Je note Lanfeust de Troy, des Étoiles et Odyssey comme une seule et même série.
Non pas que je considère que le découpage en cycles soit dénué de sens, mais je trouve finalement qu'il serait dommage de se cantonner à celui de Troy et de ne pas lire les deux suivants par exemple. Chaque cycle, chaque album, enrichit l'univers et renforce le caractère des personnages (sauf celui du héros, héhé !).
En refermant le dernier tome de Lanfeust Odyssey (qui sera bel et bien le dernier cycle, dixit les auteurs), je me suis dit qu'il n'y avait pas beaucoup de séries que j'avais suivi avec la même passion durant tant d'années, avec le même plaisir toujours renouvelé à chaque sortie et en me poilant toujours autant, et ce sur pas moins de vingt-six tomes !
Pour résumer mon avis sur les différents cycles, Troy est une grande aventure avec un grand A, drôle et épique; les Étoiles est mon cycle préféré, cela faisait bizarre au premier tome mais j'ai accroché dès le second, un space opera loufoque où les références et les conneries se bousculent au gré des sauts de planète en planète, avec une véritable évolution de Cixi, personnage le plus charismatique de la série avec le troll Hébus; vient enfin Odyssey qui, après un démarrage un peu raté sur les deux premiers tomes auxquels les auteurs ont finalement su trouver une utilité (géniale !), à partir du troisième tome le cycle a retrouvé tous les ingrédients des deux précédents et en a mélangé différents éléments de manière tout à fait savoureuse.
Une BD culte qui a à mon sens marqué l'Histoire de la BD.
Les notes détaillées des albums :
1. L'Ivoire du Magohamoth ****
2. Thanos l'incongru ****
3. Castel Or-Azur *****
4. Le Paladin d'Eckmül *****
5. Le Frisson de l'Haruspice *****
6. Cixi Impératrice *****
7. Les Pétaures se cachent pour mourir *****
8. La Bête Fabuleuse *****
9. Un, Deux... Troy ! ****
10. Les Tours de Meirrion *****
11. Les Sables d'Abraxar *****
12. Les Buveurs de Mondes *****
13. La Chevauchée des Bactéries *****
14. Le Râle du Flibustier *****
15. Le Secret des Dolphantes *****
16. Le Sang des Comètes *****
17. L'Énigme Or-Azur - Première Partie **
18. L'Énigme Or-Azur - Seconde Partie **
19. Le Banni d'Eckmül *****
20. La Grande Traque *****
21. Le Piège des Sables *****
22. Le Delta Bilieux *****
23. La Méphitique Armada *****
24. Tseu-Hi la Gardienne *****
25. Le Stratège Ingénu *****
26. Un Destin Karaxastin *****
Je note Lanfeust de Troy, des Étoiles et Odyssey comme une seule et même série.
Non pas que je considère que le découpage en cycles soit dénué de sens, mais je trouve finalement qu'il serait dommage de se cantonner à celui de Troy et de ne pas lire les deux suivants par exemple. Chaque cycle, chaque album, enrichit l'univers et renforce le caractère des personnages (sauf celui du héros, héhé !).
En refermant le dernier tome de Lanfeust Odyssey (qui sera bel et bien le dernier cycle, dixit les auteurs), je me suis dit qu'il n'y avait pas beaucoup de séries que j'avais suivies avec la même passion durant tant d'années, avec le même plaisir toujours renouvelé à chaque sortie et en me poilant toujours autant, et ce sur pas moins de vingt-six tomes !
Pour résumer mon avis sur les différents cycles, Troy est une grande aventure avec un grand A, drôle et épique; les Étoiles est mon cycle préféré, cela faisait bizarre au premier tome mais j'ai accroché dès le second, un space opera loufoque où les références et les conneries se bousculent au gré des sauts de planète en planète, avec une véritable évolution de Cixi, personnage le plus charismatique de la série avec le troll Hébus; vient enfin Odyssey qui, après un démarrage un peu raté sur les deux premiers tomes auxquels les auteurs ont finalement su trouver une utilité (géniale !), à partir du troisième tome le cycle a retrouvé tous les ingrédients des deux précédents et en a mélangé différents éléments de manière tout à fait savoureuse.
Une BD culte qui a à mon sens marqué l'Histoire de la BD.
Les notes détaillées des albums :
1. L'Ivoire du Magohamoth ****
2. Thanos l'incongru ****
3. Castel Or-Azur *****
4. Le Paladin d'Eckmül *****
5. Le Frisson de l'Haruspice *****
6. Cixi Impératrice *****
7. Les Pétaures se cachent pour mourir *****
8. La Bête Fabuleuse *****
9. Un, Deux... Troy ! ****
10. Les Tours de Meirrion *****
11. Les Sables d'Abraxar *****
12. Les Buveurs de Mondes *****
13. La Chevauchée des Bactéries *****
14. Le Râle du Flibustier *****
15. Le Secret des Dolphantes *****
16. Le Sang des Comètes *****
17. L'Énigme Or-Azur - Première Partie **
18. L'Énigme Or-Azur - Seconde Partie **
19. Le Banni d'Eckmül *****
20. La Grande Traque *****
21. Le Piège des Sables *****
22. Le Delta Bilieux *****
23. La Méphitique Armada *****
24. Tseu-Hi la Gardienne *****
25. Le Stratège Ingénu *****
26. Un Destin Karaxastin *****
Voici un petit OLNI qui se laisse, ma foi, tout à fait lire.
Fabcaro nous replonge dans le roman photo avec un talent certain. L'histoire en elle même est totalement sans intérêt, ça empeste l'eau de rose, mais il use de son talent pour manier les mots et de son inventivité pour nous faire beaucoup rire. Les dialogues sont totalement en décalage avec la mine toujours ultra sérieuse des personnages, et ce décalage est présent tout au long de l'album. J'avoue que ça peut finir par lasser un peu, mais le récit s'arrête au bon moment, avec une conclusion à la hauteur de tout le développement ; c'est-à-dire complétement barrée. On sent que Fabcaro a dû beaucoup s'amuser à faire cet album, et cet amusement est communicatif.
Un bien agréable moment de lecture détente.
Ces dernières années ont vu fleurir beaucoup de publications en tous genres réhabilitant des personnalités féminines trop souvent écrasées par l'Histoire, largement dominée par la masculinité exacerbée de nos traditions judéo-chrétiennes.
Se plaçant dans cette mouvance plus par hasard que par opportunisme, les militantes féministes autant qu'autrices Marie Moinard et Christelle Pécout nous proposent donc de remettre les pendules à l'heure concernant plusieurs figures scientifiques, certaines déjà connues, comme Marie Curie, d'autres plus surprenantes, comme Hedy Lamarr, que l'on connaît surtout en tant qu'actrice.
