J'avais trouvé cette production de Marcelé sur un autre site qui le classait en bd érotique, et comme j'estime que la bd érotique ne présente pas beaucoup d'intérêt, je ne l'avais pas acheté jusqu'à ce que je retombe dessus, je me suis finalement laissée tenter. Mais ce n'est point une bd érotique ! Il y a bien quelques femmes dénudées, mais qui ne prennent pas de poses lascives ni provocatrices, c'est juste un très joli conte, un peu court mais qui m'a totalement charmée.
Ici Marcelé exploite l'univers de Jérôme Bosch de façon nettement plus prononcée que dans ses autres productions. Le résultat est fantastique, des être étranges semblant sortir des enfers peuplent ce conte, des mains sortent de terre où des yeux s'accrochent regardant les personnages d'un regard inexprimable, entre vide et étonnement. Les couleurs directes sont toujours aussi sublimes, je suis conquise. Les détails foisonnent à chaque planche, si cette bd se lit finalement assez vite, elle se regarde lentement.
Concernant le scénario, il est plutôt simple mais bien mené et surtout la fin est bien trouvée. On a l'impression de s'être fait avoir par l'auteur, tout autant que le sont les personnages masculins par cette femme au miroir fantastique...
Un régal !
Après avoir dévoré d'autres titres comme Raymond Calbuth ou Jean Claude Tergal, j'ai franchement adoré Houppeland. Comme pour toutes les BD de Tronchet, il faut se garder de porter un jugement hâtif sur le graphisme "simpliste" car le scénario est d'une grande originalité et la BD se révèle autant empreinte d'humour que de sensibilité, voire de réflexion (récurrent chez Tronchet ===> une épaisse couche d'humour qui masque un grand esprit humaniste).
Donc une BD à trois vitesses. Comme le disait un internaute on ne s'essouffle pas en passant du 1er au 2nd tome. Aucune lassitude dans la lecture. Personnellement j'ai trouvé que la BD était un peu dans la lignée du film Brazil. Par ces temps d'austérité et de morosité une bonne bouffée d'air frais. Une bonne baffe aussi à tous les oppresseurs !
Surprenante, très surprenante série que ce Lloyd Singer, alias Makabi !!!
Dans le premier cycle, Luc Brunschwig nous présente une sorte de super justicier. Lloyd Singer, en effet, sous ses dehors des plus quelconques, cache un double des plus redoutables. Mais sa personnalité serait bien pauvre s’il ne s’agissait que de cela. Car notre gaillard, outre le fait d’être juif américain, grand frère responsable d’une famille de névrosés (une de ses sœurs est anorexique mais les deux autres membres de la fratrie ne valent guère mieux), sait parler et surtout écouter les femmes.
Ça n’a l’air de rien, comme ça, mais ce genre de profil permet de faire se rencontrer deux types de bande dessinée : d’une part, la bande dessinée d’action classique, du type Largo Winch, avec un héros solide, des méchants immondes, des courses poursuites et bien entendu, de l’action, beaucoup d’action, mais d’autre part, la bande dessinée psychologique qui s’inquiète de la personnalité de ses acteurs, en nuance les profils est très présente également. On s’inquiète de la manière de penser de tous les personnages, on remarque leur fragilité, leurs failles, on partage leur passé pour comprendre leur réalité présente. Oui, les « vilains » peuvent être d’immondes crapules, ils peuvent aussi ne pas répondre à cet archétype. Oui Makabi peut sembler sûr de lui… il peut ne pas l’être pour autant. C’est d’ailleurs de ce genre de profil paradoxal que se nourrit un deuxième cycle encore supérieur au premier.
Je craignais pourtant une chute d’intérêt dès que le héros allait tomber le masque. Il n’en est rien puisque l’histoire rebondit sur les difficultés pour celui-ci de faire coexister ses deux personnalités. Lloyd Singer en devient encore plus touchant et plus fragile.
