Les derniers avis (39359 avis)

Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Les Tuniques Bleues
Les Tuniques Bleues

Western humoristique mettant en cause le caporal Blucht et le sergent Chesterfield qui s’oppose gentiment au milieu de la guerre de Sécession. Cependant, c'est surtout une dénonciation à peine déguisée des horreurs de la guerre. En effet, cette bd porte un gentil message pacifiste dont la détermination et la violence de la condamnation ne sont que mieux mises en valeur par l'aspect humoristique des deux personnages principaux très sympathiques. Sur un mode comique, le petit rusé et antimilitariste Blutch réussit à dénoncer l'illusion de l'héroïsme du sergent Chesterfield, le grand simplet en quête de gloire. Ces rapports d'amitié et d'antagonisme forment le ciment de cette lecture. C’est une série qui avait connu ses heures de gloire mais qui s’est banalisé à cause de la multiplication de ses tomes (près de 60 depuis les années 70). Il faut bien avouer que la qualité n’est plus totalement au rendez-vous au niveau du scénario des albums qui se succèdent inlassablement. On reprochera notamment des scènes répétitives ainsi qu'un manque de souffle et d’imagination. Les derniers albums s'avèrent assez décevants dans l'ensemble. Il serait réellement temps d'arrêter afin de rester sur une note positive. Or, j'achète pourtant toujours et à chaque fois la même déception. Le tome 61 ne fera pas malheureusement exception. Cependant, il reste la nostalgie des lectures durant mon adolescence car c’était jadis ma série favorite. Globalement, "Les tuniques bleues" se lit avec un réel plaisir. Certains albums se démarquent nettement du lot comme "la prison de Robertsonville", "Le blanc bec","El padre" ou encore "le David". D'autres m'ont marqué comme "Captain Nepel" où il s'agit juste d'inverser les mots pour savoir de qui on parle. "Miss Walker" va assez loin subtilement dans la dénonciation des ravages corporels de la guerre. "Indien mon frère" met par exemple le doigt sur la question indienne qui sera traitée de manière fort brutale. "L'étrange soldat Franklin" parle du thème de l'espionnage tout en se basant sur une anecdote authentique de la guerre de Sécession. "Sally" est sans doute l'album le plus dramatique de la série car il raconte le destin d'un chien engagé au milieu des combats pour soutenir le 11ème régiment d'infanterie provenant de Pennsylvanie. Bref, toujours basé sur des faits authentiques. Il y a une simplicité et une efficacité dans le scénario qui va de pair avec un dessin dans la tradition des séries humoristes franco-belge. A noter que je possède tous les volumes de cette collection. C’est de loin la plus grosse série de ma bdthèque. 8) Note Dessin : 3.5/5 – Note Scénario : 3.5/5 – Note Globale : 3.5/5

14/02/2007 (MAJ le 11/11/2018) (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Matsumoto
Matsumoto

Les sectes religieuses ne veulent pas seulement asservir de pauvres âmes égarés mais également nous détruire parfois. Il est vrai que le bilan de l'odieux attentat dans le métro de Tokyo le 20 mars 1995 commis par la secte Aum a fait quelques morts mais plus de 6300 blessés dont certains ont perdu la vue. Les produits chimiques découvert dans le sanctuaire de la secte aurait pu facilement tuer près de 4 millions de personnes. Bref, les attaques chimiques ne sont pas à prendre à la légère. Je ne savais pas que cette secte avait préparé son acte en commettant une répétition dans la ville de Matsumoto qui est le titre de cette bd. Les auteurs mettent la lumière sur ses événements qui sont restés un peu secret et pour cause. Avec un peu plus de perspicacité, la tragédie de Tokyo aurait pu être évité si on n'avait jeter en pâture un pauvre père de famille désigné coupable idéal. Oui, c'est édifiant. On entre dans le vrai récit de cette tragédie du Japon moderne. C'est bien dessiné avec des plans presque cinématographiques et très bien réalisé au niveau de la mise en scène avec un suspens impeccable. Une belle efficacité qui se traduit par un 4 étoiles. En plus, c'est vraiment une lecture utile.

