Edité en 1945, et évidemment introuvable en édition originale (grosse valeur). Rééditée récemment, ainsi que d'autres B.D. de Calvo. Les bulles n'existent pas, mais de petits textes se trouvent sur les images. Nombreux clins d'oeil sur les personnages qui ont marqué cette période(De Gaulle est une cigogne !). C'est de l'Histoire.
Si je devais trouver une BD que j'aime quasiment autant que "De Capes et de Crocs" et les "Watchmen", ce serait "la Nef des Fous".
Ce qui m'y plaît avant tout, c'est le dessin fin et détaillé de Turf, tout en restant très proche du cartoon et regorgeant de bonne humeur.
Puis vient l'univers original et amusant que Turf a créé avec "la Nef des Fous". Les personnages sont attachants, en particulier le méchant lui-même qui est excellent.
Le tout est présenté dans un scénario sans prétention mais surtout avec un humour discret et sans faille.
"La Nef des Fous" est un trésor de finesse et d'humour.
Tout d'abord, il y a le dessin et la mise en page d'Andreas, qui sont exceptionnels de beauté et d'originalité (qui d'autre que lui a mis plus de 200 cases dans une seule page, a agencé ses cases de telle manière que la lecture se fait à l'envers de l'habituelle sans même que l'on s'en rende compte, qu'on aie l'impression que les cases tombent en même temps que Rork dans une crevasse neigeuse...).
Ensuite vient le scénario !
Hormis les 2 premiers tomes qui n'étaient pas aussi réfléchis, les tomes 3 à 7 forment un tout qui scelle l'ensemble de l'oeuvre. Une intense réflexion est nécessaire pour expliquer tout ce qui se passe dans "Rork", et surtout dans les deux derniers tomes. Il faut avancer des hypothèses, les corroborer avec la foule de détails et d'indices qu'offre Andreas, vérifier qu'une fois l'hypothèse mise en place tout colle, et avoir le bonheur de découvrir ces aspects de l'histoire qu'on n'avait pas compris ou tout simplement pas remarqué.
"Rork" se lit, se relit, se détaille, se fouille, et c'est un vrai bonheur quand on réalise que son hypothèse d'explication de toute l'histoire colle parfaitement et qu'Andreas, qui a refusé d'offrir tout cru l'explication, avait tout prévu et en réalité fourni des indices à chaque page.
"Rork", une BD qui se réfléchit et s'apprécie en connaisseur.
Après lecture de l'avis de Don lope ci-dessous, je peux lui confirmer que tout colle parfaitement dans Rork. Tous les indices, tous les détails forment un tout cohérent et l'histoire, une fois déchiffrée, prend encore plus d'ampleur que ce qu'on peut comprendre de Rork en première lecture. Ca vaut vraiment la peine de s'y atteler et de réfléchir pour trouver la solution, car il y en a une.
Cette série est une merveille de douceur, de bonne humeur, de rêverie. Par ses dessins si proches de ses illustrations, Florence Magnin nous entraîne dans un monde presque onirique qui donne envie d'y vivre.
Outre cette ambiance et cette beauté inhérente aux dessins, l'histoire elle-même est bien construite tout en restant dans la simplicité.
Cette BD est un vrai plaisir de lecture.
Un recueil de bonne humeur, une ambiance superbe et en plus un humour très frais. Lire et relire cette série revient à passer un moment agréable loin de la vie moderne et du stress.
Le dessin est fin et beau.
J'aime particulièrement l'ambiance dans les maisons de chacun des héros, le côté douillet du terrier de Blaireau, l'aspect accueillant et chaud de celui de Taupe, le confort de la maison de Rat, etc.
Franchement ma bd preferée.
Un excellent scenario alliant humour, imagination, aventure, etc. L'imagination de ses créateurs (Arleston et Tarquin) est impressionnante. On voit l'évolution du dessinateur au cours des différents tomes.
Une histoire qui se suit par "Lanfeust des étoiles" ainsi que par les différents tomes de l'encyclopédie anarchique du monde de Troy, ainsi que la cartographie illustrée du monde de Troy.
Une bd culte à acheter en urgence.
Remarquable. A lire absolument ! Une des plus grandes séries. Fait partie de l'Histoire de la B.D. (avec un grand H !) A l'époque où les bulles n'existaient pas, on lisait le texte sous l'image. Pour un collectionneur, cette série est précieuse.
