J’ai pour cette marée basse un faible indéniable et totalement subjectif.
Pourtant ce récit ressemble à un inextricable fourre-tout sans queue ni tête, dont les personnages totalement fantaisistes auraient pu, en d’autres circonstances, rapidement m’horripiler.
Oui, mais voilà ! Ce récit, qui se scinde en de multiples chapitres d’apparence très décousus, qui se divise en plusieurs périodes sans lien manifeste se révèle au final cohérent dans sa logique propre. Oui, Pecqueur nous mène dans de multiples directions, mais au final, il semblait bien savoir où il voulait aboutir. Et la performance est à souligner lorsque l’on songe que ce récit débute lors de la rencontre (la collision, pour être plus exact) entre une navigatrice solitaire et un couple de fous furieux désireux de mettre un terme à ce monde, et se termine en gondole à Venise avec un bambino passager de la (belle) Mort, qui prolonge son existence grâce à sa connaissance inextinguible d’histoires drôles.
Je vois des sourcils se relever, d’autres se froncer. Et pourtant, vous n’êtes pas au bout de vos surprises puisque je ne vous ai rien dit du couple central … et d’ailleurs je ne vous en dirai rien. Sachez juste qu’il est digne de cet univers délirant et poétique, fantasque et cohérent.
Et puis, cet album est magistralement servi par le trait envoutant de Gibrat. Certes, l’artiste n’est, alors, pas encore arrivé à totale maturité, mais son niveau est déjà proche de celui de « Le Sursis ». Ses personnages féminins sont, bien sûr, très séduisants, ses teintes sont riches de nuances et l’artiste combine déjà avec un grand talent traits caricaturaux et recherche de réalisme esthétique. L’artiste ne s’est cependant pas encore départi de son goût pour les lourdes poitrines féminines … ce qui, dans ce cadre délirant, n’est pas pour me déplaire (oui, j’ai honte, mais qu’importe, ne boudons pas notre plaisir à la vue de si parfaites rotondités).
Un bien agréable délire donc, dont l’univers étrange a trouvé en mon humble personne un lecteur enthousiaste quoique conscient que cet album déplaira à plus d’un.
M’en fout ! Moi, je me suis bien poilé …
Avec cette putain de guerre, Tardi revient sur le premier conflit mondial, dont il avait exploité toute l’horreur dans le déjà très réussi « C'était la guerre des tranchées ».
Un tel retour après une réussite aussi manifeste se justifiait-il ? L’auteur aurait-il de nouveaux éléments à nous faire partager ?
Au deux questions, je réponds « oui ! »
Tout d’abord, et contrairement à l’album précité, Putain de guerre n’a qu’un et un seul narrateur, qui nous fait partager son quotidien, ses informations et ses réflexions sur cette boucherie. La narration est donc plus évidente, plus naturelle, et Tardi évite le piège de voir ses lecteurs se désintéresser du sort de ses personnages faute de développement psychologique. Pourtant, le personnage central reste conforme à mes attentes et ressemble aux personnages évoqués dans « C’était la guerre des Tranchées », à savoir un conscrit pas vraiment enthousiaste à l’idée de partir au combat, et que les horribles épreuves vécues ne feront pas changer d’avis, et pour cause !
Ensuite, contrairement à « C’était la guerre des tranchées », qui se centrait plus sur de multiples anecdotes sans réelle chronologie, « Putain de guerre ! » nous livre une analyse historique du conflit. Nous suivons années après années la progression et l’enlisement de cette boucherie. Le lecteur est également promené d’un bout à l’autre de la ligne de front et, via leur narrateur, les auteurs évoquent aussi bien les plaines inondées de Passendaele (la bataille de l’Yser, en Belgique) que les Alpes autrichiennes et italiennes (un front qui m’était totalement inconnu), et ce même si leur personnage reste finalement toujours sur le territoire français. L’aspect historique est donc très présent, clairement détaillé et instructif.
