Une jolie surprise que cet album !
L'histoire racontée dans "l'homme bonsaï" - la lente transformation d'un homme en arbre dans le milieu de la piraterie en mer de Chine au XVIIIème siècle - est poétique et originale, et le traitement graphique de l'album, quoiqu'inégal, ne manque ni de charme ni de trouvailles : les tatouages qui recouvrent ainsi le corps du héros, alliés au bonsaï qui orne sa tête, lui donnent une physionomie peu banale et charismatique.
Il y a donc beaucoup de bonnes choses dans cette BD très attachante, et c'est avec un certain regret que j'avoue avoir trouvé certaines péripéties peu convainquantes, et le récit au final trop peu consistant, malgré l'excellence de la thématique abordée.
Et c'est bien dommage, car il ne fallait pas grand chose je pense pour en faire un très grand album.
Eh bien moi j'ai bien aimé cette entrée en matière dans le premier album de Bouss.
On sent de prime abord sa fascination pour les structures verticales, certaines formes architecturales cyclopéennes, mais aussi les questionnements qui vont avec. Le pourquoi de cette structure est également le fil conducteur du premier tome, et je ne suis pas loin de penser que la théorie de Léna est peut-être la plus proche de la vérité. Le dessin est du semi-réaliste qui n'essaie pas de se cacher, mais qui évolue dans des décors faramineux. A l'heure actuelle la série est au point mort, mais le tome 2 (sur les 3 prévus au final) a été entièrement dessiné par Bouss, et j'ai bon espoir de lire un jour la suite.
Attendons donc... Après tout, la structure a tout son temps...
Si je ne devais retenir qu'une bd pour l'instant dans ma bibliothèque, ce sont les Passagers du vent.
Cette bd est belle et émouvante, l'intrigue peut parfois mettre mal à l'aise mais c'est aussi la magie de cette bd dont le dessin et l'histoire vous retournent, vous envoûtent, certains dessins restent gravés dans votre mémoire et vous poursuivent longtemps.
J'avais lu le premier cycle ado et je viens d'en faire l'acquisition à l'occasion de la sortie de "La petite fille Bois Caïman".
Les passagers du vent, ce sont des dialogues ciselés, des héroïnes féminines souvent courageuses, parfois lâches, intelligentes et fines, comme on n'en voit que trop rarement dans le monde de la bd, ce sont des trognes de marins revenus de tout, de l'enfer des tempêtes, de la cruauté des hommes et des pièges du destin. Balloté au gré des aventures de Hoel et Isa, le lecteur fait une plongée saisissante dans l'Histoire, la traite des noirs, les rivalités anglaises et françaises. Scénario génial et décor historique parfaitement reconstitué, cette bd laisse des traces indélébiles.
Avec Bourgeon, conteur hors pair, nous assistons au bouleversement d'une époque, commerce en plein essor, religion vacillante, concurrencée par des esprits brillants annonçant ceux des Lumières, et au milieu de cela, nos personnages se débattent, déjouent certains pièges de la vie pour se heurter violemment à d'autres, bref, c'est la vie qui affleure et palpite à chaque page.
Bourgeon reprend l'histoire des passagers avec"La petite fille Bois Caïman". Pari risqué et remporté haut la main. Un temps, j'ai eu peur que les personnages du premier cycle soient délaissés, au contraire, l'auteur a parfaitement répondu à mes attentes. A priori, tout oppose les personnages, la grande révolution a eu lieu, les voie ferrées ont remplacé les bateaux, et pourtant la magie opère encore une fois.
Une oeuvre rare et précieuse.
Un long destin de sang se lit comme une pièce de théâtre classique. C'est un drame en 2 actes. Les personnages, civils et militaires, sont nombreux. Les auteurs ont d'ailleurs pris le soin de donner la liste des divers protagonistes par ordre d'entrée en scène... Il y a aussi unité de temps (l'action se passe sur 2 jours) et de lieu (Paname...).
