Après L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, Gilles Larher et Sébastien Vassant nous proposent encore une fois un récit décalé, attachant et doté de savoureux dialogues ! Ce livre, c’est « La voix des hommes qui se mirent » (où ils vont chercher leurs titres ce duo ?!), une bd qui je j’espère vous fera également passé un bon moment de lecture !
Que nous raconte « La voix des hommes qui se mirent » ? Cette bd est décomposée en une quinzaine de courts récits où des hommes viennent témoigner sur leur rapport avec les femmes.
Mais attention, ils ne viennent pas que pour nous raconter leurs vies sexuelles (d’ailleurs, ils en parlent peu dans cette bd…) ! Non, car la plupart des personnes nous parlent de la gent féminine sous forme anecdotes croustillantes, humoristiques (toutefois, il faut savoir que c’est un comique masculin… car ce sont de vrais discussions entre hommes !), touchantes et surtout incroyablement tendres envers elles !
Quoi ?! Vous, les filles, vous n’êtes pas convaincues que les hommes parlent de leur(s) femme(s) avec respect et tendresse ?! Et bien, allez ouvrir ce bouquin et jetez-y un coup d’œil directement sur la nouvelle sur « Norbert » (aux pages 110-130 si mes souvenirs sont bons) pour vous en faire une idée ! Pour moi, ce court récit est le plus émouvant et le plus beau de cette bd !
Pour le reste, j’ai adoré les dialogues de Gilles Larher ! Comme dans L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, je suis très admiratif sur la capacité de cet auteur à nous proposer des commentaires drôles, émouvants, riches, très travaillés et fins !
Encore une fois, je trouve étonnant que le scénariste Gilles Larher n’ait pas eu une carrière de comique ou de comédien !
Graphiquement, Sébastien Vassant nous présente un style épuré en noir et blanc qui –à mon avis- convient très bien au scénario de Gilles Larher. Les personnages sont expressifs, suffisamment différenciables pour qu’on ne les confond pas. Les décors, les découpages, la mise en pages me sont apparus irréprochables.
J’avais beaucoup apprécié L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, le premier album du duo Gilles Larher et Sébastien Vassant mais cette fois-ci, j’ai carrément adoré leur deuxième bd en commun « La voix des hommes qui se mirent » où j’ai pris énormément de plaisirs de la lire !
Encore une fois, j’y ai aimé les dialogues de Gilles Vassant que je considère (déjà !) comme un des meilleurs spécialistes du genre et le dessin épuré de Sébastien Vassant.
Surtout, je trouve que l’album est suffisamment touchant et respectueux envers les femmes (qui sont le sujet principal de la bd) pour que vous preniez également beaucoup de bonheurs à le feuilleter !
Mon (gros) coup de cœur du mois !
Berserk. Un mot doux, qui évoque un paysage avec beaux horizons, des personnages féériques et acidulés et un univers idyllique.
J'espère que vous vous rendez compte que je plaisante. Rien qu'avec ce titre, le ton est donné.
Dans cette série, nous suivons la quête de Guts, le guerrier noir qui souhaite retrouver Griffith, un ancien partenaire d'arme pour le tuer. Mais entre temps, Griffith devient un dieu maléfique et marque Guts d'une cicatrice dans le cou qui attire tous les démons à lui. Bien entendu tout cela est bien plus complexe, il y a des trahisons, des coups montés, des stratèges dans différents royaumes mais il y a surtout un univers et un héros avec un historique de folie.
Tout d'abord Guts : On suit ces frasques depuis son plus jeune âge, et tout ce qu'il a du endurer pendant se jeunesse (viol, meurtre, bannissement, etc.). Ensuite on le voit évoluer dans son adolescence puis en tant qu'adulte. Bref, un travail de taré pour un personnage violent, torturé et attachant à la fois.
Ensuite, l'univers: plusieurs royaumes avec chacun un gouvernement différent à sa tête (monarchie, autonome, etc.) et bien entendu, à chaque peuple ses caractéristiques (chevalier, guerriers orientaux, etc.). Ça commence à faire beaucoup de etc.
Le dessin quant à lui est sublime. Sombre, glauque et gore, mais les émotions des personnages sont à coupées au couteau. Kentaro Miura montre son talent dans les scènes de combat entre Guts et les démons qui sont tout simplement épiques !
Comme je l'ai dit auparavant le scénario est énorme avec beaucoup de détails et de travail. Le héros devient de plus en plus fort au fil des tomes et c'est tout ce que l'on demande.
Pour les amateurs d'action, de monstres et démons, d'héroïc-fantasy et de fresques épiques, cette série est pour vous !
Bon je vois cette BD, la couverture et le graphisme soigné attire l'oeil, aïe de l'Heroïc Fantasy, pas vraiment ma tasse de thé... Tant pis je feuillète... et je dois avouer que le graphisme m'aspire littéralement dans la BD, je la referme pour éviter une découverte malheureuse d'un point important du scénario et me dirige vers le vendeur (mon revendeur habituel ;) ).
Vif conseil de sa part d'acheter la BD, certes il y a des Dragons mais pas de magie partout et le genre de truc qui ne me plait guère, j'achète les 2 tomes.
Et je ne l'ai pas regretté !!
Quelle BD, je mets 4 parce qu'on ne met pas 5 (que je réserverais aux 2 premiers Albums du cycle de cyan mais je m'égare...). Malgré ma méfiance face à l'Heroic Fantasy j'ai beaucoup aimé le seigneur des anneaux, je parle du film de Peter Jackson et le cinéma est proche de la BD. L'influence de Tolkien transpire de façon évidente, dès la vision de la carte au début du premier tome. Et alors ? Quoi de plus normal que d'avoir des références, surtout quand on sait les dépasser, et là c'est fait avec brio, qu'un regret il va falloir attendre les autres tomes.
