J'avais d'abord découvert le tome 1 d'"Urban" il y a quelques années, sans y donner suite. Et là au hasard de mes déambulations, je tombe sur les 4 premiers volumes de cette série à la médiathèque. Je m'y suis plongé à mon retour et j'ai littéralement dévoré les 4 volumes d'une traite.
Le scénario de Luc Brunschwig est captivant. Il relève à la fois du récit d'anticipation, de l'enquête policière et de questions sociétales.En outre, Luc B. sait amener un suspense inattendu à chaque fin d'album, qui donne furieusement envie de connaitre la suite.
Avec ce récit d'anticipation, on plonge entièrement dans l'univers de "Blade Runner" ou du "Cinquième élément" (d'un autre Luc B.)
Même si au fil des albums, on est un peu bousculé par la chronologie des événements, on se remet vite dans l'histoire en quelques cases.
Le scénario est habile, conçu comme un véritable mécanisme d'horlogerie, et ne ménage pas les rebondissements qui happent le lecteur.
Même si j'ai eu du mal à cerner le dessin de Roberto Ricci, je dois dire qu'au fil des pages, je m'y suis pleinement habitué, à tel point qu'à présent, je n'imagine pas un autre style pour coller à l'univers imaginé par Luc B.
Vivement le tome 5, qui sauf surprise, devrait clôturer cette trépidante aventure.
J’ai attendu de très longues années avant de tenter la lecture (complète) de Garulfo. N’ayant pas adoré De Cape et de crocs, je craignais la même désillusion.
Eh bien je me trompais ! J’ai beaucoup aimé Garulfo mais pas autant que la plupart des autres posteurs qui érigent la série en monument absolu du 9ème art.
Les auteurs revisitent le conte de fée avec talent, se nourrissant pour cela de très nombreuses influences comme en témoignent les multiples clins d’œil et références. Ils évitent les pièges de la parodie ou de la paraphrase pour nous offrir un récit original et passionnant, au scénario solide et aux personnages attachants. Si l’univers de Garulfo est une réussite, c’est surtout grâce à l’humour ravageur et aux dialogues fins et particulièrement soignés.
Le fait de s’amuser des turpitudes, contradictions et cruauté du monde des hommes au travers le regard d’un batracien candide et généreux est une idée bien exploitée par les auteurs, d’autant que Garulfo et Romuald sont très réussis.
Je n'ai cependant pas été complètement comblé par des dessins, certes honnêtes et expressifs, mais manquant parfois de constance et de finesse. Rien de dérangeant néanmoins.
(Très) drôle, original et passionnant, Garulfo est sans conteste une série à découvrir.
J’ai trouvé ce récit touchant de sincérité. Il traduit bien un des mal être de l’homme (au sens large) sans toutefois chercher à nous donner une quelconque leçon de vie.
Le fait que Lolita Séchan raconte elle-même cette histoire qui est la sienne est pour beaucoup dans mon appréciation. S’il s’était agi d’un auteur quelconque racontant l’histoire d’une pauvre petite fille riche trouvant un sens à sa vie en allant à la rencontre de personnes défavorisées, je pense qu’il y aurait eu bien moins de chances que j’apprécie ma lecture. Ici, l’auteure se raconte elle-même… et reste toujours dans le doute. C’est en cela que cet album m’a interpellé. Voici quelqu’un qui, d’un point de vue matériel, financier, affectif, a une vie des plus confortables et qui se rend compte que, dans ces conditions, sa vie ne la mène nulle part. Elle ne sait où aller. A l’échelle de nos sociétés, elle est encore jeune (22 ans), elle a le temps… mais elle ne sait quand même pas où elle va.
