Les derniers avis (9567 avis)

Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Travail m'a tué
Le Travail m'a tué

On va réévaluer vos objectifs à la hausse pour compenser la baisse. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première parution date de 2019. Le récit a été écrit par Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande, il a été dessiné, encré et mis en couleurs par Grégory Mardon. En 2019, au tribunal des affaires de sécurité sociale, Françoise Perez arrive avec son avocate : l'enjeu du jugement est la reconnaissance du harcèlement moral et du harcèlement institutionnel. Un journaliste vient interrompre la discussion de l'avocate avec sa cliente, mais l'avocate indique que ce n'est pas le moment, qu'elles doivent se préparer pour l'audience. En 1988, Carlos Perez reçoit la lettre qui lui confirme qu'il est pris à l'École Centrale Paris, il court l'annoncer à ses parents qui sont très fiers de lui. À la sortie de l'école, il passe un entretien et est embauché chez un constructeur automobile national. 5 ans plus tard, il a gravi des échelons et devient chef d'atelier. Il sort avec Françoise, et ils se marient peu de temps après. Peu de temps après, le centre technique déménage à Gonesse, ce qui induit des temps de transport plus longs pour Carlos qui a acheté à Saint-Cloud. Il passe aussi à un aménagement des bureaux en espace partagé, plus bruyant. Dans le même temps, la messagerie électronique prend son essor et il y a de plus en plus de courriels à traiter. Françoise est enceinte de leur premier enfant. Un jour en se promenant avec elle, il voit le modèle de voiture (une Nymphéa) dans la rue, pour la première fois, le centre technique étant séparé des ateliers de fabrication. Avec la circulation, Carlos Perez se rend compte qu'il vaut mieux qu'il prenne les transports en commun, avec les aléas afférents. 2 ans après l'installation dans le centre technique, la direction change, et les ingénieurs sont convoqués pour une réunion plénière. Un nouveau cadre leur explique que les résultats de vente de la Nymphéa en font un succès, mais qu'il va falloir que l'entreprise s'améliore encore, en révisant ses méthodes de travail, et que des objectifs individualisés vont être instaurés. Dans le lit conjugal, sa femme lui indique que l'individualisation est également une opportunité pour que ses efforts soient reconnus à leur juste mesure. Le lendemain, Carlos Perez est confronté à un carburateur mal conçu. Il décide de demander à son équipe de travailler dessus tard dans la soirée pour le rendre conforme afin que l'équipe suivante dans la chaîne dispose d'un carburateur viable. Il passe toute la nuit au bureau avec plusieurs collègues. Le lendemain, il reçoit un message de sa femme lui indiquant qu'elle est en salle de travail. Il se dépêche de se rendre à l'hôpital et arrive juste à temps. En découvrant cette bande dessinée, le lecteur a conscience de 2 caractéristiques. La première est qu'elle paraît en 2019, l'année du jugement sur les suicides de France Telecom / Orange : 35 suicides liés au travail entre 2008 et 2009. La seconde est que cette bande dessinée reprend des éléments du livre Travailler à en mourir : Quand le monde de l'entreprise mène au suicide (2009) de Paul Moreira (documentariste) & Hubert Prolongeau (journaliste), ce dernier étant coscénariste de la BD. Le fait que Carlos Perez travaille comme chef d'atelier pour un constructeur automobile français renvoie aux suicides de trois salariés du technocentre de Renault à Guyancourt entre octobre 2006 à février 2007. Les auteurs ont donc comme intention d'évoquer les circonstances et les mécanismes qui mènent à un tel acte, par le biais d'une fiction entremêlant les éléments de France Telecom et de Renault. Le lecteur peut identifier la création du Centre Technique pour Renault, et les plans de restructuration comme pendant du plan NExT (Nouvelle Expérience des Télécommunications, plan de 2006-2008) et du programme managérial Act (Anticipation et compétences pour la transformation), ayant pour objectif de diminuer la masse salariale. La bande dessinée est un média, pouvant accueillir tout type de narration, tout type de genre. L'introduction permet de rattacher le récit à l'actualité, mais plus encore à l'enjeu du jugement, pour la veuve de Carlos Perez, mais aussi pour le monde du travail, pour tenter de mettre les managers et les hauts cadres face aux conséquences de leurs décisions. Le cœur de la bande dessinée comprend 104 pages exposant les faits en suivant le parcours professionnel de Carlos Perez et quelques étapes de sa vie privée. Le lecteur y retrouve des transformations professionnelles rendant compte de la mutation de l'organisation du travail dans ce secteur d'activité : un changement de modèle d'organisation avec une augmentation de la spécialisation et une segmentation des process (le centre technique est déconnecté des ateliers de production : ils ne sont plus au même endroit), une accélération de la mise en place de nouveaux outils (courriels, logiciels de conception assistée par ordinateur, mondialisation), la mise en place de gestionnaires ne connaissant pas le métier, l'apparition du chômage chez les cadres. D'une certaine manière, Carlos Perez n'arrive pas à s'adapter à ces nouvelles conditions de travail malgré ses efforts, restant dans le mode de fonctionnement de l'ancien modèle. Hubert Prolongeau, Arnaud Deallande et Grégory Mardon ont ambition de retracer ce drame pour de nombreux salariés au travers d'une bande dessinée. Afin de donner à voir cette histoire de vie, Grégory Mardon a opté pour un trait semi-réaliste, avec une apparence de surface un peu esquissée. En ce qui concerne cette dernière caractéristique, le hachurage pour les ombres est fait avec des traits pas très droits, pas très parallèles, n'aboutissant pas proprement sur le trait détourant la forme qu'ils habillent. Les personnages sont tous distincts, en termes de morphologie et de visage, avec parfois une impression de corps construit un peu rapidement (le raccord des bras aux épaules en particulier) et d'expression de visages qui peuvent être un appuyées pour mieux transcrire l'état d'esprit du