Voilà, après avoir lontemps reculé la lecture complète de cette série, j'ai cédé et acheté l'intégrale. Le sujet du scénario est plutôt "difficile" pour une bd, mettre au futur la rome antique sous les coups des Huns, et bilan de ma lecture : coup réussi à 100%.
Le scénario et superbe et j'admets que la comparaison avec la planète des singes et très bien trouvée de la part de Gaendoul.
Au niveau des dessins je les trouve, comment dire, flous, mais ce flou amène un charme certain à cette bd. J'avais, je l'avoue, peur de ces dessins, mais c'était oublier que la bd est un tout, le scénario est indissociable du dessin et inversement.
Donc franchement bien à la limite du culte, et puis soyons fou la fin me plaît tant que 5/5.
Hermann a du génie, et cela saute aux yeux avec cette série. Le genre "BD historique" est relativement périlleux, car les règles auxquelles il faut se plier sont nombreuses, mais "Les tours de Bois-Maury" s'en sortent avec brio.
Tout d'abord, les scénarios sont, comme souvent chez Hermann, construits avec une précision d'horloger, avec une trame principale, qui est le moteur narratif de la série (Aimar veut retrouver ses terres), et avec des histoires indépendantes pour chaque album. Hermann place souvent ses personnages principaux (Aimar et Olivier) en position de spectateurs plutôt que d'acteurs vis-à-vis des intrigues des albums ; l'intelligence d'Hermann étant de développer à l'extrême les personnages secondaires (comme Germain...).
La principale qualité de cette série est qu'elle décrit un Moyen-Age sans concession : les gens sont sales et laids, les paysans sont misérables, les seigneurs sont bien loin de certains idéaux de chevalerie... Le dessin si particulier d'Hermann sert à la parfection cet objectif.
Finalement, le premier cycle est absolument fantastique, époustouflant tant au niveau de la narration que du graphisme. Le second cycle, intitulé "Bois-Maury", semble malheureusement manquer de souffle épique, en raison de l'absence de trame générale assurant la continuité entre les albums.
Tout est parfait dans cette série !
L'intrigue est remarquablement construite, les indices finement distillés au fur et à mesure de ce premier cycle, et le suspense est toujours dense mais sans opacité rébarbative. Le graphisme est irréprochable, sans fioritures, mais clair et lisible, complètement au service de l'histoire, et incontestablement esthétique.
La griffe de cette série est sa "philosophie" : l'intrigue est narrée à travers le prisme de l'esprit du tueur (le premier tome est d'ailleurs entièrement consacré à nous faire entrer dans la tête du personnage). Malgré son cynisme, on s'attache à cet homme et à son mal-être, d'autant plus que les personnages secondaires sont savoureux.
En un mot : une réussite totale !
Jusqu'au tome 19 (inclus), la série est fantastique : le dessin de Rosinsky est absolument somptueux, les histoires concoctées par Van Hamme sont à la fois intéressantes, prenantes, ludiques et poétiques tout en restant fidèles à l'imaginaire scandinave, les personnages sont trés réussis, et on suit avec beaucoup de plaisir leurs pérégrinations, leurs interrogations, leurs aspirations, et leurs évolutions.
A partir du tome 20, la série est en déclin, tant au niveau des intrigues (on tourne en rond, on se répète... on s'ennuie ?) que du dessin. Dommage !
Superbe série! Le dessin en noir et blanc donne une dimension très plaisante à la série et l'histoire de ce héros malgré lui est plutôt intéressante, et le mondé crée est plutôt riche et la trame de fond attractive et pleine de rebondissement.. On est loin de ces séries débiles où on voit le héros sans cesse détruire, casser, violer à tour de bras et ceci dans la plus grande gloire... Le héros ici est un esclave chétif plutôt faible, mais qui arrivera quand même a trouver des solutions à ses problèmes. Le genre de héros plutôt rare.. et qu'on aimerait voir plus souvent!!!
Si je mets 5 étoiles à "Maus", ça n'est pas parce que le thème est fort mais bien parce que c'est une grande BD.
