Je pensais avoir fait une erreur en achetant ces bds épuisées… épuisées oui et pas rééditées ? Etonnant… Car c’est excellent.
Oui donc, sur les toutes premières planches du premier opus, le ton enfantin et ce récit qui met en scène un dessinateur, sa femme coloriste et leurs deux gosses ne m’a pas plu. Je n’aime pas lorsque les gens se mettent en scène eux-mêmes et lorsqu’ils utilisent leur famille, je trouve ça un poil prétentieux. Les dessins des enfants m’ont passablement agacée, il me fallait en plus me taper les œuvres d’art de leur progéniture… ça c’est encore pire, je ne supporte pas.
Ayant acheté le lot des 4 bds d’un coup, j’ai quand fait l’effort d’avancer un peu dans l’album et puis quelques planches plus loin l’histoire prend forme, ce ne sont pas des saynètes de famille ennuyeuses, non, c’est une histoire complète, rigolote, fraîche, mignonne, pleine de petites réflexions enfantines touchantes et surtout ce n’est absolument pas prétentieux… Les quatre tomes sont du même niveau et à chaque fin d’album je me demandais quelle surprise pouvait contenir le suivant, le seul souci c’est qu’il n’y en a justement que quatre alors qu’une bonne douzaine serait la bienvenue.
Le dessin minimaliste aux couleurs vives est juste parfait pour ce genre de récit, il met bien en valeur les personnages et leurs expressions.
Une superbe surprise, une série à ne pas manquer, pour petits et grands. La narration est peut-être enfantine mais n'est absolument pas mièvre.
A la limite du 5/5. Si si
Les caricatures de personnages sont bien pensées, il y en a pour tous les profils (l'ingénieux, le frimeur, le rouleur, le hon...), les noms sont choisis avec brio et délicatesse, de très bons jeux de mots. A chaque fois que je lis ou relis une BD, je rigole de leurs bêtises.
C'est pour moi une des meilleurs BD qui soit. Comme Astérix et Gaston Lagaffe.
La série correspond en tous points aux principes en vigueur dans les publications destinées à la jeunesse avant les bouleversements sociologiques de la fin des années ‘soixante’.
Il est très vrai que le bât blesse sérieusement au niveau de l'édition, comme l’indique L'Ymagier. La série mérite bien mieux qu’un archivage pour collectionneur.
Alors, ligne claire et moralisme bon enfant à la "Tintin" ? Ligne claire (graphique) certainement ! Teddy est un héros pur au sens propre. Moralisme bon enfant ? Morale et rectitude n’y sont en effet jamais pris en défaut. Mais ce n’est pas du moralisme, qui ne serait que le résultat d’une idéologie : c’est de l’exemplarité positive, destinée à la bonne éducation. Plus que la vaillance il incarne donc la pureté. Évidemment ce genre de BD date d’une époque aujourd’hui révolue.
Toutefois, Teddy est-il typiquement le héros lisse et trop parfait ? Ce n’est pas Tintin, même pas Jo (de Jo, Zette et Jocko). C’est un enfant ! Pas si parfait que cela. Si sa gentillesse est sans faille, ses faiblesses existent : ses larmes et sa tristesse jaillissent plusieurs fois (à la fin du 'Talisman Noir', lorsqu’il craint d’être séparé de Maggy, ou dans 'Alerte à Hollywood', lorsqu’il réalise son échec à devenir acteur de cinéma).
Mais d’une manière générale, Teddy n’a rien de l’archétype du héros sans peur et tout puissant. Son efficacité est proportionnée à ses capacités de jeune adolescent. À cet égard on peut même aller plus loin encore. Sa blondeur pure (ou sa blonde pureté) et ses traits ravissants le distinguent des héros classiques. Curieusement, il n’a pas d’excessive prétention en matière de virilité. Remarquable de finesse et de délicatesse, ce jeune garçon n’est guère que l’égal de sa compagne, Maggy. Qu’on s’en convainque en observant ses airs tendrement effarouchés sur la couverture de Tintin (France) #432 (31 janvier 1957) annonçant l’épisode 'Le Secret du Balibach', ou dans 'Alerte à Hollywood' (planche 15, case B1 et planche 25, case D1) ou encore dans 'Le Léopard des Neiges' (planche 26, case D3).