D’autre part, j’ai bien aimé l’utilisation de la couleur par Tardi. En effet, le récit, au début colorié dans des teintes pastelles assez fraîches, perd de sa couleur au fil des pages pour ne plus sortir des tons grisâtres et ternes. Le contraste entre ces époques est très réussi et confère à l’album une ambiance de circonstance.
Enfin, il est bon de souligner que le diptyque est dense car chaque tome se clôt sur un épais dossier aussi bien écrit que richement illustré. La lecture de la bande dessinée se prolonge donc dans l’analyse de ces dossiers et la mise en parallèle des illustrations de Tardi et des photographies d’époque. A cette occasion, j’ai, une fois de plus, pu admirer toute la maîtrise graphique de l’auteur, qui parvient à concilier dessin « d’ambiance » et reproduction réaliste. En peu de trait et au travers de son épais encrage, l’artiste parvient à représenter un uniforme, un lieu ou un véhicule avec suffisamment de précision pour qu’aucune confusion ne soit possible. Du grand art, tout simplement !
Une nouvelle réussite pour un album qui, en définitive, se révèle être le complément idéal de « c’était la guerre des tranchées ».
A lire, et à posséder si ce genre de récit humaniste et historique vous attire.
Un premier album plutôt remarquable.
En effet les deux auteurs, qui se connaissent depuis longtemps, ont puisé dans les légendes et les traditions savoyardes pour composer leur histoire, qui nous emmène dans les pas d'une jeune fille aux étranges pouvoirs. Un passage entre deux mondes, une étrange atmosphère avec des animaux passeurs des enfers...
On sent la jeunesse des auteurs dans cet album, il leur faut encore de la maturité pour être vraiment au top, que ce soit au dessin comme dans la narration, un peu désordonnée par moments. Mais le dessin, qui s'améliore au fil de l'album, concourt bien à cette atmosphère, et nul doute que le prochain album des deux compères sera très réussi.
Un album intéressant donc, mais qui manque encore de maturité pour être très bien. J'aurai plaisir à suivre les prochaines productions des deux compères.
Cet album risque de pas mal faire parler de lui, surtout à cause de son graphisme. En effet Chongrui Nie, déjà auteur du très beau La Belle du temple hanté, nous gratifie là encore d'un dessin exceptionnel, un peu écrasé par le format (j'ai eu l'occasion de voir des personnages en "taille réelle", et c'est incroyable). Ses personnages, peut-être réalisés à partir de photographies, sont en effet d'un grand réalisme. Mais j'aimerais bien savoir qui a posé pour incarner Deux Lunes...
Concernant l'intrigue policière, j'avoue que je me suis un peu perdu dans le déroulement des évènements et la façon dont Bao et ses assistants avancent dans leur enquête. Mais j'ai eu le même souci avec certains albums de Tardi, donc le problème vient sans doute de moi.
Dans l'ensemble c'est vraiment pas mal, avec un coup de coeur pour le graphisme tout simplement remarquable.
Super ! J'ai sauté dessus en voyant la tronche des mômes sur la couv ... je ne suis pas déçu :D
Elle a un air de Gotlib cette BD ! D'ailleurs il a fait la post face Gotlib, sur l'intégrale ré-éditée par Fluide Glacial.
L'idée c'est de nous raconter la vie des garçons confiés à l'assistance publique sous Franco. Pour ça on suit la vie des mômes à travers des histoires courtes.
A la lecture c'est plutôt tordant la vie de ces gamins. D'abord ils crèvent de faim donc c'est l'occaz de faire pas mal de blagues sur le sujet :
Genre : "prête moi ta BD et je te donne ma ration de pain sec pour toute la semaine."
ou alors : " Vas-y passe moi un bout de chocolat ! Moi j'en reçois pas car mes parents ils sont morts ..."
En plus ils sont rasés de près comme des taulards, et ils ont des gueules pas possibles, ravagés qu'ils sont par leurs conditions de vies.
Bref, même quand la situation ne prête pas à rire ca reste efficace tellement ils font peine à voir.
