À cette époque, l'exact n'est pas le vrai.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Christophe Dabitch pour le récit, et par Nylso (Jean-Michel Masson) pour les dessins. Il comporte deux-cent-vingt-cinq pages de bande dessinée en noir & blanc.
C’était le début du printemps. Les fleurs bourgeonnaient et les animaux frétillaient. La sève montait, les idées paraissaient soudain plus légères au sortir du grand hiver. Quelque chose s’emparait de vous. Des correspondances résonnaient à nouveau, des échos faisaient sens. En un mot, il y avait de l’enthousiasme dans l’air. C’est dans cet état d’esprit que Christophe traversa la place ce matin-là sous les grands arbres pour honorer le rendez-vous promis avec la licorne. Il s’assoit à une terrasse de café, tout se parlant à lui-même : il évoque un loustic, un sacré loustic, un individu que presque personne de connaît. C’est fascinant. Son flux de pensées se poursuit : Mais bientôt ils sauront tout de sa vie, grâce au bédéaste, enfin… au moins ceux qui lisent encore. Christophe fait le constat que c’est rare de trouver une histoire aussi folle que vraie. Comment la dire pour en donner tout le sel ? La réalité est parfois si incroyable qu’il faut en faire une fiction. L’auteur se dit qu’il pourrait imaginer une conversation la nuit tombée sur un bateau au large des côtes anglaises avec un homme mystérieux qui aurait connu Albert. Ou alors il trouverait par hasard le livre oublié d’un auteur inconnu qu’un archiviste aurait déniché sur le plus haut rayonnage d’une grande bibliothèque en Amérique du Sud. En soufflant sur la poussière, l’histoire apparaîtrait par magie.
Christophe se rend au musée de la Chasse et de la Nature, dans le quartier du Marais, à Paris. Il célèbre la cynégétique, l’art de la chasse (oui, on dit art), l’acte immémorial de prédation (plus ou moins empathique) et la beauté maîtrisée des proies (représentées ou empaillées). La nature aussi. Un couple de riches industriels des Ardennes, grands propriétaires, chasseurs et amateurs d’art (François Sommer et son épouse Jacqueline), l’a fondé en 1967 pour y présenter ses collections. Chiens à l’arrêt, sangliers, grandes bêtes. Peintures, dessins, collection d’ares, objets délicats, chevaux, chiens, stratégies de chasse… Une approche d’esthète pour des esprits éclairés, avec une idée de préservation de la faune sauvage. Une part du rapport de l’être humain à la nature, à l’animal, est là, mais, comment dire ? Les temps ont changé. La chasse a mauvaise presse. Alors depuis 2007, le musée propose des résidences immersives à des artistes contemporains dans le domaine de la Fondation (Domaine de Bel-Val, Ardennes) à des fins de restitution. Et ce musée est devenu l’un des plus branchés de Paris. Tête de sanglier et art contemporain : tout le monde est à l’arrêt. Et pourtant, dans le dédale animalier, Christophe avait toujours négligé une salle, et il ne comprend ni pourquoi ni comment. Voilà un an, alors que le musée venait de rouvrir après d’importants travaux, il l’a enfin visitée.
Un bien étrange album : format plus petit, pas tout à fait carré, dessines réalistes avec une forme de simplification en même temps qu’une forte densité de traits, évoquant par moment une parenté avec Jacques Sempé (1932-2022) sans en avoir la légèreté ou l’élégance, des cases sans bordure, parfois juste une illustration avec un texte au-dessus, en-dessous ou sur le côté, parfois des dessins sans un seul mot, d’autres fois des cases alignées en bande, etc. Le lecteur ressent une liberté formelle dans une grande cohérence narrative, évoquant un flux de pensées bien construit se laissant guider par la nature du propos. Il peut ressentir cette même liberté dans la suite de sujets abordés, avec une sensation un peu au fil de l’eau. Tout d’abord l’interrogation de l’auteur (Christophe) sur la manière de présenter son sujet, la licorne. Puis la visite au musée de la Chasse et de la Nature, 62 rue des Archives dans le troisième arrondissement, et sa découverte d’une salle qu’il avait toujours négligée. Un premier souvenir de chasse à la bécasse avec son oncle, sa fascination avec la licorne, l’impossible qu’elle incarne, quelque chose qui échappe et qu’on ne peut contrôler, pas de la pureté, plutôt l’union des contraires. Une nouvelle visite au musée de la Chasse et de la Nature, et le constat que la vitrine consacrée à la licorne a été déposée. Puis brusquement, une séquence qui commence à Paris en avril 1922 posant la question : Qui peut avoir l’idée de vendre la tour Eiffel en 1922 ?
Le récit semble alors prendre la tangente, une nouvelle direction pour se consacrer à Victor Lustig (1890-1947), un célèbre escroc et imposteur qui a vendu la tour Eiffel. Puis l’auteur, Christophe, en discute avec son éditeur Sébastien (Gnaedig ?) : un bon sujet, mais déjà maintes fois abordé par d’autres. Alors il se rabat sur son fils putatif : Albert Lustig (né en 1914), personnage inventé pour l’occasion. Cela procure une sensation étrange : faute d’espoir d’écrire quelque chose d’original sur un escroc de génie, les auteurs en inventent un à la petite semaine. Un peu comme ce choix de narration visuelle, à la manière de Sempé, évidemment sans en avoir le génie… tout en étant plutôt réussie. Quelques petits contours informes et le lecteur voit les feuilles dans les arbres… cependant les façades sont un peu trop de guingois et mal assurées… en revanche le mobilier urbain est authentique à commencer par les barrières de type Croix de Saint André. Finalement, l’artiste sait très bien rendre l’ambiance parisienne, par des détails concrets et authentiques, discrets et parfaitement à leur place : la tour Eiffel bien sûr (avant qu’elle ne soit vendue), la façade de l’hôtel Crillon, l’une des façades du musée national du Moyen Âge-Thermes et hôtel de Cluny, un quai de métro avec ses assises caractéristiques, un réverbère, etc.