Se basant sur de solides sources documentaires qui d'ailleurs ne sont pas si rares si on prend la peine de chercher, elles brossent des portraits aussi sobres que possible, afin de rendre justice à ces génies méconnu(e)s. Le sens de la narration et de la mise en scène de Marie Moinard, qu'elle fait rare mais précieux, est ainsi allié au trait délicat mais sûr de lui de Christelle Pécout, même si parfois les personnages ont des postures un brin figées.
C'est une mine d'information, qui se doit de figurer dans toutes les bibliothèques publiques, mais aussi dans tous les foyers. Merci Mesdames.
Avec « Le Château des animaux », Casterman a clairement sorti l’artillerie lourde. Un récit tout d’abord publié sous forme de journaux (amusants mais guère pratiques en définitive) suivis de ce premier tome qui renferme donc le même contenu que les trois premiers journaux. Premier tome décliné sous deux formes, la classique et une autre de luxe réservée aux collectionneurs.
Quand vous voyez un tel déploiement de moyens, vous ne pouvez que vous dire que chez Casterman, on croit à ce projet !
Et il y a de bonnes raisons d’y croire ! La première vient du dessin de Félix Delep : un trait vif et expressif grâce auquel les différents personnages prennent vie tandis que les décors nous emmènent dans un univers moyenâgeux qui n’est pas sans rappeler celui de « L'Épée d'Ardenois ». La mise en page est également de haut vol. Ce récit se lit avec une grande facilité et l’équilibre entre le texte et le dessin est on ne peut plus agréable.
Le scénario est lui aussi excellent. Dorison nous emmène au sein d’un château avec ses différences de caste et de statut. Les rapports de force déterminent le statut social et tandis que les puissants dirigent, les faibles subissent. L’originalité vient ici du fait que les différents protagonistes ne sont pas humains mais bien des animaux. Pas des personnages animaliers, non, de vrais animaux ! Ce qui, à mes yeux, est bien plus intéressant (il est vrai que je commence à saturer de ces séries aux personnages animaliers où l’emploi de faciès d’animaux n’apporte finalement pas grand-chose au récit… sinon la facilité pour le dessinateur de rapidement singulariser les visages de ses personnages).
Reste l’ambition ultime : écrire un récit qui loue la révolte pacifiste. Dans son texte d’introduction, Xavier Dorison parle bien sûr de La Ferme des animaux comme source d’inspiration première mais nous déclare également toute sa fascination pour ces instigateurs de révolte qui ont réussi à faire changer les choses sans verser le sang (du moins pas celui de leurs opposants). Il aimerait, au travers du Château des animaux, créer un récit dont les héros parviendraient à changer les choses en n’utilisant pas la force physique. Du coup, l’emploi d’animaux comme personnages principaux s’en trouve encore plus judicieux. Que peut le rat face au buffle, le lapin face aux chiens sinon user de son intelligence pour compenser sa faiblesse physique ?
Bon, à mes yeux, le sarcasme, la moquerie ne sont pas des armes pacifistes (il suffit de voir les ravages que peut faire ce type d’attaque sur Facebook, menant certains au suicide) et c’est le seul détail sur lequel je coince légèrement. La violence est de mise dans les deux camps, elle prend juste une forme plus physique chez les uns et plus psychique et psychologique chez les autres.
Mais j’aime bien, hein ! Les personnages sont vite attachants, le récit est bien mené, le dessin est magnifique… Il y a juste cette promesse d’une révolte pacifiste qui, à mes yeux, n’est pas tenue jusqu’à présent (et Xavier Dorison n’en aurait pas parlé dans son introduction que cela ne m’aurait pas dérangé du tout).
Ces aventures d'un Irlandais bourru au grand cœur au milieu du dix-neuvième siècle sont vraiment très plaisantes. Le moins que l'on puisse dire est que l'exotisme est au rendez-vous : si notre héros grandira en Irlande ('Irish Melody' et 'Shamrock Song', hors-séries sur la jeunesse du héros édités dans la collection Signé) et finira aux États-Unis (tomes 8 et 9), ce qui semble plutôt classique me direz-vous, il faut préciser qu'il passera entre-temps par l'Afghanistan (tomes 1 et 2), l'Inde (tome 3), l'Égypte (tome 4), la Dalmatie (tome 5), la Hongrie (tome 6) et l'Espagne (tome 7), rien que ça !
Il croisera durant ses voyages la route de trois femmes : Emma Pebbleton, jeune Anglaise rencontrée à Kaboul, la comtesse hongroise Ilona von Horvath-Palfi (qui veut retourner à Pécs !) et la belle Indienne Taranna, ces deux dernières étant les personnages secondaires les plus marquants de cette série.
Franz a mis en image ces femmes et ces différentes contrées de remarquable manière. En ce qui concerne les pays, on s'y croit vraiment, on est à chaque fois immergé, les décors sont fouillés, les costumes soignés. Il y a du boulot derrière.
Je mentionne toutefois quelques soucis de narration sur les tomes 1, 2, 6 et 7, où la densité de l'intrigue est un peu trop grande, ce qui empêche les instants de respiration et qui fait que l'on sent que l'histoire est vraiment à l'étroit dans le format 46 pages. Rien de grave, cependant.
En ce qui me concerne, mon coup de cœur va aux tomes 3 à 5 qui eux sont vraiment parfaits, et qui m'ont dépaysé comme rarement bandes dessinées ne l'ont fait. Je ne saurais donc que trop vous recommander de faire vous aussi ce beau voyage.
Les notes détaillées des albums :
0.1 - Irish Melody *****
0.2 - Shamrock Song *****
1 - Les Fous de Kaboul ****
2 - La Neige était crissante ****
3 - Une Hongroise au Pendjab *****
4 - Je veux retourner à Pécs ! *****
5 - Le Roi des Dalmates *****
6 - Les Conjurés du Danube ***
7 - La Déchirure ***
8 - Oregon Trail *****
9 - Mise au Poing ****
Il est des hommes qui, tout modestes qu'ils furent, marquèrent d'une empreinte indélébile le siècle dans lequel un destin malicieux s'amusa à les faire naître. Il est fréquent que les plus grands génies d'un siècle, se révèlent souvent les hommes qui s'en trouvent en réalité le plus à l'opposé des tendances principales.
Indéniablement, Goscinny est de ceux-là : comment qualifier autrement un homme qui, dans un siècle qui perfectionna les meurtres de masse avec une redoutable inventivité, s'ingénia à redonner ses lettres de noblesse au rire ? Mais pas ce rire moqueur et graveleux dont nos semblables sont aujourd'hui coutumiers, bien plutôt ce rire joyeux, innocent et universel, qui fait fondre le cœur et berce tous les esprits de 7 à 77 ans...
De 7 à 77 ans, c'est bien la tranche d'âge à laquelle s'adresse le quotidien Tintin, dont le rédacteur en chef, André Fernez - qui en avait, du nez - s'adressa à René Goscinny, qui bénéficiait d'une réputation de plus en plus flatteuse faisant l'objet de toutes les conversations des rédactions de France et de Belgique, et qui ne vivait pas sa période la plus faste, financièrement parlant... Goscinny y fera des merveilles, en compagnie des dessinateurs les plus prestigieux, connus (Franquin, Uderzo, Tibet, Macherot, etc...) ou moins connus (Attanasio, El-Azara, Rol, Berck, et bien d'autres).
