"Murena" quand l’Histoire dépasse la fiction…
Dufaux nous livre une superbe série historique sur la Rome antique. Son scénario raconte l’arrivée au pouvoir de Néron et le début de son règne. C’est hyper documenté et d’un réalisme fou. Ceci pourrait alors se révéler ennuyeux et pompeux, mais ce n’est pas du tout le cas, car ici la réalité dépasse la fiction. C’est une grande fresque historique à l’image des vieux péplums hollywoodiens : politique, influence, ambition, pouvoir, complots, courtisanes, infidélités, cirque, gladiateurs, trahisons, poison, poignards… tous les ingrédients sont là et pourtant on nage dans l’histoire avec un grand H. Le caractère et la psychologie des personnages son vraiment très bien traité. La série compte actuellement cinq tomes sur huit, elle est riche en rebondissements et je ne me risquerais pas à la résumer. Les quatre premiers tomes forment Le cycle de la Mère, et le cinquième entame Le cycle de l’Epouse. La mère et l’épouse (de Néron, bien sûr) ne sont autre que Agrippine et Poppée qui chacune à leur manière ont cherché à contrôler leur "bien aimé" pour gouverner par procuration.
Les dessins de Delaby sont beaux. Son trait est bien léché, très réaliste. Ses personnages ont des visages angéliques, ses femmes sont à tomber et les architectures sont magnifiques. Le dessin se peaufine entre chaque tome (surtout entre les 1 et le 2) sans déranger la lecture.
Le premier album à été colorisé par Delpire puis recolorisé par Kathelyn et c’est tant mieux car je trouve que la première colo ne collait pas du tout aux dessins très réalistes, même si je trouve que la nouvelle n’est pas encore au top. Benn et Delaby colorisent le tome 2 et c’est très réussi, de belles couleurs pastelles. Kathelyn s’est occupé ensuite des albums 3 (avec Delaby sur ce tome) et 4 (seule), et c’est meilleur que sur le 1 mais j’aime moins que le travail de Benn. Mais pour moi, c’est Petiqueux sur le tome 5 qui fournit le meilleur rendu avec de magnifiques contrastes.
Le photographe est le récit du voyage de Didier Lefèvre en Afghanistan dans le cadre d’un reportage sur Médecins Sans Frontières. Après le premier tome racontant son arrivée en Afghanistan, les premiers contacts avec les Moudjahiddins et la longue marche vers la station de MSF, puis le second tome décrivant la vie quotidienne au village et le travail des médecins, le troisième et dernier tome raconte le retour cauchemardesque de l’auteur, seul sur les chemins de montagnes, à la merci des loups et des hommes. Il faut lire ces albums pour plusieurs raisons. Pour la forme tout d’abord, car c’est un essai extrêmement bien réussi de mélange de bande dessinée et de photographie. Pour le sujet ensuite, puisqu’on se retrouve en Afghanistan, parmi les amis de Ben Laden. On oublie qu’on est face à des fondamentalistes pour ne plus voir que des hommes et on se retrouve bien loin des résumés de 30 secondes qu’on nous ressert tous les soirs à la TV. Mais plus qu’un reportage sur MSF (sortez vos mouchoirs et oubliez la politique) ou sur la société Afghane (sortez votre dictionnaire pour échanger trois mots ou prenez le raccourci en glanant les anecdotes de vos amis expatriés), la série est surtout l’histoire d’un photographe qui découvre, rencontre, partage, rit, pleure, se révolte, rêve de bon vin et de douche chaude, souffre, doute, désespère, essaye de comprendre, laisse tomber, etc. On peut donc lire le photographe (surtout le dernier tome) en tant que témoignage sur les rapports humains dans des conditions extrêmes. Une tranche de vie intense, qui a marqué l'auteur et qui marquera le lecteur.
