Les Portes du possible

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

Dans le droit fil de l'esprit des Cités Obscures, mais avec un autre angle de vue, Schuitten et Peeters présentent leur nouveau projet : Les Portes du Possible, une manière de fiction prospective ou d'utopie fictionnelle qui s'ingénie à explorer les conjectures les plus inattendues concernant notre proche futur.


Anticipation Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Schuiten

Dans le droit fil de l'esprit des Cités Obscures, mais avec un autre angle de vue, Schuitten et Peeters présentent leur nouveau projet : Les Portes du Possible, une manière de fiction prospective ou d'utopie fictionnelle qui s'ingénie à explorer les conjectures les plus inattendues concernant notre proche futur. L'ouvrage se présente comme une série de vingt sujets et emprunte la forme visuelle d'un vrai-faux journal combinant textes et images. Selon les sujets traités au fil des parutions et des rubriques de ce journal imaginaire, Schuiten et Peeters ont situé leur publicaiton à divers moments du futur, 2024, 2030, 2037 etc, mais toujours dans un avenir à portée de main. Au menu des thèmes choisis les manipulations génétiques, les changements du climat, les nouveaux matériaux, les transports ferroviaires, les rites funéraires, l'évolution de l'Europe.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 2005
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Portes du possible © Casterman 2005
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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11/01/2006 | Quentin
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L'avatar du posteur Noirdésir

Autant Les Cités obscures m’ont souvent scotché, produisant des albums pleins de magie, autant cet album m’a laissé sur ma faim. Malgré quelques petits points communs, il ne se rattache pas à l’œuvre maîtresse des deux auteurs. On est là dans une certaine utopie plus ou moins onirique et crédible, un futur « envisagé », fantasmé. Cela se présente comme un journal dont chaque double page traiterait d’un thème, d’un exemple, dans une sorte de reportage illustré (c’était au départ lié à plusieurs journaux). Quelques idées amusantes, poétiques certes, mais j’ai vite été lassé par l’ensemble. Ou plutôt je n’ai rapidement pas été intéressé par ce projet. Il se laisse lire évidemment, les dessins sont beaux et bons (mais dégagent moins de magie que certaines planches des Cités obscures). C’est aussi que ce n’est pas exactement de la BD pure. Pas de bulles, des textes et des illustrations mêlés, dans ce qui ressemble à une commande bridant un peu, si ce n’est l’imagination, du moins le cadre dans lequel celle-ci peut s’exprimer. L’objet lui-même est atypique, ressemblant à un livre pour très jeunes enfants, avec de très épaisses pages cartonnées. Étrange donc. Des idées, des réflexions sur divers sujets : réchauffement climatique, nouvelles formes de l’extension urbaine (voir les idées loufoques pour « conserver » certains quartiers de Bruxelles dépeuplés), etc. Rien de mauvais, mais trop décousu pour me convaincre. Et, je ne peux m’empêcher de penser que j’ai jugé cet album à l’aune des Cités obscures. Cette comparaison – pas forcément justifiée – a plutôt desservi lecture et notation de cet album. Note réelle 2,5/5.

24/01/2023 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 4/5

Deux grands auteurs -Schuiten et Peeters- s'attaquent ici à l'avenir de la planète. Ils passent le réel au tamis pour en extraire des pépites apparemment anodines mais qui, dans leurs mains, se révèlent des trésors propres à nourrir leur imagination obstinée. Il n'y a, dans cet album, que 32 pages. Mais quelles pages !... Toutes sont de carton épais, dans lequel vingt hypothèses d'un futur possible sont mises à plats, tels des articles de journaux. Les "portes du possible" ?... c'est le tri des déchets comme forme ultime de compétition, l'art funéraire en ronde-bosse, Bruxelles pétrifiée pour que ses quartiers ne subissent pas l'outrage du temps, des couloirs à bêtes sauvages qui traversent les cités, des toitures nomades, des pèlerins de l'industrie... C'est fin... et très intelligent. Il faut prendre -comme j'ai pris- le temps de lire ET de regarder ce lourd volume. Je me suis ainsi rendu compte que certaines limites de la BD ont été franchies : pas une bulle, de très rares cycles de cases successives. Mais pour un résultat optimal, fidèle à l'esprit et à l'imagerie "imposée" par de duo depuis déjà 25 ans. Voici quelques mois, un quotidien belge a offert -en encart, et pendant quelques semaines- le tirage de quelques planches quasi en format A2. J'ai été soufflé par le travail graphique, la minutie du détail, la mise en page et la formidable poésie qui se dégage de ces planches. Les "portes"... un univers antérieur, parallèle ?... A vous de voir... de croire ?... Un GRAND album... Un vrai !..

04/01/2007 (modifier)
Par Quentin
Note: 5/5

Voici le premier album de Benoît Peeters et de Francois Schuiten qui n’est pas lié à Les Cités obscures (quoique certains liens existent et pourront être décelés par les amateurs obscurophiles). L’album présente des extraits de journaux futurs. Au lieu de déconstruire et de se moquer gentiment des utopies du 19e siècle (comme dans les cités obscures), les portes du possible revisitent certaines des utopies/prophéties présentes, concernant les manipulations génétiques, l’avenir de la biodiversité, la gestion des déchets de notre société de consommation, l’urbanisme, etc. De la même manière qu’aucune des anciennes utopies ne se sont réalisées de la manière prédite, le futur imaginé par Benoit Peeters et Francois Schuiten évolue toujours de manière inattendue – hommage à la créativité humaine, clin d’oeil aux aléas de l’histoire et pied de nez aux faux prophètes annonçant que la fin du monde est proche. Les portes du possible sont à nos utopies présentes ce que les cités obscures sont aux utopies passées, et tous ceux qui (comme moi) adorent les cités obscures adoreront tout autant les portes du possible. Le tout traité avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. L’album est cher, mais le prix est entièrement justifié lorsqu’on voit la qualité de l’album. Les doubles pages ne sont pas coupées au milieu, les couleurs sont superbes, le format n’enlève rien à la qualité des images. Le même genre d’album qu’A l'ombre des tours mortes, mais un album beaucoup plus réussi que celui de Spiegelman, à mon avis. Schuiten et Peeters se renouvellent de manière magistrale, pour notre plus grand plaisir. Un must !

11/01/2006 (modifier)