Mariko Parade est une bd issue de la nouvelle vague actuelle venant du soleil levant c'est à dire le manga d'auteur.
Ce style est caractérisé par de la sensibilité, de la pudeur et beaucoup d'intelligence. Cet album ne faillit pas à la règle et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu cette bd.
Frédéric Boilet qui est d'origine francaise mais vivant au Japon, nous propose une histoire délicate où les parfums de fleurs semblent vous chatouiller les narines. La trame du sujet est relativement simple: Un mangaka et son modèle partent sur une île pour effectuer des repérages. L'occasion pour eux de remettre leur couple en question. Les deux personnages principaux sont décrits avec beaucoup de sincérité et on partage ce moment d'intimité avec un interêt constant. Leurs souvenirs, leurs projets et leurs espoirs sont developpés avec émotion et avec une certaine retenue. Le résultat est plutôt convaincant.
Au niveau du dessin, Kan Takahama est vraiment un modèle du finesse. Son traît est remarquable et il met bien en valeur touts les sentiments qui se dégage de l'écriture. On a parfois l'impression que l'auteur a dessiné sur de la soie tellement son traît est feutré.
Une planche est particulièrement très belle, elle se situe à la page 31. Ce dessin résume bien tout le talent de cette jeune mangaka.
Voilà donc un album a lire avec tendresse et de préférence près d'un bouquet d'hortensias car il parait que le nom de cette fleur signifie "amour qui dure".
Très, très étrange. Le tout début laisse présager une histoire façon "Dracula", mais le ton change bien vite pour devenir plus mystérieux, alternativement cocasse et inquiétant.
L'absurde joue ici un rôle très important, et ce à divers degrés. Depuis l'absurde rigolo des comportements stupides de certains personnages (Lady Habanera, Sarabande...) jusqu'à l'absurde inquiétant et inexpliqué de ces jets de vapeur rouge, ce château qui croît, en passant par l'absurde inexpliqué mais drôle, l'absurde inquiétant mais expliqué, etc.
Le cruel joue également un rôle important... Petite fille jetée en pâture dans ce décor glauque, bonhomme assommé à coups de pelle pour finir dans les cuisines, décapitation, épingle dans les yeux, cuisinier qui découpe une vache de façon assez immonde... Tous ces éléments, loin de faire rire, mettent mal à l'aise, et contribuent à l'ambiguité du château de BlackTales.
Car si certains éléments absurdes peuvent faire penser à "La digue", certains éléments cruels rappelent aussi "Le phalanstère du bout du monde".
C'est sur ce décor que la gentille Fanny, enfant pour le moins étrange, évolue, faisant le lien entre tous ces éléments. Car il s'agit bien d'un décor. De fait, les personnages sont tout juste esquissés. Ils n'ont que la consistance suffisante pour participer à l'histoire, mais on ne s'attarde pas à les approfondir, ils se limitent plutôt à un comportement, une apparence.
Et comme pour tout décor, il y a l'envers, les coulisses, dont on se doute bien qu'elles cachent quelque chose...
Si le tome 2 m'a paru plus faible que le premier, notamment parce qu'il fait intervenir un nouveau personnage et que sa justification me paraît un peu classique, voire artificielle, l'histoire en entier m'a plutôt séduit. Le mot exact serait fasciné. Cette histoire suscite à la fois attraction et répulsion, dégoûte tout en vous donnant envie de lire la suite, ça me rappelle un peu "Elend". Et le côté mystérieux de l'ensemble demande digestion et relecture.
Quant au dessin, pour bon qu'il soit, si les couleurs sont dans les mêmes tons que "Sambre", elles sont aussi bien ternes et vieillotes.
"Incertain Silence", c'est Joe, un peintre-dessinateur muet qui cherche à vivre de ses dessins. Qui rencontre un poète autoproclamé, bavard pour deux.