personnage. Cela donne plus une sensation de reportage, de dessins croqués sur le vif, que de bâclage. Les protagonistes sont vivants et nature, le lecteur ressentant facilement de l'empathie pour eux. Il voit le visage de Carlos Perez se creuser au fur et à mesure qu'il encaisse et qu'il en perd son sommeil. Il est saisi d'effroi en page 45 (page muette) en découvrant le masque de mort qu'est devenu son visage, et la fumée de cigarette qui sort par la bouche, comme s'il s'agissait de son âme en train de quitter son corps. Il n'y a que 3 personnes qui relèvent de la caricature : Sylvain Koba (le premier nouveau chef direct) de Carlos Perez, Nicole Perot celle qui succède à Koba, et la jeune directrice des ressources humaines. En voyant leur langage corporel et leurs expressions, le lecteur voit des personnes manipulatrices, des salariés ne faisant que leur boulot, des êtres réduit à leur fonction, appliquant la politique de l'entreprise sans recul ni état d'âme, encore moins d'empathie pour les employés qu'elles reçoivent. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut y voir une exagération qui en fait des individus mauvais, ou bien l'expression du ressenti de Carlos Perez vis-à-vis d'elles. Il n'en reste pas moins que l'artiste se montre très habile à faire apparaître leur ressenti, en particulier l'esprit de domination de Nicole Perot, et sa jouissance à obtenir satisfaction, à imposer ses choix à son subalterne. À ce titre, Mardon réussit des cases terrifiantes : en page 79 Carlos Perez voyant Nicole Perot dans une légère contreplongée qui montre son ascendant sur lui, en page 80 quand le visage de Perez s'encadre entre le bras et le buste de Perot comme si elle le tenait dans une prise d'étranglement. De prime abord, les différents environnements semblent dessinés avec la même rapidité pour une apparence facile et un peu esquissée. Au fur et à mesure, le lecteur est frappé par la diversité des lieux, leur plausibilité et leur qualité immersive. Il peut effectivement se projeter en esprit dans le petit jardin du pavillon des parents de Carlos Perez. Il a l'impression d'être assis à ses côtés pour son premier entretien d'embauche dans le bureau du recruteur où il n'y a pas encore d'ordinateur. Il a l'impression de jouer le photographe lors de la photographie prise sur les marches de l'église pour le mariage. Il s'installe dans l'open-space en éprouvant tous les désagréments de ce manque d'intimité et de cette ambiance de travail bruyante. Il voit le hall monumental du centre technique remplissant une fonction de prestige, contrastant avec la qualité dégradée des espaces de travail des employés. Il attend impatiemment le RER avec Carlos Perez, maugréant comme lui contre son irrégularité et les incidents à répétition. En page 81, le lecteur suit Carlos Perez alors qu'il inspecte le site technique de l'entreprise en Argentine, et il se trouve vraiment à inspecter une chaîne de montage, à vérifier l'installation par rapport aux processus décrits dans la base de données informatique. En entamant sa lecture, le lecteur a bien conscience de la nature du récit et de sa fin inéluctable. Il n'y a pas d'échappatoire possible pour Carlos Perez. Il n'y a pas d'issue heureuse. Il l'observe en train de se heurter à un changement qu'il ne maîtrise pas, qu'il ne comprend pas, qui remet en cause ses valeurs professionnelles et personnelles. Carlos Perez fait des efforts pour atteindre ses objectifs individualisés et pour répondre aux attentes de ses chefs : chacune de ces actions est à double tranchant. D'entretien en entretien, ses objectifs (comme ceux des autres) sont revus à la hausse, arbitrairement, sans prendre en compte la réalité du métier, sans espoir de les atteindre un jour, puisque dans le meilleur des cas une fois atteints ils seront à nouveau revus à la hausse. Les auteurs réussissent des passages bien plus subtils. Ingénieur de formation, Carlos Perez est envoyé dans une usine implantée en Roumanie pour augmenter la production et rationaliser une masse salariale sans la faire augmenter. Il se rend compte après coup qu'il a joué le même rôle que ses propres chefs : devenir gestionnaire sans état d'âme en profitant de la méconnaissance du droit du travail par les employés pour mieux les exploiter. Ayant assisté à une déclaration du PDG à la télé, il prend l'initiative de développer une solution technique par lui-même pour résoudre le problème évoqué par le PDG. Il apporte une solution technique sans rapport avec la stratégie financière de développement du groupe, dans une incompréhension complète du système. C'est un tour de force des auteurs à la fois par l'intelligence de l'analyse, à la fois par leur capacité à en rendre compte sous forme de bande dessinée, que de montrer à quel point Carlos Perez et cette direction désincarnée ne jouent pas au même jeu. Il y a une forme d'inconscience à penser qu'il est possible de traiter d'un sujet aussi complexe et douloureux que la souffrance au travail, en une simple bande dessinée de 115 pages, en même temps il s'agit d'un engament total et nécessaire. Arnaud Delalande, Hubert Prolongeau et Grégory Mardon racontent l'histoire d'un individu, ce qui permet au lecteur de se projeter, de se reconnaître en lui, d'éprouver de l'empathie. Les dessins présentent une apparence d'urgence, et reflète un monde de flux en phase avec le monde de l'entreprise qui doit fourguer toujours plus de marchandises en menant une véritable guerre économique contre ses concurrents, des adversaires à écraser, à éliminer. En terminant cette BD, le lecteur a dans la bouche un goût amer : le gâchis en vie humaine, un libéralisme capitaliste sans âme qui ne fonctionne que pour son propre intérêt, son propre développement, des individus faisant fonctionner un système sans se poser de question, sans recul, une évolution implacable et inéluctable, arbitraire pour l'individu qui n'a pas les moyens de l'enrayer. À la fois, le lecteur est écœuré par cette vie massacrée, par un système institutionnalisé que les employés appliquent sans état d'âme ; à la fois il aurait bien aimé en découvrir plus, à commencer par ce qui permet aux collègues de Carlos Perez de s'adapter.

