Les derniers avis (38554 avis)

Retour écrémé

Ibn Al Rabin fait dans le minimalisme, parfois dans l'abstrait, et certainement dans l'atypique et le recherché. Pour autant, cet aspect de "recherche" transparaît à peine quand on n'y fait pas attention. Le graphisme de "Retour Ecrémé" (passé la couverture assez laide...) est minimaliste. Même Trondheim à côté pourrait passer pour en faire beaucoup. Les personnages ici sont tout en silhouette, très ronds et très simples. Et le tour de force de l'auteur consiste à réussir une excellente expressivité, malgré cette sobriété extrême. La simple inclinaison d'un corps, la courbure d'une bouche, la position d'une touffe de cheveux (tout ceci vu en "ombre chinoise", bien sûr) fait passer une attitude, un sentiment, la position de tout le personnage... "Retour Ecrémé" s'affranchit également pour une large part des classiques cases et de leur disposition en gaufrier plus ou moins régulier. Ici la page est blanche, et les cases y sont disposées un peu comme on pourrait épingler des notes sur un tableau en liège. Mais encore une fois, l'expressivité de l'ensemble reste excellente. Mieux : elle est améliorée par une utilisation véritablement intelligente de l'espace de la page, qui se traduit également par une disposition complètement novatrice des textes. Chaque bulle est reliée au personnage qui la prononce par un trait, mais en même temps, c'est parfois l'ordre des bulles -- hors des cases -- qui va déterminer l'ordre de lecture des cases en question, alors que c'est tradtionnellement l'inverse. Les bulles deviennent des objets graphiques aussi importants que les cases et à ce titre complètent, égalent et parfois supplantent ces cases dans le domaine de l'ordre de lecture et de l'importance. Et pourtant, à la lecture ça n'a l'air de rien. C'est complètement naturel et presque transparent... L'histoire quant à elle, est à cheval entre les vieux films d'horreur de série Z, une parodie parfois franchement savoureuse, et une dénonciation amusante et pas virulente du racisme et de la connerie en général. Enfin, je ne parlerai pas de ce dernier point, lisez l'album et jugez par vous-même. Côté humour, par contre, c'est complètement décalé : les dialogues sont absolument savoureux, certains passages très parodiques (le débat télévisé, la séance de presse du porte-parole du gouvernement, etc.), et le dessin lui-même fait rire parfois tant il est mignon. Les zombies ne sont pas ici de gros monstres sans cerval, ce sont littéralement des morts-vivants. Des gens normaux, qui sont morts, mais qui revivent... et qui tombent en miettes... Alors voilà, c'est mignon (pas la couverture, hein), c'est inventif, c'est drôle, et j'aime. Côté mauvais points, quand même, il y a l'objet lui-même, qui est a priori de bonne qualité : papier et carton sont très épais... mais c'est peut-être trop épais, et il faut des doigts très musclés pour tout lire sans casser le dos du bouquin...

La Jeunesse de Blueberry

"La jeunesse de Blueberry" ! A première vue, on peut être sceptique quant à l'intérêt d'une telle série qui peut sembler plus commerciale qu'autre chose. Mais, les premiers tomes sont très intéressants et nous permettent de cerner un peu mieux le personnage de Blueberry. Quant à l'intrigue, et bien je dois dire que j'ai été agréablement surpris (j'en suis au 6eme tome), et même si cela n'atteint pas la grandeur de la série originale, moi je trouve ça plutôt sympa ! Voilà, j'attends tout de même de lire la suite pour me faire une meilleure idée, mais on va attendre un peu car là je n'ai plus de sous, et oui je suis étudiant. ;)

Murena

L'Histoire Antique mise en bande-dessinée, mais pas n'importe quelle histoire : la complexité et les perpétuels changements de situation de Rome et du pouvoir sous Néron. Malgré le très beau dessin aux couleurs très classiques et strictes, je craignais de lire une nouvelle BD historique ennuyeuse, mais non : tout est parfaitement bien tourné et narré de manière à rendre l'histoire captivante et à nous attacher à ses personnages. Je me suis un peu cru replongé dans la Rome puissante et décadente de Neropolis quand j'avais lu le livre. On s'étonne de voir ces puissants à la fois fragiles (risquant à chaque instant de mourir sous le coup du poison ou d'un coup de poignard) et intouchables (la plèbe semble les suivre comme des moutons et croire leurs mensonges sans sourciller). C'est beau, c'est bien fait, et c'est impressionant de voir une portion d'Histoire être aussi intéressante.

