Les derniers avis (31893 avis)

Par Bouriket
Note: 4/5
Couverture de la série Nains
Nains

Dans l’univers des terres d’Arran, la série Nains se distingue de son aînée Elfes par un scénariste unique : Nicolas Jarry. On peut également noter que chaque tome forme une histoire complète qui peut se lire de manière indépendante même si nous sommes en présence d’un univers cohérent sur l’ensemble de la série (liens de parentés et apparition de personnages communs notamment dans les albums d’un même ordre). Dans l’ensemble, une uniformité de ton se dégage : des histoires riches et denses, des personnages charismatiques au profil psychologique fouillé et au caractère affirmé, les tomes dépassant souvent - et parfois allègrement - les 48 pages habituelles de la Franco-Belge). Côté dessin, rien redire. La charte graphique est signée Pierre-Denis GOUX (qui s’occupe personnellement des albums de la Forge) et le rendu global est cohérent, avec peut être un léger bémol du côté de Stéphane CRÉTY au style un peu plus délié. En bref : c’est carré et solide, comme une construction naine, et si vous connaissez un amateur de courtes-guiboles, vous aurez peu de chance de vous tromper en lui faisant découvrir cette série.

24/08/2018 (modifier)
Couverture de la série Voyage au bout de la Lune
Voyage au bout de la Lune

Ah Ah Ah ! Quelle déconne, mais quelle déconne ! Voilà le genre d’album qui peut aisément déconcerter certains lecteurs. Mais les amoureux d’humour absurde et totalement con ne peuvent qu’apprécier cette histoire (découpée en courts chapitres) a priori sans intérêt (et dépourvue de sens aussi, il faut le dire). On retrouve ici Goossens à son meilleur niveau. Il va vraiment au bout du bout de ses idées, fussent-elles absconses, totalement absurdes. Les dialogues (et certains détails en fond de case) sont décalés, repoussant tout déroulé cartésien assez loin. Au milieu d’une intrigue qui part dans tous les sens (mais qui ne va pas mener grand monde sur la lune !), Goossens glisse pas mal de clins d’œil au cinéma, à d’autres séries de Bd (« Le secret de l’Espadon » de Blake et Mortimer, ou Timour par exemple). Il y a bien quelques retombées dans l’histoire et l’humour, et parfois l’overdose de dialogues absurdes menace, mais, globalement, les amateurs du genre et du bonhomme (dont je suis bien entendu !) y trouveront largement leur compte. C’est vraiment un très bon Goossens.

23/08/2018 (modifier)
Couverture de la série Fantasmagories
Fantasmagories

Je vais aller à l’encontre d’une bonne partie des – rares – avis donné sur cet album, que j’ai moi davantage apprécié. Comme j’avais déjà apprécié un autre recueil d’histoires courtes de Trillo (sur un ton plus humoristique et noir), Histoires sans paroles. Les 7 histoires qui composent ce recueil sont construites sur le même schéma : une première partie développant les frustrations et/ou les fantasmes d’un personnage, qui dans une deuxième partie, par l’intermédiaire d’une machine, se retrouve transporté au cœur d’une aventure évoquant ce fantasme ou cette frustration. Une chute relie enfin ces deux parties – souvent sur le ton humoristique. L’ensemble navigue dans un univers mélangeant quotidien morne et contemporain, science-fiction. L’humour, l’érotisme (plus ou moins présent – une histoire, narrant les fantasmes d’une jeune femme en est saturée), l’ironie, tout cela cohabite ou se succède avec une certaine réussite. Le dessin d’Altuna est très bon et précis, assez dépouillé, avec une colorisation souvent terne, qui renforce la froideur de certaines situations. Une dessin qui semble daté, mais que j’ai aimé. Il colle en tout cas très bien aux textes de Trillo. Au final, c’est un album plutôt sympa à lire. Je l’avais rencontré plusieurs fois et c’est la couverture, assez laide, qui m’avait dissuadé d’aller plus loin (c’est en fait un simple et très moche agrandissement d’une case de l’album). Une erreur maintenant réparée. Note réelle 3,5/5.

