Encore une BD que j'étais certain d'avoir avisé, mais que je n'avais jamais pris le temps de noter.
Paf et Hencule, c'est une BD qui divise et qui fait débat. Elle est le genre qu'on aime ou qu'on déteste. Personnellement je la classe dans celles que j'aime !
Après, j'ai une affection pour l'humour noir et cette BD en est un parfait exemple : noir charbon, trash et dégueulasse, cette BD se permet toutes les saloperies qu'on n'ose plus faire dans la rue. C'est évidemment misogyne, raciste, homophobe, colonialiste, ... Ca se moque de l'armée, de la politique, de la justice et des médecins. C'est cynique et méchant, et souvent très con aussi. On ne peut que conseiller à un public averti.
Le dessin est franchement moche, il est en adéquation avec le propos. Ce n'est pas pour ça qu'on lit ce genre de BD de toute façon.
Si vous aimez l'humour noir charbon, les bons gags horrible et que vous ne voulez pas une merveille de dessin, cette BD est faite pour vous ! Sinon passez largement votre chemin.
Pour tout dire j'ai entamé cette série avec pas mal d'appréhensions, mais au fil des tomes ma lecture s'est trouvé fort savoureuse, les 2 premiers tomes étaient plutôt anecdotiques.
Avec le 3ème volume "Elfes Blanc, Cœur Noir" là le récit est déjà plus accrocheur, mais l'entrée en matière se fait avec le volume 6 "La Mission des Elfes bleus" où vraiment il y a un basculement dans les faits, le danger est imminent et la trame se poursuit sur plusieurs volumes pour malheureusement perdre en intensité avec le tome 17, c'est pour cela que je ne mettrais pas 5 étoiles, les tomes 1/2/4/18/19 sont les points faibles de cette saga.
Pour ce qui est du coté graphique je n'ai trouvé aucun des dessinateurs transcendants à part la belle variété de paysages, forêts verdoyantes, villes chatoyantes etc...
Après avoir sorti une tripotée de récits gores et fantastiques avec "Doggy Bags", Ankama se renouvelle avec cette série fantastique. On y retrouve des auteurs qui ont fait sa renommée mais aussi quelques petits nouveaux, et la présentation lui ressemble à s'y méprendre. Quelques surprises viennent pourtant s'y glisser, comme la nouvelle écrite par Elsa Bordier et illustrée par Mathieu Bablet.
Le fil rouge de cette série est donc calé sur la sorcellerie et plus particulièrement autour de l'Ordre de Minuit, société secrète féminine protégeant l'humanité des forces occultes les plus diverses à travers le monde. Ce sont donc quatre courts récits et une nouvelle qui s'enchainent et composent ce premier opus.
Comme dans tout recueil, la diversité est de mise (surtout graphiquement), et tout ne sera pas forcément du goût de tout le monde. Pour ma part j'ai plutôt bien apprécié ce premier rendez-vous et la découverte de ce petit monde occulte qu'on nous propose. De plus, ça m'a fait bien plaisir de retrouver des auteurs que j'apprécie beaucoup.
Alors si comme moi vous étiez du genre adepte de "Doggy bags" et de son format, que vous aimez le fantastique et les récits sur les sciences occultes, cette nouvelle production du label 619 devrait faire de vous un heureux lecteur !
La rencontre de deux noms de la BD des années 70-80, deux auteurs que j’apprécie beaucoup, et dont on pouvait se demander ce que leur collaboration pouvait donner. En effet, les univers d’Alexis et de Fred ne coïncident pas forcément.
Le résultat est plutôt bon. En tout cas j’ai trouvé que la mayonnaise prenait bien. Quelques passages où la rêverie l’emporte, forcément avec Fred, mais l’humour d’Alexis se combine bien avec ça, et son dessin – d’aspect un peu brouillon parfois – est comme toujours très réussi.
En tout cas, s’il est un domaine où ces deux auteurs se rejoignent, c’est bien dans l’humour absurde, et certains passages en sont emplis, pour le plus grand bonheur des lecteurs.