14/02/2025 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Islander
Islander

Cela fait déjà quelques mois que je tournais autour de cet album. Je l’achète maintenant ou j’attends la sortie du tome 2 voire du tome 3 ? Ca me titille. Et puis le festival d’Angoulême arrive. Je le feuillette sur le stand Glénat. Je le parcours de nouveau chez cosmopolite et je craque forcément devant la splendeur des planches de Corentin Rouge. Il m’avait déjà bluffé le garçon avec Sangoma, les damnés du Cap mais là avec Islander on monte encore d’une marche vers la BD culte ! Tout est admirable. On plonge allègrement dans une atmosphère sombre et mystérieuse, où les destins s'entrecroisent et les secrets se dévoilent. Les amateurs de récits intenses et poignants retrouveront ici la patte unique de Caryl Férey, qui excelle dans l'art de tisser des intrigues captivantes et de créer des ambiances envoûtantes. Il ne serait pas le frère de Christophe Bec ? ? Cette BD est une œuvre magistrale qui transcende les frontières du genre. Dès les premières pages, on est happé par l'univers immersif et envoûtant. Le trait de Corentin Rouge, à la fois précis et expressif, donne vie à des personnages complexes et attachants. Et si vous rajoutez une histoire riche en rebondissements vous comprendrez que la lecture de cet album ne peut se faire que d’une seule traite jusqu’à la dernière case. L'intrigue, savamment construite, explore des thèmes profonds et universels – d’actualité - avec une sensibilité rare. Chaque planche est un chef-d'œuvre visuel, où les détails foisonnent et où l'émotion transparaît à travers chaque coup de crayon. Vache de vache comme on dit dans les campagnes, c’est incroyablement beau ! La narration, fluide et captivante, nous emporte dans un voyage initiatique où chaque personnage évolue et se révèle au fil des pages. Islander n'est pas seulement une bande dessinée, c'est une expérience sensorielle et émotionnelle. Corentin et Caryl ont su marier avec brio le texte et l'image, créant une alchimie unique qui fait que cette œuvre va devenir assurément un incontournable de la littérature graphique. Vous ne pouvez pas passer à côté d'Islander ! C’est une véritable pépite qui laissera une empreinte durable dans votre esprit !