Ajoutons à cela que les intrigues sont bien menées et très différentes d’un cycle à l’autre. Si, dans le premier, la trame de fond est très classique et sans réelle surprise, dans le deuxième, cette intrigue ne cesse de changer de centre d’intérêt. En trois tomes, ce centre d’intérêt se déplace de la victime d’un tueur en série à Lloyd Singer pour aboutir enfin à la personnalité du tueur en série lui-même. Ce deuxième cycle est donc beaucoup plus psychologique et l’action n’y est plus aussi présente que dans le premier. Mais quelle richesse dans ce développement psychologique, justement !
Le dessin d’Olivier Neuray est d’une agréable qualité. Dérivé de la ligne claire, il est très lisible, type bien les personnages et fait montre d’efficacité dans les scènes d’action. Les expressions du visage sont également bien reproduites, ce qui est important dans le cas présent. Seul reproche : un certain vide dans les décors, un sentiment encore accentué par le passage à un plus grand format. Le changement d’éditeur a également entrainé une modification de la colorisation, me semble t’il et je préférais le style plus nuancé de chez « Dupuis » mais je me suis vite fait au style « Grand Angle » et la qualité du scénario a totalement occulté les petites faiblesses du graphisme.
J’attends maintenant avec impatience la suite de ces aventures. Makabi est devenu un de mes personnages de papier préférés, à l’instar d’un Joshua Logan (« Le Pouvoir des innocents ») grâce à ses failles, sa conscience morale et ses conflits de personnalité. J’avoue avoir vraiment hâte de recevoir de ses nouvelles !
A ne pas manquer, selon moi !
C'est hilarant !!!
Et quel tour de force. Raconter une expérience d'expatrié où il ne se passe rien. Pas de culture, pas de partage, pas d'amour, pas de communication à Shenzhen, juste du business, des dollars, de la production bas coût.
C'est typiquement le genre de séjour solitaire horrible, déprimant, qui nous bouffe et nous étouffe... Puis quand on en revient, on goute à toute l'ironie de l'aventure, du gouffre culturel, social, historique, économique que l'on vient de traverser.
Tous ceux qui ont séjourné dans ces milieux industriels du sud est asiatique doivent retrouver beaucoup de leurs grands moments de solitude.
Magistral !
Le grand public connaît peu l'apport de Jules Barbey d'Aurevilly à la littérature romantique du XIXème siècle, pourtant celui-ci est déterminant. Seuls les étudiants en Lettres ne l'ont pas oublié, ou presque...
Lilao nous permet de combler cette lacune en adaptant l'une des nouvelles extraites du recueil les Diaboliques. Et le résultat est magistral. Je l'ai déjà dit ? Comment qualifier autrement un one shot maîtrisé quasiment de bout en bout, qui nous propose un récit implacable, d'une efficacité redoutable et doté en plus d'une atmosphère à la fois sensuelle et délicate ?
Lilao réussit son adaptation sur tous les plans : il a su extraire la substantifique moelle de la nouvelle du maître du dandysme, saisir l'atmosphère très particulière de l'époque de Louis-Philippe. Aucun élément n'est obscur, la vengeance de cette femme est parfaitement assimilée par le lecteur. Un travail d'orfèvre au niveau de l'adaptation.
Au niveau graphique, c'est une découverte de grande valeur : alternant les scènes sensuelles avec les passages plus traditionnels (conversations, décors, naturels ou pas), Lilao est un dessinateur extraordinaire, qui fait très peu d'erreurs d'anatomie, et sait installer de belles ambiances en intérieurs, mais aussi quelques scènes extérieures. Son noir et blanc est d'un réalisme remarquable.
Mon gros coup de coeur du moment.
Alors en tant qu'éditeur de la BD, je ne peux que vous conseiller cette lecture, mais je ne garantie pas que mon avis ne soit pas subjectif ;)
Le roman graphique n'invente absolument pas de nouvelles théories fumeuses sur la mort du rappeur mais elle s'attache à montrer l'homme derrière la superstar.
La BD reprend les moments clés de sa vie pour essayer de comprendre cette montée de violence autour de lui. Tupac, fils de Black Panthers, pour qui les choses n'ont pas toujours été simples, loin de là d'ailleurs.