Le graphisme ? Magnifique, extraordinairement immersif, c'est ce que j'ai adoré, j'ai été dans les lieux de Servitude, si, si, sans drogue, juste un excellent graphisme.
Le scénario ? Il passe par le monde créé et ses codes, d'une grande richesse, et nécessitant la lecture des légendes du début des 2 tomes déjà parus. Par la suite, le scénario et le déroulement de l'histoire nous entraine un peu plus profondément dans ce monde dans lequel le graphisme nous avait déjà bien immergé sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Les personnages ont des personnalités marquées, on s'y attache très facilement.
On plonge dans un monde imaginaire qui tient la route et pourrait sans difficulté être une légende issue d'une culture humaine bien réelle.
En 1 mot, vive la suite, et dernier point positif, le nombre de tomes est déjà fixe, j'aime ça, le scénariste a créé son histoire, il a son synopsis, un tout. Parfait, pas de rallonges qui finissent par ne plus avoir de sens.
Ah la la cette BD, on peut dire que je lui ai longtemps tourné autour. Attirée par l'histoire, les couleurs et les couvertures, repoussée par le style du dessin lorsque j'ai eu quelques fois l'occasion de la feuilleter en librairie, c'est finalement après qu'on me l'ait chaudement recommandée que j'ai fini par l'acheter, et grand bien m'en a pris !
Commençons par ce qui faillit me faire passer à côté de ce petit chef d'œuvre, le dessin : le trait est anguleux, les morphologies sont hasardeuses et à géométrie variable (mais qui gardent tout de même d'une case à l'autre LE truc qui fait qu'on identifie à coup sûr les personnages, donc pas de souci de ce côté là) c'est très surprenant et parfois dérangeant et je ne peux pas vraiment dire que j'ai fini par m'y habituer. Pendant les presque 200 pages de ma lecture je me suis demandée quelle autre BD de ce dessinateur j'avais déjà lue, persuadée que j'étais de reconnaître ce style vraiment particulier, et en fin de compte il n'en était rien, bizarre, bizarre.
En dehors de ça, le reste est un vrai régal pour les yeux : paysages, couleurs, lumière, angles de vues, cadrages, mêmes certains visages que j'ai trouvés parfois mieux réussis et des expressions, toujours simples, mais admirablement bien rendues. J'ai été complètement happée par l'ambiance chaleureuse et écrasée de soleil de l'Italie du premier tome et par l'immense et insondable forêt du Costa Rica du tome 2.
Côté scénario, je suis vraiment ravie de ma lecture, le premier tome nous laisse croire à une simple tranche de vie de pécheurs dans un petit village perdu mais distille çà et là quelques touches de rêve et de magie et autres bizarreries qui nous laissent présager une issue d'un genre bien différend. J'avais tellement peur d'être déçue par la fin que j'ai traîné pour entamer le tome 2, histoire de conserver quelques temps mes bonnes impressions et d'échafauder quelques théories de mon côté. Et puis la tentation a été plus forte et j'ai attaqué ce deuxième tome qui nous emmène donc au Costa Rica 20 ans après : un peu déçue dans un premier temps de ne plus avoir sous les yeux ces quatre enfants que j'avais connus en Italie, mais des adultes de presque 30 ans, j'ai bien vite replongé avec délice dans l'aventure. Difficile d'en dire plus sans spoiler, en tous les cas les promesses sont tenues et les pistes du tome 1 confirmées. Le fin mot de l'histoire ne sera pas forcément du goût de tout le monde mais moi j'ai vraiment accroché. La fin n'est finalement qu'un (éternel) recommencement. Triste et poétique à la fois.
Un très très bon moment de lecture, vraiment.
Petite découverte avec ce one shot.
Il nous présente Dora, Israélienne d'origine espagnole, qui à la veille de la Guerre des Six Jours (juin 1967), décide d'aller faire un tour en Palestine pour en savoir plus sur la déportation de son père. Parallèlement elle enquête sur Aloïs Brunner, criminel de guerre nazi, qui se serait réfugié en Egypte.
Une intrigue qui eût pu être fort intéressante, mais qui finalement mène à une impasse, l'héroïne déambulant dans l'Israël de 1967 à sa guise, traînant sa nonchalance aussi bien chez les Juifs que chez les Arabes.
L'intérêt réside donc dans le dessin de l'Argentin Minaverry, dont c'est la première bande dessinée. Son style se situe dans une ligne claire élégante, aérée, très lisible. Il y a aussi un petit intérêt documentaire, avec ce souci de montrer un peu la vie quotidienne à cette époque.
Deux petits points à relever : Aleph et Alif sont la première lettre de deux alphabets, respectivement hébreu et arabe. C'est proche, non ?
L'autre point c'est le prix un peu élevé de l'album. Certes nous sommes dans la collection "Atmosphères", le haut de gamme de chez EP avec une maquette impeccable, mais 17,90€ c'est quand même un peu trop, même pour près de 100 pages.
2 tomes lus.
Oh que voici une agréable surprise !
Alors que je viens de lire Croisade qui se déroule entre les années 1100 et 1300 et qui m'a déçu, je vois cet album avec le mot ''Cathare''. Me doutant que la période serait la même et attiré par une couverture que je trouve vraiment réussie, j'ouvrais donc l'album.
Premier constat, le dessin est vraiment réussi, un vrai plaisir pour mes yeux. Le trait parfois un peu froid et distant est largement compensé par un trait précis, presque crayonné, aux postures et surtout aux cadrages recherchés, des perspectives alléchantes agréables et réussi. Et pourtant de prime abord ça ne paie pas de mine, car figé diront certains. Je ne suis pas d'accord.