Sanctuaire

L'avis que j'ai de "Sanctuaire" est très partagé. D'une part le dessin des scènes sous-marines et "archéologiques" est très bien, d'autre part celui des personnages (et surtout des visages) peut être affreux (le dessin lui-même, mais aussi les expressions des personnages...). D'une part l'histoire est complètement captivante, d'autre part elle joue sur des ressorts archi-connus et comporte de nombreux éléments à la limite du ridicule. En effet, le truc de "la découverte archéologique d'une cité mystérieuse perdue dans un endroit inaccessible renfermant un terrrrible secret qui pourrait bien détruire le monde", c'est du vu et revu. On pense évidemment à Indiana Jones ou encore Lovecraft. Mais justement, comme c'est un sujet très prenant, basé sur notre fascination pour les mythes et les mystères, ça marche très bien. Alors c'est vrai que de nombreux éléments sont assez abracadabrants. Comme l'immensité du temple secret (il a fallu sculpter ces statues et construire tout ça, hein), la porte qui s'ouvre avec un super mécanisme très crédible, June (le "scientifique", si si) qui réalise des miracles ("On a quasiment tout l'internet stocké sur notre ordinateur de bord", ah ah ah, bin voyons :) ), retrouve des gars non référencés dans les archives (Ah ?), etc. Les personnages sont peu développés, et ça vaut peut-être mieux parce que ce qu'on en voit est plutôt moyen (je pense au commandant...). Mais bon, les situations sont si intenses et clichées (action dans un sous-marin perdu au fin fond d'une caverne -- sous-marine, évidemment -- maladies mystérieuses, hallucinations, temple mystérieux d'une civilisation antique, etc.) qu'on lit tout ça d'une traite et qu'on est fasciné malgré tous les défauts de la série. D'ailleurs, arrivé à la fin du tome 2 je reste frustré de ne pas avoir la suite, tout en me disant que ça part un peu dans le n'importe quoi... Bon, bin voilà, quoi. A lire parce que c'est très prenant ou à décortiquer parce que c'est un peu aberrant, mais à lire. :)

Sanctuaire

Le dessin est réaliste, peut-être trop, ce qui perd un peu le lecteur dans l'histoire. Les couleurs sont très très bien travaillées, elles font ressortir le rythme, enfin surtout elles accentuent le suspense. Le rythme est très bon, pas de temps mort. On ne voit pas tout de suite où on va arriver, mais on a déjà pas mal de réponses dans le tome 2 (peut-être aussi certaines qu'on n'aurait pas voulu avoir immédiatement). On y notera une analogie avec un film connu qui se passe sous la mer, je cache le titre volontairement pour ne pas gâcher la lecture. Quant à l'histoire, un mélange d'Indiana Jones, de science-fiction, de mythologie, ce n'est peut-être pas le scénario du siècle, mais moi il m'a bien tenu en haleine sur 2 tomes, et j'attends le prochain avec impatience.

Un Ver dans le Fruit

Je poursuis ma découverte de Rabaté et je ne suis pas déçu. Ce petit drame campagnard avec son lot de sourires est vraiment sympathique. Rabaté excelle vraiment dans la BD "sociale", il réussit à nous plonger dans l'ambiance de ces petits villages viticoles, ça sent bon le terroir et le pinard. On s'imprègne de l'atmosphère de cette époque. Le jeune prêtre est attachant et on suit avec un oeil malicieux ses mésaventures, ses déboires. C'est un aspect vraiment amusant et très vivant de la BD. L'enquête est tout aussi intéressante et l'épilogue est original et sans concession. C'est de la vie mise en dessin, le pire et le meilleur, du brut. Le dessin est idéal pour le sujet. Le style de rabté donne des personnages tous vivants, avec un "bagage", on sent du vécu ! On croirait tous les avoir déjà croisé quelque part ! Les cadrages sont bien pensés. C'est donc une excellente BD, moins jubilatoire que Les Pieds dedans que j'ai lue auparavant, mais cela m'incite à continuer ma visite dans l'univers de Rabaté et je vous encourage à vous y plonger sans attendre !

Les Chroniques de Magon

Attention, je vais raconter ma life... Les Chroniques de Magon... C'est marrant mais au début, cette bd ne m'attirait pas trop, j'était pas motivé pour l'acheter, je la sentais pas... Pourtant, on me l'a conseillé mainte et mainte fois... Et pis vient ce festival d'Igny où Les auteurs Guillaume Lapeyre et Elsa Brants sont présents pour dédicacer... Mes compères Kael et Tigrou n'ont pas grand chose à dire pour me motiver pour la dédicace, ça tombe bien, il n'y a pas trop de monde ! Et la je découvre 2 personnes vraiment extraordinaires, agréables, bon délire, certainement mon meilleur souvenir de dédicace ! Elsa et Guillaume, on vous aime ! (je pense parler au nom de tout le monde :)) Bon, venons en à la bd en elle même ! Attention, j'ai fini de raconter ma life ! J'adore ! J'adore l'ambiance post-apocalyptique, cette ambiance steam-punk qui me fait penser au Régulateur de Moreno (autre bd que j'aime beaucoup), j'aime beaucoup de début de l'histoire, je suis super curieux de voir comment ça va évoluer (on attend le tome 2 pour Mai-Juin 2004). J'aime beaucoup de dessin et les couleurs sont à tomber ! (yéaaar Elsa 8)) Enfin bref, je me suis régalé pendant toute ma lecture, viiiiiite la suite ! :)

Tirésias

Dans la foulée de "la Gloire d'Héra", j'ai enchaîné avec "Tirésias" des mêmes auteurs. Et fort bien m'en a pris ! Le contexte évoqué est toujours similaire : tragédie grecque mêlant le destin des hommes et les caprices des dieux. Toutefois, le ton adopté par Le Tendre est plus sérieux et le dessin de Rossi moins "caricatural". Mais l'histoire, toute autre, est très intéressante et la fin nous gratifie d'une réflexion qui pourrait encore être d'actualité. :) A lire sans hésiter !