C’est cette interrogation sur la marche à suivre pour « accomplir sa vie » qui m’a intéressé. Et Lolita Séchan fait montre d’objectivité et de sensibilité dans la retranscription de ses sentiments. Après, l’histoire d’amitié qu’elle va lier avec Lo Thi Gom permet d’abord d’en apprendre plus sur une minorité rejetée mais aussi, bien entendu, de faire des comparaisons entre les privilégiés financiers du monde occidental et les peuples déshérités des régions défavorisées du globe. Les interrogations et les priorités ne sont bien entendu pas les mêmes (c’est ce qui permettra à Lolita Séchan d’avancer dans sa vie) mais, quelque part, je m’en fous un peu car pour moi, l’intérêt profond de l’album était ailleurs. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai été heureux de voir que la situation du peuple Moï évolue dans le bon sens au Vietnam, là n’est pas la question, mais ce n’est pas le plus important à mes yeux dans cet album.
L’important, il est traduit par une réflexion de Lo Thi Gom que j’ai beaucoup aimée, vers la fin du livre. Elle parle des rêves qui la nourrissaient… et qui n’ont cessé de grandir au fur et à mesure qu’elle réussissait à les accomplir, la rendant, d’une manière assez contradictoire, toujours plus insatisfaite. C’est, pour moi, là un doigt exactement posé à l’endroit où la vie fait mal : notre incapacité à nous satisfaire de ce que nous avons. Notre moteur d’évolution et notre fléau. Sans avoir l’air d’y toucher, c’est cette contradiction humaine que Lolita Séchan met en avant dans l’ensemble de ce récit (jusque dans ses rencontres avec son père).
Un bel album introspectif qui, au-delà de l’histoire d’amitié quelle raconte, nous parle de l’être humain dans sa complexité et son incapacité à trouver le bonheur.
C'est vrai que les addictions sont partout autour de nous. Qui n'a pas eu dans ses relations une cleptomane, une mytho, un gros joueur de casino, un alcoolo, un drogué ou une accro au sexe ou au boulot ? Elles sont parfois inavouables et même parfois bien respectée par la société qui s'en accommode comme un phénomène de mode. Pour reprendre plus sincèrement ma phrase du début, elles peuvent même être en nous sous une forme anodine ou une autre.
Pour autant, certaines de ces dépendances peuvent conduire aux pires extrémités. Il peut arriver des malheurs en tous genre quand on perd le contrôle de sa vie. C'est l'histoire de ces destins croisés dont certains peuvent faire mal au coeur. On ne sait jamais ce qui peut arriver également à un passionné de bd. Cela fait peur et c'est tragique.
Les situations de chassé-croisé sont assez rapides avec des transitions parfois réfléchies. Cependant, cela manque de profondeur au profit d'un sensationnalisme de mise. Pour autant, le mécanisme de l'addiction est plutôt intéressant à suivre. Un récit chorale assez surprenant surtout à la fin.
Pour une fois, je ne jouerai plus au lecteur blasé. Je salue ici la performance des auteurs à avoir su créer une histoire très originale à partir lu livre mondial des records. C'est toute la philosophie de la performance qui est décortiquée pour en tirer une sorte de leçon de morale. Bien entendu, c'est le culte de la performance d'une société de la gagne qui est visé.
Il faut dire qu'à l'image de la couverture, je croyais que j'allais lire une bd d'humour et c'est bien plus que cela. Par ailleurs, le dessinateur a parfaitement assuré pour faire en sorte que cela soit très agréable à la lecture tout en étant également parfois assez profond dans la réflexion.
Alors, comme je suis plutôt bon public malgré mes notes assassines, je mets 4 étoiles surtout pour l'originalité et la mise en scène. Il ne faut pas bouder son plaisir quand c'est bon. Bref, un album très sympathique.
3.5
J'ai emprunté cet album juste en regardant la couverture et en voyant les noms des auteurs sur la couverture.
Je fus donc surpris par son contenu. Moi qui m'attendais à un récit de fiction (avec peut-être de l'absurde vu que Dumontheuil est un des auteurs), je me suis retrouvé avec un album documentaire dont le sujet est les éléphants du Laos. Autrefois, cet animal peuplait ce pays et aujourd'hui il est en voie de disparition.
L'album est divisé en deux parties, une pour chaque auteur. J'ai bien aimé lire cet album qui est un mélange de documentaire et de carnets de voyage vu que les auteurs parlent à la fois de ce qu'ils ont vu et qu'ils donnent des informations générales sur les éléphants. Vu que j'aime bien cet animal, cela a été un plaisir fou d'en apprendre plus sur eux et je pense que je les aime encore plus après la lecture de cet album.