11/11/2018 (modifier)
Couverture de la série Vinland Saga
Vinland Saga

Dans le style "grande saga viking", "Vinland Saga" est un peu l'équivalent nippon de notre Thorgal franco-belge. Ecrit et dessiné par Makoto Yukimura, c'est une oeuvre de longue haleine qui prend son inspiration dans les célèbres sagas islandaises telles que la saga d'Erik le Rouge ou le Flateyjarbok, faisant la part belle aux conquêtes guerrières et aux successions royales. Il ne faut pas avoir les reins fragiles en lisant ce seinen, car il est une plongée apocalyptique dans le quotidien de ce qui est communément appelé "l'Age Viking", temps barbares où la vie de l'homme moyen ne valait pas plus que celle d'un âne ou d'une poule. L'auteur nous fait suivre le destin d'un guerrier post-adolescent, Thorfinn Thorsson, alors qu'il évolue dans ce monde imbibé de violence crue, et ses aventures dans l'Europe du Nord seront pour lui l'occasion d'une métamorphose radicale et d'une profonde remise en question de ses principes et de sa vision de la vie. Cette métamorphose est le noeud narratif de la saga que l'on peut morceler en trois parties distinctes : -la première partie (tome 1 à huit), qui est une sorte de prologue racontant la conquête de l'Angleterre par les Danois. On y découvre un Thorfinn farouche rongé par la haine et le ressentiment à l'égard d'Askeladd, le viking qui a assassiné son père (le fameux "Troll de Jom"), et résolu à se venger en le provoquant dans un duel à mort. C'est un Thorfinn rempli de froideur et de cynisme, corrompu par le mal et désintéressé par la souffrance humaine qui l'entoure et à laquelle il contribue. -dans la seconde partie (tome 9 à 14), alors qu'Askeladd est mort sans qu'il ait pu régler le compte personnel qu'il avait avec lui, Thorfinn se retrouve esclave dans une propriété agricole. Méconnaissable, torturé par le remords que lui cause le souvenir de son ancienne vie, il végète tel un fantôme, sans but apparent autre que la servitude. Cette situation occasionnera une introspection qui aboutira à un commencement de rédemption. C'est dans ces séances introspectives que lui vient l'idée d'aller créer une société immaculée et pacifique, loin, très loin, dans le Vinland des vieilles légendes, à l'autre bout du monde. -la troisième partie (du tome 15 jusqu'à maintenant) narre les préparatifs opérés par Thorfinn, libéré de sa condition d'esclave, et de ses nouveaux compagnons en vue du grand voyage vers le Vinland. Obsédé par son projet grandiose, ce Thorfinn a reprit goût à la vie. Cette tranche de l'histoire dénote des autres en ce qu'elle effectue un virement à 180° dans le ton que j'ai trouvé plus guilleret, plus "shonen". Ce qu'on peut constater c'est que le ton de l'oeuvre évolue en harmonie avec l'évolution mentale de son protagoniste : du sombre au joyeux, du misanthrope à l'idéaliste. Comme dirait l'autre, "pour avoir soif de Paradis il faut avoir vécu en Enfer"... Vinland Saga...c'est gore, c'est tragique, c'est déprimant même par moments, mais grands dieux que c'est bon ! Le dessin est fourni et puissant, j'ai trouvé qu'il illustrait très correctement la brutalité barbare de cette époque dénuée d'humanitarisme, notamment en s'appuyant sur des cases très évocatrices et saisissantes. L'auteur ne fait aucune concession et se plait à décrire tout ce qu'il y a de plus noir dans l'âme humaine mais veut montrer aussi avec son protagoniste Thorfinn que l'homme peut être bon et expier ses fautes si son âme se laisse imprégner par la rédemption et le pardon. Des valeurs universelles et une leçon de vie qui devrait faire méditer tout un chacun...

