concernant un artiste dont je ne suis pas forcément fan, mais qui m’intrigue et m’intéresse. Et ce que j’ai appris de sa période « d’avant » n’a fait que renforcer mon intérêt pour le bonhomme. Vincent vit une enfance très heureuse jusqu’à ce qu’il soit envoyé dans un internat, puis moult établissements, de plus en plus éloignés de sa famille après l’âge de 11 ans. Cette première rupture est ensuite suivie de plusieurs moments forts : déceptions amoureuses, échecs scolaires et professionnels. A chaque fois il retourne dans sa famille pour repartir, comme un cycle infernal, sans qu’il ne trouve sa voie. Dès son plus jeune âge il baigne dans le milieu de la peinture – en tout cas de la vente, sans que cela ne l’intéresse vraiment. Il se révèle même peu doué en la matière lorsqu’il étudie un peu la peinture. Ça n’est que peu à peu, et tardivement, qu’il a prendre conscience de sa capacité à retranscrire avec des pinceaux ce qu’il voit et vit. Il a alors 27 ans (et c’est là que l’album se termine). A part cette petite curiosité, il y a deux points forts qui peuvent expliquer le van Gogh que nous connaissons, celui des dix dernières années. D’abord son expérience quasi christique, lorsque, pensant devenir pasteur, il décide de vivre dans la misère au milieu des mineurs (Salma, qui a déjà publié sur le milieu de la mine est sensible à cet aspect et donne ici une vision presque dantesque de la vie des mineurs dans la Belgique du dernier quart du XIXème siècle) : cela ressemble à une descente en fer autant que dans une mine, avec une déchéance sociale et physique qui inquiète et scandalise son père, mais dont va le faire sortir son frère. Car l’autre point marquant est le lien extrêmement fort qui unit Vincent à son frère Théo, depuis leur enfance jusqu’à la fin de la vie de Vincent. Théo qui a réussit socialement, dans le monde de l’art, va être le confident, le soutien de son frère jusqu’au bout – leur correspondance étant une source inestimable pour qui souhaiterait connaitre van Gogh de l’intérieur (et c’est en grande partie grâce à la femme de Théo que les centaines de peintures de Vincent et plus généralement son travail nous sont parvenus). Si je suis resté un peu sur ma faim par rapport à la narration employée par Salma, son travail permet de faire découvrir l’homme torturé que l’on devine dans les peintures tourmentées de van Gogh. Les amateurs de l’artiste y trouveront donc leur compte.
La Mule et le Sanglier
2.5 Un album qui a comme sujet le sauvetage des jeunes garçons d'une équipe de football thaïlandais qui s'étaient retrouvés prisonniers dans une grotte inondée il y a de cela maintenant quelques années. Le scénario montre bien les faits et j'ai même appris quelques éléments du drame que je ne connaissais pas ou dont je ne me souvenais pas du moins. Cet événement est un bon exemple de ce que peut apporter la persévérance, l'entraide et la solidarité et je pense que c'est le genre de choses qu'on a besoin face à une actualité de plus en plus sombre. On a même laissé de côté la polémique ridicule d'Elon Musk et sa solution bidon pour sauver les gamins et je suis bien content parce que l'évoquer aurait fait tache avec le reste. Malgré tout, ce one-shot n'est pas très passionnant à lire à cause de son dessin trop simpliste. Les gamins ne changent pratiquement pas physiquement et du coup on ne dirait même pas qu'ils sont en danger. Les personnages ont presque toujours la même expression au visage et il y a aucune tension. Le fait que je savais déjà ce que serait le sort des enfants a peut-être joué aussi dans mon appréciation, mais le dessin a fait en sorte que je n'ai pas été captivé.
Les Chroniques de Saint-Roustan
Pierre-Emmanuel Barré, célèbre trublion de Radio Nova, met régulièrement en scène dans ses chroniques le village fictif de Saint-Roustan et ses habitants. Pour ceux qui ne connaitraient pas le personnage, on va dire qu'il pratique un humour très corrosif, et qu'il n'a pas sa langue dans sa poche pour commenter l'actualité politique. Si vous ne connaissez pas Saint-Roustan, imaginez Groland : on n'est pas très loin. Surfant sur le succès rencontré par l'humoriste, Delcourt publie un album inspiré de ses chroniques. Sous forme de strips de quelques cases, ou sur quelques planches les gags se succèdent à bon rythme. Les situations complètement loufoques mettant en scène les habitants de Saint-Roustan ne manquent pas. Certains personnages, comme le maire de la ville qui ressemble étrangement à Guillaume Meurice, viendront régulièrement animer les pages de l'album. D'autres personnages prennent encore plus directement les traits et les répliques des compagnons de Pierre-Emmanuel Barré à la radio, Aymeric Lompret en tête. C'est l'occasion de retranscrire quelques-unes des vannes qu'ils font ensemble à l'antenne. Certains des gags donnent l'impression d'avoir été déjà entendus à la radio. D'autres ont semble-t-il été imaginés pour la BD, mais ils sont dans le même esprit. L'humour un peu gras qui caractérise les sketchs de Pierre-Emmanuel Barré est présent tout au long de l'album. Donc c'est un peu vulgaire et un peu trash.... Mais c'est plutôt drôle, si tant est qu'on aime le style de cet humoriste. C'est inégal, certains gags sont un peu trop lourds, mais d'autres passent plutôt bien. Cela ne fera pas rire tout le monde, mais pour un album adapté de sketchs radios c'est plutôt pas mal.
