Comme l'a précisé "L'Ymagier", cette BD est extrêmement bien documentée. On a l'impression de vivre un film.
A peine commencé ce tome, j'ai mordu à l'hameçon. Le dessin est très réaliste et quant au scénario, c'est du béton ! On voit que l'auteur maîtrise à fond le sujet. Il en est de même pour la psychologie des personnages qui est très bien rendue.
A chaque lecture, le plaisir ne fléchit pas.
Si vous aimez cette période sombre de l'histoire, je ne peux que vous conseiller l'achat de cet album.
La première claque visuelle avec cette BD, c'est sa couverture ! Alors évidemment, en feuilletant rapidement, j'ai été un tout petit peu déçue. En effet, le style à l'intérieur est un peu différent et pas forcément à mon goût, mais en fin de compte, les attitudes, les dialogues percutants, les airs patibulaires des pirates, l'intrigue elle même ont vite eu raison de ma reculade initiale.
Long John Silver est un retraité de la piraterie, un personnage de fiction issu du roman de Robert Louis Stevenson "L'île aux trésors". A la fin de l'oeuvre, il s'est échappé, emportant une partie du trésor avec lui. On le retrouve au début du tome 1 reconverti en patron d'auberge rangé, agrémentant ses "petits" plats d'une mise en scène originale et de déclamations poétiques. Mais quand Lady Hastings brave la dangerosité des bas quartiers pour lui faire miroiter les légendaires cités d'or que son mari, parti en expédition quelques années plus tôt, aurait découvert, il ne peut que reprendre du service et on se rend vite compte que ses années de "repos" ne l'ont pas rouillé, bien au contraire.
L'introduction et les commentaires, à la manière d'une confession ou d'un journal, ne nous laissent que peu d'espoir quant à l'issue de cette histoire pour notre vieux pirate. Ceci n'empêche cependant pas l'aventure d'être très prenante. Je n'étais pas emballée plus que ça par le dessin (ni par la couleur, ni par le trait) mais en revanche, les attitudes, mimiques, regards, postures, la mise en scène elle-même ainsi que les dialogues, les changements de ton et l'ambiance qui découle de tout cela frisent la perfection. Les arrières plans d'extérieur sont eux très réussis.
Je me permets une légère pinaille sur les quelques planches où, malgré une mer visiblement très agitée, Lady Hastings prend un bain sans que jamais une goutte d'eau ne s'échappe du baquet ou encore réussit une sortie sur le pont du navire sans jamais être déséquilibrée par les méchants creux visibles en arrière plan, creux qui doivent sans aucun doute fort malmener le navire. Mais c'est vraiment pour pinailler.
Trahisons, chantages, désir de vengeance et complots sur fond de traversée mouvementée de l'Océan Atlantique, héros charismatiques, roublards, assumant leur lâcheté ou au contraire faisant preuve d'un courage insoupçonné et forts en gueule : j'adore !
Vivement la suite.
Conte, aventure ou fantastique ? Un peu des trois genres, mais avec un je-ne-sais-quoi, une petite dose magique qui lui donne tout le charme des belles histoires, mais c'est un conte noir et parfois cruel.
Première bd de Karim Friha et première réussite. Le graphisme est excellent et plein de charme, avec une petite touche enfantine due aux grands yeux des personnages, mais la plupart des protagonistes ont des visages pointus qui nous rappellent que nous sommes dans un récit parfois terrible. Les couleurs sont plutôt sombres mais toujours bien lisibles, en accord parfait avec ce conte cruel ; de plus le papier mat ajoute à la noirceur de l'histoire. Le petit format ne gâche pas l'image et nous offre un bel objet à posséder absolument.
Sylvain Khelmann, comme beaucoup d'autres personnes de la République de Béremhilt, a développé un pouvoir suite à un traumatisme subit dans son enfance et s'est transformé en Zelphire (mais cela ne se voit pas car ces êtres particuliers peuvent contrôler leur don). Malheureusement le baron Vilnark s'empare du pouvoir et commence à chasser les Zelphires dans un but bien précis que je vous laisse découvrir… Ces êtres si sensibles vont subir les pires cruautés et persécutions.
J'ai trouvé bizarre que cette série soit éditée dans la collection Bayou de Gallimard, où comme le dit l'éditeur : "Bayou propose de grandes histoires en bandes dessinées lisibles par tous". Celle-ci a des côtés bien trop sombres à mon goût pour être lue par un trop jeune public.
