Je ne pourrais que plagier les commentaires admiratifs faits sur cette formidable BD aux personnages (surtout féminins) complexes et attachants et j'attends la suite avec frénésie: au tome 2, Cyann cède la place à Nacara pour un destin peut-être plus "cosmique" par l'intermédiaire des Vê qui lui donnent tout pouvoir sur les "portes". Aura-t-on un Cycle de Nacara? Comment son destin et celui de Cyann se mêleront-ils à nouveau? Sans oublier Aîeîa d'Aldaal qui reviendra sans doute à la surface depuis son monde hors du temps. Bourgeon et Lacroix ont mis en place les bases d'une suite qui pourrait bien être encore plus époustouflante.
Franchement, cette œuvre de SF est incontournable ! Notre auteur a écrit tout son scénario avant de prendre ses crayons et pinceaux. Pour preuve, il n’y a aucune incohérence dans l’histoire, aucun temps mort, c’est vraiment magistral.
Les dessins quant à eux sont incroyablement fournit en détails, à chaque lecture on voyage dans un futur qui peut-être ressemblera à UW1… je ne suis pas sure de l’espérer…
Le dernier album termine le cycle de façon grandiose, on ne reste pas sur sa fin. Bravo et Merci.
Que dire sinon que je conseille à tout le monde de se plonger dans cette série!! Je suis fan depuis le début et j' attends impatiemment la suite des aventures de nos héros!! Et ceci est valable également pour les séries parallèlles que sont Le Maître de Jeu et Le Clan des chimères...
Petite anectode: J' ai passé Noel à Paris et j' ai fait une folie dont je revais depuis longtemps; je me suis acheté une planche originale du chant des stryges!!( tome 3 planche 32)... Et que dire... SUPERBE!!!!
Merci aux auteurs de nous permettre de nous évader de cette réalité qui est parfois si cruelle..
Vivement les suites!!!
Voici le premier album de Benoît Peeters et de Francois Schuiten qui n’est pas lié à Les Cités obscures (quoique certains liens existent et pourront être décelés par les amateurs obscurophiles).
L’album présente des extraits de journaux futurs. Au lieu de déconstruire et de se moquer gentiment des utopies du 19e siècle (comme dans les cités obscures), les portes du possible revisitent certaines des utopies/prophéties présentes, concernant les manipulations génétiques, l’avenir de la biodiversité, la gestion des déchets de notre société de consommation, l’urbanisme, etc. De la même manière qu’aucune des anciennes utopies ne se sont réalisées de la manière prédite, le futur imaginé par Benoit Peeters et Francois Schuiten évolue toujours de manière inattendue – hommage à la créativité humaine, clin d’oeil aux aléas de l’histoire et pied de nez aux faux prophètes annonçant que la fin du monde est proche.
Les portes du possible sont à nos utopies présentes ce que les cités obscures sont aux utopies passées, et tous ceux qui (comme moi) adorent les cités obscures adoreront tout autant les portes du possible. Le tout traité avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. L’album est cher, mais le prix est entièrement justifié lorsqu’on voit la qualité de l’album. Les doubles pages ne sont pas coupées au milieu, les couleurs sont superbes, le format n’enlève rien à la qualité des images.
Le même genre d’album qu’A l'ombre des tours mortes, mais un album beaucoup plus réussi que celui de Spiegelman, à mon avis. Schuiten et Peeters se renouvellent de manière magistrale, pour notre plus grand plaisir. Un must !
Voici les aventures déjantées signées ayroles d'un batracien humanophile, magnifiquement servies par les graphismes hauts en couleurs de Maiorana.
Les dialogues sont efficaces, et les histoires de cette grenouille pleines de rebondissements...
On ne peut que s'attacher à Garulfo dans sa quête de compréhension des hommes.
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent de cet album que « n’est pas Charles Burns qui veut » et qui laissent entendre que Le roi des mouches est une sous-copie de Black hole (que j’adore également). Quand même, Mezzo faisait des dessins glauques et Pirus faisait des scénarios noirs avant que Black hole ne soit publié en Français ! Par ailleurs, Le roi des mouches se passe en Allemagne (plutôt original, même si ca pourrait se passer dans n’importe quelle banlieue paumée), implique beaucoup les adultes (pas seulement des ados) et n’a rien à voir avec une maladie sexuellement transmissible ni avec des déformations monstrueuses, au contraire de Black hole. Ca reste bien du Mezzo et Pirus, pas de doute là-dessus. S’il y a des influences, j’irais plutôt les chercher du côté de David Lynch.
