Avant tout, justification de la note : 5/5 dans le sens où ce manga est effectivement culte, véritable pierre angulaire du cyberpunk japonais, comme peut l'être Akira qui lui déroule aussi sur d'autres terrains.
Là, on y est, c'est mad max, les coupes iroquoises, la violence comme quotidien, les loques en guise de tenue et le sable aux portes de la cité.
Extravagant, les combats sont certes surréalistes mais surtout subjugants. Et le trait du mangaka ne fait que monter crescendo en virtuosité pour offrir des scènes d'action incroyablement détaillées et parfaitement lisibles. Petit plus, les annotations scientifiques apportent une touche de rationalisme dans ce maelstrom de démence.
Ensuite, les personnages. Les caractères s'accumulent, au look, background et personnalités bien propres. Même les bad guys (peut-on vraiment les appeler ainsi au vu de la moralité moyenne du reste de la population ?) acquièrent une aura justifiant (en partie) leurs actes. Et au-dessus de tout, Gally, insaisissable même pour le lecteur : tour à tour ange, démon, petit coeur, spectatrice, moralisatrice, enfantine, inquiétante... Gally peut devenir un adjectif en lui-même.
Le début est assez balisé (bien que déjà dans le haut du panier par rapport au genre de l'époque), l'arc du roller ball tourne assez en rond mais la suite est dantesque. Autre bon point, les intrigues s'accumulent mais trouvent (presque) toutes leur conclusion dans cette série plutôt courte (9 tomes).
Donc, dessin, scénario, personnages, originalité : ràs, lisez-le. Enfin, si vous aimez les mangas et que la violence graphique ne vous rebute pas.
Pour tous ceux ayant lu du Picsou à longueur de temps, voici un chef d'oeuvre de Rosa révélant toutes les questions que l'on peut se poser : ses ancêtres, le sou fétiche, sa tenue mythique, le Klondique etc. Tant de choses qui allaient simplement de soi prennent ici vie.
Le tragique et le comique s'enlacent dans les cases fourmillant de détails.
Oui culte car surpassant toutes les autres aventures du plus riche des canards.
"Le Château des étoiles", voilà une histoire que Jules Verne aurait certainement très appréciée, lui qui a émerveillé bon nombre de petits et grands avec ses récits imaginaires décomplexés. Une sorte de Voyage au centre de la Terre inversée, direction la conquête de l’espace au moyen de cette substance qu’on appelle l’éther et dont serait composé le vide spatial et qu’une grande majorité de scientifiques du XIXème siècle croyaient réelle. Partir du principe que dans cette époque de révolution industrielle on découvre l’existence de l’éther et que des nations colonisatrices telles que la Prusse de Bismarck vont tenter de s'approprier cette découverte, c’est le parti pris de cette nouvelle grande aventure signée Alex Alice.
Une histoire qui n’est pas tout à fait ce qu’on peut nommer comme une uchronie car Alice s’amuse à incorporer à son récit fictif des éléments historiques véridiques ainsi que des personnages ayant bien existé. Ainsi on verra apparaître furtivement le compositeur Richard Wagner, l’architecte royal Christian Jank chargé de réaliser la structure de l’astronef, Élisabeth « Sissi » impératrice d’Autriche, et dans un rôle de premier plan le roi Ludwig de Bavière. La passion de ce dernier pour les contes et le mythe du Graal et des chevaliers de la table ronde sont tout à fait authentiques. De même que le château où se déroule la grande majorité de l’intrigue n’est ni plus ni moins que le château de Neuschwanstein qui est un des mes préférés dans le monde. Il est majestueusement dépeint ici aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Quel talent de la part de l’auteur ! Il sait comment vendre du rêve (plus que celui de Disneyland qui est lui aussi inspiré de Neuschwanstein pour la petite anecdote).
Pour en revenir à la BD, on peut dire que j’ai pris mon pied pour faire court. Pour la version longue, j’ai trouvé cette BD très intéressante également pour les lecteurs fans d’Alex Alice. On arrive à déceler des points communs dans chacune de ses œuvres. Je soupçonne Alice d’avoir un gros faible pour les jolies rousses, après Elisabeth d’Elsénor dans Le Troisième Testament et la Walkyrie dans Siegfried, c’est la ravissante Sophie qui reprend le flambeau. C’est même un combo de rouquine si on y ajoute Claire Dulac et Sissi impératrice. D’ailleurs en parlant de Sissi, la ressemblance physique du duo très proche Sissi-Ludwig est quasi similaire à celle du couple la Walkyrie et Siegfried, comme si ces derniers étaient de lointains ascendants aux deux autres. Je ne sais pas si c’est voulu ou non mais je suis très tenté de le croire, c’est très cool et ça apporte une certaine profondeur. C’est comme si les œuvres d’Alice étaient imprégnées d’une continuité, l’histoire comme un éternel recommencement. Même le cadre est identique, la mythologie germanique face à la romantique Bavière.
L’histoire de cet « intégrale 1 » se veut plus qu’introductive car elle fait aussi la part belle à l’action et les complots de couloirs. L’auteur fait monter la pression petit à petit et cela devrait atteindre son point culminant dans le deuxième intégrale. C’est un peu l’équivalent d’un Objectif Lune chez Tintin.
Le dessin est majestueux comme je l’ai dit plus haut, tout en esquisse, on peut utiliser n’importe quel superlatif juste pour dire que c’est du grand art. Alice s’essaye pour la première fois à la couleur directe et je pense qu’on peut dire que le pari est gagné, on en prend plein les mirettes.
Alors, y a-t-il tout de même quelques défauts ? Personnellement rien ne m’a dérangé, si, aller, quelques situations ne paraissent pas très crédibles mais à partir du moment où on envisage la théorie de l’éther comme crédible on fait un peu fi de la crédibilité, place à la magie (ce qui est paradoxal vu que le récit se repose beaucoup sur la science).
Le physique de Hans et son aspect « cartoonesque » peut décontenancer plus d’un lecteur car il apparaît en plus assez tardivement dans l’histoire mais cela ne m’a moi pas dérangé car il apporte une caution humoristique enfantine. Le Nibelung Mime avait déjà un peu le même rôle dans Siegfried avec un rôle plus sarcastique. J’y vois là une volonté de plaire aux enfants car cette série peut tout aussi bien s’adresser à un public adulte (le langage scientifique n’est pas à la porté de tout le monde), ou de grands enfants. L’esprit « julesvernien » est donc respecté.
En attendant les prochaines aventures de Séraphin et ses amis chevaliers de l’éther, je souhaite à ce premier volume de conquérir les étagères des bédéphiles.