10/11/2018 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Malaterre
Malaterre

A quarante ans, Pierre-Henry Gomont est devenu, en l’espace de six albums publiés en moins d’une décennie, une figure incontournable du 9ème art, et ce dernier opus ne fait que confirmer ce statut. Si Pereira prétend, qui avait rencontré un certain succès, était une adaptation de roman, « Malaterre » relève plutôt de l’autobiographie. En effet, pour concevoir ce one-shot, l’auteur s’est inspiré de sa propre famille tout en resituant les événements et les lieux par rapport à la réalité, les personnages de l’album eux-mêmes « des agrégats de plein de personnages réels », comme il le dit dans une interview. Avec un scénario extrêmement bien charpenté, des personnages également très bien campés, P.-H. Gomont réussit à nous embarquer totalement dans cette « aventure » au parfum d’exotisme, en majeure partie grâce à ce personnage haut en couleurs qu’est Gabriel Lesaffre et qui constitue la force gravitationnelle du récit, omniprésent même dans les scènes où il est absent. Tout détestable soit-il, l’homme exerce une fascination puissante sur son entourage, sans que l’on puisse vraiment l’expliquer. En premier lieu, ses deux aînés, arrachés à leur mère suite à une action en justice du père pour obtenir leur garde, alors que ce dernier, aimant l’argent et la vie facile, a rarement été présent dans le passé. La mère restera seule à Paris avec le plus jeune enfant, les aînés Mathilde et Simon suivant leur père sans broncher vers cette destination exotique, l’Afrique équatoriale, dont ils ne connaissent rien. Une fois sur place, ils découvriront en pleine jungle le vaste domaine que Gabriel a racheté suite à la faillite des illustres aïeux dans les années 1920 : une imposante demeure coloniale, une serre monumentale ainsi qu’une scierie. Gabriel s’est mis en tête de restaurer et entretenir le patrimoine familial pour le léguer plus tard à ses enfants, dont il exige en retour qu’ils en soient les dignes héritiers. Dans les premiers temps, ceux-ci seront vite envoûtés par la beauté des lieux et l’environnement luxuriant. Une nouvelle liberté va s’offrir à eux dans cet endroit paradisiaque, contrastant fortement avec la grisaille parisienne. Très vite, ils seront contraints par leur père de suivre leurs études dans le lycée français d’une ville côtière. Plus ou moins livrés à eux-mêmes, ces adolescents s’endurciront au contact de leurs nouveaux amis, et feront malgré eux l’apprentissage de la vie, sans parents, préférant leur nouvelle vie à un retour à Paris, même s’ils finissent par honnir ce père caractériel. Absent comme à son habitude, Gabriel ne les verra plus qu’occasionnellement. En effet, obsédé par son projet, il dirige de façon chaotique le domaine, en jouant plus sur l’esbroufe qui lui a d’ailleurs permis de s’enrichir que grâce à ses compétences de gestionnaire, plus que limitées. Et d’avance, on pressent que tout cela est voué à l’échec… Côté dessin, on est servis ! P.-H. Gomont maîtrise parfaitement son coup de crayon. Par les poses ou les expressions du visage, il sait faire ressortir les traits de caractère et les humeurs des protagonistes. À l’image du tumultueux Gabriel, le mouvement est permanent dans cette épopée virevoltante. De façon pertinente et audacieuse, l’auteur exploite pleinement les codes de la BD. C’est surtout la représentation du père qui frappe le lecteur. Les yeux exorbités de Gabriel et son visage émacié trahissent son désordre intérieur, renforcés par cette cigarette crachant des flammes plutôt que de la fumée, telle une extension organique de lui-même. L’ambiance graphique est bien différente du placide Pereira prétend. Tour à tour lumineux et sombre, l’environnement exotique, très bien représenté dans son foisonnement, accompagne parfaitement cette histoire de passion humaine où les gouffres psychiques ne sont jamais loin. Inévitablement, on pense à l’œuvre de James Conrad, « Au cœur des ténèbres », où là encore la jungle africaine semblait agir comme révélateur des pulsions enfouies de l’Homme blanc. Une jungle réfractaire et incompatible avec l’esprit de conquête, qui finit toujours par engloutir ceux qui cherchent à la dompter, telle une malédiction lancée par les dieux de la forêt. Et Gabriel n’y échappera pas davantage, malgré toute l’énergie qu’il aura déployée pour maintenir à flot son frêle esquif « mal sur terre », perdu dans l’immensité forestière. Il faut ajouter à tout cela la plaisante tournure littéraire des textes, qui contribue à ériger « Malaterre » comme une référence parmi tout ce que le roman graphique a produit de meilleur. D’ailleurs, le talent narratif dont fait preuve Gomont n’est pas sans rappeler le maître dans sa catégorie, j’ai nommé Will Eisner… L’émotion n’est pas absente, en particulier vers la fin, et celle-ci est d’autant plus puissante qu’elle reste sobre, sans pathos. Car au final, le personnage de Gabriel révèle un côté attachant avec sa folie et ses paradoxes, une fragilité qu’il masque bien souvent derrière sa colère. Ses enfants, dans leur détestation commune, réalisent qu’au fond ils l’aimaient ce père que l’on voit mourir au début de ce récit en forme de flashback. Un père hors du commun qui suivait ses instincts envers et contre tout, en lutte contre tout le monde mais aussi contre lui-même. Que l’on aimerait avoir à lire plus souvent de tels ouvrages ! Symbiose parfaite entre bande dessinée et littérature, ce récit flamboyant place la barre très haut, ne négligeant aucun aspect tant dans le fond que dans la forme. Pour faire simple, P.-H. Gomont nous offre avec « Malaterre » un véritable chef d’œuvre à qui l’on peut souhaiter tout le succès qu’il mérite.

