Les derniers avis (38531 avis)

Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Ça va aller, mademoiselle
Ça va aller, mademoiselle

Ce n'est pas la première fois qu'une BD parle d'hôpital psychiatrique. Sibylline, par exemple, en a parlé dans Sous l'entonnoir. Mais Blandine Denis, qui a elle aussi vécu un séjour de quelques jours dans ce type d'établissement, avait besoin d'en parler, elle qui était autrice de bande dessinée. Nous avons donc le récit de ce court séjour, sous forme d'instantanés, de discussions avec les autres patients et avec les soignants (mais assez peu dans cette catégorie), ainsi que quelques extraits d'introspection. Tout cela, avec le trait naïf, relâché de l'autrice, comporte de forts accents d'authenticité, de vérité, même si je soupçonne Blandine Denis d'avoir édulcoré certaines choses. Elle passe en revue de nombreux éléments, le côté Prison de l'HP, le rituel abrutissant des médicaments et des lieux limités, les discussions sans aucun enjeu...

28/03/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Fantasy - Yourcenar / Alma
Fantasy - Yourcenar / Alma

Comme le titre l'indique, de la fantasy, mais avec une touche d'originalité. Un album qui dans son mode narratif me rappelle L'Orfèvre (Lozes) et Tremblez enfance Z46, mais une ressemblance toute relative, puisqu'ici pas besoin de retourner le bouquin ou plusieurs possibilités de compréhension. Donc, deux couvertures et deux sens de lecture. La première (Alma) se lit à l'européenne, tandis que la seconde (Yourcenar) se lit comme un manga. Les deux histoires se rejoignent en milieu d'album pour une fin identique, mais avec une vision différente suivant l'héroïne qui est au centre du récit. Vous pouvez commencer par l'une ou l'autre des histoires. Alma est une princesse qui a consacré sa jeunesse à un entraînement intensif. Elle est devenue une guerrière aguerrie et elle est enfin prête pour "la saignée". Un périple qui va l'emmener à la porte du royaume des dieux pour asseoir le pouvoir de la royauté. Yourcenar est une jeune géante et le rituel de passage chez l'oracle va bouleverser sa vie. Alors qu'elle pensait s'unir avec Tamarie, la prédiction de l'oracle est tout autre, elle va devoir attendre 1000 ans pour trouver l'amour. Deux récits distincts, l'un plutôt guerrier (Alma) et l'autre plus philosophique (Yourcenar) où la vengeance, l'amour, le sacrifice et le mensonge seront vos compagnons de voyage. Deux jeunes femmes au fort tempérament et dont les destins finiront par se croiser. Un album qui soulève beaucoup de questions et qui pousse à la réflexion, et la religion, le fait de vénérer des soi-disant dieux, sera le déclenchement de bien des malheurs (comme trop souvent hélas). Deux histoires complémentaires qui permettent de comprendre les positions des deux mondes. C'est brutal, touchant et ça reflète la part sombre de notre humanité pour un final qui réunira nos deux héroïnes pour l'éternité, mais pas dans un bel happy end. Laissez-vous surprendre. Le seul petit reproche, c'est parfois un peu trop verbeux, surtout Yourcenar, mais les nombreuses planches sans texte permettent de souffler et de repartir de plus belle. La partie graphique est grandiose. Un dessin expressif, créatif et immersif qui doit beaucoup aux choix des couleurs. Celles-ci sont magnifiques. Une mise en page qui en met plein les yeux, il y a d'ailleurs un effet miroir entre les deux récits. Superbe ! Encore un indispensable pour les aficionados de Fantasy après L'Île aux orcs. Et je vous invite à découvrir Bubble éditions. Coup de cœur.

28/03/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Serial Killer Isekai
Serial Killer Isekai

En voilà une bonne surprise ! Avec cette nouvelle série, ça va grincer sévère (le petit avertissement "Pour public averti" n'est pas anodin...) et gicler aux entournures ! C'est en effet une sorte de Battle Royale entre serial killers que nous proposent Ichigo Hitotsubu (scénario) et Hiro (dessin). Un tueur en série finalement capturé et exécuté pensait en avoir fini avec cette vie de meurtres successifs, mais c'était sans compter sur une Déesse qui le réincarne dans un autre corps pour aller tuer 12 autres tueurs en série sur un nouveau monde. Et pour pimenter le tout, chaque autre réincarné dispose d'un talent particulier qui lui assure une certaine supériorité, vu que notre réincarné ne dispose que d'un catalogue présentant ses cibles et leurs talents respectifs... Heureusement, il est du genre malin... C'est très bien mené, les personnages sont intéressants et bien développés, le tout servi par un dessin fin et élégant qui conserve sa fluidité de lecture, même dans les scènes de combats. On se laisse donc vite embarquer par cette histoire et ce premier tome s'avale d'une traite ! Vivement la suite !