Le trait est épais. Les couleurs sombres. Les personnages n'évoluent jamais en pleine lumière, mais toujours dans la pénombre, comme pour mieux masquer leurs actes ou leurs motivations. Il n'y a pas de héros. Ils sont tous "sur le fil"...
Le scénario est fort bien ficelé et se met comme dans les tragédies grecques inexorablement en place. Mais il demande une certaine attention à la lecture, car pour soutenir l'intensité du récit, le déssinateur saute souvent de contexte d'une case à l'autre... Il faut donc attentif ! Et une seconde lecture s'impose pour vraiment apprécier!!!
Au final, le lecteur que je suis a été emballé par ce premier acte et c'est avec une certaine impatience que j'attendrai la suite et fin de cette série.
C’est un ensemble de thèmes très délicats qu’aborde Julie Maroh dans ce présent (et copieux) récit, et, même si tout n’est pas à mon goût, je trouve que, dans l’ensemble, elle s’en sort très bien.
Les points forts ? Tout d’abord un dessin qui m’a tapé dans l’œil. L’artiste réalise un très beau travail tant dans la sensualité du trait que dans l’humanité des regards mais, surtout, son travail sur la couleur est formidable (oui, je sais, je m’emballe). Dominances de gris et fulgurance du bleu dans les (très nombreux) flash-back, et couleurs d’une parfaite douceur pastelle dans l’époque présente. C’est du point de vue esthétique, tout à fait à mon goût.
Ensuite, aborder le sujet de l’homosexualité (ou plus exactement la recherche d’une identité sexuelle) est devenu un sujet bateau, mais l’artiste parvient à intégrer beaucoup de nuances dans son portrait (il est vrai qu’elle prend le temps de le développer, l’album comptant près de 160 planches).
Enfin, j’ai vraiment bien aimé la manière dont Julie Maroh traite du sujet de l’acceptation du regard de l’autre et de soi-même. La période de l’adolescence est une période on ne peut plus délicate durant laquelle le besoin de se trouver mais aussi celui d’être accepté(e) par les autres est essentiel (existentiel, même), et l’artiste parvient à bien faire ressortir tous ces questionnements.
Mais l’album contient également quelques gros points faibles. A commencer par les nombreux « bouhouhouh » présents dans ces planches. Est-il nécessaire qu’un pleur soit aussi sonore ? Au risque de me faire lyncher, je dirais qu’il s’agit là d’un défaut typiquement féminin. Le grave problème est que ce genre de scène (de larmes) m’exaspère bien plus qu’il ne m’émeut. Les personnages me semblent tellement dire « regardez-moi, comme je suis triste » que j’ai du mal à croire à la sincérité de leurs émotions, toute préoccupées que sont ces filles par la recherche d’attention de leur entourage (« je hurle pour qu’on me regarde et non parce que je suis triste »). Heureusement, d’autres scènes sont jouées en retenue, et fonctionnent bien mieux avec moi.
Ensuite, cette quête amoureuse nous offre un long passage de déchirures-réconciliations-déchirures-réconciliations-déchirures-réconciliations-etc… aussi répétitif que gonflant. Là, à nouveau, ma vision masculine de l’amour et de la relation amoureuse m’empêche de comprendre et de m’émouvoir à ces multiples hésitations. J’aime ou je n’aime pas – point barre. Et voir ces deux jeunes femmes dans l’incapacité de faire face à leurs sentiments énerve mon cerveau reptilien de mâle primitif.
Enfin, l’artiste y va franco dans ses passages sensuels et, sans tomber à aucun moment dans le vulgaire, flirte tout de même avec le racolage. Ceci dit, les scènes d’amour lesbien sont plutôt agréables à regarder et s’intègrent logiquement dans le récit (je ne suis pas convaincu que mon sentiment aurait été identique dans le cas d’amours gays).
Dans l’ensemble, et malgré les faiblesses évoquées, cet album me laisse donc une bonne impression. Mieux que pas mal mais pas encore tout à fait franchement bien. A découvrir par les amateurs du genre, et à éviter par les personnes qui s’attendent à tomber sur un récit érotique. Il s’agit bel et bien ici d’un portrait intime d’une jeune femme en quête d’elle-même.