D’ailleurs le scénario se montre exigeant vis-à-vis du dessinateur, à la fois pour les différents lieux et environnements, à la fois pour les situations. L’artiste passe ainsi de sites reconnaissables de Paris à une partie de chasse avec son oncle après avoir rallié le bois en barque, la contemplation d’animaux empaillés dans le musée de la Chasse et de la Nature, un paquebot transatlantique, les six tapisseries de la Dame à la licorne (entre 1484 et 1538), une cour d’école à Mouzon dans les Ardennes françaises en 1924, une discussion dans un café parisien à écouter les autres clients tous écrivains, et bien sûr des expéditions de chasse et de safari en Afrique. Sans oublier trois séquences de trois pages, chaque planche composée de quatre cases, montrant une vague forme pouvant d’apparenter à une licorne à demi-dissimulée par la végétation du sous-bois (80 à 82, 125 à 127, 204 à 206). Ainsi le lecteur observe aussi bien Christophe au musée contemplant les œuvres et artefacts ayant trait aux licornes, Victor Lustig convainquant les acheteurs potentiels de la tour Eiffel, Christophe et Sébastien discutant attablés en terrasse, un cerf en train de boire dans la forêt, Rob O’Hara posant à côté d’un trophée de chasse après l’autre, Christophe effectuant des recherches sur Internet. Et – peut-être – la licorne dans les bois.
Mais alors du coup ça raconte quoi ? Hé bien d’abord, cette envie de l’auteur de dire sa fascination pour les licornes et pour ce qu’elles représentent, et aussi cette invraisemblable expédition de chasse à la licorne en Afrique du Sud, en direction des chutes d’Augrabies en suivant d’abord la rivière Orange avant de pénétrer dans le désert du Kalahari jusqu’au village reculé de Riemvasmaak. Et aussi sa fascination pour l’escroc Victor Lustig. Et encore la vie du fils fictionnel de Lustig, l’amitié d’Albert avec François Sommer, la rencontre avec le milliardaire américain Rob O’Hara, grand chasseur au cœur noir et membre du conseil d’administration du Field Museum à Chicago. Étrange de consacrer un récit de nature semi-autobiographique à des personnages de fiction… D’un autre côté, Christophe annonce dès le départ que c’est rare de trouver une histoire aussi folle que vraie. Comment la dire pour en donner tout le sel ? Et il évoque différentes formes de mises en abîmes utilisées par des romanciers de la fin du dix-neuvième siècle pour évoquer des expéditions.
D’ailleurs, au fur et à mesure, le lecteur relève plusieurs références à la pratique de la littérature, et à la création artistique. Il y a cette séquence révélatrice dans un café parisien, où Christophe et Sébastien entendent la conversation d’autres auteurs à des tables autour d’eux. Des remarques portant sur la pratique de leur métier : un est en panne en ce moment et a envie de tout arrêter. Un autre se lamente que son dernier livre a été totalement passé sous silence. Certains commentent leur livre en cours : Pas d’histoire, pas de personnage, pas de psychologie, celui-ci ne veut faire aucune concession cette fois. Un autre énonce : Exposition, dénouement, flashback, en jeu, conflit interne, climax, un arc narratif, twist, il a tout mis ! Une écrivaine explique : Ce n’est pas de l’autofiction au sens habituel du terme mais une fiction autonome autour de l’idée même du moi. Un autre encore évoque Georges Pérec à qui il rend hommage avec un peuple qui n’utilise jamais la lettre P. Le lecteur perçoit une élégante mise en abîme où les auteurs évoquent leur propre démarche créatrice, la démarche de proposer une histoire de fiction (Albert Lustig inventé de toutes pièces), se raccrochant à la réalité (Victor Lustig, un escroc bien réel), dans des périodes historiques marquées (grands chasseurs en Afrique), tout en se mettant en scène eux-mêmes dans la quête d’un sujet pour leur histoire, en se demandant comment la raconter pour lui donner plus d’impact, leur fascination pour la licorne et les différentes qui lui ont été associées. Le lecteur ressent que ces trois apparitions de licorne dans les bois correspondent à une phase de la vie de l’observateur qui sait que son bonheur se trouve dans la poursuite d’une chimère. D’ailleurs l’auteur lui-même, ou plutôt son avatar, finit par prendre conscience que sa démarche relève de l’auto-aveuglement… ce qui a donné un sens passager à sa vie, tout comme la licorne pour Rob O’Hara, ou encore l’image du père pour Albert Lustig.
Une bien étrange bande dessinée, avec une narration visuelle évoquant Sempé, mais pas tout à fait, et une histoire évoquant l’escroc qui a vendu la tour Eiffel, mais pas tout à fait. À la poursuite d’un animal chimérique dans une salle de musée imaginaire, ou dans un safari, avec des dessins légers et évocateurs comme des croquis pris sur le vif, et en même temps une structure solide et une réflexion sur la recherche d’une histoire ayant assez de qualités et de consistance pour être racontée et séduire un lectorat. Une mise en abîme de la démarche d’auteur à créer une œuvre présentant un intérêt pour un potentiel public, et aussi pour investir son existence à la raconter. Un prodigieux cheminement d’auteur pour trouver un sujet qui en vaille coup, une métaphore de la démarche de donner du sens à une histoire, à son histoire, à sa vie.
Encore une figure historique féminine que je ne connaissais pas. Invisibilisation des femmes ou inculture crasse de ma part ? Vous me direz, je ne me vexerai pas.
Hannah Arendt est une philosophe et politologue du XXe siècle. Née en Allemagne et de confession juive, sa vie fut on se doute mouvementée.