"Achille Talon" est une BD que beaucoup de jeunes maintenant n'aiment pas car ils ne comprennent pas les mots utilisés ou le jeu de mot, la contrepéterie cachée...
Greg a réussi à créer une série de BD qui, à chaque page de chaque tome, m'amène à me dire qu'il m'aurait fallu un an pour trouver un jeu de mot comme celui s'y trouvant.
Le seul point négatif que je verrais est qu'il répète certaines blagues ou fait des histoires courtes assez stupides.
Je pense que ce genre de BD doit être recommandé à toute personne aimant la langue française et l'humour en général. :)
Pas besoin d'avoir lu Love hotel pour lire cet album. Même s'il reprend le même personnage et en est, d'une certaine manière, la suite logique. Le fait que cet album soit réédité sans Love hotel dans la collection "Classiques" de Casterman, montre bien que pour l'éditeur, en tout cas, il s'agit bien de deux oeuvres différentes. Il est vrai que ce "Tokyo est mon jardin" est bien meilleur encore que le réussi Love hotel. Le dessin de Boilet quitte le pur contraste noir et blanc pour gagner de subtiles nuances grâce aux trames de Taniguchi. L'histoire est émouvante et pleine de dérision et d'humour. Le personnage principal est terriblement attachant. C'est vraiment une réussite, sur tous les plans!
Boilet est un auteur à part. Sur tout les plans. Déjà, un auteur européen qui part vivre au Japon et devient mangaka, ce n’est pas banal ; à part Moebius, qui a vécu un moment là-bas, tout en ne faisant pas de manga pour autant, je n’ai pas d’autres exemples. Mais la véritable originalité de Boilet ne réside pas que dans cette particularité (même si ça fait partie du charme de son œuvre et que cela en est, d’une certaine manière, un des sujets principaux), sa réelle particularité réside dans autre chose : son sujet de prédilection : le sentiment amoureux.
Pas besoin de vous faire un dessin… la bd européenne en parle si peu. Historiquement déjà, l’absence des femmes dans le bd classique européenne confinait à la misogynie, on ne peut pas dire que cela se soit spécialement arrangé avec le temps… Oui, aujourd’hui, les femmes sont bien là, en tant qu’héroïnes. Mais rarement en tant qu’objet de désir, le vrai désir, je ne parle pas de l’héroïne Soleil à qui ont a scotchés de gros seins pour faire baver les ados, mais du désir animé par les sentiments, de l’ivresse charnelle.
Boilet ose ça, depuis 3615 Alexia, il parle du désir sans fausse pudeur, flirtant avec ce que certains considéreraient comme de la pornographie mais n’est en fait que de l’érotisme, le vrai. Pas étonnant que cet auteur se soit finalement cassé au Japon, là où moins pudibonds, dans l’imaginaire bédéphilique en tout cas, les Japonais aiment le mélange des genres et appellent une chatte une chatte.
Boilet navigue en terrain vierge, toujours aux confins de l’auto-biographie et de l’auto-fiction, il nous livre une nouvelle fois, sa énième version de son amour déçu. Ce qui est amusant, c’est qu’ici, il parle de Mariko, qui lui avait servi de modèle pour un personnage fictif, dans l’épinard de Yukiko (de qui un mangaka français, (tiens…ça me dit quelque chose) tombait amoureux). Ici, il dévoile un peu plus le voile. Chose étrange, alors qu’il accepte enfin de faire de l’auto-biographie à visage découvert et à ne plus jouer le jeu de l’auto-fiction façon « c’est pas moi mais un peu quand même », il file le dessin à quelqu’un d’autre… une dessinatrice japonaise. L’histoire ne nous dit pas si son prochain album racontera son aventure avec cette dessinatrice :) Mais cela ne m’étonnerait qu’à moitié. Il tombe déjà amoureux de ses modèles, je vois pas pourquoi il ne tomberait pas amoureux de sa dessinatrice… :D euh… je m’éloigne là… Que dire de ce dessin ? C’est très beau, très particulier, il y a une parenté claire avec le dessin de Boilet, mais ici, il y a quelque chose de plus doux, de plus féminin, de plus soyeux, que le dessin de Boilet qui a toujours eu un côté un peu « brut » (ce n’est pas un défaut, juste une particularité).