Parce que cela semble être une première œuvre, je tranche pour la cote supérieure. Mon coup de cœur, lui, concerne la beauté graphique de l’ensemble.
Renaud Dillies nous ressort la même recette que pour son très bon « Betty Blues » et nous sert une excellente « Mélodie au Crépuscule ». J’ai grandement apprécié le rythme narratif, qui offre énormément de respirations (ne vous attendez pas à un récit haletant avec cet auteur) et même si le thème est archi-connu et souvent exploité, cette quête du sens de la vie par un personnage brisé suite à une rupture amoureuse m’a touché par sa justesse de ton.
Les personnages animaliers de l’artiste sont très réussis. Leur anthropomorphisme me permet de m’y identifier, et leur animalité me permet de lire ce récit comme je le ferais d’un conte (en fait, c’est la technique utilisée depuis la nuit des temps par plus d’un conte de fées).
Plus encore que dans Betty Blues, j’ai aimé ce trait qui me semble devenir de plus en plus dépouillé au fil des albums de l’artiste. Le découpage, lui, demeure excellent.
Attention toutefois à la répétition, tant dans les thèmes que dans les effets de style. Je crains en effet qu’à force de m’offrir toujours la même chose, l’artiste finisse par me lasser.
Peu importe dans le cas présent, c’était franchement bien !
Haa Donjon! Une série à part, à coup sûr. Le graphisme est confié à plusieurs dessinateurs, mais j'apprécie les styles de Trondheim et Boulet, très différents, mais très agréables à l'oeil. Quand au scénario, il est incroyablement riche en rebondissements, et malgré ses dessins "enfantins", ce n'est pas du tout une BD pour les petits, selon moi.
En tout cas, si vous aimez l'héroïc-fantasy mais que vous avez plein le dos des elfes, nains, et autres trolls, plongez vous dans Donjon, qui est un OVNI dans cet univers de magie et d'épées.
Seul bémol : il vous faudra beaucoup de place, car les auteurs visent un nombre effarant de volumes (cette remarque ne s'applique que si vous comptez collectionner les autres séries Donjon).
Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un scénario qui crée un monde futuriste aussi crédible et solide ! J'espère de tout cœur que les deux prochains tomes vont être aussi bons parce que pour l'instant c'est génial !
Au début, je ne comprenais pas tout ce qui se passait, mais, petit à petit, Trillo nous dévoile cet univers et il le fait si bien que je n'ai pas besoin de long discours pour savoir se qu'il se passe. C'est un univers post-apocalyptique vraiment déprimant. Si je vivais là-dedans, je serais devenu fou ou je me serais tiré une balle depuis longtemps. Le point fort de cet œuvre est sans nulle doute ses personnages : ils ont une psychologie intéressante, leurs actions sont captivantes. Ils essaient tous de survivre du mieux qu'ils peuvent, même les 'puissants' qui ne sont en fait que des loques humaines comme tous les autres.
Le superbe dessin de Risso décrit parfaitement ce monde inhumain et il montre à la perfection la souffrance qu'endurent ces gens fictifs. Excellent !
C'est, d'apres moi, tout simplement Gé-ni-al !!!
- Les dessins ont une finesse incomparable (tous les personnages sont fait avec beaucoup de charme et "d'attachance").
- L'histoire est d'une originalité surprenante (toutes ces petites mesavantures qui lient combat, rencontre, amitié, complicité, humour et aussi tout ce qu'on a besoin pour un vrai shonen sans aucun reproche !!!).
- Les entrepages amusantes et distrayantes.
- Les couleurs (meme si il n'y en a pas dans le livre mais je parle des couvertures ou de l'anime) sont tres harmonieuses et d'un choix divin.
- Et j'en passe... !!!