L'histoire est dense, originale, mystérieuse, très bien écrite, avec une grande quantité de personnages et quelques pointes d'humour qui viennent alléger ce drame ; elle peut se lire comme un one shot, mais forcément on ne peut qu'attendre d'autres aventures des ces êtres si attachants.
Cet album vient d'avoir le prix Jeune Talent de la bd, et même si je ne connais pas les autres prétendants, c'est à mon avis amplement mérité. Aussi bien d'une part le dessin dont on sent les influences de Blain ou Sfar, il est très bien maîtrisé et les couleurs sont réussies, que d'autre part le scénario riche contribuent à la réussite et au plaisir de lecture de cet album.
Pour son travail de dessinateur, Vincent Perriot avait eu par ailleurs le prix jeune talent en 2005 au festival d'Angoulême. A mon avis c'est une personne dont on va entendre de plus en plus parler dans les années qui viennent.
Concernant l'histoire, dès les premières pages le cadre m'a fait penser à un autre album de la collection Aire Libre que par coïncidence j'ai lu récemment : Ce que le vent apporte qui est paru en 2007. Même période, même lieu ou presque des vastes étendues russes, le personnage principal est aussi un médecin... Globalement les points communs s'arrêtent là, ici le scénariste mêle épopée dans une période trouble des bolcheviks, amitié entre 2 hommes de culture différente et lutte entre mongols et chinois.
A l'image de Ferdynand qui se dit "je voyage avec un Soyote. Et je ne sais même pas ce que c'est....", le lecteur que je suis n'en savait pas plus long. D'ailleurs j'apprécie aussi d'une bande dessinée d'y apprendre des choses sur un plan historique notamment, même si le fond se rapproche plus d'un album d'aventures dans le cas présent. Pour la petite histoire les Soyotes (1200 résultats dans Google, autant dire rien) forment une très petite tribu dans les plaines mongoles.
Débutants dans le métier, et un album dans la collection Aire Libre ! Le niveau est bien là, et la suite est attendue de pied ferme. On veut savoir les prochaines péripéties de Ferdynand qui fuyant les bolcheviks se retrouve embarqué dans un conflit qui le dépasse et qui est cette mystérieuse Natacha à qui vont toutes ses pensées.
A lire.
Un des plus beaux dessins qu'il m'ait été donné d'admirer. Voilà la première chose qui me vient à l'esprit. Mais cet aspect demeure très réducteur tant la galerie de personnages est savoureuse.
Plongé au coeur d'un petit village québécois durant l'entre deux guerres, je me délecte des tendres aventures de ces rudes gaillards comme le ferait le fils du maire de savoureuses ravioles (cette obscure comparaison ne peut être comprise que par les initiés de la série, je m'en excuse). Un curé ami avec l'anticléricaliste du coin, trois vieilles filles qui jouent de la langue comme un aveugle de l'harmonica, une femme, plus toute jeune, mais généreuse et courageuse, amoureuse d'un étranger (étranger au village du moins), des bûcherons prêts à s'emporter pour des broutilles et à se réconcilier aussi vite. C'est vivant, tendre, désarmant, touchant, drôle.
Enfin, les dialogues empruntent quelques mots au québécois sans que cela n'en perturbe la lecture, bien au contraire, tant cette langue est expressive.
Câlice, que c'est bon !!!!!
J'avais déjà été époustouflé par le très pudique et réussi Vagues à l'âme, première BD de Mardon. Sans avoir été autant emporté (faut dire que je connais maintenant le talent du bonhomme, il ne pourra plus me mettre KO comme je l'ai été après ma première lecture), je considère "Le fils de l'ogre" comme une franche réussite. Ce bouquin est étrange : découpé en trois parties, il procède par à coups ; c'est je trouve son principal défaut ; cela heurte la fluidité de la narration et il me semble que l'ellipse a déjà été bien mieux employée. Mais on est bel et bien là dans la narration typique du conte qui utilise de fréquents raccourcis, ce n'est donc pas vraiment une surprise.