Ce qui rend cet album encore plus particulier, c’est qu’il avait pour but premier de réunir quelques histoires courtes pour lesquelles Mariko avait également servis de modèle. Celles-ci, dessinées par Boilet lui-même, s’insèrent avec aisance dans l’histoire générale construite autour qui ne souffre pas, comme on pourrait le penser, du côté fourre-tout du projet.
Le projet de la « Nouvelle manga », mouvement moderniste lancé par Boilet, qui se voudrait la « Nouvelle vague » du manga prend de plus en plus forme. Il rappelle en tout cas les premiers films de Godard, ceux dans lequel, le cinéaste, encore jeune, déjà intello, mais encore loin de ses préoccupations d’esthète devenu emmerdant, filmait la vie dans toute sa langueur et sa douceur mélancolique, je pense à un film comme « Vivre sa vie » dans lequel le cinéaste filmait sa petite amie comme un amoureux transi. Boilet a quelque chose du Godard du manga. Espérons juste que Boilet ne tombe pas à l’avenir, à l’instar du cinéaste vieillissant, dans l’auto-complaisance outrancière.
Voilà, je donne cinq étoiles à ce manga, parce que je ne peux faire autrement. Ca me porte réellement. C’est si juste, c’est si fin. La description des sentiments est si parfaite. Loin d’une logique d’action, Boilet et Takahama flirtent avec le temps mort, le non-événement pour nous offrir des blocs de sentiments fugaces ou refoulés, avec une prestance qui me laisse pantois. C’est si rare en bd… rare de trouver à la fois cette intensité romanesque et cette légèreté, Boilet n’en fais jamais trop, il n’a pas besoin de forcer la dose ou de dramatiser son récit pour lui donner de l’ampleur. Pas de mélodrame, pas de pleurnicheries, pas de suicide… Il trouve la juste mesure entre l’insignifiant et le narratif (d’une certaine manière, ce récit n’est qu’un accumulation de détails, qui pris séparément n’ont aucuns sens réel). Ce flottement permanent crée une tension, fait du lecteur un acteur à part entière. On ne lit pas cette bd, on la vit, comme si l’espace d’un instant on était partie prenante de ce couple qui lentement, presque délicieusement, court à sa perte… Un bijou…
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La bête est morte
Edité en 1945, et évidemment introuvable en édition originale (grosse valeur). Rééditée récemment, ainsi que d'autres B.D. de Calvo. Les bulles n'existent pas, mais de petits textes se trouvent sur les images. Nombreux clins d'oeil sur les personnages qui ont marqué cette période(De Gaulle est une cigogne !). C'est de l'Histoire.
La Nef des fous
Si je devais trouver une BD que j'aime quasiment autant que "De Capes et de Crocs" et les "Watchmen", ce serait "la Nef des Fous". Ce qui m'y plaît avant tout, c'est le dessin fin et détaillé de Turf, tout en restant très proche du cartoon et regorgeant de bonne humeur. Puis vient l'univers original et amusant que Turf a créé avec "la Nef des Fous". Les personnages sont attachants, en particulier le méchant lui-même qui est excellent. Le tout est présenté dans un scénario sans prétention mais surtout avec un humour discret et sans faille. "La Nef des Fous" est un trésor de finesse et d'humour.
Rork
Tout d'abord, il y a le dessin et la mise en page d'Andreas, qui sont exceptionnels de beauté et d'originalité (qui d'autre que lui a mis plus de 200 cases dans une seule page, a agencé ses cases de telle manière que la lecture se fait à l'envers de l'habituelle sans même que l'on s'en rende compte, qu'on aie l'impression que les cases tombent en même temps que Rork dans une crevasse neigeuse...). Ensuite vient le scénario ! Hormis les 2 premiers tomes qui n'étaient pas aussi réfléchis, les tomes 3 à 7 forment un tout qui scelle l'ensemble de l'oeuvre. Une intense réflexion est nécessaire pour expliquer tout ce qui se passe dans "Rork", et surtout dans les deux derniers tomes. Il faut avancer des hypothèses, les corroborer avec la foule de détails et d'indices qu'offre Andreas, vérifier qu'une fois l'hypothèse mise en place tout colle, et avoir le bonheur de découvrir ces aspects de l'histoire qu'on n'avait pas compris ou tout simplement pas remarqué. "Rork" se lit, se relit, se détaille, se fouille, et c'est un vrai bonheur quand on réalise que son hypothèse d'explication de toute l'histoire colle parfaitement et qu'Andreas, qui a refusé d'offrir tout cru l'explication, avait tout prévu et en réalité fourni des indices à chaque page. "Rork", une BD qui se réfléchit et s'apprécie en connaisseur. Après lecture de l'avis de Don lope ci-dessous, je peux lui confirmer que tout colle parfaitement dans Rork. Tous les indices, tous les détails forment un tout cohérent et l'histoire, une fois déchiffrée, prend encore plus d'ampleur que ce qu'on peut comprendre de Rork en première lecture. Ca vaut vraiment la peine de s'y atteler et de réfléchir pour trouver la solution, car il y en a une.