La biographie suit trois étapes clefs de son cheminement de vie : sa jeunesse et ses études à Berlin, puis avec le régime hitlérien sa fuite à Paris et finalement l’ultime fuite vers New-York suite à l’avancée des troupes allemandes.
Ce sont surtout les chapitres à Berlin et New-York qui permettent au lecteur de comprendre l’évolution de ses idées politiques et philosophiques. Et on y voit surtout tout l’environnement dans lequel elle a passé ses années universitaires et les échanges qui ont pu nourrir sa réflexion. Une multitude d’intellectuels et d’artistes défilent, Einstein, Chagall..., Mais surtout son professeur Heidegger avec lequel elle nouera une relation amoureuse. Curieuse relation entre elle la juive et lui séduit par l’idéologie nazie.
On retrouve, après sa fuite en Amérique, toute l’intelligentsia à laquelle Hannah participe. Elle y obtient un poste à l’université et retrouve toute une communauté avec laquelle elle peut partager et développer ses idées politiques sur les régimes totalitaires.
Curieusement, même si leur relation est terminée, elle ne remettra jamais en cause son admiration pour Heidegger et continuera à le défendre.
C’est surtout sur cette partie de la biographie qu’on pourra avoir un aperçu, mais visiblement succinct, de son travail philosophique et de réflexion politique.
Un peu léger donc, mais l’ouvrage a eu le mérite de me faire découvrir cette penseuse. D’autant que la partie graphique, même si ce n’est pas ma tasse de thé d’habitude, m’a paru bien adaptée au sujet, avec des personnages reconnaissables. Pas mal donc.
Pfiou, ça y est je suis arrivé au bout des 12 tomes de ce manga... Mais que ce fut long...
Pourtant l'idée de départ est très bonne et j'ai dévoré les premiers tomes qui installent les personnages et l'idée conductrice à savoir, le fait de débarrasser le monde de tous ses meurtriers et voyous peut-il s’apparenter à de la justice ou à de simples meurtres ? Et ce nouveau monde ainsi créé serait-il meilleur ?
Mais ensuite, l'histoire s'enlise et la narration est d'une telle lourdeur que j'avais parfois envie de sauter des pages pour aller plus vite dans ma lecture. J'ai notamment trouvé interminables et répétitives les scènes où les protagonistes réfléchissent aux différentes hypothèses : "Si L-Kira a contacté X-Kira pour dire au 3ème Kira de tuer des gens, alors L-Kira ne peut pas être Light". LOURD, dis-je...
De plus, certains personnages ne sont vraiment pas crédibles avec une mention spéciale pour Near qui est capable de réfléchir comme un astrophysicien tout en jouant avec des figurines en plastique et un train électrique... La surenchère depuis le personnage de L qui avait déjà un comportement et des manières très décalés par rapport à son intelligence hors norme en devient un peu ridicule. Mais bon, la série étant un succès, il a fallu étirer au delà du 6ème tome...
Enfin, j'aurais peut-être préféré une fin moins convenue quitte à faire triompher le mal, Light Yagami méritant nettement mieux que cette fin rapide après 12 tomes.
Côté dessin, c'est plutôt bien réalisé dans la plus pure tradition des mangas. Les scènes sont habilement découpées, bien que le texte est parfois un peu trop présent entre les dialogues et les pensées des différents personnages.
Un petit 3/5 pour l'excellente idée de départ et pour le dessin.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 12/20
2.5
Je ne sais pas trop quoi penser de cet album qui a des qualités et des défauts.
Le début est prenant et j'aime bien le contexte historique de l'intrigue: l'Indochine avec toutes les magouilles du temps des colonies. J'ai vraiment bien le premier tiers de l'album, mais au fil des pages j'ai commencé à être moins enthousiaste. Il y a trop de sous-intrigues et le récit tire en longueur. Lorsque j'ai lu sur un autre site que le roman de base fait 700 pages que la bande dessinée est un résumé condensé, ben je pense qu'il y a des bonnes chances que j'aurais jamais fini l'œuvre original ! En tout cas, lorsqu'on arrive enfin à la fin j'en avais plus grand chose à foutre de cette famille et de ses secrets.
Le dessin de De Metter est toujours aussi élégant, mais je le trouve trop froid. Lorsqu'il y avait des scènes plus émotives, je ne ressentais rien du tout.
C’est je crois la première publication d’Alex, mais c’est le dernier album de lui qu'il me restait à lire. Et j’en suis sorti une nouvelle fois conquis. Même si, comme souvent, le scénario léger fait qu’on traverse cette lecture très rapidement.
Mais Alex, dans le genre particulier des BD de cul, propose à ses lecteurs quelque chose d’original. En effet, là encore, ce n’est pas une bimbo, jeune et à forte poitrine, mais plutôt une femme mûre (ici la quarantaine), « ordinaire » (sans que cet adjectif ait quelque chose de péjoratif) que nous suivons.
Et, même si ici l’homme et la femme que nous suivons quasi exclusivement (seuls quelques rares personnages secondaires apparaissent furtivement) ont des pratiques qui sortent de l’ordinaire (la femme est exhibitionniste et tout chez elle est filmé, elle ne cache rien de son intimité), Alex nous les rend familier et « normaux », presque banals.
Et du coup le scénario – un peu maigre hélas – passe très bien, c’est fluide, crédible, on peut s’attacher aux personnages.
Et les amateurs du genre ne seront pas déçus. En effet, Alex a un très bon coup de crayons, les scènes de sexe sont émoustillantes, avec un dessin au rendu presque hyperréaliste parfois.
Et la colorisation, au trait un peu granuleux, accentue le côté « réaliste » et des personnages – en tout cas j’aime bien le travail de cet auteur.
Vite lu donc, mais avec plaisir, c’est un auteur qui n’a jamais eu besoin de sexes et de poitrines gonflés pour développer une forte sensualité.