40 hommes et 12 fusils - Indochine 1954
J'ai beaucoup apprécié cette fiction historique retraçant le fin de la guerre d'Indochine du côté Viet-Minh quelque peu dépolitisée. Minh est un jeune artiste libre d'esprit qui se retrouve enrôlé par les Rouges alors que sa famille et son éducation sont Bleues. Cela donne un récit documenté qui travaille sur deux axes. Le premier axe principal est militaire. Truong nous décrit d'une façon très crédible la montée du jeune soldat artiste vers la bataille décisive de Dien Ben Fu . L'auteur reprend toutes les situations qui ont fait la légende de la bravoure des paysans et paysannes Viet-Minh pour réussir à vaincre les troupes d'élites françaises qui se sont vaillamment battues. L'auteur utilise un road trip qui part du camps d'entrainement chinois jusqu'à l'enfer de Dien Bien Fu pour nous montrer la ténacité d'une armée en sandales, se déplaçant à pieds de nuit sur des terrains difficiles aidée par des JF porteuses de lourdes caisses de munitions sur des axes continuellement bombardés et mitraillés. Le récit ne peut que conduire à l'admiration de ces combattant(e)s qui n'ont jamais faibli malgré des pertes colossales. L'auteur rappelle ainsi que le sort de la bataille a longtemps été incertain. Le second axe narratif concerne le côté politique qui imprégnait le discours idéologique des commissaires accompagnant la troupe. Les talents graphiques de Minh font de lui un élément de choix pour les unités de propagande ( 40 hommes ou femmes défendus par douze soldats) essentielles pour illustrer les exploits des uns et la cruauté des autres à une troupe et ses auxiliaires illettrés. Cette partie rend le personnage de Minh moins crédible. En effet il est douteux qu'une telle indépendance d'esprit considérée comme de l'insolence vis à vis de la doctrine communiste ait pu rester sans châtiment très sévère. Toutefois cela permet à l'auteur d'épingler la cécité de quelques intellectuels de l'époque qui participaient au culte de Staline et de rappeler le jdanovisme artistique qui sévissait dans les pays du bloc communiste. L'une des scène est très symbolique du regard le l'auteur sur la liberté des artistes à cette époque. En effet la caricature que fait Minh de Staline superposé à Mao m'a immédiatement fait penser à la célèbre affaire du portrait de Picasso. Picasso est d'ailleurs honoré quelques pages plus loin comme artiste de la paix avec sa colombe. J'ai donc trouvé ce récit très riche tout au long des presque 300 pages qui se lisent sans effort. Le graphisme propose un N&B précis avec quelques nuances de couleurs. Les extérieurs sont bien travaillés ce qui plonge le/la lecteur-trice immédiatement dans l'ambiance du pays. Ma seule petite réserve graphique est qu'il est parfois difficile de distinguer certains personnages. Une lecture qui m'a parlé par sa justesse de ton et l'originalité de son point de vue. Un bon 4
Switch
Même si je n'adhère pas à l'ensemble du discours d'Eva Roussel je suis sorti de ma lecture avec un petit sourire. Tout d'abord j'ai trouvé ce graphisme plaisant. J'aime bien comment l'autrice se met en scène d'une façon rigolote, moderne et dynamique. J'ai aussi aimé la mise en couleur très printanière qui procure une vraie douceur de lecture. Le texte des illustrations est quelque fois un peu long mais cela se laisse lire facilement pour un large public. Ensuite j'ai bien aimé l'esprit bienveillant qui émane de la narration. Evidemment le discours est militant et engagé sur l'écoféminisme et l'écologie mais cela reste soft à mes yeux. Eva ne réinvente rien et on peut lui reprocher de picorer de droite et de gauche sur des pratiques chamaniques, druidiques ou animiste pour se fabriquer une spiritualité sur mesure. Elle affronte d'ailleurs certaines de ses contradictions et son discours peut paraitre parfois superficiel dans un esprit bobo . Toutefois, j'y ai trouvé une lecture fraiche et sincère.