14/02/2025 (modifier)
Par sloane
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Route
La Route

Grandiose, fascinant, extraordinaire. Je pourrais ainsi aligner d'autres superlatifs pour dire tout le bien que je pense de cette adaptation. Depuis Le Rapport de Brodeck, je suis un grand fan du dessin de M. Larcenet et plus particulièrement de sa maitrise du noir et blanc. Quelle maestria, il n'en fallait pas moins pour rendre compte de cette ambiance post apocalyptique. La fin du monde comme si vous y étiez. A ce propos je m'interroge sur les avis de posteurs précédents qui s'interrogent sur le manque d'ambiance du récit. Ben mon colon ! Pour du glauque nous sommes servis, cet inexorable "road trip" ponctué de rencontres effrayantes si elles ne font pas sursauter ou flipper le lecteur laisse tout de même un sentiment d'inéluctable sans espoir de rédemption pour l'humanité. Oui ce n'est pas drôle, cela pousse à désespérer du genre humain. Pour ceux qui pensent qu'il reste un peu d'espoir dans ce monde ben ce récit nous montre de quoi l'homme est capable et que l'on ne vienne pas me dire que j'affabule. Forcément culte et coup de cœur.

11/02/2025 (MAJ le 13/02/2025) (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Fin du Système... - Cours d'humanomique du professeur Kamo
La Fin du Système... - Cours d'humanomique du professeur Kamo

Une très bonne surprise que cette nouvelle série ! Je ne partais pourtant pas conquis avec pour pitch un prof d'économie un peu excentrique qui ne cherche qu'à prouver ses théories par la mise en pratique et en situation. Dit comme ça, ça ne vend pas du rêve... Mais pourtant j'ai été rapidement conquis par le personnage et ses méthodes ; surtout que notre Yohei Kamo se la joue un peu Robin des Bois des temps modernes en retournant contre eux les armes économiques que les puissants utilisent contre les petites gens. Le scénario de Takeshi Natsuhara est bien ficelé, et porte tranquillement son lecteur de façon assez jubilatoire. Il est en ça parfaitement porté par le trait fin et élégant de Shinobu Kaitani. J'attends la suite avec une certaine impatience.

13/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Batman - Arkham Asylum (L'asile d'Arkham)
Batman - Arkham Asylum (L'asile d'Arkham)

Cryptique, elliptique, métaphorique - Les aliénés d'Arkham Asylum ont été libérés de leur cellule et ils ont pris possession de l'asile. Ils ont également pris le personnel en otage et le Joker lance un ultimatum à James Gordon : la libération des otages contre Batman. Ce dernier accepte et le voilà prisonnier de l'asile de fous à la merci de ses plus redoutables ennemis. Il s'en suit une nuit de cauchemar pendant laquelle la psyché de Batman sera testée comme jamais avant. Quand en 1989 parait cette histoire, ce n'est déjà plus une révolution, c'est un deuxième essai après Elektra: Assassin de Frank Miller et Bill Sienkiewicz. Mais la personnalité des créateurs et le thème de l'histoire en font tout autre chose. Arkham Asylum n'est pas une histoire de Batman comme les autres. Grant Morrison se sert de cet affrontement pour réinventer les ennemis de Batman et pour creuser sa psychologie en l'opposant aux maladies mentales des criminels. Le parcours du héros dans l'asile devient une allégorie de l'exploration de ses motivations. Chaque rencontre et chaque situation sont chargées de symboles plus ou moins faciles à décrypter. D'ailleurs en première lecture cette histoire génère un fort sentiment de frustration chez le lecteur qui ne peut que constater qu'il ne comprend pas tout. De son côté Dave McKean semble hésiter entre deux styles différents. Certaines pages évoquent plus qu'un simple hommage à Bill Sienkiewicz, comme si le jeune McKean avait du mal à trouver des solutions graphiques pour illustrer le scénario de Morrison. Au contraire, d'autres pages contiennent déjà toute la magie de l'imagination créatrice qui se mettra au service des couvertures de la série Sandman de Neil Gaiman et de ses œuvres ultérieures comme Cages ou Raptor. Heureusement cette édition anniversaire contient une version quasi définitive du scénario de Grant Morrison. En lisant l'histoire illustrée, puis le script, le lecteur a enfin les éléments nécessaires pour identifier les symboles qui pullulent. La lecture du script est également fascinante à d'autres égards. Tout d'abord, il n'est pas écrit à la méthode Marvel ou en full script, mais dans un hybride des deux combinés à un scénario de film. Ensuite, Grant Morrison conçoit ses scènes en ayant à l'esprit la manière dont il les aurait illustrées (il a été dessinateur au début de sa carrière et cette édition comprend la reproduction de cinquante-deux pages esquissées de sa main) et on est content que ce soit Dave McKean qui ait décroché le job (le résultat aurait été beaucoup plus plat s'il avait suivi les indications de Morrison à la lettre). Enfin, en comparant le script à l'histoire finale, on s'aperçoit que Dave McKean s'est complètement approprié le scénario jusqu'à modifier ou supprimer certaines scènes (ce qui rend le fil de l'histoire encore plus difficile à suivre sans explication). L'édition anniversaire rend enfin pleinement justice à ce comics en le complétant du script de Morrison ce qui permet de comprendre l'histoire.