Une fois évacué ce léger défaut, le reste est sans anicroche ou presque. Mardon a un trait des plus adaptés, parfois très poétique comme le souligne Miranda dans son très bel avis ci-dessous. Son histoire et son traitement sont des plus originaux, dans un monde de la bande dessinée souvent très stéréotypé ; rares doivent être les BD auxquelles on pourrait comparer "Le fils de l'ogre": peut-être certains Vanoli ; même si les traits des deux auteurs ont peu en commun, je retrouve un peu le même onirisme et la même noirceur.
Une BD envoûtante, très originale, chose que j'apprécie toujours énormément quand cela s'ajoute à la qualité intrinsèque de l'oeuvre, dont le propos très noir ne pourra que vous laisser songeur. Sans compter une fin superbe, qui clôt avec maestria cette petite pépite.
Toussaint ?… une chouette balade au milieu des années 1800.
J’ai suivi l’histoire d’un enfant abandonné qui, adulte, deviendra photographe itinérant. Nouvelle profession pour l’époque, elle m’a donné l’occasion de faire un voyage « campagnard », d’être –comme Toussaint- une sorte de témoin de cette époque.
Avec lui j’ai retrouvé ses origines, sa région natale. J’ai rencontré des personnages hauts en couleurs. Des gueules aussi.
Au scénario, Convard effectue une véritable plongée dans ces temps quand même pas si éloignés. Il ressuscite à sa façon ce monde rural d’alors, son modus vivendi de l’époque.
Et tout cela est bellement mis en images par Dermaut. J’aime beaucoup son style réaliste, net et bien lisible. Par son graphisme, sa mise en scène des planches où certaines cases sont de vrais petits tableaux, Dermaut m’a fait revivre le quotidien de ces chroniques du temps passé.
A noter : le dessinateur s’est lui-même mis en scène. Son visage est en effet celui de « Gobe-Mouches ».
Toussaint ?… une belle alchimie entre deux auteurs pour une saga « à l’ancienne » vraiment méritante mais –je pense- malheureusement pas connue. Ou si peu. Dommage car elle vaut le détour.
J’aime beaucoup et y vais d’un franc coup de cœur. Rare de ma part.
J’ai vraiment apprécié.
Je me suis retrouvé plongé dans ces années qui suivirent la Révolution. Les auteurs m’ont emmené, avec une certaine truculence d’ailleurs, dans une sorte de vie quotidienne faite de malheurs, d’espoirs déçus, de questions aussi.
Cette petite série est assez insolite de par son postulat qui joue d’opposition : celle d’un couple sympathique d’un côté, celle des « temps noirs » de l’autre.
L’histoire bénéficie également d’un bien beau graphisme réaliste. Le trait est précis, méticuleux, net, typant bien les personnages ; un trait d’ailleurs qui me fait penser à celui de Chaillet (Vasco).
L’ensemble offre ainsi une sorte de chorégraphie visuelle où se mélangent harmonieusement narratif, dessin et couleurs.
Pas trop nouvelle, cette série a débuté en 1991 dans le magasine « Vécu ». Méconnue de beaucoup, elle mérite vraiment le détour.
Un franc coup de cœur. Rare de ma part.
La collection Atmosphère sport chez EP s'enrichit d'un nouvel opus, cette fois-ci d'une activité sportive qui n'est autre que... l'alpinisme ! Curieusement l'alpinisme est le sport où la compétition est en décalé, il est un peu "à part". En cela cet album détone un peu parmi ses camarades qui parlent de football, de boxe ou de marathon.
On aurait pu croire à une "bête" aventure sur le dépassement de soi, sur la technique de l'alpinisme, mais en fait Patrick Weber, écrivain et scénariste chevronné, a rajouté une couche de roman graphique avec la relation entre Renaud et son père. C'est même plus que ça, puisque ce fil narratif a pris le pas sur l'aventure humaine, l'expédition sur le toit du monde. Exit les explications techniques, les descriptions de la galère à 8 000 m d'altitude, nous sommes dans la peau de Renaud, qui nous livre ses pensées les plus intimes, et sa valse-hésitation quant à continuer sa préparation pour cette expédition unique.
Weber évite tous les écueils du genre, nous livrant une BD sinon émouvante, du moins intéressante et relativement réaliste, sur les doutes d'un jeune homme un peu fainéant et ses aspirations à recoller les morceaux de sa famille.