Je sais que pour le moment on n'a droit qu'à un premier tome introductif, mais j'ai l'impression que ma note ne va pas trop changer au fil des tomes au vu de ce que je pense de la plupart des productions de Xavier Dorrison.
Pour moi, c'est un scénariste efficace, mais je ne suis pas très fan de son style d'écriture. Lorsque je lis un de ses albums, j'ai souvent l'impression de regarder un blockbuster formaté d'Hollywood et ce fut encore le cas ici. Le sujet de départ, mettre en avant les gardes du corps du général De Gaulle, est bonne, étant donné que c'est un homme d'état qu'on a essayé d'assassiner plusieurs fois, mais le traitement de cette idée est un peu trop cliché. Dans la réalité, un des gardes du corps du général a été remplacé en cours de route par un autre alors on va avoir une intrigue où le nouveau est plus professionnel que les trois autres et cela va créer des tensions. Le nouveau va aussi finir par coucher avec une femme sexy dans une scène qui fait plus penser à James Bond qu'à la réalité.
Le scénario reste sympathique à lire et le dessin est très bon (réaliste sans être figé), mais c'est trop cliché pour que je trouve ça passionnant à lire. Les personnages sont trop souvent réduits à des stéréotypes comme la voisine pro-Algérie française peu commode. Je vais peut-être lire la suite par curiosité, mais vu le nombre de tomes annoncés je pense qu'il y a des chances pour que j'abandonne avant la fin.
J’ai emprunté au hasard les deux albums à ma médiathèque, pensant découvrir une nouveauté fantasy. Et ce n’est qu’en voulant aviser la série que j’ai appris que c’était une nouvelle réédition d’un « vieux » manga, et aussi apparemment l’adaptation d’un jeu vidéo/anime – que je ne connaissais pas du tout (je pense que le nouvel éditeur, Pika, aurait pu signaler ce fait…).
Dès l’entame j’ai été surpris par l’intrigue, très fortement inspirée de la fantasy européenne classique, et par le dessin, qui lui aussi est plus américain ou européen que japonais, sauf pour certains visages.
Pour rester sur le dessin, il a de belles choses, mais hélas tout est noyé dans quelque chose qui l’enlaidit et/ou le rend difficilement lisible. D’abord, alors que les dessins en couleurs dans la galerie en fin de second volume donnent envie, la série est en Noir et Blanc, mais avec un trait gras, qui rend illisible la plupart des détails – pourtant visiblement nombreux en arrière-plan. Et toutes les scènes – très nombreuses elles aussi – de bataille/bagarre sont confuses et indéchiffrables.
Quant au récit, il manque cruellement d’originalité, dans les grandes lignes comme dans les détails. Les personnages sont caricaturaux, et les dialogues sont eux-aussi coincés dans le même genre de moule. Du coup, difficile de s’attacher aux personnages, à l’intrigue, ou aux dessins. Peut-être ceux qui connaissent l’univers semble-t-il adapté ici y trouveront un peu plus de plaisir, mais j’ai traversé cette série sans enthousiasme, je me suis même plusieurs fois ennuyé, et j’ai refermé le second album en me disant que j’aurais rapidement oublié cette histoire, et qu’il fallait vite écrire mon avis avant que tout disparaisse – sans regret.
Réhabilitons le docteur… et le dessin de cette bd ! Les images me semblent discrètement dépressives, comme le médecin. Sa survie, ses efforts pour arracher des victimes en échange de ses bons soins, tout lui interdit de se laisser aller. On le voit pourtant toujours triste, d'abord et bien sûr à cause du nazisme, et ensuite qu'on l'accuse de complicité. Du dynamisme, des couleurs ? Et pourquoi pas le docteur courant en tout sens comme les héros des films d'action ? Il agit comme médecin, pas comme cascadeur. Comme on n'est pas au cœur de l'enfer, dans les camps, il serait excessif d'adopter un style expressionniste, mais de là à introduire francs sourires et rayons de soleil, il ne faut pas abuser !
De cette tristesse suppure le courage… et la compassion du personnage principal, comme médecin pour ses malades, si répugnants soient-ils, et pour les victimes. J'attribue d'ailleurs à sa compétence de personne soulageant les douleurs, mais aussi à sa compassion, à sa psychologie d'avoir pu obtenir la grâce de tant de victimes ! Je ne sais si on réhabilitera le docteur, mais j'exprime ma plus vive admiration pour son intelligence, son empathie, son courage, son action sans désir de récompense et le fait qu'on l'ait accusé à tort, à la fin, sans l'aigrir. Si les morts peuvent nous lire, bravo et merci !
On dirait une autofiction en bande dessinée, qui peut nous apprendre, non quelque chose de solide sur l'Iran, mais une impression d'une personne qui en vient. Pourquoi pas le lire, mais à quoi bon le relire ? Il y a des bulles spéculatives en art comme ailleurs, pas forcément en l'occurrence pour gagner de l'argent mais se prouver et manifester aux autres qu'on fait partie des happy few de l'art et de la politique. Il en va de même de tant de choses ! Il faudrait en être. Je ne condamne pas les Rastignac obligés à cet exercice et à tant d'autres, mais quand on n'a rien de véritable à gagner, mieux vaut… tourner la page !
Je ne comprends pas trop les reproches sur cette oeuvre. C'est une saga de fantasy médiévale solide.
Gimenez était aussi un bon scénariste. L'histoire et la narration bien que sans génie particulier sont maîtrisés pendant les trois tomes. Il y a des accents de tragédie grecque dans cette histoire qui m'ont beaucoup plu.
J'ai trouvé le dessin un ton en dessous de la caste des metabarons mais 10 crans au dessus de 99% de la production actuelle, donc ça compense.