Le Château des étoiles – 2ème diptyque – 3ème année Les Chevaliers de Mars !
Les plus impatients peuvent d’ores et déjà embarquer à bord de la suite. Deux mois avant la sortie de la gazette numéro 7, Rue de Sèvres sort un coffret comprenant ladite gazette plus un almanach calendrier de belle facture avec des hommages de grands artistes, plus la maquette du Cygne des étoiles à monter soi-même pour ceux qui ont gardé leur âme d’enfant.
La 2ème année mettait en scène l’alunissage de nos aventuriers, leur exploration et la révélation des mystères de l’astre. La tonalité enfantine du premier livre perdait peu à peu de son innocence pour rentrer davantage dans le mythe arthurien avec cet émouvant adieu du roi Ludwig à Séraphin qui lui fît promettre de partager la connaissance de l’éther pour le bien des peuples, tel le roi Arthur désignant Perceval comme son meilleur disciple et successeur, avant de partir pour Avalon d’où il ne revint jamais. Et ainsi une fois revenu sur Terre, ce deuxième chapitre se concluait sur un formidable message d’espoir, de tolérance et d’appel à la fraternité entre les peuples.
Si je lui trouvais des allures d’Objectif Lune au tout début de l'aventure, Les Chevaliers de Mars débute sous des auspices dignes de L’Île Noire. L'intrigue prend pour cadre celui d’une Bretagne idyllique et campagnarde avec beaucoup de dessins représentants Océan, phare, plage, village typique du coin… dans une ambiance inquiétante où les personnages cherchent à se faire peur. Il se murmure de sombres rumeurs dans les tavernes parmi les pedzouilles mal débourrés dont certains auraient aperçu un albatros monstrueusement géant (ces derniers n’ayant jamais entendu parler de l’éthernef). Et lorsque se ne sont pas ces béotiens, c’est cet indécrottable trouillard d’Hans qui s’y colle, croyant dur comme fer à ces légendes celtes.
Au premier plan, nos champions vont être forcés de sortir de leur retraite : le père de Séraphin a disparu, ses modèles paternels disparaissent les uns après les autres, et le doute commence à s’installer dans son esprit, d’autant plus que les relations avec ses frères chevaliers n’est pas au beau-fixe. Le temps joue contre eux car si la publication des plans de l’éthernef a permis dans un premier temps de couper l’herbe sous le pied de Bismark, ce vampire assoiffé de conquête et qui s’imagine bien tel le dieu de la guerre, n’a pas dit son dernier mot et Mars pourrait bien être la clé de voûte ouvrant la voie à la conquête de toute la galaxie !
Admiratif des graphismes des deux premiers tomes, la suite demeure du même tonneau. Alex Alice nous offre des compositions qui laissent d’abord médusé puis rêveur : il n’y a pas de mot pour décrire le fog londonien et ce plan sur Big Ben en contre-plongée, ou cette vision fantasmagorique de Mars la rouge surplombant cette petite île de Bretagne entourée d’une eau bleue sombre où nos héros se sont installés.
Grand enfant ou vieil amateur nostalgique d’Edgar Rice Burroughs, Les Chevaliers de Mars constitue un événement à suivre et à ne surtout pas manquer.
Mise à jour 04/07/20184ème année - Fin du deuxième diptyque
Le Château des étoiles, 2ème diptyque, gazette n°12, c'est déjà fini ! Que le temps passe... on ne voit pas nos héros Séraphin, Sophie et Hans grandirent et pourtant il y a de légères nuances dans les traits faciaux, un brin plus adolescent, moins enfantins qu'aux débuts... et que d'aventures parcourus, que de dangers mortels évités !
Ces Chevaliers de Mars a tenu toutes ses promesses, c'était digne du grand Edgar Rice Burroughs. Alex Alice délaisse dans sa deuxième partie l'action pour davantage d'exploration mais comme encore 12 gazettes sont prévus à la programmation, un petit temps peut faire du bien. Je retiens surtout l'aspect graphique parce que c'est... whoua, il n'y a juste pas de mot pour décrire ces visuels époustouflants en grand format. C'est du niveau Miyazaki quoi. Avec cette série Alice rentre dans la cour des grands, des très grands (il y était déjà selon moi mais là, il n'y a plus de doute possible).
Désormais, la guerre des mondes est déclarée. Vivement la suite !
Larcenet fait aujourd'hui figure d'autorité dans le paysage de la BD française, avec des sorties d'albums toujours plus remarquées, des critiques élogieuses et une omniprésence dans les ventes, les articles et les festivals. C'est un monstre de la BD, et à ce titre j'essaye de rester encore plus neutre lorsque j'en parle. Il est beaucoup trop facile de tomber dans les louanges faciles quand on aime quasiment tout de l'auteur.
Pourtant, le rapport de Brodeck m'a happé à nouveau. Comme tout les autres ouvrages de l'auteur. Implacablement.
Je ne pourrais pas dire grand chose que les autres avis n'ont déjà soulignés. Tout est bon, du dessin à l'histoire, les cadrages, les partis pris et les représentations, ce qui s'en dégage ... Tout ! Rien ne semble laissé au hasard, et j'ai une envie de le relire alors même que je rédige cet avis. Mais je crois qu'il faut prendre le temps pour le lire, parce que cette œuvre est dense et noire. Très noire. Pas seulement au niveau du trait.
C'est ici l'humanité dans toute son horreur à laquelle on assiste. Et ça n'est vraiment pas beau. D'ailleurs Larcenet renforce cette horreur par la contemplation de la nature qui environne ce village. Une nature qui gagne toujours à la fin, recouvrant tout, les crimes et l'horreur. Des thèmes chers à l'auteur et qu'on retrouve dans bon nombre d’œuvres.
Larcenet signe ici un chef-d’œuvre (et je ne pourrais dire si c'est SON chef-d’œuvre, tant les autres me semblent légitimes à concourir aussi), et l'adaptation est une réussite à tout point. Je n'ai nul envie de lire le livre, convaincu que je n'en tirerais rien de plus. La BD est suffisante à elle-même sur tout. Elle n'appelle nulle lecture supplémentaire.
Je m'arrêterais ici, en suggérant simplement la lecture de cet œuvre. Elle est traversée d'une noirceur et d'une fatalité, mais elle marque. Larcenet à plus que réussi son coup, et prouve encore une fois la mesure de son talent. Un monstre sacré, cet auteur.