Je suis une tres grande fan de shonen en général. La baston, les garcons, mais aussi l'amitié... Ce genre de choses me charme vraiment... Mais D.Gray-Man est une exception. Ce manga sort completement du lot !!! Il est sans aucun défaut ! Katsura Hoshino semble mettre vraiment beaucoup de soin et de délicatesse à ses oeuvres et c'est pour sa qu'il est exceptionellement fantastique. C'est un manga pour tout public tant que vous aimez Shonen...
Entre les étranges inventions du grand intendant, les disputes à répétitions avec Kanda, les bétises et les drague de Lavi (<3) et les folies de Komui, on ne finit pas de rire ! Mais quand l'humour cesse... Place au combat avec des armes impressionnantes contre les Akumas !
Il m'a mis une énorme claque ce polar.
C'est d'une force rare. Le dessin est tellement noir, tellement peu lisible, qu'on s'accroche aux textes en permanence pour ne pas perdre le fil.
... et quel texte. Le ton est juste, la traduction est sans aucun doute très bonne.
C'est pas lourdingue, c'est riche. Ca tartine pas mal et c'est toujours intéressant, systématiquement réfléchi.
Finalement le noir et blanc sculte une ambiance, mais la narration est assurée par l'écriture. Et malgré la bonne dose de texte c'est souvent haletant, parfois malin et cette philosophie de comptoir permanente donne beaucoup de matière, et de rire ...
Le passage sur David Hasseloff fait beaucoup de bien. C'est cinglant sans être trash, et c'est tout de même réfléchi.
Dans la même veine, le débat sur le format Letter box à la TV entre Jinx et Goldfish est un de mes passages préférés parce que la vie tient effectivement à certains principes, tellement anecdotiques, mais tellement importants. C'est ce qui définit une personnalité et c'est ce qui donne aux personnages cette présence si forte.
Les valeurs de chacun ne sont ni niaises, ni communes, et elles dressent les enjeux à merveille et sont de fait touchantes
Puis finalement d'un polar de rue, sur le thème de l'arnaque, on transite doucement vers des choses plus fortes.
Cette BD est une vraie romance.
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L'Homme bonsaï
Une jolie surprise que cet album ! L'histoire racontée dans "l'homme bonsaï" - la lente transformation d'un homme en arbre dans le milieu de la piraterie en mer de Chine au XVIIIème siècle - est poétique et originale, et le traitement graphique de l'album, quoiqu'inégal, ne manque ni de charme ni de trouvailles : les tatouages qui recouvrent ainsi le corps du héros, alliés au bonsaï qui orne sa tête, lui donnent une physionomie peu banale et charismatique. Il y a donc beaucoup de bonnes choses dans cette BD très attachante, et c'est avec un certain regret que j'avoue avoir trouvé certaines péripéties peu convainquantes, et le récit au final trop peu consistant, malgré l'excellence de la thématique abordée. Et c'est bien dommage, car il ne fallait pas grand chose je pense pour en faire un très grand album.
Ascensions
Eh bien moi j'ai bien aimé cette entrée en matière dans le premier album de Bouss. On sent de prime abord sa fascination pour les structures verticales, certaines formes architecturales cyclopéennes, mais aussi les questionnements qui vont avec. Le pourquoi de cette structure est également le fil conducteur du premier tome, et je ne suis pas loin de penser que la théorie de Léna est peut-être la plus proche de la vérité. Le dessin est du semi-réaliste qui n'essaie pas de se cacher, mais qui évolue dans des décors faramineux. A l'heure actuelle la série est au point mort, mais le tome 2 (sur les 3 prévus au final) a été entièrement dessiné par Bouss, et j'ai bon espoir de lire un jour la suite. Attendons donc... Après tout, la structure a tout son temps...