La Voie Dragon
J'ai trouvé cette série bien adaptée pour un public de 8/12 ans plutôt masculin avide d'aventure et de fantastique. Ce comics à la saveur chinoise se lit très facilement mais ne propose pas de grosse surprise. Le schéma initiatique et messianique est très convenu avec des personnages aux rôles préétablis bien connus. Cela donne un scénario linéaire et sans difficulté de lecture. Les dialogues sont simples et accessibles au plus grand nombre. Toutefois cela évite d'être simpliste ce qui rend la lecture agréable. A mes yeux le point fort reste le dynamisme du graphisme. Cela donne une belle tonicité à la narration où je ne me suis jamais ennuyé. La présentation est très moderne et les différentes situations sont travaillées avec soin. Le mixte humains et guerriers dragons passe très bien pour créer une ambiance exotique réussie. Une lecture jeunesse très classique mais agréable. Un bon 3
Dakota 1880
Hmm, que dire ? Je ne suis pas vraiment férue de Western mais je parviens tout de même à apprécier le caractère sale, complexe et nerveux des western spaghettis. En ce qui concerne les western en BD, il n'y a pas à faire, malgré quelques excursions de ma part de temps en temps et quelques rares exceptions qui parviennent à me plaire ce n'est vraiment pas ma came. Pourtant, comme beaucoup, j'ai grandi avec Lucky Luke, donc des réinterprétations de ce personnages peuvent m'intéresser. Ici, le résultat est… intéressant. Surprenant, surtout, on va dire. En fait je ne sais pas trop quoi en penser. J'apprécie la construction décousue, cet enchaînement d'anecdotes de voyages qui ne sont rapportés par un personnage tierce (nommé Baldwin), qui nous laisse combler les interludes avec notre imagination et se permet quelques petits passages contemplatifs. En ce point l'album est intéressant, on sent qu'il y a eu un peu de réflexion pour son écriture, et pourtant… bah je ne retire pas grand chose de cette lecture. Ni la contemplation que j'ai trouvé convenue, ni les débuts de réflexions et de critique sur le colonialisme américain qui restent infiniment plus travaillés et développés dans d'autres œuvres, ni même encore l'appartenance avec le canon de Lucky Luke. Certes, il s'agit d'une réinterprétation, pas besoin de faire revenir des personnages connus ou des archétypes narratifs de l'œuvre d'origine tant que l'essence même de l'œuvre reste, voire au contraire qu'elle soit remise en question, mais pourtant ici rien ne colle avec les aventures de Lucky Luke. En ça j’entends que ce cowboy aurait pu être n'importe quel autre quidam. Certes, il est stoïque, droit dans l'âme et dans ses bottes et est une véritable légende de l'ouest, mais ces caractéristiques ne nécessitait pas pour autant de prendre Lucky Luke au lieu d'un autre personnage. Après, c'est vrai que la réinterprétation plus "terre-à-terre" de personnages de légendes nécessite souvent que l'on utilise des personnages légendaires (ou a minima très connus) pour le lectorat, mais cela aurait pu vraiment être n'importe quel autre héros de Western connu ici. Après, je suis mauvaise langue, les récits font intervenir quelques personnages historiques de l'époque, comme dans les aventures d'origine, mais encore une fois est-ce vraiment là que se trouverait l'essence de Lucky Luke ? Pas mauvais, en tout cas je suppose. Pas inintéressant, même si peu marquant. Une lecture… que j'ai lu, ça au moins j'en suis sûre. Je suis peut-être trop dure, après tout comme dit en introduction je ne suis pas la mieux placée pour parler du genre western, prenez mon retour avec des pincettes. (Note réelle 2,5)
Dakota 1880
Dur, dur, de comprendre le projet d'Appollo dans cette bande dessinée... Il veut apparemment rendre hommage à Lucky Luke, brosser un portrait des États-Unis à la fin du XIXe, nous proposer un western mélancolique et réfléchir avec nous sur la construction d'une légende. Sauf que ces quatre projets ne réussissent jamais à se marier correctement ! Cela donne des histoires parfois assez réussies, mais dont on se demande systématiquement pourquoi Appollo a voulu les écrire. Certaines mettent en scène des personnages historiques (Louis Riel, Annie Oakley... cette dernière avait d'ailleurs 20 ans en 1880, une incohérence avec le récit présenté), d'autres font plus ou moins croire que les personnages y sont réels (le photographe Curly Wilcox qui doit son nom à un personnage