"Incertain Silence", c'est les aventures et surtout les mésaventures de Joe. Que voulez-vous, quand on est muet on ne peut pas dire aux gens qu'on a du talent, alors comment pourraient-ils s'en rendre compte ? Quand on ne peut que difficilement communiquer, on en vient parfois à laisser les autres s'exprimer plus (trop ?), à les laisser vous envahir, et finalement à se laiser porter par les circonstances.
"Incertain Silence", c'est un superbe dessin à la Ayrolles, une technique très particulière et très bien utilisée, tout en nuances et subtilités.
"Incertain Silence", c'est une histoire avec plein de petites scènes extrêmement dynamiques, drôles et bénéficiant d'une superbe mise en scène, qui font furieusement penser aux films de Buster Keaton.
"Incertain Silence", c'est une histoire toute en poésie, en sentiments, en esquisses, et un peu comme Enfer portatif, en inachevé.
"Incertain Silence", c'est malheureusement un peu vite lu, mais c'est superbe et c'est fin.
"Incertain Silence" enfin, c'est un superbe cadeau à se faire. Allez, quoi, faites-vous plaisir. :)
Oui, le dessin en tant que tel est superbe, une véritable peinture. Mais il faut également compter avec les personnages, superbement étudiés et bien rendus : le capitaine, avec sa transformation magistrale, le fourneau, bluffant de par la part qu'il laisse à l'imagination, les fantômes, tour à tour volatiles et consistants. Le décor et ses ambiances, ses effets de lumière superbes ! La mise en scène, soigneusement étudiée, choisie et rendue (regardez la troisième case de la première planche ! Ne dirait-on pas un monstre prêt à engloutir le capitaine ?). Tout cela forme un ensemble complètement cohérent avec l'histoire (qui me fait fortement penser à Le colporteur, de Tirabosco), onirique, métaphorique, qui se laisse lire au premier degré ou décoder selon la fantaise du lecteur. Rarement dessin et histoire auront été si dépendants l'un de l'autre !
En tout cas, je suis sous le charme.
Tout à fait d'accord avec l'avis de Cassidy, j'ai même eu du mal à me retenir de la classer en culte, car "Slaine" est un des très rares travaux fignolés de Bisley en bd, avec quelques "Judge Dredd" et bien sûr "LOBO" (qui lui devient trop bâclé à la fin). Cette série n'existe d'ailleurs pour moi que par les quatre premiers volumes, le reste, même s'il est de bonne facture, perd de qualité en dessin et en qualité de scénario. Car l'histoire du premier roi celte offre un terrain rêvé à une belle histoire, et le traitement de Bisley en est époustouflant... J'ai du mal à trouver aussi beau en BD... Digne héritier des Corben et surtout, à mon avis, de Frazetta, son trait est réaliste tout en étant excessif, les femmes sont belles et ont des formes généreuses, les hommes sont musculeux et fiers, les méchants charismatiques (mention spéciale à Balor et son Oeil Mauvais). Franchement, vu le prix des albums, je ne conseille que les quatre premiers, même si je ne déteste pas Glenn Fabbry.
Bécassine est un personnage inscrit dans l'inconscient collectif des jeunes français de l'entre-deux-guerres (ses aventures débutent en fait en 1905 dans l'hebdomadaire La semaine de Suzette). Lorsqu'on se penche sur le cas de cette icône de la BD franco-belge, on découvre l'histoire d'une jeune fille naïve, prompte à gaffer : Bécassine fait de son mieux pour obéir aux ordres qu’on lui donne, aussi, quand on lui a demandé d’essuyer la vaisselle, continue-t-elle sa tâche alors qu’on sonne à la porte. Il faut lui expliquer qu’elle doit tout lâcher pour ouvrir, dans un tel cas… Aussi, soucieuse de faire exactement ce qu’on lui dit, laissera-t-elle choir par terre la pile d’assiettes qu’elle transportait quand elle entendra de nouveau sonner. Ce n’est qu’un exemple des nombreux incidents, ou catastrophes que notre petite Bretonne occasionnera.
