Ce n'est seulement qu'en postface du 4ème tome que l'on apprend que l'auteur est un grand fan du Django de Sergio Corbucci et qu'il a voulu rendre un joli hommage à un genre qu'il affectionne tout particulièrement : les Westerns.
Pourtant les premières pages laissent présager d'un hommage appuyé au film de Martin Scorcese, Gangs of New York dont Kakizaki reprend le cadre et les guerres de gangs dans une Amérique corrompue de fin XIXème siècle accueillant les colons et les désœuvrés.
Les frères Burns tentent de survivre tant bien que mal dans un quartier rongé par la pègre et la misère : Luke trime dur en tant que docker pour subvenir au quotidien de son frère oisif Brad.
Ce dernier cache son activité d'assassin pour préserver son petit frère. Sous le sobriquet de Grim Reaper, c'est un redoutable nettoyeur des rues la nuit pour le compte du gang Grave Diggers.
Mais forcément tout ne se passe pas comme prévu et le passé de leur père aux intentions peu louables comme les intérêts financiers des nombreuses crapules peuplant Five Points, ce quartier peu fréquentable de NY, vont bouleverser la vie des frères Burns qui vont devoir fuir et racheter leur fierté familiale.
Le fait de basculer d'une réalité historique d'Est en Ouest vers des plaines arides bouleverse considérablement le récit en le faisant naviguer d'un genre à l'autre.
Malgré tout la vengeance et la violence seront les principaux attributs d'un récit simple mais superbement ficelé pour captiver le lecteur du début à la fin.
Il faut dire que Kazikazi est un expert en tableaux semi réalistes sans négliger aucun détail : des décors crasseux de New York aux locomotives de l'Ouest, chaque page est un véritable régal pour les yeux.
Malgré une touche japonaise tout à fait normale dans la représentation des protagonistes, tout est scrupuleusement réaliste y compris dans les faits puisqu'on s'y permet quelques touches historiques et sociales aucunement rébarbatives mais bien amenées sur la condition sociale de l'époque, le racisme latent anti noir et même un plaidoyer émouvant sur les Amérindiens.
Il s'agit d'un récit vraiment fluide et agréable dont le rythme ne faillit jamais. On en regretterait presque le format si étroit des mangas pour mieux admirer les superbes dessins en noir et blanc qui mériteraient un plus bel écrin.
L'histoire est peut être simple mais il s'agit pour ma part surement d'un des plus beaux Westerns contemporains faisant la part belle aux affrontements surhumains et sanglants d'une belle brochette de desperados.
Un véritable petit bonheur méconnu qui devrait faire de l'oeil à tout amateur d'action et de jolies planches.
Pour être tout à fait franc je découvre Cosey sur le tard, j'avais lu A la recherche de Peter Pan que j'avais bien apprécié et c'est à peu près tout.
Sur cet album je suis agréablement surpris pas tant par le dessin d'ailleurs que par la manière de raconter une histoire. En littérature la nouvelle est objet difficile à réaliser, elle demande concision mais pas trop et doit resserrer l'intrigue, la connaissance des personnages en moins de mots que le roman. C'est le cas ici avec quatre histoires courtes de Cosey.
Personnellement je trouve que l'auteur est à son affaire et sait ce qu'il fait. D'une manière ou d'une autre toutes les histoires m'ont touché avec une petite préférence à la deuxième et qui donne son titre à ce recueil. D'abord elle nous donne l'occasion de voir une réalisation architecturale de F. Lloyd Wright et puis même si l'intrigue et sa résolution sont vite découvertes j'ai trouvé l'ensemble frais et pour tout dire assez beau. Réjouissons nous qu'un auteur arrive à nous faire ressentir des émotions aussi complexes que la naissance d'un amour de manière aussi simple finalement.
Le sentiment qui domine également sur ces histoire c'est celui de la nostalgie, sentiment souvent associé à la tristesse ou la mélancolie. Ici rien de tout cela, j'y ai vu une joie de vivre simple et belle.
Une belle découverte qui démontre que l'empathie n'est pas un vain mot.
