Et bien pour moi c'est un mini coup de coeur cette BD.
J'aime beaucoup le dessin de Bilal mais trouve curieusement que pour la plupart de ses BD il en fait beaucoup trop.
Celle ci, au contraire, est sans prétention et c'est ce qui m'a plu.
La modestie du dessin nous change des planches "plastiques" qui se valorisent si bien dans les salles de ventes... Dans cette BD on va trouver du dessin, et non du travail sur photo retouché à la craie.
En fait j'ai toujours secrètement rêvé de le voir traiter un sujet SF, à la manière d'un Gimenez, ou d'un Moebius. Et bien je dois reconnaitre que c'est très convainquant.
Evidemment j'aimerais un long cycle plutôt qu'un one shot d'histoire drôles, mais bon ... Ca fait du bien de voir exploiter le talent de Bilal sur un sujet SF qui nous sort un peu de ses thématiques récurrentes et un peu lourdes ...
Cet album fait du bien, surtout si on n’est pas "fan" donc.
Quelle chouette découverte !
Les enquêtes de notre « policier philosophe » (fans d’action, passez votre chemin !) permettent, au travers l’analyse de conflits entre différentes races, de nombreuses réflexions sur la vie en harmonie, l’acceptation et la compréhension de l’Autre, le respect entre civilisations, l’importance du dialogue et de la diplomatie… Tout un programme ! De nombreux passages peuvent être vus comme des paraboles faisant directement référence à notre monde. Ces dernières sont souvent bien vues et font mouche.
Le fait que les personnages peuvent transférer leur âme dans des « échos » (et ainsi devenir immortels) permet aussi une réflexion intéressante sur la vie et la mort. La fin est à ce titre très belle.
Bon, le message ne sera peut-être pas complètement original pour les lecteurs assidus de romans SF, mais je suis personnellement enthousiasmé par cet album qui se démarque de la production actuelle sur de nombreux points (à commencer par son dessin épuré et élégant) et dont la lecture me fut très agréable. A découvrir !
Ce One-shot est de loin mon préféré de l'œuvre de Toriyama. Le dessin est volontairement "simplifié", ce qui lui donne un caractère adorable. Les personnages sont très amusants, tant physiquement que psychologiquement, même le sinistre Mako va retrouver de la joie auprès de la bande de joyeux drilles menée par Païfu, lequel au passage, est sans nul doute le vampire le plus étrange jamais crée!
Bref, c'est bien construit, on dévore le livre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et la fin est très émouvante. Une réussite à tout point de vue. Vivement recommandé, même à ceux qui ne sont pas forcement friands de Toriyama (rassurez vous, il n'y a pas de super saïyens!)
Voilà un personnage attachant qui sait se rendre inoubliable pour nos têtes blondes !
Le personnage dont je lis et relis les aventures depuis plus d'un an maintenant à mon fiston tous les soirs, sort en album ! Pas d'hésitation, je prends !
Alors, oui, c'est un recueil de ses aventures déjà parues. Rien de très original dans cette publication, donc. Mais le succès de cette petite série publiée dans la revue "Les belles histoires" depuis plus d'un an maintenant méritait bien son édition à part entière.
Toujours construites sur le même schéma, les courtes histoires de notre petite sorcière ne manquent pourtant jamais de piment et/ou d'humour. La force de caractère et de personnalités de tous les personnages n'y est pas étrangère ! Un chat noir et une citrouille qui parlent comme animaux de compagnie, c'est pas banal... sauf pour une sorcière peut-être me direz-vous. :)
Ajoutez à cela un dessin très personnel, nerveux et très expressif et vous obtenez une petite potion magique des plus réussie. Tout le monde en redemande !
Alors si vous ne connaissez pas cette petite série et que vous chercher quelque chose à lire ou faire lire à vos jeunes enfants, cette série est faite pour vous !
Magnifique !
C'est le premier mot qui me vient à la lecture du premier tome de cette nouvelle série. L'auteure, Little Thunder (inconnue pour moi jusqu'ici...) semble être -après quelques recherches faites- l'une des étoiles montantes de la jeune génération chinoise. Et pour une fois, c'est le genre d'expression que je ne trouve pas usurpée !
Un coup d'arrêt sur le dessin tout d'abord. Que c'est beau ! Rien qu'en l'ayant feuilleté chez mon libraire préféré, j'en suis resté scotché. Quelle qualité graphique ! On sent que tout a été pesé et travaillé. Le trait fin, précis et réaliste, les cadrages originaux, le découpage recherché de chaque planche, jusqu'au fond noir des planches et les couleurs, que dis-je, LES COULEURS : WOUahouou ! Un bijou d'une grande finesse et richesse qui nous entraîne pleinement dans l'univers d'une folle originalité de notre jeune Lanyue...