Paracuellos, c'est un peu comme une cours de récré permanente en fait avec toute la cruauté et la sauvagerie dont sont capables des enfants de 10 ans.
Et dès qu'un soupçon de solidarité émerge, dès que ca devient un tout petit peu humain...
VLAN !! Une bonne paire de baffe (ou pire) !! ... Par les curetons de l'assistance publique, histoire de mettre tout ça dans le droit chemin.
Parce que l'humanité, c'est péché, et que ça se paye comptant.
Finalement on pleure de rire ... au lieu de pleurer tout court ..
Le troisième et dernier tome vient donc de sortir.
Celui-ci vient confirmer la note maximale déjà attribuée à cette série d'anticipation exceptionnelle.
Les 350 pages qui constitue l'ensemble de l'Eternaute sont un best-of du genre, qui se hisse au niveau des livres de Wells, par leur tension, leur rigueur, et leur aspect documentaire. La continuité de l'action, la description des événements en quasi "temps réel" en font une lecture immersive, prenante, haletante. Les thèmes de la manipulation, l'endoctrinement, la technologie, la société, l'armée, la résistance, l'Histoire, la différence, y sont abordés de manière cohérente. La fin ouvre de nombreuses perspectives de réflexion. Il reste quelque connotations datées, évidement, la technologie n'est peut être pas aussi imaginative que ce que l'on peut voir aujourd'hui en SF, mais ça n'empêche, que en plus du charme un peu désuet de certaines péripéties, l'Eternaute reste une lecture assez universelle, pour intéresser les lecteurs de notre époque. A noter que en plus d'être une pierre angulaire de la BD d'anticipation, il se dégage de cet ouvrage, une poésie, et une mélancolie assez rare pour le genre, et les auteurs arrivent à nous surprendre en nous présentant des envahisseurs un peu plus subtils qu'il y parait au premier abord. Il y a une volonté d'appel à la tolérance qui fait mouche, et une mise en perspective de l'humanité qui inspire le respect.
Une lecture indispensable.
Je laisse, ci-dessous, mes premiers avis sur les deux tomes précédents :
Si vous avez aimé, comme moi, La Guerre des Mondes de Wells (le roman), ne ratez pas ce chef d'oeuvre.
Si l'histoire peut prêter à sourire dans les grandes lignes, le suspense et la survie de ce petit groupe face à un évènement extraordinaire vous tiendra en haleine. De plus les grands thèmes politiques et sociologiques propres aux années 60 sont abordés par l'auteur de façon très intelligente.
Le dessin en N&B simple, sans être exceptionnel souligne bien l'ambiance, et l'atmosphère qui se dégage de certaines planches est superbe. L'écriture est intelligente, bien menée, malgré les redites inhérentes au fait que cette BD est sortie à l'origine dans un journal par épisodes très courts.
Cet ouvrage rentre dans mon Panthéon personnel de la S.F.
Le tome 2 vient de sortir :
De la survie d'un petit groupe, nous somme passés à la guerilla, resistance organisée avec ce qu'il reste d'une faction militaire et des miliciens, survivants recrutés. Des réponses aux questions du premier tome prennent corps ici.
Que dire, d'autre que cet éternaute frise la perfection ? Narration détaillée, aucune précipitation dans les événements, tout se deroule en quasi temps reel, c'est du documentaire. Les petits travers de redites inhérents au premier album se font même le luxe d'être moins présentes. Le troisième tome vite, je ne tiens déjà plus.
Voici une lecture au final pas très longue mais qui a contrario est un concentré de qualité. L'histoire va crescendo au fur et à mesure qu'elle avance, au début on se contente de sourire, je me suis même dit que ce n'était pas ce que Winshluss avait fait de meilleur, mais plus on tourne les pages plus le sadisme monte et plus l'humour qui l'accompagne prend de l'ampleur.