22/08/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Constant Souci
Constant Souci

3.5 Quelle bonne idée qu'a eue Glénat de rééditer ce one-shot qui faisait partie des premiers albums que l'éditeur a publiés dans les années 70. Disons le tout de suite, cet album qui contient la seule aventure de Constant Souci est vraiment pour les fans de Greg et des bandes dessinées humoristiques des années 60. Si vous n'aimez pas l'auteur, ce n'est pas cet album qui va vous le faire aimer et si vous ne le connaissez pas, commencez plutôt par Achille Talon. Sur une idée de Vicq et aidé aux décors par Dupa, Greg raconte une histoire bien sympathique. On retrouve la naïveté des bandes dessinées de l'époque (notamment au niveau des stéréotypes nationaux), mais je trouve que ça bien vieilli pour peu qu'on aime le style de Greg. Constant Souci est un gars normal qui va se retrouver à travailler pour un mystérieux homme riche très chanceux. La chance de ce type est d'ailleurs la source des meilleurs moments du récit. L'humour m'a bien fait sourire et les personnages secondaires sont pour la plupart réussis. J'aime bien le dessin de Greg que je trouve dynamique et sympathique à regarder. Je regrette toutefois que la réédition dans la collection Patrimoine BD ne contienne pas de dossier rédactionnel. Je comprends que Greg est plus connu que la plupart des auteurs présents dans cette collection, mais je m'attendais à plus et je ne comprends pas pourquoi l'album est en noir et blanc. Cette histoire n'est pas passée en couleurs dans le journal Tintin ou quoi ?

20/08/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Arthur Cravan
Arthur Cravan

C’est le genre de personnage prétentieux que je n’aime pas et l’auteur en a fait une belle biographie après deux ans de travail acharné. Arthur Cravan avait la particularité non seulement d’être grand beau et fort mais également d’être le neveu de l’écrivain poète et romancier Oscar Wilde. Il le clamait sous tous les toits afin d’être reçu dans les réceptions se tenant à Paris, dans l’Europe entière et même à New-York ou Mexico. C’est un peu comme les fils d’artiste qui jouent sur la notoriété de leur ainé. C’était une espèce de dandy qui enchaînait avec les femmes et qui se moquait des artistes et notamment les peintres dans des critiques désinvoltes paru dans sa revue « Maintenant » (à ne pas confondre avec le changement, c’est maintenant). Il décrétait qui était bon ou mauvais sans se remettre pour le moins en cause. André Gide ou encore le poète Guillaume Apollinaire en ont fait les frais. En effet, il était doué d’un culot monstrueux n’hésitant pas à se dévoiler à nu devant une scène new-yorkaise médusé à l’occasion d’une conférence sur la littérature. Les stars sulfureuses n’avaient rien à lui envié en matière de scandale. On pensera notamment au début de carrière de Madonna avec sa fameuse culotte. Il est vrai que l’on peut préférer d’autres personnalités comme Mère Theresa mais bon, c’est Arthur Cravan. A la fin, il y a un glossaire avec bons nombres de personnages et ce qu’ils sont devenus. Moi, je pensais à la pauvre Renée qu’il avait abandonnée une fois de plus en Espagne et qu’il n’a pas retrouvée aux Amériques comme convenu où il a eu d’autres femmes. J’aurais bien aimé savoir ce qu’elle était devenue mais c’est l’impasse totale non seulement dans le récit mais également dans l’espace sémantique. Pour le reste, et malgré le fait que je n’aime pas vraiment le principal protagoniste, j’ai bien apprécié cet ouvrage où de grands moyens de présentation ont été mis (grand format malgré un volume de page très important, affiche réelle jointe etc…). Rien à redire non plus sur le graphisme qui me sied bien.

