C’est la première œuvre complète d’Andréas que j’avise. J’ai toujours eu peur des remarques du genre « soit on aime, soit on déteste » l’auteur car c’est très spécial. Je suis plutôt difficile dans mes choix surtout à force et à mesure de lire énormément de bd.
J’aime pouvoir démêler un scénario complexe mais encore faut 'il que cela ne soit pas confus. Il faut bien reconnaître que les techniques narratives de l’œuvre sont bien au-dessus du lot. On décèle ici et là les métaphores utilisées par l’auteur pour décrire le monde réel.
Rork est un personnage intéressant qui vit des aventures surnaturelles et fantastiques. Il aime résoudre les énigmes, s’intéresse au paranormal et aux légendes. C’est à la fois un être cultivé qui sait décrypter les écritures anciennes mais également un super héros aux pouvoirs très spéciaux.
Le graphisme paraît époustouflant mais il faut aimer car il peut apparaître par moment assez obscur. La mise en case est des plus astucieuse. On est vraiment au cœur d’une œuvre tout à fait originale et presque avant-gardiste.
Je n’ai pas encore découvert Capricorne ou Arq. Je n'ai pas encore été sous le charme total de l'auteur. Je comprends qu'on puisse apprécier son talent. Après, il faut que cela nous parle et que cela ne soit pas trop hermétique.
Aude Picault est l'une des jeunes auteur(e)s qui m'emballe actuellement le plus, notamment à travers ses pages drôles et inventives du fameux blog à 4 mains Chicou-chicou. Malheureusement, elle n'a à ce jour quasiment rien publié, et le peu qui était disponible jusqu'à il y a peu date d'il y a quelques années (Papa et le tome 1 de "Moi je").
Aussi est-ce avec un enthousiasme bondissant que je me suis jetée sur le tome 2 de "Moi je", qui vient de sortir, et avec un enthousiasme non moindre que je l'ai refermé : il est ex-cel-lent !
Mais prenons les choses dans l'ordre, avec le tome 1 : sur le moment, ce fut une petite déception. Le trait se cherche encore, les pages sont inégales, l"histoire" est un peu décousue... Bref, malgré des qualités et une originalité indéniables, le tome 1 de "moi je" souffrait de défauts de jeunesse. Un livre sympathique, mais sans plus (3/5).
Mais le tome 2... on se rend compte de tout le chemin parcouru par Aude Picault et de la maturité graphique et narrative qu'elle a acquis au cours des quelques années qui séparent les deux tomes. Elle excelle dans le dessin expressif, où l'attitude, l'expression de ses personnages, leurs actes, sauront suggérer mieux qu'aucun texte toute une palette d'humeurs, la déprime, l'enthousiasme, l'ennui, la joie, etc. En quelques traits très simples en apparence, elle parvient à communiquer au lecteur son état d'humeur du moment... du grand art !
Le tout est d'une légèreté et d'une drôlerie exquises, et se dévore littéralement (4/5).
Un petit bémol tout de même : les livres en eux-mêmes. Ce sont de tout petits livres banals, au papier ordinaire, pas particulièrement soignés ni bien imprimés, qu'on nous vend au prix prohibitif de 8 € pièce !... il y a fort à parier que ce soit un frein important à l'achat pour la plupart des lecteurs potentiels.
Je conseille néanmoins l'achat, surtout du tome 2, vous l'aurez compris, qui peut se lire complètement indépendamment du premier. Parce qu'Aude Picault le vaut bien :)
Je ne peux pas. Non, je ne peux pas, décemment, mettre moins que 4 à cet album, objectivement et subjectivement.
Objectivement :
Moi qui ai une formation de Lettres, je n'ai jamais particulièrement apprécié Rimbaud. Certes, ces écrits étaient fins, très ciselés, mais pour moi cela n'avait pas la puissance de ce que faisait Victor Hugo, ou bien la richesse exotique d'un Parnassien.
Ah,
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Mais je m'égare. Rimbaud a inspiré de nombreux auteurs récents, comme Hugo Pratt avec Corto Maltese et Eric Cantona. Mais je n'aime pas Corto. Et Canto ? Comment dire... Comme auteur, il est un peu limité... Dire qu'on n'aime pas Rimbaud, c'est s'attirer les foudres de nombres de penseurs, lecteurs, amateurs de tout poil. Donc je n'irai pas plus loin.
