Les derniers avis (39359 avis)

Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Andy & Gina
Andy & Gina

Andy et Gina pourrait passer pour une ènième série Fluide Glacial que l'on pouvait lire dans le mensuel avec ces petites histoires de quelques pages pour passer le temps et sourire sans s'en remémorer davantage une fois le canard refermé. Il n'en est rien. Andy et Gina est une série singulière et unique pour un public bien particulier friand d'histoires (très) drôles, (très) gore et (très) trash. La série a ainsi perduré sur 5 tomes enfin réunis dans une jolie intégrale bardée d'inédits et la mettant à la disposition de tous. De tous ? Pas vraiment, il faut avoir le coeur accroché devant les tribulations de cette famille dégénérée dont chaque membre a du être amputé d'une grande partie de ses neurones. Andy est un petit garçon d'une dizaine d'années avec une certaine sensibilité mise à mal par sa soeur à peine plus agée qui l'utilise à toutes fins possibles et impossibles en n'ayant pas une seule idée politiquement correcte en tête. Leurs parents ne sont pas en reste avec un clone raté d'Elvis Presley sur ses vieux jours (comprenez obèse et ridicule) qui aurait un certain penchant pour l'alcool, le sexe et aucune responsabilité parentale. Ginette, la mère, est un peu en retrait et va être très sérieusement amputée de la plupart des membres de son corps. On y ajoute Roudoudou le Loup Garou Vegan et un oncle efféminé pour parfaire le tableau et tenir une famille de bargeots aux moeurs déplacées qui ferait passer la Famille Adams pour une fratrie catholique. De cet immense n'importe quoi, Relom trouve toujours les bonnes intrigues pour déclencher les zygomatiques quitte à pousser très loin le curseur dans les situations absurdes les plus démentes ! On en redemanderait presque et on comprend mieux pourquoi Lupano l'a choisi pour illustrer Traquemage. Le dessin est dans le pur jus Fluide Glacial avec ce défilé de trognes pas possibles et achève de faire de Andy & Gina un pur moment de lecture ludique culte. Andy & Gina a beau être méconnu du grand public et à ne pas mettre dans toutes les mains, cette intégrale offre une occasion unique et complète de redécouvrir ce summum de l'humour trash et également de comprendre le mode de reproduction des petits lapins en tome4 :)

12/10/2018 (modifier)
Couverture de la série Anent - Nouvelles des Indiens jivaros
Anent - Nouvelles des Indiens jivaros

Cet album est une petite perle. J’avais découvert son auteur via le tome 1 du « Petit traité d'écologie sauvage », un album très original qui nous propose d’inverser deux univers, les animistes étant aux commandes de nos sociétés. En découlaient situations cocasses et absurdes, qui prêtaient à rire tout en nous obligeant à réfléchir sur notre perception du monde et notre place sur la terre. Anent est le versant « sérieux » du travail de l’auteur, ethnologue, philosophe et dessinateur de talent. Il nous relate ici son séjour chez les Achuars, peuple jivaro vivant au cœur de la forêt amazonienne. Mais « sérieux » ne veut pas dire « dénué d’humour », l’auteur pratiquant régulièrement l’autodérision. Ce qui m’a d’abord marqué, c’est l’intelligence avec laquelle Alessandro Pignocchi utilise son dessin pour faire passer un message. Il alterne en effet des styles différents qui figurent avec finesse le niveau de compréhension entre les deux cultures. Au début, deux styles bien distincts. Puis un seul style dans lequel cohabitent les deux styles mais sans que la fusion ne soit parfaite. Enfin, un style propre dans lequel la couleur fait son apparition. A chaque changement de style correspond une évolution dans la compréhension par Alessandro Pignocchi du mode de pensée, et de vie, des Achuars. Des fourvoiements du début succèdent la compréhension puis l’assimilation. Au niveau de l’usage du dessin pour transmettre une idée, c’est digne à mes yeux d’un Scott McCloud ou du duo d’Enfin Libre : original et intelligent. Et comme, en plus, le gaillard sait tenir un pinceau, certaines planches sont de pures splendeurs. Particulièrement celles qui illustrent des oiseaux, que je trouve magnifiques de précision et de vie, Alessandro Pignocchi parvenant à combiner la rigueur du trait à l’art de la suggestion par l’absence de traits. Quant au contenu, il est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, parce que se développant sur deux époques, il permet de montrer l’évolution (ou la dévolution, question de point de vue) de la culture Achuar au contact de nos cultures occidentales. Ensuite, parce que, alors que comme lecteur, on se dit que cette culture est en net recul, l’auteur va nous montrer le contraire grâce à certains aspects de cette culture –dont les fameux anent, qui donnent leur nom à cet album- avec une explosion finale où l’on se dit que, à nouveau (à l’image du premier séjour de l’auteur en Amazonie), on a failli passer complètement à côté. Enfin, parce que les anecdotes surprenantes et amusantes se succèdent, relançant régulièrement notre curiosité et notre envie de finir ce copieux bouquin. Intelligent, très bien illustré, amusant à l’occasion… voici un très beau récit sur la rencontre entre un ethnologue curieux et ouvert et un peuple qui n'a pas encore oublié qu'il n'était qu'un élément parmi tant d'autres de la planète Terre.