Vivement recommandé par mon libraire, je me suis plongé dans cette bande dessinée quasiment muette illustrée par Julie Rocheleau, dans son style aussi élégant que dans La Colère de Fantômas.
Vero Cazot nous offre une merveilleuse histoire à partir d'un sujet grave, le cancer du sein. Tout en subtilité, l'auteur aborde ce thème sans pathos , en nous épargnant le côté médical de cette maladie.
A travers le destin, a priori brisé, et les doutes de celle qui prendra le nom de Betty Boob (superbe trouvaille, au demeurant, et hommage à cette pétillante héroïne des années 30), Vero Cazot nous offre une note d'espoir, une bouffée d'espérance non seulement uniquement pour les femmes mais aussi pour les hommes.
Les rapports homme- femme à qui l'on a ôté un sein, sont très bien traduits dans les premières pages du livre et donnent à réfléchir.
C'est une œuvre forte, belle mais toute empreinte de poésie, qu'il faut évidemment lire.
Histoire, couleurs et dessin...tout est réussi.
Si je me trompe pas, c'est le seul album de Trondheim où il n'est pas scénariste.
J'ai vraiment adoré ce petit album qui parle de la mort de manière drôle et philosophique. Cela se lit vite, mais j'ai l'impression qu'il y avait plus de contenu dans ce patte de mouche que dans beaucoup d'album 'normal' de 44 pages. Coudray sait comment écrire des dialogues savoureux et le dessin minimaliste de Trondheim est sympathique. Dommage qu'ils n'aient pas retravaillé ensemble.
Probablement le meilleur one-shot de cette collection que j'ai lu jusqu'à présent. J'aurais aimé que cela dure plus longtemps, mais en même temps je me dis que l'une des qualités de cet album c'est que les auteurs arrêtent avant de commencer à étirer la sauce ou à tourner en rond.
Un album qui m'a été offert car je suis assez fan de Davy Mourier.
Le sujet me parle assez, étant d'une famille assez "catholique traditionnelle".
On aborde le sujet d'une famille déchirée, de religion, d'homosexualité, de divorce, d'acceptation, de douleur, de vérité, de mensonge. On parle de la façon dont la religion peut être déformée pour coller à ce que l'on ressent, même sans en avoir conscience.
L'histoire est racontée par le petit garçon de la famille. La vision qu'a le petit garçon à fois de Dieu, de la religion, et de ses parents est très bien amenée, au travers des dessins qu'il fait.
Un sujet très intéressant et très bien amené, doucement, avec beaucoup de justesse.
Seul petit bémol, j'ai trouvé la mère assez caricaturale dans ses réactions, je n'ai pas du tout réussi à la trouver attachante, je n'ai ressenti aucune empathie pour ce personnage. Ça manque un peu de justesse pour moi à ce sujet-là, l'histoire aurait pu être tout aussi forte avec une maman plus ... "classique".
J'ai vraiment beaucoup accroché à cet ouvrage !
Déjà, c'est un beau livre, avec une belle couverture et des pages très épaisses.
A l'intérieur, pas de cases, 2/3 dessins par page, des histoires sur 3/4 pages, pas beaucoup de textes, beaucoup de gags simplement suggérés.
Ensuite j'ai ri dès la lecture du 4ème de couverture :
"C’est par le langage de l'absurde que l'on peut le mieux évaluer et mettre en lumière l'écart tragi-comique séparant la nullité de signification du réel de la géniale boursouflure sémantique du monde".
J'adore cette utilisation de l'absurde, ces grandes phrases compliquées et alambiquées, j'ai l'impression de lire du François Rollin.
Le gag sur la 4ème de couverture mérite à lui seul l'ouverture de l'album.
Petit coup de cœur pour "la prière", "les mamans", et "la soirée", qui ouvre l'album !
Le nom de l'éditeur pourrait faire croire qu'il s'agit d'une série de gags, avec des enfants dedans, mais le titre, potentiellement violent, ne laisse pas vraiment planer le doute : il s'agit d'une BD sur le harcèlement scolaire.
