Des recueils sur des histoires fantastiques de la veine d'un Edgar Allan Poe, il en existe un paquet...
Des plus nostalgiques comme les revues pulp américaines des années 50 comme la série des "Tales" aux plus glauques comme les séries de Foerster chez Fluide, il y en a eu bien une aussi courte que de qualité qui a émergé dans les années 80...
En effet Cossu n'a pas son pareil depuis le méconnu Alceister Crowley pour dépeindre un fantastique bizarre et dérangeant auquel son joli trait rend particulièrement justice.
Qu'il s'agisse des cadrages comme des décors aux regards sombres de ses personnages, l'ambiance est bien vite posée et la conclusion est comme souvent plutôt surprenante même si elle peut paraître convenue.
Une réédition serait la bienvenue d'urgence afin de profiter du travail exemplaire de cet artiste et sortir ce petit bijou d'humour noir de la rubrique "Bds oubliées" où elle a été injustement rangée...
Je ne saurais que vous conseiller de lire Cossu, enfant naturel de Tardi et de Moebius ni plus ni moins !
Sans le coup de projecteur du festival d'Angoulème, je serais sans nul doute passé à côté de ce pavé. C'est le premier livre de Guy Delisle que je découvre, et malgré ses 335 pages, je l'ai dévoré dans la journée.
Ce carnet de voyage est vraiment époustouflant. Je ne m'y suis pas ennuyé une seule seconde.
Ouvrage très instructif, drôle et avec des réflexions pertinentes.
Delisle nous relate avec ce côté "huron" à la Voltaire ces choses que nous connaissons tous à travers les reportages télé : les check points, l'intifada, les juifs orthodoxes, les juifs non orthodoxes et surtout ce mur, très présent dans cet ouvrage, à un point que je n'imaginais pas.
Le tout sur un fond assez décalé, celui de la situation d'homme au foyer de dessinateur.
Ayant été dans cette position pendant longtemps, je me suis reconnu dans certaines situations.
Bref, un livre que j'ai adoré.
C’est un extraordinaire voyage que voilà. J’ai franchement adoré. Je regrette simplement que l’action soit si longue à se mettre en place et que les évènements soient aussi distillés même si cela fait monter la tension. On aimerait sans doute que cela avance plus vite. C’est tout de même bon signe de l’intérêt que l’on porte.
Le premier tome est introductif. On fait la connaissance d’un héros suicidaire à savoir Adamson qui va donner le titre de la série. On va ignorer totalement ce qui l’a conduit à ce désespoir. On suppose que c’est le manque d’aventure. Et voilà qu'on lui offre sur un plateau une expédition réellement extraordinaire suite à la découverte inopinée d’une porte menant à une autre dimension. Et c’est parti comme si de rien n'était ! Bref, il y a de réelles facilités scénaristiques.
Par ailleurs, ce personnage sera vite intégré dans un groupe d’aventuriers où son influence ne sera plus aussi déterminante pour la suite même si on veut nous le faire croire. Je n’ai pas perçu une trempe qui rend le personnage charismatique. C’est dommage. La dimension humaine semble effacée par rapport à celle des faits qui se produisent et qui sont pour le moins étonnants.
Le second tome est celui de l’exploration de cet univers parallèle où l’on rencontre de monstrueux insectes plutôt dangereux. Cela ressemble un peu à ces fameux romans d’aventure de Jules Verne. L’originalité tient au fait de l’avoir inscrit dans le contexte de 1913 c'est-à-dire à l’aube de la Première Guerre Mondiale. Ce chapitre nous dévoile également les clés d’un mystère posé dans le tome précédent. On revient d’ailleurs sur un terrain plus rationnel avec l’entrée en lice des belligérants allemands. On va également assister à un scindement du récit en deux concernant une enquête dans le monde londonien.
Le troisième tome sera sans doute le plus décevant car l’histoire semble faire du surplace avec cette course poursuite. Il n’en demeure pas moins que c’est réussi car la fin nous apporte un nouveau mystère qui fait que nous souhaitons avancer dans l’histoire. Un découpage plus efficace permettrait d’aller plus vite. Cependant, chaque case même contemplative est un bonheur pour les yeux. J’aime ce graphisme très réaliste. On se croirait dans un film digne de ce nom. On ne va pas se plaindre !