Le résultat de la rencontre entre ces deux auteurs est en tout cas une réussite (même sans atteindre les sommets de certaines de leurs productions propres). Une lecture recommandable évidemment.
Note réelle 3,5/5.
L’entreprise qui sert de cadre aux strips hilarants de James apparaîtra familière à beaucoup d’entre nous, de près ou de loin. Dans cette PME du textile à la croissance incertaine, on y trouve une édifiante galerie de personnages bien campés, à commencer par le directeur, Roland, infect avec son personnel mais suffisamment craint pour ne pas avoir à subir les grèves. Une caricature de PDG paternaliste, sachant à la fois jouer la connivence avec ses subalternes mais imperméable à toute demande d’augmentation, « car vous comprenez mon cher Pichon, les charges nous étouffent, et moi, à ce rythme-là, je mets la clé sous la porte dans trois mois », tandis que lui-même se rémunère grassement. Parmi les autres personnages évoluant dans ce microcosme quelque peu routinier, il y a le gratte-papier geignard mais docile, le commercial lymphatique et trop fainéant pour être vraiment vénal, l’autre commercial pur jus, toujours prêt à faire le beau devant son patron, ou encore le DRH désabusé aux ordres du boss.
Certes, ce n’est pas une virulente diatribe du système capitaliste, c’est beaucoup plus subtil que ça. On sourit volontiers et on rit aussi. Avec James, tout le monde en prend pour son grade, pas seulement le patron mais aussi ses employés, notamment certains râleurs dont les velléités de rébellion s’épanouissent devant la machine à café pour s’évanouir aussitôt quand le directeur passe par là par hasard. C’est donc un peu de nous-mêmes, avec nos petites lâchetés voire notre servilité face à la hiérarchie, que l’auteur épingle ici. On n’est pas forcément fiers, mais qu’est-ce qu’on se marre...
3.5
Je précise que j'ai lu la version de Wombat parue en 2017 qui contient des textes de dessinateurs américains underground qui ont été influencés par Harvey Kurtzman ainsi qu'un prologue par le défunt Wolinski.
Kurtzman est un des génie de l'humour américain et qui a entre autres lancé le célèbre magazine Mad. Malheureusement, suite à une dispute avec son éditeur il quitte Mad et malgré diverses tentatives pour créer un autre magazine à succès, il ne connaîtra que des échecs. Cet album est l'un d'entre eux: en 1958 il propose à un éditeur de livres de poches de publier un recueil de bandes dessinées directement en livre sans que ce matériel soit passé d'abord dans un magazine. Cela donne en 1959 cet album qui contient 4 histoires et qui ne sera pas un succès (juste la moitié des exemplaires ont été vendus) quoique depuis c'est devenu un classique qui a influencé plusieurs auteurs.
On retrouve dans cet album deux histoires qui parodient des séries américaines des années 1950 et deux qui sont des satires sociales de la société de l'époque. Pour les parodies, on retrouve le génie de Kurtzman qui est capable de faire des parodies sans qu'on ait besoin de connaitre le matériel original pour trouver ça rigolo. En fait, si je ne savais pas que c'était basé sur des séries télé précises, j'aurais cru qu'il ne faisait que parodier deux genres en général (les histoires de détectives et les westerns). Les deux histoires portant sur la satire sociale ont un coté autobiographique vu que l'une se moque du monde de l'édition et que l'autre se moque des sudistes américains (Kurtzman a passé quelques temps durant la seconde guerre mondiale au Texas et a basé la ville qu'on voit dans ce récit sur la ville de Paris, Texas).
L'humour fonctionne bien et les histoires sont agréables à lire (ma préférée est celle sur le western). Il y a tout de même quelques gags qui tombent à plat et c'est pour cela que je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une des meilleures bandes dessinées humoristiques de tous les temps. J'aime bien le dessin expressif de Kurtzman et on peut voir comment il a influencé des types comme Gotlib. Je trouve tout de même son style un peu moins bon comparé à certains dessinateurs de Mad avec lesquels il a collaboré.