La chute est magistrale tant et si bien que je ne savais plus si rire ou pleurer. Car on se prend d'une grande tendresse pour ce petit Pat, à qui on souhaiterait plus de chance, sauf qu'égoïstement on veut qu'il souffre et les autres personnages aussi ! Parce que leurs malheurs sont juste jubilatoires !
Un petit mot sur le dessin qui vient renforcer cet insoutenable scénario. Le noir et blanc est très abouti malgré le petit format de la bd et surtout les expressions des personnages sont merveilleusement drôles.
C'est abominablement jouissif, à déguster sans modération.
J'ai 18 ans et j'aime cette bande dessinée. Elle est normalement destinée aux collégiens évidemment, mais je trouve qu'elle est quand même bien dessinée (mieux que certaines bandes dessinées pour adultes). Les dessins et les gags sont dynamiques. Les gags me font souvent rire, et elle représente assez bien le monde des collégiens, avec un peu d'exagération. Je m'y reconnais et reconnais ma soeur quand elle était collégienne.
D'accord, il y a des conseils qui semblent nous être donnés pour désobéir, mais si on a de l'esprit critique, nous savons bien que c'est pour rire.
Je ne lui donne pas 5/5 juste parce qu'il ne faut pas l'offrir à un enfant qui ne comprendrait pas que c'est pour rire.
Elle observe la vie des collégiens et de leur entourage avec justesse et amusement.
Avant toute chose, ce qui frappe dans cet album, c'est le dessin !!! Il est sublime ! De nombreuses cases sont des peintures à part entière! C'est de toute beauté! Les dessins, les couleurs! C'est ce qui justifie mon coup de coeur!
Le scénario, quant à lui, fonctionne bien. Il plonge dans la mythologie d'une période et région peu exploitée jusqu'ici. Il est suffisamment imprévisible, du fait de l'évolution de son héros. Ceci étant dit, je ne suis pas fasciné par l'histoire, l'empathie fonctionnant selon moi, peu. On est très spectateur et peu impliqué dans l'histoire. C'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle je n'ai pas mis 5.
Il reste in fine un album superbe qui justifie largement mon choix coup de coeur !
Je vois que Petit Vampire ne remporte pas le succès qu'il mérite. Sfar avec cette série arrive encore une fois à m'épater, il cible tous les lecteurs avec succès, les plus jeunes - à partir de 8 ans - avec des histoires qui font un peu peur et les adultes qui la liront le sourire aux lèvres. La narration est plutôt naïve, ce qui est normal pour une série jeunesse, mais à côté de ça Sfar y a introduit des éléments qui ne s'adressent qu'aux adultes, comme par exemple le pépé, médecin de profession, qui va ausculter une dame dans une chambre d'hôtel pendant que son petiot attend en mangeant une glace… quel blagueur ce Sfar… imaginez votre gosse qui à la fin de sa lecture vous dit : c'est comme papa avec la dame… ou maman avec le monsieur…on sait bien que la vérité sort de la bouche des enfants.
Tous les personnages sont attachants et très souvent attendrissants. La touche pipi-caca n'est pas trop dérangeante, c'est en général une chose que je n'aime pas, mais ici elle est présentée avec humour et il n'y en a pas à toutes les pages non plus ! Le plus important c'est que toutes ces histoires comportent une certaine morale amenée sans lourdeur et sont d'une très fine psychologie, notamment avec les notions d'amitié, de tolérance, de respect de l'autre et de toutes choses. De plus, Sfar a cette capacité à dédramatiser la mort lui rendant presque justice en lui ôtant la peur qu'elle inspire.
Ces différentes histoires ne sont pas toutes égales, certaines font preuve de plus d'imagination que d'autres, mais elles se lisent toutes avec un immense plaisir.
Graphiquement je soulignerais tout de même que les derniers tomes sont un cran en dessous des premiers, ils sont moins peaufinés, on sent que Sfar les a dessinés plus vite, mais ils restent raisonnables niveau qualité. J'avoue faire ici preuve d'un peu d'indulgence, mais le scénario étant à la hauteur… ça passe.