Ce n'est pas la première, mais peut-être l'une des premières à en parler de façon frontale chez un éditeur "grand public". Et c'est un véritable fléau, ce harcèlement scolaire, susceptible de briser longuement des vies, de mettre des enfants en échec scolaire, et de former de futurs délinquants, que l'on soit l'oppresseur ou l'opprimé. Coécrit par Bloz, plus habitué des séries humoristiques de Bamboo, et sa fille Anaïs, alias Ana, elle raconte certaines expériences scolaires de cette dernière. Humiliations, racket, manipulation, tout y passe.
Le corps enseignant ne voit rien ou préfère fermer les yeux, les parents mettent du temps à s'en rendre compte, et décident de passer à l'action, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Pourtant, si la fameuse Clarisse est si méchante avec Emma, il y a des raisons profondes. Et les auteurs ne minimisent pas cette causalité, même si les parents de Clarisse ne sont pas suffisamment montrés du doigt à mon goût. Cependant les mécanismes de défense sont présents, et cela peut être très utile pour les jeunes enfants victimes qui liront la BD.
Le récit est découpé en gags, sur le plan technique, mais la plupart ne sont pas drôles, plutôt tristes.
Les dessins de Bloz est du "gros nez", mais on s'en fiche, ce qui compte c'est que le message passe bien : soyez attentifs à vos enfants, et surtout aux changements de comportement, d'appétit. Parlez aux parents concernés, à l'équipe éducative, c'est ensemble que ce fléau peut être réduit.
Tous les passionnés d'Histoire se doivent de lire cette BD (à défaut de lire le roman éponyme). On suit toute une galerie de personnages bringuebalés dans la grande histoire de la Commune, dont l'épopée, l'ambiance, la fièvre sont très bien retranscrites par Vautrin et très bien illustrées par le grand Tardi.
Bien sûr, c'est un récit très engagé (du côté des communards) mais pour une fois que les vaincus ont l'occasion d'écrire l'Histoire, on ne va pas se plaindre.
Cette BD est tout d'abord un choc visuel. Rendez vous dans une librairie et votre œil sera inévitablement attiré par la superbe couverture. Le contenant est à la hauteur du contenu.
A l'intérieur, le lecteur trouvera des planches en couleurs directes qui font penser à des tableaux de Gustav Klimt, d'Egon Schiele. J'ai aussi trouvé des similitudes avec Bill Sienkiewickz pour les dessinateurs BD.
La scène se déroule sur un paquebot en route vers l'Argentine dans la période d'après Seconde Guerre Mondiale. A son bord, un Maître des échecs, qui se laisse défier par un illustre inconnu. Qui est-il ? D'où vient-il ? Comment celui ci parvient-il à tenir tête à ce Maître des échecs ? Au lecteur de le découvrir en lisant cette superbe adaptation du Roman de Stefan Zweig.
J'avoue que je ne connaissais pas David Sala et j'ai vraiment été bluffé par son style de dessin. On a le sentiment de voir se dérouler face à soi une série de tableaux d'une beauté rare, une explosion de lumière qui traverse votre lecture tout au long des 110 pages de cet album.
Une adaptation absolument remarquable. Une réussite totale.
Death’s choice fait partie de ces fameux mangas autour des jeux de massacre. Le principe reste toujours celui d’une classe de lycéens où les adolescents semblent évoluer à l’écart des adultes ce qui peut sembler étrange et peu crédible au vu des circonstances. Cependant, il faut accepter le principe pour éprouver un peu de plaisir dans ce survival games.
Bizarrement, j’aime bien le genre car c’est diablement efficace. On entre tout de suite dans la peau du jeune héros qui souhaite tout faire pour sauver les camarades de classe bien qu’il ait oublié le nom de certains ce qui est pardonnable vu que c’est la rentrée.
L’entrée en matière est parfaitement réussie car tout part d’une démarche peu cavalière sur l’élection de la fille la plus populaire de la classe. Il est vrai que la perdante peut prendre sa revanche sous une forme plus meurtrière.
C’est vrai qu’on pourra se dire qu’il s’agit d’un manga de plus sur un sujet maintes fois traité mais c’est seulement en trois volumes et le cahier de charge est bien rempli. Il y a de la satisfaction à la lecture. Je n’en demande pas plus de la part d’un manga.