C'est chez Raymond Leblanc, éditeur du journal Tintin que la rencontre eut lieu. Un jeune René Goscinny n'ayant pas encore conçu ses meilleures oeuvres et un certain Arthur Berckmans, jeune dessinateur qui n'a encore rien fait d'autres que quelques strips publicitaires ici et là, et l'illustration de vies de missionnaires pour un magazine jésuite quelques années auparavant... Goscinny, pas exigeant pour deux sous, n'en a cure, et voue une totale confiance à celui qui se fera connaître plus tard sous le pseudonyme Berck. Le courant passe vite entre les deux hommes, et c'est dans un café tout proche du bureau de Raymond Leblanc que naît un nouveau personnage de bande dessinée.
Tout d'abord, il faut choisir un univers : Berck a déjà un vague projet autour d'un chauffeur de taxi. Goscinny est tout de suite emballé par cet univers qu'il pourra développer en variant les thématiques et les décors comme il le souhaite. C'est lui qui trouve le nom, tiré du sobriquet employé par les parisiens pour désigner les chauffeurs de taxis.
Ensuite, créer des personnages : Strapontin, c'est bon. Il faut l'entourer de personnages, qui deviendront récurrents si la série a du succès. Quoi de mieux, pour incarner la douce folie que Goscinny aime à mettre dans son oeuvre, qu'un savant distrait, son fils et son chien ? Tout y est : un humour décapant lié à la distraction du savant (qui, ayant acheté un chien et baptisé un fils le même jour, a interverti les deux noms sur le registre du maire), un jeune garçon dégourdi auquel le public enfantin pourra s'identifier, un chien intelligent qui saura mettre en valeur les personnages humains, par l'hilarant recul sur la race humaine qu'il adopte en coin de case par ses réflexions et ses actions.
Il faut enfin penser aux scénarios. C'est là que Goscinny montre son génie : puisque le personnage principal est un chauffeur de taxi, il faut le faire voyager. Mais le faire voyager en France, c'est un peu court, et Goscinny n'est pas encore prêt pour la géniale dépiction de son pays qui égrènera les pages d'Astérix. Faisons-le donc voyager à l'étranger : l'auteur n'est jamais meilleur que lorsqu'il s'amuse - et nous avec - à épingler tous les clichés possibles et imaginables sur les nationalités, sans aucune méchanceté, avec la bienveillance qui le caractérisera toujours. Cela donne des gags irrésistibles, du maharadja de Patatah, souverain d'un pays peu développé mais ne sachant plus que faire de son or, aux fiers gauchos d'Amérique du Sud, en passant par des esquimaux qui ont peur du froid, des tribus africaines de sauvages qui maîtrisent parfaitement l'art de la négociation et du commerce...
Le génie de Goscinny donne lieu à quelques albums où son immense talent commence à apparaître, certes assez timidement encore, puis s'affirme au fil des pages. C'est justement là tout l'intérêt de Strapontin : de Strapontin chauffeur de maître à Révolte au bois dormant, on voit littéralement naître et grandir sous nos yeux le génie de leur auteur. Petit-à-petit, les gags gagnent en efficacité, les scénarios deviennent de plus en plus recherchés et intéressants, et le trait de Berck s'affirme.
Si les premiers tomes peuvent être considérés comme plutôt anecdotiques, les derniers illustrent à merveille combien l'art narratif de Goscinny atteint sa période de maturité. Ainsi, Strapontin chez les gauchos dévoile un jeu de faux-semblants inhabituel dans cette saga, s'amusant à nous faire suivre une fausse piste, due à un personnage un peu plus travaillé que les autres, qui s'avérera une brute, mais une brute au fond gentil. Les apparences...
De même, le dernier tome écrit par Goscinny (Révolte au bois dormant), certainement le meilleur de la saga, nous donne à voir un spectacle parmi ceux que l'auteur maîtrise le mieux : la résistance d'une bande de gentils marginaux un peu timbrés à la puissance capitaliste. Pour illustrer ces camps, Goscinny ne fait pas dans la dentelle : les résistants au progrès seront une population médiévale égarée au XXe siècle, tandis que leur ennemi est un grand industriel qui veut raser leur château pour y établir une usine.
Dès lors, Goscinny s'amuse à nous montrer cette guerre médiévale entre des fous raisonnables et des capitalistes fous avec un art consommé. Chaque gag a une portée toute particulière, comme si l'auteur sentait qu'il était en train d'écrire sa dernière histoire de la saga, et le récit porte en lui un regard discret mais bien présent sur notre société : sa marche aveugle vers un progrès technologique supposé, sa médiatisation à outrance, l'hypocrisie de sa population, soumise à la manipulation de l'opinion, son rejet de tout ce qui est fondamentalement différent...
Certes non, Révolte au bois dormant n'est pas une satire sociale et politique, elle est un pur divertissement. Mais un divertissement où Goscinny, qui est alors en pleine rédaction de son chef-d'oeuvre qu'est la Potachologie, nous révèle toutes ses capacités de naturaliste social, épinglant - toujours avec sa légendaire bienveillance - les petits travers de notre société contemporaine. Mais que le lecteur se rassure, tout cela finira bien sûr par un happy end aussi artificiel qu'hilarant...
Et finalement, peut-être que René Goscinny nous offre à travers ce dernier tome un testament inconscient : ne fait-il pas lui-même partie de ces parias qui n'arrivent pas à s'intégrer à la société ? Bien sûr, l'auteur est alors au faite de sa gloire. S'il abandonnera Strapontin, qui fonctionnait toutefois très bien auprès de son public, c'est justement parce que ses grands succès Astérix, Iznogoud, Lucky Luke l'occuperont à plein temps. Mais pourtant, il y a quelque chose chez cet homme qui fait que, jamais, il ne pourra se sentir membre à part entière de la société dans laquelle il vit. Ce malaise, il ne l'exprimera jamais publiquement autrement qu'au travers de son humour décapant. Et pourtant, ce constat est bien cruel : l'ami René est un homme fondamentalement bon et gentil, égaré dans un monde de plus en plus mauvais et méchant. Et dans ce monde sans foi ni loi qui s'affirme, il n'y a plus de place pour les bons.
Ne serait-ce pas là la véritable raison de cette révérence prématurée que le plus grand auteur de bande dessinée tirera 12 ans plus tard, à seulement 51 ans ?
J'adore les Schtroumpfs. Ils ont bercé mon enfance et certains albums sont vraiment cultes à mes yeux, comme le Schtroumpfissime (une référence absolue), l'Œuf et les Schtroumpfs (le plus drôle de la série), le Cosmoschtroumpf (le plus poétique), et bien d'autres.
