Les derniers avis (38701 avis)

Couverture de la série Les Ignorants
Les Ignorants

Davodeau est un auteur à deux facettes – d’inégale valeur de mon point de vue : il publie des romans graphiques, et des documentaires généralement engagés. C’est la seconde catégorie que je préfère, et de loin (ses romans graphiques m’ayant le plus souvent déçu). Ici, le parti pris est assez simple, puisque Davodeau séjourne chez un ami viticulteur, en Anjou : celui-ci lui fera découvrir son travail (auquel il participera), tandis que Davodeau fera découvrir à son ami une liste (relativement éclectique) d’œuvres du neuvième art. Ceci étant accompagné de la rencontre de certains de ces auteurs (et pas des moindres, puisqu’entre autres Gibrat, Marc-Antoine Mathieu, Guibert). J’aurais bien aimé accompagner leurs pérégrinations (accompagnées de dégustations sympas le plus souvent), et en particulier discuter avec Marc-Antoine Mathieu ! La partie BD est intéressante – mais je suis moins néophyte que Richard Leroy, le viticulteur, et j’ai donc moins appris de choses. Même si le regard d’un béotien sur certaines œuvres est assez caustique parfois (et pas dénué de fraicheur), comme son incompréhension de l’engouement entourant le travail de Moebius, ou ses questionnements par rapport à l’intérêt de l’oubapo. Hélas, les amis de Davodeau étant généralement – comme lui – des « noms », l’aspect « métier précaire » du bédéiste est passé sous silence (alors que je pense qu’une grande partie des auteurs sont loin de gagner franchement leur vie avec leur travail – ou alors en acceptant certaines concessions (travaux alimentaires, publicitaires, etc). C’est d’autant plus dommage que Leroy ne cache pas, lui, les difficultés de son métier. C’est d’ailleurs cette partie qui m’a le plus captivé, puisque si je suis amateur de « bons vins », je n’ai aucune réelle culture dans ce domaine, et n’ai que des connaissances fragmentaires sur le processus qui mène le raisin à mon gosier. Là aussi toutefois, Davodeau n’éclaire qu’un aspect des choses, puisque Leroy est un viticulteur relativement atypique, car produisant en bio (mais en plus refusant d’afficher le label et pratiquant la culture biodynamique – tout en se questionnant à son propos). Deux « ignorants » qui découvrent certains aspects du métier de l’autre donc, mais qui sont curieux, et ne sont pas englués dans une pensée monolithique. Le dessin de Davodeau est simple, efficace (quelques visages difficiles à différencier parfois quand même), et le travail en Noir et Blanc (avec nuances de gris) rend l’ensemble agréable à lire. Une chouette réussite en tout cas !

20/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Geisha ou Le jeu du shamisen
Geisha ou Le jeu du shamisen

J'ai beaucoup apprécié la lecture de cette BD. Un univers en noir et blanc aux dessins sobres mais justes. Le fil de l'histoire se déroule tout en retenue et nous plonge dans le Japon des années 1920. On prend beaucoup de plaisir à suivre l'évolution de cette petite fille qui découvre le monde des geishas.

19/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Les Petites Victoires
Les Petites Victoires