Cet album commence très fort ! Une petite préface de Seth où il nous explique les principaux défauts de son album et son graphisme peu léché … Il faut dire que l’auteur n’y a consacré que ses moments perdus. On s’attend donc à découvrir un album approximatif et finalement qui sera vite oublié … Mais, car il y a un mais, Seth nous a trompé ! Il s’agit probablement de l’un des meilleurs albums parus cette année ! Un one-shot tel que je les aime, qui se lit d’une traite et dont on cherche frénétiquement à connaître la page suivante.
Cet album nous relate les aventures du plus grand collectionneur de Comics au monde, et je crois que tous ceux qui liront cet album pourront transposer cette histoire à leur propre passion dévorante pour la BD, certes à une plus petite échelle mais les fondamentaux de nos propres démons sur la recherche de tel ou tel album sont présents. Seth s’y prend de main de maître pour décrire notre univers de lecteurs/collectionneurs de BD.
La narration, par épisodes et interviews, est un assemblage de briques permettant la construction d’une histoire particulièrement précise et prenante. Seth nous explique dans la préface qu’il cherchait à réaliser un récit dont la globalité était meilleure que chaque épisode pris individuellement et effectivement il est parvenu à le réaliser. Les personnages secondaires (autres collectionneurs, libraires, etc …) sont parfaitement utilisés et leurs interventions améliorent la compréhension de ce petit bijou. Si vous rêviez de découvrir les arcanes du monde des collectionneurs, des ventes aux enchères, des courses pour acquérir tel album introuvable, Seth exaucera vos vœux (je ne connaissais qu’un seul autre album sur ce thème : Comixland qui était amusant à lire).
Graphiquement, poussé par Seth qui avait expliqué que son trait n’était pas extraordinaire pour cet album, j’ai voulu faire d’autant plus attention à cet aspect. Et j’avoue avoir particulièrement apprécié cet album que j’ai trouvé vif et réussit. A aucun moment je n’ai pensé qu’il avait été réalisé avec une volonté d’aller vite et de ne pas revenir dessus. Le découpage est également particulièrement braillant et adapté au récit.
Pour terminer, il faut également parler de l’objet. Car le Seuil nous propose là une BD originale et d’une qualité que nous n’avions connu ces dernières années que pour les publications de Chris Ware. S’il ne fallait collectionner cet album que pour une raison, ce serait celle là ;)
Un modèle de série au long cours. Une qualité d'albums constante. A peu près tout le monde sait qu'Alain Dodier est un grand dessinateur mais peu de gens parlent de son talent de scénariste. Les histoires sont toujours parfaitement construites et surtout d'une grande humanité. Une humanité qui se dégage également du héros Jérôme K Jérôme Bloche. On peut même dire qu'il est un modèle d'humanité : pas à l'aise avec la technologie, aimant faire la sieste, ayant un grand coeur, une fiancée avec laquelle il a peur de s'engager; bref Jérôme c'est un peu de chacun d'entre nous et c'est ce qui me plaît dans cette série.
Je suis espagnol mais j'ai la chance d'avoir la double culture, et si je peux vous conseiller cette bd c'est en espagnol les yeux fermés, par contre en français, vous risquez de la trouver moyenne.
Cette série est une des plus populaires en Espagne. Elle a d'ailleurs eu droit à son film. L'auteur a tenté quelque chose en France dans les années 80, mais le rendu en français est tout simplement médiocre.
L'humour populaire de la culture espagnole est difficilement retranscriptible à travers le mot à mot français car le ton employé en espagnol est beaucoup plus fort. Et les références aux habitudes, et aux attitudes populaires des espagnols sont très marquées.
Donc 5/5 si vous la cherchez en Espagnol.
Mais 1/5 si vous souhaitez l'acquérir en français.
Série un peu plus noire que ce que fait Sfar d'habitude. Mais la narration y est très bien maîtrisée, on ne s'ennuie pas un instant. A signaler cependant que le dessin du dernier album (le tome 5) est largement moins travaillé que les autres, je ne critique pas le dessinateur Tanquerelle qui est au top dans le 4eme opus mais on sent qu'il y a passé moins de temps : les traits sont plus grossiers, il y a moins de détails, des décors et design de personnages moins riches et fournis qu'avant. En espérant que ça revienne dans le droit chemin par la suite... cependant il reste très lisible et intéressant.