Car c'est un peu sur les terres revisitées de Lewis Caroll que Little Thunder nous embarque avec Lanyue et Kylooe. Le miroir s'est mué en disque, mais cet "autre côté du miroir" nous propose un univers peuplé de personnages tout aussi déjantés. L'auteure prend un malin plaisir (et c'est rien de le dire) à représenter ce monde onirique tout en couleurs. Et on se laisse porter, emporter et rêver...
Reste à savoir ce que cette fuite de la réalité nous donnera au final (a priori 3 tomes sont prévus), mais ce premier tome m'a littéralement conquis ! Longtemps qu'un manga ne m'avait pas embarqué comme ça, tant graphiquement que par l'originalité de son histoire... Espérons que la suite soit aussi époustouflante !
L'ensemble est d'excellente facture, tant du point de vue des dessins, magnifiques, dans une monotonie de tons gris et ocres uniquement brisée par l'apparition du rouge sang, que du point de vue du scénario et de l'univers bien travaillé et dense. Il m'a fallu plusieurs lectures pour comprendre qui était dans quel camp, qui trahissait qui, et pourquoi.
Le dessin est soigné, léché, bien maitrisé, dans un style tout à fait reconnaissable. Le peu de couleurs utilisées nous renvoie immédiatement à cette époque révolue où le monde se couchait sur photos en dégradés de sépia ou en noir et blanc. Cette palette de couleurs correspond bien à cette atmosphère de fin du monde, de dernier baroud de l'humanité.
Ces derniers jours des hommes se passent dans une ambiance sombre, de ciel obscurci, avec un soleil qui ne fera finalement son apparition que durant les dernières heures du récit comme pour mieux saluer le changement qui se profile à l'horizon, même si en l'espèce, mère nature n'en sortira pas forcément grandie.
Le rouge sang, utilisé par petites touches, que ce soit pour mieux dépeindre les derniers instants des personnages fauchés comme les blés par leur destin, ou pour renforcer la pesanteur du décorum et de la symbolique nazie teinte à sa façon cet univers et indique bien la couleur de l'album, violent et désespéré.
Saluons enfin le soin consacré au détail que ce soit des habits, des lieux ou des armes mises en jeu, tout est historique, ou, a-historique mais de qualité.
Le scénario quant à lui est efficace. Il emprunte néanmoins un certain classicisme dans les moyens et les ambitions des personnages mais se rattrape par sa clairvoyance et sa méticulosité. Nous ne sommes pas ici en face d'un énième opus où, sous prétexte d'uchronie, on part dans un grand n'importe quoi grand-guignolesque. Ici l'univers est fouillé, construit, détaillé, tant du point de vue de la trame du récit que des personnages.
Les personnages, parlons-en.
Ici, l'élite du 3ème Reich côtoie les "anonymes" perdus au milieu des bouleversements de ce monde en déclin.
Prenez les pires bourreaux que l'humanité a porté, une litanie de noms en "H", grossissez à peine le trait pour certains et vous obtenez une bande de salopards ne reculant devant rien pour asservir le monde, pour écraser son frère, son voisin, son ennemi sous sa botte. Chacun de ces tristes sires se montre fidèle dans son comportement par rapport à l'histoire, Heydrich est une toujours ordure, Canary doute toujours de sa loyauté, etc...
Certains personnages qui, historiquement, se sont opposés à Hitler (disparu dans l'histoire) rejoignent là aussi les rangs de la rébellion face à l'horreur annoncée.
Quoiqu'en voulant en éviter une, n'en déclenchent-ils au final pas une autre ?
On retrouve donc tout le gotha nazi, se trahissant, s'assassinant, louvoyant entre deux eaux tout au long de l'histoire, ou de l'Histoire si vous préférez.
L'auteur prend un malin plaisir, tel Quentin Tarantino dans "Inglorious Basterds", à les trucider par pelletées au gré de ses envies et au service de l'avancée de l'action. Nul ne semble invulnérable. Qui en sortira indemne ?
Au final, les plus pourris ne se révélant pas être ceux que l'on croyait.
Mais tout n'est pas noir, quelques lueurs d'espoir transparaissent ici ou là. Flammes incertaines et vaillantes face au cours des choses, un rien suffirait à les éteindre, cet espoir étant surtout porté par des "anonymes", des hommes de l'ombre ou des anciennes victimes.
Des personnages aux petits oignons et à la personnalité travaillée, qu'il soit issus de l'Histoire ou créés de toutes pièces, mais qui ne seraient rien sans un univers crédibles où s'ébattre.
Et de ce côté là, nous sommes servis.
Block 109 c'est l'Allemagne nazie mais dopée aux stéroïdes, une sorte de Bigger Than Life à l'américaine, un What-If pleinement assuré. Nous sommes de plain pied dans le domaine de l'uchronie.
Ici, la course à l'armement a joué à fond. Les projets les plus fous qui, dans la réalité, n'avaient pu se réaliser pleinement du fait de la défaite du Reich, ont ici abouti pour la plupart. Qu'ils soient réalistes ou plus échevelés.
