Avaler la lune

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Une trilogie de SF qui mêle colonisation spatiale, effondrement et écologie radicale.


Anticipation La BD au féminin La Lune Séries avec un unique avis

Un petit groupe de dirigeants de la tech précipite la fin de l’humanité en s’entêtant dans un projet titanesque : installer un générateur sur la Lune pour produire une énergie infinie et non polluante. 500 ans plus tard, Agafia, jeune ado de 15 ans, conçue par deux des instigateurs du projet, est envoyée sur la Lune pour achever ce qu’ont entamé ses aînés. Elle y découvre un écosystème fragile, auquel une espèce hybride d’humains s’est adaptée… Elle est alors confrontée à un terrible dilemme : si elle allume le générateur, elle fait repartir le vivant sur Terre, mais détruit ce nouvel environnement et ses habitants…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Janvier 2025
Statut histoire Série en cours (3 tomes prévus) 2 tomes parus
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série Avaler la lune © Casterman 2025
Les notes
Note: 3/5
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12/07/2025 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 3/5
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tome 2 : la forêt Changement de décor pour le second épisode de ce triptyque de SF atypique : désormais, la quasi-totalité du récit se déroule sur la surface lunaire, dans la forêt artificielle édifiée par Aleksander, l’ingénieur controversé de l’équipe, le but étant de préserver la vie sur Terre menacée d’extinction en produisant suffisamment d’énergie pour alimenter des dépollueurs. Ce deuxième volet d’« Avaler la Lune » permet aux auteurs de développer leur univers singulier, avec une profusion d’éléments scénaristiques innovants et de trouvailles graphiques. Nous avions déjà fait connaissance l’exotérus dans le tome 1, cette drôle de machine qui permet de se déplacer très facilement dans un environnement hostile tout en restant à l’abri dans un aquarium. Cette fois, c’est dans cette fameuse forêt lunaire que les personnages vont évoluer, une forêt capable de se développer très vite grâce à une « super plante » modifiée à partir de corail, d’algues et de lichen. Les humains qui n’ont vécu que sur la Lune sont quant à eux très différents de l’espèce terrestre. Ce sont littéralement des mutants, des géants aux membres surdimensionnés dont le visage est envahi partiellement par le corail dont ils se nourrissent… La coutume veut que quand ils sentent l’heure de leur mort approcher, ils « se plantent » dans la terre pour entamer une seconde vie en fusionnant avec le « végétal » lunaire, favorisant ainsi l’érection des dômes protecteurs… Visuellement, c’est assez bluffant. Lucie Castel a créé un vocabulaire visuel en s’appuyant sur la beauté poétique des coraux pour laisser libre cours à son imagination et créer sa jungle sélénite. On reste admiratif devant cette infinité de formes associées à des couleurs recherchées, que seuls permettent les outils numériques, pour un résultat très moderne, tout à fait étonnant. Léger bémol à cela, la lisibilité du récit souffre de quelques inconvénients liés à un trait un rien minimaliste : des tonalités parfois un peu sombres qui maltraitent l’œil pour distinguer certains détails, des visages un peu sommaires qui compliquent parfois la reconnaissance des personnages, et un découpage des scènes d’action pas toujours très fluide. Quant au scénario, s’il reste cohérent, il aurait peut-être mérité d’être élagué. Certaines digressions et dialogues n’apportent pas grand-chose à l’histoire, à moins d’accepter l’adjonction d’une dose de psychologie (cf. les rapports tendus entre Agafia et sa mère Paloma) dans ce récit d’aventure sur fond de catastrophe écologique. Malgré tout, Grégory Jarry et Robin Cousin ont su insuffler suffisamment de tension dans la narration pour nous donner envie de découvrir le dernier volet, prévue l’an prochain, ce qui permettra de se faire une idée définitive. tome 1 : l'ascenseur Premier volet d’une trilogie de science-fiction, cette bande dessinée constitue une bonne surprise. Très en phase avec notre réalité terrestre actuelle, elle a pour thème central l’extinction de la vie sur notre planète bleue. A l’heure où une poignée de milliardaires à la tête de multinationales sont en train de s’accaparer les ressources et décider du sort de l’humanité, sans concertation et sans égard pour les populations, le sujet du livre, qui évoque cette question, est donc plus que sérieux. Pour concevoir ce récit, Grégory Jarry s’est inspiré notamment d’un projet évoqué à maintes reprises par les plus rêveurs des scientifiques : un ascenseur spatial entre la Terre et la Lune. Un projet fou repris par la NASA mais dont on ne sait vraiment s’il verra le jour ni sous quelle forme. Quant aux circonstances de sa construction dans le récit, elles étaient liées au projet dément de provoquer l’effondrement de la vie terrestre, prix à payer pour implanter un puissant générateur d’énergie propre et infinie sur la surface lunaire. C’est ainsi que l’on va suivre la jeune Agafia dans sa mission consistant à terminer ce que son père, décédé accidentellement, avait entrepris : rejoindre la Lune à l’aide de l’ascenseur spatial. Seule sur une terre rongée par les pluies acides, elle communique avec sa mère immergée dans un plasma qui la maintient en vie depuis 500 ans, et on va la voir se déplacer dans un exotérus, un drôle d’engin insectoïde. C'est dans celui-ci qu'elle a retrouvé la dépouille de son père et qu'elle utilise désormais pour sa mission. Quelque peu complexe, le scénario est toutefois intrigant, oscillant à coup de flashbacks entre deux temporalités différentes, ce qui ne fera que renforcer le mystère : mais pour quelle raison les instigateurs du projet (à l’exception de la mère d’Agafia) semblent-ils quasiment tous avoir disparu dans des conditions obscures ? Jarry a développé un univers cohérent en extrapolant les technologies actuelles, avec des personnages bien structurés, même si ce tome ne permet pas d’être encore totalement familiarisé avec eux. Le trait nerveux et minimaliste de Lucie Castel, plaisant par son côté peu académique, est rehaussé par le travail sur la couleur de Robin Cousin. Les choix chromatiques permettent de poser des ambiances variées. Plus sombres, un rien fluo ou désaturées selon les passages, les tonalités suggèrent une atmosphère artificielle voire menaçante dans ce contexte où la biodiversité a totalement disparu de la planète. Pour se faire une idée définitive, il faudra sans doute attendre de découvrir la suite (le tome 2 doit paraître fin août), mais force est de reconnaître que les auteurs sont parvenus à nous mettre en appétit et à susciter notre curiosité avec ce premier tome.

12/07/2025 (MAJ le 30/09/2025) (modifier)