On entre dans cet album comme on entre dans l’eau, en douceur, sans brusquerie. Une voix intime nous parle, raconte, c’est celle d’un homme calme, dont l’apparente sérénité cache une mélancolie profonde, marquée par la relation devenue difficile entre lui et celle qu’il aime. Le couple va mal : un jour, elle partira, il le sait, parce qu’elle veut un enfant et que cela lui est impossible. Dehors, la pluie tombe et ne s’arrête plus. Les météorologues s’interrogent. Elle partira, il le sait. L’eau s’infiltre partout, paralysant la société, la violence s’installe, le monde se noie... Lui n’en a cure, il n’a d’yeux que pour elle et son couple qui se noie...
Les Bruxellois Lambé et De Pierpont prouvent qu’en matière de récit intimiste, la BD n’a rien à envier au cinéma et à la littérature. Magnifiquement utilisé, un texte-off peut procurer, dans son jeu de distanciation avec l’image, des sensations d’une rare intensité. Judicieusement mis en scène, les lieux et les objets peuvent, au travers des cases d’une BD, imposer leur force ontologique. Le dessin tout en rondeur et cette mise en couleur pastel qui fond entre elles couleurs chaudes et froides sont admirables, on ne lit pas les cases de Lambé, on s’y plonge. Le coup de génie de cet album est aussi d’avoir articulé l’intime et la tragédie planétaire au sein d’une gigantesque allégorie poétique et surréaliste. Un couple se noie et c’est un monde qui disparaît...
Inutile de chercher un véritable lien logique entre les deux événements, il est psychologique et poétique, il s’impose surtout comme un dispositif narratif extrêmement efficace qui s’achève sur un final lumineux et transcendant, beau comme un poème.
Un très curieux postulat de départ : déroutant, mais ensuite terriblement attachant...
De Crécy se lance ici dans un récit d'anticipation aussi jubilatoire que déconcertant.
Dans un futur très lointain, s'aventurant sur la couche de glace d'une Europe oubliée des hommes -une petite équipe d'archéologues- et de chiens mutants (ben oui, ils parlent) tentent de retrouver des traces de leur histoire.
Surprise : au milieu de nulle part, émergeant de sous l'étendue blanche, ils découvrent un bâtiment d'architecture inconnue. C'est -en réalité- le Louvre. Mais ignorant jusqu'à la notion de musée, ces hommes s'imaginent découvrir le palais d'un riche patricien d'une civilisation perdue. Quel sens faut-il alors donner à ces milliers "d'images" et d'objets qui l'habitent ?..
Combinant des situations burlesques à un catalogue d'exposition, de Crécy réussit une sorte de pari impossible.
Son histoire, sa BD est frondeuse et libre. Elle se termine sur une fin "ouverte" mais délirante et qui m'a donné envie de plonger dans les yeux de la plus modeste statuette de la plus modeste vitrine du Louvre.
Et attendre... attendre qu'elle me raconte son immémoriale et personnelle histoire...
Déconcertant. Positivement.
Formidable !! Ca fait longtemps que je n'ai plus eu un coup de coeur de la sorte.
Après avoir lu "Lapinot"* et ses fameuses carottes il y a quelques mois, je me demandais comment ce cher Lewis pourrait me surprendre. A présent je le sais : avec de l'aquarelle et des scènes de la vie quotidienne. Les petites histoires qui tiennent en quelques cases (si je puis m'exprimer ainsi puisque les dessins sont en fait délimités par de la couleur) sur une petite page sont savoureuses, émouvantes.
Personnellement, je résumerais ma lecture de cette oeuvre par une citation indienne qui dit : "Il est aisé de rendre la vie difficile, mais compliqué de la rendre aisée !".
*NdlC : Lapinot et les Carottes de Patagonie ;)
Foufi ?...C'est... mignon tout plein !
Il fait ses premiers pas dans l'hebdo Spirou dès 1968.
J'ai 14 ans et j'apprécie de suite : un dessin méticuleux, très fouillé, décors luxuriants, histoires drôles au pays des mille et une nuits en font rapidement un de mes personnages vedettes.
Il aura l'honneur de deux albums cartonnés (rares et très recherchés).