Exo-armures, chasseurs à réaction, missiles nucléaires et autres engins de mort sont présents en nombre sur les champs de bataille. Par contre ici, point de pouvoirs psychiques ou autres manipulations surnaturelles, la science peut tout expliquer. Les pires ravages sortent bien de l'esprit de scientifiques dérangés au service d'une machine enragée.
Et c'est dans un univers cohérent, qui aurait pu exister, que l'on se retrouve emporté par le tourbillon des évènements de ces derniers jours avant une nouvelle ère.
En refermant l'ouvrage, on se surprend à rêver... non, rêver n'est peut être pas un terme convenable pour un univers où les horreurs nazies historiques ou imaginaires sont bien présentes... espérer conviendrait mieux. Oui, on se met à espérer de futures incursions dans cet univers que ce soit pour nous raconter les prémices de cette guerre, les évènements antérieurs ou parallèles, mais pas la suite... Car en elle même la fin de cet ouvrage est très symbolique et marquante, teintée de mélancolie et d'un espoir dont on doute. Pas besoin d'en rajouter après celle-ci.
Une lecture que je conseille donc ardemment à tous les amateurs d'uchronies ou d'histoire de la seconde guerre mondiale, ainsi qu'à tous les autres. On passe un bon moment, on réfléchit, on apprécie les graphismes ainsi que le papier de qualité, on s'évade, certes pour un monde pas franchement recommandable mais Ô combien détaillé avec soin.
J'aurais bien quelques critiques à formuler mais elles se perdent dans le brouhaha de ma satisfaction générale et quasi entière.
Merci pour ce bel ouvrage.
Cette bande dessinée jeunesse comporte un rebondissement final surprenant qui donne une autre dimension à l'histoire. Les dessins sont jolis, les personnages sont mignons et les couleurs collent bien avec les actions. Le seul point faible est peut-être la longueur du livre, 26 pages vite dévorées. Mais il mérite une bonne note car avec mes enfants nous avons passé un bon moment de lecture. Je recommande.
Naoki Urasawa est, on le sait depuis Monster et 20th Century Boys, un conteur extrêmement doué, un maitre du suspens, mais qui a tendance à se perdre un peu dans les ramifications de ses histoires, pour finalement livrer des fins un peu frustrantes, voire décevantes, et des développements parfois hasardeux.
Aussi est-il particulièrement intéressant de le suivre dans cette adaptation de l'œuvre qui fut à l'origine de sa vocation de mangaka : "le robot le plus fort du monde", un épisode des aventures d'Astro/Atom, par le "roi de manga", j'ai nommé Osamu Tezuka. La trame de l'histoire lui est imposée, il n'a plus qu'à broder sur le thème avec le talent qu'on lui connait, on sait qu'il ne pourra pas se perdre en route, et c'est tant mieux. On évite ainsi l'histoire à rallonge, et cette série, déjà finie au Japon, tiendra en définitive en 8 tomes.
Passionnant, "Pluto" (pourquoi diable ne l'ont-ils pas traduit par "Pluton" ???) l'est à plus d'un titre.
De par les thématiques abordées tout d'abord : même si Asimov ou Philip K Dick ont déjà bien balisé le terrain (on pense tout de suite à "Blade Runner"), la réflexion d'Urasawa sur le thème des cyborgs et robots et comment ils nous interrogent sur notre propre humanité est sensible et prometteuse (il faudra attendre quelques tomes pour se prononcer complètement), et les résonances qu'il ne manque pas de distiller sur notre monde d'aujourd'hui (guerre mondiale au proche orient, armes de destructions massives...) ne le sont pas moins.
J'ai également été vraiment impressionnée par l'intelligence avec laquelle Urasawa s'est approprié le monde de Tezuka. Sa vision d'Astro est à ce titre absolument exemplaire, à la fois fidèle à l'originale mais plus profonde et mature, propice à la réflexion (sur la manière dont l'image d'Astro est utilisée à des fins de propagande par exemple, où sur ce qui fait d'Astro un robot vraiment exceptionnel).
Bref, j'attends la suite avec une réelle impatience. Si Urasawa continue sur ce qu'il y a de meilleur dans ces 2 premiers tomes, ce sera le 5/5 assuré... mais s'ils s'emmêle dans ses tics narratifs et ses passages faciles (comme le passage sur North2, tellement vu et revu), il se peut que je sois au final déçue.
Mais j'ai confiance !
(à noter, une excellente chronique de du9 sur le sujet, avec des comparaisons très intéressantes avec l'oeuvre originale de Tezuka)
Ah ah, je me suis bien poilée en lisant ce Noob ! Et je n'y connais absolument rien en jeux en ligne, mmorpg et compagnie, juste ce que peut m'en dire quelque spécialiste de ma connaissance (ce qui me permet entre autres d'enrichir mon vocabulaire et de savoir à peu près de quoi parle la présente BD…).