Les petites victoires est un récit autobiographique touchant dans lequel l’auteur a décidé de mettre en avant non une maladie mais la beauté de l’amour parental. Cet album ne traite donc pas tant de l’autisme que du plaisir ressenti par les acteurs lorsqu’ils parviennent à contourner l’obstacle. Ce sont ces fameuses petites victoires qui donnent son titre à l’album et qui procurent à celui-ci cette humanité rayonnante et ce positivisme qui font du bien. J’ai beaucoup aimé. Sans doute parce que le handicap et la différence sont des sujets qui font partie de mon quotidien. Toute la dimension « technique » m’a fortement intéressé tant elle reflète une évidence : à l’heure actuelle, nous ne savons pas encore grand-chose de l’autisme et de la manière dont on doit aborder les personnes qui en souffrent. Le fait que l’auteur de cet album soit Québécois m’a interpellé. Le Canada est réputé pour être un des sinon le pays le plus avancé en matière de traitement de l’autisme. Pourtant, Yvon Roy va souvent opter pour l’opposé de ce qui lui est préconisé. Avec des résultats étonnants et encourageants. Il ne condamne nullement ce qui est fait par le corps médical mais propose une autre approche. Et la combinaison des deux explique très certainement ces nombreuses petites victoires. La dimension humaine laisse difficilement insensible. L’auteur occulte volontairement les « petites défaites » inévitables face à ce genre de maladie, ce qui donne au final un récit d’un positivisme revigorant. C’est touchant et drôle à la fois. Jamais larmoyant, bien au contraire ! Enfin, le dessin dans ce style dépouillé, très direct, casse les barrières entre le lecteur et le narrateur. Le trait s’efface au profit de l’histoire. A la limite, on ne se rend même plus compte qu’il s’agit de simples dessins tant nous sommes avec les personnages, tant nous partageons leurs sentiments. Et en partageant leurs « petites victoires » on ne peut que se sentir mieux, notre subconscient considérant celles-ci un peu comme si elles étaient nôtres. Non, franchement, c’est un bel album.

19/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Off Road
Off Road

Off Road est une œuvre de jeunesse réalisée par un auteur de talent. Œuvre de jeunesse du moins dans son scénario puisque Sean Murphy y fait déjà montre d’une telle maîtrise graphique qu’il est difficile de voir en ce splendide noir et blanc l’œuvre d’un néophyte. Quant au scénario, j’ai presque honte de parler d’œuvre de jeunesse car la manière dont ce récit nous est raconté démontre, elle aussi, une grande maîtrise de la narration et du découpage. La jeunesse, je l’ai finalement plus trouvée dans les thèmes abordés et dans la naïveté rafraichissante de certaines péripéties que dans les compétences techniques de son auteur. Après ce long préambule qui ne sert à rien (vous pouvez le sauter, si vous le désirez… et si c’est trop tard, vous m’en voyez marri), rentrons dans le vif du sujet. Off Road est une histoire d’amitié ; Off Road est une histoire d’amour ; Off Road est une histoire dynamique ; Off Road est une histoire drôle. Off Road, c’est un road trip dans lequel les différents acteurs se livrent peu à peu. C’est un récit naïf avec des passages spectaculaires à défaut de crédibilité. C’est une narration en voix off qui nous plonge dans les pensées de son acteur principal. C’est une bd dans l’esprit des films américains pour ado, le sucre et le miel en moins. Si je devais comparer ce récit à d’autres, je dirais qu’il plane au-dessus de celui-ci le même genre de parfum qui peut parfois planer au-dessus de certains albums de Jim (j’ai souvent pensé à « Petites éclipses » en lisant cet album). Off Road, ce n’est pas un chef d’œuvre mais bien le genre de livre auquel on revient quand on a un instant de temps et l’envie de se détendre sans se prendre la tête. C’est comme un apéro entre copains, sans fioritures, avec des instants un peu cons, l’alcool triste pour certains mais aussi l’amitié qui déborde du verre.

19/08/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Collaboration horizontale
Collaboration horizontale

J'ai franchement bien aimé cette histoire se passant dans le Paris de l'Occupation. Dans un contexte de guerre, je trouve que c'est bien de montrer que l'amour entre deux êtres n'a pas forcément de frontière. Certes, les mauvaises langues pourront objecter qu'aimer un officier nazi peut parfois poser problème mais nous savons tous que tous les soldats allemands n'étaient pas forcément des membres de la Gestapo recherchant activement tous les juifs de France. Il y avait des nuances que les auteurs ont déployé en dépassant tous les clichés et en évitant le manichéisme. Cette idée m'a fortement séduite. J'ai alors eu un regard plutôt attendrissant sur cette oeuvre au demeurant fort bien dessinée et avec une certaine grâce. Certaines femmes tondues devraient obtenir réparation morale car elles ont permit quelque fois d'éviter le pire à leur entourage grâce à la collaboration horizontale. Cependant, comme montrer dans la bd à travers une scène assez poignante, c'est vite oublié dans l'euphorie de la victoire. La gratitude n'est parfois pas une qualité chez les humains.