Le dessin de Renaud Pennelle est plutôt pas mal, même s'il manque de maturité par moments. Ses décors montagneux sont assez réussis, même si dans le genre je préfère le style de Taniguchi. Seul bémol, des couleurs que je qualifierais de ternes, qui écrasent un peu son travail sur ces décors monumentaux...
Une note un peu augmentée, car j'ai bien aimé les chemins de travers pris par Patrick Weber. A noter en fin d'album, un dossier sur la montagne, l'alpinisme, ses charmes et ses dangers.
Pour ceux qui se poseraient la question, "Sagarmatha" est le nom népalais de l'Everest.
Ce manga est un mélange des genres qui ne se prend pas au sérieux.
D'un côté c'est un shônen harem. On y trouve du fan service soft et un héros pleutre (bien qu'intelligent et beau gosse toutefois) dont toutes les filles tombent immanquablement amoureuses. A commencer par Sumomo, sa promise (qu'on lui met sur les bras sans lui demander son avis), qui en ferait bien son quatre heure. Oui mais voilà, notre héros n'est pas très porté sur la bagatelle et préfère choisir librement l'élue de son cœur...
D'un autre côté, c'est un shônen nekketsu original car le Kôshi en question, bien qu'il soit frêle, pleutre et pacifiste, n'en reste pas moins le descendant d'une longue lignée de martialistes, héritier d'une des douze grandes maisons d'arts martiaux du Japon. L'hypothèse de son union avec Sumomo déchaine les foudres des autres maisons qui décident alors d'envoyer leurs meilleurs nervis et spadassins à l'assaut du dit Kôshi. Celui-ci affronte donc des assassins, armé uniquement de son intelligence, son charme et son courage naissant.
Pas une seconde cette œuvre ne laisse de repos pour les zygomatiques, les situations burlesques succèdent aux répliques hilarantes... J'ai trouvé ce manga aussi réussi qu'original, même si passé les 4 premiers tomes, la fraicheur de la nouveauté s'estompe un peu, les suivant sont même parfois un peu poussif.
Le graphisme n'est pas terrible et rebutera immanquablement les réfractaires aux manga du fait de ces SD (Super-Deformed) omniprésentes et de son style parfois un peu trop chargé.
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Comme l'a précisé "L'Ymagier", cette BD est extrêmement bien documentée. On a l'impression de vivre un film. A peine commencé ce tome, j'ai mordu à l'hameçon. Le dessin est très réaliste et quant au scénario, c'est du béton ! On voit que l'auteur maîtrise à fond le sujet. Il en est de même pour la psychologie des personnages qui est très bien rendue. A chaque lecture, le plaisir ne fléchit pas. Si vous aimez cette période sombre de l'histoire, je ne peux que vous conseiller l'achat de cet album.
Long John Silver
La première claque visuelle avec cette BD, c'est sa couverture ! Alors évidemment, en feuilletant rapidement, j'ai été un tout petit peu déçue. En effet, le style à l'intérieur est un peu différent et pas forcément à mon goût, mais en fin de compte, les attitudes, les dialogues percutants, les airs patibulaires des pirates, l'intrigue elle même ont vite eu raison de ma reculade initiale. Long John Silver est un retraité de la piraterie, un personnage de fiction issu du roman de Robert Louis Stevenson "L'île aux trésors". A la fin de l'oeuvre, il s'est échappé, emportant une partie du trésor avec lui. On le retrouve au début du tome 1 reconverti en patron d'auberge rangé, agrémentant ses "petits" plats d'une mise en scène originale et de déclamations poétiques. Mais quand Lady Hastings brave la dangerosité des bas quartiers pour lui faire miroiter les légendaires cités d'or que son mari, parti en expédition quelques années plus tôt, aurait découvert, il ne peut que reprendre du service et on se rend vite compte que ses années de "repos" ne l'ont pas rouillé, bien au contraire. L'introduction et les commentaires, à la manière d'une confession ou d'un journal, ne nous laissent que peu d'espoir quant à l'issue de cette histoire pour notre vieux pirate. Ceci n'empêche cependant pas l'aventure d'être très prenante. Je n'étais pas emballée plus que ça par le dessin (ni par la couleur, ni par le trait) mais en revanche, les attitudes, mimiques, regards, postures, la mise en scène elle-même ainsi que les dialogues, les changements de ton et l'ambiance qui découle de tout cela frisent la perfection. Les arrières plans d'extérieur sont eux très réussis. Je me permets une légère pinaille sur les quelques planches où, malgré une mer visiblement très agitée, Lady Hastings prend un bain sans que jamais une goutte d'eau ne s'échappe du baquet ou encore réussit une sortie sur le pont du navire sans jamais être déséquilibrée par les méchants creux visibles en arrière plan, creux qui doivent sans aucun doute fort malmener le navire. Mais c'est vraiment pour pinailler. Trahisons, chantages, désir de vengeance et complots sur fond de traversée mouvementée de l'Océan Atlantique, héros charismatiques, roublards, assumant leur lâcheté ou au contraire faisant preuve d'un courage insoupçonné et forts en gueule : j'adore ! Vivement la suite.