Subjectivement, je n'ai qu'un seul vrai reproche à faire à cette BD. L'omniprésence des écrits de Rimbaud surcharge un peu trop les pages, je trouve. Ca "casse" un peu la dynamique du récit. Mais pour le reste, c'est du tout bon. On suit Adrien dans sa quête initiatique, qui est aussi une tentative de rédemption envers celui qu'il a pastiché. L'idée d'incarner les auteurs en des animaux-totems est très bien trouvée, bien que non inédite, il me semble. C'est très bien construit, raconté, rythmé.
Quant au dessin de Benjamin Flao, je le trouve un peu léger, pas assez "net", mais finalement ça correspond bien à l'ambiance, au sujet, celle de la recherche d'un poète insaisissable et pourtant omniprésent. Et si on se détache de ces considérations, il faut reconnaître que ses cases sont bien agencées, le découpage est très bon, et le traitement des couleurs, et surtout des ambiances, est remarquable.
Non, je ne peux pas mettre moins de 4/5 à cet album.
Je suis toujours accro à ce scénario palpitant, mais le dessin et les couleurs sont… assez laids. Je remarque une très nette dégradation graphique, rien avoir avec les superbes planches des premiers cycles et surtout les belles couleurs (d’Isabelle Merlet). Tout ceci me fait penser à une autre série où il y a une grosse dégradation graphique (Chroniques de la lune noire).
Mais "Le Chant des Stryges" reste pour moi une très bonne bd. Vivement la suite et le dénouement de ce polar brillant.
Putain de boulot...
Partir tous les jours pour faire un boulot de merde, c'est une sensation que beaucoup d'entre nous connaissent. Ici Efix illustre et adapte le roman de Jean-Pierre Levaray, qui livre son témoignage sur 30 ans de trime à l'usine (Total ?).
C'est un électrochoc. Bien sûr, si vous êtes bien informé(e)(s), vous savez que la vie en usine est rude, qu'il y a beaucoup d'accidents, des suicides, des dépressions à la chaîne... Mais il vous manquait un témoignage fort.
Le voilà, ce témoignage. On aurait plutôt vu un Etienne Davodeau dans ce genre d'exercice, lui qui est un peu la tête de pont de la BD engagée et sociale. Mais c'est Efix qui se colle au dessin, fidèle de la maison Petit à Petit, mais aussi et surtout auteur entier, libre d'esprit, et ancien ouvrier. Son style très rond n'a pas, de prime abord, d'atomes crochus avec ce type d'histoire. Mais c'est un maître du noir et blanc, et l'on oublie bien vite son style lorsqu'on est pris par une histoire, comme c'est le cas ici.
Les ambiances, les expressions, les cadrages, tout est très bon, et l'on passe un très bon moment de lecture, et de réflexion. Iannick en parle bien mieux que moi, mais croyez-moi, c'est une excellente BD.
La claque, une bd d'enfer à se procurer le plus rapidement possible. Fan de Tarantino et d'un univers noir et malsain jetez-vous dessus.
Le scénario est très bon et les dialogues sont percutants, le dessin est très bien approprié à ce style de scénario et les couleurs reflètent parfaitement l'atmosphère.
Bref, ça sent la bd culte à plein nez et c'est tant mieux.
Ma côte 4,5/5.
Je ne suis pas une adepte de l'écriture-catharsis, pas plus que du quotidien de gens ordinaires à qui il n'arrive pas grand chose. Et pourtant, j'ai adoré cette bd.
Pourquoi ? Parce que Larcenet a trouvé selon moi la recette du parfait "roman graphique".
La narration possède une intériorité dénuée d'intellectualisme, de leçons de morale, d'apitoiement et de complaisance. Marco n'est pas un homme fort et, bien que ses ressemblances avec l'auteur soient évidentes, ce dernier ne lui trouve pas d'excuses. Mais il montre que même un homme ordinaire peut, à force d'intelligence, d'empathie et de courage, faire de sa vie une belle histoire.