Le ton des deux auteurs est différent. La partie de Dumontheuil m'a fait un peu penser aux autobiographies à la manière que ce que fait Trondheim avec comme grosse différence que l'auteur ne se met pas trop en avant. C'est la partie que j'ai le mieux aimé, mais j'ai aussi apprécié le travail de Troubs dont le ton est plus sérieux et poétique.
Contrairement à mes deux précédents collègues j'ai bien aimé cette histoire d'un homme qui un jour décide de tout laisser tomber, de partir. Il faut malgré tout une certaine dose de caractère voire même une dose certaine pour oser tout laisser tomber de la sorte.
Chacun appréhendera ce récit en fonction de son rapport au monde et surtout à sa vie. Qu'est-ce que cela nous montre ? A mon sens le fait que quoi que l'on fasse il ne sert à rien de vouloir aller contre le destin, l'homme serait immanquablement contraint de se comporter en rapport avec un chemin tout tracé. Ici notre héros quitte une routine pour finalement tomber sur une autre société elle aussi pétrie de codes qui n'est pas sans rappeler un certain village où le héros n'était pas un numéro. Quant au retour à la vie sauvage que d'aucuns idéalisent l'on voit ici qu'elle possède sous des dehors idylliques ses propres limites.
Même si cela se lit vite je trouve que les choses sont bien pensées, elles amènent à réfléchir de manière intelligente sur le sens de la vie ce que l'on veut y mettre et pourquoi. En tout état de cause un album malin, à lire.
Il semble y avoir un consensus en rapport aux BDs de Prugne : un dessin magnifique, mais des histoires un peu légères.
Pas de discussion possible sur le dessin. Dans Pawnee, l’auteur s’est surpassé, et les planches sont un véritable régal pour les yeux. Des couleurs aquarelles magnifiques transcendent un dessin précis et maitrisé. Un carnet de croquis en fin d’album enfonce le clou et propose de nombreuses illustrations toutes aussi belles les unes que les autres.
Quant à l’histoire, cela dépendra de vos gouts et de vos attentes. Moi, j’aime bien ce genre d’aventures, les grands espaces, les fusillades, les courses poursuites, les indiens… ce n’est pas très recherché, certes, ni terriblement original, mais les multiples destins sont habillement racontés, les déboires des protagonistes m’ont tenu en haleine, et j’ai trouvé le dénouement beau et satisfaisant. Et puis l’auteur s’est clairement bien documenté, et campe son intrigue dans un contexte historique intéressant.
Une chouette aventure, bien dans le ton des autres albums de cet auteur.
Chaque chapitre de cette BD évoque une rencontre de cet étrange voyageur qui parcourt les Etats Unis en auto-stop et semble immortel malgré lui. D'où vient-il ? Quel est son but ?
On comprend vite que le récit comporte de nombreuses ellipses et que l'imagination du lecteur sera mise à contribution pour comprendre les non dits de l'histoire.
Si le premier épisode se déroule dans les années 50, les autres se situent dans un futur proche qui apparaît de plus en plus inquiétant.
J'ai beaucoup aimé cette BD. Le dessin et le scénario contribuent à installer une atmosphère à la fois étrange et anxiogène . Le récit est très fluide et ce one shot se dévore d'une traite.
Virevoltant, étonnant, amusant, touchant, séduisant, généreux, audacieux, talentueux, original. Je ne sais quel superlatif utiliser pour qualifier cet album tant tous ceux qui précèdent peuvent lui convenir sans totalement le cerner.
Différent ?
Oui, clairement ! Car les auteures partent d’un thème que l’on imaginerait bien plus vite traité à la manière d’un roman graphique réaliste avec des larmes, des vérités, des phylactères grands comme le monde et remplis des réflexions des acteurs, des petites notes scientifiques… mais le traitent à la manière d’un film muet de la belle époque, burlesque, sur-joué bien comme il faut, tendre et drôle à la fois.