S’il y avait un seul nom d’auteur à retenir pour moi, cela serait bien celui de Jean Dytar. Ce qu’il nous propose cette fois-ci après Le Sourire des Marionnettes et surtout La Vision de Bacchus est tout simplement extraordinaire aussi bien sur le fond que sur la forme. Il a d’ailleurs passé 4 ans sur cette oeuvre et cela se sent. C’est ma bd gros coup de cœur avec un achat indispensable. Dire que l’auteur a progressé serait un doux euphémisme. Cela va bien au-delà. Cela frôle même le chef d’œuvre ! Je suis si rarement enthousiaste.
Florida est une pure merveille dans la manière où le récit est construit avec une certaine virtuosité. Cela part d’une relation entre Eléonore la rêveuse et Jacques le cartographe qui ont dû fuir la France à cause des persécutions menées contre les protestants à la fin du XVIème siècle. Ils ont eu raison de se réfugier à Londres alors que la terrible journée de la Saint-Barthélemy est encore dans toutes les mémoires. Faut-il aller plus loin et se réfugier dans des contrées encore vierge comme la Floride ? Est-ce véritablement le paradis tant vanté ?
C’est stratégique pour les autres nations européennes qui veulent contrebalancer la toute-puissance espagnole sur le continent américain. Il y a encore de la marge et notamment au Nord. Cependant, il faudra faire face non seulement aux éléments de la nature mais également aux indiens dont les tributs varient du pacifisme à la hache de guerre. Il y a une véritable prise de conscience des enjeux politiques mais c’est expliqué de telle manière qu’on ne tombe pas dans le simplisme des situations.
C’est un récit qui est dense et riche mais l’immersion est totale dès le début. On est impressionné par le talent de l’auteur qui a sû si bien construire et mener son histoire. Par ailleurs, c’est un sujet qui est rarement évoqué et que l’on découvre avec un certain plaisir. Cette expédition est passionnante du tout au tout.
Comme l’auteur est complet, on a droit à une merveille au niveau du dessin même s’il est assez épuré. La couverture est véritablement magnifique avec ses couleurs tout en aquarelle. La sobriété mène à une parfaite lisibilité ce qui est le plus agréable. Somptueux sur la forme.
Florida est une œuvre qu’il faut absolument découvrir. C’est épique en plus d’être historique ainsi que d’une grande pureté émotionnelle. L’univers de la Floride à ses débuts n’aura plus aucun secret pour vous. Je dirai également que c’est également un véritable thriller psychologique qui nous conduit très très loin. Quand une œuvre est singulière, elle peut être également brillante. Bref, un immense électrochoc !
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
J'adore vraiment cette série. Je suis en train de la relire, et c'est toujours le même plaisir, donc note maximale pour moi.
Déjà, il faut remarquer que le livre en lui même est très agréable au toucher avec ses pages épaisses et son papier à grain, tout l'inverse d'un papier glacé, parfois gênant à lire à cause des reflets.
Je lis chaque tome, assez gros, en une ou deux fois, tellement je suis happé par l'histoire. La lecture est en effet très agréable, très fluide, le trait est simple mais efficace, avec des personnages très expressifs, notamment concernant leurs mimiques.
Tout cela permet de suivre, sur un rythme effréné, le quotidien souvent drôle, mais parfois tragique aussi, des protagonistes, dont la plupart sont très attachants (Riad et son père surtout).
Côté couleur, on a une tétrachromie qui n'est pas sans rappeler le drapeau Syrien: noir, blanc, vert, et rouge.
Surtout, la lecture permet un voyage temporel et spatial dans le moyen Orient et la France du début des années 80. On a donc ici un témoignage des plus précieux sur la vie et l'idéologie des syriens et des libyens. Cette tranche de vie est sans doute encore plus précieuse depuis la guerre qui a ravagé la Syrie.
A consommer sans modération.
J’ai beaucoup apprécié cette série qui nous entraîne dans une histoire fantastique aux consonances un peu apocalyptiques tout en renvoyant à la mythologie grecque. Prométhée a défié Zeus pour donner le feu aux hommes. Ce dernier lui a réservé un châtiment pour le moins cruel : avoir son foie dévoré par un aigle tout en étant enchainé sur un mont du Caucase. C’est une métaphore de l’apport de la connaissance aux hommes et de la folie de se mesurer aux Dieux pour s’élever de leur condition. Oui, il faut toujours payer le prix. Et il se comptera en millions de morts.
La scène d’introduction du premier tome avec les conquistadors dans la jungle est d’une formidable réussite. C’est vrai qu’il faut jongler sans cesse avec les nombreux retours en arrière. Il y a également une multiplication de personnages à l’image de films catastrophes où l’on suit les histoires personnelles de chacun tout en sentant qu’ils sont impliqués dans un tout. Parmi ces personnages, le héros prend les traits de Fred Ward, un acteur américain habitué aux seconds rôles dont l’évocation ne dit rien d’un premier abord mais qui a une gueule dont on se rappelle.
Au niveau du dessin, c’est très beau par moment. Je pense notamment à ces gros plans insérés sur deux pages qui donnent une dimension particulière. Cependant, quelquefois c’est moins bien dans le traitement graphique des visages des personnages. Cette irrégularité a d’ailleurs été soulevée par de nombreux lecteurs attentifs aux détails. Et puis, les planches aux couleurs informatisées restent tout de même assez froides. J’ai relevé que Bec a conçu tout seul ses premiers albums pour être rejoint par d’autres dessinateurs à partir du troisième volume dans le but d’augmenter le rythme de parution. Je ne suis pas contre.
Les deux premiers tomes restent purement introductifs. En effet, l’auteur pose à la fois le problème et met en scène les protagonistes. Néanmoins, il est dommage de se limiter aux 46 pages de rigueur. Cela aurait gagné en profondeur de dépasser ce quota absurde pour vraiment installer l’histoire. Maintenant, on va voir si cette série plutôt ambitieuse tiendra ses promesses. Si c’est le cas, cela sera sans nul doute un futur chef d’œuvre du genre.
Avec la lecture du second et du troisième tome, ma première bonne impression se poursuit fort agréablement. On voit que Bec maîtrise parfaitement son scénario. Les différents acteurs jouent leur rôle de composition comme dans un film hollywoodien. C'est d'ailleurs parfaitement assumé par l'auteur. Le suspense monte en créscendo. Pour autant, c'est également le temps des questions. En effet, on s’interroge sur le fait que l’action semble s’éterniser comme ses pendules qui s’arrêtent sur 13h13.