"Astérix" c'est la bd qu'on lit quand on est enfant et qu'on relit quand on est plus grand.
A la première lecture, on rigole de l'histoire. A la deuxième, on remarque plein de détails hilarants, de personnages caricaturés.
En clair, Goscinny tu nous manques.
Je viens de boucler les six tomes en un peu plus de deux semaines, et je ne suis absolument pas déçu !
Akira est une oeuvre incroyablement dense et vraiment prenante. J'ai même eu parfois l'impression de suffoquer au même rythme de Kaneda dans certaines scènes d'action qui se déroulent parfois sur plus de 100 pages!
Je comprends l'argument de certains, qui trouvent dommageable de mettre moins d'une demi-heure pour boucler un pavé de 200 pages, mais c'est le type du récit et la forme de narration qui veut ça. Dans Akira, on a très peu d'ellipses narratives, tout est fait pour nous donner l'impression de "vivre" les scènes d'actions au même rythme que les protagonistes grâce à des cadrages et des mises en pages renversantes.
C'est vrai que l'on peut critiquer des longueurs dans le scénario et trouver que certains tomes peuvent se résumer qu'à une suite ininterrompue de scènes de guérilla urbaine, comme c’est le cas dans le tome 4 en N&B. Mais c’est peut être cette longueur qui nous permet de digérer tranquillement et d’assimiler un nombre incroyable de protagoniste et d’évènements. Même s’il y’a peut-être eu des économies au niveau du scénario, la réalisation techniques de l’œuvre n'a jamais faiblie. Sur toute la série la qualité reste constante à un niveau extrêmement élevée. Le trait d'Otomo est d'une précision diabolique, et je n'ai jamais vu de plus belles représentations de villes que dans Akira. Les explosions sont à vous couper le souffle, les cases en double page magnifique !
Pour apprécier pleinement toutes ces qualités graphiques, je conseille fortement d’acquérir et de lire Akira dans la version originale N&B, qui offre en début de chaque tome une colorisation inédite des premières planches vraiment magnifiques. L’édition couleur ne démérite pas, mais comme vous calculez aussi bien que moi vous constaterez que l’addition sera très salée. La colorisation permet certes, de mieux mettre en valeur et de différencier les personnages mais elle relaye au second plan les décors qui sont réellement le poins fort de la série.
Comme l'a dit Alix, prenez votre temps pour la lire parce que 2180 pages c’est très long. Cette série représente à peu prés 8h de lecture plaisir mais qui peuvent se transformer facilement en 6, plutôt fatigantes.
Akira, vous l’aurez compris est une série absolument culte à découvrir d’urgence, et c’est un ordre !
Un des plus grands chef-d'oeuvre qu'il m'ait été donné de lire en matière de BD, voila mon avis le plus pur sur Dark knight.
Dark knight marque la fin d'une époque et en annonce une autre. Il y a incontestablement un avant et un après Dark knight pour Batman en particulier, pour les comics de super-héros en général. Avant Batman était un grand détective, un héros intéressant qui n'avait pas donné tout son potentiel, l'oeuvre de Miller a grandement contribué à en faire le dur à cuire impitoyable, torturé et souvent parano qu'il est devenu.
Depuis Batman est bien plus sombre, son univers plus noir et sale, il n'en est que plus passionnant.
L'oeuvre en elle même est fantastique, un chapitre mémorable et indispensable pour tous ceux qui aiment Batman.
On y retrouve Batman, vieux, seul et usé face à une ville en guerre qui ne le connaît plus qu'au travers de sa légende, et le Batman va démontrer qu'il est indispensable, qu'il est l'âme de la ville maudite de Gotham.