Toutefois, force m'est de constater que la série supposée être pour les 7 à 77 ans lorgne beaucoup plus vers les 7 ans à cause de son exploitation commerciale à outrance. Certains albums comme le Bébé Schtroumpf ou l'Aéroschtroumpf sont franchement niais, alors que les neuf premiers tomes pouvaient offrir des doubles lectures souvent savoureuses. Peyo est d'ailleurs revenu à ce genre d'histoire pour son dernier album, le Schtroumpf Financier, qui fût une franche réussite. C'est d'ailleurs cet album qui a plus ou moins inspiré tous les albums de reprise jusqu'alors dans la direction à adopter, à savoir les Schtroumpfs confrontés à un phénomène de société qu'ils essayent d'adapter à leur petit monde pour in fine le rejeter et redevenir heureux.
Je ne possède pour ma part parmi les albums de reprises que ceux dessinés par Alain Maury, soit les tomes 17 à 20. Le Schtroumpfeur de Bijoux et la Menace Schtroumpf, voire même le Schtroumpf Sauvage, sont largement au niveau des meilleurs albums de Peyo. Ensuite, Maury a cédé le pinceau à d'autres dessinateurs et le ton est redevenu plus enfantin, et donc moins mémorable...
Je conseille donc fortement l'achat pour cette série des tomes 1 à 9 et des tomes 16 à 20, qui sont vraiment excellents, quoique les tomes 11 et 13 ne s'en tirent eux aussi pas trop mal.
Les notes détaillées des albums :
1 - Les Schtroumpfs Noirs *****
2 - Le Schtroumpfissime *****
3 - La Schtroumpfette ****
4 - L'Œuf et les Schtroumpfs *****
5 - Les Schtroumpfs et le Cracoucass *****
6 - Le Cosmoschtroumpf *****
7 - L'Apprenti Schtroumpf *****
8 - Histoires de Schtroumpfs ****
9 - Schtroumpf Vert et Vert Schtroumpf *****
10 - La Soupe aux Schtroumpfs **
11 - Les Schtroumpfs Olympiques ****
12 - Le Bébé Schtroumpf **
13 - Les P'tits Schtroumpfs ****
14 - L'Aéroschtroumpf **
15 - L'Étrange Réveil du Schtroumpf Paresseux **
16 - Le Schtroumpf Financier *****
17 - Le Schtroumpfeur de Bijoux *****
18 - Docteur Schtroumpf ****
19 - Le Schtroumpf Sauvage ****
20 - La Menace Schtroumpf *****
Le parangon du western en bande dessinée. Charlier a signé là avec le génie du dessin Giraud sa meilleure série et carrément l'une des meilleures du neuvième art. Au fil des albums, le héros évolue et vieillit, certaines connaissances refont surface, d'autres disparaissent, le tout au milieu d'intrigues palpitantes et haletantes, magnifiquement illustrées par Giraud qui donne dans ses cases des plans dignes des meilleurs réalisateurs de cinéma (ah ! cette chevauchée des Sioux dans la neige dans 'Général Tête Jaune' ).
Commençant de manière très classique mais déjà de très bonne facture (à l'exception de deux albums plus faibles : les tomes 4 et 6), la série va rapidement évoluer, un rebondissement dans le neuvième tome mettant fin à tout manichéisme dans la série. Les albums cultes s'enchaîneront alors : Général Tête Jaune, le diptyque des Monts de la Superstition, puis viendra un grand cycle d'onze albums, qui débutera par un magistral triptyque au Mexique digne des plus grands films d'aventures, les albums suivants ne déméritant pas.
Et puis quelle galerie de personnages ! Autour de Blueberry, lieutenant courageux mais cynique et bougon, gravitent la superbe Chihuahua Pearl (magnifique couverture du treizième tome !), le tonitruant Jimmy McClure, le baroudeur Red Neck, le charismatique Cochise, l'impitoyable général McAllister (clone de Custer), l'inquiétant Angel Face, tueur en série à la mine d'adolescent...
À la mort de Charlier, Giraud réalisera seul un cycle de cinq albums à Tombstone, dans un tout autre style que son scénariste. Ce cycle divise les amateurs. Je fais partie de ceux qui ont adoré. Des scènes comme la dernière planche de 'Mister Blueberry' ou le combat entre Geronimo et Blueberry m'ont profondément marqué.
Bref, un indispensable du western et de la BD en général. Si d'autres westerns ont réussi à s'élever au niveau des aventures du lieutenant (je pense notamment à Comanche), aucun n'a atteint sa longévité.
Je ne conseille en revanche pas les séries parallèles, Jeunesse et Marshall, qui sont sans âme et purement mercantiles.
Les notes détaillées des albums :
1 - Fort Navajo ****
2 - Tonnerre à l'Ouest ****
3 - L'Aigle Solitaire *****
4 - Le Cavalier Perdu ***
5 - La Piste des Navajos *****
6 - L'Homme à l'Étoile d'Argent ***
7 - Le Cheval de Fer ****
8 - L'Homme au Poing d'Acier *****
9 - La Piste des Sioux *****
10 - Général Tête Jaune *****
11 - La Mine de l'Allemand Perdu *****
12 - Le Spectre aux Balles d'Or *****
13 - Chihuahua Pearl *****
14 - L'Homme qui valait 500.000$ *****
15 - Balade pour un Cercueil *****
16 - Hors-la-Loi *****
17 - Angel Face *****
18 - Nez Cassé *****
19 - La Longue Marche *****
20 - La Tribu Fantôme *****
21 - La Dernière Carte *****
22 - Le Bout de la Piste ****
23 - Arizona Love *****
24 - Mister Blueberry *****
25 - Ombres sur Tombstone *****
26 - Geronimo l'Apache *****
27 - OK Corral *****
28 - Dust *****
Excellente série pédagogique et plutôt exhaustive sur la Seconde.
Le dessin un peu daté (mais très bon et très détaillé) et le traitement didactique rappelle un peu la série "Histoire de France" de mon enfance, mais avec une lecture moins "premier degré" et avec une bonne dose de "realpolitik".
Par exemple on ne nous sert pas la fable des bombes A utilisées soi-disant pour raccourcir la guerre (alors que le Japon voulait déjà capituler) : elles servaient bien sûr à calmer Staline qui aurait pu être tenté de continuer après Berlin et d'envahir l'Europe de l'ouest (il en avait largement les moyens). Autre exemple : pourquoi les anglo-américains ont-ils bombardé tant de villes qui n'avaient pas de valeur stratégique ou militaire ? Ils pensaient déjà bien sûr à l'après-guerre : les USA allaient pouvoir arroser l'Europe de dollars pour sa reconstruction et devenir dans la foulée la première puissance...
