Grumf ou la première bande dessinée dévolutive…
A nouveau (car c’est une coutume avec ce duo d’auteurs), l’album est construit sur une excellente idée : et si l’humanité, dans sa grande sagesse, faisait marche arrière et dévoluait. Et si on en revenait à des valeurs essentielles, au respect de la nature et de notre mère la terre. Et si, enfin, tous les peuples du monde adoptaient un langage commun.
Nous allons donc suivre pas à pas cette dévolution. Idée de génie : la dévolution proposée par le scénario est accompagnée par la dévolution du dessin, celui-ci devenant de plus en plus épuré au fil des chapitres.
Cet album donne incontestablement à réfléchir. Les auteurs s’amusent à pousser le concept jusqu’à l’absurde pour en démonter par là même les limites. Les grandes idées écologiques sont mises à mal et c’est plutôt culotté par rapport à la tendance actuelle.
Je dois cependant avouer être quelque peu resté sur ma faim. Le début du récit m’a complètement emballé mais, au fil des chapitres, le concept poussé à l’extrême a commencé à m’ennuyer. Je comprends tout à fait la logique des auteurs mais le fait de simplifier dessin, texte et préoccupations des acteurs leur fait perdre à chacun de leur intérêt.
Pour l’idée, je mettrais sans hésiter 4 étoiles, tant pour le scénario que pour son prolongement graphique.
Pour la pertinence du propos, là aussi, je serais sans hésiter enclin à accorder 4 étoiles.
Pour le plaisir de lecture, les premiers chapitres valent 4 étoiles tandis que les derniers tombent pour moi dans le bof ennuyeux.
Me v’la bien embêté pour coter cet album dont tant l’intention comme l’idée m’enchantent mais qui a fini par m’ennuyer… Bon 3/5 avec conseil d’achat et coup de cœur… mais j’aurais bien aimé mettre plus.
J'ai eu un vrai coup de coeur pour cet album : d'abord nous avons une très belle couverture fascinante à souhait, un haut niveau de dessin réaliste, de somptueux graphismes, des décors riches et grandioses ainsi que des personnages très bien campés. En outre, un excellent équilibre est trouvé par le dessinateur entre les représentations spectaculaires et les scènes plus intimistes. Le scénario surprend par son originalité, un thème autour de la magie très peu vu en BD. Les personnages sont complexes et évoluent au cours du récit : Jean-Jacques, petit arnaqueur de seconde zone se révèle un homme au grand coeur alors que Nelson, amoureux de Jenny, va connaître une plongée progressive dans les ténèbres. Au final, un récit captivant, passionnant jusqu'au bout et où la partie fantastique amène une dimension nouvelle au récit.
Album franchement beau et prenant.
Dans le début de l'album une double page avec une barque rappelle fortement le dessin d'Hugo Pratt. Pour la comparaison j’arrêterai là car l'auteur a son coup de plume à lui et nous fait voyager dans cet univers avec une facilité étonnante.
Sans regards appuyés dictant une pensée trop bien pensante, on se ballade simplement avec cet enfant attachant au possible. Il est même souvent drôle comme tout gamin peut l'être.
Une grande réussite.
Le premier album ne paye pas de mine, mais lors de sa sortie il avait fait pas mal parler de lui.
En effet à partir d'une "banale" histoire de démons et de Templiers, on se retrouve avec un thriller de toute première force. L'originalité de l'ensemble réside peut-être, avant tout, dans son graphisme. Le Chinois Zhang a, contre toute attente, un style très européen, qui me fait personnellement penser à Toppi ou à des auteurs classiques des années 70/80 comme Pierre Frisano. Et, loin de paraître vieillot, il dégage une réelle puissance graphique, qui fait qu'on est parfois assez fasciné par les cases.