Larcenet sait mettre en exergue ce qu'il y a de grand, d'intéressant et de digne d'intérêt en chaque être humain. Et si le "combat" de son héros est essentiellement contre lui-même, l'intelligence du propos en fait une lutte universelle. Bien que ne me reconnaissant pas dans les personnages, j'ai été extrêmement touchée par ce récit intelligent qui, loin des props gauchisants ou moralistes qu'on a voulu lui prêter, n'a pour but "que" d'exposer une certaine vision de l'existence. Un essai périlleux (de nombreux auteurs s'y essayant ne font qu'étaler leurs névroses, livrant au public une triste psychothérapie ratée) mais transformé avec brio.
Je pense que les idées fausses concernant cette bd viennent surtout... de son public. En effet, une histoire plébiscitée par les grands enfants intellos, les bobos dépressifs et les tanguys tripants a de quoi rebuter a priori... C'est même la raison qui m'a conduite a ne découvrir cette série que plusieurs années après sa sortie ! Mais que quelques personnes n'aient retiré de l'oeuvre que ce qu'ils voulaient y trouver ne change en rien ses qualités. Le Combat Ordinaire est "juste" un récit anecdotique, un constat psychologique et une ode à l'humanité dont l'intériorité touche à l'excellence. Et chacun y trouvera les pistes qui conviennent à sa propre personnalité.
S'il fallait nécessairement en dégager une morale, ce serait sans doute "nul besoin d'un destin exceptionnel pour faire un homme d'exception".
Ca faisait longtemps que je voulais le lire, ce "Pilules bleues". Tout auréolé d'un "buzz" flatteur, il fallait que je le lise.
Ce témoignage de l'auteur, qui parle sans retenue, mais avec pudeur (si si, c'est possible) de son rapport avec la séropositivité, au travers de sa relation avec sa compagne, est vraiment une histoire touchante, incroyable de fraîcheur, de tendresse, d'amour, de... rhaaa, c'est pas croyable.
J'ai été totalement pris par l'histoire. En plus Fred Peeters utilise un graphisme véritablement expressif, il y a une alchimie incroyable... Je n'arrive pas à trouver les mots pour qualifier cet album, tellement c'est fort. Fort comme la vie.
Tout simplement un témoignage poignant. Lisez "Pilules bleues".
J'ai d'abord vu l'anime et je suis restée sur ma faim car l'histoire ne se termine pas... J'ai donc décidé de lire le manga et... je n'ai pas décrochée. D'abord un peu inquiète par le système de tomes et ne sachant pas combien il y en aurait (la série n'était pas terminée quand j'ai commencé) la qualité de l'histoire m'a fait accrocher. Du coup je les achetés en attendant impatiemment chaque nouveau tome. D'ailleurs là j'attends le dernier...
L'histoire est, je trouve, très intéressante et les personnages vraiment attachant. J'aime beaucoup le concept de la malédiction, il vous donne vraiment envie de savoir comment ça va se terminer.... Et puis mon coté midinette voulais savoir lequel des garçons serai l'heureux élu (au début) ils sont tellement touchants à leur façon. Ce que j'aime aussi c'est la qualité des seconds rôles. Ils ont une personnalité qui leur est propre :) Bon certes la jeune demoiselle est parfois un peu nunuche mais elle est touchante !
Voilà c'est une série que je conseille, elle m'a fait passer de très bons moments.
Quand même, De Crécy, quel auteur !
Avec ce nouvel album, il continue à explorer les voies nébuleuses de la création artistique, et celles d'un auteur de BD en particulier. Au gré de 3 récits, reliés entre eux par un long interlude aéroporté, il nous propose ni plus ni moins qu'une analyse passionnante de son art. Assimilant un dessin à un fantôme, il base toute son argumentation là-dessus, et c'est véritablement passionnant.
C'est difficile de classer un tel album, car il brasse tellement de thèmes, le voyage, le documentaire, la création, avec donc une part d'autobiographie. C'est tellement touffu que je ne saurais en rendre la richesse.
Sachez cependant que si le processus de création artistique vous intéresse, c'est un ouvrage majeur d'un auteur majeur sur le sujet.