18/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Balade Balade
Balade Balade

Eh bien, voilà un album original, qui mise plus sur l’ambiance que sur l’action, plus sur de petits détails que sur l’esbroufe, mais qui réussit à nous distraire – et parfois à nous amuser ! Deux histoires sont développées en parallèle. D’abord, les deux personnages principaux. La Terre étant mise en vente, un agent immobilier assez loufoque et bonhomme, la fait visiter à un extra-terrestre (sorte de nain baragouinant notre langue – sans que cela ne pose de difficulté à son guide !). Cette partie mêle agréablement poésie et absurde, au milieu de planches très belles : dialogues absurdes et/ou loufoques, errance exaltant lenteur et poésie, c’est une chouette balade (et la partie la plus intéressante de l’album). En parallèle, nous suivons la vie quotidienne et les réactions de quelques personnages secondaires, qui écoutent et réagissent aux aventures des deux voyageurs susnommés, diffusées à la radio. Car oui, c’est une émission de radio ! Et, au bout d’un moment, on se prend à penser à Orson Welles, qui, après avoir annoncé au public qu’il jouait une pièce, avait diffusé une adaptation du « Meilleur des mondes » de Welles à la radio, et créé une panique aux Etats-Unis, les gens croyant entendre un vrai reportage. Le fait est qu’ici, au bout d’un moment, et rien n’est fait pour dissiper un éventuel malentendu, on ne sait plus trop si cette visite et vente de la Terre est réelle ou « jouée », si la double narration est artificielle ou pas : où est l’illusion, où la réalité ? J’ajoute que le dessin de Kokor est très réussi, avec une belle utilisation du Noir et Blanc (et dégradés de gris, un peu traités comme au lavis je trouve). Toujours est-il que cet album est vraiment chouette, et très recommandable !

18/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Une affaire de caractères
Une affaire de caractères

Ayroles est un habitué des jeux sur le médium bande dessinée, à l’Association ou plus précisément au sein de l’Oubapo. Comme d’autres, il joue souvent sur le langage, sur les mots. Ici, tout cela est affiné, puisqu’il joue essentiellement sur les lettres. Il y a de toute évidence un peu (beaucoup ?) du Philémon de Fred dans cet univers et dans ce personnage principal, livreur de lettres, débarquant dans un village où les 26 signes qui constituent notre alphabet sont mis à toutes les sauces, pour constituer une macédoine très rafraîchissante. Le village en question regroupe des hommes et femmes de lettres (dans tous les sens de ce terme), et Ayroles s’en donne à cœur joie, multipliant les exercices de styles. Le tout enrobant une enquête policière, menée par un inspecteur très « Maigret » et peu ouvert aux mystères des mots et aux loufoqueries verbales (mais aussi comportementales) des personnages. Tout ceci donnant tout son sens au titre… Le tout passe très bien, avec pas mal de jubilation pour l’auteur, de la poésie, même si j’ai trouvé un peu trop poussés les dialogues entre les personnages n’utilisant qu’une voyelle : cela faisait trop « forcé » parfois. J’ai beaucoup aimé, aussi, le côté graphique, un peu désuet, avec des couleurs comme passées, dans des tons verdâtres. Ambitieux, mais pas du tout élitiste, voilà un album à découvrir absolument !