Ce qui n'empêche pas à la BD de parler des aspects négatifs du personnage (prison, violence en réunion, etc), les deux côtés du miroir sont étudiés et c'est au lecteur de se faire une opinion sur Tupac à la fin de la BD.
La BD est proposée sous la forme d'une belle édition cartonnée et beau papier épais.
À découvrir même si le Hip hop ne vous attire pas à la base. Cela vous permettra sûrement de changer d'avis.
Les amoureux de bonnes BD s'y retrouveront !
Dans le genre "à la recherche de...", cette histoire est pour moi, un sommet. On y trouve un concentré absolument parfait de tout ce qui fait les grandes aventures humaines.
Un groupe de personne mû par un objectif commun, une description très fine du long processus allant de l'enthousiasme à la désillusion et l'ironie du destin qui fauche à la fois les hommes et les idéaux. A la fin de cette histoire, on n'en finit pas pour autant avec elle. Elle continue de nous hanter comme les personnages du récit l'ont été par l'animal mythique qu'il poursuivait. Et c'est justement à ça qu'on reconnait, la force du récit et sa justesse. Et loin des héros monolithiques de la bd, on ne peut que saluer la prouesse de Ruiz qui a si parfaitement su créer des personnages aussi vibrants, des êtres humains qui n'ont de papier que le support qui les porte.
Quand en plus, l'ensemble est servi par le dessin de Miralles qui n'est rien d'autre que parfait, on touche au coup de maître.
La collection Pilote de Dargaud offre souvent de petits bijoux. Gilgamesh en est un.
Derrière un graphisme très stylisé et des planches lumineuses et extrêmement bien découpées se cache une adaptation réussie de l'un des mythes fondateurs de l'humanité. Si l'on est sensible aux symboles, aux personnages qui sont d'abord des archétypes reflétant la nature des hommes, on ne peut qu'être heureux du voyage proposé.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé et des oeuvres comme celle ci, j'en redemande.
Je viens de terminer le premier cycle des « Passagers du vent » (le sixième tome prévu cette année inaugurera un nouveau cycle), et franchement, j’ai passé un excellent moment de lecture ! En fait, je ne m’attendais pas à suivre des aventures réellement historiques et intéressantes au vu des nombreuses planches où les (belles) héroïnes se promènent le popotin à l’air…
« Les passagers du vent » se déroule au XVIIème siècle, l’histoire est tellement peuplée de péripéties et retournements de situation (on voyage beaucoup dans « Les Passagers du vent » !) qu’il est difficile d’en faire un résumé ! Sans trop aller dans des spoilers, je dirais que ce récit raconte des faits qui se sont plus ou moins vécus à cette époque comme la rivalité entre les français et les anglais ainsi que l’esclavagisme…
Pour réaliser cette série, on sent que François Bourgeon s’est énormément documenté ! Je n’ai pas eu (encore) l’occasion de feuilleter les hors-séries mais il m’est facile de deviner qu’ils regorgent de croquis et de recherches historiques de la part de l’auteur.
Quant au récit proprement dit, je ne me suis pas du tout ennuyé à le lire ! A chaque album terminé, je n’avais qu’une idée en tête : me précipiter sur le prochain tome !
Alors, cette série est-elle vraiment irréprochable ? Non car les héroïnes me sont apparues très libertines, très franches, très farouches, très caractérielles, très… bref, ça fait tellement de « très » que je me demande si leurs tempéraments sont vraiment en rapport avec leur époque qui n’était pas –il me semble- propice à tant de libertés de paroles pour les femmes et d’engagements de la part de la gent féminine…
Mais bon, les protagonistes sont tout de même –à mon avis- très attachants et fascinants ! Et j’ai frémi à maintes reprises sur leurs sorts peu enviables et sur certaines séquences difficiles (y compris pour les personnages secondaires, c'est-à-dire les africain(e)s) !
Au niveau du dessin, sachant que cette série a été conçue dans les années 80, je ne peux que tirer mon chapeau à l’auteur car son graphisme et surtout sa mise en couleurs ne me sont pas du tout apparus démodés par rapport aux réalisations actuelles !