Le Réveil du Zelphire
Conte, aventure ou fantastique ? Un peu des trois genres, mais avec un je-ne-sais-quoi, une petite dose magique qui lui donne tout le charme des belles histoires, mais c'est un conte noir et parfois cruel. Première bd de Karim Friha et première réussite. Le graphisme est excellent et plein de charme, avec une petite touche enfantine due aux grands yeux des personnages, mais la plupart des protagonistes ont des visages pointus qui nous rappellent que nous sommes dans un récit parfois terrible. Les couleurs sont plutôt sombres mais toujours bien lisibles, en accord parfait avec ce conte cruel ; de plus le papier mat ajoute à la noirceur de l'histoire. Le petit format ne gâche pas l'image et nous offre un bel objet à posséder absolument. Sylvain Khelmann, comme beaucoup d'autres personnes de la République de Béremhilt, a développé un pouvoir suite à un traumatisme subit dans son enfance et s'est transformé en Zelphire (mais cela ne se voit pas car ces êtres particuliers peuvent contrôler leur don). Malheureusement le baron Vilnark s'empare du pouvoir et commence à chasser les Zelphires dans un but bien précis que je vous laisse découvrir… Ces êtres si sensibles vont subir les pires cruautés et persécutions. J'ai trouvé bizarre que cette série soit éditée dans la collection Bayou de Gallimard, où comme le dit l'éditeur : "Bayou propose de grandes histoires en bandes dessinées lisibles par tous". Celle-ci a des côtés bien trop sombres à mon goût pour être lue par un trop jeune public. L'histoire est dense, originale, mystérieuse, très bien écrite, avec une grande quantité de personnages et quelques pointes d'humour qui viennent alléger ce drame ; elle peut se lire comme un one shot, mais forcément on ne peut qu'attendre d'autres aventures des ces êtres si attachants.
Taïga rouge
Cet album vient d'avoir le prix Jeune Talent de la bd, et même si je ne connais pas les autres prétendants, c'est à mon avis amplement mérité. Aussi bien d'une part le dessin dont on sent les influences de Blain ou Sfar, il est très bien maîtrisé et les couleurs sont réussies, que d'autre part le scénario riche contribuent à la réussite et au plaisir de lecture de cet album. Pour son travail de dessinateur, Vincent Perriot avait eu par ailleurs le prix jeune talent en 2005 au festival d'Angoulême. A mon avis c'est une personne dont on va entendre de plus en plus parler dans les années qui viennent. Concernant l'histoire, dès les premières pages le cadre m'a fait penser à un autre album de la collection Aire Libre que par coïncidence j'ai lu récemment : Ce que le vent apporte qui est paru en 2007. Même période, même lieu ou presque des vastes étendues russes, le personnage principal est aussi un médecin... Globalement les points communs s'arrêtent là, ici le scénariste mêle épopée dans une période trouble des bolcheviks, amitié entre 2 hommes de culture différente et lutte entre mongols et chinois. A l'image de Ferdynand qui se dit "je voyage avec un Soyote. Et je ne sais même pas ce que c'est....", le lecteur que je suis n'en savait pas plus long. D'ailleurs j'apprécie aussi d'une bande dessinée d'y apprendre des choses sur un plan historique notamment, même si le fond se rapproche plus d'un album d'aventures dans le cas présent. Pour la petite histoire les Soyotes (1200 résultats dans Google, autant dire rien) forment une très petite tribu dans les plaines mongoles. Débutants dans le métier, et un album dans la collection Aire Libre ! Le niveau est bien là, et la suite est attendue de pied ferme. On veut savoir les prochaines péripéties de Ferdynand qui fuyant les bolcheviks se retrouve embarqué dans un conflit qui le dépasse et qui est cette mystérieuse Natacha à qui vont toutes ses pensées. A lire.