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Rork
C’est la première œuvre complète d’Andréas que j’avise. J’ai toujours eu peur des remarques du genre « soit on aime, soit on déteste » l’auteur car c’est très spécial. Je suis plutôt difficile dans mes choix surtout à force et à mesure de lire énormément de bd. J’aime pouvoir démêler un scénario complexe mais encore faut 'il que cela ne soit pas confus. Il faut bien reconnaître que les techniques narratives de l’œuvre sont bien au-dessus du lot. On décèle ici et là les métaphores utilisées par l’auteur pour décrire le monde réel. Rork est un personnage intéressant qui vit des aventures surnaturelles et fantastiques. Il aime résoudre les énigmes, s’intéresse au paranormal et aux légendes. C’est à la fois un être cultivé qui sait décrypter les écritures anciennes mais également un super héros aux pouvoirs très spéciaux. Le graphisme paraît époustouflant mais il faut aimer car il peut apparaître par moment assez obscur. La mise en case est des plus astucieuse. On est vraiment au cœur d’une œuvre tout à fait originale et presque avant-gardiste. Je n’ai pas encore découvert Capricorne ou Arq. Je n'ai pas encore été sous le charme total de l'auteur. Je comprends qu'on puisse apprécier son talent. Après, il faut que cela nous parle et que cela ne soit pas trop hermétique.
Moi je
Aude Picault est l'une des jeunes auteur(e)s qui m'emballe actuellement le plus, notamment à travers ses pages drôles et inventives du fameux blog à 4 mains Chicou-chicou. Malheureusement, elle n'a à ce jour quasiment rien publié, et le peu qui était disponible jusqu'à il y a peu date d'il y a quelques années (Papa et le tome 1 de "Moi je"). Aussi est-ce avec un enthousiasme bondissant que je me suis jetée sur le tome 2 de "Moi je", qui vient de sortir, et avec un enthousiasme non moindre que je l'ai refermé : il est ex-cel-lent ! Mais prenons les choses dans l'ordre, avec le tome 1 : sur le moment, ce fut une petite déception. Le trait se cherche encore, les pages sont inégales, l"histoire" est un peu décousue... Bref, malgré des qualités et une originalité indéniables, le tome 1 de "moi je" souffrait de défauts de jeunesse. Un livre sympathique, mais sans plus (3/5). Mais le tome 2... on se rend compte de tout le chemin parcouru par Aude Picault et de la maturité graphique et narrative qu'elle a acquis au cours des quelques années qui séparent les deux tomes. Elle excelle dans le dessin expressif, où l'attitude, l'expression de ses personnages, leurs actes, sauront suggérer mieux qu'aucun texte toute une palette d'humeurs, la déprime, l'enthousiasme, l'ennui, la joie, etc. En quelques traits très simples en apparence, elle parvient à communiquer au lecteur son état d'humeur du moment... du grand art ! Le tout est d'une légèreté et d'une drôlerie exquises, et se dévore littéralement (4/5). Un petit bémol tout de même : les livres en eux-mêmes. Ce sont de tout petits livres banals, au papier ordinaire, pas particulièrement soignés ni bien imprimés, qu'on nous vend au prix prohibitif de 8 € pièce !... il y a fort à parier que ce soit un frein important à l'achat pour la plupart des lecteurs potentiels. Je conseille néanmoins l'achat, surtout du tome 2, vous l'aurez compris, qui peut se lire complètement indépendamment du premier. Parce qu'Aude Picault le vaut bien :)
La Ligne de fuite
Je ne peux pas. Non, je ne peux pas, décemment, mettre moins que 4 à cet album, objectivement et subjectivement. Objectivement : Moi qui ai une formation de Lettres, je n'ai jamais particulièrement apprécié Rimbaud. Certes, ces écrits étaient fins, très ciselés, mais pour moi cela n'avait pas la puissance de ce que faisait Victor Hugo, ou bien la richesse exotique d'un Parnassien. Ah, Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Mais je m'égare. Rimbaud a inspiré de nombreux auteurs récents, comme Hugo Pratt avec Corto Maltese et Eric Cantona. Mais je n'aime pas Corto. Et Canto ? Comment dire... Comme auteur, il est un peu limité... Dire qu'on n'aime pas Rimbaud, c'est s'attirer les foudres de nombres de penseurs, lecteurs, amateurs de tout poil. Donc je n'irai pas plus loin. Subjectivement, je n'ai qu'un seul vrai reproche à faire à cette BD. L'omniprésence des écrits de Rimbaud surcharge un peu trop les pages, je trouve. Ca "casse" un peu la dynamique du récit. Mais pour le reste, c'est du tout bon. On suit Adrien dans sa quête initiatique, qui est aussi une tentative de rédemption envers celui qu'il a pastiché. L'idée d'incarner les auteurs en des animaux-totems est très bien trouvée, bien que non inédite, il me semble. C'est très bien construit, raconté, rythmé. Quant au dessin de Benjamin Flao, je le trouve un peu léger, pas assez "net", mais finalement ça correspond bien à l'ambiance, au sujet, celle de la recherche d'un poète insaisissable et pourtant omniprésent. Et si on se détache de ces considérations, il faut reconnaître que ses cases sont bien agencées, le découpage est très bon, et le traitement des couleurs, et surtout des ambiances, est remarquable. Non, je ne peux pas mettre moins de 4/5 à cet album.