Spiegelman ne joue pas la facilité. Il mêle sa vie personnelle, le malaise persistant qu'il y a entre lui et son père, la culpabilité qui le ronge, à l'histoire passée de son père, des pogroms polonais aux camps de concentration d'Auschwitz et de Dachau. A ce mode de narration alambiqué, dense et risqué, il prend le parti pris d'un dessin épuré et d'animaux en guise d'humains. J'ai eu un peu de mal avec ce postulat : cela veut-il dire qu'un Juif se reconnaît à son physique? Cela veut-il dire qu'un non Juif polonais se reconnaît également à son physique? Spiegelman ne répond pas à la question et ne la pose pour ainsi dire même pas. C'est le seul point faible que je voie à son oeuvre.
Le dessin est simple mais efficace. C'est sûr qu'on ne lit pas "Maus" pour sa qualité graphique, mais dans son style de ne pas y toucher, Spiegelman sait aller à l'essentiel et nous toucher par sa fausse naïveté. La manière de conduire l'histoire est brillante. La facilité aurait consisté à commencer le récit dans les camps. Au contraire l'auteur nous montre comment le mal a pris racine, la lente perte d'humanité de tout un pays, la misère, la faim sur les routes, les getthos, tout ce que l'on oublie quand on parle de la deuxième guerre mondiale. J'ai trouvé à ce titre ce premier tome encore plus réussi que le second, moins dense et moins complexe quoique tout aussi fort.
Malgré tout l'effroi que peut inspirer la lecture de "Maus", cela reste un livre d'intense espoir. Cela vient sûrement du fait que dès le départ, on sait qu'on est face à l'histoire d'un survivant. Plus même, on est confronté à l'histoire d'un couple de survivants. Etant donné que ce sont les pas du père d'Art que l'on suit, que l'on sait qu'il finira par s'en sortir, on garde toujours au fond du coeur cette lueur d'espoir qui permet de contrebalancer les horreurs que l'on lit. Ce parti pris scénaristique aurait pu être un échec, Spiegelman arrive à le sublimer : c'est un bout d'humanité que son père a sauvé en survivant à la Shoah, et il nous en fait prendre conscience magnifiquement.
"Donjon Potron-Minet" est le segment qui m'a le moins séduit au départ, même si tout est relatif tant l'ensemble touche à l'excellence. Il est vrai que je ne suis, à la base, pas un très grand fan du dessin de Christophe Blain (quoiqu’il soit très personnel) même si cela passe beaucoup mieux ici pour moi que sur Isaac le pirate. Vu qu'il est encensé par à peu près tout le monde, j'imagine être un cas particulier. Et, à la différence des puristes, je suis beaucoup plus fan de son dessin en -84 qu'à ses débuts : allez comprendre !
Si cette période apparaît éminemment poétique, les scénarii des deux premiers tomes m'ont plu sans pour autant déchainer mon enthousiasme. La naïveté et la bravoure de Hyacinthe sont un peu saoûlantes (ce personnage, surtout en tant que gardien un peu plus tard, est d’ailleurs loin d’être le plus intéressant à mon avis), même si le délire autour de la pipe du destin ne me fait assez marrer. Au final, l’humour de ce premier cycle fait cependant un peu moins mouche.
Mais les tomes -97 et -84 sont absolument brillants, pour des raisons un peu différentes, et contre-balancent complétement mes premières impressions un tout petit peu moins enthousiastes qu'à l'accoutumée. Ils font définitivement partie de ces quelques tomes tels Donjon Zenith 2, Donjon crépuscule 101, Donjon monsters 5 et 9 et la trilogie "Armaggedon") à valoir la note maximale.
Le propos du -97 "Une jeunesse qui s'enfuit" est profond et concis, l’humour est efficace (l’épisode de la blénoragie est particulièrement savoureux), le personnage secondaire (un juriste partouzeur au caractère pourtant bien trempé) est sans doute le personnage secondaire le plus intéressant qui ait été créé jusqu’à présent (à quand un Donjon monsters sur lui ?) et l’histoire, assez sérieuse à la base, parvient à poser de vraies questions sur le droit, la justice, le bien fondé de certaines décisions apparemment justes, sans nous prendre la tête pour autant.