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Marée Basse
J’ai pour cette marée basse un faible indéniable et totalement subjectif. Pourtant ce récit ressemble à un inextricable fourre-tout sans queue ni tête, dont les personnages totalement fantaisistes auraient pu, en d’autres circonstances, rapidement m’horripiler. Oui, mais voilà ! Ce récit, qui se scinde en de multiples chapitres d’apparence très décousus, qui se divise en plusieurs périodes sans lien manifeste se révèle au final cohérent dans sa logique propre. Oui, Pecqueur nous mène dans de multiples directions, mais au final, il semblait bien savoir où il voulait aboutir. Et la performance est à souligner lorsque l’on songe que ce récit débute lors de la rencontre (la collision, pour être plus exact) entre une navigatrice solitaire et un couple de fous furieux désireux de mettre un terme à ce monde, et se termine en gondole à Venise avec un bambino passager de la (belle) Mort, qui prolonge son existence grâce à sa connaissance inextinguible d’histoires drôles. Je vois des sourcils se relever, d’autres se froncer. Et pourtant, vous n’êtes pas au bout de vos surprises puisque je ne vous ai rien dit du couple central … et d’ailleurs je ne vous en dirai rien. Sachez juste qu’il est digne de cet univers délirant et poétique, fantasque et cohérent. Et puis, cet album est magistralement servi par le trait envoutant de Gibrat. Certes, l’artiste n’est, alors, pas encore arrivé à totale maturité, mais son niveau est déjà proche de celui de « Le Sursis ». Ses personnages féminins sont, bien sûr, très séduisants, ses teintes sont riches de nuances et l’artiste combine déjà avec un grand talent traits caricaturaux et recherche de réalisme esthétique. L’artiste ne s’est cependant pas encore départi de son goût pour les lourdes poitrines féminines … ce qui, dans ce cadre délirant, n’est pas pour me déplaire (oui, j’ai honte, mais qu’importe, ne boudons pas notre plaisir à la vue de si parfaites rotondités). Un bien agréable délire donc, dont l’univers étrange a trouvé en mon humble personne un lecteur enthousiaste quoique conscient que cet album déplaira à plus d’un. M’en fout ! Moi, je me suis bien poilé …
Putain de guerre !
Avec cette putain de guerre, Tardi revient sur le premier conflit mondial, dont il avait exploité toute l’horreur dans le déjà très réussi « C'était la guerre des tranchées ». Un tel retour après une réussite aussi manifeste se justifiait-il ? L’auteur aurait-il de nouveaux éléments à nous faire partager ? Au deux questions, je réponds « oui ! » Tout d’abord, et contrairement à l’album précité, Putain de guerre n’a qu’un et un seul narrateur, qui nous fait partager son quotidien, ses informations et ses réflexions sur cette boucherie. La narration est donc plus évidente, plus naturelle, et Tardi évite le piège de voir ses lecteurs se désintéresser du sort de ses personnages faute de développement psychologique. Pourtant, le personnage central reste conforme à mes attentes et ressemble aux personnages évoqués dans « C’était la guerre des Tranchées », à savoir un conscrit pas vraiment enthousiaste à l’idée de partir au combat, et que les horribles épreuves vécues ne feront pas changer d’avis, et pour cause ! Ensuite, contrairement à « C’était la guerre des tranchées », qui se centrait plus sur de multiples anecdotes sans réelle chronologie, « Putain de guerre ! » nous livre une analyse historique du conflit. Nous suivons années après années la progression et l’enlisement de cette boucherie. Le lecteur est également promené d’un bout à l’autre de la ligne de front et, via leur narrateur, les auteurs évoquent aussi bien les plaines inondées de Passendaele (la bataille de l’Yser, en Belgique) que les Alpes autrichiennes et italiennes (un front qui m’était totalement inconnu), et ce même si leur personnage reste finalement toujours sur le territoire français. L’aspect historique est donc très présent, clairement détaillé et instructif. D’autre part, j’ai bien aimé l’utilisation de la couleur par Tardi. En effet, le récit, au début colorié dans des teintes pastelles assez fraîches, perd de sa couleur au fil des pages pour ne plus sortir des tons grisâtres et ternes. Le contraste entre ces époques est très réussi et confère à l’album une ambiance de circonstance. Enfin, il est bon de souligner que le diptyque est dense car chaque tome se clôt sur un épais dossier aussi bien écrit que richement illustré. La lecture de la bande dessinée se prolonge donc dans l’analyse de ces dossiers et la mise en parallèle des illustrations de Tardi et des photographies d’époque. A cette occasion, j’ai, une fois de plus, pu admirer toute la maîtrise graphique de l’auteur, qui parvient à concilier dessin « d’ambiance » et reproduction réaliste. En peu de trait et au travers de son épais encrage, l’artiste parvient à représenter un uniforme, un lieu ou un véhicule avec suffisamment de précision pour qu’aucune confusion ne soit possible. Du grand art, tout simplement ! Une nouvelle réussite pour un album qui, en définitive, se révèle être le complément idéal de « c’était la guerre des tranchées ». A lire, et à posséder si ce genre de récit humaniste et historique vous attire.