Sur le plan graphique peu le distingue de Maggy : sa beauté angélique (et parfaitement asexuée) est soulignée par ses lèvres délicatement dessinées, et ses yeux toujours ornés de cils longs et soyeux. On pourrait presque le supposer constamment maquillé : résultat de son métier d’artiste du cirque ? De plus, même courte (à la garçonnet), sa blonde chevelure est aussi particulièrement féminine. Alors Teddy serait-il une fille manquée ?
L’aveu en est d’ailleurs ouvertement exprimé dans 'Alerte à Hollywood' (planche 15, ligne B et ligne C) où son rival, Allan, le traite de « fillette, […prête à] piquer une crise de nerf » et lui suggère plutôt « …de jouer à la poupée ! ».
On en conviendra aisément : même si Teddy ne peut pas vraiment bénéficier du qualificatif de 'héros parfait', la série demeure un ravissant divertissement.
Drame inexorable sur fond de révolution, personnages aux visages longilignes, pâles et hantés de poètes maudits, camaïeu de rouge pour les couleurs... On est dans le romantisme le plus échevelé dès la première page.
Le Paris misérable de 1848 est très bien rendu. Le dessin est très maîtrisé, de la construction des pages aux personnages en passant par les décors et les lumières.
Le scénario tient la route, même si les personnages sont peut-être trop univoques et peu évolutifs.
Il y a aussi le côté un peu tiré par les cheveux de cette "guerre des yeux" à laquelle on ne comprend pas grand chose.
Mais dans l'ensemble, bravo. Celui qui ne se laisse pas rebuter par l'ambiance graphique avalera d'une traite toute la série.
Je comprends bien les arguments de roedlingen mais je ne suis pas d'accord, ou plutôt je voudrais ajouter quelques nuances. Je n'ai que la version couleur en mes mains, je ne pourrais donc pas m'étendre sur les avantages d'une version par rapport à l'autre. Ma version couleur en main, je peux dire pour ce qui concerne la couleur, les nuances chromatiques sont extraordinaires. Si certaines scènes semblent assez monotonales d'autres sont carrément saturées. De là à dire que cette vision suit l'histoire, cela va de soi. En effet les couleurs saturées s'expriment comme à l'opéra. Le lecteur se retrouve derrière une image, à regarder une fenêtre de télévision. A l'opposé les espaces naturels ont un halo, une distance de regard.
Eric Ruckstuhl n'est pas un novice. Ses planches nous montrent une nouvelle étape dans son travail. A regarder les personnages, de nombreuses recherches ont certainement dû être faites. Mais c'est pas ça le meilleur : des clins d'oeil au manga, au cinéma et même à l'informatique (il y a quand même une ligne de code Ada, c'est fort !). Et faire bugger la Stilla c'est du délire ! Moi j'aime bien ce dessinateur... Surtout quand il met un plat de choucroute dans un château roumain !
L'histoire. Elle semble abrupte, découpée. Je n'avais pas le souvenir du texte de Jules Verne. Je suis donc allé le relire. Pour le coup, je préfère la version de Jakuboswky. On le sait bien, Jules Verne écrivait aussi pour les petites filles et pour le marché de l'éducation. Aucune autorité n'était mise en cause. Dans la BD chaque personnage en prend pour son grade, aucun n'est indemne. C'est presque un village gaulois !
Bref j'aime, je conçois qu'on puisse passer à coté, mais dans ce cas, faite demi-tour et découvrez-là, ça vaut le détour !