Magasin général
Un des plus beaux dessins qu'il m'ait été donné d'admirer. Voilà la première chose qui me vient à l'esprit. Mais cet aspect demeure très réducteur tant la galerie de personnages est savoureuse. Plongé au coeur d'un petit village québécois durant l'entre deux guerres, je me délecte des tendres aventures de ces rudes gaillards comme le ferait le fils du maire de savoureuses ravioles (cette obscure comparaison ne peut être comprise que par les initiés de la série, je m'en excuse). Un curé ami avec l'anticléricaliste du coin, trois vieilles filles qui jouent de la langue comme un aveugle de l'harmonica, une femme, plus toute jeune, mais généreuse et courageuse, amoureuse d'un étranger (étranger au village du moins), des bûcherons prêts à s'emporter pour des broutilles et à se réconcilier aussi vite. C'est vivant, tendre, désarmant, touchant, drôle. Enfin, les dialogues empruntent quelques mots au québécois sans que cela n'en perturbe la lecture, bien au contraire, tant cette langue est expressive. Câlice, que c'est bon !!!!!
Le Fils de l'Ogre
J'avais déjà été époustouflé par le très pudique et réussi Vagues à l'âme, première BD de Mardon. Sans avoir été autant emporté (faut dire que je connais maintenant le talent du bonhomme, il ne pourra plus me mettre KO comme je l'ai été après ma première lecture), je considère "Le fils de l'ogre" comme une franche réussite. Ce bouquin est étrange : découpé en trois parties, il procède par à coups ; c'est je trouve son principal défaut ; cela heurte la fluidité de la narration et il me semble que l'ellipse a déjà été bien mieux employée. Mais on est bel et bien là dans la narration typique du conte qui utilise de fréquents raccourcis, ce n'est donc pas vraiment une surprise. Une fois évacué ce léger défaut, le reste est sans anicroche ou presque. Mardon a un trait des plus adaptés, parfois très poétique comme le souligne Miranda dans son très bel avis ci-dessous. Son histoire et son traitement sont des plus originaux, dans un monde de la bande dessinée souvent très stéréotypé ; rares doivent être les BD auxquelles on pourrait comparer "Le fils de l'ogre": peut-être certains Vanoli ; même si les traits des deux auteurs ont peu en commun, je retrouve un peu le même onirisme et la même noirceur. Une BD envoûtante, très originale, chose que j'apprécie toujours énormément quand cela s'ajoute à la qualité intrinsèque de l'oeuvre, dont le propos très noir ne pourra que vous laisser songeur. Sans compter une fin superbe, qui clôt avec maestria cette petite pépite.
Souvenirs de Toussaint
Toussaint ?… une chouette balade au milieu des années 1800. J’ai suivi l’histoire d’un enfant abandonné qui, adulte, deviendra photographe itinérant. Nouvelle profession pour l’époque, elle m’a donné l’occasion de faire un voyage « campagnard », d’être –comme Toussaint- une sorte de témoin de cette époque. Avec lui j’ai retrouvé ses origines, sa région natale. J’ai rencontré des personnages hauts en couleurs. Des gueules aussi. Au scénario, Convard effectue une véritable plongée dans ces temps quand même pas si éloignés. Il ressuscite à sa façon ce monde rural d’alors, son modus vivendi de l’époque. Et tout cela est bellement mis en images par Dermaut. J’aime beaucoup son style réaliste, net et bien lisible. Par son graphisme, sa mise en scène des planches où certaines cases sont de vrais petits tableaux, Dermaut m’a fait revivre le quotidien de ces chroniques du temps passé. A noter : le dessinateur s’est lui-même mis en scène. Son visage est en effet celui de « Gobe-Mouches ». Toussaint ?… une belle alchimie entre deux auteurs pour une saga « à l’ancienne » vraiment méritante mais –je pense- malheureusement pas connue. Ou si peu. Dommage car elle vaut le détour. J’aime beaucoup et y vais d’un franc coup de cœur. Rare de ma part.