On y trouve aussi une foule de personnage importants sous un jour totalement nouveau, quel choc en voyant ce que sont devenus Lana Lang, Sélina Kyle ou Oliver Queen (Green Arrow)...
Superman est aussi utilisé de façon extraordinaire, l'inévitable Gordon est présent, lui qui reste la seule personne sensée dans cette ville de fous. Inévitablement les méchants de gros calibre comme le Joker ou encore Harvey Dent sont toujours là.
On a même droit a un nouveau Robin (personnage d'importance pour Miller) qui a un petit côté Batgirl.
Tous ces personnages auront un rôle déterminant dans l'histoire.
Au fil de cette passionnante lecture on sent que la faiblesse grandissante du héros ne pèse pas lourd face à sa détermination, et pour mettre en scène des dur à cuire il n'y a pas meilleur que Miller, Batman ne peut reculer, cette histoire est son ultime sortie et il la réalise en beauté. Pour moi c'est, et de loin, la meilleure aventure, de ce personnage. Pour couronner le tout le final est absolument splendide!
Que dire de plus? Rarement une BD ne m'a donné autant de satisfaction et de plaisir de lecture, il n'y a qu'une BD que je trouve légèrement supérieure à Dark Knight, c'est Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons, Moore est un autre génie qui a lui aussi largement contribué à la redéfinition des règles dans le monde des comics. Un détail amusant: Dark Knight et Watchmen ont été réalisés quasiment simultanément, tant mieux... cela a ouvert la voie à une toute nouvelle ère.
Dark knight? Je conseille très fortement, bien évidemment.
JJJ
C'est par XIII que j'ai commencé à lire de la BD moderne. Je ne peux donc qu'attribuer la note maximale. Le scénario tellement inattendu et surprenant de Van Hamme en fait une série culte sur plusieurs générations à venir. C'est peut être la bd qui a lancé tout le processus que l'on connaît.
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Murena
"Murena" quand l’Histoire dépasse la fiction… Dufaux nous livre une superbe série historique sur la Rome antique. Son scénario raconte l’arrivée au pouvoir de Néron et le début de son règne. C’est hyper documenté et d’un réalisme fou. Ceci pourrait alors se révéler ennuyeux et pompeux, mais ce n’est pas du tout le cas, car ici la réalité dépasse la fiction. C’est une grande fresque historique à l’image des vieux péplums hollywoodiens : politique, influence, ambition, pouvoir, complots, courtisanes, infidélités, cirque, gladiateurs, trahisons, poison, poignards… tous les ingrédients sont là et pourtant on nage dans l’histoire avec un grand H. Le caractère et la psychologie des personnages son vraiment très bien traité. La série compte actuellement cinq tomes sur huit, elle est riche en rebondissements et je ne me risquerais pas à la résumer. Les quatre premiers tomes forment Le cycle de la Mère, et le cinquième entame Le cycle de l’Epouse. La mère et l’épouse (de Néron, bien sûr) ne sont autre que Agrippine et Poppée qui chacune à leur manière ont cherché à contrôler leur "bien aimé" pour gouverner par procuration. Les dessins de Delaby sont beaux. Son trait est bien léché, très réaliste. Ses personnages ont des visages angéliques, ses femmes sont à tomber et les architectures sont magnifiques. Le dessin se peaufine entre chaque tome (surtout entre les 1 et le 2) sans déranger la lecture. Le premier album à été colorisé par Delpire puis recolorisé par Kathelyn et c’est tant mieux car je trouve que la première colo ne collait pas du tout aux dessins très réalistes, même si je trouve que la nouvelle n’est pas encore au top. Benn et Delaby colorisent le tome 2 et c’est très réussi, de belles couleurs pastelles. Kathelyn s’est occupé ensuite des albums 3 (avec Delaby sur ce tome) et 4 (seule), et c’est meilleur que sur le 1 mais j’aime moins que le travail de Benn. Mais pour moi, c’est Petiqueux sur le tome 5 qui fournit le meilleur rendu avec de magnifiques contrastes.