Le tome -84, premier de la trilogie de l'automate et dernière réalisation de Blain (courage au prochain pour trouver son style sans copier, ça va pas être fastoche) clôt le cycle Antiopolis. Première nouveauté, ce numéro ne suit pas le dernier (13 numéros d'un coup en moins). Coup d'essai, coup de maître, l'élipse ne pose aucun problème de compréhension (on commence à être habitué avec les Monsters ceci dit) et autorise le développement d'une intrigue extrêmement riche : on comprendra enfin comment Hyacinthe perd sa première femme, revient au donjon, débute son job en repoussant son premier assaut et pourquoi un mal de dos persistant ne le quitte jamais. Au final un tome incontournable qui clôt magnifiquement toute une époque : celle de Blain, d'Antiopolis et d'une certaine insouciance.
"Donjon Crépuscule" est mon cycle préféré. Si l'on y adjoint les "Donjon Monsters" 3 et 4 que je considère, à l'instar de ThePat, comme des "Crépuscule" délocalisés, je considère que ce cycle vaut bien la note de 5. Cela parait étonnant tant il semble que ce cycle soit le moins aimé des lecteurs.
Personnellement, j'aime ce monde post-apocalyptique, la noirceur qui enveloppe les personnages, leur mal-être et la rédemption que le grand Kan est en train de vivre. J'aime ce Marvin devenu aussi philosophe, les chamans me font mourir de rire et le passage où les herbes magiques sont fumées en dépit du bon sens dans le tome 103 est absolument hilarant (de même que le retour du roi des Olfs). Tout me touche dans ce cycle, et je suis ébahi par la maîtrise scénaristique de Trondheim et Sfar qui n'hésitent pas à casser leur carcan dans un tome 103 à la narration pour le moins originale. L'ensemble est d'une cohérence incroyable comme le montre l'étincelante réussite qu'est la trilogie Armaggedon!
Le seul regret que je peux avoir, c'est que n'étant vraiment pas fan du dessin de Sfar, je préférais largement son graphisme du tome 101, quand il cherchait plus à copier le style de Trondheim. Tant pis, il est de toutes façons bien difficile pour un dessinateur de dénaturer ainsi son style, je suppose que cela ne doit pas être très épanouissant.
"Quoi? Tu connais pas Calvin et Hobbes?!?!"
Voilà comment ma meilleure amie m'a annoncé que j'ignorais l'existence d'une des meilleures bds du moment... Cette lacune a été vite comblée...
Et là j'ai trouvé un humour à se tordre de rire comme ici où Calvin et Hobbes (son tigre) :
- J'en ai assez de ces histoires de responsabilité personnelle! J'ai déjà fait ma part du bien du monde.
- Vraiment?
- Oui! Je suis né!
Mais il y aussi une grande philosophie dans ces BDs, plein de messages... Comme ici :
- Regarde, j'ai capturé un papillon!
- Si les hommes pouvaient mettre des arcs-en-ciel dans des zoos, ils le feraient.
CUUULTE!!!
Je suis assez surpris par les notes assez moyennes que récolte "Cuervos", dont le titre est un hommage au grand Carlos Saura, car j'ai été personnellement envoûté par cette série et particulièrement le premier tome dont la force m'a rappelé "Los Olvidados" ou le premier opus de Juan Solo. Certes, le dessin n'est pas toujours à mon goût mais il bénéficie par contre de cadrages souvent exceptionnels. La couleur ne m'a pas choqué plus que ça; elle ne mérite pas de louanges mais elle n'est pas ratée au point d'être ainsi villipendée. On est souvent dans des teintes lavandes qui renforcent le côté crépusculaire de cette histoire.
Ce qui fait donc de cette série une lecture extraordinaire, c'est le scénario, absolument magistral. L'ensemble est d'une dureté incroyable mais à l'image d'"Amours chiennes" auquel le tome 2 rend hommage, on ne tombe jamais dans le misérabilisme. Il y a même quelques touches d'espoir qui parcourent la vie excessivement dure de ces gamins des rues, quoiqu'elles s'évanouissent souvent aussi vite qu'elles sont apparues.