Cette série est un pur bonheur de lecture. C’est bien construit et on a envie de découvrir la suite avec impatience. Cependant, en mai 2012, on apprend que la série ne sera pas poursuivie faute de ventes suffisantes et là, je me dis que c'est une terrible déception. J'avais déjà amèrement regretté l'arrêt de séries excellentes comme Candélabres par exemple. Là encore, il y avait arrêt malgré la publication de plusieurs albums et un bon succès au niveau de la critique. Il est vrai que Adamson m'a été conseillé directement par ma libraire qui commence à connaître mes goûts. Je ne l'aurais pas acheté spontanément sans doute à cause d'un graphisme désuet qui fait veille époque mais qui est voulu pour le contexte de l'histoire. Et je n'ai pas été déçu de cette lecture au point de m'être précipité pour acheter tous les tomes. C'est dur quand c'est la logique commerciale qui dicte la loi en matière de publication. Adamson ne le méritait pas, loin de là. Et finalement, on se dit qu'il y a beau avoir des sites qui conseille ou mette l'accent, cela ne suffit pas. Tout cela est bien regrettable...
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.25/5
Ouksébon ! Voilà le genre de série complètement barrée et déjantée qui me plait vraiment !
Prenez un inspecteur au pouvoir plus qu’étrange (Il est cibopathe, c’est à dire capable de retracer psychiquement la nature, l'origine et l'histoire de tout ce qu'il mange ou goûte… y compris les macchabés !). Ajoutez-y un partenaire à moitié bionique suite à un tragique « accident » de hachoir et qui se tape son patron pour couvrir les escapades de son comparse. Servez le tout dans un monde qui semble être le notre, à un détail près : suite à l’épidémie de grippe aviaire, le poulet a été purement et simplement banni de notre alimentation et de nos élevages… Résultat, le poulet est devenu l’objet principal de la contrebande mondiale…
Au fil des 3 albums parus à ce jour, on découvre un comics à l’humour décapant, au rythme soutenu et qui sait se renouveler. Car ce qui frappe dans cette série, c’est le dynamisme qui s’en dégage et l’originalité de la forme. On sent que John Layman a bien réfléchi à sa narration et à sa façon de distribuer son jeu. Tout semble décousu, alors qu’en fait, les pièces de son puzzle reprennent tranquillement leur place au fil des albums. Il joue et se fait plaisir pour notre plus grand bonheur, à coup de rebondissements et de personnages tous plus truculents les uns que les autres !
Côté dessin, Rob Guillory n’est pas en reste ! Tout cela dégage et ventile à tout va ! Ses découpages (Et là c’est pas au hachoir !) et ses mises en pages sont plus qu’efficaces, et certaines planches tout simplement magnifiques ! Comme son comparse, on sent qu’il s’amuse, à travers l’expressivité de ses personnages, l’exagération de tel ou tel élément, le tout pour nous servir un petit mijoté graphique aux couleurs peps qui titille grave la papille !
C’est frais, agréable à lire et à voir et ça ne se prend pas vraiment au sérieux. Un TRES agréable moment de détente et de délire parfaitement mis en forme jusqu’ici ! En espérant que la suite soit du même tenant !
C'est toujours un plaisir pour moi de lire un carnet de voyage de Delisle ! Ça commence doucement et après une vingtaine de pages je suis complètement embarqué dans le récit. L'auteur a le don pour rendre ses voyages passionnants. J'ai beaucoup appris durant ma lecture, notamment les différentes mentalités que l'on retrouve à Jérusalem. C'est pas une ville où j'aimerais habiter ! Il y a trop de religieux emmerdeurs à mon goût !
Ce que j'aime surtout c'est que l'auteur ne prend jamais position. On voit par ses réactions ce qu'il doit sûrement penser, mais il ne fait jamais de discours moralisateur. Il ne fait que montrer ce qu'il voit et c'est une démarche que j'ai appréciée tant le sujet Israël-Palestine est controversé et qu'il est facile de tomber dans la caricature.