La Fille au corbeau
Un premier album plutôt remarquable. En effet les deux auteurs, qui se connaissent depuis longtemps, ont puisé dans les légendes et les traditions savoyardes pour composer leur histoire, qui nous emmène dans les pas d'une jeune fille aux étranges pouvoirs. Un passage entre deux mondes, une étrange atmosphère avec des animaux passeurs des enfers... On sent la jeunesse des auteurs dans cet album, il leur faut encore de la maturité pour être vraiment au top, que ce soit au dessin comme dans la narration, un peu désordonnée par moments. Mais le dessin, qui s'améliore au fil de l'album, concourt bien à cette atmosphère, et nul doute que le prochain album des deux compères sera très réussi. Un album intéressant donc, mais qui manque encore de maturité pour être très bien. J'aurai plaisir à suivre les prochaines productions des deux compères.
Juge Bao
Cet album risque de pas mal faire parler de lui, surtout à cause de son graphisme. En effet Chongrui Nie, déjà auteur du très beau La Belle du temple hanté, nous gratifie là encore d'un dessin exceptionnel, un peu écrasé par le format (j'ai eu l'occasion de voir des personnages en "taille réelle", et c'est incroyable). Ses personnages, peut-être réalisés à partir de photographies, sont en effet d'un grand réalisme. Mais j'aimerais bien savoir qui a posé pour incarner Deux Lunes... Concernant l'intrigue policière, j'avoue que je me suis un peu perdu dans le déroulement des évènements et la façon dont Bao et ses assistants avancent dans leur enquête. Mais j'ai eu le même souci avec certains albums de Tardi, donc le problème vient sans doute de moi. Dans l'ensemble c'est vraiment pas mal, avec un coup de coeur pour le graphisme tout simplement remarquable.
Paracuellos
Super ! J'ai sauté dessus en voyant la tronche des mômes sur la couv ... je ne suis pas déçu :D Elle a un air de Gotlib cette BD ! D'ailleurs il a fait la post face Gotlib, sur l'intégrale ré-éditée par Fluide Glacial. L'idée c'est de nous raconter la vie des garçons confiés à l'assistance publique sous Franco. Pour ça on suit la vie des mômes à travers des histoires courtes. A la lecture c'est plutôt tordant la vie de ces gamins. D'abord ils crèvent de faim donc c'est l'occaz de faire pas mal de blagues sur le sujet : Genre : "prête moi ta BD et je te donne ma ration de pain sec pour toute la semaine." ou alors : " Vas-y passe moi un bout de chocolat ! Moi j'en reçois pas car mes parents ils sont morts ..." En plus ils sont rasés de près comme des taulards, et ils ont des gueules pas possibles, ravagés qu'ils sont par leurs conditions de vies. Bref, même quand la situation ne prête pas à rire ca reste efficace tellement ils font peine à voir. Paracuellos, c'est un peu comme une cours de récré permanente en fait avec toute la cruauté et la sauvagerie dont sont capables des enfants de 10 ans. Et dès qu'un soupçon de solidarité émerge, dès que ca devient un tout petit peu humain... VLAN !! Une bonne paire de baffe (ou pire) !! ... Par les curetons de l'assistance publique, histoire de mettre tout ça dans le droit chemin. Parce que l'humanité, c'est péché, et que ça se paye comptant. Finalement on pleure de rire ... au lieu de pleurer tout court ..