10/11/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Le Voyage de Marcel Grob
Le Voyage de Marcel Grob

Les malgré nous. Triste histoire finalement peu évoquée dans les cours d'histoire que celle de ces jeunes Alsaciens et Lorrains qui vers la fin de la guerre furent enrôlés souvent de force pour aller servir dans les rangs de la Waffen SS. Bien évidemment pour beaucoup d'entre eux ce fut un déchirement, c'était soit ça ou la famille du jeune homme était déportée. Ici dans un long flashback nous suivons l'itinéraire d'un jeune homme, Marcel Grob, dix sept ans, qui avec un ami doit obligatoirement se rendre à la convocation de l'armée allemande. Après une courte période de formation où les Allemands lui font bien sentir qu'il est inférieur, voir traître en tant qu'Alsacien, lui et ses amis sont envoyés en Emilie-Romagne afin d'éliminer les partisans italiens qui sont une menace pour l'armée allemande. Au cours de cette campagne sous les ordres d'un chef particulièrement zélé, l'unité de Marcel participe au massacre de la population d'un village tuant au passage plus de 700 personnes. C'est ce massacre aussi répugnant que celui d'Oradour sur Glane qui vaut à Marcel d’être interrogé des années plus tard par un juge. Je dois le dire j'avais entendu parler des ''Malgré nous'' alsaciens mais la lecture de cette BD nous montre toute la complexité de la chose. Comment vivre le retour à la paix quand comme Marcel Grob l'on a été confronté à l'horreur des massacres souvent gratuits. A un moment le juge dit à Marcel: " Pourquoi ne vous êtes vous pas rebellés". Facile serais-je tenté de dire et puis qui sommes nous pour porter un jugement sur les réactions d'un jeune homme de dix sept ans proprement jeté dans ce conflit. Un scénario de Philippe Collin, par ailleurs animateur sur France Inter, qui est millimétré, sans pathos, à la limite du documentaire et surtout qui ne verse pas dans le manichéisme, montrant à l'occasion que tous les soldats allemands n'étaient pas des brutes épaisses. Un dessin dans un style réaliste ma foi fort correct, avec un découpage de planches classique, en fait tout concourt à donner à l'ensemble ce style documentaire que j'évoquais plus haut. Au final une BD que je qualifierais d'essentielle, d'indispensable même à l'heure où les vétérans de la première guerre mondiale ont tous disparus. A faire lire et à lire.