13/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Captain America - La Vérité
Captain America - La Vérité

Une vérité qui dérange - Ce tome contient une histoire complète ne nécessitant qu'une connaissance superficielle de Captain America pour pouvoir être appréciée. Il contient les épisodes 1 à 7 de la minisérie, initialement parus en 2003, écrits par Robert Morales, dessinés, encrés et mis en couleurs par Kyle Baker. Ce tome comprend également la couverture variante réalisée par Joe Quesada, ainsi qu'un appendice de 4 pages rédigé par Robert Morales explicitant ses sources et les références aux événements historiques. En 1940, Isaiah et Faith Bradley se rendent à la grande fête foraine de New York, en espérant pouvoir aller écouter un discours de William Edward Burghardt Du Bois (W. E. B. Du Bois, 1868-1963). Lors de l'accès à une attraction, ils se heurtent au racisme ordinaire qui fait des citoyens noirs, des citoyens de seconde classe. Dans un bar, Dallas Huxley retrouve son ancien sergent Lucas Evans et ils entament une partie de billard dans un bar fréquenté uniquement par les noirs. Maurice Canfield rentre chez lui, ou plutôt dans la luxueuse demeure de ses parents, les vêtements déchirés et une belle ecchymose au visage, après s'être battu contre des blancs ayant fait preuve de condescendance vis-à-vis de lui et son ami juif. Le 07 décembre 1941, l'armée japonaise effectue une attaque sur Pearl Harbor, et les États-Unis entrent en guerre peu de temps après. Isaiah Bradley se retrouve dans la même section que Maurice Canfield, Dallas Huxley, Lucas Evans et Larsen. Peu de temps après, le commandant de leur base reçoit la visite de Tully et du docteur Reinstein (2 civils) leur indiquant qu'ils souhaitent disposer de plusieurs soldats noirs. Quelques jours plus tard, il est relevé de ses fonction par le colonel Walker Price qui l'abat froidement devant ses troupes. 200 soldats dont Bradley et les autres sont conduits dans un autre camp disposant d'un laboratoire. Ils deviennent des cobayes pour des expériences génétiques. Au temps présent, Captain America (Steve Rogers est amené à rencontrer un ancien soldat de la seconde guerre mondiale dénommé Philip Merritt, en détention pour de nombreux crimes. Il apprend qu'il n'a pas été le premier Captain America. Le début des années 2000 fut une époque de renouveau pour Marvel, avec des projets sortant des sentiers battus de la production industrielle de comics. Truth s'inscrit dans cette veine, même s'il ne jouit pas d'une aussi grande renommée que la gamme Ultimate ou la gamme Marvel Knights. Dans des interviews, Robert Morales a déclaré qu'il avait était approché par des responsables éditoriaux pour effectuer une proposition de récit, et qu'il avait décidé d'en soumettre un le plus noir possible avec la conviction qu'il serait refusé. Non seulement Alex Alonso a accepté son projet en l'état mais a insisté pour l'inclure dans la continuité de Captain America. D'ailleurs pour les 2 éditions en recueils, le nom du superhéros a été apposé devant le titre initial. Du coup, le lecteur aborde cette histoire comme une histoire de superhéros, voire il a peut-être déjà entendu parler d'Isaiah Bradley au travers d'Elijah Bradley (Patriot, voir Young Avengers d'Allan Heinberg & Jim Cheung). Il a la surprise de découvrir un récit assez prévisible dans lequel un afro-américain reçoit le sérum de Captain America et s'en va combattre les nazis, rencontrant même Adolf Hitler le temps d'une séquence. Il trouve que les dessins sont curieusement enfantins, avec des exagérations des visages ou des morphologies qui en deviennent comiques et totalement à contretemps du récit. Il ressort de sa lecture content d'avoir découvert les origines de cette itération de Captain america, et en même temps déçu par un récit linéaire, pas si héroïque que ça, et desservi par des dessins presqu'amateurs et trop dans la caricature. Effectivement, il est un peu difficile de prendre cette histoire au premier degré du fait des dessins. Kyle Baker est un artiste à la très forte personnalité graphique, avec un don pour la caricature, au travers d'exagération anatomique et de d'expressions du visage exagérées. Ce choix génère une forte empathie chez le lecteur, pour les émotions éprouvées par les personnages, et ce dès la quatrième page quand Faith Bradley se moque d'un discours de W.E.B. Dubois et que son mari lui lance un regard noir. Les expressions du soldat Philip Merritt apparaissent dénuées de tout filtre développé par un individu mature, montrant sa personnalité enfantine. Les regards blasés de Tully et du docteur Reinstein attestent de leur immoralité et de leur suffisance nées d'un sentiment de supériorité. Mais dans le contexte d'un récit de superhéros, ce mode narratif fait plutôt penser à un récit pour un jeune public qu'à un récit adulte, à une narration appuyée de manière comique. Il en va de même pour les morphologies ahurissantes des soldats dépassant largement les exagérations habituelles des musculatures des superhéros classiques et même des années 1990. Kyle Baker ne recherche à aucun moment la véracité, ou même l'augmentation musculaire. Il dessine des muscles gonflés comme des ballons, des crânes déformés de manière ridicule et grotesque. Il ne dessine pas non plus avec un degré descriptif élevé. Il détoure des silhouettes à la va-vite. Il n'a que faire des textures. Il esquisse à gros traits les décors. Il recourt souvent à des cases dépourvues d'arrière-plan, qu'il remplit avec des aplats de couleurs simplistes. Si le lecteur persiste à considérer ce récit sous l'angle de vue du genre superhéros, c'est un travail à peine digne d'un amateur qui anéantit toute tension dramatique. Un lecteur qui a déjà lu d'autres ouvrages de Kyle Baker interprète les dessins d'une manière différente. Cet artiste