L'Eternaute
Le troisième et dernier tome vient donc de sortir. Celui-ci vient confirmer la note maximale déjà attribuée à cette série d'anticipation exceptionnelle. Les 350 pages qui constitue l'ensemble de l'Eternaute sont un best-of du genre, qui se hisse au niveau des livres de Wells, par leur tension, leur rigueur, et leur aspect documentaire. La continuité de l'action, la description des événements en quasi "temps réel" en font une lecture immersive, prenante, haletante. Les thèmes de la manipulation, l'endoctrinement, la technologie, la société, l'armée, la résistance, l'Histoire, la différence, y sont abordés de manière cohérente. La fin ouvre de nombreuses perspectives de réflexion. Il reste quelque connotations datées, évidement, la technologie n'est peut être pas aussi imaginative que ce que l'on peut voir aujourd'hui en SF, mais ça n'empêche, que en plus du charme un peu désuet de certaines péripéties, l'Eternaute reste une lecture assez universelle, pour intéresser les lecteurs de notre époque. A noter que en plus d'être une pierre angulaire de la BD d'anticipation, il se dégage de cet ouvrage, une poésie, et une mélancolie assez rare pour le genre, et les auteurs arrivent à nous surprendre en nous présentant des envahisseurs un peu plus subtils qu'il y parait au premier abord. Il y a une volonté d'appel à la tolérance qui fait mouche, et une mise en perspective de l'humanité qui inspire le respect. Une lecture indispensable. Je laisse, ci-dessous, mes premiers avis sur les deux tomes précédents : Si vous avez aimé, comme moi, La Guerre des Mondes de Wells (le roman), ne ratez pas ce chef d'oeuvre. Si l'histoire peut prêter à sourire dans les grandes lignes, le suspense et la survie de ce petit groupe face à un évènement extraordinaire vous tiendra en haleine. De plus les grands thèmes politiques et sociologiques propres aux années 60 sont abordés par l'auteur de façon très intelligente. Le dessin en N&B simple, sans être exceptionnel souligne bien l'ambiance, et l'atmosphère qui se dégage de certaines planches est superbe. L'écriture est intelligente, bien menée, malgré les redites inhérentes au fait que cette BD est sortie à l'origine dans un journal par épisodes très courts. Cet ouvrage rentre dans mon Panthéon personnel de la S.F. Le tome 2 vient de sortir : De la survie d'un petit groupe, nous somme passés à la guerilla, resistance organisée avec ce qu'il reste d'une faction militaire et des miliciens, survivants recrutés. Des réponses aux questions du premier tome prennent corps ici. Que dire, d'autre que cet éternaute frise la perfection ? Narration détaillée, aucune précipitation dans les événements, tout se deroule en quasi temps reel, c'est du documentaire. Les petits travers de redites inhérents au premier album se font même le luxe d'être moins présentes. Le troisième tome vite, je ne tiens déjà plus.
Pat Boon
Voici une lecture au final pas très longue mais qui a contrario est un concentré de qualité. L'histoire va crescendo au fur et à mesure qu'elle avance, au début on se contente de sourire, je me suis même dit que ce n'était pas ce que Winshluss avait fait de meilleur, mais plus on tourne les pages plus le sadisme monte et plus l'humour qui l'accompagne prend de l'ampleur. La chute est magistrale tant et si bien que je ne savais plus si rire ou pleurer. Car on se prend d'une grande tendresse pour ce petit Pat, à qui on souhaiterait plus de chance, sauf qu'égoïstement on veut qu'il souffre et les autres personnages aussi ! Parce que leurs malheurs sont juste jubilatoires ! Un petit mot sur le dessin qui vient renforcer cet insoutenable scénario. Le noir et blanc est très abouti malgré le petit format de la bd et surtout les expressions des personnages sont merveilleusement drôles. C'est abominablement jouissif, à déguster sans modération.