On y suit les traces de Joan, gamin intelligent dont la vie basculera le jour où il acceptera son premier contrat, la confrontation entre Joan et ce dernier restant le passage inoubliable du premier tome. Une de ces scènes qui vous laissent sans voix et vous marquent durablement.
Le tome 2 nous fait découvrir Joan 10 ans plus tard. Peut-être moins puissant que le premier (et encore, vu la fin, ça se discute), il n'est pourtant pas dénué de qualité. La personnalité de Joan s'étoffe (ainsi que sa schizophrénie) et on suit progressivement sa montée dans "l'échelle sociale". Ses relations conflictuelles avec sa mère l'améneront définitivement au point de non-retour; Joan à le monde à ses pieds à la fin de ce second tome puisqu'il a perdu tout ce qu'il pouvait perdre sur Terre.
Le tome 3 nous montre l'ascension politique de Joan, à mesure qu'il prend la main sur tous les cartels. Nettement moins poignant et plus politique que les deux premiers, ce tome montre la transformation du gamin en trentenaire redoutable qui s'apprête à faire main basse sur un pays. On perd un peu de la puissance des premiers tomes, notamment par des cadrages trop osés et un découpage trop cinématographique de Durand mais le récit reste d'intérêt avant le dernier tome où l'on attend une chute (ou une rédemption?) à la mesure du personnage, devenu limite mégalo.
Le 4ème et dernier tome clot magnifiquement la série. On y voit un Joan vieillissant et on y découvre sa famille, aussi vile et sans scrupule que lui. La fin est brutale, en droite de ligne avec son existence entière ; il ne pouvait en être autrement. Entre grandeur et décadence, un tome qui termine remarquablement une vie de trahison et de chienlit.
Une série d'une très grande force, à ne surtout pas manquer.
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Le Fléau des Dieux
Voilà, après avoir lontemps reculé la lecture complète de cette série, j'ai cédé et acheté l'intégrale. Le sujet du scénario est plutôt "difficile" pour une bd, mettre au futur la rome antique sous les coups des Huns, et bilan de ma lecture : coup réussi à 100%. Le scénario et superbe et j'admets que la comparaison avec la planète des singes et très bien trouvée de la part de Gaendoul. Au niveau des dessins je les trouve, comment dire, flous, mais ce flou amène un charme certain à cette bd. J'avais, je l'avoue, peur de ces dessins, mais c'était oublier que la bd est un tout, le scénario est indissociable du dessin et inversement. Donc franchement bien à la limite du culte, et puis soyons fou la fin me plaît tant que 5/5.
Les Tours de Bois-Maury
Hermann a du génie, et cela saute aux yeux avec cette série. Le genre "BD historique" est relativement périlleux, car les règles auxquelles il faut se plier sont nombreuses, mais "Les tours de Bois-Maury" s'en sortent avec brio. Tout d'abord, les scénarios sont, comme souvent chez Hermann, construits avec une précision d'horloger, avec une trame principale, qui est le moteur narratif de la série (Aimar veut retrouver ses terres), et avec des histoires indépendantes pour chaque album. Hermann place souvent ses personnages principaux (Aimar et Olivier) en position de spectateurs plutôt que d'acteurs vis-à-vis des intrigues des albums ; l'intelligence d'Hermann étant de développer à l'extrême les personnages secondaires (comme Germain...). La principale qualité de cette série est qu'elle décrit un Moyen-Age sans concession : les gens sont sales et laids, les paysans sont misérables, les seigneurs sont bien loin de certains idéaux de chevalerie... Le dessin si particulier d'Hermann sert à la parfection cet objectif. Finalement, le premier cycle est absolument fantastique, époustouflant tant au niveau de la narration que du graphisme. Le second cycle, intitulé "Bois-Maury", semble malheureusement manquer de souffle épique, en raison de l'absence de trame générale assurant la continuité entre les albums.