s'est fait connaître pour son humour dépréciateur et sarcastique perspicace et absurde : Why I hate Saturn, The Cowboy Wally show, ou encore les aventures hallucinées du Shadow écrit par Andrew Helfer. Il sait que cet auteur ne peut pas prendre les superhéros au premier degré, et glorifier bêtement leur suprématie physique et leur manière de régler tous leurs problèmes par la force. L'identité même du dessinateur lui indique qu'il ne s'agit pas d'un récit de superhéros au sens traditionnel du terme, et qu'il ne doit pas s'attendre à des prouesses physiques transformées en un spectacle pyrotechnique admirable, ou à une glorification de la virilité triomphante. Sous réserve de pouvoir recalibrer sa sensibilité en conséquence, il se rend compte que la narration visuelle de Kyle Baker apporte une dimension tragique au récit. Les exagérations des expressions des visages permettent au lecteur de ressentir le degré d'implication des personnages. Les exagérations morphologiques traduisent la souffrance physique engendrée par des expérimentations inhumaines. Même la tête d'ahuri crétin de Captain America écoutant les révélations haineuses de Philip Merritt traduit l'énormité des horreurs accomplies et l'incapacité du citoyen moyen à les appréhender. Il est vrai qu'il reste quelques moments où la force comique des dessins reprend le dessus, à contretemps de la gravité du récit. Alors que le récit met en scène des horreurs malheureusement bien réelles et souvent représentées, ces dessins si particuliers donnent l'impression de les voir débarrassés de toute impression d'innocuité, ne permettant pas au lecteur de se retrancher derrière une attitude blasée. Il s'en rend compte à plusieurs reprises, par exemple lors de la scène se déroulant dans une chambre à gaz. Les dessins ont perdu toute dimension comique, conférant toute l'horreur abjecte de ces exécutions. Ils révèlent leur dimension expressionniste qui implique le lecteur quel que soit le nombre de fois où il a vu des représentations de ces pratiques. Le détachement émotionnel n'est pas possible du fait des dessins grotesques de l'artiste, de leur caractère brut et sans fioriture. À la lecture, il apparaît que la narration graphique de Kyle Baker se révèle plus efficace que des dessins simplement descriptifs pour transcrire les intentions du scénariste. Le récit s'ouvre avec la semaine nègre de la fête foraine de 1940 à New York, et une évocation de W.E.B. Dubois (1868-1963), un sociologue, historien, militant pour les droits civiques, militant panafricain, éditorialiste et écrivain américain. Par la suite, le scénariste insère d'autres références à des événements historiques comme la campagne du Double V pendant la seconde guerre mondiale (débutée en 1942), les chambres à gaz, les émeutes raciales du 19 juillet 1919 (Red Summer) à Washington DC, Francis Galton (1822-1911) et les thèses de l'eugénisme, etc. Cette histoire n'est pas une étude de caractère, même s'il est facile pour le lecteur d'éprouver de l'empathie pour le personnage principal, pour Steve Rogers, et même pour l'odieux Philip Merritt. Il s'agit plus d'une mise en scène de réalités socioculturelles peu confortables dans les États-Unis du vingtième siècle. C'est avec consternation que le lecteur constate que l'origine de ce Captain America noir s'intègre parfaitement dans l'Histoire, et que qu'elle reflète une facette de l'histoire de la communauté noire. Dans l'appendice, Robert Morales prend soin d'expliciter les faits historiques réels, et ceux qu'il a adapté pour les besoins de son récit. L'expérimentation médicale sur des sujets à qui on a caché la vérité renvoie directement l'Étude de Tuskegee (1932-1972) substituant le sérum du supersoldat à la syphilis. Avec ce point de vue en tête, le lecteur découvre ou retrouve le point de vue d'une catégorie de la population considérée comme de seconde classe, et la manière dont elle est utilisée par la nation. Captain America est effectivement estomaqué par ce qu'il découvre, et ses gros muscles ne peuvent rien pour redresser ces torts, pour apporter réparation. Les auteurs réussissent le tour de force de mettre le symbole de la nation face à la réalité d'une partie de son Histoire. Ils utilisent les conventions d'un récit de superhéros (affrontements physiques, costume chamarré, méchant symbolique) en les respectant, pour évoquer la condition des afro-américains, luttant pour défendre leur pays en prenant part à la guerre, tout en étant traité comme des sous-citoyens. À la fin du récit, le lecteur a bien compris que Steve Rogers a bénéficié des expérimentations menés sur des individus non-consentants, et qu'il a récolté toute la gloire, alors que la souffrance des cobayes a été effacée des livres d'histoire. La métaphore s'avère puissante et bien menée, sans jamais tourner à la leçon de morale désincarnée. Ils se permettent même de terminer sur une note relativement positive en rendant un hommage à plusieurs afro-américains ayant milité pour la cause des noirs. Morales n'hésite pas à se montrer pince-sans-rire en mettant en scène une femme portant la burqa, sous-entendant qu'il existe encore des formes de discriminations plus ou moins reconnues aux États-Unis. Parti avec l'a priori d'une histoire de superhéros un peu plus sophistiquée que d'habitude, le lecteur découvre d'abord un récit convenu, avec des dessins très éloignés de l'esthétique des comics Marvel. Il lui faut un peu de temps pour se rendre compte de la nature véritable du récit, d'envisager les enjeux sous un autre angle, et de ressentir la force des dessins. Impliqué par les émotions des personnages, il découvre un commentaire engagé sur la condition afro-américaine qui conserve la forme d'une histoire poignante et intelligente. Robert Morales a également écrit les épisodes 21 à 28 de la série Captain America.