10/11/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Florida
Florida

3.5 Le meilleur album de cet auteur que j'ai lu jusqu'à présent. C'est un auteur qui prend son temps pour sortir un nouvel album et on comprend pourquoi à la lecture de ses albums : il fait beaucoup de recherches historiques et construit des scénarios complexes. Ici, l'action se passe en Angleterre durant les guerres de religion et on suit une famille dont le père est allé en Floride et il a gardé un mauvais souvenir. Il va finir par raconter son aventure à sa femme après des années à avoir gardé le secret sur ce qui lui est arrivé. J'ai bien aimé comment l'auteur traitait son scénario. Déjà je trouve cette période historique intéressante, mais en plus l'auteur développe des sujets que je ne connaissais pas trop comme le territoire de la Floride durant la conquête du nouveau monde par les puissances européennes. Le scénario est un peu lent (ça prend beaucoup de pages avant que le mari décide de se confier à sa femme), mais je ne me suis pas du tout ennuyé. J'ai trouvé le dessin superbe. Un one-shot que je conseille aux amateurs d'histoires.

08/11/2018 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bloodborne
Bloodborne

Hit incontesté du jeu vidéo depuis sa sortie en 2015, Bloodborne n'est pourtant pas à considérer comme un titre grand public fédérateur. En incombe son ambiance horrifique particulière bercée par un mélange d'influences lovecraftiennes et victoriennes mais surtout une attention de tous les moments tant sa difficulté légendaire a pu repousser plus d'un joueur occasionnel. L’assistanat n'étant pas de mise dans sa prise en main, le monde décrit dans Bloodborne n'est pas en reste avec une histoire des plus cryptiques et aux interprétations les plus diverses. Il s'agit en condensé d'une chasse aux monstres dans une nuit de pleine lune sans fin où se côtoient humains infectés belliqueux et entités surnaturelles proches des Grands Anciens. Résolument très gore et brutal dans ses affrontements, le sang joue un rôle essentiel dans le sens où il s'agit à la fois d'une malédiction qui avilit les âmes humaines et leur permet également de côtoyer les divinités. Est-ce la réalité ? Un rêve permanent ou un cauchemar ? Ales Kot, grand fan du jeu, s'est battu pour s'attribuer les droits de cette adaptation officielle qui se veut davantage une vision personnelle de cet univers bien particulier qu'une parfaite adaptation ou d'un énième produit dérivé. Et c'est peut-être là où le bat blesse car tout lecteur séduit par cet univers se sentira irrémédiablement perdu dans une histoire truffée de références aux joueurs et dont il faudra surmonter les premières pages énigmatiques pour mieux s'en détacher par la suite et offrir un récit mélancolique transcendé par le travail graphique exemplaire d'un Piotr Kowalski en état de grâce. Bloodborne raconte la nuit de cauchemar éternelle d'une chasseuse dont on ignorera jusqu'au nom et presque jusqu'à sa propre apparence masquée sous ses oripeaux de guerrière. Ignorant même son propre passé, la Chasseuse se contente de survivre à une nuit de massacre sans fin en acceptant même sa propre mort pour apprendre de ses erreurs et recommencer sa tâche : guider une enfant élue à la peau blafarde et aux pouvoirs psychiques surnaturels vers un monde meilleur. Exit donc les superbes massacres des premières pages vers une ballade nous entrainant aux confins de la solitude dans d'écrasants décors sans vie. En reprenant le style romantique de Caspar David Friedrich, Kowalski propose de superbes planches dont la menace sourde ou invisible n'est jamais très loin. De cette histoire sans fin (comme le film du même nom), Kot s'approprie un jeu video pour en faire sien son univers: il y a quelque chose d'hypnotique et de hautement séduisant dans cette histoire aux contours aussi flous qu'effrayants. Sans disposer volontairement de toutes les clés pour en saisir toutes les subtilités, il est fortement conseillé de s'abandonner à cet univers très sombre pour n'en retenir que les qualités, Bloodborne plaira davantage finalement aux amateurs de Lovecraft qu'aux férus de Playstation et ce n'est pas forcément pour nous déplaire.