Il faudra pourtant attendre 28 ans pour voir la suite des aventures de notre ami.
MAIS : terminé les couleurs vives, fraîches, pétantes dans des décors "de là-bas". Ses aventures seront éditées en noir et blanc. Encrage trop onéreux ?... Manque de rentabilité ?... Je ne sais.
N'empêche, c'est avec un réel plaisir que j'ai redécouvert ce garnement qui était resté caché dans un coin de ma mémoire.
Si un jour, ami lecteur, vous "tombez" sur un Foufi, prenez une loupe : vous en aurez besoin pour décrypter l'exubérance des "dessins dans le dessin" que Kiko avait l'art de faire s'entremêler.
J'écris "avait" car ce créateur -affable, disponible, d'une très grande gentillesse- que j'ai rencontré à diverses reprises, s'est hélas éteint le 23 Mai 2006, la veille de son 70ème anniversaire.
Du beau travail d'un vrai artiste.... "oublié" avant l'heure à cause de cette putain de rentabilité. Et c'est grand dommage !...
Deux grands auteurs -Schuiten et Peeters- s'attaquent ici à l'avenir de la planète.
Ils passent le réel au tamis pour en extraire des pépites apparemment anodines mais qui, dans leurs mains, se révèlent des trésors propres à nourrir leur imagination obstinée.
Il n'y a, dans cet album, que 32 pages. Mais quelles pages !... Toutes sont de carton épais, dans lequel vingt hypothèses d'un futur possible sont mises à plats, tels des articles de journaux.
Les "portes du possible" ?... c'est le tri des déchets comme forme ultime de compétition, l'art funéraire en ronde-bosse, Bruxelles pétrifiée pour que ses quartiers ne subissent pas l'outrage du temps, des couloirs à bêtes sauvages qui traversent les cités, des toitures nomades, des pèlerins de l'industrie...
C'est fin... et très intelligent.
Il faut prendre -comme j'ai pris- le temps de lire ET de regarder ce lourd volume. Je me suis ainsi rendu compte que certaines limites de la BD ont été franchies : pas une bulle, de très rares cycles de cases successives. Mais pour un résultat optimal, fidèle à l'esprit et à l'imagerie "imposée" par de duo depuis déjà 25 ans.
Voici quelques mois, un quotidien belge a offert -en encart, et pendant quelques semaines- le tirage de quelques planches quasi en format A2. J'ai été soufflé par le travail graphique, la minutie du détail, la mise en page et la formidable poésie qui se dégage de ces planches.
Les "portes"... un univers antérieur, parallèle ?... A vous de voir... de croire ?...
Un GRAND album... Un vrai !..
Popol ?... C'est le délire total !...
Vous connaissez les dessins animés complètement loufoques et hystériques de Tex Avery ?... Ben, Popol, c'est la même chose... mais en BD.
La série démarre dans le "Chicago Tribune" du 10 Mars 1935. Elle durera longtemps ; jusqu'au départ à la retraite de son créateur, en 1973.
C'est fou, "débile", décapant !... Hollman décrit des péripéties complètement absurdes et parasite ses propres pages en y accumulant des éléments incongrus, telles des réflexions ou sentences affichées sur des murs ou sur des panneaux agités par les "dingues" qu'il a créés (procédé qui sera souvent -par la suite- utilisé dans des dessins animés ou autres séries BD).
Popol aura aussi un copain : Spooky -(voir à ce titre)-, un horrible chat noir complètement dingue lui aussi. D'ailleurs, au vu de l'attachement du lectorat pour cet (in)digne représentant de la race féline, Spooky aura même sa propre série.
Popol ?... Je l'ai découvert dans mes vieux hebdos "L'Epatant" de la fin des années 30. Le personnage est délirant par lui-même : une sorte de "simplet" aux vêtements trop amples, la dentition un peu chevaline, la tête surmontée d'un casque typique des pompiers américains... mais transformé par Hollman.
L'album :
Cet anti-héros est pourtant bien oublié. Heureusement, il fera l'objet d'une édition -format à l'italienne- chez Futuropolis en 1987.