Julien Chassel, jeune peintre comblé, sursaute un jour à la vue d'une jeune femme qu'il n'a pourtant aucun souvenir d'avoir jamais rencontrée. Aucun souvenir... sauf un : cette femme lui a dit un jour qu'elle l'aimait, dans une chambre qu'il visualise parfaitement, au cours d'une scène dont il se rappelle soudain chaque instant, comme dans un flash. Qui est-elle ? Pourquoi aucun de ses amis n'a le moindre souvenir d'une telle liaison ?
Obnubilé par cette inconnue qui s'est imposée dans son esprit pour n'en plus ressortir, se croyant fou, Julien devient peu à peu étranger à sa propre vie...
On dévore ce livre au rythme parfaitement contrôlé pour connaître le fin mot de l'histoire... forcément un peu décevant, comme dans toutes ces histoires où le mystère est plus intéressant que sa solution.
La construction en chronologie enchevêtrée, un peu à la manière du film Mémento, est subtile et contribue à renforcer le suspense.
Les personnages, prometteurs, auraient gagné à un peu plus de profondeur dans leur personnalité comme dans leurs relations. Le dessin, très narratif, offrant des cadrages intéressants, pêche par une certaine rigidité et quelques maladresses.
Bref, une bonne BD, qui se dévore d'une traite, mais laisse un tout petit peu sur sa faim.
Pur culte pour moi et mon entourage ! Des histoires variées et travaillées. Bien au delà de ce que l'on peut attendre de bien des BD ! Sans attache particulière au style asiatique, les histoire sont intemporelles passant par de purs faits de société avant de faire le voyage vers des mondes biopunk décadents !
Vraiment génial !
Encore une excellente série découverte grâce à Bdthèque.
On plonge de l'intérieur dans le quotidien pas forcément glamour de Pierre Dragon, un de ces agents qui fréquentent peu les casinos de Hong-Kong : les policiers des renseignements généraux.
L'auteur est un ancien du métier et se met d'ailleurs en scène sans même changer son nom, en construisant manifestement son intrigue uniquement à partir d'éléments vécus.
Le dessin agréable et fluide sert bien une histoire qui reste un vrai récit de fiction, romanesque et rythmé, malgré son réalisme documentaire.
Voilà un album découvert grâce à Bdthèque et que je ne regrette pas d'avoir acheté ! On est entre Conan Doyle (qui fait d'ailleurs un caméo dans une des nouvelles) et le trop méconnu Club du mardi, d'Isaac Asimov.
Des petites nouvelles policières léchées où l'on se laisse prendre à chaque fois, reliées par le "fil vert" d'un étrange club de gentlemen, dont on découvre au début du livre l'ancien majordome en camisole dans un asile de fous.
Les dialogues ciselés, les personnages bien campés et le dessin souple et énergique ajoutent encore aux plaisirs d'intrigues aussi drôles que glaçantes. Un petit bijou.
Je laisse 4/5, ne voulant pas accorder trop vite le 5. Mais j'ajuste mes notes avec le temps. On verra...
Etrange histoire que celle de ces deux adolescents à « problèmes ». En fait l’auteur ne développe pas plus que ça leurs obsessions, s’attachant plutôt à dépeindre des situations, des ambiances, qui pourraient concourir à l’état des deux enfants. Il se dégage un drôle de charme de ce comic, fait de pitié, d’interrogations et d’indifférence. Le récit est bizarrement construit, un peu comme une succession de tableaux, sans aucun parti pris de l’auteur, qui quelque part se contente de montrer. La fin de l’histoire est étrange, versant dans une ambiance indéfinissable (onirique ? fantastique ?).
Nate Powell joue assez bien du noir et blanc dans ses ambiances, et son trait européen par certains côtés permet une lecture très facile de son récit. J’aurai du plaisir à le retrouver sur d’autres projets.
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Monstrueux...