Le Tueur
Tout est parfait dans cette série ! L'intrigue est remarquablement construite, les indices finement distillés au fur et à mesure de ce premier cycle, et le suspense est toujours dense mais sans opacité rébarbative. Le graphisme est irréprochable, sans fioritures, mais clair et lisible, complètement au service de l'histoire, et incontestablement esthétique. La griffe de cette série est sa "philosophie" : l'intrigue est narrée à travers le prisme de l'esprit du tueur (le premier tome est d'ailleurs entièrement consacré à nous faire entrer dans la tête du personnage). Malgré son cynisme, on s'attache à cet homme et à son mal-être, d'autant plus que les personnages secondaires sont savoureux. En un mot : une réussite totale !
Thorgal
Jusqu'au tome 19 (inclus), la série est fantastique : le dessin de Rosinsky est absolument somptueux, les histoires concoctées par Van Hamme sont à la fois intéressantes, prenantes, ludiques et poétiques tout en restant fidèles à l'imaginaire scandinave, les personnages sont trés réussis, et on suit avec beaucoup de plaisir leurs pérégrinations, leurs interrogations, leurs aspirations, et leurs évolutions. A partir du tome 20, la série est en déclin, tant au niveau des intrigues (on tourne en rond, on se répète... on s'ennuie ?) que du dessin. Dommage !
Le Grand Pouvoir du Chninkel
Superbe série! Le dessin en noir et blanc donne une dimension très plaisante à la série et l'histoire de ce héros malgré lui est plutôt intéressante, et le mondé crée est plutôt riche et la trame de fond attractive et pleine de rebondissement.. On est loin de ces séries débiles où on voit le héros sans cesse détruire, casser, violer à tour de bras et ceci dans la plus grande gloire... Le héros ici est un esclave chétif plutôt faible, mais qui arrivera quand même a trouver des solutions à ses problèmes. Le genre de héros plutôt rare.. et qu'on aimerait voir plus souvent!!!
Maus
Si je mets 5 étoiles à "Maus", ça n'est pas parce que le thème est fort mais bien parce que c'est une grande BD. Spiegelman ne joue pas la facilité. Il mêle sa vie personnelle, le malaise persistant qu'il y a entre lui et son père, la culpabilité qui le ronge, à l'histoire passée de son père, des pogroms polonais aux camps de concentration d'Auschwitz et de Dachau. A ce mode de narration alambiqué, dense et risqué, il prend le parti pris d'un dessin épuré et d'animaux en guise d'humains. J'ai eu un peu de mal avec ce postulat : cela veut-il dire qu'un Juif se reconnaît à son physique? Cela veut-il dire qu'un non Juif polonais se reconnaît également à son physique? Spiegelman ne répond pas à la question et ne la pose pour ainsi dire même pas. C'est le seul point faible que je voie à son oeuvre. Le dessin est simple mais efficace. C'est sûr qu'on ne lit pas "Maus" pour sa qualité graphique, mais dans son style de ne pas y toucher, Spiegelman sait aller à l'essentiel et nous toucher par sa fausse naïveté. La manière de conduire l'histoire est brillante. La facilité aurait consisté à commencer le récit dans les camps. Au contraire l'auteur nous montre comment le mal a pris racine, la lente perte d'humanité de tout un pays, la misère, la faim sur les routes, les getthos, tout ce que l'on oublie quand on parle de la deuxième guerre mondiale. J'ai trouvé à ce titre ce premier tome encore plus réussi que le second, moins dense et moins complexe quoique tout aussi fort. Malgré tout l'effroi que peut inspirer la lecture de "Maus", cela reste un livre d'intense espoir. Cela vient sûrement du fait que dès le départ, on sait qu'on est face à l'histoire d'un survivant. Plus même, on est confronté à l'histoire d'un couple de survivants. Etant donné que ce sont les pas du père d'Art que l'on suit, que l'on sait qu'il finira par s'en sortir, on garde toujours au fond du coeur cette lueur d'espoir qui permet de contrebalancer les horreurs que l'on lit. Ce parti pris scénaristique aurait pu être un échec, Spiegelman arrive à le sublimer : c'est un bout d'humanité que son père a sauvé en survivant à la Shoah, et il nous en fait prendre conscience magnifiquement.