Et les couleurs, plutôt pastel, sont elles aussi très réussies avec des bons rendus, des couleurs contrastées et l'utilité de sépia façon vieillot pour les flash-backs parfait au point que cela passerait presque inaperçu de naturel !
Les décors et les ambiances sont surement l'un des atouts majeurs de cette BD avec une belle précision et pas mal de détails. Les couleurs de Claudia Chec y sont forcément pour quelques choses. Sans éclats, sans brillant ni paillette, ses couleurs douces s'ajustent parfaitement aux ambiances et subliment le trait d'Alessandro Calore.
Donc, excellente première nouvelle le dessin dans toutes ses coutures me plait (d'accord, une ou deux expressions de visages notamment la femme affolée du début me gène un peu, mais il faut bien une faille ou deux…).
Ensuite, le scénario est bien ficelé, sans difficulté, malgré quelques allers-retours spatio-temporels déconcertant la première fois. En même temps, lorsque l'on comprend que cela représente aussi l'état d'esprit du héro, tout colle et on comprend mieux alors ce qu'il doit ressentir !
On assiste en fait à l'inquisition de l'église contre les derniers Cathares, quand sans grand discernement, les prêtres brûlaient tous ceux qui de près ou de loin ressemblaient ou avait côtoyé un Cathare…
Guilhem est un Cathare, mais son passé ne le dit plus. Amnésique, il est doué du don puissant de guérison. Dans cet album, nous verrons progressivement son passé le rattraper et les enjeux se nouer. C'est limpide, c'est intriguant, c'est palpitant. Les personnages sont bien pensés et charismatiques.
Par contre, un bout du deuxième tome n'apporte pas grand-chose si ce n'est un éclairage et une mise en avant du carré amoureux formé par Guilhem, son frère, Nita et son ex mari Le défunt conte D'Olac.
Si forcément ce dernier n'est que peu présent, le jeu des trois autres finit par être lassant et traine en longueur. Arnaut notamment est terriblement ennuyeux avec ses phrases à rallonge et ses pensées torturées. Le combat pour l'amour de Nita que l'on sait perdu d'avance aurait surement pu être traité plus rapidement. La tragédie romantique et tragique tourne mal et pour garder les termes du théâtre, la catharsis est raté, à aucun moment nos sentiments ne sont bousculés et nous ne parvenons pas réellement à nous sentir impliqué. Tout reste trop distant.
Sinon, après m'être apitoyé sur ce bout de scénario qui casse un peu cet album, j'admets que le reste est toujours aussi plaisant. Le ton et le rythme calmes et posés de l'histoire me plaisent.
Les personnages ont de vrais caractères énervants parfois, mais au moins ne laissent-ils pas indifférents. Le scénario se déroule sans faille.
De plus, il s'agit selon ce que j'ai pu lire, d'une trilogie. Au moins, nous savons où nous allons et cela me pousse d'autant plus à suivre cette série.
Je ne note pas cet album sur ses capacités à m'instruire, mais bien à m'emmener ailleurs, dans un autre monde fait de rêves. Je note sa capacité à m'avoir emporté et la facilité avec laquelle je parviens à plonger dans son univers.
Mon jugement est complètement subjectif.
Je comprendrais parfaitement que d'autres, désirant ou s'attendant à une BD historique digne de foi soient déçus voir dépités.
Inès est à mes yeux un modèle de sensibilité. Les attitudes de Inès et de sa mère sont décrites de façons remarquables. J'ai été particulièrement touché par les scènes mère/fille et les nombreux non-dits.
Beaucoup d'émotions, qui toucheront particulièrement ceux qui ont été confrontés à la brutalité maritale ou parentale, de près ou de loin. Si en plus, ces mêmes personnes ont (ou ont eu) une petite fille, l'histoire risque de carrément prendre aux tripes.
Et puis, putains de voisins, putains d'inconnus...
Inès, c'est une histoire sans doute relativement banale, à laquelle on n'accorderait que peu d'importance dans la rubrique des faits divers du journal. Il n'empêche que c'est réellement poignant quand on ne se retrouve au cœur (et que c'est bien raconté).
Voici une bande dessinée comme on en croise sûrement rarement.
Allez savoir pourquoi ces deux tomes ont eu autant d'effet sur moi. Spontanément, je serai tenté de réaliser une critique avec le cœur plus qu'avec la tête et le résultat serait dépourvu de logique.
Alors, essayons tout de même d'organiser nos idées.
Premièrement, le dessin.
Allez savoir pourquoi je trouve le trait de l'auteur rempli d'émotion et de simplicité. Malgré l'âge de la BD, malgré la présentation finalement vieillotte, malgré un style pas forcément ultra détaillé, il y a quelque chose qui se dégage de ce dessin. Il y a une vraie atmosphère restituée. On comprend sans mal l'émotion du héros face à ces montagnes sans qu'il soit besoin de l'écrire. Un support visuel qui joue son rôle à fond.
Il y a de jolis cadrages, de jolies mises en pages, aucune faute de perspective ni de proportions, c'est propre, c'est net, c'est beau.
Certes, l'album porte le poids des ans. Le papier n'est pas brillant, les couleurs ne sont pas flashy. Non, mais cela contribue sûrement à rendre cette BD plus crédible, plus humaine, plus proche de nous. Tel un vieux parchemin porteur de vérités.
L'histoire pour sa part est plutôt lente et ne comptez pas sur l'action afin de vous tenir éveillés. Non, tout est dans le titre. A la recherche de Peter Pan. Pour moi instantanément, cela évoque l'enfance, mais surtout le rêve, l'innocence et la course aux chimères. Il fallait oser utiliser ce héros féérique. J'attendais Cosey au tournant mais je n'ai pas été déçu.