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L'Homme à la licorne
À cette époque, l'exact n'est pas le vrai. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Christophe Dabitch pour le récit, et par Nylso (Jean-Michel Masson) pour les dessins. Il comporte deux-cent-vingt-cinq pages de bande dessinée en noir & blanc. C’était le début du printemps. Les fleurs bourgeonnaient et les animaux frétillaient. La sève montait, les idées paraissaient soudain plus légères au sortir du grand hiver. Quelque chose s’emparait de vous. Des correspondances résonnaient à nouveau, des échos faisaient sens. En un mot, il y avait de l’enthousiasme dans l’air. C’est dans cet état d’esprit que Christophe traversa la place ce matin-là sous les grands arbres pour honorer le rendez-vous promis avec la licorne. Il s’assoit à une terrasse de café, tout se parlant à lui-même : il évoque un loustic, un sacré loustic, un individu que presque personne de connaît. C’est fascinant. Son flux de pensées se poursuit : Mais bientôt ils sauront tout de sa vie, grâce au bédéaste, enfin… au moins ceux qui lisent encore. Christophe fait le constat que c’est rare de trouver une histoire aussi folle que vraie. Comment la dire pour en donner tout le sel ? La réalité est parfois si incroyable qu’il faut en faire une fiction. L’auteur se dit qu’il pourrait imaginer une conversation la nuit tombée sur un bateau au large des côtes anglaises avec un homme mystérieux qui aurait connu Albert. Ou alors il trouverait par hasard le livre oublié d’un auteur inconnu qu’un archiviste aurait déniché sur le plus haut rayonnage d’une grande bibliothèque en Amérique du Sud. En soufflant sur la poussière, l’histoire apparaîtrait par magie. Christophe se rend au musée de la Chasse et de la Nature, dans le quartier du Marais, à Paris. Il célèbre la cynégétique, l’art de la chasse (oui, on dit art), l’acte immémorial de prédation (plus ou moins empathique) et la beauté maîtrisée des proies (représentées ou empaillées). La nature aussi. Un couple de riches industriels des Ardennes, grands propriétaires, chasseurs et amateurs d’art (François Sommer et son épouse Jacqueline), l’a fondé en 1967 pour y présenter ses collections. Chiens à l’arrêt, sangliers, grandes bêtes. Peintures, dessins, collection d’ares, objets délicats, chevaux, chiens, stratégies de chasse… Une approche d’esthète pour des esprits éclairés, avec une idée de préservation de la faune sauvage. Une part du rapport de l’être humain à la nature, à l’animal, est là, mais, comment dire ? Les temps ont changé. La chasse a mauvaise presse. Alors depuis 2007, le musée propose des résidences immersives à des artistes contemporains dans le domaine de la Fondation (Domaine de Bel-Val, Ardennes) à des fins de restitution. Et ce musée est devenu l’un des plus branchés de Paris. Tête de sanglier et art contemporain : tout le monde est à l’arrêt. Et pourtant, dans le dédale animalier, Christophe avait toujours négligé une salle, et il ne comprend ni pourquoi ni comment. Voilà un an, alors que le musée venait de rouvrir après d’importants travaux, il l’a enfin visitée. Un bien étrange album : format plus petit, pas tout à fait carré, dessines réalistes avec une forme de simplification en même temps qu’une forte densité de traits, évoquant par moment une parenté avec Jacques Sempé (1932-2022) sans en avoir la légèreté ou l’élégance, des cases sans bordure, parfois juste une illustration avec un texte au-dessus, en-dessous ou sur le côté, parfois des dessins sans un seul mot, d’autres fois des cases alignées en bande, etc. Le lecteur ressent une liberté formelle dans une grande cohérence narrative, évoquant un flux de pensées bien construit se laissant guider par la nature du propos. Il peut ressentir cette même liberté dans la suite de sujets abordés, avec une sensation un peu au fil de l’eau. Tout d’abord l’interrogation de l’auteur (Christophe) sur la manière de présenter son sujet, la licorne. Puis la visite au musée de la Chasse et de la Nature, 62 rue des Archives dans le troisième arrondissement, et sa découverte d’une salle qu’il avait toujours négligée. Un premier souvenir de chasse à la bécasse avec son oncle, sa fascination avec la licorne, l’impossible qu’elle incarne, quelque chose qui échappe et qu’on ne peut contrôler, pas de la pureté, plutôt l’union des contraires. Une nouvelle visite au musée de la Chasse et de la Nature, et le constat que la vitrine consacrée à la licorne a été déposée. Puis brusquement, une séquence qui commence à Paris en avril 1922 posant la question : Qui peut avoir l’idée de vendre la tour Eiffel en 1922 ? Le récit semble alors prendre la tangente, une nouvelle direction pour se consacrer à Victor Lustig (1890-1947), un célèbre escroc et imposteur qui a vendu la tour Eiffel. Puis l’auteur, Christophe, en discute avec son éditeur Sébastien (Gnaedig ?) : un bon sujet, mais déjà maintes fois abordé par d’autres. Alors il se rabat sur son fils putatif : Albert Lustig (né en 1914), personnage inventé pour l’occasion. Cela procure une sensation étrange : faute d’espoir d’écrire quelque chose d’original sur un escroc de génie, les auteurs en inventent un à la petite semaine. Un peu comme ce choix de narration visuelle, à la manière de Sempé, évidemment sans en avoir le génie… tout en étant plutôt réussie. Quelques petits contours informes et le lecteur voit les feuilles dans les arbres… cependant les façades sont un peu trop de guingois et mal assurées… en revanche le mobilier urbain est authentique à commencer par les barrières de type Croix de Saint André. Finalement, l’artiste sait