Je sors à peine de Ismahane que je retombe dans le même type de récit avec cette touchante Soraïa.
Le récit est très dur, d’autant plus dur que Renaud De Heyn le construit sans tomber dans le larmoyant. Je fais confiance à l’auteur pour la plausibilité de l’histoire et, surtout, des propos tenus par les différents protagonistes. Renaud De Heyn est un homme de terrain, lisez La Tentation pour vous en convaincre. Certains de ces propos m’ont choqué, notamment au niveau de l’antisémitisme primaire véhiculé par le discours d’extrémistes islamistes… un discours qui rappelle énormément celui tenu par les nazis en 1939.
Le récit, bien construit, permet surtout à l’auteur de dresser un tableau de la situation actuelle au Maroc. Bien sûr, il ne s’agit pas de généraliser mais les faits exposés ont de quoi faire réfléchir et, aussi, bondir. Les personnages principaux manquent à mes yeux de personnalité mais ils sont « logiques » dans l’esprit du récit : ils subissent, même s’ils ne sont pas consentants.
Au niveau du dessin, j’ai bien aimé les décors, moins les personnages. Trop de traits sur les visages nuisent à la lisibilité du dessin et au passage des émotions. Mais Renaud De Heyn a une patte, un style qui le sort de la masse. Et ça, c’est plutôt une qualité qu’un défaut, à mes yeux.
Un récit à lire, selon moi. Instructif, édifiant sur certains aspects, il peut (au même titre qu'Ismahane, d’ailleurs) servir de support dans le cadre d’un travail scolaire. En tous les cas, il soulève des questions et interpelle.
Pour la cote, j’hésite entre le « pas mal » et le « franchement bien ». L’album se lit vite et bien, il souffre bien de petits temps creux mais son côté instructif sans manichéisme et une fin réaliste et dure où le rêve remplace l’espoir m’ont vraiment bien plu. Le dessin me laisse un peu plus sur ma faim, puisque je n’ai pas trop aimé la manière dont les visages étaient dessinés et que ceux-ci sont nombreux. Mais chapeau pour les aquarelles des décors !
Bon ! 3/5 avec coup de cœur…
Le tome 2 est tout aussi plaisant que le premier. Le trait est même plus fort.
Anuki est un gamin fort plaisant et ses aventures dépassent le lectorat de prime jeunesse.
Cet album offre la possibilité de partager un bon moment entre un enfant et un adulte.
Je le recommande chaleureusement.
Ca y est ! J’ai enfin lu ce grand classique du monde de la B.D. Ce pas je l’ai franchi grâce à la dernière intégrale en date, qui offre une nouvelle colorisation des deux premiers tomes. Jusque là, à chaque fois que je feuilletais les premières planches, j’étais complètement bloqué par les couleurs, vraiment trop vieillottes à mon goût, ce qui m’incitait toujours à reposer l’ouvrage.
Cette intégrale, par ailleurs enrobée dans une jaquette superbement illustrée, est donc une excellente initiative, en redonnant un coup de jeune à cette série, elle m’a permis de découvrir un univers et des personnages des plus emblématiques.
Cela commence doucement, la mise en place met un peu de temps, mais l’attrait va en grandissant au fil des tomes. Les deux derniers tomes sont d’ailleurs les plus intéressants et la conclusion est des plus originale et inattendue. L’univers créé est vraiment très bien construit et détaillé, les différents personnages ont un caractère fouillé et intéressant. Au fil de la lecture, ont comprend mieux leurs aspirations, et leurs évolutions pour certains s’avèrent assez surprenantes et inattendues. Comme beaucoup, j’ai vraiment été fasciné par le Rige, personnage mystérieux et charismatique, qui marque de son empreinte cette belle aventure.
Le dessin de grande qualité est à l’image du récit : plus on avance, plus il se bonifie. Nombreuses séries commencent sur les chapeaux de roue et ensuite ne tiennent pas toutes leurs promesses. C’est ici l’exact contraire, le plaisir de lecture se bonifie au fur à mesure de l’avancée de l’histoire.