Mais elle participera à son niveau, et avec brio, à la grande guerre, elle sera même, à l’occasion, pilote d’avion, star de cinéma, et bien d’autres choses encore…
Ses aventures la mènent de sa cuisine aux sommets de montagnes.
Bécassine est attachante. D’autant plus que c’est elle-même qui nous raconte sa vie, dans son journal… Dont l’orthographe défaillante (elle n’a pas eu la chance d’aller très longtemps à l’école) est heureusement corrigée par son éditeur.
C’est une bande dessinée un peu atypique, une des premières du genre. Les textes ne sont pas dans des bulles, mais situés sous les dessins. Le dessin en est naïf, très coloré. L'ensemble est d'une grande fraîcheur, et même si certaines réflexions peuvent prêter à sourire presque un siècle plus tard, il reste que Bécassine est un témoignage fort intéressant, à la limite de la satire parfois, de la vie et la pensée françaises de 1905 à 1939.
A noter que la série sera (brièvement) reprise en 1959 par le dessinateur Trubert, puis en 1992 avec la parution de l'album "Bécassine au studio" en 1992.
"Bécassine" est présentée au Moulin Rouge le 3 septembre 1940. Pierre Caron et Jean Nohain adaptent pour le cinéma. Le film sera extrêmement controversé et vite retiré des salles.
Je ne serais pas complet si je ne vous donnais pas les paroles de la célèbre chanson de Chantal Goya, écrite en 1980 par son mari Jean-Jacques Debout :
Elle est née un beau matin dans un berceau de bois
Son père et sa mère étonnés n'en revenaient pas
De voir cette enfant bien rose et dodue à la fois
Avec un nez qu'on ne voyait pas
Aussitôt tout le village se préparait déjà
Pour venir fêter ce beau baptême oui mais voilà
Il fallait trouver un surnom, elle n'en avait pas
Mais son papa qui se trouvait là
A dit : puisqu'elle ira en classe
Ici à Clocher les Bécasses
Moi j'ai trouvé comment il faudra l'appeler :
{Refrain:}
Bécassine, c'est ma cousine
Bécassine, on est voisine
Quand je m'en vais voir ma grand-mère
Qui habite au bord de la mer
Je retrouve ma Bécassine
Qui m'emmène au bout de la terre
Bécassine, c'est ma cousine
Bécassine, et la cousine
Marie qui louche m'amuse beaucoup
Ensemble on fait les quatre cents coups
Bécassine, tu nous rends fous
Un soir Bécassine est partie pour le pensionnat
Aider les enfants pour les vacances à Etretat
Je m'ennuyais d'elle on s'écrivait oui mais voilà
Ce n'était plus du tout comme autrefois
Quand je partais avec elle à la ville dans son automobile
Dans son avion faire des loopings au-dessus des îles
{au Refrain, 2x}
Je le dis tout de suite, ça m'embête un peu de classer cette BD comme "culte", car ce terme n'est à mon avis pas vraiment approprié à cette oeuvre. Pourtant, je ne vois pas non plus pourquoi je lui mettrais 4/5, car je n'y trouve absolument rien à redire. Les textes sont fabuleux, le dessin sublime, l'histoire extraordinaire...
Non, franchement, je cherche mais je ne trouve rien qui cloche chez "Lincoln". J'y peux rien, c'est parfait...
C'est l'histoire d'un mec né dans des circonstances étranges (père inconnu) dans un endroit sale et poussièreux, qui dérange par ses idées et ses paroles qui risquent de détruire l'ordre établi, qui rencontre Dieu alors qu'il était en train de pêcher des tas de poissons, qui fait bien rire tout le monde (même le diable), qui se fait arrêter, exécuter, qui sort de sa tombe et qui finit par se rendre populaire par ses nombreux exploits et donc, par se faire suivre et vénérer par une petite troupe de fidèles compagnons.
Alors, ça vous rappelle rien cette histoire?
Je pense en effet qu'en plus de "vulgariser" un peu Dieu et ses miracles, c'est tout le nouveau testament que "parodie" Jouvray en réécrivant l'histoire de Jésus façon western déjanté.