Le Guide Junior de...
J'ai 18 ans et j'aime cette bande dessinée. Elle est normalement destinée aux collégiens évidemment, mais je trouve qu'elle est quand même bien dessinée (mieux que certaines bandes dessinées pour adultes). Les dessins et les gags sont dynamiques. Les gags me font souvent rire, et elle représente assez bien le monde des collégiens, avec un peu d'exagération. Je m'y reconnais et reconnais ma soeur quand elle était collégienne. D'accord, il y a des conseils qui semblent nous être donnés pour désobéir, mais si on a de l'esprit critique, nous savons bien que c'est pour rire. Je ne lui donne pas 5/5 juste parce qu'il ne faut pas l'offrir à un enfant qui ne comprendrait pas que c'est pour rire. Elle observe la vie des collégiens et de leur entourage avec justesse et amusement.
L'Epopée de Gilgamesh
Avant toute chose, ce qui frappe dans cet album, c'est le dessin !!! Il est sublime ! De nombreuses cases sont des peintures à part entière! C'est de toute beauté! Les dessins, les couleurs! C'est ce qui justifie mon coup de coeur! Le scénario, quant à lui, fonctionne bien. Il plonge dans la mythologie d'une période et région peu exploitée jusqu'ici. Il est suffisamment imprévisible, du fait de l'évolution de son héros. Ceci étant dit, je ne suis pas fasciné par l'histoire, l'empathie fonctionnant selon moi, peu. On est très spectateur et peu impliqué dans l'histoire. C'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle je n'ai pas mis 5. Il reste in fine un album superbe qui justifie largement mon choix coup de coeur !
Petit Vampire
Je vois que Petit Vampire ne remporte pas le succès qu'il mérite. Sfar avec cette série arrive encore une fois à m'épater, il cible tous les lecteurs avec succès, les plus jeunes - à partir de 8 ans - avec des histoires qui font un peu peur et les adultes qui la liront le sourire aux lèvres. La narration est plutôt naïve, ce qui est normal pour une série jeunesse, mais à côté de ça Sfar y a introduit des éléments qui ne s'adressent qu'aux adultes, comme par exemple le pépé, médecin de profession, qui va ausculter une dame dans une chambre d'hôtel pendant que son petiot attend en mangeant une glace… quel blagueur ce Sfar… imaginez votre gosse qui à la fin de sa lecture vous dit : c'est comme papa avec la dame… ou maman avec le monsieur…on sait bien que la vérité sort de la bouche des enfants. Tous les personnages sont attachants et très souvent attendrissants. La touche pipi-caca n'est pas trop dérangeante, c'est en général une chose que je n'aime pas, mais ici elle est présentée avec humour et il n'y en a pas à toutes les pages non plus ! Le plus important c'est que toutes ces histoires comportent une certaine morale amenée sans lourdeur et sont d'une très fine psychologie, notamment avec les notions d'amitié, de tolérance, de respect de l'autre et de toutes choses. De plus, Sfar a cette capacité à dédramatiser la mort lui rendant presque justice en lui ôtant la peur qu'elle inspire. Ces différentes histoires ne sont pas toutes égales, certaines font preuve de plus d'imagination que d'autres, mais elles se lisent toutes avec un immense plaisir. Graphiquement je soulignerais tout de même que les derniers tomes sont un cran en dessous des premiers, ils sont moins peaufinés, on sent que Sfar les a dessinés plus vite, mais ils restent raisonnables niveau qualité. J'avoue faire ici preuve d'un peu d'indulgence, mais le scénario étant à la hauteur… ça passe.