20/08/2018 (modifier)
Couverture de la série The Kong Crew
The Kong Crew

Encore une belle trouvaille du côté des éditions Caurette, petit éditeur aux trésors insoupçonnés, avec ce fameux The Kong Crew du désormais très connu Eric Hérenguel, déjà auteur du recueil Kiliwatch chez le même éditeur. Encore aussi une idée farfelue de base sortie d’un rêve du bonhomme, mais qui prend ensuite la forme d’un scénario intriguant et curieux. The Kong Crew est une uchronie de fiction se basant sur le film culte King Kong de 1933 et partant du principe que Kong n’est pas mort dans sa chute de l’Empire State Building à la fin du film (spoiler ! Mais on me pardonnera 80 ans plus tard), mais qu’au contraire et mieux encore, il s’est accroché à la vie et a vaincu ses ennemis. Nous sommes en 1947, Manhattan est devenu une jungle hostile dont le maître et roi du domaine est le singe géant. D’autres créatures mystérieuses peuplent cette flore sauvage et préhistorique. Pourquoi, comment ? C’est ce que se demandent le biologiste Jonas Parker et le journaliste Irvin Stone qui bravent l’interdit et atterrissent incognito sur l’île qu’ils pensent alors inhabitée par l’homme. En parallèle nous suivons le jeune pilote américain Virgil, aux faux-air de Han Solo (la dégaine vestimentaire, « What’d ya do with my wings ? It’s a ruin ! », et membre du Kong Crew, équipe d’aviateurs casse-cou chargée de sécuriser le périmètre autour de l’île, en mission pour retrouver les 2 explorateurs. Mais aussi une belle infirmière blonde qui fait tourner la tête de ces messieurs, et Spit le teckel (qui a surement un très grand rôle à jouer ^^). Ce dernier segment de l’intrigue ravira fortement les fans de Top Gun, de la team Maverick, Iceman, Goose, Viper et cie, et de la jolie Kelly McGillis (Charlie), tant on retrouve toutes les gimmicks et comportements de gros machos des mecs du film. Pour ceux plus intéressés par la grosse bête à poil, qu’ils se rassurent, elle fait son apparition, de façon brève mais c’est bien le but d’un premier volume de teaser le public. Le comics, parce que c’est bien d’un comics qu’il s’agit ici : petit format agrafé, 26 planches, langue en anglais ; est d’autant plus génial qu’il est dessiné par un Eric Hérenguel au sommet de son art et qui ne manque pas d'imagination. Car si le premier numéro évoque une version de Manhattan façon I am a Legend peuplé de bestioles géantes préhistoriques peut être inspirées par le King Kong de Peter Jackson et son île de dinosaures, le second épisode passe à la vitesse supérieur. Cela devient presque de la Portal Fantasy mais sans barrière entre le monde normal et le monde fantastique, ou à la limite la frontière demeure poreuse; avec son cortège d'amazones costumées en hoplites spartiates (ou mandaloriennes style Boba Fett ^^), des singes mutants et animaux sauvages constituant la cours de la reine Damara (on est en plein récit Heroic Fantasy à l'ancienne parfois ^^). C’est juste un pur régal en noir et blanc mais que les aficionados de la couleur se rassurent, une édition toute en couleur VF aux dessins remaniés exprès pour cette version devrait voir le jour fin 2019, de même qu'une "artist edition" en grand format comprenant divers bonus pour ceux qui ont admiré le travail de l’artiste dans sa version encrée. We need you ! Now ! Join The Kong Crew !

19/08/2018 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle

Présentée dans un format à l’italienne, « Jean Doux et le mystère de la disquette molle » se distingue aussi par d’autres aspects, tant graphiques que scénaristiques. Tout d’abord, l’histoire, qui commence dans la PME la plus ennuyeuse qui soit, avec ses employés tout aussi ennuyeux, si bien que certains boulets se sentent investis d’une mission en faisant des blagues douteuses qu’ils croient drôles pour leurs collègues… mais de façon inattendue, tout va s’emballer et prendre la forme d’une aventure extraordinaire, une fois que notre héros, Jean Doux, aura découvert dans le faux plafond d’un débarras une mallette contenant une disquette souple (ou « molle » comme le veut le titre…), relique d’un passé révolu… Armé d’un humour bien déjanté, Philippe Valette en profite au passage pour se moquer allégrement de la vie en entreprise et de cet esprit « corporate » qui frise souvent le ridicule. Comme pour mieux enfoncer le clou, tout le monde dans la société a un prénom composé commençant par « Jean » (« Jeanne » pour les femmes), jusqu’à un chien prénommé Jean-Iench ! Sans parler des tenues vestimentaires colorées (cravates fluo sur chemises flashy) qui faisaient fureur il y a une vingtaine d’années… Et c’est cela, l’autre bonne idée, que d’avoir situé l’histoire dans les années 90 en accentuant leur désuétude par un graphisme complètement inspiré des jeux vidéo de l’époque, mais en plus de nous proposer une mise en abyme temporelle via l’apparition de la fameuse disquette (256 kilobits de stockage !) datant de cette préhistoire de l’informatique qu’étaient encore les seventies. On est toujours le ringard de quelqu’un ! Si cet album ravira probablement les geeks de tout poil, et autres pré-nerds qui ont connu ces trente naissantes et non moins glorieuses du « personal computer », avec le premier OS Windows et son démineur intégré, il évite toute nostalgie bas de gamme par son humour grinçant, les dialogues resituant clairement sa conception dans nos années 2010. C’est une BD originale et surprenante, et c’est d’abord ce qu’on demande à une œuvre, mais en plus elle bénéficie d’un scénario cohérent qui ne nous lâche pas, parsemé de punchlines décapantes qu’un certain Michel Audiard n’aurait pas renié. Si Philippe Valette met en avant les progrès technologiques et surtout informatiques jusqu’en 2000, forme d’hommage pourrait-on penser, cet auteur, nouveau-venu dans la bande dessinée, est également un observateur fin et caustique des évolutions du quotidien (notamment des vêtements, de la déco et du mobilier de bureau !). Le dessin n’est pas vraiment joli, mais paradoxalement, ce qui peut être vu plutôt comme un parti pris sert extrêmement bien le propos. En conclusion, notre « Mario Bros de bureau » mérite amplement son Fauve polar décerné cette année à Angoulême.