J’avais peur que cette série soit trop datée, mais il n’en est rien, j’ai d’ailleurs pu constater qu’elle a inspiré de nombreuses séries plus modernes. Pour ma part j’en redemande et je vais me pencher rapidement vers le préquel « Avant la quête ».
Après Un long destin de sang, Notre Mère la Guerre ou encore Mattéo, la guerre de 1914 n'en finit pas d'inspirer nos scénaristes, et non des moindres. Cothias rejoint en effet Bollée, Kriss et Gibrat dans la description de l'horreur humaine.
J'avais parcouru dans la presse spécialisée quelques pages de ce récit mais je n'avais guère été enthousiasmé, à première vue : je ne suis pas en effet un grand admirateur de Mounier et puis la Grande Guerre a fait l'objet de plusieurs adaptions en bande dessinée cette année.
Mais, devant l'insistance de mon libraire, j'ai bassement cédé (je sais , je suis faible) à l'achat pour deux raisons : primo, l'histoire est prévue en deux volumes ; secondo il me la proposait dans un tirage spécial, celui de "canalbd éditions".
Assez réservé donc sur cet album, j'ai rapidement été subjugué par cette histoire de médecin militaire connaissant son baptème du feu. La boucherie de 1916, vue du côté médical, c'est assez original et on s'attache à ce jeune lieutenant Louis-Charles Bouteloup à travers les flash-backs et son assurance dans les tranchées, face à ses nouveaux supérieurs et subordonnés.
L'épisode de la trève d'une heure, vers la fin de l'album, est poignant et le premier volume s'achève sur une case à la fois pleine d'espoir et d'horreur.
Un récit donc bien construit et très bien illustré par Mounier, assez éloigné de son univers habituel. Je suis ravi de retrouver un Cothias (en compagnie de Patrice Odras) qui signe là un scénario de grande qualité.
On peut légitimement rapprocher ce volume de l'incontournable série Notre Mère la Guerre de Kris et Maël (éditions Futuropolis), tout en restant assez différent.
Un récit original, haletant qu'il faut découvrir sans attendre.
Dans le tome 2 , toute l'absurdité de la guerre prend du relief avec la soit-disant "trahison" de Bouteloup, avec le comportement de son lieutenant-colonel de père et avec l'attaque de l'hôpital de campagne, enfin à ce qui peut en ressembler.
Le personnage de Charles Bouteloup prend de l'etoffe dans cet opus et j'avoue que m'y suis attaché.
L'ambiance décrite par Cothias retrace fort bien l'univers des tranchées et les endurances subies par les poilus. On est vraiment plongé dans l'enfer de la grande guerre.
Le dessin de Mounier, qui n'avait à ma connaissance pas abordé cette période, est réaliste.
Bref, une série agréable.
Seul bémol, s'il faut en trouver un, est que premeir cycle nous laisse vraiment sur notre faim, et ressemble plus à une fin d'album à suivre, qu'à une clôture de cycle.
Vivement la suite.
Je suis dans ma période "Cyril Bonin". Après L'Homme qui n'existait pas et La Belle Image, voici que je me délecte avec "Chambre obscure" (je sais, je prends ses productions à rebours).
Ce diptyque rend un hommage appuyé aux aventures policières du début 20e (Gaston Leroux et Maurice Leblanc en tête). Je pense qu’il s’agit du premier travail en solo de Cyril qui endosse les casquettes de scénariste, dessinateur et coloriste. Et le résultat est au rendez-vous avec une ambiance délicieusement surannée qui n’est pas sans rappeler les aventures de Rouletabille et de Lupin. Alors certes la trame narrative est d’une autre époque mais c’est justement ce qui fait tout le charme du récit. Le premier opus pose le cadre de l’enquête en multipliant les pistes pour mieux perdre le lecteur. Dans le second, l’enquête s’accélère avec un raisonnement digne d’un Sherlock Holmes ou d’un Columbo. Les planches présentent des tonalités brunes dominantes qui accentuent le cachet rétro et permettent au lecteur de s’immerger dans cette époque. Bref, le chef de la bande à Bonin a encore frappé . . . et frappé juste !