Je dirais même que c’est du très bon travail : les décors sont richement détaillés, les personnages sont très expressifs et facilement distincts les uns des autres, la narration m’a semblé fluide, les couleurs employées sont parfaitement en adéquation avec chaque séquence et lieu (tons chauds en Afrique, froids sur l’océan, etc…) et j’en passe !
J’ai été agréablement surpris par « Les Passagers du vents », étonné par le beau coup de patte de François Bourgeon qui n’a rien à envier avec les productions contemporaines, hébété par les recherches historiques qui ont été effectuées pour cette série et dont je pensais que les séries actuelles sont les meilleures sur ce point (je pense à Murena, Malet, etc…).
Bref, « Les Passagers du vent » m’est apparu comme une très bonne série historique (du moins pour ce premier cycle) !
Terrible découverte !
Medz Yeghern : Le grand mal nous raconte le grand mal du peuple arménien qui, durant la Grande Guerre, fut victime d’un génocide odieux, perpétré par le gouvernement turc.
J’avais des connaissances très limitées de ce crime contre l’humanité. Après cette lecture j’en sais plus. L’auteur nous raconte ces horribles évènements sous diverses perspectives. Le récit est chargé d’histoire, chargé des souffrances d’un peuple qui, comme tant d’autres, a subi la folie humaine. Les idées et images sont fortes mais les dessins impressionnent sans jamais tomber dans la violence gratuite. Tout est savamment dosé.
Le lecteur devient un spectateur de la méchanceté humaine. Vous découvrirez une page noire de l’histoire... L’histoire qu’il ne faut pas oublier... L’histoire que tant de gens refusent d’admettre...
Medz Yeghern est un indispensable aux amateurs de bande dessinée qui pourront, l’espace d’un instant, entrevoir le drame des arméniens.
À lire absolument !
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Conte Suave
J'avais trouvé cette production de Marcelé sur un autre site qui le classait en bd érotique, et comme j'estime que la bd érotique ne présente pas beaucoup d'intérêt, je ne l'avais pas acheté jusqu'à ce que je retombe dessus, je me suis finalement laissée tenter. Mais ce n'est point une bd érotique ! Il y a bien quelques femmes dénudées, mais qui ne prennent pas de poses lascives ni provocatrices, c'est juste un très joli conte, un peu court mais qui m'a totalement charmée. Ici Marcelé exploite l'univers de Jérôme Bosch de façon nettement plus prononcée que dans ses autres productions. Le résultat est fantastique, des être étranges semblant sortir des enfers peuplent ce conte, des mains sortent de terre où des yeux s'accrochent regardant les personnages d'un regard inexprimable, entre vide et étonnement. Les couleurs directes sont toujours aussi sublimes, je suis conquise. Les détails foisonnent à chaque planche, si cette bd se lit finalement assez vite, elle se regarde lentement. Concernant le scénario, il est plutôt simple mais bien mené et surtout la fin est bien trouvée. On a l'impression de s'être fait avoir par l'auteur, tout autant que le sont les personnages masculins par cette femme au miroir fantastique...
Houppeland
Un régal ! Après avoir dévoré d'autres titres comme Raymond Calbuth ou Jean Claude Tergal, j'ai franchement adoré Houppeland. Comme pour toutes les BD de Tronchet, il faut se garder de porter un jugement hâtif sur le graphisme "simpliste" car le scénario est d'une grande originalité et la BD se révèle autant empreinte d'humour que de sensibilité, voire de réflexion (récurrent chez Tronchet ===> une épaisse couche d'humour qui masque un grand esprit humaniste). Donc une BD à trois vitesses. Comme le disait un internaute on ne s'essouffle pas en passant du 1er au 2nd tome. Aucune lassitude dans la lecture. Personnellement j'ai trouvé que la BD était un peu dans la lignée du film Brazil. Par ces temps d'austérité et de morosité une bonne bouffée d'air frais. Une bonne baffe aussi à tous les oppresseurs !