Donc c'est une curiosité qui n'a pas trop vieilli et qui est à lire si on est fan de ce type d'humour.
Dans le même esprit que Zaï Zaï Zaï Zaï que j'avais adoré, Fabcaro fait une nouvelle fois mouche avec son humour absurde. Des dialogues irréels et tellement décalés qui me font marrer, j'adore. Il a une façon hyper efficace de détourner des scènes banales en les saupoudrant de dialogues basés sur des clichés et des absurdités, souvent hors contexte. Cette recette fonctionne vraiment bien pour le plus grand plaisir des zygomatiques.
Le style roman photo qui accompagne cette histoire à l'eau de rose est lui aussi excellent. Bref du tout bon.
Cela dit, je crois que j'en attendais un peu plus, et visiblement un peu trop. L'avis de Mac Arthur notamment me faisais espérer des fous rires encore plus gros que ceux que j'avais eus à la lecture de Zaï Zaï Zaï Zaï. Ce ne fut pas le cas et j'ai préféré et plus rigolé avec cet autre album.
Du coup j'ai aimé cet album qui est franchement pas mal, et chaudement recommandé dans tous les cas !
La sauce Mickey par Keramidas et Trondheim n'ayant visiblement pas pris, les auteurs ne se sont pas découragés et offrent une suite ou relecture de leurs délires avec cette fois Donald en personnage principal.
Rappelons que la principale originalité de Mickey's Craziest Adventures subsistait en ce procédé génial de livrer une histoire incomplète volontairement et d'utiliser les ellipses dans un but hautement culotté mais humoristique réussi selon moi qui le considère encore 2 ans après comme un énorme coup de coeur.
On prend les mêmes et on recommence ? Pas exactement cette fois car l'histoire est "complète" et le trait de Keramidas semble plus bâclé et moins travaillé que sur le précèdent opus curieusement.
Les pages gardent un look délicieusement vintage et abimé avec moult tâches et/ou erreurs grossières et volontaires d'impression.
La recherche du Bonheur par Donald pour le compte de l'Oncle Picsou est une trouvaille toute Trondheimienne avec de jolis gags absurdes dans un pays despote à 1000 lieues des univers Disney classiques.
Livrant parfois une réflexion pertinente sur la valeur de la vie, Donald va ouvrir la Boite de Pandore tout en rencontrant les personnages habituels de la série.
Peut être moins inventif dans le concept beaucoup plus linéaire que pour Mickey Craziest Adventures mais toujours drôle et rythmé, cette aventure réjouira les fans du précèdent opus et donnera paradoxalement du grain à moudre à ses détracteurs en argumentant que Trondheim a fait le tour de sa vision de Mickey et Donald et en ce sens ils n'ont peut être pas forcément tort.
Au demeurant un très joli diptyque et malgré un dessin moins léché, un chouette coup de coeur amplement mérité pour les amateurs de l'humour subtil de Trondheim.
Le titre de l’album est assez énigmatique et, en tout état de cause, n’a que très peu à voir avec son contenu. Mais, à tout prendre, il est en accord avec l’esprit de l’album.
En effet, les histoires développées par Thiriet jouent sur le loufoque, la poésie, mais surtout sur un absurde omniprésent, plus ou moins humoristique.
Les onze histoires de l’album sont inégales, mais aucune n’est réellement ratée. Certaines sont par contre franchement réussies, comme celle du type qui, se croyant perdu, enregistre son testament sur caméscope (humour délirant à la clé). C’est sans doute ma préférée (avec celle des deux types de l’aéropostale faisant tout pour livrer une partie du courrier, malgré l’absurdité de la situation dans laquelle ils se trouvent), mais la majorité de ces histoires m’ont réellement plu.
On est parfois dans le n’importe quoi absolu, l’absurde poussé jusqu’au bout, avec clairement un scénario improvisé, comme dans la biographie déjantée de Jean-Pierre H.
Bref, les amateurs d’absurde trouveront sans doute leur bonheur dans ces histoires courtes, assez variées sur la forme et le ton. Le dessin de Baron Brumaire use d’un bon Noir et Blanc et rend la lecture fluide.