Je pensais avoir fait une erreur en achetant ces bds épuisées… épuisées oui et pas rééditées ? Etonnant… Car c’est excellent. Oui donc, sur les toutes premières planches du premier opus, le ton enfantin et ce récit qui met en scène un dessinateur, sa femme coloriste et leurs deux gosses ne m’a pas plu. Je n’aime pas lorsque les gens se mettent en scène eux-mêmes et lorsqu’ils utilisent leur famille, je trouve ça un poil prétentieux. Les dessins des enfants m’ont passablement agacée, il me fallait en plus me taper les œuvres d’art de leur progéniture… ça c’est encore pire, je ne supporte pas. Ayant acheté le lot des 4 bds d’un coup, j’ai quand fait l’effort d’avancer un peu dans l’album et puis quelques planches plus loin l’histoire prend forme, ce ne sont pas des saynètes de famille ennuyeuses, non, c’est une histoire complète, rigolote, fraîche, mignonne, pleine de petites réflexions enfantines touchantes et surtout ce n’est absolument pas prétentieux… Les quatre tomes sont du même niveau et à chaque fin d’album je me demandais quelle surprise pouvait contenir le suivant, le seul souci c’est qu’il n’y en a justement que quatre alors qu’une bonne douzaine serait la bienvenue. Le dessin minimaliste aux couleurs vives est juste parfait pour ce genre de récit, il met bien en valeur les personnages et leurs expressions. Une superbe surprise, une série à ne pas manquer, pour petits et grands. La narration est peut-être enfantine mais n'est absolument pas mièvre.
Les Motards
A la limite du 5/5. Si si Les caricatures de personnages sont bien pensées, il y en a pour tous les profils (l'ingénieux, le frimeur, le rouleur, le hon...), les noms sont choisis avec brio et délicatesse, de très bons jeux de mots. A chaque fois que je lis ou relis une BD, je rigole de leurs bêtises. C'est pour moi une des meilleurs BD qui soit. Comme Astérix et Gaston Lagaffe.
Pom et Teddy
La série correspond en tous points aux principes en vigueur dans les publications destinées à la jeunesse avant les bouleversements sociologiques de la fin des années ‘soixante’. Il est très vrai que le bât blesse sérieusement au niveau de l'édition, comme l’indique L'Ymagier. La série mérite bien mieux qu’un archivage pour collectionneur. Alors, ligne claire et moralisme bon enfant à la "Tintin" ? Ligne claire (graphique) certainement ! Teddy est un héros pur au sens propre. Moralisme bon enfant ? Morale et rectitude n’y sont en effet jamais pris en défaut. Mais ce n’est pas du moralisme, qui ne serait que le résultat d’une idéologie : c’est de l’exemplarité positive, destinée à la bonne éducation. Plus que la vaillance il incarne donc la pureté. Évidemment ce genre de BD date d’une époque aujourd’hui révolue. Toutefois, Teddy est-il typiquement le héros lisse et trop parfait ? Ce n’est pas Tintin, même pas Jo (de Jo, Zette et Jocko). C’est un enfant ! Pas si parfait que cela. Si sa gentillesse est sans faille, ses faiblesses existent : ses larmes et sa tristesse jaillissent plusieurs fois (à la fin du 'Talisman Noir', lorsqu’il craint d’être séparé de Maggy, ou dans 'Alerte à Hollywood', lorsqu’il réalise son échec à devenir acteur de cinéma). Mais d’une manière générale, Teddy n’a rien de l’archétype du héros sans peur et tout puissant. Son efficacité est proportionnée à ses capacités de jeune adolescent. À cet égard on peut même aller plus loin encore. Sa blondeur pure (ou sa blonde pureté) et ses traits ravissants le distinguent des héros classiques. Curieusement, il n’a pas d’excessive prétention en matière de virilité. Remarquable de finesse et de délicatesse, ce jeune garçon n’est guère que l’égal de sa compagne, Maggy. Qu’on s’en