Il faut dire que le quatrième ainsi que le cinquième tome progressent beaucoup trop lentement. On a l’impression que ces chapitres ne servent finalement qu’à meubler l’espace en multipliant les mystères et choses insolites à travers le monde. J’apprends également que la série fera pas moins de 12 tomes et je me rends compte de la supercherie en tant qu’acheteur. Les scènes contemplatives sont légions et paraissent souvent inutiles. Les mini-intrigues morcelées rendent difficile la compréhension de l’ensemble. Cela gâche un peu la progression de l’histoire. Certes, on voit que la théorie des extra-terrestres ne tient pas la route pour expliquer les mystérieux phénomènes observés et que cela serait plutôt celle d’une expérience gouvernementale qui a mal tourné. Bref, la théorie du complot avec la fameuse zone 51 ou l’expérience Philadelphia: tous les clichés du genre réuni ! C’est dommage car le plaisir disparaît petit à petit. Le risque d’un énorme gâchis est réel à ce stade de l’aventure. On gagera que l’auteur puisse donner une nouvelle impulsion à une bonne idée de scénario.
Mon propos sera plus mesuré pour le 7ème tome qui avec la théorie du 100ème singe donne l’explication tant attendue ainsi que les enjeux. Cependant, cela ne veut pas dire pour autant que l’aventure est terminée. Il y a un compte à rebours qui se poursuit. L’avenir de l’humanité semble en jeu. On ne s’ennuie pas à la lecture. J’ai l’impression d’une véritable relance de l’histoire. Bec reste un très bon conteur d’histoire avec un mélange réussi entre science-fiction et fantastique. L’enjeu est de savoir comment va réagir l’homme face à une menace qui le dépasse.
Les auteurs nous disent en postface que le 12ème tome ne sera pas le dernier mais il clôt le récit amorcé dans le premier volume. Il y a une boucle qui se referme. La plupart des mini-intrigues trouvent leur dénouement. Et puis surtout, on a droit à un final apocalyptique qui ne fera pas dans la dentelle. Sur la longueur, j’ai apprécié ce récit de science-fiction qui pourra se révéler crédible dans le futur mais on ne l’espère pas. L’auteur est parvenu à nous rappeler les enjeux, puis la chronologie des faits avant de donner une explication. Il reste encore de nombreuses questions à résoudre. Je n’arrive pas à me satisfaire de l’hypothèse du test et du créateur destructeur. On verra que tout est de la faute des politiques. Le président français en fera les frais alors que le président américain totalement responsable de ce désastre se cachera bien sous un puissant abri antiatomique. La justice divine est très partiale.
Alors qu'on nous avait promis que le 13ème tome serait le dernier de la série, voilà un 14ème tome qui semble marquer un nouveau cycle ce que confirme d'ailleurs un tome 15 ainsi que les tomes suivants un peu plus constructif et moins passif. Je ne dis pas que c'est mauvais forcément. J'ai plutôt apprécié cette lecture qui semble remettre l'aventure sur d'autres rails. Il est vrai que je n'étais pas entièrement satisfait de la fin de cette saga tout comme de nombreux autres lecteurs. Christophe Bec a visiblement tenu compte des remarques qu'il avait reçues à ce sujet. On va vers la résolution de certains mystères et une progression du récit. Cependant, il faudra accepter un nombre de tomes conséquents ce qui fait assez feuilleton. C'est une série qui se vend autour de 35000 exemplaires chaque tome en moyenne. Bref, cela fonctionne parfaitement car la demande est présente. Pourquoi s'en priver alors ? Il faut sans doute préciser qu'il faut également savoir conclure car toute bonne chose a une fin.
Je me suis également aperçu que c’est une série qu’il faut lire d’un coup pour faire le lien. On ne comprend pas grand-chose si on lit les albums séparément à chaque fois qu’ils paraissent. Il faut tout reprendre depuis le début pour apprécier cette lecture. Au final, on se rend compte que c’est diablement efficace. Bec a beaucoup progressé, c’est incontestable. En ce qui me concerne, une des meilleures séries de science-fiction de l'époque moderne de la BD.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Bout d’homme est une BD assez méconnue en 4 tomes qui a pour cadre la Bretagne. J’ai beaucoup aimé la "dureté" de l’histoire entre la misère et l'injustice ainsi que toute cette haine qui se dégage dans la relation du héros Rémi avec ses parents. Il est question d’un enfant qui ne peut plus grandir et à 19 ans, il en parait 10. Il est dommage que le dernier tome vienne rompre subitement le ton plutôt sombre et triste de l’histoire. Le "happy end" ne s'imposait pas ! C'était à mon sens une erreur scénaristique qui a détruit la magie qui se dégageait des premiers volumes.
C’est l’une des premières bd véritablement adulte que j’ai commencé à lire. Je me rappelle que cette lecture m’avait beaucoup marqué à l’époque. Je trouverai sans doute cela dépassé aujourd’hui. Cependant, la nostalgie du début et la bonne impression m’est toujours resté.
Et alors que nous lecteur, on croyait que cette série était bel et bien terminée, voilà que l'auteur nous revient près de 14 ans après pour écrire un deuxième chapitre qui est censé se situer entre le 3ème tome et le dernier pour lever des voiles d'ombres sur le mystère autour de Bout d'Homme qui avait subitement grandi durant un voyage outre-Atlantique.
La ficelle paraît trop grosse pour expliquer cette démarche. Je ne crois pas que le lecteur voulait absolument une suite sous cette forme. Par ailleurs, l'auteur introduit beaucoup d'éléments lié à la religion qui faisait défaut dans l'œuvre originelle si bien que l'on se pose de sérieuses questions. La qualité de la colorisation s'est également nettement amélioré ce qui rompt avec les premiers tomes. Certes, au final, on a du plaisir à retrouver Rémi et à suivre ses pérégrinations.