12/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Chevrotine
Chevrotine

Chevrotine, c'est l'histoire d'une sorcière élevant seule sa marmaille, une flopée d'enfants issus de pères différents, vivant une vie très atypique, avançant et bravant les obstacles avec un flegme à toute épreuve. Ah, et aussi elle tue parfois des touristes pour les manger ensuite, et le chien parle, et il y a des histoires de voyages dans le temps, de tueurs à gages télépathes, de personnages quasiment immortels, … Vous l'aurez compris, ici le récit tend vers l'absurde. Ici, les prospecteurs creusent pour trouver le sens de la vie, le cancer est littéralement un crabe parlant et parfaitement insupportable, la poétesse se déplace de ville en ville pour livrer ses poèmes avec l'aide de son cafard. On mélange les genres, le fantastique, la SF, le comique, le tragique, avec un brin de poésie pour la forme. C'est con, mais les dialogues assez bien construits, vraiment toniques, font marcher le tout et donnent une très belle forme à l'œuvre. Beaucoup de jeux de mots, quelques métaphores, une pincée de références, des répliques qui s'enchaînent avec peps et rythme, une désinvolture presque absurde face aux évènements, … Il n'y a pas à dire, la formule est atypique mais marquante. Il y a aussi le dessin de Nicolas Gaignard, que je ne connaissais pas avant cela, mais que j'ai trouvé très joli. Les personnages ont tous une apparence marquée et le joli travail de noir et blanc contrasté avec quelques touches de pastel est vraiment beau. Allez, coup de cœur ! (Note réelle 3,5)

11/02/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Petit pays
Petit pays

Je commencerai par le seul « reproche » que j’ai à faire à cette BD… et je mets bien « reproche » entre guillemets, puisqu’il s’agit plus d’une remarque : cet album est sombre, très sombre. Si vous lisez des BDs pour vous divertir ou vous évader de cette triste réalité, passez votre chemin. Mais c’est selon moi la seule raison de ne pas lire ce chef-d’œuvre. L’histoire du roman de Gaël Faye (dont est tirée la BD), a priori « pas autobiographique, mais inspirée de sa propre histoire » (source : Wikipédia), nous est contée via les yeux d’un enfant, Gaby. Cette approche narrative est judicieuse, sa vision naïve et son incompréhension face à l’horreur donnent beaucoup de force au récit. La dernière partie m’a bouleversé et beaucoup marqué. La réalisation de l’album est exemplaire, on sent que Sylvain Savoia et Marzena Sowa ont l’habitude de travailler ensemble (voir Marzi). L’entente est parfaite, la narration limpide, et le graphisme parvient à juxtaposer la beauté du Burundi et de sa population, et les horreurs des massacres. Je me retrouve complètement incapable de justifier une note autre que 5/5. Un album parfait dans le genre.