Noob est une suite d'historiettes sur le thème du jeu en ligne, des perso, des quêtes, des guildes, des joueurs invétérés et surtout d'un noob (un désespérant et éternel débutant, si j'ai bien tout compris) qui fait systématiquement foirer les missions de ses coéquipiers par son inattention, la vétusté de son matériel ou son incompétence incurable ! Mais il lui arrive également de remporter des victoires… le plus souvent à l'insu de son plein gré.
Le dessin est excellent : petits personnages-avatars à grosses têtes, belles couleurs vives, dynamisme, action, jolis décors détaillés : tout est là pour le plaisir des yeux. Le parallèle entre la vraie vie et le jeu (coupure de réseau, endormissement du joueur, bugs du jeu, etc…) est à chaque fois l'occasion de casser le rythme et de mettre nos héros dans un embarras assez rigolo.
A noter que Noob est à l'origine une web série, diffusée sur Nolife TV, qui a un site ici et qui se décline également en romans et DVD.
Vraiment très sympathique, même (surtout ? ) pour une novice comme moi.
Sans vouloir faire dans le jeu de mot pourri (… mais un peu quand même), c’est une vraie tuerie ce truc ! Un coup de maître, depuis le titre inspiré jusqu'à la dernière réplique en quatrième de couverture.
Première page de l’album, premier choc frontal : des tonalités sombres, puissantes, qui rappellent immédiatement le (sublime) Roi des Mouches (normal me direz vous, c’est la même coloriste) et un dessin d’emblée présent, très prégnant. Une ligne sauce Crumb dont le crayon plus gras et généreux se serait noyé dans la gomina. Ultra expressif. Magnifique. Dans la foulée, une seconde claque dans la mouille ; l’ambiance. Dès la scène d’ouverture, on est dans le trip. Une voiture, deux personnages de dos et une conversation teintée d’un « assent hispanique carricatoural si délicio (y’adore) » évoquent immanquablement les échanges Vincent Vega / Jules Winnfield dans le cultissime Pulp fiction. Oui, on y est dans cette bagnole, et ça pue le vieux jeans crade et le mélange patchouli, cheveux gras. Indice que ça ne va pas être tout propre, pas vraiment moral. Ça risque de saigner et même de trasher. Qu’importe ! On ne peut s’empêcher d’y hasarder un nez plus curieux, un œil voyeur un peu coupable et alpagué par le bout du cheveu on finira par y laisser toute la banane. Irrémédiablement chopé par un scénario déjanté déployant son imprévisibilité dans une épopée tragicomique underground, un road movie surréaliste où absolument tout est à déguster.
À tout saigneur, tout honneur, commençons par la présentation de nos « gentils » compagnons de voyage. Une schtroumpfette androgyne taille XXL à la diplomatie très… tactile ; un petit prodige de la gâchette et du silencieux camouflé derrière une frange adolescente et flanqué d’un alter ego mexicain, prince ès manipulation de l’outillage qui fait bobo là où ça fait le plus mal ; un succédané de Docteur Mangele métissé Folamour nostalgique inconsolable de toute une époque martiale et musicale ; et enfin, une meute inépuisable d’ic(l)ônes version Nashville à la mèche gonflée et au coup de reins diabolique… Pléiade improbable de héros, tous plus barrés les uns que les autres, mais que l’on va aimer spontanément. Charismatiques, si beaux, chacun avec une vraie gueule, ils font montre d’un incontestable panache dans leur démesure et dégagent une presque sensualité. J’ai éprouvé une réelle tendresse pour certains d’entre eux (l’Elvis de poche m’a fait fondre).
Une brochette « poétisée » par le génie de la mise en scène qui accumule les prises de vues inventives, les cadrages habiles et varie les grandes cases magnifiques ou les gigas gros plans dans ta tronche. Cette narration, pensée, réglée au poil de cul, dompte l’apparente anarchie d’une histoire dont elle désamorce la violence par une excentricité omniprésente. Ses acteurs délirants, son comique maitrisé dans les petits riens (un simple geste, un regard en coin), ses répliques à l’ironie vacharde ou sa logorrhée verbale à la philosophie souvent hésitante offrent un enthousiasme permanent qui se colorera d’une nuance supplémentaire quand débouleront les dernières planches. L’épilogue qui gratouillera les plus grincheux (pas moi en tout cas) par son côté « ah ouais, maintenant que j’ai bien déliré faut que je leur explique tout vite fait », mais qui libèrera par-dessus tout une ultime jubilation rétroactive. Le deuxième effet Kill Cool.
Après un premier Dérapage déroutant ( :) ), les auteurs nous confirment qu’ils sont bien branchés sur le même courant alternatif en s’improvisant dealers horlogers d’un trash ordonné, burlesque et décoiffant. Prions qu’ils continuent de bosser longtemps ensemble (David ? Renaud ? Pas de blagues, hein ? Je suis méchamment accro’ et va me falloir une dose régulière…).
Ça y est… Vous l’entendez maintenant ? La petite musique… Quoi ? C’est du Rock’n Roll ça ? Oh putain, quel pied !