convainque en observant ses airs tendrement effarouchés sur la couverture de Tintin (France) #432 (31 janvier 1957) annonçant l’épisode 'Le Secret du Balibach', ou dans 'Alerte à Hollywood' (planche 15, case B1 et planche 25, case D1) ou encore dans 'Le Léopard des Neiges' (planche 26, case D3). Sur le plan graphique peu le distingue de Maggy : sa beauté angélique (et parfaitement asexuée) est soulignée par ses lèvres délicatement dessinées, et ses yeux toujours ornés de cils longs et soyeux. On pourrait presque le supposer constamment maquillé : résultat de son métier d’artiste du cirque ? De plus, même courte (à la garçonnet), sa blonde chevelure est aussi particulièrement féminine. Alors Teddy serait-il une fille manquée ? L’aveu en est d’ailleurs ouvertement exprimé dans 'Alerte à Hollywood' (planche 15, ligne B et ligne C) où son rival, Allan, le traite de « fillette, […prête à] piquer une crise de nerf » et lui suggère plutôt « …de jouer à la poupée ! ». On en conviendra aisément : même si Teddy ne peut pas vraiment bénéficier du qualificatif de 'héros parfait', la série demeure un ravissant divertissement.
Sambre
Drame inexorable sur fond de révolution, personnages aux visages longilignes, pâles et hantés de poètes maudits, camaïeu de rouge pour les couleurs... On est dans le romantisme le plus échevelé dès la première page. Le Paris misérable de 1848 est très bien rendu. Le dessin est très maîtrisé, de la construction des pages aux personnages en passant par les décors et les lumières. Le scénario tient la route, même si les personnages sont peut-être trop univoques et peu évolutifs. Il y a aussi le côté un peu tiré par les cheveux de cette "guerre des yeux" à laquelle on ne comprend pas grand chose. Mais dans l'ensemble, bravo. Celui qui ne se laisse pas rebuter par l'ambiance graphique avalera d'une traite toute la série.
Le Château des Carpathes
Je comprends bien les arguments de roedlingen mais je ne suis pas d'accord, ou plutôt je voudrais ajouter quelques nuances. Je n'ai que la version couleur en mes mains, je ne pourrais donc pas m'étendre sur les avantages d'une version par rapport à l'autre. Ma version couleur en main, je peux dire pour ce qui concerne la couleur, les nuances chromatiques sont extraordinaires. Si certaines scènes semblent assez monotonales d'autres sont carrément saturées. De là à dire que cette vision suit l'histoire, cela va de soi. En effet les couleurs saturées s'expriment comme à l'opéra. Le lecteur se retrouve derrière une image, à regarder une fenêtre de télévision. A l'opposé les espaces naturels ont un halo, une distance de regard. Eric Ruckstuhl n'est pas un novice. Ses planches nous montrent une nouvelle étape dans son travail. A regarder les personnages, de nombreuses recherches ont certainement dû être faites. Mais c'est pas ça le meilleur : des clins d'oeil au manga, au cinéma et même à l'informatique (il y a quand même une ligne de code Ada, c'est fort !). Et faire bugger la Stilla c'est du délire ! Moi j'aime bien ce dessinateur... Surtout quand il met un plat de choucroute dans un château roumain ! L'histoire. Elle semble abrupte, découpée. Je n'avais pas le souvenir du texte de Jules Verne. Je suis donc allé le relire. Pour le coup, je préfère la version de Jakuboswky. On le sait bien, Jules Verne écrivait aussi pour les petites filles et pour le marché de l'éducation. Aucune autorité n'était mise en cause. Dans la BD chaque personnage en prend pour son grade, aucun n'est indemne. C'est presque un village gaulois ! Bref j'aime, je conçois qu'on puisse passer à coté, mais dans ce cas, faite demi-tour et découvrez-là, ça vaut le détour !