J'ai noté "non" pour l'achat, l'album étant pour ainsi dire introuvable car "tiré" à 2.500 exemplaires seulement.
Popol et Spooky ?... Un duo complètement fou. Une magnifique "connerie" complètement débridée, mais qui n'existe plus que dans la mémoire et les étagères de quelques "anciens" collectionneurs.
Un morceau de style d'une époque révolue. Mais quel morceau !...
Une très vieille série qui vient de fêter ses 60 années d'existence !...
Elle débute en effet dans l'hebdo Spirou n° 455 du 2 Janvier 1947.
Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale. En compagnie de Buck et de ses amis -Tumbler et Tuckson- j'ai été amené à suivre de palpitantes aventures au sein de l'US Air Force. Démobilisé, ce trio va alors participer à bon nombre d'opérations aux quatre coins du monde ; tout en restant d'ardents défenseurs de la bannière américaine.
C'est au cours d'une de ces missions qu'ils vont rencontrer Lady X, une espionne internationale ; leur ennemie "préférée".
J'aime vraiment bien. Au départ scénarisée par Georges Troisfontaines et Charlier, dessinée par Hubinon, je me suis retrouvé embarqué dans cette véritable saga qui est un heureux mélange de références historiques précises et de fiction souvent débridée.
L'inspiration de cette série est d'ailleurs fort curieuse : Charlier avait en effet retrouvé de très nombreux rapports et documents dans les poubelles de l'armée américaine alors que casernée à Liège (Belgique) pendant le second conflit mondial.
Rapidement, les aventurres de Buck vont captiver le lectorat ; il faut dire que la guerre était encore toute proche dans les mémoires.
Les premiers épisodes verront même la collaboration de futures très grosses pointures de la BD francophone : Weinberg, Jijé, Eddy Paape...
Ce que j'aime toujours en Buck ?... Les années passent et il vieillit également, un peu comme le très bon vin. Qui plus est, lui et ses compagnons monteront en grade, graviront les marches de la notoriété militaire pour devenir des sortes de "vieux briscards" respectés (plus ou moins) de la jeune génération de pilotes.
Buck Danny ?... C'est dans son ensemble une très belle réalisation graphique due, au fil des années, à divers dessinateurs qui ont su conserver l'esprit premier de la série. Ce sont également de très belles illustrations techniques ; lire Buck c'est en effet découvrir l'aviation de ces soixante dernières années. Très bons scénarios aussi, qui font la part belle à l'action, à la mise en scène et découpage parfois explosifs.
Une excellente série qui ne me semble pas près de s'arrêter. Et c'est tant mieux !
Superbe diptyque sur l'Afrique du 19e siècle, l'Islam, l'esclavage, la légendaire Tombouctou de l'époque, et le temps des explorations dans ce continent dont seules les côtes étaient accessibles aux Européens à l'époque. Véritable voyage dans une époque et des lieux enchanteurs, durs et beaux à la fois.
Sur le plan graphique, les planches sont très belles. Les lieux sont pleins de vie, de couleurs et de lumière. Les dessins permettent ainsi de faire revivre une Afrique désormais disparue, donnant une véritable âme aux décors rares et originaux ainsi offerts aux lecteurs.
Sur le plan historique, même si le récit se permet des écarts par rapport à la réalité du voyage de René Caillié (alias Abdallahi), c'est vraiment une époque qui revit. Une époque méconnue du public lambda et même de quelqu'un comme moi qui ai longtemps vécu en Afrique et qui m'intéressait à ces choses-là. Je salue l'abondance de ce que m'a appris cette BD et de nouveau la façon dont ce récit fait revivre des lieux et peuples oubliés ou disparus.
Quant au scénario, il est très prenant. L'intrigue est bien racontée, on voyage avec le héros, on craint pour sa vie à chaque instant, on s'étonne de la façon dont il a véritablement dédié sa vie et son âme au subterfuge qui lui permettra de réaliser son dangereux périple, au mépris de sa santé, de son corps et de la sanité de son esprit même par moment.
Je me suis vraiment senti voyager avec Abdallahi. Je retiens plus particulièrement l'arrivée à Tombouctou, presque onirique, baignée d'irréalisme par la façon dont Abdallahi arrive tout d'abord masqué sous une couverture, dans le noir, avant de voir la lumière et la ville lui éclater au regard.