Dès le début, Cosey réussit à instaurer une ambiance incroyable. Sur un rythme plutôt lent, il nous emporte avec lui, rêver sur les cimes enneigées des alpes Suisses. L'ambiance feutrée des chalets au coin de l'âtre est parfaitement rendue.
Les personnages sonnent tous vrais, sortant tout droit du terroir. Chacun vit dans une sorte de méditation mélancolique bienheureuse.
Avec des caractères propres, on retrouve dans ces deux tomes toute la richesse, la sensibilité et la sagesse que peut offrir la vie.
La manière de conter de Cosey est vraiment magique et nous avons l'impression dans un sens d'être emportés au pays imaginaire de Peter Pan. La bulle dans laquelle se retrouve le héros nous donne l'impression que le temps suspens son vol le temps d'un scénario en deux volets.
Il y a une partie de mystère, un semblant d'onirisme, une pointe de merveilleux alors que tout cela est bien réel et que les évènements tournent au tragique.
L'auteur nous emporte dans une histoire basée sur le rêve et l'espoir. Le héros, un écrivain à succès cherche son inspiration pour son troisième ouvrage, mais cela tarde à venir. Ces montagnes sauront elles l'aider ?
Je ne suis pas doué dans de tels cas pour exprimer ma pensée.
Tout ce que je peux dire c'est que j'ai volé avec Peter Pan tout au long de l'album. Superbe.
Un véritable dépaysement et une BD qui malgré son âge respectable (dépôt légal en 84 tout de même) n'a rien perdue de sa superbe.
C'est cela le signe d'une grande BD. Elle est capable de traverser les époques sans s'appuyer sur un phénomène de mode, et elle est capable de provoquer des émotions à chaque lecteur.
A lire tout simplement…
Un scénario, c’est comme un p’tit lot, faut l’tenir fermement pour pas qu’il s’égare, mais faut savoir aussi être cool, faut que ça glisse tout seul. Faut une structure, quoi ! Un truc qui guide le pèlerin, sans le prendre pour un con. Et ça, je sais le faire ! Moi, les histoires de mafia, c’est ma branche. Les gros bras un peu lourds, les plans foireux, les embrouilles, je te les maitrise. Et puis un gros bras, c’est facile à manipuler, c’est docile. Ca agit d’abord, et ça pense à réparer après, alors forcément ça donne de la matière. Et puis pour une bonne histoire, faut un final qui pulse ! Un bon p’tit carnage ! Alors les histoires de gangsters, forcément, tu m’comprends …
C’est vrai que j’débute, mais j’suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds. Mon boulot, j’le connais. Alors, quand l’autre vieux m’a filé son scénar’, là j’me suis dit c’est du cinoche. Et j’ai multiplié les angles de vues, je t’ai fait des cadrages façon perso, des gros plans, des plongées, des contre-plongées (bon là, c’est vrai, j’me suis parfois planté). Au début j’étais encore un peu raide, mais bon j’débute. Et puis j’me suis vite lâché et les tronches du casting, j’ai fini par te les gratiner grave. Y a qu’à voir le Maurice, ce gros baveux bigleux avec cette p’tite touffe sur le crâne qui m’rappelle furieusement j’sais plus quelle copine. Mais bon, c’est pas l’sujet …
Ouais ! Mon boulot j’le connais, et avec moi y a pas d’embrouille : c’est propre, c’est net et c’est carré. Point barre.
Ils m’ont dit comme ça : tu t’occupes des couleurs. Alors j’me suis occupée des couleurs. A ma manière : claire et sans bavure. C’est sûr qu’avec moi, faut pas espérer du Michel-Ange. Ma spécialité, c’est la droite, pas la courbe. Je sais où est ma place et je respecte les limites. J’me lâche bien un peu, parfois, sur un jeu d’ombre ou sur un dégradé du ciel, mais j’reste discrète. Je suis une pro, je sais où est ma place !
Et moi, pauvre petit lecteur, je me suis fait massacrer par cette bande de pro. Je n’avais aucune chance. Ils étaient trop forts pour moi. Trop bon, cet « Ocean City » !
Je m’en suis pris plein les yeux.
Culte.
(Je prie messieurs Chauvel et Komorowski ainsi que madame Barroux d’accepter mes plates excuses pour cette parodie d’interview, hommage à leur incontestable talent. Pardon et merci pour ce merveilleux « Ocean City »).
J'ai d'abord été attirée par la couverture et quelle excellente surprise, c'est une nouvelle production de Nancy Peña ! Mais juste scénarisée par elle, le dessin est réalisé par Gabriel Schemoul, et on peut dire que je suis restée scotchée devant ses planches. Le même style graphique que De Crécy, le même coup de crayon, les mêmes tons de couleurs chaleureuses, je vais le suivre à la trace ce dessinateur. Je ferai un seul reproche, qui est celui que je faisais déjà à Nancy, toutes les cases n'ont pas la même finition, certaines ne sont que des esquisses et je les ai trouvées un peu fatigantes à déchiffrer. Je ne vois pas bien le but d'une telle démarche, alors que l'un comme l'autre ont beaucoup de talent niveau dessin. Encore une fois, j'espère que leurs prochaines productions ne suivront pas ce schéma.
Côté scénario on retrouve tout de suite la tendresse qui marque les œuvres de Nancy. Une certaine simplicité mêlée de féminité et de sincérité empreignent les dialogues. Des matelots partent sur la banquise ravitailler une ville prisonnière des glaces, l'un d'eux doit se marier à son retour, mais d'étranges événements vont se produire, tant sur le bateau que sur la jolie robe de mariée de Taïssia.
Entre superstition et fantastique sur fond de réalité, une histoire qui nous porte jusqu'à sa fin, accompagnés par des personnages très attachants.