Note réelle 3,5/5.
Voilà un récit d’une simplicité déconcertante.
Des personnages proches de nous, arrivés dans le dernier tiers de leur existence. Une histoire d’amour naissante alors qu’ils n’attendaient plus grand-chose de leur vie. Une vie sexuelle simple, naturelle, abordée avec pudeur mais sans tabou. Un peu d’humour, beaucoup de douceur et, en filigrane des interrogations qui parleront à chacun d’entre nous.
Zidrou, une fois de plus, me séduit grâce à son écriture d’une justesse confondante. Ses dialogues, en particulier, me touchent systématiquement. J’aime l’humour discret, l’humilité des personnages et le fait que les sujets délicats ne sont pas contournés (ici la sexualité et le rapport au corps chez les personnes âgées).
Le dessin d’Aimée De Jongh (déjà remarquée avec « Le Retour de la Bondrée ») est très agréable à l’œil et convient parfaitement au propos. J’ai aimé son expressivité, sa grande lisibilité. Mais, plus que tout, j’ai aimé sa représentation de corps vieillissants. Là aussi, l’auteure ne contourne pas l’obstacle et pourtant ses planches sont tout sauf impudiques.
Un album à lire pour l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai pu découvrir ces dernières années. Le final m’a un peu déstabilisé dans un premier temps mais il soulève des questions… que l’on est tous amené à se poser à un moment ou l’autre. Et si le choix des personnages ne sera très certainement pas partagé par tous les lecteurs, les auteurs parviennent à nous le faire accepter, ce qui est déjà un bel exploit.
Reste un titre qui pourrait refroidir et qui, à mes yeux, n’est pas du tout représentatif du contenu de l’album. Mais ne vous arrêtez pas à si peu ! Car cet album est vraiment à lire par tous ceux qui aiment les romans graphiques.
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Paf & Hencule
Encore une BD que j'étais certain d'avoir avisé, mais que je n'avais jamais pris le temps de noter. Paf et Hencule, c'est une BD qui divise et qui fait débat. Elle est le genre qu'on aime ou qu'on déteste. Personnellement je la classe dans celles que j'aime ! Après, j'ai une affection pour l'humour noir et cette BD en est un parfait exemple : noir charbon, trash et dégueulasse, cette BD se permet toutes les saloperies qu'on n'ose plus faire dans la rue. C'est évidemment misogyne, raciste, homophobe, colonialiste, ... Ca se moque de l'armée, de la politique, de la justice et des médecins. C'est cynique et méchant, et souvent très con aussi. On ne peut que conseiller à un public averti. Le dessin est franchement moche, il est en adéquation avec le propos. Ce n'est pas pour ça qu'on lit ce genre de BD de toute façon. Si vous aimez l'humour noir charbon, les bons gags horrible et que vous ne voulez pas une merveille de dessin, cette BD est faite pour vous ! Sinon passez largement votre chemin.
Elfes
Pour tout dire j'ai entamé cette série avec pas mal d'appréhensions, mais au fil des tomes ma lecture s'est trouvé fort savoureuse, les 2 premiers tomes étaient plutôt anecdotiques. Avec le 3ème volume "Elfes Blanc, Cœur Noir" là le récit est déjà plus accrocheur, mais l'entrée en matière se fait avec le volume 6 "La Mission des Elfes bleus" où vraiment il y a un basculement dans les faits, le danger est imminent et la trame se poursuit sur plusieurs volumes pour malheureusement perdre en intensité avec le tome 17, c'est pour cela que je ne mettrais pas 5 étoiles, les tomes 1/2/4/18/19 sont les points faibles de cette saga. Pour ce qui est du coté graphique je n'ai trouvé aucun des dessinateurs transcendants à part la belle variété de paysages, forêts verdoyantes, villes chatoyantes etc...