19/08/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Gagner la Guerre
Gagner la Guerre

Commençons cet avis en ne parlant pas tout de suite de la Bd mais bien du roman dont elle s'inspire, ou plutôt de la nouvelle. Pour tout amateur du genre qui se respecte il faut lire Jean Philippe Jaworski et plus particulièrement ce gros pavé tout sauf indigeste qu'est le roman "Gagner la guerre". Truculent, picaresque fort bien écrit, une intrigue complexe mais au combien addictive et des personnages que l'on n'oublie pas de sitôt. Mais foin de critiques dithyrambiques c'est de la BD qu'il faut causer et ma foi c'est une très heureuse surprise. Quoi de plus difficile en effet pour un auteur que de se saisir d'un texte existant et de lui donner formes et vies, d'autant plus quand il s'agit d'une œuvre dont la publicité n'est plus à faire. Frédéric Genêt se coltine donc les pinceaux pour nous dépeindre une cité, personnage à part entière, qui pourrait évoquer Venise au temps de sa splendeur. Point n'est besoin d'avoir lu le roman pour être plongé dans l'ambiance. C'est un dessin immergeant qui ne demande qu'à être regardé avec la plus grande attention. Si comme moi vous avez déjà lu le roman je crois qu'il n'est pas flatteur de dire que tout y est. Certes, un livre de 980 pages environ ne peut se résumer en 58 planches mais le condensé qui nous est proposé là est juste jouissif. Au risque de me répéter : quand la matière originelle est de qualité il faut vraiment le vouloir pour saboter le travail. Voilà donc une histoire dont j'attends la suite avec impatience, notre héros crapuleux a encore fort à faire. Faites tourner sans modération.

19/08/2018 (MAJ le 19/08/2018) (modifier)
Par Puma
Note: 4/5
Couverture de la série Voyage aux îles de la Désolation
Voyage aux îles de la Désolation

Jetées au cœur d'un océan austral secoué et violenté par les incessants 40ème rugissants, il existe des îles rocheuses au climat tempétueux et hostile, quasi invivable, où pourtant, sur Kerguelen, une base scientifique en milieu extrême s'est installée. Emmanuel Lepage nous raconte son voyage jusqu'à celle-ci et la vie des scientifiques dans la base, avec parallèlement l'histoire de la découverte de cette île comme des autres avoisinantes. C'est très bien réalisé, avec un joli coup de crayon et des planches colorisées grandioses, et l'on se prend totalement au jeu de la découverte de cette région inhospitalière en voguant comme l'auteur sur des mers bien trop houleuses, et devenant à la lecture cet explorateur en terres improbables et peu accueillantes. Magnifique, tout simplement !

19/08/2018 (modifier)
Par Puma
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Photographe
Le Photographe

Voilà un triptyque qui ne m'a pas laissé indifférent. D'habitude, le mélange photo/dessin (genre à la Jean Teulé) passe très mal en BD à mes yeux. Mais ici, comme dans La Lune est blanche de Lepage, je trouve que l'incorporation est faite intelligemment et se marie très bien au récit, en lui accentuant réalisme au côté reportage. J'ai ainsi voyagé avec ce photographe dans un Afghanistan en plein conflit avec l'URSS, où l'on croise et accompagne, des Afghans (forcément) , des équipes de MSF, et quelques autres personnages singuliers au fil de ces trois tomes. L'ensemble nous relate un périple à pied invraisemblable , comme les conditions de travail en brousse ahurissantes pour les chirurgiens ou infirmiers de MSF, comme le retour en solo du photographe (pour gagner du temps) et où le danger nous fait monter la tension et nous empêche de laisser tomber la lecture ... L'auteur nous montre également le choc de culture et de civilisation entre le photographe européen et les Afghans du terroir. Dessin assez minimaliste d'Emmanuel GUIBERT toujours très juste et très équilibré, presque à caractère d'estampe, qui montre tout le talent pour élaborer un minimalisme aussi parfait. Un incontournable et sublime culturel et passionnant moment de lecture.

19/08/2018 (modifier)