C'est beau, c'est instructif, c'est prenant, c'est dépaysant. C'est une belle BD.
Bon sang ce qu'Al Severin dessine bien ! Et dire qu'il y a de cela quelques mois je n'avais pour ainsi dire jamais entendu parler de lui !
Ce "Bill Cosmos" est donc superbe graphiquement, avec une "patte" rétro très personnelle et inimitable. C'est de plus un dessin extrêmement vivant, qu'on dirait jeté sur le papier sans crayonné très avancé, avec beaucoup de spontanéité. Le livre de plus (enfin le tome 1, version 1999, le seul que j'aie eu l'occasion de lire) est très beau, avec une couverture d'un bleu profond (je ne sais pas quelle encre est utilisée mais c'est superbe) et une tranche rouge toilée... un vrai plaisir.
L'histoire se lit avec le sourire, même si j'ai trouvé le procédé du "rebondissement à chaque page" assez répétitif et finalement lassant. Mais bon sang, quels dessins !
J’ai vraiment beaucoup aimé Golden City. J’ai dévoré les 6 tomes d’une traite. Je suis très rapidement entré dans l’histoire, tout d’abord parce que l’intrigue est prenante. J’ai bien aimé l’univers de la série, cette ville luxueuse pour milliardaire qui contraste tant avec le monde qui l’entoure. Ensuite parce que j’ai vraiment accroché aux dessins et à la colorisation : Un trait précis, réaliste et des couleurs très adaptées.
Certes certains rebondissements sont un peu gros, oui la manière dont le héros se sort de situation catastrophique est parfois invraisemblable. Mais peu importe ça ne nuit pas à la qualité et à l’intérêt constant de la série.
Je ne suis pas forcément fan de SF, mais par contre je n’aime pas quand l’histoire fait du sur place. Et la je ne me suis vraiment pas ennuyé. Voilà donc une série qui devrait ravir tous les fans d’action.
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La Pluie
On entre dans cet album comme on entre dans l’eau, en douceur, sans brusquerie. Une voix intime nous parle, raconte, c’est celle d’un homme calme, dont l’apparente sérénité cache une mélancolie profonde, marquée par la relation devenue difficile entre lui et celle qu’il aime. Le couple va mal : un jour, elle partira, il le sait, parce qu’elle veut un enfant et que cela lui est impossible. Dehors, la pluie tombe et ne s’arrête plus. Les météorologues s’interrogent. Elle partira, il le sait. L’eau s’infiltre partout, paralysant la société, la violence s’installe, le monde se noie... Lui n’en a cure, il n’a d’yeux que pour elle et son couple qui se noie... Les Bruxellois Lambé et De Pierpont prouvent qu’en matière de récit intimiste, la BD n’a rien à envier au cinéma et à la littérature. Magnifiquement utilisé, un texte-off peut procurer, dans son jeu de distanciation avec l’image, des sensations d’une rare intensité. Judicieusement mis en scène, les lieux et les objets peuvent, au travers des cases d’une BD, imposer leur force ontologique. Le dessin tout en rondeur et cette mise en couleur pastel qui fond entre elles couleurs chaudes et froides sont admirables, on ne lit pas les cases de Lambé, on s’y plonge. Le coup de génie de cet album est aussi d’avoir articulé l’intime et la tragédie planétaire au sein d’une gigantesque allégorie poétique et surréaliste. Un couple se noie et c’est un monde qui disparaît... Inutile de chercher un véritable lien logique entre les deux événements, il est psychologique et poétique, il s’impose surtout comme un dispositif narratif extrêmement efficace qui s’achève sur un final lumineux et transcendant, beau comme un poème.