Midnight Tales
Après avoir sorti une tripotée de récits gores et fantastiques avec "Doggy Bags", Ankama se renouvelle avec cette série fantastique. On y retrouve des auteurs qui ont fait sa renommée mais aussi quelques petits nouveaux, et la présentation lui ressemble à s'y méprendre. Quelques surprises viennent pourtant s'y glisser, comme la nouvelle écrite par Elsa Bordier et illustrée par Mathieu Bablet. Le fil rouge de cette série est donc calé sur la sorcellerie et plus particulièrement autour de l'Ordre de Minuit, société secrète féminine protégeant l'humanité des forces occultes les plus diverses à travers le monde. Ce sont donc quatre courts récits et une nouvelle qui s'enchainent et composent ce premier opus. Comme dans tout recueil, la diversité est de mise (surtout graphiquement), et tout ne sera pas forcément du goût de tout le monde. Pour ma part j'ai plutôt bien apprécié ce premier rendez-vous et la découverte de ce petit monde occulte qu'on nous propose. De plus, ça m'a fait bien plaisir de retrouver des auteurs que j'apprécie beaucoup. Alors si comme moi vous étiez du genre adepte de "Doggy bags" et de son format, que vous aimez le fantastique et les récits sur les sciences occultes, cette nouvelle production du label 619 devrait faire de vous un heureux lecteur !
Time is Money (Timoléon)
La rencontre de deux noms de la BD des années 70-80, deux auteurs que j’apprécie beaucoup, et dont on pouvait se demander ce que leur collaboration pouvait donner. En effet, les univers d’Alexis et de Fred ne coïncident pas forcément. Le résultat est plutôt bon. En tout cas j’ai trouvé que la mayonnaise prenait bien. Quelques passages où la rêverie l’emporte, forcément avec Fred, mais l’humour d’Alexis se combine bien avec ça, et son dessin – d’aspect un peu brouillon parfois – est comme toujours très réussi. En tout cas, s’il est un domaine où ces deux auteurs se rejoignent, c’est bien dans l’humour absurde, et certains passages en sont emplis, pour le plus grand bonheur des lecteurs. Le résultat de la rencontre entre ces deux auteurs est en tout cas une réussite (même sans atteindre les sommets de certaines de leurs productions propres). Une lecture recommandable évidemment. Note réelle 3,5/5.
Dans mon Open Space
L’entreprise qui sert de cadre aux strips hilarants de James apparaîtra familière à beaucoup d’entre nous, de près ou de loin. Dans cette PME du textile à la croissance incertaine, on y trouve une édifiante galerie de personnages bien campés, à commencer par le directeur, Roland, infect avec son personnel mais suffisamment craint pour ne pas avoir à subir les grèves. Une caricature de PDG paternaliste, sachant à la fois jouer la connivence avec ses subalternes mais imperméable à toute demande d’augmentation, « car vous comprenez mon cher Pichon, les charges nous étouffent, et moi, à ce rythme-là, je mets la clé sous la porte dans trois mois », tandis que lui-même se rémunère grassement. Parmi les autres personnages évoluant dans ce microcosme quelque peu routinier, il y a le gratte-papier geignard mais docile, le commercial lymphatique et trop fainéant pour être vraiment vénal, l’autre commercial pur jus, toujours prêt à faire le beau devant son patron, ou encore le DRH désabusé aux ordres du boss. Certes, ce n’est pas une virulente diatribe du système capitaliste, c’est beaucoup plus subtil que ça. On sourit volontiers et on rit aussi. Avec James, tout le monde en prend pour son grade, pas seulement le patron mais aussi ses employés, notamment certains râleurs dont les velléités de rébellion s’épanouissent devant la machine à café pour s’évanouir aussitôt quand le directeur passe par là par hasard. C’est donc un peu de nous-mêmes, avec nos petites lâchetés voire notre servilité face à la hiérarchie, que l’auteur épingle ici. On n’est pas forcément fiers, mais qu’est-ce qu’on se marre...