Lloyd Singer (Makabi)
Surprenante, très surprenante série que ce Lloyd Singer, alias Makabi !!! Dans le premier cycle, Luc Brunschwig nous présente une sorte de super justicier. Lloyd Singer, en effet, sous ses dehors des plus quelconques, cache un double des plus redoutables. Mais sa personnalité serait bien pauvre s’il ne s’agissait que de cela. Car notre gaillard, outre le fait d’être juif américain, grand frère responsable d’une famille de névrosés (une de ses sœurs est anorexique mais les deux autres membres de la fratrie ne valent guère mieux), sait parler et surtout écouter les femmes. Ça n’a l’air de rien, comme ça, mais ce genre de profil permet de faire se rencontrer deux types de bande dessinée : d’une part, la bande dessinée d’action classique, du type Largo Winch, avec un héros solide, des méchants immondes, des courses poursuites et bien entendu, de l’action, beaucoup d’action, mais d’autre part, la bande dessinée psychologique qui s’inquiète de la personnalité de ses acteurs, en nuance les profils est très présente également. On s’inquiète de la manière de penser de tous les personnages, on remarque leur fragilité, leurs failles, on partage leur passé pour comprendre leur réalité présente. Oui, les « vilains » peuvent être d’immondes crapules, ils peuvent aussi ne pas répondre à cet archétype. Oui Makabi peut sembler sûr de lui… il peut ne pas l’être pour autant. C’est d’ailleurs de ce genre de profil paradoxal que se nourrit un deuxième cycle encore supérieur au premier. Je craignais pourtant une chute d’intérêt dès que le héros allait tomber le masque. Il n’en est rien puisque l’histoire rebondit sur les difficultés pour celui-ci de faire coexister ses deux personnalités. Lloyd Singer en devient encore plus touchant et plus fragile. Ajoutons à cela que les intrigues sont bien menées et très différentes d’un cycle à l’autre. Si, dans le premier, la trame de fond est très classique et sans réelle surprise, dans le deuxième, cette intrigue ne cesse de changer de centre d’intérêt. En trois tomes, ce centre d’intérêt se déplace de la victime d’un tueur en série à Lloyd Singer pour aboutir enfin à la personnalité du tueur en série lui-même. Ce deuxième cycle est donc beaucoup plus psychologique et l’action n’y est plus aussi présente que dans le premier. Mais quelle richesse dans ce développement psychologique, justement ! Le dessin d’Olivier Neuray est d’une agréable qualité. Dérivé de la ligne claire, il est très lisible, type bien les personnages et fait montre d’efficacité dans les scènes d’action. Les expressions du visage sont également bien reproduites, ce qui est important dans le cas présent. Seul reproche : un certain vide dans les décors, un sentiment encore accentué par le passage à un plus grand format. Le changement d’éditeur a également entrainé une modification de la colorisation, me semble t’il et je préférais le style plus nuancé de chez « Dupuis » mais je me suis vite fait au style « Grand Angle » et la qualité du scénario a totalement occulté les petites faiblesses du graphisme. J’attends maintenant avec impatience la suite de ces aventures. Makabi est devenu un de mes personnages de papier préférés, à l’instar d’un Joshua Logan (« Le Pouvoir des innocents ») grâce à ses failles, sa conscience morale et ses conflits de personnalité. J’avoue avoir vraiment hâte de recevoir de ses nouvelles ! A ne pas manquer, selon moi !
Shenzhen
C'est hilarant !!! Et quel tour de force. Raconter une expérience d'expatrié où il ne se passe rien. Pas de culture, pas de partage, pas d'amour, pas de communication à Shenzhen, juste du business, des dollars, de la production bas coût. C'est typiquement le genre de séjour solitaire horrible, déprimant, qui nous bouffe et nous étouffe... Puis quand on en revient, on goute à toute l'ironie de l'aventure, du gouffre culturel, social, historique, économique que l'on vient de traverser. Tous ceux qui ont séjourné dans ces milieux industriels du sud est asiatique doivent retrouver beaucoup de leurs grands moments de solitude.