Période Glaciaire
Un très curieux postulat de départ : déroutant, mais ensuite terriblement attachant... De Crécy se lance ici dans un récit d'anticipation aussi jubilatoire que déconcertant. Dans un futur très lointain, s'aventurant sur la couche de glace d'une Europe oubliée des hommes -une petite équipe d'archéologues- et de chiens mutants (ben oui, ils parlent) tentent de retrouver des traces de leur histoire. Surprise : au milieu de nulle part, émergeant de sous l'étendue blanche, ils découvrent un bâtiment d'architecture inconnue. C'est -en réalité- le Louvre. Mais ignorant jusqu'à la notion de musée, ces hommes s'imaginent découvrir le palais d'un riche patricien d'une civilisation perdue. Quel sens faut-il alors donner à ces milliers "d'images" et d'objets qui l'habitent ?.. Combinant des situations burlesques à un catalogue d'exposition, de Crécy réussit une sorte de pari impossible. Son histoire, sa BD est frondeuse et libre. Elle se termine sur une fin "ouverte" mais délirante et qui m'a donné envie de plonger dans les yeux de la plus modeste statuette de la plus modeste vitrine du Louvre. Et attendre... attendre qu'elle me raconte son immémoriale et personnelle histoire... Déconcertant. Positivement.
Les Petits Riens
Formidable !! Ca fait longtemps que je n'ai plus eu un coup de coeur de la sorte. Après avoir lu "Lapinot"* et ses fameuses carottes il y a quelques mois, je me demandais comment ce cher Lewis pourrait me surprendre. A présent je le sais : avec de l'aquarelle et des scènes de la vie quotidienne. Les petites histoires qui tiennent en quelques cases (si je puis m'exprimer ainsi puisque les dessins sont en fait délimités par de la couleur) sur une petite page sont savoureuses, émouvantes. Personnellement, je résumerais ma lecture de cette oeuvre par une citation indienne qui dit : "Il est aisé de rendre la vie difficile, mais compliqué de la rendre aisée !". *NdlC : Lapinot et les Carottes de Patagonie ;)
Foufi
Foufi ?...C'est... mignon tout plein ! Il fait ses premiers pas dans l'hebdo Spirou dès 1968. J'ai 14 ans et j'apprécie de suite : un dessin méticuleux, très fouillé, décors luxuriants, histoires drôles au pays des mille et une nuits en font rapidement un de mes personnages vedettes. Il aura l'honneur de deux albums cartonnés (rares et très recherchés). Il faudra pourtant attendre 28 ans pour voir la suite des aventures de notre ami. MAIS : terminé les couleurs vives, fraîches, pétantes dans des décors "de là-bas". Ses aventures seront éditées en noir et blanc. Encrage trop onéreux ?... Manque de rentabilité ?... Je ne sais. N'empêche, c'est avec un réel plaisir que j'ai redécouvert ce garnement qui était resté caché dans un coin de ma mémoire. Si un jour, ami lecteur, vous "tombez" sur un Foufi, prenez une loupe : vous en aurez besoin pour décrypter l'exubérance des "dessins dans le dessin" que Kiko avait l'art de faire s'entremêler. J'écris "avait" car ce créateur -affable, disponible, d'une très grande gentillesse- que j'ai rencontré à diverses reprises, s'est hélas éteint le 23 Mai 2006, la veille de son 70ème anniversaire. Du beau travail d'un vrai artiste.... "oublié" avant l'heure à cause de cette putain de rentabilité. Et c'est grand dommage !...
Les Portes du possible
Deux grands auteurs -Schuiten et Peeters- s'attaquent ici à l'avenir de la planète. Ils passent le réel au tamis pour en extraire des pépites apparemment anodines mais qui, dans leurs mains, se révèlent des trésors propres à nourrir leur imagination obstinée. Il n'y a, dans cet album, que 32 pages. Mais quelles pages !... Toutes sont de carton épais, dans lequel vingt hypothèses d'un futur possible sont mises à plats, tels des articles de journaux. Les "portes du possible" ?... c'est le tri des déchets comme forme ultime de compétition, l'art funéraire en ronde-bosse, Bruxelles pétrifiée pour que ses quartiers ne subissent pas l'outrage du temps, des couloirs à bêtes sauvages qui traversent les cités, des toitures nomades, des pèlerins de l'industrie... C'est fin... et très intelligent. Il faut prendre -comme j'ai pris- le temps de lire ET de regarder ce lourd volume. Je me suis ainsi rendu compte que certaines limites de la BD ont été franchies : pas une bulle, de très rares cycles de cases successives. Mais pour un résultat optimal, fidèle à l'esprit et à l'imagerie "imposée" par de duo depuis déjà 25 ans. Voici quelques mois, un quotidien belge a offert -en encart, et pendant quelques semaines- le tirage de quelques planches quasi en format A2. J'ai été soufflé par le travail graphique, la minutie du détail, la mise en page et la formidable poésie qui se dégage de ces planches. Les "portes"... un univers antérieur, parallèle ?... A vous de voir... de croire ?... Un GRAND album... Un vrai !..