On est fasciné par le dessin, mais on ne se rend pas compte que le premier tome ne compte pas moins de 130 pages. Elles sont dévorées, grâce à un rythme maîtrisé, qui ne laisse pas de temps au lecteur pour souffler. Même pour la scène entre le Pape et le chef des Templiers, on ne s'ennuie pas (apparemment elle a été réécrite 10 fois). Une belle maîtrise, au service de l'efficacité narrative.
Et une fin d'album qui fait basculer l'histoire dans une autre dimension, que l'on ne soupçonnait absolument pas auparavant. C'est fort, très fort.
Le second tome est plus fin, et même s'il s'y passe pas mal de choses, j'ai l'impression que le récit piétine un peu. Cependant on y apprend pas mal de choses, des éléments plutôt intrigants. Le dessin de Zhang Xiaoyu est toujours présent, si particulier. Le troisième voit nombre de questions se dénouer, mais pas toutes. C'en est même un peu frustrant, mais en même temps ce n'est pas forcément intéressant. Ce troisième tome comporte donc son lot de révélations, savamment distillées, pour un final assez spectaculaire.
Une série plutôt pas mal mêlant mysticisme et histoire. Nul doute que l'immense documentation du co-scénariste Izu a été bien rentabilisée avec cette drôle de série.
Un album absolument fantastique, qui nous emporte dès les premières images suivre ce petit orphelin dans sa vie de tous les jours, remplie de personnages hauts en couleurs mais toujours modestes. On vibre avec lui dans les rues de Lamu, on se désespère avec son frère qui tente désespérément de le ramener à la madrassa, et on mange le poisson avec "tantine" comme si on y était.
Graphiquement, l'album est vivant, chatoyant, les couleurs sont sublimes, et l'on n'a pas l'impression d'être dans une l'Afrique de Tintin (je vais m'attirer des ennuis je le sens !), mais véritablement au coeur de la communauté dans laquelle évolue Naïm.
On rit beaucoup en lisant cet album qui pour ma part m'a laissé de bonne humeur, et impatient de lire la suite. Autre point fort, l'album coute 20€, pour 140 planches de BD (calcul rapide, un Bidule de Troy de 45 pages coute 13.50, pour 140 planche comptez donc 40€, et pour une qualité souvent moindre (ce n'est pas le même genre il faut bien le reconnaitre, mais nous sommes ici en présence d'une véritable œuvre d'art)).
Bref, si l'on ajoute à cela le très bel objet qu'est ce livre, c'est un achat indispensable, à conseiller aux grands enfants qui rêvent d'évasion !
Une BD que j'avais offerte à un ami parti en voyage de noces à Troie, et que j'ai fini par m'offrir après avoir visité moi-même le site d'Hissarlik. Elle est plus qu'à la hauteur de ce que j'attendais !
Eric Shanower a épluché patiemment tous les textes du corpus troyen (qui va bien au delà des seules Iliade et Odyssée), il en a relevé les incohérences chronologiques, comparé les versions pour aboutir à sa propre lecture du mythe, avec ses propres choix, comme le faisaient finalement les aèdes de l'époque.
Tout en respectant l'esprit des légendes antiques et toujours la lettre d'au moins l'une d'elles, il parvient à bâtir un récit au long court d'une parfaite cohérence, à la trame romanesque dense et charpentée, aux personnages complexes et évolutifs. En reprenant ce récit que tant d'autres avant lui ont raconté, il le réinvente si bien qu'il le respecte profondément. Et il s'inscrit dans cette immémoriale tradition de la transmission-réinterprétation qui a forgé ce mythe fondateur de la civilisation européenne.
Mais Shanower n'a pas travaillé que sur le mythe. Il a aussi choisi de replacer l'histoire dans le contexte du 13e siècle av. JC, où la véritable guerre de Troie a sans doute eu lieu. Loin de l'imagerie connue d'une Grèce classique bien plus tardive, on découvre toute une civilisation, celle de la Grèce mycénienne, reconstituée avec une exceptionnelle précision documentaire, à partir des vases et des bas-reliefs qui nous en sont parvenus.