Un album envoûtant, dérangeant, très réussi, à la fois au niveau des dessins (et des couleurs !) et du scénario qui évolue dans un monde réel mais qui a l’air tellement bizarre qu’il ressemble à un monde décalé. A mon avis, c’est le meilleur album de Mezzo et Pirus. A part ca, rien à ajouter aux autres critiques, qui en font un bon compte rendu.
Avec « Les mauvaises gens », Etienne Davodeau nous refait le coup du reportage en BD, qui lui avait si bien réussi dans Rural !. Le sujet traite cette fois de l’histoire du syndicalisme social-chrétien et du socialisme dans les Mauges. De plus, loin de s’intéresser à des gens qu’il ne connaissait pas au départ (comme dans Rural !), Davodeau se penche ici sur l’histoire de ses propres parents, et donc en partie sur sa propre enfance. L’album se retrouve donc entre deux genres, le reportage (un genre dans lequel l’auteur est un pionnier et auquel il est en train de donner ses lettres de noblesses) et l’autobiographie. Mais l’autobiographie étant ici mise au service d’un sujet historique, Davodeau évite facilement plusieurs écueils du genre. De plus, en étant centré sur la famille, l’album prend une dimension supplémentaire et devient presque un hommage critique mais plein de tendresse de l’auteur à ses parents. On est habitué à ce genre de thème au cinéma, mais il reste relativement inédit en BD. Une fois de plus, Davodeau défriche des terrains inexplorés, et le fait d’une manière très convaincante et très intéressante. Cerise sur le gâteau, Davodeau reste un auteur engagé, qui a des convictions politiques et qui ne peut rester muet face à l'injustice sociale. On est donc très loin des BD dont le but n'est que de divertir son audience, en passant sous silence les problèmes de la société. Bref, il faut absolument lire « les mauvaises gens », pas seulement pour en savoir plus sur le syndicalisme en milieu rural et catholique, mais aussi pour découvrir un nouveau ton et de nouveaux sujets en bande dessinée, un média qu’Etienne Davodeau contribue à faire grandir et à rapprocher de sa maturité. Un livre indispensable dans la bibliothèque de tout bédéphile !
Lire un livre de Marjane Satrapi est toujours un plaisir. Mais « Broderies » est spécial à plus d’un titre. D’abord, il ne s’agit pas d’une histoire classique avec une intrigue, un début et une fin, mais plutôt de différentes conversations à bâtons rompus de femmes Iraniennes. Ensuite, il y a le sujet. De quoi les femmes Iraniennes parlent-elles quand elles sont entre elles ? De leur vie, des hommes, d’amour, de sexe, de la beauté de leur nez, seins ou fesses, de relations de pouvoir avec leur époux, leur amant, leurs parents, etc. En soi, ce sujet est déjà rare en BD (même s’il est en train de se développer rapidement). Mais dans un contexte Iranien, c’est encore plus intéressant, car ça ouvre une fenêtre sur un monde que l’on connaît peu, et sur lequel on a beaucoup trop de préjugés. Et il est certain qu’en refermant le livre, le lecteur aura une toute autre vision de ce que veut dire être femme en Iran – loin des clichés de la femme impuissante, cloîtrée, humiliée, exploitée. Les femmes dessinées par Satrapi représentent différentes histoires, différentes personnalités, et brossent le tableau d’une certaine diversité de situations. Le titre, « Broderies », est parfaitement choisi et peut se comprendre à plusieurs niveaux, faisant à la fois référence à ce qu’on pourrait décrire comme une mutilation génitale féminine, et au fait que le livre brode sur les relations hommes-femmes, avec un fil conducteur bien solide et très efficace (la transition entre les différents épisodes du livre est impeccable). Enfin, broderies n’est pas une BD classique, avec des cases bien formatées. Ici, chaque page est en quelque sorte une case gigantesque, dans laquelle les protagonistes interagissent et discutent. Il y a une recherche graphique très intéressante afin d’animer et de donner vie à d’immobiles conversations de salon – ce qui marche très bien. Bref, un livre intelligent, drôle, intéressant, qui divertit autant qu’il fait réfléchir. A ne pas manquer !