C'est la jungle ! (Le livre de la jungle de Harvey Kurtzman)
3.5 Je précise que j'ai lu la version de Wombat parue en 2017 qui contient des textes de dessinateurs américains underground qui ont été influencés par Harvey Kurtzman ainsi qu'un prologue par le défunt Wolinski. Kurtzman est un des génie de l'humour américain et qui a entre autres lancé le célèbre magazine Mad. Malheureusement, suite à une dispute avec son éditeur il quitte Mad et malgré diverses tentatives pour créer un autre magazine à succès, il ne connaîtra que des échecs. Cet album est l'un d'entre eux: en 1958 il propose à un éditeur de livres de poches de publier un recueil de bandes dessinées directement en livre sans que ce matériel soit passé d'abord dans un magazine. Cela donne en 1959 cet album qui contient 4 histoires et qui ne sera pas un succès (juste la moitié des exemplaires ont été vendus) quoique depuis c'est devenu un classique qui a influencé plusieurs auteurs. On retrouve dans cet album deux histoires qui parodient des séries américaines des années 1950 et deux qui sont des satires sociales de la société de l'époque. Pour les parodies, on retrouve le génie de Kurtzman qui est capable de faire des parodies sans qu'on ait besoin de connaitre le matériel original pour trouver ça rigolo. En fait, si je ne savais pas que c'était basé sur des séries télé précises, j'aurais cru qu'il ne faisait que parodier deux genres en général (les histoires de détectives et les westerns). Les deux histoires portant sur la satire sociale ont un coté autobiographique vu que l'une se moque du monde de l'édition et que l'autre se moque des sudistes américains (Kurtzman a passé quelques temps durant la seconde guerre mondiale au Texas et a basé la ville qu'on voit dans ce récit sur la ville de Paris, Texas). L'humour fonctionne bien et les histoires sont agréables à lire (ma préférée est celle sur le western). Il y a tout de même quelques gags qui tombent à plat et c'est pour cela que je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une des meilleures bandes dessinées humoristiques de tous les temps. J'aime bien le dessin expressif de Kurtzman et on peut voir comment il a influencé des types comme Gotlib. Je trouve tout de même son style un peu moins bon comparé à certains dessinateurs de Mad avec lesquels il a collaboré. Donc c'est une curiosité qui n'a pas trop vieilli et qui est à lire si on est fan de ce type d'humour.
Et si l'amour c'était aimer ?
Dans le même esprit que Zaï Zaï Zaï Zaï que j'avais adoré, Fabcaro fait une nouvelle fois mouche avec son humour absurde. Des dialogues irréels et tellement décalés qui me font marrer, j'adore. Il a une façon hyper efficace de détourner des scènes banales en les saupoudrant de dialogues basés sur des clichés et des absurdités, souvent hors contexte. Cette recette fonctionne vraiment bien pour le plus grand plaisir des zygomatiques. Le style roman photo qui accompagne cette histoire à l'eau de rose est lui aussi excellent. Bref du tout bon. Cela dit, je crois que j'en attendais un peu plus, et visiblement un peu trop. L'avis de Mac Arthur notamment me faisais espérer des fous rires encore plus gros que ceux que j'avais eus à la lecture de Zaï Zaï Zaï Zaï. Ce ne fut pas le cas et j'ai préféré et plus rigolé avec cet autre album. Du coup j'ai aimé cet album qui est franchement pas mal, et chaudement recommandé dans tous les cas !