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Lanfeust des Etoiles
Je note Lanfeust de Troy, des Étoiles et Odyssey comme une seule et même série. Non pas que je considère que le découpage en cycles soit dénué de sens, mais je trouve finalement qu'il serait dommage de se cantonner à celui de Troy et de ne pas lire les deux suivants par exemple. Chaque cycle, chaque album, enrichit l'univers et renforce le caractère des personnages (sauf celui du héros, héhé !). En refermant le dernier tome de Lanfeust Odyssey (qui sera bel et bien le dernier cycle, dixit les auteurs), je me suis dit qu'il n'y avait pas beaucoup de séries que j'avais suivi avec la même passion durant tant d'années, avec le même plaisir toujours renouvelé à chaque sortie et en me poilant toujours autant, et ce sur pas moins de vingt-six tomes ! Pour résumer mon avis sur les différents cycles, Troy est une grande aventure avec un grand A, drôle et épique; les Étoiles est mon cycle préféré, cela faisait bizarre au premier tome mais j'ai accroché dès le second, un space opera loufoque où les références et les conneries se bousculent au gré des sauts de planète en planète, avec une véritable évolution de Cixi, personnage le plus charismatique de la série avec le troll Hébus; vient enfin Odyssey qui, après un démarrage un peu raté sur les deux premiers tomes auxquels les auteurs ont finalement su trouver une utilité (géniale !), à partir du troisième tome le cycle a retrouvé tous les ingrédients des deux précédents et en a mélangé différents éléments de manière tout à fait savoureuse. Une BD culte qui a à mon sens marqué l'Histoire de la BD. Les notes détaillées des albums : 1. L'Ivoire du Magohamoth **** 2. Thanos l'incongru **** 3. Castel Or-Azur ***** 4. Le Paladin d'Eckmül ***** 5. Le Frisson de l'Haruspice ***** 6. Cixi Impératrice ***** 7. Les Pétaures se cachent pour mourir ***** 8. La Bête Fabuleuse ***** 9. Un, Deux... Troy ! **** 10. Les Tours de Meirrion ***** 11. Les Sables d'Abraxar ***** 12. Les Buveurs de Mondes ***** 13. La Chevauchée des Bactéries ***** 14. Le Râle du Flibustier ***** 15. Le Secret des Dolphantes ***** 16. Le Sang des Comètes ***** 17. L'Énigme Or-Azur - Première Partie ** 18. L'Énigme Or-Azur - Seconde Partie ** 19. Le Banni d'Eckmül ***** 20. La Grande Traque ***** 21. Le Piège des Sables ***** 22. Le Delta Bilieux ***** 23. La Méphitique Armada ***** 24. Tseu-Hi la Gardienne ***** 25. Le Stratège Ingénu ***** 26. Un Destin Karaxastin *****
Lanfeust de Troy
Je note Lanfeust de Troy, des Étoiles et Odyssey comme une seule et même série. Non pas que je considère que le découpage en cycles soit dénué de sens, mais je trouve finalement qu'il serait dommage de se cantonner à celui de Troy et de ne pas lire les deux suivants par exemple. Chaque cycle, chaque album, enrichit l'univers et renforce le caractère des personnages (sauf celui du héros, héhé !). En refermant le dernier tome de Lanfeust Odyssey (qui sera bel et bien le dernier cycle, dixit les auteurs), je me suis dit qu'il n'y avait pas beaucoup de séries que j'avais suivies avec la même passion durant tant d'années, avec le même plaisir toujours renouvelé à chaque sortie et en me poilant toujours autant, et ce sur pas moins de vingt-six tomes ! Pour résumer mon avis sur les différents cycles, Troy est une grande aventure avec un grand A, drôle et épique; les Étoiles est mon cycle préféré, cela faisait bizarre au premier tome mais j'ai accroché dès le second, un space opera loufoque où les références et les conneries se bousculent au gré des sauts de planète en planète, avec une véritable évolution de Cixi, personnage le plus charismatique de la série avec le troll Hébus; vient enfin Odyssey qui, après un démarrage un peu raté sur les deux premiers tomes auxquels les auteurs ont finalement su trouver une utilité (géniale !), à partir du troisième tome le cycle a retrouvé tous les ingrédients des deux précédents et en a mélangé différents éléments de manière tout à fait savoureuse. Une BD culte qui a à mon sens marqué l'Histoire de la BD. Les notes détaillées des albums : 1. L'Ivoire du Magohamoth **** 2. Thanos l'incongru **** 3. Castel Or-Azur ***** 4. Le Paladin d'Eckmül ***** 5. Le Frisson de l'Haruspice ***** 6. Cixi Impératrice ***** 7. Les Pétaures se cachent pour mourir ***** 8. La Bête Fabuleuse ***** 9. Un, Deux... Troy ! **** 10. Les Tours de Meirrion ***** 11. Les Sables d'Abraxar ***** 12. Les Buveurs de Mondes ***** 13. La Chevauchée des Bactéries ***** 14. Le Râle du Flibustier ***** 15. Le Secret des Dolphantes ***** 16. Le Sang des Comètes ***** 17. L'Énigme Or-Azur - Première Partie ** 18. L'Énigme Or-Azur - Seconde Partie ** 19. Le Banni d'Eckmül ***** 20. La Grande Traque ***** 21. Le Piège des Sables ***** 22. Le Delta Bilieux ***** 23. La Méphitique Armada ***** 24. Tseu-Hi la Gardienne ***** 25. Le Stratège Ingénu ***** 26. Un Destin Karaxastin *****
Et si l'amour c'était aimer ?
Voici un petit OLNI qui se laisse, ma foi, tout à fait lire. Fabcaro nous replonge dans le roman photo avec un talent certain. L'histoire en elle même est totalement sans intérêt, ça empeste l'eau de rose, mais il use de son talent pour manier les mots et de son inventivité pour nous faire beaucoup rire. Les dialogues sont totalement en décalage avec la mine toujours ultra sérieuse des personnages, et ce décalage est présent tout au long de l'album. J'avoue que ça peut finir par lasser un peu, mais le récit s'arrête au bon moment, avec une conclusion à la hauteur de tout le développement ; c'est-à-dire complétement barrée. On sent que Fabcaro a dû beaucoup s'amuser à faire cet album, et cet amusement est communicatif. Un bien agréable moment de lecture détente.
Les Découvreuses
Ces dernières années ont vu fleurir beaucoup de publications en tous genres réhabilitant des personnalités féminines trop souvent écrasées par l'Histoire, largement dominée par la masculinité exacerbée de nos traditions judéo-chrétiennes. Se plaçant dans cette mouvance plus par hasard que par opportunisme, les militantes féministes autant qu'autrices Marie Moinard et Christelle Pécout nous proposent donc de remettre les pendules à l'heure concernant plusieurs figures scientifiques, certaines déjà connues, comme Marie Curie, d'autres plus surprenantes, comme Hedy Lamarr, que l'on connaît surtout en tant qu'actrice. Se basant sur de solides sources documentaires qui d'ailleurs ne sont pas si rares si on prend la peine de chercher, elles brossent des portraits aussi sobres que possible, afin de rendre justice à ces génies méconnu(e)s. Le sens de la narration et de la mise en scène de Marie Moinard, qu'elle fait rare mais précieux, est ainsi allié au trait délicat mais sûr de lui de Christelle Pécout, même si parfois les personnages ont des postures un brin figées. C'est une mine d'information, qui se doit de figurer dans toutes les bibliothèques publiques, mais aussi dans tous les foyers. Merci Mesdames.