Le tome 6 qui est le dernier tome de la série est sorti en 2018 soit près de 28 ans après le tome 1. Il a fallu également attendre 10 ans entre le dernier tome et l’avant dernier. Bref, le lecteur qui a suivi Rémy a dû faire preuve de beaucoup de patience. Au final, c’est assez crédible car cela explique le changement d’état d’esprit de Remy dans le tome 4. C’est comme si ce voyage était destinée à réparer ce que j’évoquais plus haut. Et puis, c’est toujours bien de terminer sur une note positive et pleine d’espoir. L’amour va triompher de la haine.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Gunnm
Avant tout, justification de la note : 5/5 dans le sens où ce manga est effectivement culte, véritable pierre angulaire du cyberpunk japonais, comme peut l'être Akira qui lui déroule aussi sur d'autres terrains. Là, on y est, c'est mad max, les coupes iroquoises, la violence comme quotidien, les loques en guise de tenue et le sable aux portes de la cité. Extravagant, les combats sont certes surréalistes mais surtout subjugants. Et le trait du mangaka ne fait que monter crescendo en virtuosité pour offrir des scènes d'action incroyablement détaillées et parfaitement lisibles. Petit plus, les annotations scientifiques apportent une touche de rationalisme dans ce maelstrom de démence. Ensuite, les personnages. Les caractères s'accumulent, au look, background et personnalités bien propres. Même les bad guys (peut-on vraiment les appeler ainsi au vu de la moralité moyenne du reste de la population ?) acquièrent une aura justifiant (en partie) leurs actes. Et au-dessus de tout, Gally, insaisissable même pour le lecteur : tour à tour ange, démon, petit coeur, spectatrice, moralisatrice, enfantine, inquiétante... Gally peut devenir un adjectif en lui-même. Le début est assez balisé (bien que déjà dans le haut du panier par rapport au genre de l'époque), l'arc du roller ball tourne assez en rond mais la suite est dantesque. Autre bon point, les intrigues s'accumulent mais trouvent (presque) toutes leur conclusion dans cette série plutôt courte (9 tomes). Donc, dessin, scénario, personnages, originalité : ràs, lisez-le. Enfin, si vous aimez les mangas et que la violence graphique ne vous rebute pas.
La Grande Epopée de Picsou (La Jeunesse de Picsou)
Pour tous ceux ayant lu du Picsou à longueur de temps, voici un chef d'oeuvre de Rosa révélant toutes les questions que l'on peut se poser : ses ancêtres, le sou fétiche, sa tenue mythique, le Klondique etc. Tant de choses qui allaient simplement de soi prennent ici vie. Le tragique et le comique s'enlacent dans les cases fourmillant de détails. Oui culte car surpassant toutes les autres aventures du plus riche des canards.
Le Château des étoiles
"Le Château des étoiles", voilà une histoire que Jules Verne aurait certainement très appréciée, lui qui a émerveillé bon nombre de petits et grands avec ses récits imaginaires décomplexés. Une sorte de Voyage au centre de la Terre inversée, direction la conquête de l’espace au moyen de cette substance qu’on appelle l’éther et dont serait composé le vide spatial et qu’une grande majorité de scientifiques du XIXème siècle croyaient réelle. Partir du principe que dans cette époque de révolution industrielle on découvre l’existence de l’éther et que des nations colonisatrices telles que la Prusse de Bismarck vont tenter de s'approprier cette découverte, c’est le parti pris de cette nouvelle grande aventure signée Alex Alice. Une histoire qui n’est pas tout à fait ce qu’on peut nommer comme une uchronie car Alice s’amuse à incorporer à son récit fictif des éléments historiques véridiques ainsi que des personnages ayant bien existé. Ainsi on verra apparaître furtivement le compositeur Richard Wagner, l’architecte royal Christian Jank chargé de réaliser la structure de l’astronef, Élisabeth « Sissi » impératrice d’Autriche, et dans un rôle de premier plan le roi Ludwig de Bavière. La passion de ce dernier pour les contes et le mythe du Graal et des chevaliers de la table ronde sont tout à fait authentiques. De même que le château où se déroule la grande majorité de l’intrigue n’est ni plus ni moins que le château de Neuschwanstein qui est un des mes préférés dans le monde. Il est majestueusement dépeint ici aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Quel talent de la part de l’auteur ! Il sait comment vendre du rêve (plus que celui de Disneyland qui est lui aussi inspiré de Neuschwanstein pour la petite anecdote). Pour en revenir à la BD, on peut dire que j’ai pris mon pied pour faire court. Pour la version longue, j’ai trouvé cette BD très intéressante également pour les lecteurs fans d’Alex Alice. On arrive à déceler des points communs dans chacune de ses œuvres. Je soupçonne Alice d’avoir un gros faible pour les jolies rousses, après Elisabeth d’Elsénor dans Le Troisième Testament et la Walkyrie dans Siegfried, c’est la ravissante Sophie qui reprend le flambeau. C’est même un combo de rouquine si on y ajoute Claire Dulac et Sissi impératrice. D’ailleurs en parlant de Sissi, la ressemblance physique du duo très proche Sissi-Ludwig est quasi similaire à celle du couple la Walkyrie et Siegfried, comme si ces derniers étaient de lointains ascendants aux deux autres. Je ne sais pas si c’est voulu ou non mais je suis très tenté de le croire, c’est très cool et ça apporte une certaine profondeur. C’est comme si les œuvres d’Alice étaient imprégnées d’une continuité, l’histoire comme un éternel recommencement. Même le cadre est identique, la mythologie germanique face à la romantique Bavière. L’histoire de cet « intégrale 1 » se veut plus qu’introductive car elle fait aussi la part belle à l’action et les complots de couloirs. L’auteur fait monter la pression petit à petit et cela devrait atteindre son point culminant dans le deuxième intégrale. C’est un peu l’équivalent d’un Objectif Lune chez Tintin. Le dessin est majestueux comme je l’ai dit plus haut, tout en esquisse, on peut utiliser n’importe quel superlatif juste pour dire que c’est du grand art. Alice s’essaye pour la première fois à la couleur directe et je pense qu’on peut dire que le pari est gagné, on en prend plein les mirettes. Alors, y a-t-il tout de même quelques défauts ? Personnellement rien ne m’a dérangé, si, aller, quelques situations ne paraissent pas très crédibles mais à partir du moment où on envisage la théorie de l’éther comme crédible on fait un peu fi de la crédibilité, place à la magie (ce qui est paradoxal vu que le récit se repose beaucoup sur la science). Le physique de Hans et son aspect « cartoonesque » peut décontenancer plus d’un lecteur car il apparaît en plus assez tardivement dans l’histoire