Bref, du tout grand art, rien à redire. Grandiose.
Une BD d'Heroic-Fantasy de bon niveau. Le scénario est bien alambiqué, sympathique et surtout elle sort vraiment des sentiers battus. L'intrigue débute sur une voie au tome 1 puis prend ensuite le lecteur par surprise en changeant fortement de voie à partir du tome 2 pour finir sur une fin très originale. L'histoire est noire, un peu trop noire à mon goût, et il y a un fort détachement par rapport aux personnages : il ne faut pas s'y attacher car il est dit que dans cette BD tout le monde doit mourir à un moment ou à un autre.
Des idées intéressantes en tous cas, et un dessin bien foutu et agréable (quoiqu'à nouveau assez sombre).
C'est culte! Moi qui suis collectionneur de bds (j'en ai 150) et, sauf exception, non attiré par le manga, j'ai adoré celui-ci. J'ai trouvé que les combats étaient épiques, tout d'abord du point de vue esthétique et du point de vue historique (voir les techniques dans le "Kenshin guide book" 2). J'ai trouvé la psychologie des personnages très aboutie (Aoshi Shinomori est très humain par rapport à d'autres personnages).
Enfin bref, ce manga a une part entière dans ma bédéthèque.
J'ai un petit faible pour cette série totalement méconnue.
Bien qu'elle soit destinée à un public relativement jeune, l'humour, surtout celui du tome 1, est bien efficace, frais et sympathique. On ne s'y prend pas la tête, quoi.
En outre, on y retrouve foule d'information sur les Dieux d'Asgard et sur la mythologie scandinave, comme si on évoluait parmi eux et qu'après tout, être un dieu, c'est comme être un simple humain mais avec un sale caractère prononcé.
Bref, une série sympa, de bonne qualité, à lire pour le plaisir.
PS : Comme dit plus haut par Gevaudan, il faut admettre que c'est surtout le tome 1 qui est vraiment bien, les suivants sont un cran en dessous.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Mariko Parade
Mariko Parade est une bd issue de la nouvelle vague actuelle venant du soleil levant c'est à dire le manga d'auteur. Ce style est caractérisé par de la sensibilité, de la pudeur et beaucoup d'intelligence. Cet album ne faillit pas à la règle et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu cette bd. Frédéric Boilet qui est d'origine francaise mais vivant au Japon, nous propose une histoire délicate où les parfums de fleurs semblent vous chatouiller les narines. La trame du sujet est relativement simple: Un mangaka et son modèle partent sur une île pour effectuer des repérages. L'occasion pour eux de remettre leur couple en question. Les deux personnages principaux sont décrits avec beaucoup de sincérité et on partage ce moment d'intimité avec un interêt constant. Leurs souvenirs, leurs projets et leurs espoirs sont developpés avec émotion et avec une certaine retenue. Le résultat est plutôt convaincant. Au niveau du dessin, Kan Takahama est vraiment un modèle du finesse. Son traît est remarquable et il met bien en valeur touts les sentiments qui se dégage de l'écriture. On a parfois l'impression que l'auteur a dessiné sur de la soie tellement son traît est feutré. Une planche est particulièrement très belle, elle se situe à la page 31. Ce dessin résume bien tout le talent de cette jeune mangaka. Voilà donc un album a lire avec tendresse et de préférence près d'un bouquet d'hortensias car il parait que le nom de cette fleur signifie "amour qui dure".