Le Chant des Stryges
Je suis toujours accro à ce scénario palpitant, mais le dessin et les couleurs sont… assez laids. Je remarque une très nette dégradation graphique, rien avoir avec les superbes planches des premiers cycles et surtout les belles couleurs (d’Isabelle Merlet). Tout ceci me fait penser à une autre série où il y a une grosse dégradation graphique (Chroniques de la lune noire). Mais "Le Chant des Stryges" reste pour moi une très bonne bd. Vivement la suite et le dénouement de ce polar brillant.
Putain d'usine
Putain de boulot... Partir tous les jours pour faire un boulot de merde, c'est une sensation que beaucoup d'entre nous connaissent. Ici Efix illustre et adapte le roman de Jean-Pierre Levaray, qui livre son témoignage sur 30 ans de trime à l'usine (Total ?). C'est un électrochoc. Bien sûr, si vous êtes bien informé(e)(s), vous savez que la vie en usine est rude, qu'il y a beaucoup d'accidents, des suicides, des dépressions à la chaîne... Mais il vous manquait un témoignage fort. Le voilà, ce témoignage. On aurait plutôt vu un Etienne Davodeau dans ce genre d'exercice, lui qui est un peu la tête de pont de la BD engagée et sociale. Mais c'est Efix qui se colle au dessin, fidèle de la maison Petit à Petit, mais aussi et surtout auteur entier, libre d'esprit, et ancien ouvrier. Son style très rond n'a pas, de prime abord, d'atomes crochus avec ce type d'histoire. Mais c'est un maître du noir et blanc, et l'on oublie bien vite son style lorsqu'on est pris par une histoire, comme c'est le cas ici. Les ambiances, les expressions, les cadrages, tout est très bon, et l'on passe un très bon moment de lecture, et de réflexion. Iannick en parle bien mieux que moi, mais croyez-moi, c'est une excellente BD.
Jazz Maynard
La claque, une bd d'enfer à se procurer le plus rapidement possible. Fan de Tarantino et d'un univers noir et malsain jetez-vous dessus. Le scénario est très bon et les dialogues sont percutants, le dessin est très bien approprié à ce style de scénario et les couleurs reflètent parfaitement l'atmosphère. Bref, ça sent la bd culte à plein nez et c'est tant mieux. Ma côte 4,5/5.