Le Château des Animaux
Avec « Le Château des animaux », Casterman a clairement sorti l’artillerie lourde. Un récit tout d’abord publié sous forme de journaux (amusants mais guère pratiques en définitive) suivis de ce premier tome qui renferme donc le même contenu que les trois premiers journaux. Premier tome décliné sous deux formes, la classique et une autre de luxe réservée aux collectionneurs. Quand vous voyez un tel déploiement de moyens, vous ne pouvez que vous dire que chez Casterman, on croit à ce projet ! Et il y a de bonnes raisons d’y croire ! La première vient du dessin de Félix Delep : un trait vif et expressif grâce auquel les différents personnages prennent vie tandis que les décors nous emmènent dans un univers moyenâgeux qui n’est pas sans rappeler celui de « L'Épée d'Ardenois ». La mise en page est également de haut vol. Ce récit se lit avec une grande facilité et l’équilibre entre le texte et le dessin est on ne peut plus agréable. Le scénario est lui aussi excellent. Dorison nous emmène au sein d’un château avec ses différences de caste et de statut. Les rapports de force déterminent le statut social et tandis que les puissants dirigent, les faibles subissent. L’originalité vient ici du fait que les différents protagonistes ne sont pas humains mais bien des animaux. Pas des personnages animaliers, non, de vrais animaux ! Ce qui, à mes yeux, est bien plus intéressant (il est vrai que je commence à saturer de ces séries aux personnages animaliers où l’emploi de faciès d’animaux n’apporte finalement pas grand-chose au récit… sinon la facilité pour le dessinateur de rapidement singulariser les visages de ses personnages). Reste l’ambition ultime : écrire un récit qui loue la révolte pacifiste. Dans son texte d’introduction, Xavier Dorison parle bien sûr de La Ferme des animaux comme source d’inspiration première mais nous déclare également toute sa fascination pour ces instigateurs de révolte qui ont réussi à faire changer les choses sans verser le sang (du moins pas celui de leurs opposants). Il aimerait, au travers du Château des animaux, créer un récit dont les héros parviendraient à changer les choses en n’utilisant pas la force physique. Du coup, l’emploi d’animaux comme personnages principaux s’en trouve encore plus judicieux. Que peut le rat face au buffle, le lapin face aux chiens sinon user de son intelligence pour compenser sa faiblesse physique ? Bon, à mes yeux, le sarcasme, la moquerie ne sont pas des armes pacifistes (il suffit de voir les ravages que peut faire ce type d’attaque sur Facebook, menant certains au suicide) et c’est le seul détail sur lequel je coince légèrement. La violence est de mise dans les deux camps, elle prend juste une forme plus physique chez les uns et plus psychique et psychologique chez les autres. Mais j’aime bien, hein ! Les personnages sont vite attachants, le récit est bien mené, le dessin est magnifique… Il y a juste cette promesse d’une révolte pacifiste qui, à mes yeux, n’est pas tenue jusqu’à présent (et Xavier Dorison n’en aurait pas parlé dans son introduction que cela ne m’aurait pas dérangé du tout).
Lester Cockney
Ces aventures d'un Irlandais bourru au grand cœur au milieu du dix-neuvième siècle sont vraiment très plaisantes. Le moins que l'on puisse dire est que l'exotisme est au rendez-vous : si notre héros grandira en Irlande ('Irish Melody' et 'Shamrock Song', hors-séries sur la jeunesse du héros édités dans la collection Signé) et finira aux États-Unis (tomes 8 et 9), ce qui semble plutôt classique me direz-vous, il faut préciser qu'il passera entre-temps par l'Afghanistan (tomes 1 et 2), l'Inde (tome 3), l'Égypte (tome 4), la Dalmatie (tome 5), la Hongrie (tome 6) et l'Espagne (tome 7), rien que ça ! Il croisera durant ses voyages la route de trois femmes : Emma Pebbleton, jeune Anglaise rencontrée à Kaboul, la comtesse hongroise Ilona von Horvath-Palfi (qui veut retourner à Pécs !) et la belle Indienne Taranna, ces deux dernières étant les personnages secondaires les plus marquants de cette série. Franz a mis en image ces femmes et ces différentes contrées de remarquable manière. En ce qui concerne les pays, on s'y croit vraiment, on est à chaque fois immergé, les décors sont fouillés, les costumes soignés. Il y a du boulot derrière. Je mentionne toutefois quelques soucis de narration sur les tomes 1, 2, 6 et 7, où la densité de l'intrigue est un peu trop grande, ce qui empêche les instants de respiration et qui fait que l'on sent que l'histoire est vraiment à l'étroit dans le format 46 pages. Rien de grave, cependant. En ce qui me concerne, mon coup de cœur va aux tomes 3 à 5 qui eux sont vraiment parfaits, et qui m'ont dépaysé comme rarement bandes dessinées ne l'ont fait. Je ne saurais donc que trop vous recommander de faire vous aussi ce beau voyage. Les notes détaillées des albums : 0.1 - Irish Melody ***** 0.2 - Shamrock Song ***** 1 - Les Fous de Kaboul **** 2 - La Neige était crissante **** 3 - Une Hongroise au Pendjab ***** 4 - Je veux retourner à Pécs ! ***** 5 - Le Roi des Dalmates ***** 6 - Les Conjurés du Danube *** 7 - La Déchirure *** 8 - Oregon Trail ***** 9 - Mise au Poing ****
Strapontin
Il est des hommes qui, tout modestes qu'ils furent, marquèrent d'une empreinte indélébile le siècle dans lequel un destin malicieux s'amusa à les faire naître. Il est fréquent que les plus grands génies d'un siècle, se révèlent souvent les hommes qui s'en trouvent en réalité le plus à l'opposé des tendances principales. Indéniablement, Goscinny est de ceux-là : comment qualifier autrement un homme qui, dans un siècle qui perfectionna les meurtres de masse avec une redoutable inventivité, s'ingénia à redonner ses lettres de noblesse au rire ? Mais pas ce rire moqueur et graveleux dont nos semblables sont aujourd'hui coutumiers, bien plutôt ce rire joyeux, innocent et universel, qui fait fondre le cœur et berce tous les esprits de 7 à 77 ans... De 7 à 77 ans, c'est bien la tranche d'âge à laquelle s'adresse le quotidien Tintin, dont le rédacteur en chef, André Fernez - qui en avait, du nez - s'adressa à René Goscinny, qui bénéficiait d'une réputation de plus en plus flatteuse faisant l'objet de toutes les conversations des rédactions de France et de Belgique, et qui ne vivait pas sa période la plus faste, financièrement parlant... Goscinny y fera des merveilles, en compagnie des dessinateurs les plus