Monsieur Noir
Très, très étrange. Le tout début laisse présager une histoire façon "Dracula", mais le ton change bien vite pour devenir plus mystérieux, alternativement cocasse et inquiétant. L'absurde joue ici un rôle très important, et ce à divers degrés. Depuis l'absurde rigolo des comportements stupides de certains personnages (Lady Habanera, Sarabande...) jusqu'à l'absurde inquiétant et inexpliqué de ces jets de vapeur rouge, ce château qui croît, en passant par l'absurde inexpliqué mais drôle, l'absurde inquiétant mais expliqué, etc. Le cruel joue également un rôle important... Petite fille jetée en pâture dans ce décor glauque, bonhomme assommé à coups de pelle pour finir dans les cuisines, décapitation, épingle dans les yeux, cuisinier qui découpe une vache de façon assez immonde... Tous ces éléments, loin de faire rire, mettent mal à l'aise, et contribuent à l'ambiguité du château de BlackTales. Car si certains éléments absurdes peuvent faire penser à "La digue", certains éléments cruels rappelent aussi "Le phalanstère du bout du monde". C'est sur ce décor que la gentille Fanny, enfant pour le moins étrange, évolue, faisant le lien entre tous ces éléments. Car il s'agit bien d'un décor. De fait, les personnages sont tout juste esquissés. Ils n'ont que la consistance suffisante pour participer à l'histoire, mais on ne s'attarde pas à les approfondir, ils se limitent plutôt à un comportement, une apparence. Et comme pour tout décor, il y a l'envers, les coulisses, dont on se doute bien qu'elles cachent quelque chose... Si le tome 2 m'a paru plus faible que le premier, notamment parce qu'il fait intervenir un nouveau personnage et que sa justification me paraît un peu classique, voire artificielle, l'histoire en entier m'a plutôt séduit. Le mot exact serait fasciné. Cette histoire suscite à la fois attraction et répulsion, dégoûte tout en vous donnant envie de lire la suite, ça me rappelle un peu "Elend". Et le côté mystérieux de l'ensemble demande digestion et relecture. Quant au dessin, pour bon qu'il soit, si les couleurs sont dans les mêmes tons que "Sambre", elles sont aussi bien ternes et vieillotes.
Incertain Silence
"Incertain Silence", c'est Joe, un peintre-dessinateur muet qui cherche à vivre de ses dessins. Qui rencontre un poète autoproclamé, bavard pour deux. "Incertain Silence", c'est les aventures et surtout les mésaventures de Joe. Que voulez-vous, quand on est muet on ne peut pas dire aux gens qu'on a du talent, alors comment pourraient-ils s'en rendre compte ? Quand on ne peut que difficilement communiquer, on en vient parfois à laisser les autres s'exprimer plus (trop ?), à les laisser vous envahir, et finalement à se laiser porter par les circonstances. "Incertain Silence", c'est un superbe dessin à la Ayrolles, une technique très particulière et très bien utilisée, tout en nuances et subtilités. "Incertain Silence", c'est une histoire avec plein de petites scènes extrêmement dynamiques, drôles et bénéficiant d'une superbe mise en scène, qui font furieusement penser aux films de Buster Keaton. "Incertain Silence", c'est une histoire toute en poésie, en sentiments, en esquisses, et un peu comme Enfer portatif, en inachevé. "Incertain Silence", c'est malheureusement un peu vite lu, mais c'est superbe et c'est fin. "Incertain Silence" enfin, c'est un superbe cadeau à se faire. Allez, quoi, faites-vous plaisir. :)
Le dérisoire
Oui, le dessin en tant que tel est superbe, une véritable peinture. Mais il faut également compter avec les personnages, superbement étudiés et bien rendus : le capitaine, avec sa transformation magistrale, le fourneau, bluffant de par la part qu'il laisse à l'imagination, les fantômes, tour à tour volatiles et consistants. Le décor et ses ambiances, ses effets de lumière superbes ! La mise en scène, soigneusement étudiée, choisie et rendue (regardez la troisième case de la première planche ! Ne dirait-on pas un monstre prêt à engloutir le capitaine ?). Tout cela forme un ensemble complètement cohérent avec l'histoire (qui me fait fortement penser à Le colporteur, de Tirabosco), onirique, métaphorique, qui se laisse lire au premier degré ou décoder selon la fantaise du lecteur. Rarement dessin et histoire auront été si dépendants l'un de l'autre ! En tout cas, je suis sous le charme.