Et ça marche incroyablement bien ! Pourquoi ? Tout d’abord pour une question de rythme. Comme je disais, cet album est virevoltant et le dessin de Julie Rocheleau explose de dynamisme et d’émotion. Ce trait, graphique et séduisant, envoûte le regard du lecteur. A titre personnel, j’ai été happé, hypnotisé, fasciné.
Mais cette fascination n’aurait été que temporaire si le récit en lui-même n’avait tenu la route. Et là encore le découpage est excellent. L’exercice délicat de la narration muette est parfaitement maîtrisé. Le message passe, les sentiments se partagent, les scènes burlesques gardent une rare élégance.
Oui, mais le fond ? Me direz-vous. Ce récit nous parle du cancer du sein et de son impact sur l’image de la femme. Comment il est ressenti, accepté dans notre société, tellement basée sur le paraître. Un sujet sérieux s’il en est. Et très bien traité dans cette comédie burlesque, en fait. Cette approche différente, inattendue, dédramatise le sujet mais force le lecteur à réfléchir sur son propre regard, sa propre vision de la féminité et son acceptation de la différence.
Donc voilà ! Cet album n’a l’air de rien, là, comme ça, et le lecteur distrait pourrait même croire qu’il s’agit d’une biographie imaginaire de Betty Boop. Il passerait alors à côté d’une petite perle burlesque et touchante, intelligente et vive, drôle et belle.
Bon ! J’arrête là avec mes superlatifs. Lisez-le et puis c’est tout. On en reparlera après si vous voulez.
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Urban
J'avais d'abord découvert le tome 1 d'"Urban" il y a quelques années, sans y donner suite. Et là au hasard de mes déambulations, je tombe sur les 4 premiers volumes de cette série à la médiathèque. Je m'y suis plongé à mon retour et j'ai littéralement dévoré les 4 volumes d'une traite. Le scénario de Luc Brunschwig est captivant. Il relève à la fois du récit d'anticipation, de l'enquête policière et de questions sociétales.En outre, Luc B. sait amener un suspense inattendu à chaque fin d'album, qui donne furieusement envie de connaitre la suite. Avec ce récit d'anticipation, on plonge entièrement dans l'univers de "Blade Runner" ou du "Cinquième élément" (d'un autre Luc B.) Même si au fil des albums, on est un peu bousculé par la chronologie des événements, on se remet vite dans l'histoire en quelques cases. Le scénario est habile, conçu comme un véritable mécanisme d'horlogerie, et ne ménage pas les rebondissements qui happent le lecteur. Même si j'ai eu du mal à cerner le dessin de Roberto Ricci, je dois dire qu'au fil des pages, je m'y suis pleinement habitué, à tel point qu'à présent, je n'imagine pas un autre style pour coller à l'univers imaginé par Luc B. Vivement le tome 5, qui sauf surprise, devrait clôturer cette trépidante aventure.
Garulfo
J’ai attendu de très longues années avant de tenter la lecture (complète) de Garulfo. N’ayant pas adoré De Cape et de crocs, je craignais la même désillusion. Eh bien je me trompais ! J’ai beaucoup aimé Garulfo mais pas autant que la plupart des autres posteurs qui érigent la série en monument absolu du 9ème art. Les auteurs revisitent le conte de fée avec talent, se nourrissant pour cela de très nombreuses influences comme en témoignent les multiples clins d’œil et références. Ils évitent les pièges de la parodie ou de la paraphrase pour nous offrir un récit original et passionnant, au scénario solide et aux personnages attachants. Si l’univers de Garulfo est une réussite, c’est surtout grâce à l’humour ravageur et aux dialogues fins et particulièrement soignés. Le fait de s’amuser des turpitudes, contradictions et cruauté du monde des hommes au travers le regard d’un batracien candide et généreux est une idée bien exploitée par les auteurs, d’autant que Garulfo et Romuald sont très réussis. Je n'ai cependant pas été complètement comblé par des dessins, certes honnêtes et expressifs, mais manquant parfois de constance et de finesse. Rien de dérangeant néanmoins. (Très) drôle, original et passionnant, Garulfo est sans conteste une série à découvrir.