prestigieux, connus (Franquin, Uderzo, Tibet, Macherot, etc...) ou moins connus (Attanasio, El-Azara, Rol, Berck, et bien d'autres). C'est chez Raymond Leblanc, éditeur du journal Tintin que la rencontre eut lieu. Un jeune René Goscinny n'ayant pas encore conçu ses meilleures oeuvres et un certain Arthur Berckmans, jeune dessinateur qui n'a encore rien fait d'autres que quelques strips publicitaires ici et là, et l'illustration de vies de missionnaires pour un magazine jésuite quelques années auparavant... Goscinny, pas exigeant pour deux sous, n'en a cure, et voue une totale confiance à celui qui se fera connaître plus tard sous le pseudonyme Berck. Le courant passe vite entre les deux hommes, et c'est dans un café tout proche du bureau de Raymond Leblanc que naît un nouveau personnage de bande dessinée. Tout d'abord, il faut choisir un univers : Berck a déjà un vague projet autour d'un chauffeur de taxi. Goscinny est tout de suite emballé par cet univers qu'il pourra développer en variant les thématiques et les décors comme il le souhaite. C'est lui qui trouve le nom, tiré du sobriquet employé par les parisiens pour désigner les chauffeurs de taxis. Ensuite, créer des personnages : Strapontin, c'est bon. Il faut l'entourer de personnages, qui deviendront récurrents si la série a du succès. Quoi de mieux, pour incarner la douce folie que Goscinny aime à mettre dans son oeuvre, qu'un savant distrait, son fils et son chien ? Tout y est : un humour décapant lié à la distraction du savant (qui, ayant acheté un chien et baptisé un fils le même jour, a interverti les deux noms sur le registre du maire), un jeune garçon dégourdi auquel le public enfantin pourra s'identifier, un chien intelligent qui saura mettre en valeur les personnages humains, par l'hilarant recul sur la race humaine qu'il adopte en coin de case par ses réflexions et ses actions. Il faut enfin penser aux scénarios. C'est là que Goscinny montre son génie : puisque le personnage principal est un chauffeur de taxi, il faut le faire voyager. Mais le faire voyager en France, c'est un peu court, et Goscinny n'est pas encore prêt pour la géniale dépiction de son pays qui égrènera les pages d'Astérix. Faisons-le donc voyager à l'étranger : l'auteur n'est jamais meilleur que lorsqu'il s'amuse - et nous avec - à épingler tous les clichés possibles et imaginables sur les nationalités, sans aucune méchanceté, avec la bienveillance qui le caractérisera toujours. Cela donne des gags irrésistibles, du maharadja de Patatah, souverain d'un pays peu développé mais ne sachant plus que faire de son or, aux fiers gauchos d'Amérique du Sud, en passant par des esquimaux qui ont peur du froid, des tribus africaines de sauvages qui maîtrisent parfaitement l'art de la négociation et du commerce... Le génie de Goscinny donne lieu à quelques albums où son immense talent commence à apparaître, certes assez timidement encore, puis s'affirme au fil des pages. C'est justement là tout l'intérêt de Strapontin : de Strapontin chauffeur de maître à Révolte au bois dormant, on voit littéralement naître et grandir sous nos yeux le génie de leur auteur. Petit-à-petit, les gags gagnent en efficacité, les scénarios deviennent de plus en plus recherchés et intéressants, et le trait de Berck s'affirme. Si les premiers tomes peuvent être considérés comme plutôt anecdotiques, les derniers illustrent à merveille combien l'art narratif de Goscinny atteint sa période de maturité. Ainsi, Strapontin chez les gauchos dévoile un jeu de faux-semblants inhabituel dans cette saga, s'amusant à nous faire suivre une fausse piste, due à un personnage un peu plus travaillé que les autres, qui s'avérera une brute, mais une brute au fond gentil. Les apparences... De même, le dernier tome écrit par Goscinny (Révolte au bois dormant), certainement le meilleur de la saga, nous donne à voir un spectacle parmi ceux que l'auteur maîtrise le mieux : la résistance d'une bande de gentils marginaux un peu timbrés à la puissance capitaliste. Pour illustrer ces camps, Goscinny ne fait pas dans la dentelle : les résistants au progrès seront une population médiévale égarée au XXe siècle, tandis que leur ennemi est un grand industriel qui veut raser leur château pour y établir une usine. Dès lors, Goscinny s'amuse à nous montrer cette guerre médiévale entre des fous raisonnables et des capitalistes fous avec un art consommé. Chaque gag a une portée toute particulière, comme si l'auteur sentait qu'il était en train d'écrire sa dernière histoire de la saga, et le récit porte en lui un regard discret mais bien présent sur notre société : sa marche aveugle vers un progrès technologique supposé, sa médiatisation à outrance, l'hypocrisie de sa population, soumise à la manipulation de l'opinion, son rejet de tout ce qui est fondamentalement différent... Certes non, Révolte au bois dormant n'est pas une satire sociale et politique, elle est un pur divertissement. Mais un divertissement où Goscinny, qui est alors en pleine rédaction de son chef-d'oeuvre qu'est la Potachologie, nous révèle toutes ses capacités de naturaliste social, épinglant - toujours avec sa légendaire bienveillance - les petits travers de notre société contemporaine. Mais que le lecteur se rassure, tout cela finira bien sûr par un happy end aussi artificiel qu'hilarant... Et finalement, peut-être que René Goscinny nous offre à travers ce dernier tome un testament inconscient : ne fait-il pas lui-même partie de ces parias qui n'arrivent pas à s'intégrer à la société ? Bien sûr, l'auteur est alors au faite de sa gloire. S'il abandonnera Strapontin, qui fonctionnait toutefois très bien auprès de son public, c'est justement parce que ses grands succès Astérix, Iznogoud, Lucky Luke l'occuperont à plein temps. Mais pourtant, il y a quelque chose chez cet homme qui fait que, jamais, il ne pourra se sentir membre à part entière de la société dans laquelle il vit. Ce malaise, il ne l'exprimera jamais publiquement autrement qu'au travers de son humour décapant. Et pourtant, ce constat est bien cruel : l'ami René est un homme fondamentalement bon et gentil, égaré dans un monde de plus en plus mauvais et méchant. Et dans ce monde sans foi ni loi qui s'affirme, il n'y a plus de place pour les bons. Ne serait-ce pas là la véritable raison de cette révérence prématurée que le plus grand auteur de bande dessinée tirera 12 ans plus tard, à seulement 51 ans ?