de La Chevauchée fantastique, Vinnie Harold qui vient de La Première balle tue, ou les deux poètes trop clairement inspirés d'Arthur Rimbaud et de Verlaine... mais que viennent-ils faire ici, au Far West, dans un Lucky Luke ?). Il y a donc une sorte de jeu sur l'entremêlement de la réalité et de la fiction, très bien. Le procédé est relativement plaisant et complété par un faux dossier historique à la fin, qui est assez amusant. Mais finalement, dans quel but Appollo fait-il cela ? Oui, on a un portrait des États-Unis à la fin du XIXe, qui ne manque pas d'intérêt. Mais pour le reste... Lucky Luke ne joue qu'un rôle très limité dans ses propres histoires, donc pourquoi avoir rattaché le tome aussi artificiellement à la saga ? Y a-t-il des raisons autres que marketing ? Difficile à dire, mais je n'aime pas cette volonté de psychologiser des personnages qui n'ont pas été créés pour l'être... Malgré tout, il faut reconnaître que l'atmosphère langoureuse et mélancolique fonctionne plutôt, voire très bien. C'est principalement dû au dessin de Brüno, que je n'aime pas toujours, mais qui fait ici des merveilles. C'est vraiment ce dessin qui m'a plongé dans l'ambiance et qui m'a évité de regretter d'acheter ce volume. In fine, je dois donc dire que la lecture a été plutôt plaisante et que l'album a beaucoup de points qui suscitent l'intérêt (d'où ma note), mais j'avoue que je me demande encore après avoir refermé l'album ce qu'a voulu nous dire Appollo.
Mémoires de Gris
L’album est relativement imposant et, même s’il n’est pas très verbeux, il impose au lecteur une certaine concentration, et du temps de lecture. Car l’intrigue n’est pas toujours claire, facile à suivre. D’une part à cause des nombreux flash-backs qui parsèment le récit. Mais aussi parce que ce récit n’est pas forcément linéaire, et que j’ai parfois eu du mal à distinguer certains protagonistes. Le dessin est étrange. Un trait un peu gras, des visages comme burinés. C’est assez froid et sec, et plutôt avare de détails. L’intrigue s’inspire pas mal de Robin des bois. Et la couverture m’avait laissé penser que ça allait même en être plus proche que ça ne l’est réellement. Car Ferret s’en écarte, pour proposer quelque chose de différent. Ça reste de l’aventure qui flirte avec le médiéval fantastique (la fin en particulier), et qui nous propose un récit noir et violent, âpre, dans lequel on peinerait à trouver un personnage parfait, entièrement positif. C’est aussi l’intérêt du récit de prendre le temps de développer les personnalités, leurs interactions. Au final, même si parfois ma lecture n’a pas été fluide, c’est un album que j’ai trouvé intéressant. Note réelle 3,5/5.
La Force de vivre
Encore un album déchirant sur la perte d’un être cher, après que celui-ci ait lutté – longtemps et sans succès – contre une sale maladie. Certes. Mais je trouve que Laurent Astier est parvenu à maintenir le juste équilibre entre la sincérité et le pathos, qu’il n’a jamais perdu le lecteur avec une surenchère d’effets -même si, au final, on ne peut qu’être touché par cette mort, jeune, et la douleur d’Astier. Cet album est un hymne à l’amitié, sa force envers et contre tout, une amitié dont Astier nous décrit la construction, la consolidation. C’est aussi une déclaration d’amour – en partie posthume – d’Astier à son ami Cyril. Un amour que j’ai longtemps imaginé homosexuel assumé, tant la prise de conscience de cette amitié, des liens forts unissant Cyril et Laurent étaient montrée de façon appuyée et tactile au départ. Mais ça reste latent (ou imaginé par moi). Astier prend le temps de bien présenter les personnages, leurs interactions, sans que ce soit trop bavard. Là aussi un bon équilibre est respecté. Astier lui-même, et tous les personnages (copains, famille) sont entiers, crédibles, même si le côté positif, optimiste domine, gommant peut-être certaines failles ou crispations : l’éloignement de Laurent Astier de ses deux copains de lycée est ainsi traité assez rapidement et de façon pudique ensuite. Le cœur étant la relation entre Laurent et Cyril. J’ajoute que le dessin, réaliste, est très agréable. Dynamique, fluide, plaisant. Et le jeu sur la colorisation, est lui aussi intéressant : en fonction des moments/périodes, plus ou moins dramatiques et optimistes/pessimistes, des couleurs changent et saturent l’espace. Un récit autobiographique sincère et intéressant.