18/08/2017 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5
Couverture de la série Droit dans le mûr
Droit dans le mûr

J’apprécie les strips de Fabcaro (même si j’ai pas tout lu de lui) tout comme l’auteur lui-même, ce grand timide qui se soigne en illustrant ses maux et phobies dans des cases de bd (quelle bonne thérapie !). Avec cet album, Fabcaro aborde le douloureux passage à l’âge adulte. Finies l’insouciance et la liberté … les responsabilités d’un jeune père de famille le ramènent les pieds sur terre. L’humour sous forme d’autodérision est bien au rendez-vous. J’aime assez les ellipses graphiques usitées par Fabcaro pour illustrer une situation en la gonflant à l’extrême. Cela accentue le côté comique et affirme l’empreinte unique de l’auteur sur ses productions. L’épilogue est plutôt bien vu (même si désespéré). Je pense qu’en chacun de nous sommeille une partie de Fabcaro, de sorte qu’on se retrouve à un moment ou à un autre dans les situations présentées. Petit bémol, la lecture s’oublie bien vite, de sorte que j’ai dû relire l’album pour en faire la critique (ce qui, en soi, était loin d’être dérangeant). :) Un bon cru !

18/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Pause
Pause

On n'est pas là pour réussir, voilà le titre d’un des premiers albums de Fabcaro publiés chez La Cafetière. Eh bien, que de chemin parcouru ! Outre des reprises de classiques (Achille Talon ; Gai-Luron), le récent – et très mérité – succès de Zaï Zaï Zaï Zaï s’est vu au-delà de ce titre : une bonne partie de la production de Fabcaro chez des « petits » éditeurs a été rééditée (mais Dargaud et Fluide en font de même, en format à l’italienne des succès de l’auteur), et La Cafetière lui offre ici une couverture rigide, plus « luxe » que celles des précédents opus du même genre chez le même éditeur. « Pause » est donc pour Fabcaro une manière de jouer sur cette nouvelle notoriété, le succès public, mais aussi l’attente de ce même public : on retrouve donc dans cet opus le même ton autobiographique et d’autodérision, déjà présent dans ses autres publications chez La Cafetière. Toujours la même chose, peut-être, mais Fabcaro se renouvèle assez pour que j’y trouve une nouvelle fois mon compte (je suis très amateur de tout ce qu’il fait !). Par petites touches, la répétition de quelques idées (remarques de ses parents, dialogues coincés avec un livreur de paille, etc.), il amène le running gag jusqu’au moment où le quotidien, l’anecdotique deviennent drôles. Du Fabcaro classique donc, une sorte de retour aux sources, de l’humour tranquille (mais efficace), après le feu d’artifice de ZZZZ. Note réelle 3,5/5.

17/08/2017 (modifier)
Couverture de la série Lila
Lila

Tiens ! Une bd sur les nénés, c’est rare !!! C’est surtout rare d’en trouver une qui s’adresse aux très jeunes filles, celles qui s’apprêtent à sortir de l’enfance pour explorer le monde étrange de l’adolescence. Le pari était osé et je m’incline respectueusement devant les deux auteures qui ont su le relever avec talent et humour. Car on s’amuse beaucoup à la lecture des aventures de la petite Lila et de ses amies. On s’amuse beaucoup et on en sort sans aucun doute moins cons (remarque valable pour tous les lecteurs indépendamment de leur âge et de leur sexe) et très certainement moins complexées (en ce qui concerne les jeunes lectrices dans la même tranche d’âge que notre héroïne). Le ton est tellement naturel, les choses sont dites avec simplicité mais sans bêtifier. C’est vraiment une excellente bd jeunesse ! Le dessin plaira par son dynamisme et sa grande lisibilité. Vraiment, que vous ayez 10 ans ou 50, que vous soyez ou ayez été complexée par vos seins ou non, je ne peux que vous inciter à découvrir cette série (et je me demande bien de quoi il sera question dans le prochain tome).

17/08/2017 (modifier)