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Histoires alarmantes
Des recueils sur des histoires fantastiques de la veine d'un Edgar Allan Poe, il en existe un paquet... Des plus nostalgiques comme les revues pulp américaines des années 50 comme la série des "Tales" aux plus glauques comme les séries de Foerster chez Fluide, il y en a eu bien une aussi courte que de qualité qui a émergé dans les années 80... En effet Cossu n'a pas son pareil depuis le méconnu Alceister Crowley pour dépeindre un fantastique bizarre et dérangeant auquel son joli trait rend particulièrement justice. Qu'il s'agisse des cadrages comme des décors aux regards sombres de ses personnages, l'ambiance est bien vite posée et la conclusion est comme souvent plutôt surprenante même si elle peut paraître convenue. Une réédition serait la bienvenue d'urgence afin de profiter du travail exemplaire de cet artiste et sortir ce petit bijou d'humour noir de la rubrique "Bds oubliées" où elle a été injustement rangée... Je ne saurais que vous conseiller de lire Cossu, enfant naturel de Tardi et de Moebius ni plus ni moins !
Chroniques de Jérusalem
Sans le coup de projecteur du festival d'Angoulème, je serais sans nul doute passé à côté de ce pavé. C'est le premier livre de Guy Delisle que je découvre, et malgré ses 335 pages, je l'ai dévoré dans la journée. Ce carnet de voyage est vraiment époustouflant. Je ne m'y suis pas ennuyé une seule seconde. Ouvrage très instructif, drôle et avec des réflexions pertinentes. Delisle nous relate avec ce côté "huron" à la Voltaire ces choses que nous connaissons tous à travers les reportages télé : les check points, l'intifada, les juifs orthodoxes, les juifs non orthodoxes et surtout ce mur, très présent dans cet ouvrage, à un point que je n'imaginais pas. Le tout sur un fond assez décalé, celui de la situation d'homme au foyer de dessinateur. Ayant été dans cette position pendant longtemps, je me suis reconnu dans certaines situations. Bref, un livre que j'ai adoré.
Adamson
C’est un extraordinaire voyage que voilà. J’ai franchement adoré. Je regrette simplement que l’action soit si longue à se mettre en place et que les évènements soient aussi distillés même si cela fait monter la tension. On aimerait sans doute que cela avance plus vite. C’est tout de même bon signe de l’intérêt que l’on porte. Le premier tome est introductif. On fait la connaissance d’un héros suicidaire à savoir Adamson qui va donner le titre de la série. On va ignorer totalement ce qui l’a conduit à ce désespoir. On suppose que c’est le manque d’aventure. Et voilà qu'on lui offre sur un plateau une expédition réellement extraordinaire suite à la découverte inopinée d’une porte menant à une autre dimension. Et c’est parti comme si de rien n'était ! Bref, il y a de réelles facilités scénaristiques. Par ailleurs, ce personnage sera vite intégré dans un groupe d’aventuriers où son influence ne sera plus aussi déterminante pour la suite même si on veut nous le faire croire. Je n’ai pas perçu une trempe qui rend le personnage charismatique. C’est dommage. La dimension humaine semble effacée par rapport à celle des faits qui se produisent et qui sont pour le moins étonnants. Le second tome est celui de l’exploration de cet univers parallèle où l’on rencontre de monstrueux insectes plutôt dangereux. Cela ressemble un peu à ces fameux romans d’aventure de Jules Verne. L’originalité tient au fait de l’avoir inscrit dans le contexte de 1913 c'est-à-dire à l’aube de la Première Guerre Mondiale. Ce chapitre nous dévoile également les clés d’un mystère posé dans le tome précédent. On revient d’ailleurs sur un terrain plus rationnel avec l’entrée en lice des belligérants allemands. On va également assister à un scindement du récit en deux concernant une enquête dans le monde londonien. Le troisième tome sera sans doute le plus décevant car l’histoire semble faire du surplace avec cette course poursuite. Il n’en demeure pas moins que c’est réussi car la fin nous apporte un nouveau mystère qui fait que nous souhaitons avancer dans l’histoire. Un découpage plus efficace permettrait d’aller plus vite. Cependant, chaque