mais cela ne m’a moi pas dérangé car il apporte une caution humoristique enfantine. Le Nibelung Mime avait déjà un peu le même rôle dans Siegfried avec un rôle plus sarcastique. J’y vois là une volonté de plaire aux enfants car cette série peut tout aussi bien s’adresser à un public adulte (le langage scientifique n’est pas à la porté de tout le monde), ou de grands enfants. L’esprit « julesvernien » est donc respecté. En attendant les prochaines aventures de Séraphin et ses amis chevaliers de l’éther, je souhaite à ce premier volume de conquérir les étagères des bédéphiles. Le Château des étoiles – 2ème diptyque – 3ème année Les Chevaliers de Mars ! Les plus impatients peuvent d’ores et déjà embarquer à bord de la suite. Deux mois avant la sortie de la gazette numéro 7, Rue de Sèvres sort un coffret comprenant ladite gazette plus un almanach calendrier de belle facture avec des hommages de grands artistes, plus la maquette du Cygne des étoiles à monter soi-même pour ceux qui ont gardé leur âme d’enfant. La 2ème année mettait en scène l’alunissage de nos aventuriers, leur exploration et la révélation des mystères de l’astre. La tonalité enfantine du premier livre perdait peu à peu de son innocence pour rentrer davantage dans le mythe arthurien avec cet émouvant adieu du roi Ludwig à Séraphin qui lui fît promettre de partager la connaissance de l’éther pour le bien des peuples, tel le roi Arthur désignant Perceval comme son meilleur disciple et successeur, avant de partir pour Avalon d’où il ne revint jamais. Et ainsi une fois revenu sur Terre, ce deuxième chapitre se concluait sur un formidable message d’espoir, de tolérance et d’appel à la fraternité entre les peuples. Si je lui trouvais des allures d’Objectif Lune au tout début de l'aventure, Les Chevaliers de Mars débute sous des auspices dignes de L’Île Noire. L'intrigue prend pour cadre celui d’une Bretagne idyllique et campagnarde avec beaucoup de dessins représentants Océan, phare, plage, village typique du coin… dans une ambiance inquiétante où les personnages cherchent à se faire peur. Il se murmure de sombres rumeurs dans les tavernes parmi les pedzouilles mal débourrés dont certains auraient aperçu un albatros monstrueusement géant (ces derniers n’ayant jamais entendu parler de l’éthernef). Et lorsque se ne sont pas ces béotiens, c’est cet indécrottable trouillard d’Hans qui s’y colle, croyant dur comme fer à ces légendes celtes. Au premier plan, nos champions vont être forcés de sortir de leur retraite : le père de Séraphin a disparu, ses modèles paternels disparaissent les uns après les autres, et le doute commence à s’installer dans son esprit, d’autant plus que les relations avec ses frères chevaliers n’est pas au beau-fixe. Le temps joue contre eux car si la publication des plans de l’éthernef a permis dans un premier temps de couper l’herbe sous le pied de Bismark, ce vampire assoiffé de conquête et qui s’imagine bien tel le dieu de la guerre, n’a pas dit son dernier mot et Mars pourrait bien être la clé de voûte ouvrant la voie à la conquête de toute la galaxie ! Admiratif des graphismes des deux premiers tomes, la suite demeure du même tonneau. Alex Alice nous offre des compositions qui laissent d’abord médusé puis rêveur : il n’y a pas de mot pour décrire le fog londonien et ce plan sur Big Ben en contre-plongée, ou cette vision fantasmagorique de Mars la rouge surplombant cette petite île de Bretagne entourée d’une eau bleue sombre où nos héros se sont installés. Grand enfant ou vieil amateur nostalgique d’Edgar Rice Burroughs, Les Chevaliers de Mars constitue un événement à suivre et à ne surtout pas manquer. Mise à jour 04/07/2018 4ème année - Fin du deuxième diptyque Le Château des étoiles, 2ème diptyque, gazette n°12, c'est déjà fini ! Que le temps passe... on ne voit pas nos héros Séraphin, Sophie et Hans grandirent et pourtant il y a de légères nuances dans les traits faciaux, un brin plus adolescent, moins enfantins qu'aux débuts... et que d'aventures parcourus, que de dangers mortels évités ! Ces Chevaliers de Mars a tenu toutes ses promesses, c'était digne du grand Edgar Rice Burroughs. Alex Alice délaisse dans sa deuxième partie l'action pour davantage d'exploration mais comme encore 12 gazettes sont prévus à la programmation, un petit temps peut faire du bien. Je retiens surtout l'aspect graphique parce que c'est... whoua, il n'y a juste pas de mot pour décrire ces visuels époustouflants en grand format. C'est du niveau Miyazaki quoi. Avec cette série Alice rentre dans la cour des grands, des très grands (il y était déjà selon moi mais là, il n'y a plus de doute possible). Désormais, la guerre des mondes est déclarée. Vivement la suite !
Le Rapport de Brodeck
Larcenet fait aujourd'hui figure d'autorité dans le paysage de la BD française, avec des sorties d'albums toujours plus remarquées, des critiques élogieuses et une omniprésence dans les ventes, les articles et les festivals. C'est un monstre de la BD, et à ce titre j'essaye de rester encore plus neutre lorsque j'en parle. Il est beaucoup trop facile de tomber dans les louanges faciles quand on aime quasiment tout de l'auteur. Pourtant, le rapport de Brodeck m'a happé à nouveau. Comme tout les autres ouvrages de l'auteur. Implacablement. Je ne pourrais pas dire grand chose que les autres avis n'ont déjà soulignés. Tout est bon, du dessin à l'histoire, les cadrages, les partis pris et les représentations, ce qui s'en dégage ... Tout ! Rien ne semble laissé au hasard, et j'ai une envie de le relire alors même que je rédige cet avis. Mais je crois qu'il faut prendre le temps pour le lire, parce que cette œuvre est dense et noire. Très noire. Pas seulement au niveau du trait. C'est ici l'humanité dans toute son horreur à laquelle on assiste. Et ça n'est vraiment pas beau. D'ailleurs Larcenet renforce cette horreur par la contemplation de la nature qui environne ce village. Une nature qui gagne toujours à la fin, recouvrant tout, les crimes et l'horreur. Des thèmes chers à l'auteur et qu'on retrouve dans bon nombre d’œuvres. Larcenet signe ici un chef-d’œuvre (et je ne pourrais dire si c'est SON chef-d’œuvre, tant les autres me semblent légitimes à concourir aussi), et l'adaptation est une réussite à tout point. Je n'ai nul envie de lire le livre, convaincu que je n'en tirerais rien de plus. La BD est suffisante à elle-même sur tout. Elle n'appelle nulle lecture supplémentaire. Je m'arrêterais ici, en suggérant simplement la lecture de cet œuvre. Elle est traversée d'une noirceur et d'une fatalité, mais elle marque. Larcenet à plus que réussi son coup, et prouve encore une fois la mesure de son talent. Un monstre sacré, cet auteur.