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Mémoires d'outre-espace
Et bien pour moi c'est un mini coup de coeur cette BD. J'aime beaucoup le dessin de Bilal mais trouve curieusement que pour la plupart de ses BD il en fait beaucoup trop. Celle ci, au contraire, est sans prétention et c'est ce qui m'a plu. La modestie du dessin nous change des planches "plastiques" qui se valorisent si bien dans les salles de ventes... Dans cette BD on va trouver du dessin, et non du travail sur photo retouché à la craie. En fait j'ai toujours secrètement rêvé de le voir traiter un sujet SF, à la manière d'un Gimenez, ou d'un Moebius. Et bien je dois reconnaitre que c'est très convainquant. Evidemment j'aimerais un long cycle plutôt qu'un one shot d'histoire drôles, mais bon ... Ca fait du bien de voir exploiter le talent de Bilal sur un sujet SF qui nous sort un peu de ses thématiques récurrentes et un peu lourdes ... Cet album fait du bien, surtout si on n’est pas "fan" donc.
Les Derniers jours d'un immortel
Quelle chouette découverte ! Les enquêtes de notre « policier philosophe » (fans d’action, passez votre chemin !) permettent, au travers l’analyse de conflits entre différentes races, de nombreuses réflexions sur la vie en harmonie, l’acceptation et la compréhension de l’Autre, le respect entre civilisations, l’importance du dialogue et de la diplomatie… Tout un programme ! De nombreux passages peuvent être vus comme des paraboles faisant directement référence à notre monde. Ces dernières sont souvent bien vues et font mouche. Le fait que les personnages peuvent transférer leur âme dans des « échos » (et ainsi devenir immortels) permet aussi une réflexion intéressante sur la vie et la mort. La fin est à ce titre très belle. Bon, le message ne sera peut-être pas complètement original pour les lecteurs assidus de romans SF, mais je suis personnellement enthousiasmé par cet album qui se démarque de la production actuelle sur de nombreux points (à commencer par son dessin épuré et élégant) et dont la lecture me fut très agréable. A découvrir !
Cowa !
Ce One-shot est de loin mon préféré de l'œuvre de Toriyama. Le dessin est volontairement "simplifié", ce qui lui donne un caractère adorable. Les personnages sont très amusants, tant physiquement que psychologiquement, même le sinistre Mako va retrouver de la joie auprès de la bande de joyeux drilles menée par Païfu, lequel au passage, est sans nul doute le vampire le plus étrange jamais crée! Bref, c'est bien construit, on dévore le livre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et la fin est très émouvante. Une réussite à tout point de vue. Vivement recommandé, même à ceux qui ne sont pas forcement friands de Toriyama (rassurez vous, il n'y a pas de super saïyens!)
Zouk
Voilà un personnage attachant qui sait se rendre inoubliable pour nos têtes blondes ! Le personnage dont je lis et relis les aventures depuis plus d'un an maintenant à mon fiston tous les soirs, sort en album ! Pas d'hésitation, je prends ! Alors, oui, c'est un recueil de ses aventures déjà parues. Rien de très original dans cette publication, donc. Mais le succès de cette petite série publiée dans la revue "Les belles histoires" depuis plus d'un an maintenant méritait bien son édition à part entière. Toujours construites sur le même schéma, les courtes histoires de notre petite sorcière ne manquent pourtant jamais de piment et/ou d'humour. La force de caractère et de personnalités de tous les personnages n'y est pas étrangère ! Un chat noir et une citrouille qui parlent comme animaux de compagnie, c'est pas banal... sauf pour une sorcière peut-être me direz-vous. :) Ajoutez à cela un dessin très personnel, nerveux et très expressif et vous obtenez une petite potion magique des plus réussie. Tout le monde en redemande ! Alors si vous ne connaissez pas cette petite série et que vous chercher quelque chose à lire ou faire lire à vos jeunes enfants, cette série est faite pour vous !
Kylooe
Magnifique ! C'est le premier mot qui me vient à la lecture du premier tome de cette nouvelle série. L'auteure, Little Thunder (inconnue pour moi jusqu'ici...) semble être -après quelques recherches faites- l'une des étoiles montantes de la jeune génération chinoise. Et pour une fois, c'est le genre d'expression que je ne trouve pas usurpée ! Un coup d'arrêt sur le dessin tout d'abord. Que c'est beau ! Rien qu'en l'ayant feuilleté chez mon libraire préféré, j'en suis resté scotché. Quelle qualité graphique ! On sent que tout a été pesé et travaillé. Le trait fin, précis et réaliste, les cadrages originaux, le découpage recherché de chaque planche, jusqu'au fond noir des planches et les couleurs, que dis-je, LES COULEURS : WOUahouou ! Un bijou d'une grande finesse et richesse qui nous entraîne pleinement dans l'univers d'une folle originalité de notre jeune Lanyue... Car c'est un peu sur les terres revisitées de Lewis Caroll que Little Thunder nous embarque avec Lanyue et Kylooe. Le miroir s'est mué en disque, mais cet "autre côté du miroir" nous propose un univers peuplé de personnages tout aussi déjantés. L'auteure prend un malin plaisir (et c'est rien de le dire) à représenter ce monde onirique tout en couleurs. Et on se laisse porter, emporter et rêver... Reste à savoir ce que cette fuite de la réalité nous donnera au final (a priori 3 tomes sont prévus), mais ce premier tome m'a littéralement conquis ! Longtemps qu'un manga ne m'avait pas embarqué comme ça, tant graphiquement que par l'originalité de son histoire... Espérons que la suite soit aussi époustouflante !