Donjon Potron-minet
"Donjon Potron-Minet" est le segment qui m'a le moins séduit au départ, même si tout est relatif tant l'ensemble touche à l'excellence. Il est vrai que je ne suis, à la base, pas un très grand fan du dessin de Christophe Blain (quoiqu’il soit très personnel) même si cela passe beaucoup mieux ici pour moi que sur Isaac le pirate. Vu qu'il est encensé par à peu près tout le monde, j'imagine être un cas particulier. Et, à la différence des puristes, je suis beaucoup plus fan de son dessin en -84 qu'à ses débuts : allez comprendre ! Si cette période apparaît éminemment poétique, les scénarii des deux premiers tomes m'ont plu sans pour autant déchainer mon enthousiasme. La naïveté et la bravoure de Hyacinthe sont un peu saoûlantes (ce personnage, surtout en tant que gardien un peu plus tard, est d’ailleurs loin d’être le plus intéressant à mon avis), même si le délire autour de la pipe du destin ne me fait assez marrer. Au final, l’humour de ce premier cycle fait cependant un peu moins mouche. Mais les tomes -97 et -84 sont absolument brillants, pour des raisons un peu différentes, et contre-balancent complétement mes premières impressions un tout petit peu moins enthousiastes qu'à l'accoutumée. Ils font définitivement partie de ces quelques tomes tels Donjon Zenith 2, Donjon crépuscule 101, Donjon monsters 5 et 9 et la trilogie "Armaggedon") à valoir la note maximale. Le propos du -97 "Une jeunesse qui s'enfuit" est profond et concis, l’humour est efficace (l’épisode de la blénoragie est particulièrement savoureux), le personnage secondaire (un juriste partouzeur au caractère pourtant bien trempé) est sans doute le personnage secondaire le plus intéressant qui ait été créé jusqu’à présent (à quand un Donjon monsters sur lui ?) et l’histoire, assez sérieuse à la base, parvient à poser de vraies questions sur le droit, la justice, le bien fondé de certaines décisions apparemment justes, sans nous prendre la tête pour autant. Le tome -84, premier de la trilogie de l'automate et dernière réalisation de Blain (courage au prochain pour trouver son style sans copier, ça va pas être fastoche) clôt le cycle Antiopolis. Première nouveauté, ce numéro ne suit pas le dernier (13 numéros d'un coup en moins). Coup d'essai, coup de maître, l'élipse ne pose aucun problème de compréhension (on commence à être habitué avec les Monsters ceci dit) et autorise le développement d'une intrigue extrêmement riche : on comprendra enfin comment Hyacinthe perd sa première femme, revient au donjon, débute son job en repoussant son premier assaut et pourquoi un mal de dos persistant ne le quitte jamais. Au final un tome incontournable qui clôt magnifiquement toute une époque : celle de Blain, d'Antiopolis et d'une certaine insouciance.
Donjon Crépuscule
"Donjon Crépuscule" est mon cycle préféré. Si l'on y adjoint les "Donjon Monsters" 3 et 4 que je considère, à l'instar de ThePat, comme des "Crépuscule" délocalisés, je considère que ce cycle vaut bien la note de 5. Cela parait étonnant tant il semble que ce cycle soit le moins aimé des lecteurs. Personnellement, j'aime ce monde post-apocalyptique, la noirceur qui enveloppe les personnages, leur mal-être et la rédemption que le grand Kan est en train de vivre. J'aime ce Marvin devenu aussi philosophe, les chamans me font mourir de rire et le passage où les herbes magiques sont fumées en dépit du bon sens dans le tome 103 est absolument hilarant (de même que le retour du roi des Olfs). Tout me touche dans ce cycle, et je suis ébahi par la maîtrise scénaristique de Trondheim et Sfar qui n'hésitent pas à casser leur carcan dans un tome 103 à la narration pour le moins originale. L'ensemble est d'une cohérence incroyable comme le montre l'étincelante réussite qu'est la trilogie Armaggedon! Le seul regret que je peux avoir, c'est que n'étant vraiment pas fan du dessin de Sfar, je préférais largement son graphisme du tome 101, quand il cherchait plus à copier le style de Trondheim. Tant pis, il est de toutes façons bien difficile pour un dessinateur de dénaturer ainsi son style, je suppose que cela ne doit pas être très épanouissant.