Anita Bomba est un OVNI de la bande dessinée. On connaissait les anti-héros depuis longtemps, mais les anti-héroïnes se faisaient attendre. Anita Bomba en est une, et une authentique ! Adèle Blanc-Sec fait vraiment pâle figure et peut retourner aux vestiaires, face à Anita qui a la rage au coeur et qui fait tout sauter sur son passage - avec le cynisme et le panache qui lui sied si bien. Et malgré tout, on sent quand même que cette révolte destructrice cache mal un manque d'amour et de tendresse criant. Tous les personnages de l'album sont du même cru, que ce soit le mentor, le policier ou même le robot. Tous sont empreints de douce folie et de violence désespérée, utilisées comme un moyen de trouver un semblant d'équilibre psychologique et émotionnel. C'est très fort. Vraiment une excellente série. Avec tout ca, je n'ai pas encore parlé des dessins. Cromwell a une griffe bien à lui, un style très personnel mais qui reste très lisible. A découvrir de toute urgence!
« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître », celui du service militaire (ou national). Si on veut comprendre quelque chose au tempérament de Manu Larcenet, il faut lire ce livre, témoignage poignant et horrible d’une période vécue comme un cauchemar (ce fût d’ailleurs le cas de beaucoup).
L’encrage choisi, vient renforcer cet aspect glauque et sordide du service militaire, vu par Larcenet.
Mais l’humour (noir) n’est pas en reste car en se caricaturant (lui et sa mère), Larcenet met en relief le fossé qui le sépare de sa mère, sur les fameuses « classes ».
" Presque" c’est une histoire autobiographique, c’est une histoire qui m’a remué les tripes et qui ne peut pas laisser indifférent.
C’est une bd indispensable ou presque…
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Le Cycle de Cyann
Je ne pourrais que plagier les commentaires admiratifs faits sur cette formidable BD aux personnages (surtout féminins) complexes et attachants et j'attends la suite avec frénésie: au tome 2, Cyann cède la place à Nacara pour un destin peut-être plus "cosmique" par l'intermédiaire des Vê qui lui donnent tout pouvoir sur les "portes". Aura-t-on un Cycle de Nacara? Comment son destin et celui de Cyann se mêleront-ils à nouveau? Sans oublier Aîeîa d'Aldaal qui reviendra sans doute à la surface depuis son monde hors du temps. Bourgeon et Lacroix ont mis en place les bases d'une suite qui pourrait bien être encore plus époustouflante.
Universal War One
Franchement, cette œuvre de SF est incontournable ! Notre auteur a écrit tout son scénario avant de prendre ses crayons et pinceaux. Pour preuve, il n’y a aucune incohérence dans l’histoire, aucun temps mort, c’est vraiment magistral. Les dessins quant à eux sont incroyablement fournit en détails, à chaque lecture on voyage dans un futur qui peut-être ressemblera à UW1… je ne suis pas sure de l’espérer… Le dernier album termine le cycle de façon grandiose, on ne reste pas sur sa fin. Bravo et Merci.
Le Chant des Stryges
Que dire sinon que je conseille à tout le monde de se plonger dans cette série!! Je suis fan depuis le début et j' attends impatiemment la suite des aventures de nos héros!! Et ceci est valable également pour les séries parallèlles que sont Le Maître de Jeu et Le Clan des chimères... Petite anectode: J' ai passé Noel à Paris et j' ai fait une folie dont je revais depuis longtemps; je me suis acheté une planche originale du chant des stryges!!( tome 3 planche 32)... Et que dire... SUPERBE!!!! Merci aux auteurs de nous permettre de nous évader de cette réalité qui est parfois si cruelle.. Vivement les suites!!!