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La Voix des hommes qui se mirent
Après L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, Gilles Larher et Sébastien Vassant nous proposent encore une fois un récit décalé, attachant et doté de savoureux dialogues ! Ce livre, c’est « La voix des hommes qui se mirent » (où ils vont chercher leurs titres ce duo ?!), une bd qui je j’espère vous fera également passé un bon moment de lecture ! Que nous raconte « La voix des hommes qui se mirent » ? Cette bd est décomposée en une quinzaine de courts récits où des hommes viennent témoigner sur leur rapport avec les femmes. Mais attention, ils ne viennent pas que pour nous raconter leurs vies sexuelles (d’ailleurs, ils en parlent peu dans cette bd…) ! Non, car la plupart des personnes nous parlent de la gent féminine sous forme anecdotes croustillantes, humoristiques (toutefois, il faut savoir que c’est un comique masculin… car ce sont de vrais discussions entre hommes !), touchantes et surtout incroyablement tendres envers elles ! Quoi ?! Vous, les filles, vous n’êtes pas convaincues que les hommes parlent de leur(s) femme(s) avec respect et tendresse ?! Et bien, allez ouvrir ce bouquin et jetez-y un coup d’œil directement sur la nouvelle sur « Norbert » (aux pages 110-130 si mes souvenirs sont bons) pour vous en faire une idée ! Pour moi, ce court récit est le plus émouvant et le plus beau de cette bd ! Pour le reste, j’ai adoré les dialogues de Gilles Larher ! Comme dans L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, je suis très admiratif sur la capacité de cet auteur à nous proposer des commentaires drôles, émouvants, riches, très travaillés et fins ! Encore une fois, je trouve étonnant que le scénariste Gilles Larher n’ait pas eu une carrière de comique ou de comédien ! Graphiquement, Sébastien Vassant nous présente un style épuré en noir et blanc qui –à mon avis- convient très bien au scénario de Gilles Larher. Les personnages sont expressifs, suffisamment différenciables pour qu’on ne les confond pas. Les décors, les découpages, la mise en pages me sont apparus irréprochables. J’avais beaucoup apprécié L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, le premier album du duo Gilles Larher et Sébastien Vassant mais cette fois-ci, j’ai carrément adoré leur deuxième bd en commun « La voix des hommes qui se mirent » où j’ai pris énormément de plaisirs de la lire ! Encore une fois, j’y ai aimé les dialogues de Gilles Vassant que je considère (déjà !) comme un des meilleurs spécialistes du genre et le dessin épuré de Sébastien Vassant. Surtout, je trouve que l’album est suffisamment touchant et respectueux envers les femmes (qui sont le sujet principal de la bd) pour que vous preniez également beaucoup de bonheurs à le feuilleter ! Mon (gros) coup de cœur du mois !
Berserk
Berserk. Un mot doux, qui évoque un paysage avec beaux horizons, des personnages féériques et acidulés et un univers idyllique. J'espère que vous vous rendez compte que je plaisante. Rien qu'avec ce titre, le ton est donné. Dans cette série, nous suivons la quête de Guts, le guerrier noir qui souhaite retrouver Griffith, un ancien partenaire d'arme pour le tuer. Mais entre temps, Griffith devient un dieu maléfique et marque Guts d'une cicatrice dans le cou qui attire tous les démons à lui. Bien entendu tout cela est bien plus complexe, il y a des trahisons, des coups montés, des stratèges dans différents royaumes mais il y a surtout un univers et un héros avec un historique de folie. Tout d'abord Guts : On suit ces frasques depuis son plus jeune âge, et tout ce qu'il a du endurer pendant se jeunesse (viol, meurtre, bannissement, etc.). Ensuite on le voit évoluer dans son adolescence puis en tant qu'adulte. Bref, un travail de taré pour un personnage violent, torturé et attachant à la fois. Ensuite, l'univers: plusieurs royaumes avec chacun un gouvernement différent à sa tête (monarchie, autonome, etc.) et bien entendu, à chaque peuple ses caractéristiques (chevalier, guerriers orientaux, etc.). Ça commence à faire beaucoup de etc. Le dessin quant à lui est sublime. Sombre, glauque et gore, mais les émotions des personnages sont à coupées au couteau. Kentaro Miura montre son talent dans les scènes de combat entre Guts et les démons qui sont tout simplement épiques ! Comme je l'ai dit auparavant le scénario est énorme avec beaucoup de détails et de travail. Le héros devient de plus en plus fort au fil des tomes et c'est tout ce que l'on demande. Pour les amateurs d'action, de monstres et démons, d'héroïc-fantasy et de fresques épiques, cette série est pour vous !
Servitude
Bon je vois cette BD, la couverture et le graphisme soigné attire l'oeil, aïe de l'Heroïc Fantasy, pas vraiment ma tasse de thé... Tant pis je feuillète... et je dois avouer que le graphisme m'aspire littéralement dans la BD, je la referme pour éviter une découverte malheureuse d'un point important du scénario et me dirige vers le vendeur (mon revendeur habituel ;) ). Vif conseil de sa part d'acheter la BD, certes il y a des Dragons mais pas de magie partout et le genre de truc qui ne me plait guère, j'achète les 2 tomes. Et je ne l'ai pas regretté !! Quelle BD, je mets 4 parce qu'on ne met pas 5 (que je réserverais aux 2 premiers Albums du cycle de cyan mais je m'égare...). Malgré ma méfiance face à l'Heroic Fantasy j'ai beaucoup aimé le seigneur des anneaux, je parle du film de Peter Jackson et le cinéma est proche de la BD. L'influence de Tolkien transpire de façon évidente, dès la vision de la carte au début du premier tome. Et alors ? Quoi de plus normal que d'avoir des références, surtout quand on sait les dépasser, et là c'est fait avec brio, qu'un regret il va falloir attendre les autres tomes. Le graphisme ? Magnifique, extraordinairement immersif, c'est ce que j'ai adoré, j'ai été dans les lieux de Servitude, si, si, sans drogue, juste un excellent graphisme. Le scénario ? Il passe par le monde créé et ses codes, d'une grande richesse, et nécessitant la lecture des légendes du début des 2 tomes déjà parus. Par la suite, le scénario et le déroulement de l'histoire nous entraine un peu plus profondément dans ce monde dans lequel le graphisme nous avait déjà bien immergé sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Les personnages ont des personnalités marquées, on s'y attache très facilement. On plonge dans un monde imaginaire qui tient la route et pourrait sans difficulté être une légende issue d'une culture humaine bien réelle. En 1 mot, vive la suite, et dernier point positif, le nombre de tomes est déjà fixe, j'aime ça, le scénariste a créé son histoire, il a son synopsis, un tout. Parfait, pas de rallonges qui finissent par ne plus avoir de sens.