Les Schtroumpfs
J'adore les Schtroumpfs. Ils ont bercé mon enfance et certains albums sont vraiment cultes à mes yeux, comme le Schtroumpfissime (une référence absolue), l'Œuf et les Schtroumpfs (le plus drôle de la série), le Cosmoschtroumpf (le plus poétique), et bien d'autres. Toutefois, force m'est de constater que la série supposée être pour les 7 à 77 ans lorgne beaucoup plus vers les 7 ans à cause de son exploitation commerciale à outrance. Certains albums comme le Bébé Schtroumpf ou l'Aéroschtroumpf sont franchement niais, alors que les neuf premiers tomes pouvaient offrir des doubles lectures souvent savoureuses. Peyo est d'ailleurs revenu à ce genre d'histoire pour son dernier album, le Schtroumpf Financier, qui fût une franche réussite. C'est d'ailleurs cet album qui a plus ou moins inspiré tous les albums de reprise jusqu'alors dans la direction à adopter, à savoir les Schtroumpfs confrontés à un phénomène de société qu'ils essayent d'adapter à leur petit monde pour in fine le rejeter et redevenir heureux. Je ne possède pour ma part parmi les albums de reprises que ceux dessinés par Alain Maury, soit les tomes 17 à 20. Le Schtroumpfeur de Bijoux et la Menace Schtroumpf, voire même le Schtroumpf Sauvage, sont largement au niveau des meilleurs albums de Peyo. Ensuite, Maury a cédé le pinceau à d'autres dessinateurs et le ton est redevenu plus enfantin, et donc moins mémorable... Je conseille donc fortement l'achat pour cette série des tomes 1 à 9 et des tomes 16 à 20, qui sont vraiment excellents, quoique les tomes 11 et 13 ne s'en tirent eux aussi pas trop mal. Les notes détaillées des albums : 1 - Les Schtroumpfs Noirs ***** 2 - Le Schtroumpfissime ***** 3 - La Schtroumpfette **** 4 - L'Œuf et les Schtroumpfs ***** 5 - Les Schtroumpfs et le Cracoucass ***** 6 - Le Cosmoschtroumpf ***** 7 - L'Apprenti Schtroumpf ***** 8 - Histoires de Schtroumpfs **** 9 - Schtroumpf Vert et Vert Schtroumpf ***** 10 - La Soupe aux Schtroumpfs ** 11 - Les Schtroumpfs Olympiques **** 12 - Le Bébé Schtroumpf ** 13 - Les P'tits Schtroumpfs **** 14 - L'Aéroschtroumpf ** 15 - L'Étrange Réveil du Schtroumpf Paresseux ** 16 - Le Schtroumpf Financier ***** 17 - Le Schtroumpfeur de Bijoux ***** 18 - Docteur Schtroumpf **** 19 - Le Schtroumpf Sauvage **** 20 - La Menace Schtroumpf *****
Blueberry
Le parangon du western en bande dessinée. Charlier a signé là avec le génie du dessin Giraud sa meilleure série et carrément l'une des meilleures du neuvième art. Au fil des albums, le héros évolue et vieillit, certaines connaissances refont surface, d'autres disparaissent, le tout au milieu d'intrigues palpitantes et haletantes, magnifiquement illustrées par Giraud qui donne dans ses cases des plans dignes des meilleurs réalisateurs de cinéma (ah ! cette chevauchée des Sioux dans la neige dans 'Général Tête Jaune' ). Commençant de manière très classique mais déjà de très bonne facture (à l'exception de deux albums plus faibles : les tomes 4 et 6), la série va rapidement évoluer, un rebondissement dans le neuvième tome mettant fin à tout manichéisme dans la série. Les albums cultes s'enchaîneront alors : Général Tête Jaune, le diptyque des Monts de la Superstition, puis viendra un grand cycle d'onze albums, qui débutera par un magistral triptyque au Mexique digne des plus grands films d'aventures, les albums suivants ne déméritant pas. Et puis quelle galerie de personnages ! Autour de Blueberry, lieutenant courageux mais cynique et bougon, gravitent la superbe Chihuahua Pearl (magnifique couverture du treizième tome !), le tonitruant Jimmy McClure, le baroudeur Red Neck, le charismatique Cochise, l'impitoyable général McAllister (clone de Custer), l'inquiétant Angel Face, tueur en série à la mine d'adolescent... À la mort de Charlier, Giraud réalisera seul un cycle de cinq albums à Tombstone, dans un tout autre style que son scénariste. Ce cycle divise les amateurs. Je fais partie de ceux qui ont adoré. Des scènes comme la dernière planche de 'Mister Blueberry' ou le combat entre Geronimo et Blueberry m'ont profondément marqué. Bref, un indispensable du western et de la BD en général. Si d'autres westerns ont réussi à s'élever au niveau des aventures du lieutenant (je pense notamment à Comanche), aucun n'a atteint sa longévité. Je ne conseille en revanche pas les séries parallèles, Jeunesse et Marshall, qui sont sans âme et purement mercantiles. Les notes détaillées des albums : 1 - Fort Navajo **** 2 - Tonnerre à l'Ouest **** 3 - L'Aigle Solitaire ***** 4 - Le Cavalier Perdu *** 5 - La Piste des Navajos ***** 6 - L'Homme à l'Étoile d'Argent *** 7 - Le Cheval de Fer **** 8 - L'Homme au Poing d'Acier ***** 9 - La Piste des Sioux ***** 10 - Général Tête Jaune ***** 11 - La Mine de l'Allemand Perdu ***** 12 - Le Spectre aux Balles d'Or ***** 13 - Chihuahua Pearl ***** 14 - L'Homme qui valait 500.000$ ***** 15 - Balade pour un Cercueil ***** 16 - Hors-la-Loi ***** 17 - Angel Face ***** 18 - Nez Cassé ***** 19 - La Longue Marche ***** 20 - La Tribu Fantôme ***** 21 - La Dernière Carte ***** 22 - Le Bout de la Piste **** 23 - Arizona Love ***** 24 - Mister Blueberry ***** 25 - Ombres sur Tombstone ***** 26 - Geronimo l'Apache ***** 27 - OK Corral ***** 28 - Dust *****
La Seconde Guerre Mondiale
Excellente série pédagogique et plutôt exhaustive sur la Seconde. Le dessin un peu daté (mais très bon et très détaillé) et le traitement didactique rappelle un peu la série "Histoire de France" de mon enfance, mais avec une lecture moins "premier degré" et avec une bonne dose de "realpolitik". Par exemple on ne nous sert pas la fable des bombes A utilisées soi-disant pour raccourcir la guerre (alors que le Japon voulait déjà capituler) : elles servaient bien sûr à calmer Staline qui aurait pu être tenté de continuer après Berlin et d'envahir l'Europe de l'ouest (il en avait largement les moyens). Autre exemple : pourquoi les anglo-américains ont-ils bombardé tant de villes qui n'avaient pas de valeur stratégique ou militaire ? Ils pensaient déjà bien sûr à l'après-guerre : les USA allaient pouvoir arroser l'Europe de dollars pour sa reconstruction et devenir dans la foulée la première puissance...