Enfer portatif

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 8 avis)

Pierre l'Aveugle et Paul le cul-de-jatte forment un duo peu ragoûtant.


Casterman : Un monde École européenne supérieure de l'image Handicap La cécité

Pierre l'Aveugle et Paul le cul-de-jatte forment un duo peu ragoûtant. La vie ne les a pas gâtés, mais il faut bien s'entraider. Et comme ils passent régulièrement la nuit au poste, il faudra l'intervention bénéfique et totalement désintéressée de Barbara Casablanca pour les sortir de la rue. Mais le traitement de faveur de la brave dame, branchée macrobiotique, se révèle bien pire encore que les humiliations des policiers. Un conte noir et grinçant, aux personnages improbables, dignes représentants des zones d'ombre de l'âme humaine.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Août 2003
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Enfer portatif © La Pastèque 2003
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 8 avis)
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07/09/2003 | ThePatrick
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est une histoire sans queue ni tête, et presque sans commencement ni fin, tant la dernière page complète la première, en nous donnant l’impression que tout recommence, se poursuit sans fin, alors que rien ne nous est donné pour comprendre qui sont les deux personnages principaux, d’où ils viennent, où ils vont, comme s’ils étaient lancés à fond sur une réalité parallèle à la nôtre ou à ceux qu’ils croisent. Trajectoire linéaire et sans détours « explicatif » que celle de nos deux bonhommes, Paul le nain tétraplégique, inlassablement portés par Pierre, grand type un peu naïf, et aveugle. Mais leur « road movie » improbable les fait rencontrer d’autres personnages, presque tous marqués – à des degrés divers – par une faille, un quelque chose de bizarre, d’anormal : nous voyons là des freaks se croiser, dans une aventure qui est pleine de vie, d’amertume, d’humour (souvent noir) parfois. Les aventures un peu loufoques m’ont un temps laissé circonspect, mais je suis rapidement tombé sous le charme, et ai été captivé par ces « rencontres », Pierre et Paul se retrouvant brinquebalés par les événements, et ce d’autant plus qu’une fois séparés, ils sont tous les deux physiquement dépendants des autres pour se déplacer. L’histoire en elle-même est simple, et cette simplicité est accentuée par le dessin en Noir et Blanc d’Ayroles, qui use d’un trait gras, centré sur les personnages, faisant souvent l’économie des décors. C’est un album que j’ai trouvé chouette et original (loin des expérimentations liées à l’oubapo que fera ensuite Ayroles), qui déconcertera sans doute certains de ses lecteurs, mais sur lequel je vous recommande de jeter un coup d’œil, il en vaut la peine.

14/05/2020 (modifier)
Par Miranda
Note: 3/5
L'avatar du posteur Miranda

J'ai trouvé Enfer portatif un cran en dessous de Incertain Silence qui a le charme vieillot des films des années 30. Ici on est très proche de roman graphique basique et l'histoire s'éternise souvent sur des passages très peu intéressants ce qui rend la lecture globalement assez ennuyeuse. Les deux personnages ne sont pas particulièrement attachants non plus, j'ai suivi leurs mésaventures sans pour autant ressentir une quelconque compassion envers leur handicap, ils se débrouillent d'ailleurs très bien ensemble ; sauf peut-être lorsque Paul - qui n'est pas cul-de-jatte mais un nain tétraplégique, - se retrouve comme un jouet entre les mains d'un attardé mental. Pierre, l'aveugle, est quant à lui assez agaçant et je l'ai trouvé un peu trop hautain. J'ai par contre beaucoup apprécié la grande amitié qui les unie.

25/08/2009 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

Cette BD est unique dans son thème : un road movie avec des personnages tout droit sortis du film "Freaks". Ce drame est profondément humain malgré les exactions des personnages. On se prend de pitié pour Paul le nain tétraplégique qui guide Pierre le géant aveugle lui servant de mulet. Cette symbiose n'en reste pas moins sincère. Déjà peu gâtés par la vie, les rencontres vont leur apporter de nouveaux désagréments jusqu'à les séparer. Les 120 pages N&B se dévorent d'une traite. Le dessin est épuré et travaille sur le contraste noir et blanc. Je doute que ce récit plaise à tout le monde. A titre personnel, j'en redemande.

26/07/2009 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 3/5

Un album surprenant !.. 120 pages en noir et blanc !.. Audacieux !... Fallait oser. C'est fait !... François Ayroles, l'auteur de cet ouvrage, m'a invité à découvrir le parcours de deux hommes hors normes. Le postulat de départ : une pleine référence à la parabole de l'aveugle et du paralysé. L'un est un petit malingre incapable de se déplacer seul. L'autre est un géant aveugle contraint de trimbaler son compagnon d'infortune sur son dos pour pouvoir avancer. Ce "couple" irréel déambule ainsi tant bien que mal de ville en ville et vit de petits braconnages. Jusqu'au jour où ces deux membres qui apparaissaient inséparables sont contraints de "fuir" chacun de leur côté... Commencent alors deux vies parallèles qui sont condamnées à se rejoindre... un jour ou l'autre. Un ouvrage lent. Surprenant. Un album sûrement passionnant pour certains, rébarbatif pour d'autres. J'avoue ne pas trop accrocher au style graphique (opinion "vieille école" peut-être), mais je conseille néanmoins la découverte de cet auteur méconnu de beaucoup.