La Vengeance d'une femme
Magistral ! Le grand public connaît peu l'apport de Jules Barbey d'Aurevilly à la littérature romantique du XIXème siècle, pourtant celui-ci est déterminant. Seuls les étudiants en Lettres ne l'ont pas oublié, ou presque... Lilao nous permet de combler cette lacune en adaptant l'une des nouvelles extraites du recueil les Diaboliques. Et le résultat est magistral. Je l'ai déjà dit ? Comment qualifier autrement un one shot maîtrisé quasiment de bout en bout, qui nous propose un récit implacable, d'une efficacité redoutable et doté en plus d'une atmosphère à la fois sensuelle et délicate ? Lilao réussit son adaptation sur tous les plans : il a su extraire la substantifique moelle de la nouvelle du maître du dandysme, saisir l'atmosphère très particulière de l'époque de Louis-Philippe. Aucun élément n'est obscur, la vengeance de cette femme est parfaitement assimilée par le lecteur. Un travail d'orfèvre au niveau de l'adaptation. Au niveau graphique, c'est une découverte de grande valeur : alternant les scènes sensuelles avec les passages plus traditionnels (conversations, décors, naturels ou pas), Lilao est un dessinateur extraordinaire, qui fait très peu d'erreurs d'anatomie, et sait installer de belles ambiances en intérieurs, mais aussi quelques scènes extérieures. Son noir et blanc est d'un réalisme remarquable. Mon gros coup de coeur du moment.
Tupac Shakur
Alors en tant qu'éditeur de la BD, je ne peux que vous conseiller cette lecture, mais je ne garantie pas que mon avis ne soit pas subjectif ;) Le roman graphique n'invente absolument pas de nouvelles théories fumeuses sur la mort du rappeur mais elle s'attache à montrer l'homme derrière la superstar. La BD reprend les moments clés de sa vie pour essayer de comprendre cette montée de violence autour de lui. Tupac, fils de Black Panthers, pour qui les choses n'ont pas toujours été simples, loin de là d'ailleurs. Ce qui n'empêche pas à la BD de parler des aspects négatifs du personnage (prison, violence en réunion, etc), les deux côtés du miroir sont étudiés et c'est au lecteur de se faire une opinion sur Tupac à la fin de la BD. La BD est proposée sous la forme d'une belle édition cartonnée et beau papier épais. À découvrir même si le Hip hop ne vous attire pas à la base. Cela vous permettra sûrement de changer d'avis. Les amoureux de bonnes BD s'y retrouveront !
A la recherche de la Licorne
Dans le genre "à la recherche de...", cette histoire est pour moi, un sommet. On y trouve un concentré absolument parfait de tout ce qui fait les grandes aventures humaines. Un groupe de personne mû par un objectif commun, une description très fine du long processus allant de l'enthousiasme à la désillusion et l'ironie du destin qui fauche à la fois les hommes et les idéaux. A la fin de cette histoire, on n'en finit pas pour autant avec elle. Elle continue de nous hanter comme les personnages du récit l'ont été par l'animal mythique qu'il poursuivait. Et c'est justement à ça qu'on reconnait, la force du récit et sa justesse. Et loin des héros monolithiques de la bd, on ne peut que saluer la prouesse de Ruiz qui a si parfaitement su créer des personnages aussi vibrants, des êtres humains qui n'ont de papier que le support qui les porte. Quand en plus, l'ensemble est servi par le dessin de Miralles qui n'est rien d'autre que parfait, on touche au coup de maître.
Gilgamesh
La collection Pilote de Dargaud offre souvent de petits bijoux. Gilgamesh en est un. Derrière un graphisme très stylisé et des planches lumineuses et extrêmement bien découpées se cache une adaptation réussie de l'un des mythes fondateurs de l'humanité. Si l'on est sensible aux symboles, aux personnages qui sont d'abord des archétypes reflétant la nature des hommes, on ne peut qu'être heureux du voyage proposé. Personnellement, j'ai beaucoup aimé et des oeuvres comme celle ci, j'en redemande.