11/10/2018 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5
Couverture de la série Shahidas
Shahidas

Excellent diptyque que ce Shahidas. Le dessin de Volante est bon et se cale parfaitement dans le style et le rythme du récit. Les personnages sont clairement reconnaissables, l'encrage, un peu épais, donne du coffre et de l'épaisseur aux personnages et souligne surtout parfaitement celui de Mahmoud. La rythmique est bien soutenue par les cadrages et les compositions. Ce n'est les plus beau dessins vus bien sûr mais ils sont très qualitatifs et en raccord avec l'oeuvre. Le point fort de l'histoire, c'est de ne jamais y amener le prisme occidental. Cela permet de ne pas dénaturer le propos et de bien mettre en exergue la difficulté au moyen orient de trouver le juste équilibre entre combat de valeur (Palestine) et barbarie (attentats aveugles) comme le souligne Hisham, le frère du personnage principal. Les rouages de l'endoctrinement, passant de l'intellectuel prosélyte universitaire à l'assistance psychologique apportée aux personnes en difficultés sont bien décrits sans être profondément fouillés. Les aspects un peu rétrogrades de la religion (mariages arrangés, honte familiale) maintenus même par des "innocents" modérés font le lit des extrémistes de manière indirecte. Le personnage principal est personnellement impliqué, passant de veuf de victime à mari de terroriste, tiraillé entre ses origines palestiniennes (ses frères combattent Israel) et son intégration en Egypte (pendant que lui est "le traitre" à sa patrie). Il est donc impliqué et plus qu'on ne le croira au fil d'un tome 2 un peu plus facile. Une belle surprise que ce diptyque

11/10/2018 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sixtine
Sixtine

Ouh là là, mais c'est vachement bien, ça ! C'est suite à la sortie du tome 2 que je me suis décidé à m'y intéresser (j'avais loupé le tome 1 à l'époque). Du coup je me suis procuré les deux, et je ne regrette pas, la série fait partie de ma petite bibliothèque de classiques jeunesse désormais. Imaginez une pré-adolescente qui vit -chichement- avec sa mère depuis le décès un brin mystérieux de son père. Imaginez cette enfant, plutôt débrouillarde mais pas forcément populaire au collège, qui se retrouve plus ou moins escortée par un trio croquignolet de fantômes de pirates. Imaginez cette gamine qui joue des tours pendables à son entourage, mais avec de bonnes intentions... Imaginez des personnages tapis dans l'ombre, qui semblent s'intéresser particulièrement à elle... Sixtine c'est tout cela et plus encore. On ne vous dira pas tout, mais sachez qu'après Supers, qui est déjà une bien chouette BD, Frédéric Maupomé fait fort avec cette nouvelle série assez ambitieuse, qui nous propose des personnages hauts en couleurs, une histoire très bien ficelée avec plusieurs niveaux de lecture, et un long moment de lecture en perspective, puisque les deux premiers tomes comportent 78 pages chacun. Sans oublier, bien sûr, le dessin énergique d'Aude Soleilhac, qui semble FAIT pour ce type d'histoire, entre aventure, fantastique et polar. Je me régale, même si j'ai 30 ans de trop.