Le Photographe
Le photographe est le récit du voyage de Didier Lefèvre en Afghanistan dans le cadre d’un reportage sur Médecins Sans Frontières. Après le premier tome racontant son arrivée en Afghanistan, les premiers contacts avec les Moudjahiddins et la longue marche vers la station de MSF, puis le second tome décrivant la vie quotidienne au village et le travail des médecins, le troisième et dernier tome raconte le retour cauchemardesque de l’auteur, seul sur les chemins de montagnes, à la merci des loups et des hommes. Il faut lire ces albums pour plusieurs raisons. Pour la forme tout d’abord, car c’est un essai extrêmement bien réussi de mélange de bande dessinée et de photographie. Pour le sujet ensuite, puisqu’on se retrouve en Afghanistan, parmi les amis de Ben Laden. On oublie qu’on est face à des fondamentalistes pour ne plus voir que des hommes et on se retrouve bien loin des résumés de 30 secondes qu’on nous ressert tous les soirs à la TV. Mais plus qu’un reportage sur MSF (sortez vos mouchoirs et oubliez la politique) ou sur la société Afghane (sortez votre dictionnaire pour échanger trois mots ou prenez le raccourci en glanant les anecdotes de vos amis expatriés), la série est surtout l’histoire d’un photographe qui découvre, rencontre, partage, rit, pleure, se révolte, rêve de bon vin et de douche chaude, souffre, doute, désespère, essaye de comprendre, laisse tomber, etc. On peut donc lire le photographe (surtout le dernier tome) en tant que témoignage sur les rapports humains dans des conditions extrêmes. Une tranche de vie intense, qui a marqué l'auteur et qui marquera le lecteur.
Wimbledon Green
Cet album commence très fort ! Une petite préface de Seth où il nous explique les principaux défauts de son album et son graphisme peu léché … Il faut dire que l’auteur n’y a consacré que ses moments perdus. On s’attend donc à découvrir un album approximatif et finalement qui sera vite oublié … Mais, car il y a un mais, Seth nous a trompé ! Il s’agit probablement de l’un des meilleurs albums parus cette année ! Un one-shot tel que je les aime, qui se lit d’une traite et dont on cherche frénétiquement à connaître la page suivante. Cet album nous relate les aventures du plus grand collectionneur de Comics au monde, et je crois que tous ceux qui liront cet album pourront transposer cette histoire à leur propre passion dévorante pour la BD, certes à une plus petite échelle mais les fondamentaux de nos propres démons sur la recherche de tel ou tel album sont présents. Seth s’y prend de main de maître pour décrire notre univers de lecteurs/collectionneurs de BD. La narration, par épisodes et interviews, est un assemblage de briques permettant la construction d’une histoire particulièrement précise et prenante. Seth nous explique dans la préface qu’il cherchait à réaliser un récit dont la globalité était meilleure que chaque épisode pris individuellement et effectivement il est parvenu à le réaliser. Les personnages secondaires (autres collectionneurs, libraires, etc …) sont parfaitement utilisés et leurs interventions améliorent la compréhension de ce petit bijou. Si vous rêviez de découvrir les arcanes du monde des collectionneurs, des ventes aux enchères, des courses pour acquérir tel album introuvable, Seth exaucera vos vœux (je ne connaissais qu’un seul autre album sur ce thème : Comixland qui était amusant à lire). Graphiquement, poussé par Seth qui avait expliqué que son trait n’était pas extraordinaire pour cet album, j’ai voulu faire d’autant plus attention à cet aspect. Et j’avoue avoir particulièrement apprécié cet album que j’ai trouvé vif et réussit. A aucun moment je n’ai pensé qu’il avait été réalisé avec une volonté d’aller vite et de ne pas revenir dessus. Le découpage est également particulièrement braillant et adapté au récit. Pour terminer, il faut également parler de l’objet. Car le Seuil nous propose là une BD originale et d’une qualité que nous n’avions connu ces dernières années que pour les publications de Chris Ware. S’il ne fallait collectionner cet album que pour une raison, ce serait celle là ;)
Jérôme K. Jérôme Bloche
Un modèle de série au long cours. Une qualité d'albums constante. A peu près tout le monde sait qu'Alain Dodier est un grand dessinateur mais peu de gens parlent de son talent de scénariste. Les histoires sont toujours parfaitement construites et surtout d'une grande humanité. Une humanité qui se dégage également du héros Jérôme K Jérôme Bloche. On peut même dire qu'il est un modèle d'humanité : pas à l'aise avec la technologie, aimant faire la sieste, ayant un grand coeur, une fiancée avec laquelle il a peur de s'engager; bref Jérôme c'est un peu de chacun d'entre nous et c'est ce qui me plaît dans cette série.