très bien rendre l’ambiance parisienne, par des détails concrets et authentiques, discrets et parfaitement à leur place : la tour Eiffel bien sûr (avant qu’elle ne soit vendue), la façade de l’hôtel Crillon, l’une des façades du musée national du Moyen Âge-Thermes et hôtel de Cluny, un quai de métro avec ses assises caractéristiques, un réverbère, etc. D’ailleurs le scénario se montre exigeant vis-à-vis du dessinateur, à la fois pour les différents lieux et environnements, à la fois pour les situations. L’artiste passe ainsi de sites reconnaissables de Paris à une partie de chasse avec son oncle après avoir rallié le bois en barque, la contemplation d’animaux empaillés dans le musée de la Chasse et de la Nature, un paquebot transatlantique, les six tapisseries de la Dame à la licorne (entre 1484 et 1538), une cour d’école à Mouzon dans les Ardennes françaises en 1924, une discussion dans un café parisien à écouter les autres clients tous écrivains, et bien sûr des expéditions de chasse et de safari en Afrique. Sans oublier trois séquences de trois pages, chaque planche composée de quatre cases, montrant une vague forme pouvant d’apparenter à une licorne à demi-dissimulée par la végétation du sous-bois (80 à 82, 125 à 127, 204 à 206). Ainsi le lecteur observe aussi bien Christophe au musée contemplant les œuvres et artefacts ayant trait aux licornes, Victor Lustig convainquant les acheteurs potentiels de la tour Eiffel, Christophe et Sébastien discutant attablés en terrasse, un cerf en train de boire dans la forêt, Rob O’Hara posant à côté d’un trophée de chasse après l’autre, Christophe effectuant des recherches sur Internet. Et – peut-être – la licorne dans les bois. Mais alors du coup ça raconte quoi ? Hé bien d’abord, cette envie de l’auteur de dire sa fascination pour les licornes et pour ce qu’elles représentent, et aussi cette invraisemblable expédition de chasse à la licorne en Afrique du Sud, en direction des chutes d’Augrabies en suivant d’abord la rivière Orange avant de pénétrer dans le désert du Kalahari jusqu’au village reculé de Riemvasmaak. Et aussi sa fascination pour l’escroc Victor Lustig. Et encore la vie du fils fictionnel de Lustig, l’amitié d’Albert avec François Sommer, la rencontre avec le milliardaire américain Rob O’Hara, grand chasseur au cœur noir et membre du conseil d’administration du Field Museum à Chicago. Étrange de consacrer un récit de nature semi-autobiographique à des personnages de fiction… D’un autre côté, Christophe annonce dès le départ que c’est rare de trouver une histoire aussi folle que vraie. Comment la dire pour en donner tout le sel ? Et il évoque différentes formes de mises en abîmes utilisées par des romanciers de la fin du dix-neuvième siècle pour évoquer des expéditions. D’ailleurs, au fur et à mesure, le lecteur relève plusieurs références à la pratique de la littérature, et à la création artistique. Il y a cette séquence révélatrice dans un café parisien, où Christophe et Sébastien entendent la conversation d’autres auteurs à des tables autour d’eux. Des remarques portant sur la pratique de leur métier : un est en panne en ce moment et a envie de tout arrêter. Un autre se lamente que son dernier livre a été totalement passé sous silence. Certains commentent leur livre en cours : Pas d’histoire, pas de personnage, pas de psychologie, celui-ci ne veut faire aucune concession cette fois. Un autre énonce : Exposition, dénouement, flashback, en jeu, conflit interne, climax, un arc narratif, twist, il a tout mis ! Une écrivaine explique : Ce n’est pas de l’autofiction au sens habituel du terme mais une fiction autonome autour de l’idée même du moi. Un autre encore évoque Georges Pérec à qui il rend hommage avec un peuple qui n’utilise jamais la lettre P. Le lecteur perçoit une élégante mise en abîme où les auteurs évoquent leur propre démarche créatrice, la démarche de proposer une histoire de fiction (Albert Lustig inventé de toutes pièces), se raccrochant à la réalité (Victor Lustig, un escroc bien réel), dans des périodes historiques marquées (grands chasseurs en Afrique), tout en se mettant en scène eux-mêmes dans la quête d’un sujet pour leur histoire, en se demandant comment la raconter pour lui donner plus d’impact, leur fascination pour la licorne et les différentes qui lui ont été associées. Le lecteur ressent que ces trois apparitions de licorne dans les bois correspondent à une phase de la vie de l’observateur qui sait que son bonheur se trouve dans la poursuite d’une chimère. D’ailleurs l’auteur lui-même, ou plutôt son avatar, finit par prendre conscience que sa démarche relève de l’auto-aveuglement… ce qui a donné un sens passager à sa vie, tout comme la licorne pour Rob O’Hara, ou encore l’image du père pour Albert Lustig. Une bien étrange bande dessinée, avec une narration visuelle évoquant Sempé, mais pas tout à fait, et une histoire évoquant l’escroc qui a vendu la tour Eiffel, mais pas tout à fait. À la poursuite d’un animal chimérique dans une salle de musée imaginaire, ou dans un safari, avec des dessins légers et évocateurs comme des croquis pris sur le vif, et en même temps une structure solide et une réflexion sur la recherche d’une histoire ayant assez de qualités et de consistance pour être racontée et séduire un lectorat. Une mise en abîme de la démarche d’auteur à créer une œuvre présentant un intérêt pour un potentiel public, et aussi pour investir son existence à la raconter. Un prodigieux cheminement d’auteur pour trouver un sujet qui en vaille coup, une métaphore de la démarche de donner du sens à une histoire, à son histoire, à sa vie.