Donald's Happiest Adventures
La sauce Mickey par Keramidas et Trondheim n'ayant visiblement pas pris, les auteurs ne se sont pas découragés et offrent une suite ou relecture de leurs délires avec cette fois Donald en personnage principal. Rappelons que la principale originalité de Mickey's Craziest Adventures subsistait en ce procédé génial de livrer une histoire incomplète volontairement et d'utiliser les ellipses dans un but hautement culotté mais humoristique réussi selon moi qui le considère encore 2 ans après comme un énorme coup de coeur. On prend les mêmes et on recommence ? Pas exactement cette fois car l'histoire est "complète" et le trait de Keramidas semble plus bâclé et moins travaillé que sur le précèdent opus curieusement. Les pages gardent un look délicieusement vintage et abimé avec moult tâches et/ou erreurs grossières et volontaires d'impression. La recherche du Bonheur par Donald pour le compte de l'Oncle Picsou est une trouvaille toute Trondheimienne avec de jolis gags absurdes dans un pays despote à 1000 lieues des univers Disney classiques. Livrant parfois une réflexion pertinente sur la valeur de la vie, Donald va ouvrir la Boite de Pandore tout en rencontrant les personnages habituels de la série. Peut être moins inventif dans le concept beaucoup plus linéaire que pour Mickey Craziest Adventures mais toujours drôle et rythmé, cette aventure réjouira les fans du précèdent opus et donnera paradoxalement du grain à moudre à ses détracteurs en argumentant que Trondheim a fait le tour de sa vision de Mickey et Donald et en ce sens ils n'ont peut être pas forcément tort. Au demeurant un très joli diptyque et malgré un dessin moins léché, un chouette coup de coeur amplement mérité pour les amateurs de l'humour subtil de Trondheim.
Combien de marins ?...
Le titre de l’album est assez énigmatique et, en tout état de cause, n’a que très peu à voir avec son contenu. Mais, à tout prendre, il est en accord avec l’esprit de l’album. En effet, les histoires développées par Thiriet jouent sur le loufoque, la poésie, mais surtout sur un absurde omniprésent, plus ou moins humoristique. Les onze histoires de l’album sont inégales, mais aucune n’est réellement ratée. Certaines sont par contre franchement réussies, comme celle du type qui, se croyant perdu, enregistre son testament sur caméscope (humour délirant à la clé). C’est sans doute ma préférée (avec celle des deux types de l’aéropostale faisant tout pour livrer une partie du courrier, malgré l’absurdité de la situation dans laquelle ils se trouvent), mais la majorité de ces histoires m’ont réellement plu. On est parfois dans le n’importe quoi absolu, l’absurde poussé jusqu’au bout, avec clairement un scénario improvisé, comme dans la biographie déjantée de Jean-Pierre H. Bref, les amateurs d’absurde trouveront sans doute leur bonheur dans ces histoires courtes, assez variées sur la forme et le ton. Le dessin de Baron Brumaire use d’un bon Noir et Blanc et rend la lecture fluide. Note réelle 3,5/5.
L'Obsolescence programmée de nos sentiments
Voilà un récit d’une simplicité déconcertante. Des personnages proches de nous, arrivés dans le dernier tiers de leur existence. Une histoire d’amour naissante alors qu’ils n’attendaient plus grand-chose de leur vie. Une vie sexuelle simple, naturelle, abordée avec pudeur mais sans tabou. Un peu d’humour, beaucoup de douceur et, en filigrane des interrogations qui parleront à chacun d’entre nous. Zidrou, une fois de plus, me séduit grâce à son écriture d’une justesse confondante. Ses dialogues, en particulier, me touchent systématiquement. J’aime l’humour discret, l’humilité des personnages et le fait que les sujets délicats ne sont pas contournés (ici la sexualité et le rapport au corps chez les personnes âgées). Le dessin d’Aimée De Jongh (déjà remarquée avec « Le Retour de la Bondrée ») est très agréable à l’œil et convient parfaitement au propos. J’ai aimé son expressivité, sa grande lisibilité. Mais, plus que tout, j’ai aimé sa représentation de corps vieillissants. Là aussi, l’auteure ne contourne pas l’obstacle et pourtant ses planches sont tout sauf impudiques. Un album à lire pour l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai pu découvrir ces dernières années. Le final m’a un peu déstabilisé dans un premier temps mais il soulève des questions… que l’on est tous amené à se poser à un moment ou l’autre. Et si le choix des personnages ne sera très certainement pas partagé par tous les lecteurs, les auteurs parviennent à nous le faire accepter, ce qui est déjà un bel exploit. Reste un titre qui pourrait refroidir et qui, à mes yeux, n’est pas du tout représentatif du contenu de l’album. Mais ne vous arrêtez pas à si peu ! Car cet album est vraiment à lire par tous ceux qui aiment les romans graphiques.