Powers

Tome 1 : Bon, en ce qui me concerne je ne lis que très peu de comics, mais celui-là j'avais vraiment envie de le lire. A cause des quelques images qu'on peut voir dans la galerie. Vous avez remarqué ces cases identiques (pour ceux que ça intéresserait, c'est de l'itération iconique) ? Ou encore ces cases presque identiques, où ne change qu'une expression, un personnage (itération icocnique partielle) ? Eh bin moi ça me plaît. C'est le genre de "truc" que j'adore, et dans "Powers", avec ces deux petites choses plus quelques effets de zoom plus encore une imbrication en chaîne des dialogues (littéralement : les bulles sont reliées comme des maillons) plus enfin une mise en page pas révolutionnaire mais résolument originale, Bendis et Oeming crééent toute une ambiance. Car l'histoire, si elle parle de super-héros, en prend surtout le contrepied : on parle essentiellement des super-héros pour privilégier leur vie privée, comme lorsque Triphammer dit être sorti avec Retro Girl, et que c'était un mauvais coup... Les super-héros en question sont considérés comme des citoyens, certes un peu à part, mais finalement complètement normaux, puisqu'on les interroge, les soupçonne, voire même les accuse... et quant à l'autopsie de Retro Girl... eh bien, comment donc voulez-vous autopsier un super-héros, hein, franchement ? Le deuxième point important, c'est le détective Christian Walker, et sa nouvelle coéquipière, qui se découvrent d'une façon plutôt atypique. Ces deux points, servis par le découpage et les "trucs" précités abondamment utilisés, confèrent à "Powers" un rythme assez lent où la discussion et l'enquête prédominent de loin sur l'action. Et ce d'autant plus que l'album est assez épais. Dernier point qui m'a plu, la morale ici n'est pas sans tache, on navigue en eaux troubles, comme vous le prouvera la conclusion. A part ça le dessin en lui-même est parfois un peu flashant, même si dans l'ensemble les couleurs ont tendance à être (agréablement) sobres. Il me plaît plutôt, est assez expressif, mais en même temps n'est pas superbe... Bon, le tome 2 il est où ? Tome 2 : Ah oui, j'ai un peu moins aimé que le premier volume. Pourtant l'histoire part très bien, avec un écrivain de "romans graphiques" (graphic novels, des bd, quoi) qui veut suivre l'inspecteur Walker pour avoir de nouvelles sources d'inspiration. Cela permet une mise en abîme assez géniale, où on en vient à confondre ce personnage avec Bendis et Oeming, les auteurs de "Powers". Par ailleurs les discours dudit personnage sont très intéressants : "Quelqu'un qui lit 300 comics de super héros chaque mois est un malade qui a besoin d'un médecin. J'arracherai à son cadavre encore fumant toutes les choses qui ont conduit les super héros à dominer les comics. L'énergie démesurée, les visuels épatants, le fétichisme et tout ça, pour l'appliquer à d'autres genres et d'autres histoires." Vous je sais pas, mais moi ça me parle vachement ce genre de discours. :) Malheureusement, cet épisode est très court, ce personnage disparaît très vite, et Walker se retrouvera dans l'épisode suivant seul (ATTENTION PETIT SPOILER) sur une enquête qu'il résoudra presque par hasard.(FIN SPOILER). Autrement dit la deuxième enquête de ce deuxième volume me paraît un peu légère… A part ça le découpage est toujours aussi particulier et bien fait, les "trucs" utilisés sont les mêmes et toujours aussi efficaces. Le dessin est peut-être moins précis que dans le premier volume, particulièrement au niveau des visages. Bien sûr, ça reste plaisant à lire, mais c'est nettement plus banal, moins alléchant et original que "Qui a tué Retro Girl". Dommage, j'espère que la suite redressera un peu la barre. Tome 3 : Ce troisième tome est assez moyen. La mise en page se fait nettement moins "impressionnante" que précédemment, même si l'épisode du journal façon Paris Match est plutôt bien fait. C'est surtout au niveau de l'histoire que le niveau est moyen... Pour un peu on sombrerait presque dans la routine : découverte d'un cadavre de super héros, enquête, interrogatoire, solution qui arrive presque comme ça. Oui, bon, pas très passionnant, quoi. Heureusement, l'aspect parodique et quelques petites touches d'humour récupèrent un peu le tout.

Achille Talon

Greg et son personnage ont je ne sais quoi d'attachant. On devine l'espièglerie de l'auteur derrière ses planches. Un vrai régal, mais je pense que ce n'est malheureusement plus tout public. Beaucoup de jeunes n'utilisent plus qu'un vocabulaire limité à la hache, et le poids et le sens d'un mot trop peu souvent usité s'oublient si vite que j'ai bien peur que toute la finesse de son humour ne soit plus apprécié à sa juste valeur.