case même contemplative est un bonheur pour les yeux. J’aime ce graphisme très réaliste. On se croirait dans un film digne de ce nom. On ne va pas se plaindre ! Cette série est un pur bonheur de lecture. C’est bien construit et on a envie de découvrir la suite avec impatience. Cependant, en mai 2012, on apprend que la série ne sera pas poursuivie faute de ventes suffisantes et là, je me dis que c'est une terrible déception. J'avais déjà amèrement regretté l'arrêt de séries excellentes comme Candélabres par exemple. Là encore, il y avait arrêt malgré la publication de plusieurs albums et un bon succès au niveau de la critique. Il est vrai que Adamson m'a été conseillé directement par ma libraire qui commence à connaître mes goûts. Je ne l'aurais pas acheté spontanément sans doute à cause d'un graphisme désuet qui fait veille époque mais qui est voulu pour le contexte de l'histoire. Et je n'ai pas été déçu de cette lecture au point de m'être précipité pour acheter tous les tomes. C'est dur quand c'est la logique commerciale qui dicte la loi en matière de publication. Adamson ne le méritait pas, loin de là. Et finalement, on se dit qu'il y a beau avoir des sites qui conseille ou mette l'accent, cela ne suffit pas. Tout cela est bien regrettable... Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.25/5
Tony Chu Détective Cannibale
Ouksébon ! Voilà le genre de série complètement barrée et déjantée qui me plait vraiment ! Prenez un inspecteur au pouvoir plus qu’étrange (Il est cibopathe, c’est à dire capable de retracer psychiquement la nature, l'origine et l'histoire de tout ce qu'il mange ou goûte… y compris les macchabés !). Ajoutez-y un partenaire à moitié bionique suite à un tragique « accident » de hachoir et qui se tape son patron pour couvrir les escapades de son comparse. Servez le tout dans un monde qui semble être le notre, à un détail près : suite à l’épidémie de grippe aviaire, le poulet a été purement et simplement banni de notre alimentation et de nos élevages… Résultat, le poulet est devenu l’objet principal de la contrebande mondiale… Au fil des 3 albums parus à ce jour, on découvre un comics à l’humour décapant, au rythme soutenu et qui sait se renouveler. Car ce qui frappe dans cette série, c’est le dynamisme qui s’en dégage et l’originalité de la forme. On sent que John Layman a bien réfléchi à sa narration et à sa façon de distribuer son jeu. Tout semble décousu, alors qu’en fait, les pièces de son puzzle reprennent tranquillement leur place au fil des albums. Il joue et se fait plaisir pour notre plus grand bonheur, à coup de rebondissements et de personnages tous plus truculents les uns que les autres ! Côté dessin, Rob Guillory n’est pas en reste ! Tout cela dégage et ventile à tout va ! Ses découpages (Et là c’est pas au hachoir !) et ses mises en pages sont plus qu’efficaces, et certaines planches tout simplement magnifiques ! Comme son comparse, on sent qu’il s’amuse, à travers l’expressivité de ses personnages, l’exagération de tel ou tel élément, le tout pour nous servir un petit mijoté graphique aux couleurs peps qui titille grave la papille ! C’est frais, agréable à lire et à voir et ça ne se prend pas vraiment au sérieux. Un TRES agréable moment de détente et de délire parfaitement mis en forme jusqu’ici ! En espérant que la suite soit du même tenant !
Chroniques de Jérusalem
C'est toujours un plaisir pour moi de lire un carnet de voyage de Delisle ! Ça commence doucement et après une vingtaine de pages je suis complètement embarqué dans le récit. L'auteur a le don pour rendre ses voyages passionnants. J'ai beaucoup appris durant ma lecture, notamment les différentes mentalités que l'on retrouve à Jérusalem. C'est pas une ville où j'aimerais habiter ! Il y a trop de religieux emmerdeurs à mon goût ! Ce que j'aime surtout c'est que l'auteur ne prend jamais position. On voit par ses réactions ce qu'il doit sûrement penser, mais il ne fait jamais de discours moralisateur. Il ne fait que montrer ce qu'il voit et c'est une démarche que j'ai appréciée tant le sujet Israël-Palestine est controversé et qu'il est facile de tomber dans la caricature.