Popol le joyeux pompier
Popol ?... C'est le délire total !... Vous connaissez les dessins animés complètement loufoques et hystériques de Tex Avery ?... Ben, Popol, c'est la même chose... mais en BD. La série démarre dans le "Chicago Tribune" du 10 Mars 1935. Elle durera longtemps ; jusqu'au départ à la retraite de son créateur, en 1973. C'est fou, "débile", décapant !... Hollman décrit des péripéties complètement absurdes et parasite ses propres pages en y accumulant des éléments incongrus, telles des réflexions ou sentences affichées sur des murs ou sur des panneaux agités par les "dingues" qu'il a créés (procédé qui sera souvent -par la suite- utilisé dans des dessins animés ou autres séries BD). Popol aura aussi un copain : Spooky -(voir à ce titre)-, un horrible chat noir complètement dingue lui aussi. D'ailleurs, au vu de l'attachement du lectorat pour cet (in)digne représentant de la race féline, Spooky aura même sa propre série. Popol ?... Je l'ai découvert dans mes vieux hebdos "L'Epatant" de la fin des années 30. Le personnage est délirant par lui-même : une sorte de "simplet" aux vêtements trop amples, la dentition un peu chevaline, la tête surmontée d'un casque typique des pompiers américains... mais transformé par Hollman. L'album : Cet anti-héros est pourtant bien oublié. Heureusement, il fera l'objet d'une édition -format à l'italienne- chez Futuropolis en 1987. J'ai noté "non" pour l'achat, l'album étant pour ainsi dire introuvable car "tiré" à 2.500 exemplaires seulement. Popol et Spooky ?... Un duo complètement fou. Une magnifique "connerie" complètement débridée, mais qui n'existe plus que dans la mémoire et les étagères de quelques "anciens" collectionneurs. Un morceau de style d'une époque révolue. Mais quel morceau !...
Buck Danny
Une très vieille série qui vient de fêter ses 60 années d'existence !... Elle débute en effet dans l'hebdo Spirou n° 455 du 2 Janvier 1947. Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale. En compagnie de Buck et de ses amis -Tumbler et Tuckson- j'ai été amené à suivre de palpitantes aventures au sein de l'US Air Force. Démobilisé, ce trio va alors participer à bon nombre d'opérations aux quatre coins du monde ; tout en restant d'ardents défenseurs de la bannière américaine. C'est au cours d'une de ces missions qu'ils vont rencontrer Lady X, une espionne internationale ; leur ennemie "préférée". J'aime vraiment bien. Au départ scénarisée par Georges Troisfontaines et Charlier, dessinée par Hubinon, je me suis retrouvé embarqué dans cette véritable saga qui est un heureux mélange de références historiques précises et de fiction souvent débridée. L'inspiration de cette série est d'ailleurs fort curieuse : Charlier avait en effet retrouvé de très nombreux rapports et documents dans les poubelles de l'armée américaine alors que casernée à Liège (Belgique) pendant le second conflit mondial. Rapidement, les aventurres de Buck vont captiver le lectorat ; il faut dire que la guerre était encore toute proche dans les mémoires. Les premiers épisodes verront même la collaboration de futures très grosses pointures de la BD francophone : Weinberg, Jijé, Eddy Paape... Ce que j'aime toujours en Buck ?... Les années passent et il vieillit également, un peu comme le très bon vin. Qui plus est, lui et ses compagnons monteront en grade, graviront les marches de la notoriété militaire pour devenir des sortes de "vieux briscards" respectés (plus ou moins) de la jeune génération de pilotes. Buck Danny ?... C'est dans son ensemble une très belle réalisation graphique due, au fil des années, à divers dessinateurs qui ont su conserver l'esprit premier de la série. Ce sont également de très belles illustrations techniques ; lire Buck c'est en effet découvrir l'aviation de ces soixante dernières années. Très bons scénarios aussi, qui font la part belle à l'action, à la mise en scène et découpage parfois explosifs. Une excellente série qui ne me semble pas près de s'arrêter. Et c'est tant mieux !