Il s'est aussi nourri des toutes dernières recherches archéologiques sur Mycènes et Troie, jusqu'à celles, très récentes, du Dr Korfmann, pour représenter les villes et dépeindre le contexte socio-économique.
Graphiquement, la construction de chaque volume comme de chaque page démontre un art consommé de la construction visuelle et narrative, avec des innovations souvent étonnantes : changement de style lorsque Priam se souvient de la première guerre de Troie, contre Hercule, qu'il a vécue enfant, insertion du bruit lancinant de la mer lorsque les Achéens sont bloqués sur une plage, incrustation de la silhouette d'Hercule en pleine page lorsque ses fils se retrouvent...
Le dessin, très réaliste et très maîtrisé, magnifie les corps, même s'il est parfois un peu rigide ou si certains personnages secondaires peuvent être difficiles à discerner les uns des autres.
Je ne lâche pas ce somptueux roman graphique et je crois que je vais devoir attendre avec impatience que sortent les derniers tomes, non encore parus !
Publié en 1973 par les éditions de La Courtille et réédité aujourd'hui, la véridique histoire des compteurs à air est un récit véridique comme le titre l'indique d'une société où l'air est devenu rare et payant. Chaque humain devient asservi à une boîte à air portée sur le dos et ce peuple constitue une masse de bossus faisant tout pour économiser l'air. Ne surtout pas respirer une fleur ou courir pour être essoufflé.
Voici un postulat de départ qui me plaît et pourrait bien s'avérer devenir une réalité dans la mesure où nos ressources primaires que sont l'air et l'eau de qualité vont se raréfier dans les siècles à venir.
J'avoue que je connais peu Cardon, Jacques-Armand de son prénom, ne lisant que très épisodiquement les journaux dans lesquels ses dessins sont publiés. En tout cas j'adore son style ici, globalement en noir et blanc avec un court passage en couleur lors d'une petite promenade au parc. Ah, le parc une vraie bouffée d'air pur, les beaux quartiers au milieu d'une ville grise et terne. Mais y aller est un luxe, aussi rare qu'un parc d'attractions de nos jours car l'entrée est chère pour nos protagonistes qui viennent eux d'un quartier populaire.
On retrouve aussi un peu de couleur pour nous vanter les différents types de compteur, l'innovation se retrouve couplée au marketing pour toujours fournir un nouveau modèle de compteur démodant l'ancien. On peut le rapprocher en cela de beaucoup de produits de notre quotidien.
Cette édition est superbe, un grand format à l'italienne, mais assez chère elle aussi malheureusement, et pour un temps de lecture relativement bref. Dire que cette histoire a 40 ans et n'a pas pris une ride de part sa portée philosophique.
Un peu de Cinquième élément, une pointe de Judge Dread, une bonne cuillerée de Batman et d'Iron Man et un soupçon de I-Robot et nous voilà partis pour Nirvana. Pour ma part, c'est la grosse éclate, malgré quelques facilités scénaristiques, dont la fameuse armure qui avait attiré mon regard sur les rayons de la Fnac.
Ne nous y trompons pas, tous les éléments d'une série détonante sont bel et bien réunis, mais le tome 2 s'avèrera je pense décisif quant à savoir si nous sommes effectivement en présence d'une des séries les plus jouissives du genre, ou d'un horrible méli-mélo mystico-psychologique qui se cachait derrière un beau graphisme et des personnages plutôt sympathiques.
Tel un analyste politique de supermarché, je me risquerai à un pronostic hasardeux sur la première option. Divers éléments (tels le fameux androïde "Blaster" qui chasse les drogués au Nirvana, la présence d'intérêts financiers et éthiques contradictoires, la mystérieuse corporation des archivistes, et bien entendu le cliff-hanger final) me laissent présager une suite riche et complexe, où le héros devra évoluer dans le monde, plutôt qu'un repli de la série sur le héros et ses petits problèmes psychologiques, sans se préoccuper du reste de l'univers créé au préalable.