Où le regard ne porte pas...
Ah la la cette BD, on peut dire que je lui ai longtemps tourné autour. Attirée par l'histoire, les couleurs et les couvertures, repoussée par le style du dessin lorsque j'ai eu quelques fois l'occasion de la feuilleter en librairie, c'est finalement après qu'on me l'ait chaudement recommandée que j'ai fini par l'acheter, et grand bien m'en a pris ! Commençons par ce qui faillit me faire passer à côté de ce petit chef d'œuvre, le dessin : le trait est anguleux, les morphologies sont hasardeuses et à géométrie variable (mais qui gardent tout de même d'une case à l'autre LE truc qui fait qu'on identifie à coup sûr les personnages, donc pas de souci de ce côté là) c'est très surprenant et parfois dérangeant et je ne peux pas vraiment dire que j'ai fini par m'y habituer. Pendant les presque 200 pages de ma lecture je me suis demandée quelle autre BD de ce dessinateur j'avais déjà lue, persuadée que j'étais de reconnaître ce style vraiment particulier, et en fin de compte il n'en était rien, bizarre, bizarre. En dehors de ça, le reste est un vrai régal pour les yeux : paysages, couleurs, lumière, angles de vues, cadrages, mêmes certains visages que j'ai trouvés parfois mieux réussis et des expressions, toujours simples, mais admirablement bien rendues. J'ai été complètement happée par l'ambiance chaleureuse et écrasée de soleil de l'Italie du premier tome et par l'immense et insondable forêt du Costa Rica du tome 2. Côté scénario, je suis vraiment ravie de ma lecture, le premier tome nous laisse croire à une simple tranche de vie de pécheurs dans un petit village perdu mais distille çà et là quelques touches de rêve et de magie et autres bizarreries qui nous laissent présager une issue d'un genre bien différend. J'avais tellement peur d'être déçue par la fin que j'ai traîné pour entamer le tome 2, histoire de conserver quelques temps mes bonnes impressions et d'échafauder quelques théories de mon côté. Et puis la tentation a été plus forte et j'ai attaqué ce deuxième tome qui nous emmène donc au Costa Rica 20 ans après : un peu déçue dans un premier temps de ne plus avoir sous les yeux ces quatre enfants que j'avais connus en Italie, mais des adultes de presque 30 ans, j'ai bien vite replongé avec délice dans l'aventure. Difficile d'en dire plus sans spoiler, en tous les cas les promesses sont tenues et les pistes du tome 1 confirmées. Le fin mot de l'histoire ne sera pas forcément du goût de tout le monde mais moi j'ai vraiment accroché. La fin n'est finalement qu'un (éternel) recommencement. Triste et poétique à la fois. Un très très bon moment de lecture, vraiment.
Aleph-Alif
Petite découverte avec ce one shot. Il nous présente Dora, Israélienne d'origine espagnole, qui à la veille de la Guerre des Six Jours (juin 1967), décide d'aller faire un tour en Palestine pour en savoir plus sur la déportation de son père. Parallèlement elle enquête sur Aloïs Brunner, criminel de guerre nazi, qui se serait réfugié en Egypte. Une intrigue qui eût pu être fort intéressante, mais qui finalement mène à une impasse, l'héroïne déambulant dans l'Israël de 1967 à sa guise, traînant sa nonchalance aussi bien chez les Juifs que chez les Arabes. L'intérêt réside donc dans le dessin de l'Argentin Minaverry, dont c'est la première bande dessinée. Son style se situe dans une ligne claire élégante, aérée, très lisible. Il y a aussi un petit intérêt documentaire, avec ce souci de montrer un peu la vie quotidienne à cette époque. Deux petits points à relever : Aleph et Alif sont la première lettre de deux alphabets, respectivement hébreu et arabe. C'est proche, non ? L'autre point c'est le prix un peu élevé de l'album. Certes nous sommes dans la collection "Atmosphères", le haut de gamme de chez EP avec une maquette impeccable, mais 17,90€ c'est quand même un peu trop, même pour près de 100 pages.