Sláine
Tout à fait d'accord avec l'avis de Cassidy, j'ai même eu du mal à me retenir de la classer en culte, car "Slaine" est un des très rares travaux fignolés de Bisley en bd, avec quelques "Judge Dredd" et bien sûr "LOBO" (qui lui devient trop bâclé à la fin). Cette série n'existe d'ailleurs pour moi que par les quatre premiers volumes, le reste, même s'il est de bonne facture, perd de qualité en dessin et en qualité de scénario. Car l'histoire du premier roi celte offre un terrain rêvé à une belle histoire, et le traitement de Bisley en est époustouflant... J'ai du mal à trouver aussi beau en BD... Digne héritier des Corben et surtout, à mon avis, de Frazetta, son trait est réaliste tout en étant excessif, les femmes sont belles et ont des formes généreuses, les hommes sont musculeux et fiers, les méchants charismatiques (mention spéciale à Balor et son Oeil Mauvais). Franchement, vu le prix des albums, je ne conseille que les quatre premiers, même si je ne déteste pas Glenn Fabbry.
Bécassine
Bécassine est un personnage inscrit dans l'inconscient collectif des jeunes français de l'entre-deux-guerres (ses aventures débutent en fait en 1905 dans l'hebdomadaire La semaine de Suzette). Lorsqu'on se penche sur le cas de cette icône de la BD franco-belge, on découvre l'histoire d'une jeune fille naïve, prompte à gaffer : Bécassine fait de son mieux pour obéir aux ordres qu’on lui donne, aussi, quand on lui a demandé d’essuyer la vaisselle, continue-t-elle sa tâche alors qu’on sonne à la porte. Il faut lui expliquer qu’elle doit tout lâcher pour ouvrir, dans un tel cas… Aussi, soucieuse de faire exactement ce qu’on lui dit, laissera-t-elle choir par terre la pile d’assiettes qu’elle transportait quand elle entendra de nouveau sonner. Ce n’est qu’un exemple des nombreux incidents, ou catastrophes que notre petite Bretonne occasionnera. Mais elle participera à son niveau, et avec brio, à la grande guerre, elle sera même, à l’occasion, pilote d’avion, star de cinéma, et bien d’autres choses encore… Ses aventures la mènent de sa cuisine aux sommets de montagnes. Bécassine est attachante. D’autant plus que c’est elle-même qui nous raconte sa vie, dans son journal… Dont l’orthographe défaillante (elle n’a pas eu la chance d’aller très longtemps à l’école) est heureusement corrigée par son éditeur. C’est une bande dessinée un peu atypique, une des premières du genre. Les textes ne sont pas dans des bulles, mais situés sous les dessins. Le dessin en est naïf, très coloré. L'ensemble est d'une grande fraîcheur, et même si certaines réflexions peuvent prêter à sourire presque un siècle plus tard, il reste que Bécassine est un témoignage fort intéressant, à la limite de la satire parfois, de la vie et la pensée françaises de 1905 à 1939. A noter que la série sera (brièvement) reprise en 1959 par le dessinateur Trubert, puis en 1992 avec la parution de l'album "Bécassine au studio" en 1992. "Bécassine" est présentée au Moulin Rouge le 3 septembre 1940. Pierre Caron et Jean Nohain adaptent pour le cinéma. Le film sera extrêmement controversé et vite retiré des salles. Je ne serais pas complet si je ne vous donnais pas les paroles de la célèbre chanson de Chantal Goya, écrite en 1980 par son mari Jean-Jacques Debout : Elle est née un beau matin dans un berceau de bois Son père et sa mère étonnés n'en revenaient pas De voir cette enfant bien rose et dodue à la fois Avec un nez qu'on ne voyait pas Aussitôt tout le village se préparait déjà Pour venir fêter ce beau baptême oui mais voilà Il fallait trouver un surnom, elle n'en avait pas Mais son papa qui se trouvait là A dit : puisqu'elle ira en classe Ici à Clocher les Bécasses Moi j'ai trouvé comment il faudra l'appeler : {Refrain:} Bécassine, c'est