L'Autre Monde
Cette série est une merveille de douceur, de bonne humeur, de rêverie. Par ses dessins si proches de ses illustrations, Florence Magnin nous entraîne dans un monde presque onirique qui donne envie d'y vivre. Outre cette ambiance et cette beauté inhérente aux dessins, l'histoire elle-même est bien construite tout en restant dans la simplicité. Cette BD est un vrai plaisir de lecture.
Le Vent dans les Saules
Un recueil de bonne humeur, une ambiance superbe et en plus un humour très frais. Lire et relire cette série revient à passer un moment agréable loin de la vie moderne et du stress. Le dessin est fin et beau. J'aime particulièrement l'ambiance dans les maisons de chacun des héros, le côté douillet du terrier de Blaireau, l'aspect accueillant et chaud de celui de Taupe, le confort de la maison de Rat, etc.
Lanfeust de Troy
Franchement ma bd preferée. Un excellent scenario alliant humour, imagination, aventure, etc. L'imagination de ses créateurs (Arleston et Tarquin) est impressionnante. On voit l'évolution du dessinateur au cours des différents tomes. Une histoire qui se suit par "Lanfeust des étoiles" ainsi que par les différents tomes de l'encyclopédie anarchique du monde de Troy, ainsi que la cartographie illustrée du monde de Troy. Une bd culte à acheter en urgence.
Prince Valiant
Remarquable. A lire absolument ! Une des plus grandes séries. Fait partie de l'Histoire de la B.D. (avec un grand H !) A l'époque où les bulles n'existaient pas, on lisait le texte sous l'image. Pour un collectionneur, cette série est précieuse.
Achille Talon
"Achille Talon" est une BD que beaucoup de jeunes maintenant n'aiment pas car ils ne comprennent pas les mots utilisés ou le jeu de mot, la contrepéterie cachée... Greg a réussi à créer une série de BD qui, à chaque page de chaque tome, m'amène à me dire qu'il m'aurait fallu un an pour trouver un jeu de mot comme celui s'y trouvant. Le seul point négatif que je verrais est qu'il répète certaines blagues ou fait des histoires courtes assez stupides. Je pense que ce genre de BD doit être recommandé à toute personne aimant la langue française et l'humour en général. :)
Tokyo est mon jardin
Pas besoin d'avoir lu Love hotel pour lire cet album. Même s'il reprend le même personnage et en est, d'une certaine manière, la suite logique. Le fait que cet album soit réédité sans Love hotel dans la collection "Classiques" de Casterman, montre bien que pour l'éditeur, en tout cas, il s'agit bien de deux oeuvres différentes. Il est vrai que ce "Tokyo est mon jardin" est bien meilleur encore que le réussi Love hotel. Le dessin de Boilet quitte le pur contraste noir et blanc pour gagner de subtiles nuances grâce aux trames de Taniguchi. L'histoire est émouvante et pleine de dérision et d'humour. Le personnage principal est terriblement attachant. C'est vraiment une réussite, sur tous les plans!