Pour ma part, j'attends donc le Tome 2 avec impatience et recommande l'achat du Tome 1 sans hésitation.
Snyder est vraiment un génie. Jusqu'à aujourd'hui, il ne nous aura servi que de bonnes histoires de notre chevalier préféré qui est le héros le plus connu de France .
L'histoire penche plutôt sur l'aspect policier du héros (qui n'est pas Bruce Wayne, mais Dick Grayson, car il a pris le costume de son mentor en attendant son retour, tout cela est expliqué dans le magnifique edito du nouvel éditeur) .
Le scénario est particulièrement sombre et stressant à certains passages où l'on croit Batman foutu.
Il est aussi sombre que ses dessins qui collent parfaitement à l'ambiance de l'histoire.
On y trouve deux ou trois blagues de Batman, ce qui nous rappelle que ce n'est pas Bruce.
C'est un immanquable, on voit la vie du commissaire Gordon basculer et quelques références à une autre oeuvre culte, Batman -Year One.
5/5
Uhuh… bien poilante cette parodie aux parfums d’hommage à une grande série S.-F. que je n’ai pas eu l’occasion de lire. Et pourtant, cela ne m’a pas empêché d’en apprécier tout le sel. Il faut dire qu’avec Larcenet aux commandes, c’était plutôt de bon augure.
L’idée de départ est originale et bien exploitée de bout en bout. On retrouve un Valérian chauve et bedonnant, habitué des comptoirs, qui va partir à la recherche du Jakolass pour retrouver son apparence originelle. Cet album fourmille d’idées originales et de rebondissements dans une atmosphère gentiment déjantée. Le final vaut son pesant de cacahuètes ! Côté dessin, c’est du Larcenet pur jus. L’album bénéficie d’une mise en couleur soignée, distillant des ambiances particulièrement réussies.
A lire !
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Grumf
Grumf ou la première bande dessinée dévolutive… A nouveau (car c’est une coutume avec ce duo d’auteurs), l’album est construit sur une excellente idée : et si l’humanité, dans sa grande sagesse, faisait marche arrière et dévoluait. Et si on en revenait à des valeurs essentielles, au respect de la nature et de notre mère la terre. Et si, enfin, tous les peuples du monde adoptaient un langage commun. Nous allons donc suivre pas à pas cette dévolution. Idée de génie : la dévolution proposée par le scénario est accompagnée par la dévolution du dessin, celui-ci devenant de plus en plus épuré au fil des chapitres. Cet album donne incontestablement à réfléchir. Les auteurs s’amusent à pousser le concept jusqu’à l’absurde pour en démonter par là même les limites. Les grandes idées écologiques sont mises à mal et c’est plutôt culotté par rapport à la tendance actuelle. Je dois cependant avouer être quelque peu resté sur ma faim. Le début du récit m’a complètement emballé mais, au fil des chapitres, le concept poussé à l’extrême a commencé à m’ennuyer. Je comprends tout à fait la logique des auteurs mais le fait de simplifier dessin, texte et préoccupations des acteurs leur fait perdre à chacun de leur intérêt. Pour l’idée, je mettrais sans hésiter 4 étoiles, tant pour le scénario que pour son prolongement graphique. Pour la pertinence du propos, là aussi, je serais sans hésiter enclin à accorder 4 étoiles. Pour le plaisir de lecture, les premiers chapitres valent 4 étoiles tandis que les derniers tombent pour moi dans le bof ennuyeux. Me v’la bien embêté pour coter cet album dont tant l’intention comme l’idée m’enchantent mais qui a fini par m’ennuyer… Bon 3/5 avec conseil d’achat et coup de cœur… mais j’aurais bien aimé mettre plus.