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Green Blood
Ce n'est seulement qu'en postface du 4ème tome que l'on apprend que l'auteur est un grand fan du Django de Sergio Corbucci et qu'il a voulu rendre un joli hommage à un genre qu'il affectionne tout particulièrement : les Westerns. Pourtant les premières pages laissent présager d'un hommage appuyé au film de Martin Scorcese, Gangs of New York dont Kakizaki reprend le cadre et les guerres de gangs dans une Amérique corrompue de fin XIXème siècle accueillant les colons et les désœuvrés. Les frères Burns tentent de survivre tant bien que mal dans un quartier rongé par la pègre et la misère : Luke trime dur en tant que docker pour subvenir au quotidien de son frère oisif Brad. Ce dernier cache son activité d'assassin pour préserver son petit frère. Sous le sobriquet de Grim Reaper, c'est un redoutable nettoyeur des rues la nuit pour le compte du gang Grave Diggers. Mais forcément tout ne se passe pas comme prévu et le passé de leur père aux intentions peu louables comme les intérêts financiers des nombreuses crapules peuplant Five Points, ce quartier peu fréquentable de NY, vont bouleverser la vie des frères Burns qui vont devoir fuir et racheter leur fierté familiale. Le fait de basculer d'une réalité historique d'Est en Ouest vers des plaines arides bouleverse considérablement le récit en le faisant naviguer d'un genre à l'autre. Malgré tout la vengeance et la violence seront les principaux attributs d'un récit simple mais superbement ficelé pour captiver le lecteur du début à la fin. Il faut dire que Kazikazi est un expert en tableaux semi réalistes sans négliger aucun détail : des décors crasseux de New York aux locomotives de l'Ouest, chaque page est un véritable régal pour les yeux. Malgré une touche japonaise tout à fait normale dans la représentation des protagonistes, tout est scrupuleusement réaliste y compris dans les faits puisqu'on s'y permet quelques touches historiques et sociales aucunement rébarbatives mais bien amenées sur la condition sociale de l'époque, le racisme latent anti noir et même un plaidoyer émouvant sur les Amérindiens. Il s'agit d'un récit vraiment fluide et agréable dont le rythme ne faillit jamais. On en regretterait presque le format si étroit des mangas pour mieux admirer les superbes dessins en noir et blanc qui mériteraient un plus bel écrin. L'histoire est peut être simple mais il s'agit pour ma part surement d'un des plus beaux Westerns contemporains faisant la part belle aux affrontements surhumains et sanglants d'une belle brochette de desperados. Un véritable petit bonheur méconnu qui devrait faire de l'oeil à tout amateur d'action et de jolies planches.
Une maison de Frank L. Wright
Pour être tout à fait franc je découvre Cosey sur le tard, j'avais lu A la recherche de Peter Pan que j'avais bien apprécié et c'est à peu près tout. Sur cet album je suis agréablement surpris pas tant par le dessin d'ailleurs que par la manière de raconter une histoire. En littérature la nouvelle est objet difficile à réaliser, elle demande concision mais pas trop et doit resserrer l'intrigue, la connaissance des personnages en moins de mots que le roman. C'est le cas ici avec quatre histoires courtes de Cosey. Personnellement je trouve que l'auteur est à son affaire et sait ce qu'il fait. D'une manière ou d'une autre toutes les histoires m'ont touché avec une petite préférence à la deuxième et qui donne son titre à ce recueil. D'abord elle nous donne l'occasion de voir une réalisation architecturale de F. Lloyd Wright et puis même si l'intrigue et sa résolution sont vite découvertes j'ai trouvé l'ensemble frais et pour tout dire assez beau. Réjouissons nous qu'un auteur arrive à nous faire ressentir des émotions aussi complexes que la naissance d'un amour de manière aussi simple finalement. Le sentiment qui domine également sur ces histoire c'est celui de la nostalgie, sentiment souvent associé à la tristesse ou la mélancolie. Ici rien de tout cela, j'y ai vu une joie de vivre simple et belle. Une belle découverte qui démontre que l'empathie n'est pas un vain mot.