Les Passagers du vent
Si je ne devais retenir qu'une bd pour l'instant dans ma bibliothèque, ce sont les Passagers du vent. Cette bd est belle et émouvante, l'intrigue peut parfois mettre mal à l'aise mais c'est aussi la magie de cette bd dont le dessin et l'histoire vous retournent, vous envoûtent, certains dessins restent gravés dans votre mémoire et vous poursuivent longtemps. J'avais lu le premier cycle ado et je viens d'en faire l'acquisition à l'occasion de la sortie de "La petite fille Bois Caïman". Les passagers du vent, ce sont des dialogues ciselés, des héroïnes féminines souvent courageuses, parfois lâches, intelligentes et fines, comme on n'en voit que trop rarement dans le monde de la bd, ce sont des trognes de marins revenus de tout, de l'enfer des tempêtes, de la cruauté des hommes et des pièges du destin. Balloté au gré des aventures de Hoel et Isa, le lecteur fait une plongée saisissante dans l'Histoire, la traite des noirs, les rivalités anglaises et françaises. Scénario génial et décor historique parfaitement reconstitué, cette bd laisse des traces indélébiles. Avec Bourgeon, conteur hors pair, nous assistons au bouleversement d'une époque, commerce en plein essor, religion vacillante, concurrencée par des esprits brillants annonçant ceux des Lumières, et au milieu de cela, nos personnages se débattent, déjouent certains pièges de la vie pour se heurter violemment à d'autres, bref, c'est la vie qui affleure et palpite à chaque page. Bourgeon reprend l'histoire des passagers avec"La petite fille Bois Caïman". Pari risqué et remporté haut la main. Un temps, j'ai eu peur que les personnages du premier cycle soient délaissés, au contraire, l'auteur a parfaitement répondu à mes attentes. A priori, tout oppose les personnages, la grande révolution a eu lieu, les voie ferrées ont remplacé les bateaux, et pourtant la magie opère encore une fois. Une oeuvre rare et précieuse.
Un long destin de sang
Un long destin de sang se lit comme une pièce de théâtre classique. C'est un drame en 2 actes. Les personnages, civils et militaires, sont nombreux. Les auteurs ont d'ailleurs pris le soin de donner la liste des divers protagonistes par ordre d'entrée en scène... Il y a aussi unité de temps (l'action se passe sur 2 jours) et de lieu (Paname...). Le trait est épais. Les couleurs sombres. Les personnages n'évoluent jamais en pleine lumière, mais toujours dans la pénombre, comme pour mieux masquer leurs actes ou leurs motivations. Il n'y a pas de héros. Ils sont tous "sur le fil"... Le scénario est fort bien ficelé et se met comme dans les tragédies grecques inexorablement en place. Mais il demande une certaine attention à la lecture, car pour soutenir l'intensité du récit, le déssinateur saute souvent de contexte d'une case à l'autre... Il faut donc attentif ! Et une seconde lecture s'impose pour vraiment apprécier!!! Au final, le lecteur que je suis a été emballé par ce premier acte et c'est avec une certaine impatience que j'attendrai la suite et fin de cette série.
Le Bleu est une couleur chaude
C’est un ensemble de thèmes très délicats qu’aborde Julie Maroh dans ce présent (et copieux) récit, et, même si tout n’est pas à mon goût, je trouve que, dans l’ensemble, elle s’en sort très bien. Les points forts ? Tout d’abord un dessin qui m’a tapé dans l’œil. L’artiste réalise un très beau travail tant dans la sensualité du trait que dans l’humanité des regards mais, surtout, son travail sur la couleur est formidable (oui, je sais, je m’emballe). Dominances de gris et fulgurance du bleu dans les (très nombreux) flash-back, et couleurs d’une parfaite douceur pastelle dans l’époque présente. C’est du point de vue esthétique, tout à fait à mon goût. Ensuite, aborder le sujet de l’homosexualité (ou plus exactement la recherche d’une identité sexuelle) est devenu un sujet bateau, mais l’artiste parvient à intégrer beaucoup de nuances dans son portrait (il est vrai qu’elle prend le temps de le développer, l’album comptant près de 160 planches). Enfin, j’ai vraiment bien aimé la manière dont Julie Maroh traite du sujet de l’acceptation du regard de l’autre et de soi-même. La période de l’adolescence est une période on ne peut plus délicate durant