Mariko Parade
Boilet est un auteur à part. Sur tout les plans. Déjà, un auteur européen qui part vivre au Japon et devient mangaka, ce n’est pas banal ; à part Moebius, qui a vécu un moment là-bas, tout en ne faisant pas de manga pour autant, je n’ai pas d’autres exemples. Mais la véritable originalité de Boilet ne réside pas que dans cette particularité (même si ça fait partie du charme de son œuvre et que cela en est, d’une certaine manière, un des sujets principaux), sa réelle particularité réside dans autre chose : son sujet de prédilection : le sentiment amoureux. Pas besoin de vous faire un dessin… la bd européenne en parle si peu. Historiquement déjà, l’absence des femmes dans le bd classique européenne confinait à la misogynie, on ne peut pas dire que cela se soit spécialement arrangé avec le temps… Oui, aujourd’hui, les femmes sont bien là, en tant qu’héroïnes. Mais rarement en tant qu’objet de désir, le vrai désir, je ne parle pas de l’héroïne Soleil à qui ont a scotchés de gros seins pour faire baver les ados, mais du désir animé par les sentiments, de l’ivresse charnelle. Boilet ose ça, depuis 3615 Alexia, il parle du désir sans fausse pudeur, flirtant avec ce que certains considéreraient comme de la pornographie mais n’est en fait que de l’érotisme, le vrai. Pas étonnant que cet auteur se soit finalement cassé au Japon, là où moins pudibonds, dans l’imaginaire bédéphilique en tout cas, les Japonais aiment le mélange des genres et appellent une chatte une chatte. Boilet navigue en terrain vierge, toujours aux confins de l’auto-biographie et de l’auto-fiction, il nous livre une nouvelle fois, sa énième version de son amour déçu. Ce qui est amusant, c’est qu’ici, il parle de Mariko, qui lui avait servi de modèle pour un personnage fictif, dans l’épinard de Yukiko (de qui un mangaka français, (tiens…ça me dit quelque chose) tombait amoureux). Ici, il dévoile un peu plus le voile. Chose étrange, alors qu’il accepte enfin de faire de l’auto-biographie à visage découvert et à ne plus jouer le jeu de l’auto-fiction façon « c’est pas moi mais un peu quand même », il file le dessin à quelqu’un d’autre… une dessinatrice japonaise. L’histoire ne nous dit pas si son prochain album racontera son aventure avec cette dessinatrice :) Mais cela ne m’étonnerait qu’à moitié. Il tombe déjà amoureux de ses modèles, je vois pas pourquoi il ne tomberait pas amoureux de sa dessinatrice… :D euh… je m’éloigne là… Que dire de ce dessin ? C’est très beau, très particulier, il y a une parenté claire avec le dessin de Boilet, mais ici, il y a quelque chose de plus doux, de plus féminin, de plus soyeux, que le dessin de Boilet qui a toujours eu un côté un peu « brut » (ce n’est pas un défaut, juste une particularité). Ce qui rend cet album encore plus particulier, c’est qu’il avait pour but premier de réunir quelques histoires courtes pour lesquelles Mariko avait également servis de modèle. Celles-ci, dessinées par Boilet lui-même, s’insèrent avec aisance dans l’histoire générale construite autour qui ne souffre pas, comme on pourrait le penser, du côté fourre-tout du projet. Le projet de la « Nouvelle manga », mouvement moderniste lancé par Boilet, qui se voudrait la « Nouvelle vague » du manga prend de plus en plus forme. Il rappelle en tout cas les premiers films de Godard, ceux dans lequel, le cinéaste, encore jeune, déjà intello, mais encore loin de ses préoccupations d’esthète devenu emmerdant, filmait la vie dans toute sa langueur et sa douceur mélancolique, je pense à un film comme « Vivre sa vie » dans lequel le cinéaste filmait sa petite amie comme un amoureux transi. Boilet a quelque chose du Godard du manga. Espérons juste que Boilet ne tombe pas à l’avenir, à l’instar du cinéaste vieillissant, dans l’auto-complaisance outrancière. Voilà, je donne cinq étoiles à ce manga, parce que je ne peux faire autrement. Ca me porte réellement. C’est si juste, c’est si fin. La description des sentiments est si parfaite. Loin d’une logique d’action, Boilet et Takahama flirtent avec le temps mort, le non-événement pour nous offrir des blocs de sentiments fugaces ou refoulés, avec une prestance qui me laisse pantois. C’est si rare en bd… rare de trouver à la fois cette intensité romanesque et cette légèreté, Boilet n’en fais jamais trop, il n’a pas besoin de forcer la dose ou de dramatiser son récit pour lui donner de l’ampleur. Pas de mélodrame, pas de pleurnicheries, pas de suicide… Il trouve la juste mesure entre l’insignifiant et le narratif (d’une certaine manière, ce récit n’est qu’un accumulation de détails, qui pris séparément n’ont aucuns sens réel). Ce flottement permanent crée une tension, fait du lecteur un acteur à part entière. On ne lit pas cette bd, on la vit, comme si l’espace d’un instant on était partie prenante de ce couple qui lentement, presque délicieusement, court à sa perte… Un bijou…