Block 109
L'ensemble est d'excellente facture, tant du point de vue des dessins, magnifiques, dans une monotonie de tons gris et ocres uniquement brisée par l'apparition du rouge sang, que du point de vue du scénario et de l'univers bien travaillé et dense. Il m'a fallu plusieurs lectures pour comprendre qui était dans quel camp, qui trahissait qui, et pourquoi. Le dessin est soigné, léché, bien maitrisé, dans un style tout à fait reconnaissable. Le peu de couleurs utilisées nous renvoie immédiatement à cette époque révolue où le monde se couchait sur photos en dégradés de sépia ou en noir et blanc. Cette palette de couleurs correspond bien à cette atmosphère de fin du monde, de dernier baroud de l'humanité. Ces derniers jours des hommes se passent dans une ambiance sombre, de ciel obscurci, avec un soleil qui ne fera finalement son apparition que durant les dernières heures du récit comme pour mieux saluer le changement qui se profile à l'horizon, même si en l'espèce, mère nature n'en sortira pas forcément grandie. Le rouge sang, utilisé par petites touches, que ce soit pour mieux dépeindre les derniers instants des personnages fauchés comme les blés par leur destin, ou pour renforcer la pesanteur du décorum et de la symbolique nazie teinte à sa façon cet univers et indique bien la couleur de l'album, violent et désespéré. Saluons enfin le soin consacré au détail que ce soit des habits, des lieux ou des armes mises en jeu, tout est historique, ou, a-historique mais de qualité. Le scénario quant à lui est efficace. Il emprunte néanmoins un certain classicisme dans les moyens et les ambitions des personnages mais se rattrape par sa clairvoyance et sa méticulosité. Nous ne sommes pas ici en face d'un énième opus où, sous prétexte d'uchronie, on part dans un grand n'importe quoi grand-guignolesque. Ici l'univers est fouillé, construit, détaillé, tant du point de vue de la trame du récit que des personnages. Les personnages, parlons-en. Ici, l'élite du 3ème Reich côtoie les "anonymes" perdus au milieu des bouleversements de ce monde en déclin. Prenez les pires bourreaux que l'humanité a porté, une litanie de noms en "H", grossissez à peine le trait pour certains et vous obtenez une bande de salopards ne reculant devant rien pour asservir le monde, pour écraser son frère, son voisin, son ennemi sous sa botte. Chacun de ces tristes sires se montre fidèle dans son comportement par rapport à l'histoire, Heydrich est une toujours ordure, Canary doute toujours de sa loyauté, etc... Certains personnages qui, historiquement, se sont opposés à Hitler (disparu dans l'histoire) rejoignent là aussi les rangs de la rébellion face à l'horreur annoncée. Quoiqu'en voulant en éviter une, n'en déclenchent-ils au final pas une autre ? On retrouve donc tout le gotha nazi, se trahissant, s'assassinant, louvoyant entre deux eaux tout au long de l'histoire, ou de l'Histoire si vous préférez. L'auteur prend un malin plaisir, tel Quentin Tarantino dans "Inglorious Basterds", à les trucider par pelletées au gré de ses envies et au service de l'avancée de l'action. Nul ne semble invulnérable. Qui en sortira indemne ? Au final, les plus pourris ne se révélant pas être ceux que l'on croyait. Mais tout n'est pas noir, quelques lueurs d'espoir transparaissent ici ou là. Flammes incertaines et vaillantes face au cours des choses, un rien suffirait à les éteindre, cet espoir étant surtout porté par des "anonymes", des hommes de l'ombre ou des anciennes victimes. Des personnages aux petits oignons et à la personnalité travaillée, qu'il soit issus de l'Histoire ou créés de toutes pièces, mais qui ne seraient rien sans un univers crédibles où s'ébattre. Et de ce côté là, nous sommes servis. Block 109 c'est l'Allemagne nazie mais dopée aux stéroïdes, une sorte de Bigger Than Life à l'américaine, un What-If pleinement assuré. Nous sommes de plain pied dans le domaine de l'uchronie. Ici, la course à l'armement a joué à fond. Les projets les plus fous qui, dans la réalité, n'avaient pu se réaliser pleinement du fait de la défaite du Reich, ont ici abouti pour la plupart. Qu'ils soient réalistes ou plus échevelés. Exo-armures, chasseurs à réaction, missiles nucléaires et autres engins de mort sont présents en nombre sur les champs de bataille. Par contre ici, point de pouvoirs psychiques ou autres manipulations surnaturelles, la science peut tout expliquer. Les pires ravages sortent bien de l'esprit de scientifiques dérangés au service d'une machine enragée. Et c'est dans un univers cohérent, qui aurait pu exister, que l'on se retrouve emporté par le tourbillon des évènements de ces derniers jours avant une nouvelle ère. En refermant l'ouvrage, on se surprend à rêver... non, rêver n'est peut être pas un terme convenable pour un univers où les horreurs nazies historiques ou imaginaires sont bien présentes... espérer conviendrait mieux. Oui, on se met à espérer de futures incursions dans cet univers que ce soit pour nous raconter les prémices de cette guerre, les évènements antérieurs ou parallèles, mais pas la suite... Car en elle même la fin de cet ouvrage est très symbolique et marquante, teintée de mélancolie et d'un espoir dont on doute. Pas besoin d'en rajouter après celle-ci. Une lecture que je conseille donc ardemment à tous les amateurs d'uchronies ou d'histoire de la seconde guerre mondiale, ainsi qu'à tous les autres. On passe un bon moment, on réfléchit, on apprécie les graphismes ainsi que le papier de qualité, on s'évade, certes pour un monde pas franchement recommandable mais Ô combien détaillé avec soin. J'aurais bien quelques critiques à formuler mais elles se perdent dans le brouhaha de ma satisfaction générale et quasi entière. Merci pour ce bel ouvrage.