Soraïa
Je sors à peine de Ismahane que je retombe dans le même type de récit avec cette touchante Soraïa. Le récit est très dur, d’autant plus dur que Renaud De Heyn le construit sans tomber dans le larmoyant. Je fais confiance à l’auteur pour la plausibilité de l’histoire et, surtout, des propos tenus par les différents protagonistes. Renaud De Heyn est un homme de terrain, lisez La Tentation pour vous en convaincre. Certains de ces propos m’ont choqué, notamment au niveau de l’antisémitisme primaire véhiculé par le discours d’extrémistes islamistes… un discours qui rappelle énormément celui tenu par les nazis en 1939. Le récit, bien construit, permet surtout à l’auteur de dresser un tableau de la situation actuelle au Maroc. Bien sûr, il ne s’agit pas de généraliser mais les faits exposés ont de quoi faire réfléchir et, aussi, bondir. Les personnages principaux manquent à mes yeux de personnalité mais ils sont « logiques » dans l’esprit du récit : ils subissent, même s’ils ne sont pas consentants. Au niveau du dessin, j’ai bien aimé les décors, moins les personnages. Trop de traits sur les visages nuisent à la lisibilité du dessin et au passage des émotions. Mais Renaud De Heyn a une patte, un style qui le sort de la masse. Et ça, c’est plutôt une qualité qu’un défaut, à mes yeux. Un récit à lire, selon moi. Instructif, édifiant sur certains aspects, il peut (au même titre qu'Ismahane, d’ailleurs) servir de support dans le cadre d’un travail scolaire. En tous les cas, il soulève des questions et interpelle. Pour la cote, j’hésite entre le « pas mal » et le « franchement bien ». L’album se lit vite et bien, il souffre bien de petits temps creux mais son côté instructif sans manichéisme et une fin réaliste et dure où le rêve remplace l’espoir m’ont vraiment bien plu. Le dessin me laisse un peu plus sur ma faim, puisque je n’ai pas trop aimé la manière dont les visages étaient dessinés et que ceux-ci sont nombreux. Mais chapeau pour les aquarelles des décors ! Bon ! 3/5 avec coup de cœur…
Anuki
Le tome 2 est tout aussi plaisant que le premier. Le trait est même plus fort. Anuki est un gamin fort plaisant et ses aventures dépassent le lectorat de prime jeunesse. Cet album offre la possibilité de partager un bon moment entre un enfant et un adulte. Je le recommande chaleureusement.
La Quête de l'Oiseau du Temps
Ca y est ! J’ai enfin lu ce grand classique du monde de la B.D. Ce pas je l’ai franchi grâce à la dernière intégrale en date, qui offre une nouvelle colorisation des deux premiers tomes. Jusque là, à chaque fois que je feuilletais les premières planches, j’étais complètement bloqué par les couleurs, vraiment trop vieillottes à mon goût, ce qui m’incitait toujours à reposer l’ouvrage. Cette intégrale, par ailleurs enrobée dans une jaquette superbement illustrée, est donc une excellente initiative, en redonnant un coup de jeune à cette série, elle m’a permis de découvrir un univers et des personnages des plus emblématiques. Cela commence doucement, la mise en place met un peu de temps, mais l’attrait va en grandissant au fil des tomes. Les deux derniers tomes sont d’ailleurs les plus intéressants et la conclusion est des plus originale et inattendue. L’univers créé est vraiment très bien construit et détaillé, les différents personnages ont un caractère fouillé et intéressant. Au fil de la lecture, ont comprend mieux leurs aspirations, et leurs évolutions pour certains s’avèrent assez surprenantes et inattendues. Comme beaucoup, j’ai vraiment été fasciné par le Rige, personnage mystérieux et charismatique, qui marque de son empreinte cette belle aventure. Le dessin de grande qualité est à l’image du récit : plus on avance, plus il se bonifie. Nombreuses séries commencent sur les chapeaux de roue et ensuite ne tiennent pas toutes leurs promesses. C’est ici l’exact contraire, le plaisir de lecture se bonifie au fur à mesure de l’avancée de l’histoire. J’avais peur que cette série soit trop datée, mais il n’en est rien, j’ai d’ailleurs pu constater qu’elle a inspiré de nombreuses séries plus modernes. Pour ma part j’en redemande et je vais me pencher rapidement vers le préquel « Avant la quête ».