28/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Catharsis
Catharsis

Comment survivre à l’impensable ? Au travers de courtes scènes souvent très intimes, Luz raconte comment il tente de surmonter son traumatisme suite à l’attentat de Charlie Hebdo, et de renouer avec son dessin. Ce dessin qui joue un rôle thérapeutique. Ce dessin qui l’accompagne dans sa reconstruction. Ce dessin d’une puissance incroyable, tant il parvient à retranscrire la noirceur, la sidération, l’angoisse, mais aussi l’amour et la vie qui reprennent le dessus. Ce qu’a vécu Luz est d’une telle violence qu’il me paraît utopique de vouloir comprendre ce qu’il a pu traverser suite à l’attentat (et qu’il doit encore traverser aujourd’hui, même dix ans après). Mais la force de cet album est justement de m’avoir donné le sentiment, le temps de ma lecture, de toucher du doigt sa détresse. Un album très poignant, dont la lecture continue de me marquer quelques semaines après.

28/03/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série La Première Couleur fut le Noir
La Première Couleur fut le Noir

La présence de cet album dans le catalogue de Mosquito surprend, cet éditeur publiant surtout des BDs d’aventure et d’action. Or, « La première couleur fut le noir » est une des autobiographies les plus noires que j’ai lues (et j’en ai lues beaucoup !). Anne-Sophie Servantie nous propose une (psych)analyse approfondie des évènements catastrophiques qui ont jonché sa vie, à commencer par deux formes de maltraitance infantile : l’endoctrinement religieux, sujet tabou dont on ne parle selon moi pas assez (on y viendra, j’en suis certain). Et surtout les abus sexuels perpétrés par un membre de sa famille pendant plusieurs années, la première fois alors qu’elle était âgée d’à peine 4 ans et demi (« oui enfin, presque 5 ans », comme lui rappelle sa maman). Elle aborde le manque de soutien de sa famille, sa colère, son désespoir, mais aussi sa survie, et son échappatoire principale, la peinture. Elle parle aussi de sa sclérose en plaque, se demande si « elle se serait déclenchée à cause de tout ça ». Puis l’album se termine sur un autre drame terrible, mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler l’effet de « surprise ». L’histoire est forcément larmoyante, l’autrice avoue même dans l’intro avoir « réalisé certaines planches en larmes ». La réalisation de l’album fut sans doute un processus cathartique et thérapeutique, mais la lecture reste assez ardue et minante pour le BDphile que je suis. Un album perturbant, qui m’a bouleversé, révolté, parfois mis mal à l’aise… en tout cas, j’admire l’honnêteté et le courage de l’autrice.

28/03/2025 (modifier)
Par Bruno
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Dans ses yeux
Dans ses yeux

Un récit touchant, ponctué de moments très drôle. Une lecture qui fait du bien, et qui aborde la malvoyance d'une manière complètement nouvelle : avec humour et honnêteté.

28/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Centaures (Sumiyoshi)
Centaures (Sumiyoshi)