Mortadel et Filemon
Je suis espagnol mais j'ai la chance d'avoir la double culture, et si je peux vous conseiller cette bd c'est en espagnol les yeux fermés, par contre en français, vous risquez de la trouver moyenne. Cette série est une des plus populaires en Espagne. Elle a d'ailleurs eu droit à son film. L'auteur a tenté quelque chose en France dans les années 80, mais le rendu en français est tout simplement médiocre. L'humour populaire de la culture espagnole est difficilement retranscriptible à travers le mot à mot français car le ton employé en espagnol est beaucoup plus fort. Et les références aux habitudes, et aux attitudes populaires des espagnols sont très marquées. Donc 5/5 si vous la cherchez en Espagnol. Mais 1/5 si vous souhaitez l'acquérir en français.
Professeur Bell
Série un peu plus noire que ce que fait Sfar d'habitude. Mais la narration y est très bien maîtrisée, on ne s'ennuie pas un instant. A signaler cependant que le dessin du dernier album (le tome 5) est largement moins travaillé que les autres, je ne critique pas le dessinateur Tanquerelle qui est au top dans le 4eme opus mais on sent qu'il y a passé moins de temps : les traits sont plus grossiers, il y a moins de détails, des décors et design de personnages moins riches et fournis qu'avant. En espérant que ça revienne dans le droit chemin par la suite... cependant il reste très lisible et intéressant.
Astérix
"Astérix" c'est la bd qu'on lit quand on est enfant et qu'on relit quand on est plus grand. A la première lecture, on rigole de l'histoire. A la deuxième, on remarque plein de détails hilarants, de personnages caricaturés. En clair, Goscinny tu nous manques.
Akira
Je viens de boucler les six tomes en un peu plus de deux semaines, et je ne suis absolument pas déçu ! Akira est une oeuvre incroyablement dense et vraiment prenante. J'ai même eu parfois l'impression de suffoquer au même rythme de Kaneda dans certaines scènes d'action qui se déroulent parfois sur plus de 100 pages! Je comprends l'argument de certains, qui trouvent dommageable de mettre moins d'une demi-heure pour boucler un pavé de 200 pages, mais c'est le type du récit et la forme de narration qui veut ça. Dans Akira, on a très peu d'ellipses narratives, tout est fait pour nous donner l'impression de "vivre" les scènes d'actions au même rythme que les protagonistes grâce à des cadrages et des mises en pages renversantes. C'est vrai que l'on peut critiquer des longueurs dans le scénario et trouver que certains tomes peuvent se résumer qu'à une suite ininterrompue de scènes de guérilla urbaine, comme c’est le cas dans le tome 4 en N&B. Mais c’est peut être cette longueur qui nous permet de digérer tranquillement et d’assimiler un nombre incroyable de protagoniste et d’évènements. Même s’il y’a peut-être eu des économies au niveau du scénario, la réalisation techniques de l’œuvre n'a jamais faiblie. Sur toute la série la qualité reste constante à un niveau extrêmement élevée. Le trait d'Otomo est d'une précision diabolique, et je n'ai jamais vu de plus belles représentations de villes que dans Akira. Les explosions sont à vous couper le souffle, les cases en double page magnifique ! Pour apprécier pleinement toutes ces qualités graphiques, je conseille fortement d’acquérir et de lire Akira dans la version originale N&B, qui offre en début de chaque tome une colorisation inédite des premières planches vraiment magnifiques. L’édition couleur ne démérite pas, mais comme vous calculez aussi bien que moi vous constaterez que l’addition sera très salée. La colorisation permet certes, de mieux mettre en valeur et de différencier les personnages mais elle relaye au second plan les décors qui sont réellement le poins fort de la série. Comme l'a dit Alix, prenez votre temps pour la lire parce que 2180 pages c’est très long. Cette série représente à peu prés 8h de lecture plaisir mais qui peuvent se transformer facilement en 6, plutôt fatigantes. Akira, vous l’aurez compris est une série absolument culte à découvrir d’urgence, et c’est un ordre !