L'Ambulance 13
Après Un long destin de sang, Notre Mère la Guerre ou encore Mattéo, la guerre de 1914 n'en finit pas d'inspirer nos scénaristes, et non des moindres. Cothias rejoint en effet Bollée, Kriss et Gibrat dans la description de l'horreur humaine. J'avais parcouru dans la presse spécialisée quelques pages de ce récit mais je n'avais guère été enthousiasmé, à première vue : je ne suis pas en effet un grand admirateur de Mounier et puis la Grande Guerre a fait l'objet de plusieurs adaptions en bande dessinée cette année. Mais, devant l'insistance de mon libraire, j'ai bassement cédé (je sais , je suis faible) à l'achat pour deux raisons : primo, l'histoire est prévue en deux volumes ; secondo il me la proposait dans un tirage spécial, celui de "canalbd éditions". Assez réservé donc sur cet album, j'ai rapidement été subjugué par cette histoire de médecin militaire connaissant son baptème du feu. La boucherie de 1916, vue du côté médical, c'est assez original et on s'attache à ce jeune lieutenant Louis-Charles Bouteloup à travers les flash-backs et son assurance dans les tranchées, face à ses nouveaux supérieurs et subordonnés. L'épisode de la trève d'une heure, vers la fin de l'album, est poignant et le premier volume s'achève sur une case à la fois pleine d'espoir et d'horreur. Un récit donc bien construit et très bien illustré par Mounier, assez éloigné de son univers habituel. Je suis ravi de retrouver un Cothias (en compagnie de Patrice Odras) qui signe là un scénario de grande qualité. On peut légitimement rapprocher ce volume de l'incontournable série Notre Mère la Guerre de Kris et Maël (éditions Futuropolis), tout en restant assez différent. Un récit original, haletant qu'il faut découvrir sans attendre. Dans le tome 2 , toute l'absurdité de la guerre prend du relief avec la soit-disant "trahison" de Bouteloup, avec le comportement de son lieutenant-colonel de père et avec l'attaque de l'hôpital de campagne, enfin à ce qui peut en ressembler. Le personnage de Charles Bouteloup prend de l'etoffe dans cet opus et j'avoue que m'y suis attaché. L'ambiance décrite par Cothias retrace fort bien l'univers des tranchées et les endurances subies par les poilus. On est vraiment plongé dans l'enfer de la grande guerre. Le dessin de Mounier, qui n'avait à ma connaissance pas abordé cette période, est réaliste. Bref, une série agréable. Seul bémol, s'il faut en trouver un, est que premeir cycle nous laisse vraiment sur notre faim, et ressemble plus à une fin d'album à suivre, qu'à une clôture de cycle. Vivement la suite.
Chambre Obscure
Je suis dans ma période "Cyril Bonin". Après L'Homme qui n'existait pas et La Belle Image, voici que je me délecte avec "Chambre obscure" (je sais, je prends ses productions à rebours). Ce diptyque rend un hommage appuyé aux aventures policières du début 20e (Gaston Leroux et Maurice Leblanc en tête). Je pense qu’il s’agit du premier travail en solo de Cyril qui endosse les casquettes de scénariste, dessinateur et coloriste. Et le résultat est au rendez-vous avec une ambiance délicieusement surannée qui n’est pas sans rappeler les aventures de Rouletabille et de Lupin. Alors certes la trame narrative est d’une autre époque mais c’est justement ce qui fait tout le charme du récit. Le premier opus pose le cadre de l’enquête en multipliant les pistes pour mieux perdre le lecteur. Dans le second, l’enquête s’accélère avec un raisonnement digne d’un Sherlock Holmes ou d’un Columbo. Les planches présentent des tonalités brunes dominantes qui accentuent le cachet rétro et permettent au lecteur de s’immerger dans cette époque. Bref, le chef de la bande à Bonin a encore frappé . . . et frappé juste ! Une réussite, tout simplement !