Black Stone
J'ai eu un vrai coup de coeur pour cet album : d'abord nous avons une très belle couverture fascinante à souhait, un haut niveau de dessin réaliste, de somptueux graphismes, des décors riches et grandioses ainsi que des personnages très bien campés. En outre, un excellent équilibre est trouvé par le dessinateur entre les représentations spectaculaires et les scènes plus intimistes. Le scénario surprend par son originalité, un thème autour de la magie très peu vu en BD. Les personnages sont complexes et évoluent au cours du récit : Jean-Jacques, petit arnaqueur de seconde zone se révèle un homme au grand coeur alors que Nelson, amoureux de Jenny, va connaître une plongée progressive dans les ténèbres. Au final, un récit captivant, passionnant jusqu'au bout et où la partie fantastique amène une dimension nouvelle au récit.
Kililana Song
Album franchement beau et prenant. Dans le début de l'album une double page avec une barque rappelle fortement le dessin d'Hugo Pratt. Pour la comparaison j’arrêterai là car l'auteur a son coup de plume à lui et nous fait voyager dans cet univers avec une facilité étonnante. Sans regards appuyés dictant une pensée trop bien pensante, on se ballade simplement avec cet enfant attachant au possible. Il est même souvent drôle comme tout gamin peut l'être. Une grande réussite.
Crusades
Le premier album ne paye pas de mine, mais lors de sa sortie il avait fait pas mal parler de lui. En effet à partir d'une "banale" histoire de démons et de Templiers, on se retrouve avec un thriller de toute première force. L'originalité de l'ensemble réside peut-être, avant tout, dans son graphisme. Le Chinois Zhang a, contre toute attente, un style très européen, qui me fait personnellement penser à Toppi ou à des auteurs classiques des années 70/80 comme Pierre Frisano. Et, loin de paraître vieillot, il dégage une réelle puissance graphique, qui fait qu'on est parfois assez fasciné par les cases. On est fasciné par le dessin, mais on ne se rend pas compte que le premier tome ne compte pas moins de 130 pages. Elles sont dévorées, grâce à un rythme maîtrisé, qui ne laisse pas de temps au lecteur pour souffler. Même pour la scène entre le Pape et le chef des Templiers, on ne s'ennuie pas (apparemment elle a été réécrite 10 fois). Une belle maîtrise, au service de l'efficacité narrative. Et une fin d'album qui fait basculer l'histoire dans une autre dimension, que l'on ne soupçonnait absolument pas auparavant. C'est fort, très fort. Le second tome est plus fin, et même s'il s'y passe pas mal de choses, j'ai l'impression que le récit piétine un peu. Cependant on y apprend pas mal de choses, des éléments plutôt intrigants. Le dessin de Zhang Xiaoyu est toujours présent, si particulier. Le troisième voit nombre de questions se dénouer, mais pas toutes. C'en est même un peu frustrant, mais en même temps ce n'est pas forcément intéressant. Ce troisième tome comporte donc son lot de révélations, savamment distillées, pour un final assez spectaculaire. Une série plutôt pas mal mêlant mysticisme et histoire. Nul doute que l'immense documentation du co-scénariste Izu a été bien rentabilisée avec cette drôle de série.
Kililana Song
Un album absolument fantastique, qui nous emporte dès les premières images suivre ce petit orphelin dans sa vie de tous les jours, remplie de personnages hauts en couleurs mais toujours modestes. On vibre avec lui dans les rues de Lamu, on se désespère avec son frère qui tente désespérément de le ramener à la madrassa, et on mange le poisson avec "tantine" comme si on y était. Graphiquement, l'album est vivant, chatoyant, les couleurs sont sublimes, et l'on n'a pas l'impression d'être dans une l'Afrique de Tintin (je vais m'attirer des ennuis je le sens !), mais véritablement au coeur de la communauté dans laquelle évolue Naïm. On rit beaucoup en lisant cet album qui pour ma part m'a laissé de bonne humeur, et impatient de lire la suite. Autre point fort, l'album coute 20€, pour 140 planches de BD (calcul rapide, un Bidule de Troy de 45 pages coute 13.50, pour 140 planche comptez donc 40€, et pour une qualité souvent moindre (ce n'est pas le même genre il faut bien le reconnaitre, mais nous sommes ici en présence d'une véritable œuvre d'art)). Bref, si l'on ajoute à cela le très bel objet qu'est ce livre, c'est un achat indispensable, à conseiller aux grands enfants qui rêvent d'évasion !