laquelle le besoin de se trouver mais aussi celui d’être accepté(e) par les autres est essentiel (existentiel, même), et l’artiste parvient à bien faire ressortir tous ces questionnements. Mais l’album contient également quelques gros points faibles. A commencer par les nombreux « bouhouhouh » présents dans ces planches. Est-il nécessaire qu’un pleur soit aussi sonore ? Au risque de me faire lyncher, je dirais qu’il s’agit là d’un défaut typiquement féminin. Le grave problème est que ce genre de scène (de larmes) m’exaspère bien plus qu’il ne m’émeut. Les personnages me semblent tellement dire « regardez-moi, comme je suis triste » que j’ai du mal à croire à la sincérité de leurs émotions, toute préoccupées que sont ces filles par la recherche d’attention de leur entourage (« je hurle pour qu’on me regarde et non parce que je suis triste »). Heureusement, d’autres scènes sont jouées en retenue, et fonctionnent bien mieux avec moi. Ensuite, cette quête amoureuse nous offre un long passage de déchirures-réconciliations-déchirures-réconciliations-déchirures-réconciliations-etc… aussi répétitif que gonflant. Là, à nouveau, ma vision masculine de l’amour et de la relation amoureuse m’empêche de comprendre et de m’émouvoir à ces multiples hésitations. J’aime ou je n’aime pas – point barre. Et voir ces deux jeunes femmes dans l’incapacité de faire face à leurs sentiments énerve mon cerveau reptilien de mâle primitif. Enfin, l’artiste y va franco dans ses passages sensuels et, sans tomber à aucun moment dans le vulgaire, flirte tout de même avec le racolage. Ceci dit, les scènes d’amour lesbien sont plutôt agréables à regarder et s’intègrent logiquement dans le récit (je ne suis pas convaincu que mon sentiment aurait été identique dans le cas d’amours gays). Dans l’ensemble, et malgré les faiblesses évoquées, cet album me laisse donc une bonne impression. Mieux que pas mal mais pas encore tout à fait franchement bien. A découvrir par les amateurs du genre, et à éviter par les personnes qui s’attendent à tomber sur un récit érotique. Il s’agit bel et bien ici d’un portrait intime d’une jeune femme en quête d’elle-même. Parce que cela semble être une première œuvre, je tranche pour la cote supérieure. Mon coup de cœur, lui, concerne la beauté graphique de l’ensemble.
Mélodie au crépuscule
Renaud Dillies nous ressort la même recette que pour son très bon « Betty Blues » et nous sert une excellente « Mélodie au Crépuscule ». J’ai grandement apprécié le rythme narratif, qui offre énormément de respirations (ne vous attendez pas à un récit haletant avec cet auteur) et même si le thème est archi-connu et souvent exploité, cette quête du sens de la vie par un personnage brisé suite à une rupture amoureuse m’a touché par sa justesse de ton. Les personnages animaliers de l’artiste sont très réussis. Leur anthropomorphisme me permet de m’y identifier, et leur animalité me permet de lire ce récit comme je le ferais d’un conte (en fait, c’est la technique utilisée depuis la nuit des temps par plus d’un conte de fées). Plus encore que dans Betty Blues, j’ai aimé ce trait qui me semble devenir de plus en plus dépouillé au fil des albums de l’artiste. Le découpage, lui, demeure excellent. Attention toutefois à la répétition, tant dans les thèmes que dans les effets de style. Je crains en effet qu’à force de m’offrir toujours la même chose, l’artiste finisse par me lasser. Peu importe dans le cas présent, c’était franchement bien !
Donjon Zenith
Haa Donjon! Une série à part, à coup sûr. Le graphisme est confié à plusieurs dessinateurs, mais j'apprécie les styles de Trondheim et Boulet, très différents, mais très agréables à l'oeil. Quand au scénario, il est incroyablement riche en rebondissements, et malgré ses dessins "enfantins", ce n'est pas du tout une BD pour les petits, selon moi. En tout cas, si vous aimez l'héroïc-fantasy mais que vous avez plein le dos des elfes, nains, et autres trolls, plongez vous dans Donjon, qui est un OVNI dans cet univers de magie et d'épées. Seul bémol : il vous faudra beaucoup de place, car les auteurs visent un nombre effarant de volumes (cette remarque ne s'applique que si vous comptez collectionner les autres séries Donjon).