04/01/2007 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Note approximative : 2.5/5 Ce n'est pas mon genre de BD, un peu trop à la limite du glauque pour moi. Déjà je n'apprécie pas le dessin de François Ayroles dans cet album. Trop sombre, trop imprécis, je ne saurais dire mais il me fait une impression globale que je n'aime pas par goût personnel. Quant au scénario, il faut admettre qu'il comporte pas mal d'originalité ne serait-ce que dans ses deux personnages de Pierre et Paul. Il y a une petite touche des récits de Tim Burton dans ce scénario mais avec la touche de magie et de rêve en moins. Là, malgré un petit grain léger de folie, l'histoire d'Enfer Portatif reste réaliste et sombre. Alors les dialogues ne sont pas mauvais, les différentes parties de récit de l'album assez originales et relativement intéressantes les unes et les autres, mais j'ai lu cette BD sans jamais vraiment m'y plonger ni prendre vraiment de plaisir. C'est le genre d'histoire qui me laisse de marbre tout en me rebutant légèrement par la façon dont elle frôle le glauque avec ses personnages misérables et souvent tristes. En outre, il faut admettre que le récit ne mène pas à grand chose : la fin est légèrement en queue de poisson sans qu'on aie vu la finalité des évènements qui ont été présentés durant l'album.

07/07/2005 (modifier)
Par ArzaK
Note: 3/5

Ayroles sort enfin du pur exercice de style (séduisant au demeurant) pour enfin raconter une histoire. On retrouve bien sûr, par-ci par-là, dans certaines planches, quelque chose de l'Oubapo et de l'exercice "rhétorique" et c'est généralement merveilleusement intégré au récit. Le dessin est très... sombre. Tous ces aplats de noirs, ça fait un peu peur au début. Mais on s'y fait et on en savoure vite la subtilité. Les dialogues sont très bons, les personnages attachants. Mais voilà... pour moi, le gros défaut de cet album, c'est de ne pas avoir de vrai sujet. Pourtant j'y croyais au début, j'étais certain de tomber sur une espèce de "Freaks", version dessinée, une fable sur la différence et sur l'entraide. A un autre instant j'ai cru à un vrai propos sur la création... Mais tout cela tourne trop court, Ayroles ne va pas assez loin et offre une histoire certes originale, mais un peu trop "gratuite" pour séduire de bout en bout. Je suis resté un peu sur ma faim, pas mécontent de ma lecture, mais avec la sensation d’être passé à côté de quelque chose qui aurait pu être plus grand, plus fort. Ayroles a déjà prouvé qu'il était un formaliste hors-pair doublé d'un poète... Il lui manque peut-être ici un vrai fond, un vrai propos. A charge de revanche...

30/11/2003 (modifier)
Par Kael
Note: 3/5

J'ai aimé cet album, ce n'était pourtant pas gagné d'avance... Si l'on regarde le dessin et les grande lignes de l'histoire, ce one shot ne passe vraiment pas pour un indispensable, loin de là. Pourtant, on ne peut pas lui nier certaines qualités. François Ayroles se fait plaisir ici, avec des dialogues souvent tout à fait exceptionnels, et un decoupage ambitieux. Alors même si l'hisoire ne m'a pas conquis entièrement, j'ai apprécié la lecture de cet album tant il change de ce que je peux lire habituellement. Même le dessin qui me faisait presque horreur au début m'apparaît finalement comme certes un peu gras, mais plutôt en accord avec l'ambiance de la bd, c'est à dire très sombre (et paradoxalement, on rit souvent). C'est un album qui ne plaira pas à tout le monde, loin de là, mais si ça vous tente...

09/09/2003 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Tout nouvel album d’Ayroles (François, pas Alain…), ce n’est peut-être pas en le feuilletant que celui qui ne connaît pas l’auteur aura envie de le lire. Le style graphique est en effet assez particulier, analogue à celui d’« Incertain silence », parfois très sombre du fait d’encrages abondants et mettant en scène des physionomies un peu spéciales. Une des grandes force de cet album, c’est une originalité parfois poussée. Dans les dialogues tout d’abord, avec un côté fréquemment décalé, jouant par exemple sur le fait que Pierre est aveugle, et quelques petites perles de répliques, comme au dos de l’album : C’est pas parce que je vois pas que je peux pas peindre… Je suis pas manchot ! ; ces dialogues sont vraiment un réel plaisir à lire. Dans le dessin ensuite. Ayroles participe activement à l’OuBaPo et utilise ici certaines techniques oubapiennes, mais légèrement, presque avec tact, et toujours à bon escient. (Passage un peu technique) Itérations iconiques (p.62, huit cases identiques représentant l’extérieur du commissariat), restrictions iconiques (p. 1), itérations iconiques partielles (p. 8, Pierre et Paul en train de cheminer), réinterprétation graphique absolument magistrale (p. 85), etc. Et puis la page 86 rappelle « Simbabad de Bahtbad » (« Philémon »…), où le lecteur est contraint de suivre un ordre de lecture qui n’est pas celui des cases. Bref, il y a de quoi faire. Et pourtant tout ceci reste discret, parfaitement intégré au récit et le servant. Rien d’artificiel donc, au contraire. L’histoire quant à elle est originale dans son idée : deux personnages infirmes mais complémentaires, l’un rabougri et tétraplégique, l’autre grand et valide mais aveugle. Autant le dire tout de suite, la ligne directrice de cet album, c’est Pierre et Paul. Les aventures qu’ils vont vivre ont une cohérence et une logique, mais il ne s’agit pas de quelque chose d’aussi marqué que, disons, un Thorgal, avec situation initiale, perturbation, aventure et fin. Là ce serait plutôt « on fait un morceau de chemin avec les personnages ». Mais bon, « Enfer Portatif » est un vrai plaisir à lire. Savoureux dans ces dialogues, très intéressant au niveau de son découpage et dans les techniques qu’il utilise, tendre et cruel à la fois, gentiment drôle, j’aime.

07/09/2003 (modifier)