L'Âge de Bronze
Une BD que j'avais offerte à un ami parti en voyage de noces à Troie, et que j'ai fini par m'offrir après avoir visité moi-même le site d'Hissarlik. Elle est plus qu'à la hauteur de ce que j'attendais ! Eric Shanower a épluché patiemment tous les textes du corpus troyen (qui va bien au delà des seules Iliade et Odyssée), il en a relevé les incohérences chronologiques, comparé les versions pour aboutir à sa propre lecture du mythe, avec ses propres choix, comme le faisaient finalement les aèdes de l'époque. Tout en respectant l'esprit des légendes antiques et toujours la lettre d'au moins l'une d'elles, il parvient à bâtir un récit au long court d'une parfaite cohérence, à la trame romanesque dense et charpentée, aux personnages complexes et évolutifs. En reprenant ce récit que tant d'autres avant lui ont raconté, il le réinvente si bien qu'il le respecte profondément. Et il s'inscrit dans cette immémoriale tradition de la transmission-réinterprétation qui a forgé ce mythe fondateur de la civilisation européenne. Mais Shanower n'a pas travaillé que sur le mythe. Il a aussi choisi de replacer l'histoire dans le contexte du 13e siècle av. JC, où la véritable guerre de Troie a sans doute eu lieu. Loin de l'imagerie connue d'une Grèce classique bien plus tardive, on découvre toute une civilisation, celle de la Grèce mycénienne, reconstituée avec une exceptionnelle précision documentaire, à partir des vases et des bas-reliefs qui nous en sont parvenus. Il s'est aussi nourri des toutes dernières recherches archéologiques sur Mycènes et Troie, jusqu'à celles, très récentes, du Dr Korfmann, pour représenter les villes et dépeindre le contexte socio-économique. Graphiquement, la construction de chaque volume comme de chaque page démontre un art consommé de la construction visuelle et narrative, avec des innovations souvent étonnantes : changement de style lorsque Priam se souvient de la première guerre de Troie, contre Hercule, qu'il a vécue enfant, insertion du bruit lancinant de la mer lorsque les Achéens sont bloqués sur une plage, incrustation de la silhouette d'Hercule en pleine page lorsque ses fils se retrouvent... Le dessin, très réaliste et très maîtrisé, magnifie les corps, même s'il est parfois un peu rigide ou si certains personnages secondaires peuvent être difficiles à discerner les uns des autres. Je ne lâche pas ce somptueux roman graphique et je crois que je vais devoir attendre avec impatience que sortent les derniers tomes, non encore parus !
La Véridique Histoire des Compteurs à Air
Publié en 1973 par les éditions de La Courtille et réédité aujourd'hui, la véridique histoire des compteurs à air est un récit véridique comme le titre l'indique d'une société où l'air est devenu rare et payant. Chaque humain devient asservi à une boîte à air portée sur le dos et ce peuple constitue une masse de bossus faisant tout pour économiser l'air. Ne surtout pas respirer une fleur ou courir pour être essoufflé. Voici un postulat de départ qui me plaît et pourrait bien s'avérer devenir une réalité dans la mesure où nos ressources primaires que sont l'air et l'eau de qualité vont se raréfier dans les siècles à venir. J'avoue que je connais peu Cardon, Jacques-Armand de son prénom, ne lisant que très épisodiquement les journaux dans lesquels ses dessins sont publiés. En tout cas j'adore son style ici, globalement en noir et blanc avec un court passage en couleur lors d'une petite promenade au parc. Ah, le parc une vraie bouffée d'air pur, les beaux quartiers au milieu d'une ville grise et terne. Mais y aller est un luxe, aussi rare qu'un parc d'attractions de nos jours car l'entrée est chère pour nos protagonistes qui viennent eux d'un quartier populaire. On retrouve aussi un peu de couleur pour nous vanter les différents types de compteur, l'innovation se retrouve couplée au marketing pour toujours fournir un nouveau modèle de compteur démodant l'ancien. On peut le rapprocher en cela de beaucoup de produits de notre quotidien. Cette édition est superbe, un grand format à l'italienne, mais assez chère elle aussi malheureusement, et pour un temps de lecture relativement bref. Dire que cette histoire a 40 ans et n'a pas pris une ride de part sa portée philosophique.