Les Passagers du vent
Je viens de terminer le premier cycle des « Passagers du vent » (le sixième tome prévu cette année inaugurera un nouveau cycle), et franchement, j’ai passé un excellent moment de lecture ! En fait, je ne m’attendais pas à suivre des aventures réellement historiques et intéressantes au vu des nombreuses planches où les (belles) héroïnes se promènent le popotin à l’air… « Les passagers du vent » se déroule au XVIIème siècle, l’histoire est tellement peuplée de péripéties et retournements de situation (on voyage beaucoup dans « Les Passagers du vent » !) qu’il est difficile d’en faire un résumé ! Sans trop aller dans des spoilers, je dirais que ce récit raconte des faits qui se sont plus ou moins vécus à cette époque comme la rivalité entre les français et les anglais ainsi que l’esclavagisme… Pour réaliser cette série, on sent que François Bourgeon s’est énormément documenté ! Je n’ai pas eu (encore) l’occasion de feuilleter les hors-séries mais il m’est facile de deviner qu’ils regorgent de croquis et de recherches historiques de la part de l’auteur. Quant au récit proprement dit, je ne me suis pas du tout ennuyé à le lire ! A chaque album terminé, je n’avais qu’une idée en tête : me précipiter sur le prochain tome ! Alors, cette série est-elle vraiment irréprochable ? Non car les héroïnes me sont apparues très libertines, très franches, très farouches, très caractérielles, très… bref, ça fait tellement de « très » que je me demande si leurs tempéraments sont vraiment en rapport avec leur époque qui n’était pas –il me semble- propice à tant de libertés de paroles pour les femmes et d’engagements de la part de la gent féminine… Mais bon, les protagonistes sont tout de même –à mon avis- très attachants et fascinants ! Et j’ai frémi à maintes reprises sur leurs sorts peu enviables et sur certaines séquences difficiles (y compris pour les personnages secondaires, c'est-à-dire les africain(e)s) ! Au niveau du dessin, sachant que cette série a été conçue dans les années 80, je ne peux que tirer mon chapeau à l’auteur car son graphisme et surtout sa mise en couleurs ne me sont pas du tout apparus démodés par rapport aux réalisations actuelles ! Je dirais même que c’est du très bon travail : les décors sont richement détaillés, les personnages sont très expressifs et facilement distincts les uns des autres, la narration m’a semblé fluide, les couleurs employées sont parfaitement en adéquation avec chaque séquence et lieu (tons chauds en Afrique, froids sur l’océan, etc…) et j’en passe ! J’ai été agréablement surpris par « Les Passagers du vents », étonné par le beau coup de patte de François Bourgeon qui n’a rien à envier avec les productions contemporaines, hébété par les recherches historiques qui ont été effectuées pour cette série et dont je pensais que les séries actuelles sont les meilleures sur ce point (je pense à Murena, Malet, etc…). Bref, « Les Passagers du vent » m’est apparu comme une très bonne série historique (du moins pour ce premier cycle) !
Medz Yeghern - Le Grand Mal
Terrible découverte ! Medz Yeghern : Le grand mal nous raconte le grand mal du peuple arménien qui, durant la Grande Guerre, fut victime d’un génocide odieux, perpétré par le gouvernement turc. J’avais des connaissances très limitées de ce crime contre l’humanité. Après cette lecture j’en sais plus. L’auteur nous raconte ces horribles évènements sous diverses perspectives. Le récit est chargé d’histoire, chargé des souffrances d’un peuple qui, comme tant d’autres, a subi la folie humaine. Les idées et images sont fortes mais les dessins impressionnent sans jamais tomber dans la violence gratuite. Tout est savamment dosé. Le lecteur devient un spectateur de la méchanceté humaine. Vous découvrirez une page noire de l’histoire... L’histoire qu’il ne faut pas oublier... L’histoire que tant de gens refusent d’admettre... Medz Yeghern est un indispensable aux amateurs de bande dessinée qui pourront, l’espace d’un instant, entrevoir le drame des arméniens. À lire absolument !