08/11/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série La Vie de Pahé
La Vie de Pahé

Lu ces deux albums par curiosité et j'ai bien aimé. Pahé raconte sa vie qu'il a passée entre la France et le Gabon et c'est assez intéressant vu que je n'avais que quelques connaissances du Gabon qui se résumait à de la politique. J'ai bien aimé voir comment était la vie là-bas et aussi comment le changement entre la vie au Gabon et la vie en France a totalement dépaysé l'auteur lorsqu'il était enfant. C'est fou de voir comment ce que moi, un occidental, trouve normal peut sembler totalement bizarre pour un enfant venant d'un environnement différent. Pahé a un bon talent de raconteur et je trouve que son style caricatural un peu enfantin va très bien avec le ton de la série. Il est aussi sincère vu qu'il y a certaines situations où il se montre comme un gros connard. Sinon, il est censé avoir 3 tomes et le dernier se fait attendre depuis plusieurs années et j'espère qu'il va sortir un jour. Une bonne découverte qui me laisse espérer qu'un jour la bande dessinée africaine va finalement percer et nous fera découvrir plein de nouveaux talents.

07/11/2018 (modifier)
Par Essi
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Double 7
Double 7

Enfin ! Enfin un nouvel album de Yann & Juillard consacré à l'aviation. Si vous avez aimé Mezek, foncez ! C'est de la même qualité. Un choix original de traiter des épisodes assez peu connus autour de la 2nde Guerre Mondiale : Mezek nous emmenait sur les terres du tout jeune Etat d'Israël juste après guerre. Double 7 nous invite à découvrir la Guerre d'Espagne. J'avais découvert Juillard comme tout le monde au travers du cultissime Les 7 vies de l'épervier. Mezek m'avait enchanté. Si ce double 7 confirme une volonté de sortir encore d'autres One Shot sur l'époque moderne on va continuer à se régaler !

07/11/2018 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Intisar en exil
Intisar en exil

Avec l'album La Voiture d'Intisar moi qui était resté sur un avis positif mais très en retrait à cause d'un graphisme pas du tout à mon goût, c'est LA bonne surprise avec ce nouvel opus des tribulations de notre yéménite préférée mis en scène par le toujours très bon Pedro Riera, mais qui confie cette fois-ci le dessin à un nouvel auteur, Sagar. Et pour moi ça change tout ! D'une part parce que le trait de Sagar est ce qui manquait à l'album précédent et que sa mise en couleur est tout simplement sublime. On est pleinement immergé dans le quotidien d'Intisar, on ressent l'amour de son pays le Yemen malgré sa condition de femme, mais aussi celle de la Jordanie où elle a du s'exiler. Et c'est toute la réussite une nouvelle fois de cet album qui derrière le personnage fictif mais très inspiré d'Intisar nous fait comprendre à travers son quotidien tous les enjeux sociétaux et politiques de cette région complexe. Mis sur le devant de la scène internationale ces derniers jours après l'assassinat d'un journaliste dans son consulat, l'Arabie Saoudite qui mène cette guerre au Yemen est placée face à ses responsabilités et ses absurdités macabres. Les Yéménites (qui en ont les moyens) en sont réduits à l’exil, dont une grande partie se fait vers la Jordanie. Intisar est l'une de ces exilés... J'ai beaucoup apprécié la construction du récit qui derrière moult anecdotes qui pourraient sembler triviales, permettent surtout de comprendre la réalité et le quotidien des femmes au Yemen. Réalité toute en contradictions avec d'un côté la chape de plomb religieuse qui pèse sur elles en société et ce qu'elles font grâce aux réseau sociaux en intimité par exemple. C'est ce plafond de verre que voudrait bien pouvoir briser Intisar pour pouvoir enfin vivre librement. Et c'est paradoxalement ce que va timidement permettre cette guerre tragique : se libérer de l'emprise masculine qui les maintient dans cette condition. Alors ne voyons pas pour autant cette guerre comme une "bénédiction", mais permet-elle au moins aux femmes de desserrer la bride qu'elles subissent au quotidien. Un très bon album que je recommande chaudement pour son intelligence et tout autant pour son graphisme chaleureux et expressif qui sied parfaitement à notre chère Intisar et son pays.

05/11/2018 (modifier)