10/10/2018 (modifier)
Couverture de la série Morocco Jazz
Morocco Jazz

J’ai bien aimé ce récit qui nous parle du Maroc à la fin de la colonisation française au travers du destin de trois jeunes femmes. Le climat ambiant est bien rendu, tant au niveau de la chaleur des lieux (grâce à une agréable mise en couleurs) qu’au niveau de la tension qui règne entre les deux camps. On sent bien que la situation est arrivée dans une impasse et que plus rien ne peut empêcher le départ des Français. Et au milieu de ce champ de bataille larvé, trois jeunes femmes aux profils bien différents vont vivre des événements dramatiques. Confrontées à la violence des hommes, elles agiront avec leur cœur… mais n’éviteront pas les séquelles. Ces portraits sensibles portent le récit mais celui-ci est surtout remarquable dans sa progression. L’introduction sous forme de flash-forward n’est guère originale mais ce procédé demeure accrocheur car intrigant (mais qui est ce fichu Henri ?) Le cœur du récit, totalement linéaire, nous offre un bel enchaînement de faits, d’actions et de réactions qui font que, si la plupart des acteurs de ce récit cherchent à agir avec justice et respect, le drame final ne peut être évité. La conclusion vient se poser comme une cerise sur le gâteau… mais sans sucre inutile (mémé n’en ayant pas besoin, elle sucre déjà assez les fraises comme ça). Chaleur du dessin, profils intéressant, bon rendu d’un lieu et d’une époque et enchaînement logique d’événements qui mènent au drame. On n’est pas loin du sans-faute pour un album sans prétention mais d’une grande qualité.

10/10/2018 (modifier)
Couverture de la série Chroniques de la fruitière
Chroniques de la fruitière

J’ai beaucoup aimé cet album qui nous permet de découvrir, au travers d’un reportage sur le vif, toute la chaîne de savoir-faire qui mène le Comté des pâturages à nos assiettes. Des vertes prairies à l’empaquetage, chaque étape fait l’objet d’une étude dans laquelle l’humain est mis en avant. Et c’est cette approche très humaniste, couplée à l’humour de l’auteur, qui m’aura réellement charmé. Bon ! Je l’avoue, j’aime le fromage et le monde agricole comme l’artisanat sont des domaines qui m’attirent naturellement. Et oui, ça aide pour apprécier ce type de reportage qui se veut avant tout instructif… et qui se révèle après tout ma foi fort divertissant. Car Fred Bernard a l’art de mêler la rigueur du documentaire à l’anecdote inutile mais rigolote, à la manière d’autres grands auteurs de documentaires en bd (Etienne Davodeau est le nom qui me vient spontanément en tête même si Fred Bernard n’essaie pas de faire du Davodeau). Le dessin de l’auteur est plus lisible que ce qu’un simple coup d’œil pourrait laisser croire. La structure est très libre, avec des cases dépourvues de bords, des dialogues qui s’emmêlent, se chevauchent mais sans jamais s’éloigner d’une certaine logique. A l’occasion, de grandes illustrations nous permettent de mieux appréhender la nature décrite. On a par exemple droit à quelques pages d’un herbier bien agréable à regarder. Ce récit fourmille d’informations mais n’est jamais assommant… Il est positif dans son approche, et en plus il donne faim et invite au voyage. Ben oui, moi aussi j’aimerais bien visiter une de ces caves d’affinage, goûter un des fruits du savoir-faire de passionnés à l’enthousiasme communicatif ! Purée !! Pour un peu, j’abandonnerais bien mes livres comptables pour élever quelques vaches dans le Jura !! Non, franchement, c’est une réussite… mais forcément il faut être sensible au sujet dès le départ.

09/10/2018 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5
Couverture de la série A travers
A travers

Il s'agit tout d'abord d'un livre fort intriguant avec son épaisse couverture découpée en forme de jumelles et en laissant passer "à travers" un paysage apaisant d'un lac et de reliefs montagneux en horizon. Le principe de Tom Haugomat est aussi simple qu'alléchant : raconter l'histoire d'une vie sur plus de 70 années en utilisant sur la page gauche le quotidien d'un homme roux et sur la page de droite ce qu'il voit par ses propres yeux en gros plan. Il n'y a aucune parole mais pour autant on ne peut être perdu dans cette immensité par des simples annotations géographiques et temporelles. Le procédé est simple mais le rendu est génial par une implication presque sensorielle au personnage principal dont on ne connaitra jamais le nom mais avec lequel on aimera flâner, rire, s'émouvoir ou rêver. Attiré par le ciel et les grands espaces, celui-ci va connaitre un destin extraordinaire par son ambition d'une carrière d'astronaute. Comme n'importe qui, il va également subir les affres du temps qui passe, le deuil, l'amour et également la solitude. C'est important de comprendre à quel point en seulement 4 couleurs et dans un graphisme épuré rappelant les affiches publicitaires des colonnes Morris des années 50 Tom Haugomat arrive à susciter un réel intérêt oculaire. Ce découpage faisant appel à l'imagination et au vécu de chaque lecteur a nécessité 3 ans de travail pour la réalisation d'un tel ouvrage qui se lit rapidement mais paradoxalement restera dans les mémoires. Voici une oeuvre poétique toute simple et touchante dont les références cinématographiques et historiques distillées savamment ne trahiront guère la grande pudeur des propos et du temps qui passe.