C'est par hasard que je suis tombée sur cette série dans les étagères de ma bibliothèque. Les dessins sur les tranches et sur les couvertures m'ont semblé très jolis et j'ai eu bien envie de voir de quoi il retournait. L'histoire se passe dans un Japon féodal où vivent principalement deux espèces : les centaures et les humains. Les premiers vivaient paisiblement dans leurs montagnes et leurs plaines, loin des humains, jusqu'à ce que ces derniers décident de venir sur les territoires centaures afin de les capturer et en faire des armes de guerre. Traqué-e-s, forcé-e-s à fuir et survivre pour éviter la mort sur les champs de batailles humains, les centaures n'ont plus beaucoup d'espoir. Quand Matsuzake, grand et fort centaure des montagne, se fait capturer par des humains, il fait la rencontre de Kohibari, un centaure des plaines amputé des deux bras qui va lui proposer un plan de fuite un peu fou. C'est une histoire de conflit entre deux espèces, de guerre, de cruauté, de survie, d'amour et d'espoir. Le récit se passe sur plusieurs époques. Les deux premiers albums nous racontent l'histoire et de la lutte de Matsuzake et de Kohibari en plein cœur du conflit avec les humains, les deux suivants se déroulent trente ans plus tard et nous racontent l'histoire de Gonta et Tanikaze qui quittent leur montagne pour voir si la cohabitation entre humain-e-s et centaures est possible, et les deux derniers reviennent dans le passé pour nous raconter la jeunesse de nos deux premiers protagonistes et enfin nous faire comprendre comment ils en sont arrivés là où nous les avons rencontrés. Le gros point fort de cette série est incontestablement son dessin. Les traits sont beaux, les mouvements vifs et toujours lisibles, l'encrage parvient toujours à donner de la profondeur aux ombrages et aux décors, iconisant également les personnages. C'est du bonbon pour les yeux. Je constate après recherche que l'autrice est également designer vidéoludique, notamment sur la saga Monster Hunter, et je ne suis pas très étonnée. Elle sait créer des chara-design convaincants et marquants avec peu de traits et de détails. Petits défauts tout de même, il en faut bien. La quasi-totalité des personnages féminins présentés dans cette série joue un rôle de love interest ou de poule pondeuse (pouliche pondeuse ?) pour un autre personnage masculin. Bon, chez certaines leur rôle ne se résume pas qu'à ça et elles parviennent à avoir suffisamment de personnalité et de motivations pour être de véritables personnages, mais trois/quatre d'entre elles ne jouent vraiment aucun autre rôle dans l'intrigue (sachant qu'il n'y a que huit personnages féminins en tout et que seuls quatre sont nommés). Une seule échappe à tout ça, ni romance ni marmot, je peux au moins me rassurer en disant qu'il y a une exception. Second défaut, spécifique à l'impression je dirais. En fait, la composition des images à l'impression, le découpage des cases et des phylactères, est à plusieurs reprises coupé trop court. On sent que la planche a été imprimée sur un papier plus petit et qu'une partie du haut a été coupée. Il y a plusieurs phylactères qui sont notamment coupés si bas qu'une partie de la première phrase est coupée. Rien de grave en soi, on arrive encore à lire, mais reconnaissons que c'est dommageable. La série reste très intéressante. Une lecture recommandée, ne serait-ce que pour les beaux dessins. (Note réelle 3,5)

28/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Le Cahier à spirale
Le Cahier à spirale

Didier Tronchet a commencé sa carrière d'auteur de BD dans l'humour, avec des personnages réputés pour leur autodérision, qu'il s'agisse de Raymond Calbuth ou de Jean-Claude Tergal. Plus récemment, il a produit de nombreux ouvrages autobiographiques, racontant telle ou telle période de sa vie ainsi que quelques sujets familiaux plus intimes. Le Cahier à spirale peut être considéré comme l'aboutissement de cette production autobiographique car c'est un ouvrage qui non seulement revient à nouveau sur la vie de l'auteur mais aussi sur son introspection et son analyse de ses ouvrages précédents et de ce qu'ils cachaient sur lui-même. C'est en effet par cette analyse qu'il a réalisé ce qu'il se cachait à lui-même et notamment que tout semblait découler de son rapport à sa mère et à sa famille de manière plus générale avec qui les non-dits et la difficulté à communiquer ont été tels qu'ils ont façonné son état d'esprit et lui ont masqué certains pans de son propre esprit. Il entreprend alors un retour sur les lieux du passé et une communication plus claire avec sa mère, ses sœurs et son frère. Le tout est présenté de manière aussi authentique que l'auteur le pouvait, avec une narration qui s'affiche sans structure, comme elle vient, comme si l'auteur ne savait pas où tout cela allait le mener et le présentait à ses proches au fur et à mesure qu'il la racontait. Il y mélange une part de vérité et une légère part de fictif ou du moins de mise en scène destinée à la relever d'un peu de légèreté et d'humour. Cette forme d'improvisation semi mise en scène surprend un peu mais ajoute au sentiment d'authenticité du récit, comme si l'auteur se livrait entièrement et plus que jamais auparavant. C'est à la fois assez touchant et déstabilisant car on ne sait pas où ça va nous mener. Car en même temps que l'avatar de l'auteur se cherche, on cherche quel sera le message et l'objectif réel de l'ouvrage. Celui-ci multiplie les fausses pistes, à la manière de ce moment où arrive ce fameux cahier à spirale et l'entretien ouvert avec sa mère qui au final sera abandonné quelques pages plus tard sans avoir permis d'avancer davantage que de quelques pas. Il ne sera ensuite quasiment plus question de ce cahier à part comme objet symbolique lors d'un autodafé libératoire. Il revient ici sur un très grand nombre de ses anciens ouvrages, les évoquant et les analysant brièvement pour voir comment ils expliquaient son état d'esprit au moment de leur création. C'est d'autant plus intéressant quand on a lu ces derniers et qu'on voit bien à quoi il fait référence. A l'inverse, j'ai pu constater que je restais en dehors du sujet quand il abordait un ouvrage que je n'avais pas lu, et je me dis du coup que cette BD là doit rester assez hermétique à ceux qui ne connaissent pas déjà bien la bibliographie de Tronchet. J'ai trouvé cette lecture touchante, très instructive sur un auteur de BD pour lequel j'ai une certaine affection et qui a su me le rendre plus attachant et me donner envie de relire certains de ses ouvrages et de découvrir ceux que je n'ai pas encore lus. Mais pour ceux qui le connaissent moins bien, je ne sais pas si cet album leur parlera autant. Note : 3,5/5