Les Portes du possible
Voici le premier album de Benoît Peeters et de Francois Schuiten qui n’est pas lié à Les Cités obscures (quoique certains liens existent et pourront être décelés par les amateurs obscurophiles). L’album présente des extraits de journaux futurs. Au lieu de déconstruire et de se moquer gentiment des utopies du 19e siècle (comme dans les cités obscures), les portes du possible revisitent certaines des utopies/prophéties présentes, concernant les manipulations génétiques, l’avenir de la biodiversité, la gestion des déchets de notre société de consommation, l’urbanisme, etc. De la même manière qu’aucune des anciennes utopies ne se sont réalisées de la manière prédite, le futur imaginé par Benoit Peeters et Francois Schuiten évolue toujours de manière inattendue – hommage à la créativité humaine, clin d’oeil aux aléas de l’histoire et pied de nez aux faux prophètes annonçant que la fin du monde est proche. Les portes du possible sont à nos utopies présentes ce que les cités obscures sont aux utopies passées, et tous ceux qui (comme moi) adorent les cités obscures adoreront tout autant les portes du possible. Le tout traité avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. L’album est cher, mais le prix est entièrement justifié lorsqu’on voit la qualité de l’album. Les doubles pages ne sont pas coupées au milieu, les couleurs sont superbes, le format n’enlève rien à la qualité des images. Le même genre d’album qu’A l'ombre des tours mortes, mais un album beaucoup plus réussi que celui de Spiegelman, à mon avis. Schuiten et Peeters se renouvellent de manière magistrale, pour notre plus grand plaisir. Un must !
Garulfo
Voici les aventures déjantées signées ayroles d'un batracien humanophile, magnifiquement servies par les graphismes hauts en couleurs de Maiorana. Les dialogues sont efficaces, et les histoires de cette grenouille pleines de rebondissements... On ne peut que s'attacher à Garulfo dans sa quête de compréhension des hommes.
Le Roi des Mouches
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent de cet album que « n’est pas Charles Burns qui veut » et qui laissent entendre que Le roi des mouches est une sous-copie de Black hole (que j’adore également). Quand même, Mezzo faisait des dessins glauques et Pirus faisait des scénarios noirs avant que Black hole ne soit publié en Français ! Par ailleurs, Le roi des mouches se passe en Allemagne (plutôt original, même si ca pourrait se passer dans n’importe quelle banlieue paumée), implique beaucoup les adultes (pas seulement des ados) et n’a rien à voir avec une maladie sexuellement transmissible ni avec des déformations monstrueuses, au contraire de Black hole. Ca reste bien du Mezzo et Pirus, pas de doute là-dessus. S’il y a des influences, j’irais plutôt les chercher du côté de David Lynch. Un album envoûtant, dérangeant, très réussi, à la fois au niveau des dessins (et des couleurs !) et du scénario qui évolue dans un monde réel mais qui a l’air tellement bizarre qu’il ressemble à un monde décalé. A mon avis, c’est le meilleur album de Mezzo et Pirus. A part ca, rien à ajouter aux autres critiques, qui en font un bon compte rendu.
Les Mauvaises Gens
Avec « Les mauvaises gens », Etienne Davodeau nous refait le coup du reportage en BD, qui lui avait si bien réussi dans Rural !. Le sujet traite cette fois de l’histoire du syndicalisme social-chrétien et du socialisme dans les Mauges. De plus, loin de s’intéresser à des gens qu’il ne connaissait pas au départ (comme dans Rural !), Davodeau se penche ici sur l’histoire de ses propres parents, et donc en partie sur sa propre enfance. L’album se retrouve donc entre deux genres, le reportage (un genre dans lequel l’auteur est un pionnier et auquel il est en train de donner ses lettres de noblesses) et l’autobiographie. Mais l’autobiographie étant ici mise au service d’un sujet historique, Davodeau évite facilement plusieurs écueils du genre. De plus, en étant centré sur la famille, l’album prend une dimension supplémentaire et devient presque un hommage critique mais plein de tendresse de l’auteur à ses parents. On est habitué à ce genre de thème au cinéma, mais il reste relativement inédit en BD. Une fois de plus, Davodeau défriche des terrains inexplorés, et le fait d’une manière très convaincante et très intéressante. Cerise sur le gâteau, Davodeau reste un auteur engagé, qui a des convictions politiques et qui ne peut rester muet face à l'injustice sociale. On est donc très loin des BD dont le but n'est que de divertir son audience, en passant sous silence les problèmes de la société. Bref, il faut absolument lire « les mauvaises gens », pas seulement pour en savoir plus sur le syndicalisme en milieu rural et catholique, mais aussi pour découvrir un nouveau ton et de nouveaux sujets en bande dessinée, un média qu’Etienne Davodeau contribue à faire grandir et à rapprocher de sa maturité. Un livre indispensable dans la bibliothèque de tout bédéphile !