09/10/2018 (modifier)
Couverture de la série Wonderball
Wonderball

Super série B. Mon intérêt n'a jamais baissé au fil des parutions. Colin Wilson est au top de son art : son trait est nerveux, le découpage est dynamique, quasi cinématographique et la couleur lumineuse incarne l'époque heighties dans tous les albums. Et les visages, comme les corps, sont personnalisés à l'extrême. Le scénario n'est pas en reste. Les caractères sont fouillés et cohérents. Les rebondissements et les révélations intermédiaires s'enchaînent à un rythme soutenu. L'album "Le shérif" est, selon moi, le meilleur de la série. Le méchant est un authentique salaud de la stature du gentil. Seul bémol (de taille), le scénario du dernier album est en dessous des précédents et la fin m'a franchement déçue. Ce n'est pas tant qu'elle est est mauvaise mais plutôt qu'elle est attendue. J'aurais voulu être scotché, tant pis. Avec les 4 premiers albums, on partait pour une série culte avec une note de 5. Au final, on a quand même une excellente série B, nerveuse et palpitante, qui mérite largement son 4.

09/10/2018 (modifier)
Couverture de la série Haut de gamme
Haut de gamme

Binet fait avec cette série une de ses rares infidélités à Fluide Glacial (Dargaud devait lui faire du pied depuis longtemps pour l’avoir à son catalogue je pense), sur un thème nouveau pour lui, à savoir la musique, en tout cas celle que souhaite jouer des amateurs (pas toujours éclairés !) et enseigner des passionnés déclassés (déprimés et au bord du renoncement). Des décors quasi absents, un dessin en Noir et Blanc avec une sorte de lavis, des personnages rondouillards, assez statiques, mais avec des tronches souvent très expressives (jouant plus sur le renfrogné, le râleur, le dégoûté que sur la joie de vivre), on est bien là en terrain connu pour le lecteur de Binet. C’est certes inégal, mais globalement j’ai bien aimé, et la majorité des historiettes, des gags m’ont au minimum fait sourire. En tout cas, même si ce n’est pas du niveau de sa série phare Les Bidochon, c’est quand même une lecture agréable. Il faut dire que je n’ai que très rarement été déçu par Binet (l’ai-je déjà été d’ailleurs ?, moi qui aime beaucoup cet auteur). Note réelle 3,5/5.

08/10/2018 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5
Couverture de la série Negalyod
Negalyod

Dans une vaste contrée désertique, Jarri le berger conduit un troupeau de 300 dinosaures vers le marché des nomades alors qu'un "Camion Météo" attire la foudre et le décime dans sa totalité. N'ayant plus rien à perdre, Jarri va chercher le responsable de la cité d'en haut pour en répondre. Véritable blockbuster aux diverses influences, Perriot n'essaye jamais de surprendre son lectorat mais de lui en donner pour son argent par de superbes planches fourmillantes de détails comme des scènes d'action et de course poursuite au montage ciselé. Et qu'importe si tout cela a déjà été vu de Mad Max à Gunnm sans oublier Soleil Vert ou l'Incal, on se plait et se complait dans un univers richement coloré au rythme soutenu dont seul la fin cryptée et précipitée peut ternir l'enthousiasme. Les couleurs de Florence Breton font intégralement partie du charme général et certaines pages n'ont rien à envier aux travaux de Geof Darrow. Accessible et divertissante, Perriot a accompli un travail phénoménal au canevas classique et un peu naïf mais dont l'accessibilité et la portée un brin écolo risquent de plaire au plus grand nombre ayant la nostalgie des oeuvres SF Old School de Metal Hurlant.

07/10/2018 (modifier)