Le Plat du jour - Une aventure de Comédon le chien cuisinier
Cette bande dessinée jeunesse comporte un rebondissement final surprenant qui donne une autre dimension à l'histoire. Les dessins sont jolis, les personnages sont mignons et les couleurs collent bien avec les actions. Le seul point faible est peut-être la longueur du livre, 26 pages vite dévorées. Mais il mérite une bonne note car avec mes enfants nous avons passé un bon moment de lecture. Je recommande.
Pluto
Naoki Urasawa est, on le sait depuis Monster et 20th Century Boys, un conteur extrêmement doué, un maitre du suspens, mais qui a tendance à se perdre un peu dans les ramifications de ses histoires, pour finalement livrer des fins un peu frustrantes, voire décevantes, et des développements parfois hasardeux. Aussi est-il particulièrement intéressant de le suivre dans cette adaptation de l'œuvre qui fut à l'origine de sa vocation de mangaka : "le robot le plus fort du monde", un épisode des aventures d'Astro/Atom, par le "roi de manga", j'ai nommé Osamu Tezuka. La trame de l'histoire lui est imposée, il n'a plus qu'à broder sur le thème avec le talent qu'on lui connait, on sait qu'il ne pourra pas se perdre en route, et c'est tant mieux. On évite ainsi l'histoire à rallonge, et cette série, déjà finie au Japon, tiendra en définitive en 8 tomes. Passionnant, "Pluto" (pourquoi diable ne l'ont-ils pas traduit par "Pluton" ???) l'est à plus d'un titre. De par les thématiques abordées tout d'abord : même si Asimov ou Philip K Dick ont déjà bien balisé le terrain (on pense tout de suite à "Blade Runner"), la réflexion d'Urasawa sur le thème des cyborgs et robots et comment ils nous interrogent sur notre propre humanité est sensible et prometteuse (il faudra attendre quelques tomes pour se prononcer complètement), et les résonances qu'il ne manque pas de distiller sur notre monde d'aujourd'hui (guerre mondiale au proche orient, armes de destructions massives...) ne le sont pas moins. J'ai également été vraiment impressionnée par l'intelligence avec laquelle Urasawa s'est approprié le monde de Tezuka. Sa vision d'Astro est à ce titre absolument exemplaire, à la fois fidèle à l'originale mais plus profonde et mature, propice à la réflexion (sur la manière dont l'image d'Astro est utilisée à des fins de propagande par exemple, où sur ce qui fait d'Astro un robot vraiment exceptionnel). Bref, j'attends la suite avec une réelle impatience. Si Urasawa continue sur ce qu'il y a de meilleur dans ces 2 premiers tomes, ce sera le 5/5 assuré... mais s'ils s'emmêle dans ses tics narratifs et ses passages faciles (comme le passage sur North2, tellement vu et revu), il se peut que je sois au final déçue. Mais j'ai confiance ! (à noter, une excellente chronique de du9 sur le sujet, avec des comparaisons très intéressantes avec l'oeuvre originale de Tezuka)
Noob
Ah ah, je me suis bien poilée en lisant ce Noob ! Et je n'y connais absolument rien en jeux en ligne, mmorpg et compagnie, juste ce que peut m'en dire quelque spécialiste de ma connaissance (ce qui me permet entre autres d'enrichir mon vocabulaire et de savoir à peu près de quoi parle la présente BD…). Noob est une suite d'historiettes sur le thème du jeu en ligne, des perso, des quêtes, des guildes, des joueurs invétérés et surtout d'un noob (un désespérant et éternel débutant, si j'ai bien tout compris) qui fait systématiquement foirer les missions de ses coéquipiers par son inattention, la vétusté de son matériel ou son incompétence incurable ! Mais il lui arrive également de remporter des victoires… le plus souvent à l'insu de son plein gré. Le dessin est excellent : petits personnages-avatars à grosses têtes, belles couleurs vives, dynamisme, action, jolis décors détaillés : tout est là pour le plaisir des yeux. Le parallèle entre la vraie vie et le jeu (coupure de réseau, endormissement du joueur, bugs du jeu, etc…) est à chaque fois l'occasion de casser le rythme et de mettre nos héros dans un embarras assez rigolo. A noter que Noob est à l'origine une web série, diffusée sur Nolife TV, qui a un site ici et qui se décline également en romans et DVD. Vraiment très sympathique, même (surtout ? ) pour une novice comme moi.