Calvin et Hobbes
"Quoi? Tu connais pas Calvin et Hobbes?!?!" Voilà comment ma meilleure amie m'a annoncé que j'ignorais l'existence d'une des meilleures bds du moment... Cette lacune a été vite comblée... Et là j'ai trouvé un humour à se tordre de rire comme ici où Calvin et Hobbes (son tigre) : - J'en ai assez de ces histoires de responsabilité personnelle! J'ai déjà fait ma part du bien du monde. - Vraiment? - Oui! Je suis né! Mais il y aussi une grande philosophie dans ces BDs, plein de messages... Comme ici : - Regarde, j'ai capturé un papillon! - Si les hommes pouvaient mettre des arcs-en-ciel dans des zoos, ils le feraient. CUUULTE!!!
Cuervos
Je suis assez surpris par les notes assez moyennes que récolte "Cuervos", dont le titre est un hommage au grand Carlos Saura, car j'ai été personnellement envoûté par cette série et particulièrement le premier tome dont la force m'a rappelé "Los Olvidados" ou le premier opus de Juan Solo. Certes, le dessin n'est pas toujours à mon goût mais il bénéficie par contre de cadrages souvent exceptionnels. La couleur ne m'a pas choqué plus que ça; elle ne mérite pas de louanges mais elle n'est pas ratée au point d'être ainsi villipendée. On est souvent dans des teintes lavandes qui renforcent le côté crépusculaire de cette histoire. Ce qui fait donc de cette série une lecture extraordinaire, c'est le scénario, absolument magistral. L'ensemble est d'une dureté incroyable mais à l'image d'"Amours chiennes" auquel le tome 2 rend hommage, on ne tombe jamais dans le misérabilisme. Il y a même quelques touches d'espoir qui parcourent la vie excessivement dure de ces gamins des rues, quoiqu'elles s'évanouissent souvent aussi vite qu'elles sont apparues. On y suit les traces de Joan, gamin intelligent dont la vie basculera le jour où il acceptera son premier contrat, la confrontation entre Joan et ce dernier restant le passage inoubliable du premier tome. Une de ces scènes qui vous laissent sans voix et vous marquent durablement. Le tome 2 nous fait découvrir Joan 10 ans plus tard. Peut-être moins puissant que le premier (et encore, vu la fin, ça se discute), il n'est pourtant pas dénué de qualité. La personnalité de Joan s'étoffe (ainsi que sa schizophrénie) et on suit progressivement sa montée dans "l'échelle sociale". Ses relations conflictuelles avec sa mère l'améneront définitivement au point de non-retour; Joan à le monde à ses pieds à la fin de ce second tome puisqu'il a perdu tout ce qu'il pouvait perdre sur Terre. Le tome 3 nous montre l'ascension politique de Joan, à mesure qu'il prend la main sur tous les cartels. Nettement moins poignant et plus politique que les deux premiers, ce tome montre la transformation du gamin en trentenaire redoutable qui s'apprête à faire main basse sur un pays. On perd un peu de la puissance des premiers tomes, notamment par des cadrages trop osés et un découpage trop cinématographique de Durand mais le récit reste d'intérêt avant le dernier tome où l'on attend une chute (ou une rédemption?) à la mesure du personnage, devenu limite mégalo. Le 4ème et dernier tome clot magnifiquement la série. On y voit un Joan vieillissant et on y découvre sa famille, aussi vile et sans scrupule que lui. La fin est brutale, en droite de ligne avec son existence entière ; il ne pouvait en être autrement. Entre grandeur et décadence, un tome qui termine remarquablement une vie de trahison et de chienlit. Une série d'une très grande force, à ne surtout pas manquer.