Broderies
Lire un livre de Marjane Satrapi est toujours un plaisir. Mais « Broderies » est spécial à plus d’un titre. D’abord, il ne s’agit pas d’une histoire classique avec une intrigue, un début et une fin, mais plutôt de différentes conversations à bâtons rompus de femmes Iraniennes. Ensuite, il y a le sujet. De quoi les femmes Iraniennes parlent-elles quand elles sont entre elles ? De leur vie, des hommes, d’amour, de sexe, de la beauté de leur nez, seins ou fesses, de relations de pouvoir avec leur époux, leur amant, leurs parents, etc. En soi, ce sujet est déjà rare en BD (même s’il est en train de se développer rapidement). Mais dans un contexte Iranien, c’est encore plus intéressant, car ça ouvre une fenêtre sur un monde que l’on connaît peu, et sur lequel on a beaucoup trop de préjugés. Et il est certain qu’en refermant le livre, le lecteur aura une toute autre vision de ce que veut dire être femme en Iran – loin des clichés de la femme impuissante, cloîtrée, humiliée, exploitée. Les femmes dessinées par Satrapi représentent différentes histoires, différentes personnalités, et brossent le tableau d’une certaine diversité de situations. Le titre, « Broderies », est parfaitement choisi et peut se comprendre à plusieurs niveaux, faisant à la fois référence à ce qu’on pourrait décrire comme une mutilation génitale féminine, et au fait que le livre brode sur les relations hommes-femmes, avec un fil conducteur bien solide et très efficace (la transition entre les différents épisodes du livre est impeccable). Enfin, broderies n’est pas une BD classique, avec des cases bien formatées. Ici, chaque page est en quelque sorte une case gigantesque, dans laquelle les protagonistes interagissent et discutent. Il y a une recherche graphique très intéressante afin d’animer et de donner vie à d’immobiles conversations de salon – ce qui marche très bien. Bref, un livre intelligent, drôle, intéressant, qui divertit autant qu’il fait réfléchir. A ne pas manquer !
Anita Bomba
Anita Bomba est un OVNI de la bande dessinée. On connaissait les anti-héros depuis longtemps, mais les anti-héroïnes se faisaient attendre. Anita Bomba en est une, et une authentique ! Adèle Blanc-Sec fait vraiment pâle figure et peut retourner aux vestiaires, face à Anita qui a la rage au coeur et qui fait tout sauter sur son passage - avec le cynisme et le panache qui lui sied si bien. Et malgré tout, on sent quand même que cette révolte destructrice cache mal un manque d'amour et de tendresse criant. Tous les personnages de l'album sont du même cru, que ce soit le mentor, le policier ou même le robot. Tous sont empreints de douce folie et de violence désespérée, utilisées comme un moyen de trouver un semblant d'équilibre psychologique et émotionnel. C'est très fort. Vraiment une excellente série. Avec tout ca, je n'ai pas encore parlé des dessins. Cromwell a une griffe bien à lui, un style très personnel mais qui reste très lisible. A découvrir de toute urgence!
Presque
« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître », celui du service militaire (ou national). Si on veut comprendre quelque chose au tempérament de Manu Larcenet, il faut lire ce livre, témoignage poignant et horrible d’une période vécue comme un cauchemar (ce fût d’ailleurs le cas de beaucoup). L’encrage choisi, vient renforcer cet aspect glauque et sordide du service militaire, vu par Larcenet. Mais l’humour (noir) n’est pas en reste car en se caricaturant (lui et sa mère), Larcenet met en relief le fossé qui le sépare de sa mère, sur les fameuses « classes ». " Presque" c’est une histoire autobiographique, c’est une histoire qui m’a remué les tripes et qui ne peut pas laisser indifférent. C’est une bd indispensable ou presque…