Les Trois Vies de Hannah Arendt
Encore une figure historique féminine que je ne connaissais pas. Invisibilisation des femmes ou inculture crasse de ma part ? Vous me direz, je ne me vexerai pas. Hannah Arendt est une philosophe et politologue du XXe siècle. Née en Allemagne et de confession juive, sa vie fut on se doute mouvementée. La biographie suit trois étapes clefs de son cheminement de vie : sa jeunesse et ses études à Berlin, puis avec le régime hitlérien sa fuite à Paris et finalement l’ultime fuite vers New-York suite à l’avancée des troupes allemandes. Ce sont surtout les chapitres à Berlin et New-York qui permettent au lecteur de comprendre l’évolution de ses idées politiques et philosophiques. Et on y voit surtout tout l’environnement dans lequel elle a passé ses années universitaires et les échanges qui ont pu nourrir sa réflexion. Une multitude d’intellectuels et d’artistes défilent, Einstein, Chagall..., Mais surtout son professeur Heidegger avec lequel elle nouera une relation amoureuse. Curieuse relation entre elle la juive et lui séduit par l’idéologie nazie. On retrouve, après sa fuite en Amérique, toute l’intelligentsia à laquelle Hannah participe. Elle y obtient un poste à l’université et retrouve toute une communauté avec laquelle elle peut partager et développer ses idées politiques sur les régimes totalitaires. Curieusement, même si leur relation est terminée, elle ne remettra jamais en cause son admiration pour Heidegger et continuera à le défendre. C’est surtout sur cette partie de la biographie qu’on pourra avoir un aperçu, mais visiblement succinct, de son travail philosophique et de réflexion politique. Un peu léger donc, mais l’ouvrage a eu le mérite de me faire découvrir cette penseuse. D’autant que la partie graphique, même si ce n’est pas ma tasse de thé d’habitude, m’a paru bien adaptée au sujet, avec des personnages reconnaissables. Pas mal donc.
Death Note
Pfiou, ça y est je suis arrivé au bout des 12 tomes de ce manga... Mais que ce fut long... Pourtant l'idée de départ est très bonne et j'ai dévoré les premiers tomes qui installent les personnages et l'idée conductrice à savoir, le fait de débarrasser le monde de tous ses meurtriers et voyous peut-il s’apparenter à de la justice ou à de simples meurtres ? Et ce nouveau monde ainsi créé serait-il meilleur ? Mais ensuite, l'histoire s'enlise et la narration est d'une telle lourdeur que j'avais parfois envie de sauter des pages pour aller plus vite dans ma lecture. J'ai notamment trouvé interminables et répétitives les scènes où les protagonistes réfléchissent aux différentes hypothèses : "Si L-Kira a contacté X-Kira pour dire au 3ème Kira de tuer des gens, alors L-Kira ne peut pas être Light". LOURD, dis-je... De plus, certains personnages ne sont vraiment pas crédibles avec une mention spéciale pour Near qui est capable de réfléchir comme un astrophysicien tout en jouant avec des figurines en plastique et un train électrique... La surenchère depuis le personnage de L qui avait déjà un comportement et des manières très décalés par rapport à son intelligence hors norme en devient un peu ridicule. Mais bon, la série étant un succès, il a fallu étirer au delà du 6ème tome... Enfin, j'aurais peut-être préféré une fin moins convenue quitte à faire triompher le mal, Light Yagami méritant nettement mieux que cette fin rapide après 12 tomes. Côté dessin, c'est plutôt bien réalisé dans la plus pure tradition des mangas. Les scènes sont habilement découpées, bien que le texte est parfois un peu trop présent entre les dialogues et les pensées des différents personnages. Un petit 3/5 pour l'excellente idée de départ et pour le dessin. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 12/20
Le Grand Monde
2.5 Je ne sais pas trop quoi penser de cet album qui a des qualités et des défauts. Le début est prenant et j'aime bien le contexte historique de l'intrigue: l'Indochine avec toutes les magouilles du temps des colonies. J'ai vraiment bien le premier tiers de l'album, mais au fil des pages j'ai commencé à être moins enthousiaste. Il y a trop de sous-intrigues et le récit tire en longueur. Lorsque j'ai lu sur un autre site que le roman de base fait 700 pages que la bande dessinée est un résumé condensé, ben je pense qu'il y a des bonnes chances que j'aurais jamais fini l'œuvre original ! En tout cas, lorsqu'on arrive enfin à la fin j'en avais plus grand chose à foutre de cette famille et de ses secrets. Le dessin de De Metter est toujours aussi élégant, mais je le trouve trop froid. Lorsqu'il y avait des scènes plus émotives, je ne ressentais rien du tout.
La Chambre de verre
C’est je crois la première publication d’Alex, mais c’est le dernier album de lui qu'il me restait à lire. Et j’en suis sorti une nouvelle fois conquis. Même si, comme souvent, le scénario léger fait qu’on traverse cette lecture très rapidement. Mais Alex, dans le genre particulier des BD de cul, propose à ses lecteurs quelque chose d’original. En effet, là encore, ce n’est pas une bimbo, jeune et à forte poitrine, mais plutôt une femme mûre (ici la quarantaine), « ordinaire » (sans que cet adjectif ait quelque chose de péjoratif) que nous suivons. Et, même si ici l’homme et la femme que nous suivons quasi exclusivement (seuls quelques rares personnages secondaires apparaissent furtivement) ont des pratiques qui sortent de l’ordinaire (la femme est exhibitionniste et tout chez elle est filmé, elle ne cache rien de son intimité), Alex nous les rend familier et « normaux », presque banals. Et du coup le scénario – un peu maigre hélas – passe très bien, c’est fluide, crédible, on peut s’attacher aux personnages. Et les amateurs du genre ne seront pas déçus. En effet, Alex a un très bon coup de crayons, les scènes de sexe sont émoustillantes, avec un dessin au rendu presque hyperréaliste parfois. Et la colorisation, au trait un peu granuleux, accentue le côté « réaliste » et des personnages – en tout cas j’aime bien le travail de cet auteur. Vite lu donc, mais avec plaisir, c’est un auteur qui n’a jamais eu besoin de sexes et de poitrines gonflés pour développer une forte sensualité.