Le Syndrome de Warhol
Sans vouloir faire dans le jeu de mot pourri (… mais un peu quand même), c’est une vraie tuerie ce truc ! Un coup de maître, depuis le titre inspiré jusqu'à la dernière réplique en quatrième de couverture. Première page de l’album, premier choc frontal : des tonalités sombres, puissantes, qui rappellent immédiatement le (sublime) Roi des Mouches (normal me direz vous, c’est la même coloriste) et un dessin d’emblée présent, très prégnant. Une ligne sauce Crumb dont le crayon plus gras et généreux se serait noyé dans la gomina. Ultra expressif. Magnifique. Dans la foulée, une seconde claque dans la mouille ; l’ambiance. Dès la scène d’ouverture, on est dans le trip. Une voiture, deux personnages de dos et une conversation teintée d’un « assent hispanique carricatoural si délicio (y’adore) » évoquent immanquablement les échanges Vincent Vega / Jules Winnfield dans le cultissime Pulp fiction. Oui, on y est dans cette bagnole, et ça pue le vieux jeans crade et le mélange patchouli, cheveux gras. Indice que ça ne va pas être tout propre, pas vraiment moral. Ça risque de saigner et même de trasher. Qu’importe ! On ne peut s’empêcher d’y hasarder un nez plus curieux, un œil voyeur un peu coupable et alpagué par le bout du cheveu on finira par y laisser toute la banane. Irrémédiablement chopé par un scénario déjanté déployant son imprévisibilité dans une épopée tragicomique underground, un road movie surréaliste où absolument tout est à déguster. À tout saigneur, tout honneur, commençons par la présentation de nos « gentils » compagnons de voyage. Une schtroumpfette androgyne taille XXL à la diplomatie très… tactile ; un petit prodige de la gâchette et du silencieux camouflé derrière une frange adolescente et flanqué d’un alter ego mexicain, prince ès manipulation de l’outillage qui fait bobo là où ça fait le plus mal ; un succédané de Docteur Mangele métissé Folamour nostalgique inconsolable de toute une époque martiale et musicale ; et enfin, une meute inépuisable d’ic(l)ônes version Nashville à la mèche gonflée et au coup de reins diabolique… Pléiade improbable de héros, tous plus barrés les uns que les autres, mais que l’on va aimer spontanément. Charismatiques, si beaux, chacun avec une vraie gueule, ils font montre d’un incontestable panache dans leur démesure et dégagent une presque sensualité. J’ai éprouvé une réelle tendresse pour certains d’entre eux (l’Elvis de poche m’a fait fondre). Une brochette « poétisée » par le génie de la mise en scène qui accumule les prises de vues inventives, les cadrages habiles et varie les grandes cases magnifiques ou les gigas gros plans dans ta tronche. Cette narration, pensée, réglée au poil de cul, dompte l’apparente anarchie d’une histoire dont elle désamorce la violence par une excentricité omniprésente. Ses acteurs délirants, son comique maitrisé dans les petits riens (un simple geste, un regard en coin), ses répliques à l’ironie vacharde ou sa logorrhée verbale à la philosophie souvent hésitante offrent un enthousiasme permanent qui se colorera d’une nuance supplémentaire quand débouleront les dernières planches. L’épilogue qui gratouillera les plus grincheux (pas moi en tout cas) par son côté « ah ouais, maintenant que j’ai bien déliré faut que je leur explique tout vite fait », mais qui libèrera par-dessus tout une ultime jubilation rétroactive. Le deuxième effet Kill Cool. Après un premier Dérapage déroutant ( :) ), les auteurs nous confirment qu’ils sont bien branchés sur le même courant alternatif en s’improvisant dealers horlogers d’un trash ordonné, burlesque et décoiffant. Prions qu’ils continuent de bosser longtemps ensemble (David ? Renaud ? Pas de blagues, hein ? Je suis méchamment accro’ et va me falloir une dose régulière…). Ça y est… Vous l’entendez maintenant ? La petite musique… Quoi ? C’est du Rock’n Roll ça ? Oh putain, quel pied !