Le Combat ordinaire
Je ne suis pas une adepte de l'écriture-catharsis, pas plus que du quotidien de gens ordinaires à qui il n'arrive pas grand chose. Et pourtant, j'ai adoré cette bd. Pourquoi ? Parce que Larcenet a trouvé selon moi la recette du parfait "roman graphique". La narration possède une intériorité dénuée d'intellectualisme, de leçons de morale, d'apitoiement et de complaisance. Marco n'est pas un homme fort et, bien que ses ressemblances avec l'auteur soient évidentes, ce dernier ne lui trouve pas d'excuses. Mais il montre que même un homme ordinaire peut, à force d'intelligence, d'empathie et de courage, faire de sa vie une belle histoire. Larcenet sait mettre en exergue ce qu'il y a de grand, d'intéressant et de digne d'intérêt en chaque être humain. Et si le "combat" de son héros est essentiellement contre lui-même, l'intelligence du propos en fait une lutte universelle. Bien que ne me reconnaissant pas dans les personnages, j'ai été extrêmement touchée par ce récit intelligent qui, loin des props gauchisants ou moralistes qu'on a voulu lui prêter, n'a pour but "que" d'exposer une certaine vision de l'existence. Un essai périlleux (de nombreux auteurs s'y essayant ne font qu'étaler leurs névroses, livrant au public une triste psychothérapie ratée) mais transformé avec brio. Je pense que les idées fausses concernant cette bd viennent surtout... de son public. En effet, une histoire plébiscitée par les grands enfants intellos, les bobos dépressifs et les tanguys tripants a de quoi rebuter a priori... C'est même la raison qui m'a conduite a ne découvrir cette série que plusieurs années après sa sortie ! Mais que quelques personnes n'aient retiré de l'oeuvre que ce qu'ils voulaient y trouver ne change en rien ses qualités. Le Combat Ordinaire est "juste" un récit anecdotique, un constat psychologique et une ode à l'humanité dont l'intériorité touche à l'excellence. Et chacun y trouvera les pistes qui conviennent à sa propre personnalité. S'il fallait nécessairement en dégager une morale, ce serait sans doute "nul besoin d'un destin exceptionnel pour faire un homme d'exception".
Pilules bleues
Ca faisait longtemps que je voulais le lire, ce "Pilules bleues". Tout auréolé d'un "buzz" flatteur, il fallait que je le lise. Ce témoignage de l'auteur, qui parle sans retenue, mais avec pudeur (si si, c'est possible) de son rapport avec la séropositivité, au travers de sa relation avec sa compagne, est vraiment une histoire touchante, incroyable de fraîcheur, de tendresse, d'amour, de... rhaaa, c'est pas croyable. J'ai été totalement pris par l'histoire. En plus Fred Peeters utilise un graphisme véritablement expressif, il y a une alchimie incroyable... Je n'arrive pas à trouver les mots pour qualifier cet album, tellement c'est fort. Fort comme la vie. Tout simplement un témoignage poignant. Lisez "Pilules bleues".
Fruits Basket
J'ai d'abord vu l'anime et je suis restée sur ma faim car l'histoire ne se termine pas... J'ai donc décidé de lire le manga et... je n'ai pas décrochée. D'abord un peu inquiète par le système de tomes et ne sachant pas combien il y en aurait (la série n'était pas terminée quand j'ai commencé) la qualité de l'histoire m'a fait accrocher. Du coup je les achetés en attendant impatiemment chaque nouveau tome. D'ailleurs là j'attends le dernier... L'histoire est, je trouve, très intéressante et les personnages vraiment attachant. J'aime beaucoup le concept de la malédiction, il vous donne vraiment envie de savoir comment ça va se terminer.... Et puis mon coté midinette voulais savoir lequel des garçons serai l'heureux élu (au début) ils sont tellement touchants à leur façon. Ce que j'aime aussi c'est la qualité des seconds rôles. Ils ont une personnalité qui leur est propre :) Bon certes la jeune demoiselle est parfois un peu nunuche mais elle est touchante ! Voilà c'est une série que je conseille, elle m'a fait passer de très bons moments.
Journal d'un fantôme
Quand même, De Crécy, quel auteur ! Avec ce nouvel album, il continue à explorer les voies nébuleuses de la création artistique, et celles d'un auteur de BD en particulier. Au gré de 3 récits, reliés entre eux par un long interlude aéroporté, il nous propose ni plus ni moins qu'une analyse passionnante de son art. Assimilant un dessin à un fantôme, il base toute son argumentation là-dessus, et c'est véritablement passionnant. C'est difficile de classer un tel album, car il brasse tellement de thèmes, le voyage, le documentaire, la création, avec donc une part d'autobiographie. C'est tellement touffu que je ne saurais en rendre la richesse. Sachez cependant que si le processus de création artistique vous intéresse, c'est un ouvrage majeur d'un auteur majeur sur le sujet.