Betty Boob
Vivement recommandé par mon libraire, je me suis plongé dans cette bande dessinée quasiment muette illustrée par Julie Rocheleau, dans son style aussi élégant que dans La Colère de Fantômas. Vero Cazot nous offre une merveilleuse histoire à partir d'un sujet grave, le cancer du sein. Tout en subtilité, l'auteur aborde ce thème sans pathos , en nous épargnant le côté médical de cette maladie. A travers le destin, a priori brisé, et les doutes de celle qui prendra le nom de Betty Boob (superbe trouvaille, au demeurant, et hommage à cette pétillante héroïne des années 30), Vero Cazot nous offre une note d'espoir, une bouffée d'espérance non seulement uniquement pour les femmes mais aussi pour les hommes. Les rapports homme- femme à qui l'on a ôté un sein, sont très bien traduits dans les premières pages du livre et donnent à réfléchir. C'est une œuvre forte, belle mais toute empreinte de poésie, qu'il faut évidemment lire. Histoire, couleurs et dessin...tout est réussi.
Nous sommes tous morts
Si je me trompe pas, c'est le seul album de Trondheim où il n'est pas scénariste. J'ai vraiment adoré ce petit album qui parle de la mort de manière drôle et philosophique. Cela se lit vite, mais j'ai l'impression qu'il y avait plus de contenu dans ce patte de mouche que dans beaucoup d'album 'normal' de 44 pages. Coudray sait comment écrire des dialogues savoureux et le dessin minimaliste de Trondheim est sympathique. Dommage qu'ils n'aient pas retravaillé ensemble. Probablement le meilleur one-shot de cette collection que j'ai lu jusqu'à présent. J'aurais aimé que cela dure plus longtemps, mais en même temps je me dis que l'une des qualités de cet album c'est que les auteurs arrêtent avant de commencer à étirer la sauce ou à tourner en rond.
Dieu n'aime pas papa
Un album qui m'a été offert car je suis assez fan de Davy Mourier. Le sujet me parle assez, étant d'une famille assez "catholique traditionnelle". On aborde le sujet d'une famille déchirée, de religion, d'homosexualité, de divorce, d'acceptation, de douleur, de vérité, de mensonge. On parle de la façon dont la religion peut être déformée pour coller à ce que l'on ressent, même sans en avoir conscience. L'histoire est racontée par le petit garçon de la famille. La vision qu'a le petit garçon à fois de Dieu, de la religion, et de ses parents est très bien amenée, au travers des dessins qu'il fait. Un sujet très intéressant et très bien amené, doucement, avec beaucoup de justesse. Seul petit bémol, j'ai trouvé la mère assez caricaturale dans ses réactions, je n'ai pas du tout réussi à la trouver attachante, je n'ai ressenti aucune empathie pour ce personnage. Ça manque un peu de justesse pour moi à ce sujet-là, l'histoire aurait pu être tout aussi forte avec une maman plus ... "classique".
De rien
J'ai vraiment beaucoup accroché à cet ouvrage ! Déjà, c'est un beau livre, avec une belle couverture et des pages très épaisses. A l'intérieur, pas de cases, 2/3 dessins par page, des histoires sur 3/4 pages, pas beaucoup de textes, beaucoup de gags simplement suggérés. Ensuite j'ai ri dès la lecture du 4ème de couverture : "C’est par le langage de l'absurde que l'on peut le mieux évaluer et mettre en lumière l'écart tragi-comique séparant la nullité de signification du réel de la géniale boursouflure sémantique du monde". J'adore cette utilisation de l'absurde, ces grandes phrases compliquées et alambiquées, j'ai l'impression de lire du François Rollin. Le gag sur la 4ème de couverture mérite à lui seul l'ouverture de l'album. Petit coup de cœur pour "la prière", "les mamans", et "la soirée", qui ouvre l'album !