Point de Rupture
Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un scénario qui crée un monde futuriste aussi crédible et solide ! J'espère de tout cœur que les deux prochains tomes vont être aussi bons parce que pour l'instant c'est génial ! Au début, je ne comprenais pas tout ce qui se passait, mais, petit à petit, Trillo nous dévoile cet univers et il le fait si bien que je n'ai pas besoin de long discours pour savoir se qu'il se passe. C'est un univers post-apocalyptique vraiment déprimant. Si je vivais là-dedans, je serais devenu fou ou je me serais tiré une balle depuis longtemps. Le point fort de cet œuvre est sans nulle doute ses personnages : ils ont une psychologie intéressante, leurs actions sont captivantes. Ils essaient tous de survivre du mieux qu'ils peuvent, même les 'puissants' qui ne sont en fait que des loques humaines comme tous les autres. Le superbe dessin de Risso décrit parfaitement ce monde inhumain et il montre à la perfection la souffrance qu'endurent ces gens fictifs. Excellent !
D.Gray-Man
C'est, d'apres moi, tout simplement Gé-ni-al !!! - Les dessins ont une finesse incomparable (tous les personnages sont fait avec beaucoup de charme et "d'attachance"). - L'histoire est d'une originalité surprenante (toutes ces petites mesavantures qui lient combat, rencontre, amitié, complicité, humour et aussi tout ce qu'on a besoin pour un vrai shonen sans aucun reproche !!!). - Les entrepages amusantes et distrayantes. - Les couleurs (meme si il n'y en a pas dans le livre mais je parle des couvertures ou de l'anime) sont tres harmonieuses et d'un choix divin. - Et j'en passe... !!! Je suis une tres grande fan de shonen en général. La baston, les garcons, mais aussi l'amitié... Ce genre de choses me charme vraiment... Mais D.Gray-Man est une exception. Ce manga sort completement du lot !!! Il est sans aucun défaut ! Katsura Hoshino semble mettre vraiment beaucoup de soin et de délicatesse à ses oeuvres et c'est pour sa qu'il est exceptionellement fantastique. C'est un manga pour tout public tant que vous aimez Shonen... Entre les étranges inventions du grand intendant, les disputes à répétitions avec Kanda, les bétises et les drague de Lavi (<3) et les folies de Komui, on ne finit pas de rire ! Mais quand l'humour cesse... Place au combat avec des armes impressionnantes contre les Akumas !
Jinx
Il m'a mis une énorme claque ce polar. C'est d'une force rare. Le dessin est tellement noir, tellement peu lisible, qu'on s'accroche aux textes en permanence pour ne pas perdre le fil. ... et quel texte. Le ton est juste, la traduction est sans aucun doute très bonne. C'est pas lourdingue, c'est riche. Ca tartine pas mal et c'est toujours intéressant, systématiquement réfléchi. Finalement le noir et blanc sculte une ambiance, mais la narration est assurée par l'écriture. Et malgré la bonne dose de texte c'est souvent haletant, parfois malin et cette philosophie de comptoir permanente donne beaucoup de matière, et de rire ... Le passage sur David Hasseloff fait beaucoup de bien. C'est cinglant sans être trash, et c'est tout de même réfléchi. Dans la même veine, le débat sur le format Letter box à la TV entre Jinx et Goldfish est un de mes passages préférés parce que la vie tient effectivement à certains principes, tellement anecdotiques, mais tellement importants. C'est ce qui définit une personnalité et c'est ce qui donne aux personnages cette présence si forte. Les valeurs de chacun ne sont ni niaises, ni communes, et elles dressent les enjeux à merveille et sont de fait touchantes Puis finalement d'un polar de rue, sur le thème de l'arnaque, on transite doucement vers des choses plus fortes. Cette BD est une vraie romance.