11/02/2025 (modifier)
Couverture de la série La Route
La Route

Autant le dire dès le début mais si vous cherchez une BD pour vous distraire et vous remonter le moral, passez directement votre chemin. Cette œuvre est froide, âpre, dure et sans espoir. Cette nouvelle adaptation d'un roman par Larcenet est une nouvelle fois une réussite, après l'excellent Le Rapport de Brodeck qui m'avait également emballé (peut-être un poil plus d'ailleurs). Pourtant, au contraire de cette dernière œuvre, il semblait beaucoup plus difficile d'adapter le livre de Mc Carthy tant les émotions passent essentiellement par les silences entre un père et son fils et les descriptions de ce monde désolé. Cette BD est d'autant plus réussie que Larcenet arrive à s'approprier l'ouvrage initial tout en restant fidèle à l'histoire. A cet effet, la fin très ouverte qui rejoint à quelques détails près celle du film, reste pour moi la meilleure manière de finir cette histoire. Ainsi, Larcenet arrive de très belle manière, par le dessin essentiellement, à transcrire cette amour entre un père et son fils dans un monde post-apocalyptique et déshumanisé ne laissant plus beaucoup de place à l'espoir. Les "alors d'accord" concluant chaque réponse du père aux questions parfois naïves mais toujours touchantes de son fils agissent comme autant de pincements au cœur du lecteur. Le sujet du suicide est également traité amenant chacun à se questionner sur ce qu'il ferait à pareille place. Mais c'est bien par le dessin que cette œuvre de Larcenet mérite à mon sens la note ultime. Tout comme dans "Le rapport Bordeck", le trait est fin et soigné et le monde fourmille de détails. Les corps sont décharnés et les visages presque morts. Les teintes de gris nuancées parfois de rouge, de jaune, de mauve et d'ocre sont vraiment du plus bel effet et transcrivent de très belle manière le côté poussiéreux de cette Terre dévorée par les flammes et suffoquant de ses cendres. Une œuvre magnifique qui a su me toucher. Le cœur me dit donc de réhausser ma note à 5/5. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10 NOTE GLOBALE : 17,5/20

10/02/2025 (modifier)
Couverture de la série La plus belle couleur du monde
La plus belle couleur du monde

Énorme coup de cœur pour La plus belle couleur du monde de Golo Zhao. Dès les premières pages, j’ai été happé par l’atmosphère délicate et intimiste de ce manhua, qui nous plonge dans le quotidien d’un jeune collégien chinois des années 90. Nous suivons Rucheng, un adolescent passionné de dessin qui rêve d’intégrer les Beaux-Arts. Talentueux mais en quête de cette étincelle qui le fera progresser, il partage ses journées entre ses amis, ses cours de dessin du week-end et son amour naissant pour Yun, une camarade aussi douée que mystérieuse. Mais Yun est également proche de Wen Jun, le beau gosse issu d’une famille aisée, ce qui attise la jalousie et les rivalités. À cela s’ajoutent les préoccupations typiques de l’adolescence : les jeux de cartes à collectionner, les petites mesquineries, les rumeurs et même une affaire de racket qui, d’abord anodine, prend une tournure plus sérieuse… Ce qui frappe avant tout, c’est la justesse du récit. Ici, pas d’esbroufe ni de rebondissements spectaculaires, mais une tranche de vie où chaque émotion sonne vrai. Les doutes, les questionnements, les élans de tendresse et les maladresses de l’adolescence sont retranscrits avec une finesse remarquable. L’écriture est douce, presque contemplative, et nous laisse savourer chaque instant aux côtés des personnages qui gagnent en profondeur au fil des pages. Graphiquement, La plus belle couleur du monde est une merveille. Les illustrations à l’aquarelle sont sublimes, jouant avec les nuances et la lumière pour magnifier les ambiances et les émotions. Entre les chapitres, de superbes illustrations pleine page viennent renforcer cette impression de poésie visuelle. Chaque couleur semble avoir une signification, donnant à l’ensemble une touche encore plus immersive. Avec ses 584 pages, cet album est une lecture à savourer chez soi, en prenant le temps d’apprécier chaque détail. Un récit ample et maîtrisé qui capture avec brio les tourments et les émerveillements de l’adolescence. Que vous soyez adolescent ou adulte, cette œuvre vous touchera en plein cœur.

09/02/2025 (modifier)