Florida
S’il y avait un seul nom d’auteur à retenir pour moi, cela serait bien celui de Jean Dytar. Ce qu’il nous propose cette fois-ci après Le Sourire des Marionnettes et surtout La Vision de Bacchus est tout simplement extraordinaire aussi bien sur le fond que sur la forme. Il a d’ailleurs passé 4 ans sur cette oeuvre et cela se sent. C’est ma bd gros coup de cœur avec un achat indispensable. Dire que l’auteur a progressé serait un doux euphémisme. Cela va bien au-delà. Cela frôle même le chef d’œuvre ! Je suis si rarement enthousiaste. Florida est une pure merveille dans la manière où le récit est construit avec une certaine virtuosité. Cela part d’une relation entre Eléonore la rêveuse et Jacques le cartographe qui ont dû fuir la France à cause des persécutions menées contre les protestants à la fin du XVIème siècle. Ils ont eu raison de se réfugier à Londres alors que la terrible journée de la Saint-Barthélemy est encore dans toutes les mémoires. Faut-il aller plus loin et se réfugier dans des contrées encore vierge comme la Floride ? Est-ce véritablement le paradis tant vanté ? C’est stratégique pour les autres nations européennes qui veulent contrebalancer la toute-puissance espagnole sur le continent américain. Il y a encore de la marge et notamment au Nord. Cependant, il faudra faire face non seulement aux éléments de la nature mais également aux indiens dont les tributs varient du pacifisme à la hache de guerre. Il y a une véritable prise de conscience des enjeux politiques mais c’est expliqué de telle manière qu’on ne tombe pas dans le simplisme des situations. C’est un récit qui est dense et riche mais l’immersion est totale dès le début. On est impressionné par le talent de l’auteur qui a sû si bien construire et mener son histoire. Par ailleurs, c’est un sujet qui est rarement évoqué et que l’on découvre avec un certain plaisir. Cette expédition est passionnante du tout au tout. Comme l’auteur est complet, on a droit à une merveille au niveau du dessin même s’il est assez épuré. La couverture est véritablement magnifique avec ses couleurs tout en aquarelle. La sobriété mène à une parfaite lisibilité ce qui est le plus agréable. Somptueux sur la forme. Florida est une œuvre qu’il faut absolument découvrir. C’est épique en plus d’être historique ainsi que d’une grande pureté émotionnelle. L’univers de la Floride à ses débuts n’aura plus aucun secret pour vous. Je dirai également que c’est également un véritable thriller psychologique qui nous conduit très très loin. Quand une œuvre est singulière, elle peut être également brillante. Bref, un immense électrochoc ! Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
L'Arabe du futur
J'adore vraiment cette série. Je suis en train de la relire, et c'est toujours le même plaisir, donc note maximale pour moi. Déjà, il faut remarquer que le livre en lui même est très agréable au toucher avec ses pages épaisses et son papier à grain, tout l'inverse d'un papier glacé, parfois gênant à lire à cause des reflets. Je lis chaque tome, assez gros, en une ou deux fois, tellement je suis happé par l'histoire. La lecture est en effet très agréable, très fluide, le trait est simple mais efficace, avec des personnages très expressifs, notamment concernant leurs mimiques. Tout cela permet de suivre, sur un rythme effréné, le quotidien souvent drôle, mais parfois tragique aussi, des protagonistes, dont la plupart sont très attachants (Riad et son père surtout). Côté couleur, on a une tétrachromie qui n'est pas sans rappeler le drapeau Syrien: noir, blanc, vert, et rouge. Surtout, la lecture permet un voyage temporel et spatial dans le moyen Orient et la France du début des années 80. On a donc ici un témoignage des plus précieux sur la vie et l'idéologie des syriens et des libyens. Cette tranche de vie est sans doute encore plus précieuse depuis la guerre qui a ravagé la Syrie. A consommer sans modération.
Gaston Lagaffe
Gaston... l'employé de bureau... mais le patron de la BD! Ce n'est pas une série culte, c'est une série cultissime! A lire d'urgence
Astérix
S'il ne faut acquérir qu'une seule série de BD, c'est bien celle-ci! Rien d'autre à ajouter!
Prométhée
J’ai beaucoup apprécié cette série qui nous entraîne dans une histoire fantastique aux consonances un peu apocalyptiques tout en renvoyant à la mythologie grecque. Prométhée a défié Zeus pour donner le feu aux hommes. Ce dernier lui a réservé un châtiment pour le moins cruel : avoir son foie dévoré par un aigle tout en étant enchainé sur un mont du Caucase. C’est une métaphore de l’apport de la connaissance aux hommes et de la folie de se mesurer aux Dieux pour s’élever de leur condition. Oui, il faut toujours payer le prix. Et il se comptera en millions de morts. La scène d’introduction du premier tome avec les conquistadors dans la jungle est d’une formidable réussite. C’est vrai qu’il faut jongler sans cesse avec les nombreux retours en arrière. Il y a également une multiplication de personnages à l’image de films catastrophes où l’on suit les histoires personnelles de chacun tout en sentant qu’ils sont impliqués dans un tout. Parmi ces personnages, le héros prend les traits de Fred Ward, un acteur américain habitué aux seconds rôles dont l’évocation ne dit rien d’un premier abord mais qui a une gueule dont on se rappelle. Au niveau du dessin, c’est très beau par moment. Je pense notamment à ces gros plans insérés sur deux pages qui donnent une dimension particulière. Cependant, quelquefois c’est moins bien dans le traitement graphique des visages des personnages. Cette irrégularité a d’ailleurs été soulevée par de nombreux lecteurs attentifs aux détails. Et puis, les planches aux couleurs informatisées restent tout de même assez froides. J’ai relevé que Bec a conçu tout seul ses premiers albums pour être rejoint par d’autres dessinateurs à partir du troisième volume dans le but d’augmenter le rythme de parution. Je ne suis pas contre. Les deux premiers tomes restent purement introductifs. En effet, l’auteur pose à la fois le problème et met en scène les protagonistes. Néanmoins, il est dommage de se limiter aux 46 pages de rigueur. Cela aurait gagné en profondeur de dépasser ce quota absurde pour vraiment installer l’histoire. Maintenant, on va voir si cette série plutôt ambitieuse tiendra ses promesses. Si c’est le cas, cela sera sans nul doute un futur chef d’œuvre du genre. Avec la lecture du second et du troisième tome, ma première bonne impression se poursuit fort agréablement. On voit que Bec maîtrise parfaitement son scénario. Les différents acteurs jouent leur rôle de composition comme dans un film hollywoodien. C'est d'ailleurs