Nirvana
Un peu de Cinquième élément, une pointe de Judge Dread, une bonne cuillerée de Batman et d'Iron Man et un soupçon de I-Robot et nous voilà partis pour Nirvana. Pour ma part, c'est la grosse éclate, malgré quelques facilités scénaristiques, dont la fameuse armure qui avait attiré mon regard sur les rayons de la Fnac. Ne nous y trompons pas, tous les éléments d'une série détonante sont bel et bien réunis, mais le tome 2 s'avèrera je pense décisif quant à savoir si nous sommes effectivement en présence d'une des séries les plus jouissives du genre, ou d'un horrible méli-mélo mystico-psychologique qui se cachait derrière un beau graphisme et des personnages plutôt sympathiques. Tel un analyste politique de supermarché, je me risquerai à un pronostic hasardeux sur la première option. Divers éléments (tels le fameux androïde "Blaster" qui chasse les drogués au Nirvana, la présence d'intérêts financiers et éthiques contradictoires, la mystérieuse corporation des archivistes, et bien entendu le cliff-hanger final) me laissent présager une suite riche et complexe, où le héros devra évoluer dans le monde, plutôt qu'un repli de la série sur le héros et ses petits problèmes psychologiques, sans se préoccuper du reste de l'univers créé au préalable. Pour ma part, j'attends donc le Tome 2 avec impatience et recommande l'achat du Tome 1 sans hésitation.
Batman - Sombre Reflet
Snyder est vraiment un génie. Jusqu'à aujourd'hui, il ne nous aura servi que de bonnes histoires de notre chevalier préféré qui est le héros le plus connu de France . L'histoire penche plutôt sur l'aspect policier du héros (qui n'est pas Bruce Wayne, mais Dick Grayson, car il a pris le costume de son mentor en attendant son retour, tout cela est expliqué dans le magnifique edito du nouvel éditeur) . Le scénario est particulièrement sombre et stressant à certains passages où l'on croit Batman foutu. Il est aussi sombre que ses dessins qui collent parfaitement à l'ambiance de l'histoire. On y trouve deux ou trois blagues de Batman, ce qui nous rappelle que ce n'est pas Bruce. C'est un immanquable, on voit la vie du commissaire Gordon basculer et quelques références à une autre oeuvre culte, Batman -Year One. 5/5
Valérian - L'Armure du Jakolass
Uhuh… bien poilante cette parodie aux parfums d’hommage à une grande série S.-F. que je n’ai pas eu l’occasion de lire. Et pourtant, cela ne m’a pas empêché d’en apprécier tout le sel. Il faut dire qu’avec Larcenet aux commandes, c’était plutôt de bon augure. L’idée de départ est originale et bien exploitée de bout en bout. On retrouve un Valérian chauve et bedonnant, habitué des comptoirs, qui va partir à la recherche du Jakolass pour retrouver son apparence originelle. Cet album fourmille d’idées originales et de rebondissements dans une atmosphère gentiment déjantée. Le final vaut son pesant de cacahuètes ! Côté dessin, c’est du Larcenet pur jus. L’album bénéficie d’une mise en couleur soignée, distillant des ambiances particulièrement réussies. A lire !