Je suis Cathare
2 tomes lus. Oh que voici une agréable surprise ! Alors que je viens de lire Croisade qui se déroule entre les années 1100 et 1300 et qui m'a déçu, je vois cet album avec le mot ''Cathare''. Me doutant que la période serait la même et attiré par une couverture que je trouve vraiment réussie, j'ouvrais donc l'album. Premier constat, le dessin est vraiment réussi, un vrai plaisir pour mes yeux. Le trait parfois un peu froid et distant est largement compensé par un trait précis, presque crayonné, aux postures et surtout aux cadrages recherchés, des perspectives alléchantes agréables et réussi. Et pourtant de prime abord ça ne paie pas de mine, car figé diront certains. Je ne suis pas d'accord. Et les couleurs, plutôt pastel, sont elles aussi très réussies avec des bons rendus, des couleurs contrastées et l'utilité de sépia façon vieillot pour les flash-backs parfait au point que cela passerait presque inaperçu de naturel ! Les décors et les ambiances sont surement l'un des atouts majeurs de cette BD avec une belle précision et pas mal de détails. Les couleurs de Claudia Chec y sont forcément pour quelques choses. Sans éclats, sans brillant ni paillette, ses couleurs douces s'ajustent parfaitement aux ambiances et subliment le trait d'Alessandro Calore. Donc, excellente première nouvelle le dessin dans toutes ses coutures me plait (d'accord, une ou deux expressions de visages notamment la femme affolée du début me gène un peu, mais il faut bien une faille ou deux…). Ensuite, le scénario est bien ficelé, sans difficulté, malgré quelques allers-retours spatio-temporels déconcertant la première fois. En même temps, lorsque l'on comprend que cela représente aussi l'état d'esprit du héro, tout colle et on comprend mieux alors ce qu'il doit ressentir ! On assiste en fait à l'inquisition de l'église contre les derniers Cathares, quand sans grand discernement, les prêtres brûlaient tous ceux qui de près ou de loin ressemblaient ou avait côtoyé un Cathare… Guilhem est un Cathare, mais son passé ne le dit plus. Amnésique, il est doué du don puissant de guérison. Dans cet album, nous verrons progressivement son passé le rattraper et les enjeux se nouer. C'est limpide, c'est intriguant, c'est palpitant. Les personnages sont bien pensés et charismatiques. Par contre, un bout du deuxième tome n'apporte pas grand-chose si ce n'est un éclairage et une mise en avant du carré amoureux formé par Guilhem, son frère, Nita et son ex mari Le défunt conte D'Olac. Si forcément ce dernier n'est que peu présent, le jeu des trois autres finit par être lassant et traine en longueur. Arnaut notamment est terriblement ennuyeux avec ses phrases à rallonge et ses pensées torturées. Le combat pour l'amour de Nita que l'on sait perdu d'avance aurait surement pu être traité plus rapidement. La tragédie romantique et tragique tourne mal et pour garder les termes du théâtre, la catharsis est raté, à aucun moment nos sentiments ne sont bousculés et nous ne parvenons pas réellement à nous sentir impliqué. Tout reste trop distant. Sinon, après m'être apitoyé sur ce bout de scénario qui casse un peu cet album, j'admets que le reste est toujours aussi plaisant. Le ton et le rythme calmes et posés de l'histoire me plaisent. Les personnages ont de vrais caractères énervants parfois, mais au moins ne laissent-ils pas indifférents. Le scénario se déroule sans faille. De plus, il s'agit selon ce que j'ai pu lire, d'une trilogie. Au moins, nous savons où nous allons et cela me pousse d'autant plus à suivre cette série. Je ne note pas cet album sur ses capacités à m'instruire, mais bien à m'emmener ailleurs, dans un autre monde fait de rêves. Je note sa capacité à m'avoir emporté et la facilité avec laquelle je parviens à plonger dans son univers. Mon jugement est complètement subjectif. Je comprendrais parfaitement que d'autres, désirant ou s'attendant à une BD historique digne de foi soient déçus voir dépités.
Inès
Inès est à mes yeux un modèle de sensibilité. Les attitudes de Inès et de sa mère sont décrites de façons remarquables. J'ai été particulièrement touché par les scènes mère/fille et les nombreux non-dits. Beaucoup d'émotions, qui toucheront particulièrement ceux qui ont été confrontés à la brutalité maritale ou parentale, de près ou de loin. Si en plus, ces mêmes personnes ont (ou ont eu) une petite fille, l'histoire risque de carrément prendre aux tripes. Et puis, putains de voisins, putains d'inconnus... Inès, c'est une histoire sans doute relativement banale, à laquelle on n'accorderait que peu d'importance dans la rubrique des faits divers du journal. Il n'empêche que c'est réellement poignant quand on ne se retrouve au cœur (et que c'est bien raconté).