Seule à la récré
Le nom de l'éditeur pourrait faire croire qu'il s'agit d'une série de gags, avec des enfants dedans, mais le titre, potentiellement violent, ne laisse pas vraiment planer le doute : il s'agit d'une BD sur le harcèlement scolaire. Ce n'est pas la première, mais peut-être l'une des premières à en parler de façon frontale chez un éditeur "grand public". Et c'est un véritable fléau, ce harcèlement scolaire, susceptible de briser longuement des vies, de mettre des enfants en échec scolaire, et de former de futurs délinquants, que l'on soit l'oppresseur ou l'opprimé. Coécrit par Bloz, plus habitué des séries humoristiques de Bamboo, et sa fille Anaïs, alias Ana, elle raconte certaines expériences scolaires de cette dernière. Humiliations, racket, manipulation, tout y passe. Le corps enseignant ne voit rien ou préfère fermer les yeux, les parents mettent du temps à s'en rendre compte, et décident de passer à l'action, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Pourtant, si la fameuse Clarisse est si méchante avec Emma, il y a des raisons profondes. Et les auteurs ne minimisent pas cette causalité, même si les parents de Clarisse ne sont pas suffisamment montrés du doigt à mon goût. Cependant les mécanismes de défense sont présents, et cela peut être très utile pour les jeunes enfants victimes qui liront la BD. Le récit est découpé en gags, sur le plan technique, mais la plupart ne sont pas drôles, plutôt tristes. Les dessins de Bloz est du "gros nez", mais on s'en fiche, ce qui compte c'est que le message passe bien : soyez attentifs à vos enfants, et surtout aux changements de comportement, d'appétit. Parlez aux parents concernés, à l'équipe éducative, c'est ensemble que ce fléau peut être réduit.
Le Cri du Peuple
Tous les passionnés d'Histoire se doivent de lire cette BD (à défaut de lire le roman éponyme). On suit toute une galerie de personnages bringuebalés dans la grande histoire de la Commune, dont l'épopée, l'ambiance, la fièvre sont très bien retranscrites par Vautrin et très bien illustrées par le grand Tardi. Bien sûr, c'est un récit très engagé (du côté des communards) mais pour une fois que les vaincus ont l'occasion d'écrire l'Histoire, on ne va pas se plaindre.
Le Joueur d'échecs (David Sala)
Cette BD est tout d'abord un choc visuel. Rendez vous dans une librairie et votre œil sera inévitablement attiré par la superbe couverture. Le contenant est à la hauteur du contenu. A l'intérieur, le lecteur trouvera des planches en couleurs directes qui font penser à des tableaux de Gustav Klimt, d'Egon Schiele. J'ai aussi trouvé des similitudes avec Bill Sienkiewickz pour les dessinateurs BD. La scène se déroule sur un paquebot en route vers l'Argentine dans la période d'après Seconde Guerre Mondiale. A son bord, un Maître des échecs, qui se laisse défier par un illustre inconnu. Qui est-il ? D'où vient-il ? Comment celui ci parvient-il à tenir tête à ce Maître des échecs ? Au lecteur de le découvrir en lisant cette superbe adaptation du Roman de Stefan Zweig. J'avoue que je ne connaissais pas David Sala et j'ai vraiment été bluffé par son style de dessin. On a le sentiment de voir se dérouler face à soi une série de tableaux d'une beauté rare, une explosion de lumière qui traverse votre lecture tout au long des 110 pages de cet album. Une adaptation absolument remarquable. Une réussite totale.
Death's choice
Death’s choice fait partie de ces fameux mangas autour des jeux de massacre. Le principe reste toujours celui d’une classe de lycéens où les adolescents semblent évoluer à l’écart des adultes ce qui peut sembler étrange et peu crédible au vu des circonstances. Cependant, il faut accepter le principe pour éprouver un peu de plaisir dans ce survival games. Bizarrement, j’aime bien le genre car c’est diablement efficace. On entre tout de suite dans la peau du jeune héros qui souhaite tout faire pour sauver les camarades de classe bien qu’il ait oublié le nom de certains ce qui est pardonnable vu que c’est la rentrée. L’entrée en matière est parfaitement réussie car tout part d’une démarche peu cavalière sur l’élection de la fille la plus populaire de la classe. Il est vrai que la perdante peut prendre sa revanche sous une forme plus meurtrière. C’est vrai qu’on pourra se dire qu’il s’agit d’un manga de plus sur un sujet maintes fois traité mais c’est seulement en trois volumes et le cahier de charge est bien rempli. Il y a de la satisfaction à la lecture. Je n’en demande pas plus de la part d’un manga.