Si j'ai bonne mémoire
Julien Chassel, jeune peintre comblé, sursaute un jour à la vue d'une jeune femme qu'il n'a pourtant aucun souvenir d'avoir jamais rencontrée. Aucun souvenir... sauf un : cette femme lui a dit un jour qu'elle l'aimait, dans une chambre qu'il visualise parfaitement, au cours d'une scène dont il se rappelle soudain chaque instant, comme dans un flash. Qui est-elle ? Pourquoi aucun de ses amis n'a le moindre souvenir d'une telle liaison ? Obnubilé par cette inconnue qui s'est imposée dans son esprit pour n'en plus ressortir, se croyant fou, Julien devient peu à peu étranger à sa propre vie... On dévore ce livre au rythme parfaitement contrôlé pour connaître le fin mot de l'histoire... forcément un peu décevant, comme dans toutes ces histoires où le mystère est plus intéressant que sa solution. La construction en chronologie enchevêtrée, un peu à la manière du film Mémento, est subtile et contribue à renforcer le suspense. Les personnages, prometteurs, auraient gagné à un peu plus de profondeur dans leur personnalité comme dans leurs relations. Le dessin, très narratif, offrant des cadrages intéressants, pêche par une certaine rigidité et quelques maladresses. Bref, une bonne BD, qui se dévore d'une traite, mais laisse un tout petit peu sur sa faim.
Lotto blues
Pur culte pour moi et mon entourage ! Des histoires variées et travaillées. Bien au delà de ce que l'on peut attendre de bien des BD ! Sans attache particulière au style asiatique, les histoire sont intemporelles passant par de purs faits de société avant de faire le voyage vers des mondes biopunk décadents ! Vraiment génial !
RG
Encore une excellente série découverte grâce à Bdthèque. On plonge de l'intérieur dans le quotidien pas forcément glamour de Pierre Dragon, un de ces agents qui fréquentent peu les casinos de Hong-Kong : les policiers des renseignements généraux. L'auteur est un ancien du métier et se met d'ailleurs en scène sans même changer son nom, en construisant manifestement son intrigue uniquement à partir d'éléments vécus. Le dessin agréable et fluide sert bien une histoire qui reste un vrai récit de fiction, romanesque et rythmé, malgré son réalisme documentaire.
Green Manor
Voilà un album découvert grâce à Bdthèque et que je ne regrette pas d'avoir acheté ! On est entre Conan Doyle (qui fait d'ailleurs un caméo dans une des nouvelles) et le trop méconnu Club du mardi, d'Isaac Asimov. Des petites nouvelles policières léchées où l'on se laisse prendre à chaque fois, reliées par le "fil vert" d'un étrange club de gentlemen, dont on découvre au début du livre l'ancien majordome en camisole dans un asile de fous. Les dialogues ciselés, les personnages bien campés et le dessin souple et énergique ajoutent encore aux plaisirs d'intrigues aussi drôles que glaçantes. Un petit bijou. Je laisse 4/5, ne voulant pas accorder trop vite le 5. Mais j'ajuste mes notes avec le temps. On verra...
Swallow me whole
Etrange histoire que celle de ces deux adolescents à « problèmes ». En fait l’auteur ne développe pas plus que ça leurs obsessions, s’attachant plutôt à dépeindre des situations, des ambiances, qui pourraient concourir à l’état des deux enfants. Il se dégage un drôle de charme de ce comic, fait de pitié, d’interrogations et d’indifférence. Le récit est bizarrement construit, un peu comme une succession de tableaux, sans aucun parti pris de l’auteur, qui quelque part se contente de montrer. La fin de l’histoire est étrange, versant dans une ambiance indéfinissable (onirique ? fantastique ?). Nate Powell joue assez bien du noir et blanc dans ses ambiances, et son trait européen par certains côtés permet une lecture très facile de son récit. J’aurai du plaisir à le retrouver sur d’autres projets.