Les Maraudeurs de la lune rousse
J’ai vraiment apprécié. Je me suis retrouvé plongé dans ces années qui suivirent la Révolution. Les auteurs m’ont emmené, avec une certaine truculence d’ailleurs, dans une sorte de vie quotidienne faite de malheurs, d’espoirs déçus, de questions aussi. Cette petite série est assez insolite de par son postulat qui joue d’opposition : celle d’un couple sympathique d’un côté, celle des « temps noirs » de l’autre. L’histoire bénéficie également d’un bien beau graphisme réaliste. Le trait est précis, méticuleux, net, typant bien les personnages ; un trait d’ailleurs qui me fait penser à celui de Chaillet (Vasco). L’ensemble offre ainsi une sorte de chorégraphie visuelle où se mélangent harmonieusement narratif, dessin et couleurs. Pas trop nouvelle, cette série a débuté en 1991 dans le magasine « Vécu ». Méconnue de beaucoup, elle mérite vraiment le détour. Un franc coup de cœur. Rare de ma part.
Sagarmatha
La collection Atmosphère sport chez EP s'enrichit d'un nouvel opus, cette fois-ci d'une activité sportive qui n'est autre que... l'alpinisme ! Curieusement l'alpinisme est le sport où la compétition est en décalé, il est un peu "à part". En cela cet album détone un peu parmi ses camarades qui parlent de football, de boxe ou de marathon. On aurait pu croire à une "bête" aventure sur le dépassement de soi, sur la technique de l'alpinisme, mais en fait Patrick Weber, écrivain et scénariste chevronné, a rajouté une couche de roman graphique avec la relation entre Renaud et son père. C'est même plus que ça, puisque ce fil narratif a pris le pas sur l'aventure humaine, l'expédition sur le toit du monde. Exit les explications techniques, les descriptions de la galère à 8 000 m d'altitude, nous sommes dans la peau de Renaud, qui nous livre ses pensées les plus intimes, et sa valse-hésitation quant à continuer sa préparation pour cette expédition unique. Weber évite tous les écueils du genre, nous livrant une BD sinon émouvante, du moins intéressante et relativement réaliste, sur les doutes d'un jeune homme un peu fainéant et ses aspirations à recoller les morceaux de sa famille. Le dessin de Renaud Pennelle est plutôt pas mal, même s'il manque de maturité par moments. Ses décors montagneux sont assez réussis, même si dans le genre je préfère le style de Taniguchi. Seul bémol, des couleurs que je qualifierais de ternes, qui écrasent un peu son travail sur ces décors monumentaux... Une note un peu augmentée, car j'ai bien aimé les chemins de travers pris par Patrick Weber. A noter en fin d'album, un dossier sur la montagne, l'alpinisme, ses charmes et ses dangers. Pour ceux qui se poseraient la question, "Sagarmatha" est le nom népalais de l'Everest.
Sumomomo Momomo
Ce manga est un mélange des genres qui ne se prend pas au sérieux. D'un côté c'est un shônen harem. On y trouve du fan service soft et un héros pleutre (bien qu'intelligent et beau gosse toutefois) dont toutes les filles tombent immanquablement amoureuses. A commencer par Sumomo, sa promise (qu'on lui met sur les bras sans lui demander son avis), qui en ferait bien son quatre heure. Oui mais voilà, notre héros n'est pas très porté sur la bagatelle et préfère choisir librement l'élue de son cœur... D'un autre côté, c'est un shônen nekketsu original car le Kôshi en question, bien qu'il soit frêle, pleutre et pacifiste, n'en reste pas moins le descendant d'une longue lignée de martialistes, héritier d'une des douze grandes maisons d'arts martiaux du Japon. L'hypothèse de son union avec Sumomo déchaine les foudres des autres maisons qui décident alors d'envoyer leurs meilleurs nervis et spadassins à l'assaut du dit Kôshi. Celui-ci affronte donc des assassins, armé uniquement de son intelligence, son charme et son courage naissant. Pas une seconde cette œuvre ne laisse de repos pour les zygomatiques, les situations burlesques succèdent aux répliques hilarantes... J'ai trouvé ce manga aussi réussi qu'original, même si passé les 4 premiers tomes, la fraicheur de la nouveauté s'estompe un peu, les suivant sont même parfois un peu poussif. Le graphisme n'est pas terrible et rebutera immanquablement les réfractaires aux manga du fait de ces SD (Super-Deformed) omniprésentes et de son style parfois un peu trop chargé.