27/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Célestin et le coeur de Vendrezanne
Célestin et le coeur de Vendrezanne

Les contes de la Pieuvre, c’est magique (oui je sais je me répète). Fannie, le dernier en date, m’a donné envie de me replonger dans cet univers. Et c’est avec une grande délectation que je m’exécute. Célestin ne déroge pas à la magie, mieux elle lui donne ces titres de noblesse. C’est toujours maîtrisé et exécuté de mains de maître. Un grand moment de bonheur cette série et particulièrement la lecture de ce récit. Je l’avais évidemment apprécié lors de ma 1ere découverte mais connaissant dorénavant la suite ou le destin de certains intervenants, il se savoure davantage. Bravo à Gess de dépeindre ce petit monde toujours avec autant de brio, il m’avait déjà conquis dès Gustave Babel (le 1er album autour de la Pieuvre) mais chaque nouvelle rencontre ajoute sa pierre (complexifiant tout en simplifiant notre compréhension de l’univers), pour en faire un tas de cailloux qui se déguste. Un Must pour moi.

26/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Diana & Charlie
Diana & Charlie

C'est une histoire qui fait mal. En tout cas, c'est une histoire qui a su toucher avec une grande justesse le sentiment de détresse, de perdition, d'incompréhension et parfois d'autodestruction qui caractérise le sentiment de dysphorie de genre à un âge adolescent. Les éponymes Diana et Charlie sont trans, binaire et non-binaire. Diana est une femme, mais souffre quotidiennement du fait que presque personne ne la perçoit comme telle. Tout le monde l'appelle par son deadname, personne ne comprend ce qu'elle ressent lorsque cela la blesse, elle aimerait pouvoir exister comme tout le monde, sans avoir à se forcer à vomir pour tenter de rentrer dans les carcans de l'esthétique féminine. Personne ne la désire non plus, et elle en souffre, si ce n'est les hommes gays, la percevant comme un homme aimant le travestissement. Mais elle n'aime pas les hommes et ces hommes ne l'aime pas non plus, alors quand Diana accepte leur chaleur elle se hait toujours un peu plus. Charlie est non-binaire, mais personne à part ses ami-e-s ne le sait. Et à part Diana, personne ne semble lae comprendre. Iel souffre, iel est perdu-e, iel est désespéré-e, alors iel fait la fête sans arrêt, cherche à s'oublier dans l'alcool et les médicaments. De toute façon, quand iel ne le fait pas, c'est vers les lames de rasoir qu'iel se dirige. Mais iel n'a pas de problème, iel ne veut surtout pas aller en urgence psychiatrique, iel ne faut surtout pas alerter sa mère. Alors iel garde ses envies suicidaire dans son coin. Tous-tes deux sont dépendant-e-s l'un-e de l'autre, tous-tes deux s'aiment sincèrement mais se font souffrir malgré elleux, tous-tes ne savent plus quoi faire. C'est une histoire de jeunesse queer, pleine de doutes, de sentiment de perdition, de peur et de dégoût envers soi-même. C'est réaliste. Cruellement réaliste. Les personnages sont imparfaits, complexes, parfois méchants mais toujours attachants. Les personnages parlent et se comportent comme des jeunes perdus typiques de l'époque (début des années 2010). J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la fin, où tout n'est pas magiquement réglé mais où les choses avancent. En tout cas les choses changent. Et la situation de Diana et Charlie est mise en parallèle avec l'avancée des droits trans en Suède en 2012. Le dessin est très intéressant. En tout cas je l'ai trouvé original et sincèrement beau. Je trouve que ces lignes tremblotante et cette colorisation très simple (noir et blanc) mais jouant très souvent avec les ombrages donnent un vrai plus à l'album. Un récit jeunesse magnifique et touchant dans sa retranscription de la souffrance des personnes transgenres (binaires comme non-binaires). Je me dis aussi que cette histoire peut toujours illustrer les problématiques types des personnes transgenres aux personnes n'y connaissant rien. C'est un plus non-négligeable.

26/03/2025 (modifier)