A la recherche de Peter Pan
Voici une bande dessinée comme on en croise sûrement rarement. Allez savoir pourquoi ces deux tomes ont eu autant d'effet sur moi. Spontanément, je serai tenté de réaliser une critique avec le cœur plus qu'avec la tête et le résultat serait dépourvu de logique. Alors, essayons tout de même d'organiser nos idées. Premièrement, le dessin. Allez savoir pourquoi je trouve le trait de l'auteur rempli d'émotion et de simplicité. Malgré l'âge de la BD, malgré la présentation finalement vieillotte, malgré un style pas forcément ultra détaillé, il y a quelque chose qui se dégage de ce dessin. Il y a une vraie atmosphère restituée. On comprend sans mal l'émotion du héros face à ces montagnes sans qu'il soit besoin de l'écrire. Un support visuel qui joue son rôle à fond. Il y a de jolis cadrages, de jolies mises en pages, aucune faute de perspective ni de proportions, c'est propre, c'est net, c'est beau. Certes, l'album porte le poids des ans. Le papier n'est pas brillant, les couleurs ne sont pas flashy. Non, mais cela contribue sûrement à rendre cette BD plus crédible, plus humaine, plus proche de nous. Tel un vieux parchemin porteur de vérités. L'histoire pour sa part est plutôt lente et ne comptez pas sur l'action afin de vous tenir éveillés. Non, tout est dans le titre. A la recherche de Peter Pan. Pour moi instantanément, cela évoque l'enfance, mais surtout le rêve, l'innocence et la course aux chimères. Il fallait oser utiliser ce héros féérique. J'attendais Cosey au tournant mais je n'ai pas été déçu. Dès le début, Cosey réussit à instaurer une ambiance incroyable. Sur un rythme plutôt lent, il nous emporte avec lui, rêver sur les cimes enneigées des alpes Suisses. L'ambiance feutrée des chalets au coin de l'âtre est parfaitement rendue. Les personnages sonnent tous vrais, sortant tout droit du terroir. Chacun vit dans une sorte de méditation mélancolique bienheureuse. Avec des caractères propres, on retrouve dans ces deux tomes toute la richesse, la sensibilité et la sagesse que peut offrir la vie. La manière de conter de Cosey est vraiment magique et nous avons l'impression dans un sens d'être emportés au pays imaginaire de Peter Pan. La bulle dans laquelle se retrouve le héros nous donne l'impression que le temps suspens son vol le temps d'un scénario en deux volets. Il y a une partie de mystère, un semblant d'onirisme, une pointe de merveilleux alors que tout cela est bien réel et que les évènements tournent au tragique. L'auteur nous emporte dans une histoire basée sur le rêve et l'espoir. Le héros, un écrivain à succès cherche son inspiration pour son troisième ouvrage, mais cela tarde à venir. Ces montagnes sauront elles l'aider ? Je ne suis pas doué dans de tels cas pour exprimer ma pensée. Tout ce que je peux dire c'est que j'ai volé avec Peter Pan tout au long de l'album. Superbe. Un véritable dépaysement et une BD qui malgré son âge respectable (dépôt légal en 84 tout de même) n'a rien perdue de sa superbe. C'est cela le signe d'une grande BD. Elle est capable de traverser les époques sans s'appuyer sur un phénomène de mode, et elle est capable de provoquer des émotions à chaque lecteur. A lire tout simplement…
Ocean City
Un scénario, c’est comme un p’tit lot, faut l’tenir fermement pour pas qu’il s’égare, mais faut savoir aussi être cool, faut que ça glisse tout seul. Faut une structure, quoi ! Un truc qui guide le pèlerin, sans le prendre pour un con. Et ça, je sais le faire ! Moi, les histoires de mafia, c’est ma branche. Les gros bras un peu lourds, les plans foireux, les embrouilles, je te les maitrise. Et puis un gros bras, c’est facile à manipuler, c’est docile. Ca agit d’abord, et ça pense à réparer après, alors forcément ça donne de la matière. Et puis pour une bonne histoire, faut un final qui pulse ! Un bon p’tit carnage ! Alors les histoires de gangsters, forcément, tu m’comprends … C’est vrai que j’débute, mais j’suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds. Mon boulot, j’le connais. Alors, quand l’autre vieux m’a filé son scénar’, là j’me suis dit c’est du cinoche. Et j’ai multiplié les angles de vues, je t’ai fait des cadrages façon perso, des gros plans, des plongées, des contre-plongées (bon là, c’est vrai, j’me suis parfois planté). Au début j’étais encore un peu raide, mais bon j’débute. Et puis j’me suis vite lâché et les tronches du casting, j’ai fini par te les gratiner grave. Y a qu’à voir le Maurice, ce gros baveux bigleux avec cette p’tite touffe sur le crâne qui m’rappelle furieusement j’sais plus quelle copine. Mais bon, c’est pas l’sujet … Ouais ! Mon boulot j’le connais, et avec moi y a pas d’embrouille : c’est propre, c’est net et c’est carré. Point barre. Ils m’ont dit comme ça : tu t’occupes des couleurs. Alors j’me suis occupée des couleurs. A ma manière : claire et sans bavure. C’est sûr qu’avec moi, faut pas espérer du Michel-Ange. Ma spécialité, c’est la droite, pas la courbe. Je sais où est ma place et je respecte les limites. J’me lâche bien un peu, parfois, sur un jeu d’ombre ou sur un dégradé du ciel, mais j’reste discrète. Je suis une pro, je sais où est ma place ! Et moi, pauvre petit lecteur, je me suis fait massacrer par cette bande de pro. Je n’avais aucune chance. Ils étaient trop forts pour moi. Trop bon, cet « Ocean City » ! Je m’en suis pris plein les yeux. Culte. (Je prie messieurs Chauvel et Komorowski ainsi que madame Barroux d’accepter mes plates excuses pour cette parodie d’interview, hommage à leur incontestable talent. Pardon et merci pour ce merveilleux « Ocean City »).
Mamohtobo
J'ai d'abord été attirée par la couverture et quelle excellente surprise, c'est une nouvelle production de Nancy Peña ! Mais juste scénarisée par elle, le dessin est réalisé par Gabriel Schemoul, et on peut dire que je suis restée scotchée devant ses planches. Le même style graphique que De Crécy, le même coup de crayon, les mêmes tons de couleurs chaleureuses, je vais le suivre à la trace ce dessinateur. Je ferai un seul reproche, qui est celui que je faisais déjà à Nancy, toutes les cases n'ont pas la même finition, certaines ne sont que des esquisses et je les ai trouvées un peu fatigantes à déchiffrer. Je ne vois pas bien le but d'une telle démarche, alors que l'un comme l'autre ont beaucoup de talent niveau dessin. Encore une fois, j'espère que leurs prochaines productions ne suivront pas ce schéma. Côté scénario on retrouve tout de suite la tendresse qui marque les œuvres de Nancy. Une certaine simplicité mêlée de féminité et de sincérité empreignent les dialogues. Des matelots partent sur la banquise ravitailler une ville prisonnière des glaces, l'un d'eux doit se marier à son retour, mais d'étranges événements vont se produire, tant sur le bateau que sur la jolie robe de mariée de Taïssia. Entre superstition et fantastique sur fond de réalité, une histoire qui nous porte jusqu'à sa fin, accompagnés par des personnages très attachants.