ma cousine Bécassine, on est voisine Quand je m'en vais voir ma grand-mère Qui habite au bord de la mer Je retrouve ma Bécassine Qui m'emmène au bout de la terre Bécassine, c'est ma cousine Bécassine, et la cousine Marie qui louche m'amuse beaucoup Ensemble on fait les quatre cents coups Bécassine, tu nous rends fous Un soir Bécassine est partie pour le pensionnat Aider les enfants pour les vacances à Etretat Je m'ennuyais d'elle on s'écrivait oui mais voilà Ce n'était plus du tout comme autrefois Quand je partais avec elle à la ville dans son automobile Dans son avion faire des loopings au-dessus des îles {au Refrain, 2x}
Lincoln
Je le dis tout de suite, ça m'embête un peu de classer cette BD comme "culte", car ce terme n'est à mon avis pas vraiment approprié à cette oeuvre. Pourtant, je ne vois pas non plus pourquoi je lui mettrais 4/5, car je n'y trouve absolument rien à redire. Les textes sont fabuleux, le dessin sublime, l'histoire extraordinaire... Non, franchement, je cherche mais je ne trouve rien qui cloche chez "Lincoln". J'y peux rien, c'est parfait... C'est l'histoire d'un mec né dans des circonstances étranges (père inconnu) dans un endroit sale et poussièreux, qui dérange par ses idées et ses paroles qui risquent de détruire l'ordre établi, qui rencontre Dieu alors qu'il était en train de pêcher des tas de poissons, qui fait bien rire tout le monde (même le diable), qui se fait arrêter, exécuter, qui sort de sa tombe et qui finit par se rendre populaire par ses nombreux exploits et donc, par se faire suivre et vénérer par une petite troupe de fidèles compagnons. Alors, ça vous rappelle rien cette histoire? Je pense en effet qu'en plus de "vulgariser" un peu Dieu et ses miracles, c'est tout le nouveau testament que "parodie" Jouvray en réécrivant l'histoire de Jésus façon western déjanté. Bref, du tout grand art, rien à redire. Grandiose.
Terres d'Ombre
Une BD d'Heroic-Fantasy de bon niveau. Le scénario est bien alambiqué, sympathique et surtout elle sort vraiment des sentiers battus. L'intrigue débute sur une voie au tome 1 puis prend ensuite le lecteur par surprise en changeant fortement de voie à partir du tome 2 pour finir sur une fin très originale. L'histoire est noire, un peu trop noire à mon goût, et il y a un fort détachement par rapport aux personnages : il ne faut pas s'y attacher car il est dit que dans cette BD tout le monde doit mourir à un moment ou à un autre. Des idées intéressantes en tous cas, et un dessin bien foutu et agréable (quoiqu'à nouveau assez sombre).
Kenshin le Vagabond
C'est culte! Moi qui suis collectionneur de bds (j'en ai 150) et, sauf exception, non attiré par le manga, j'ai adoré celui-ci. J'ai trouvé que les combats étaient épiques, tout d'abord du point de vue esthétique et du point de vue historique (voir les techniques dans le "Kenshin guide book" 2). J'ai trouvé la psychologie des personnages très aboutie (Aoshi Shinomori est très humain par rapport à d'autres personnages). Enfin bref, ce manga a une part entière dans ma bédéthèque.
Valhalla
J'ai un petit faible pour cette série totalement méconnue. Bien qu'elle soit destinée à un public relativement jeune, l'humour, surtout celui du tome 1, est bien efficace, frais et sympathique. On ne s'y prend pas la tête, quoi. En outre, on y retrouve foule d'information sur les Dieux d'Asgard et sur la mythologie scandinave, comme si on évoluait parmi eux et qu'après tout, être un dieu, c'est comme être un simple humain mais avec un sale caractère prononcé. Bref, une série sympa, de bonne qualité, à lire pour le plaisir. PS : Comme dit plus haut par Gevaudan, il faut admettre que c'est surtout le tome 1 qui est vraiment bien, les suivants sont un cran en dessous.