Abdallahi
Superbe diptyque sur l'Afrique du 19e siècle, l'Islam, l'esclavage, la légendaire Tombouctou de l'époque, et le temps des explorations dans ce continent dont seules les côtes étaient accessibles aux Européens à l'époque. Véritable voyage dans une époque et des lieux enchanteurs, durs et beaux à la fois. Sur le plan graphique, les planches sont très belles. Les lieux sont pleins de vie, de couleurs et de lumière. Les dessins permettent ainsi de faire revivre une Afrique désormais disparue, donnant une véritable âme aux décors rares et originaux ainsi offerts aux lecteurs. Sur le plan historique, même si le récit se permet des écarts par rapport à la réalité du voyage de René Caillié (alias Abdallahi), c'est vraiment une époque qui revit. Une époque méconnue du public lambda et même de quelqu'un comme moi qui ai longtemps vécu en Afrique et qui m'intéressait à ces choses-là. Je salue l'abondance de ce que m'a appris cette BD et de nouveau la façon dont ce récit fait revivre des lieux et peuples oubliés ou disparus. Quant au scénario, il est très prenant. L'intrigue est bien racontée, on voyage avec le héros, on craint pour sa vie à chaque instant, on s'étonne de la façon dont il a véritablement dédié sa vie et son âme au subterfuge qui lui permettra de réaliser son dangereux périple, au mépris de sa santé, de son corps et de la sanité de son esprit même par moment. Je me suis vraiment senti voyager avec Abdallahi. Je retiens plus particulièrement l'arrivée à Tombouctou, presque onirique, baignée d'irréalisme par la façon dont Abdallahi arrive tout d'abord masqué sous une couverture, dans le noir, avant de voir la lumière et la ville lui éclater au regard. C'est beau, c'est instructif, c'est prenant, c'est dépaysant. C'est une belle BD.
Bill Cosmos
Bon sang ce qu'Al Severin dessine bien ! Et dire qu'il y a de cela quelques mois je n'avais pour ainsi dire jamais entendu parler de lui ! Ce "Bill Cosmos" est donc superbe graphiquement, avec une "patte" rétro très personnelle et inimitable. C'est de plus un dessin extrêmement vivant, qu'on dirait jeté sur le papier sans crayonné très avancé, avec beaucoup de spontanéité. Le livre de plus (enfin le tome 1, version 1999, le seul que j'aie eu l'occasion de lire) est très beau, avec une couverture d'un bleu profond (je ne sais pas quelle encre est utilisée mais c'est superbe) et une tranche rouge toilée... un vrai plaisir. L'histoire se lit avec le sourire, même si j'ai trouvé le procédé du "rebondissement à chaque page" assez répétitif et finalement lassant. Mais bon sang, quels dessins !
Golden City
J’ai vraiment beaucoup aimé Golden City. J’ai dévoré les 6 tomes d’une traite. Je suis très rapidement entré dans l’histoire, tout d’abord parce que l’intrigue est prenante. J’ai bien aimé l’univers de la série, cette ville luxueuse pour milliardaire qui contraste tant avec le monde qui l’entoure. Ensuite parce que j’ai vraiment accroché aux dessins et à la colorisation : Un trait précis, réaliste et des couleurs très adaptées. Certes certains rebondissements sont un peu gros, oui la manière dont le héros se sort de situation catastrophique est parfois invraisemblable. Mais peu importe ça ne nuit pas à la qualité et à l’intérêt constant de la série. Je ne suis pas forcément fan de SF, mais par contre je n’aime pas quand l’histoire fait du sur place. Et la je ne me suis vraiment pas ennuyé. Voilà donc une série qui devrait ravir tous les fans d’action.