parfaitement assumé par l'auteur. Le suspense monte en créscendo. Pour autant, c'est également le temps des questions. En effet, on s’interroge sur le fait que l’action semble s’éterniser comme ses pendules qui s’arrêtent sur 13h13. Il faut dire que le quatrième ainsi que le cinquième tome progressent beaucoup trop lentement. On a l’impression que ces chapitres ne servent finalement qu’à meubler l’espace en multipliant les mystères et choses insolites à travers le monde. J’apprends également que la série fera pas moins de 12 tomes et je me rends compte de la supercherie en tant qu’acheteur. Les scènes contemplatives sont légions et paraissent souvent inutiles. Les mini-intrigues morcelées rendent difficile la compréhension de l’ensemble. Cela gâche un peu la progression de l’histoire. Certes, on voit que la théorie des extra-terrestres ne tient pas la route pour expliquer les mystérieux phénomènes observés et que cela serait plutôt celle d’une expérience gouvernementale qui a mal tourné. Bref, la théorie du complot avec la fameuse zone 51 ou l’expérience Philadelphia: tous les clichés du genre réuni ! C’est dommage car le plaisir disparaît petit à petit. Le risque d’un énorme gâchis est réel à ce stade de l’aventure. On gagera que l’auteur puisse donner une nouvelle impulsion à une bonne idée de scénario. Mon propos sera plus mesuré pour le 7ème tome qui avec la théorie du 100ème singe donne l’explication tant attendue ainsi que les enjeux. Cependant, cela ne veut pas dire pour autant que l’aventure est terminée. Il y a un compte à rebours qui se poursuit. L’avenir de l’humanité semble en jeu. On ne s’ennuie pas à la lecture. J’ai l’impression d’une véritable relance de l’histoire. Bec reste un très bon conteur d’histoire avec un mélange réussi entre science-fiction et fantastique. L’enjeu est de savoir comment va réagir l’homme face à une menace qui le dépasse. Les auteurs nous disent en postface que le 12ème tome ne sera pas le dernier mais il clôt le récit amorcé dans le premier volume. Il y a une boucle qui se referme. La plupart des mini-intrigues trouvent leur dénouement. Et puis surtout, on a droit à un final apocalyptique qui ne fera pas dans la dentelle. Sur la longueur, j’ai apprécié ce récit de science-fiction qui pourra se révéler crédible dans le futur mais on ne l’espère pas. L’auteur est parvenu à nous rappeler les enjeux, puis la chronologie des faits avant de donner une explication. Il reste encore de nombreuses questions à résoudre. Je n’arrive pas à me satisfaire de l’hypothèse du test et du créateur destructeur. On verra que tout est de la faute des politiques. Le président français en fera les frais alors que le président américain totalement responsable de ce désastre se cachera bien sous un puissant abri antiatomique. La justice divine est très partiale. Alors qu'on nous avait promis que le 13ème tome serait le dernier de la série, voilà un 14ème tome qui semble marquer un nouveau cycle ce que confirme d'ailleurs un tome 15 ainsi que les tomes suivants un peu plus constructif et moins passif. Je ne dis pas que c'est mauvais forcément. J'ai plutôt apprécié cette lecture qui semble remettre l'aventure sur d'autres rails. Il est vrai que je n'étais pas entièrement satisfait de la fin de cette saga tout comme de nombreux autres lecteurs. Christophe Bec a visiblement tenu compte des remarques qu'il avait reçues à ce sujet. On va vers la résolution de certains mystères et une progression du récit. Cependant, il faudra accepter un nombre de tomes conséquents ce qui fait assez feuilleton. C'est une série qui se vend autour de 35000 exemplaires chaque tome en moyenne. Bref, cela fonctionne parfaitement car la demande est présente. Pourquoi s'en priver alors ? Il faut sans doute préciser qu'il faut également savoir conclure car toute bonne chose a une fin. Je me suis également aperçu que c’est une série qu’il faut lire d’un coup pour faire le lien. On ne comprend pas grand-chose si on lit les albums séparément à chaque fois qu’ils paraissent. Il faut tout reprendre depuis le début pour apprécier cette lecture. Au final, on se rend compte que c’est diablement efficace. Bec a beaucoup progressé, c’est incontestable. En ce qui me concerne, une des meilleures séries de science-fiction de l'époque moderne de la BD. Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Bout d'homme
Bout d’homme est une BD assez méconnue en 4 tomes qui a pour cadre la Bretagne. J’ai beaucoup aimé la "dureté" de l’histoire entre la misère et l'injustice ainsi que toute cette haine qui se dégage dans la relation du héros Rémi avec ses parents. Il est question d’un enfant qui ne peut plus grandir et à 19 ans, il en parait 10. Il est dommage que le dernier tome vienne rompre subitement le ton plutôt sombre et triste de l’histoire. Le "happy end" ne s'imposait pas ! C'était à mon sens une erreur scénaristique qui a détruit la magie qui se dégageait des premiers volumes. C’est l’une des premières bd véritablement adulte que j’ai commencé à lire. Je me rappelle que cette lecture m’avait beaucoup marqué à l’époque. Je trouverai sans doute cela dépassé aujourd’hui. Cependant, la nostalgie du début et la bonne impression m’est toujours resté. Et alors que nous lecteur, on croyait que cette série était bel et bien terminée, voilà que l'auteur nous revient près de 14 ans après pour écrire un deuxième chapitre qui est censé se situer entre le 3ème tome et le dernier pour lever des voiles d'ombres sur le mystère autour de Bout d'Homme qui avait subitement grandi durant un voyage outre-Atlantique. La ficelle paraît trop grosse pour expliquer cette démarche. Je ne crois pas que le lecteur voulait absolument une suite sous cette forme. Par ailleurs, l'auteur introduit beaucoup d'éléments lié à la religion qui faisait défaut dans l'œuvre originelle si bien que l'on se pose de sérieuses questions. La qualité de la colorisation s'est également nettement amélioré ce qui rompt avec les premiers tomes. Certes, au final, on a du plaisir à retrouver Rémi et à suivre ses pérégrinations. Le tome 6 qui est le dernier tome de la série est sorti en 2018 soit près de 28 ans après le tome 1. Il a fallu également attendre 10 ans entre le dernier tome et l’avant dernier. Bref, le lecteur qui a suivi Rémy a dû faire preuve de beaucoup de patience. Au final, c’est assez crédible car cela explique le changement d’état d’esprit de Remy dans le tome 4. C’est comme si ce voyage était destinée à réparer ce que j’évoquais plus haut. Et puis, c’est toujours bien de terminer sur une note positive et pleine d’espoir. L’amour va triompher de la haine. Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5