Batman - The Dark Knight returns
Un des plus grands chef-d'oeuvre qu'il m'ait été donné de lire en matière de BD, voila mon avis le plus pur sur Dark knight. Dark knight marque la fin d'une époque et en annonce une autre. Il y a incontestablement un avant et un après Dark knight pour Batman en particulier, pour les comics de super-héros en général. Avant Batman était un grand détective, un héros intéressant qui n'avait pas donné tout son potentiel, l'oeuvre de Miller a grandement contribué à en faire le dur à cuire impitoyable, torturé et souvent parano qu'il est devenu. Depuis Batman est bien plus sombre, son univers plus noir et sale, il n'en est que plus passionnant. L'oeuvre en elle même est fantastique, un chapitre mémorable et indispensable pour tous ceux qui aiment Batman. On y retrouve Batman, vieux, seul et usé face à une ville en guerre qui ne le connaît plus qu'au travers de sa légende, et le Batman va démontrer qu'il est indispensable, qu'il est l'âme de la ville maudite de Gotham. On y trouve aussi une foule de personnage importants sous un jour totalement nouveau, quel choc en voyant ce que sont devenus Lana Lang, Sélina Kyle ou Oliver Queen (Green Arrow)... Superman est aussi utilisé de façon extraordinaire, l'inévitable Gordon est présent, lui qui reste la seule personne sensée dans cette ville de fous. Inévitablement les méchants de gros calibre comme le Joker ou encore Harvey Dent sont toujours là. On a même droit a un nouveau Robin (personnage d'importance pour Miller) qui a un petit côté Batgirl. Tous ces personnages auront un rôle déterminant dans l'histoire. Au fil de cette passionnante lecture on sent que la faiblesse grandissante du héros ne pèse pas lourd face à sa détermination, et pour mettre en scène des dur à cuire il n'y a pas meilleur que Miller, Batman ne peut reculer, cette histoire est son ultime sortie et il la réalise en beauté. Pour moi c'est, et de loin, la meilleure aventure, de ce personnage. Pour couronner le tout le final est absolument splendide! Que dire de plus? Rarement une BD ne m'a donné autant de satisfaction et de plaisir de lecture, il n'y a qu'une BD que je trouve légèrement supérieure à Dark Knight, c'est Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons, Moore est un autre génie qui a lui aussi largement contribué à la redéfinition des règles dans le monde des comics. Un détail amusant: Dark Knight et Watchmen ont été réalisés quasiment simultanément, tant mieux... cela a ouvert la voie à une toute nouvelle ère. Dark knight? Je conseille très fortement, bien évidemment. JJJ
XIII
C'est par XIII que j'ai commencé à lire de la BD moderne. Je ne peux donc qu'attribuer la note maximale. Le scénario tellement inattendu et surprenant de Van Hamme en fait une série culte sur plusieurs générations à venir. C'est peut être la bd qui a lancé tout le processus que l'on connaît.