Les Gorilles du Général
Je sais que pour le moment on n'a droit qu'à un premier tome introductif, mais j'ai l'impression que ma note ne va pas trop changer au fil des tomes au vu de ce que je pense de la plupart des productions de Xavier Dorrison. Pour moi, c'est un scénariste efficace, mais je ne suis pas très fan de son style d'écriture. Lorsque je lis un de ses albums, j'ai souvent l'impression de regarder un blockbuster formaté d'Hollywood et ce fut encore le cas ici. Le sujet de départ, mettre en avant les gardes du corps du général De Gaulle, est bonne, étant donné que c'est un homme d'état qu'on a essayé d'assassiner plusieurs fois, mais le traitement de cette idée est un peu trop cliché. Dans la réalité, un des gardes du corps du général a été remplacé en cours de route par un autre alors on va avoir une intrigue où le nouveau est plus professionnel que les trois autres et cela va créer des tensions. Le nouveau va aussi finir par coucher avec une femme sexy dans une scène qui fait plus penser à James Bond qu'à la réalité. Le scénario reste sympathique à lire et le dessin est très bon (réaliste sans être figé), mais c'est trop cliché pour que je trouve ça passionnant à lire. Les personnages sont trop souvent réduits à des stéréotypes comme la voisine pro-Algérie française peu commode. Je vais peut-être lire la suite par curiosité, mais vu le nombre de tomes annoncés je pense qu'il y a des chances pour que j'abandonne avant la fin.
Les Chroniques de la guerre de Lodoss
J’ai emprunté au hasard les deux albums à ma médiathèque, pensant découvrir une nouveauté fantasy. Et ce n’est qu’en voulant aviser la série que j’ai appris que c’était une nouvelle réédition d’un « vieux » manga, et aussi apparemment l’adaptation d’un jeu vidéo/anime – que je ne connaissais pas du tout (je pense que le nouvel éditeur, Pika, aurait pu signaler ce fait…). Dès l’entame j’ai été surpris par l’intrigue, très fortement inspirée de la fantasy européenne classique, et par le dessin, qui lui aussi est plus américain ou européen que japonais, sauf pour certains visages. Pour rester sur le dessin, il a de belles choses, mais hélas tout est noyé dans quelque chose qui l’enlaidit et/ou le rend difficilement lisible. D’abord, alors que les dessins en couleurs dans la galerie en fin de second volume donnent envie, la série est en Noir et Blanc, mais avec un trait gras, qui rend illisible la plupart des détails – pourtant visiblement nombreux en arrière-plan. Et toutes les scènes – très nombreuses elles aussi – de bataille/bagarre sont confuses et indéchiffrables. Quant au récit, il manque cruellement d’originalité, dans les grandes lignes comme dans les détails. Les personnages sont caricaturaux, et les dialogues sont eux-aussi coincés dans le même genre de moule. Du coup, difficile de s’attacher aux personnages, à l’intrigue, ou aux dessins. Peut-être ceux qui connaissent l’univers semble-t-il adapté ici y trouveront un peu plus de plaisir, mais j’ai traversé cette série sans enthousiasme, je me suis même plusieurs fois ennuyé, et j’ai refermé le second album en me disant que j’aurais rapidement oublié cette histoire, et qu’il fallait vite écrire mon avis avant que tout disparaisse – sans regret.
Kersten - Médecin d'Himmler
Réhabilitons le docteur… et le dessin de cette bd ! Les images me semblent discrètement dépressives, comme le médecin. Sa survie, ses efforts pour arracher des victimes en échange de ses bons soins, tout lui interdit de se laisser aller. On le voit pourtant toujours triste, d'abord et bien sûr à cause du nazisme, et ensuite qu'on l'accuse de complicité. Du dynamisme, des couleurs ? Et pourquoi pas le docteur courant en tout sens comme les héros des films d'action ? Il agit comme médecin, pas comme cascadeur. Comme on n'est pas au cœur de l'enfer, dans les camps, il serait excessif d'adopter un style expressionniste, mais de là à introduire francs sourires et rayons de soleil, il ne faut pas abuser ! De cette tristesse suppure le courage… et la compassion du personnage principal, comme médecin pour ses malades, si répugnants soient-ils, et pour les victimes. J'attribue d'ailleurs à sa compétence de personne soulageant les douleurs, mais aussi à sa compassion, à sa psychologie d'avoir pu obtenir la grâce de tant de victimes ! Je ne sais si on réhabilitera le docteur, mais j'exprime ma plus vive admiration pour son intelligence, son empathie, son courage, son action sans désir de récompense et le fait qu'on l'ait accusé à tort, à la fin, sans l'aigrir. Si les morts peuvent nous lire, bravo et merci !
Persepolis
On dirait une autofiction en bande dessinée, qui peut nous apprendre, non quelque chose de solide sur l'Iran, mais une impression d'une personne qui en vient. Pourquoi pas le lire, mais à quoi bon le relire ? Il y a des bulles spéculatives en art comme ailleurs, pas forcément en l'occurrence pour gagner de l'argent mais se prouver et manifester aux autres qu'on fait partie des happy few de l'art et de la politique. Il en va de même de tant de choses ! Il faudrait en être. Je ne condamne pas les Rastignac obligés à cet exercice et à tant d'autres, mais quand on n'a rien de véritable à gagner, mieux vaut… tourner la page !
Moi, Dragon
Je ne comprends pas trop les reproches sur cette oeuvre. C'est une saga de fantasy médiévale solide. Gimenez était aussi un bon scénariste. L'histoire et la narration bien que sans génie particulier sont maîtrisés pendant les trois tomes. Il y a des accents de tragédie grecque dans cette histoire qui m'ont beaucoup plu. J'ai trouvé le dessin un ton en dessous de la caste des metabarons mais 10 crans au dessus de 99% de la production actuelle, donc ça compense.