Les Brumes de Sapa
J’ai trouvé ce récit touchant de sincérité. Il traduit bien un des mal être de l’homme (au sens large) sans toutefois chercher à nous donner une quelconque leçon de vie. Le fait que Lolita Séchan raconte elle-même cette histoire qui est la sienne est pour beaucoup dans mon appréciation. S’il s’était agi d’un auteur quelconque racontant l’histoire d’une pauvre petite fille riche trouvant un sens à sa vie en allant à la rencontre de personnes défavorisées, je pense qu’il y aurait eu bien moins de chances que j’apprécie ma lecture. Ici, l’auteure se raconte elle-même… et reste toujours dans le doute. C’est en cela que cet album m’a interpellé. Voici quelqu’un qui, d’un point de vue matériel, financier, affectif, a une vie des plus confortables et qui se rend compte que, dans ces conditions, sa vie ne la mène nulle part. Elle ne sait où aller. A l’échelle de nos sociétés, elle est encore jeune (22 ans), elle a le temps… mais elle ne sait quand même pas où elle va. C’est cette interrogation sur la marche à suivre pour « accomplir sa vie » qui m’a intéressé. Et Lolita Séchan fait montre d’objectivité et de sensibilité dans la retranscription de ses sentiments. Après, l’histoire d’amitié qu’elle va lier avec Lo Thi Gom permet d’abord d’en apprendre plus sur une minorité rejetée mais aussi, bien entendu, de faire des comparaisons entre les privilégiés financiers du monde occidental et les peuples déshérités des régions défavorisées du globe. Les interrogations et les priorités ne sont bien entendu pas les mêmes (c’est ce qui permettra à Lolita Séchan d’avancer dans sa vie) mais, quelque part, je m’en fous un peu car pour moi, l’intérêt profond de l’album était ailleurs. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai été heureux de voir que la situation du peuple Moï évolue dans le bon sens au Vietnam, là n’est pas la question, mais ce n’est pas le plus important à mes yeux dans cet album. L’important, il est traduit par une réflexion de Lo Thi Gom que j’ai beaucoup aimée, vers la fin du livre. Elle parle des rêves qui la nourrissaient… et qui n’ont cessé de grandir au fur et à mesure qu’elle réussissait à les accomplir, la rendant, d’une manière assez contradictoire, toujours plus insatisfaite. C’est, pour moi, là un doigt exactement posé à l’endroit où la vie fait mal : notre incapacité à nous satisfaire de ce que nous avons. Notre moteur d’évolution et notre fléau. Sans avoir l’air d’y toucher, c’est cette contradiction humaine que Lolita Séchan met en avant dans l’ensemble de ce récit (jusque dans ses rencontres avec son père). Un bel album introspectif qui, au-delà de l’histoire d’amitié quelle raconte, nous parle de l’être humain dans sa complexité et son incapacité à trouver le bonheur.
Addiction
C'est vrai que les addictions sont partout autour de nous. Qui n'a pas eu dans ses relations une cleptomane, une mytho, un gros joueur de casino, un alcoolo, un drogué ou une accro au sexe ou au boulot ? Elles sont parfois inavouables et même parfois bien respectée par la société qui s'en accommode comme un phénomène de mode. Pour reprendre plus sincèrement ma phrase du début, elles peuvent même être en nous sous une forme anodine ou une autre. Pour autant, certaines de ces dépendances peuvent conduire aux pires extrémités. Il peut arriver des malheurs en tous genre quand on perd le contrôle de sa vie. C'est l'histoire de ces destins croisés dont certains peuvent faire mal au coeur. On ne sait jamais ce qui peut arriver également à un passionné de bd. Cela fait peur et c'est tragique. Les situations de chassé-croisé sont assez rapides avec des transitions parfois réfléchies. Cependant, cela manque de profondeur au profit d'un sensationnalisme de mise. Pour autant, le mécanisme de l'addiction est plutôt intéressant à suivre. Un récit chorale assez surprenant surtout à la fin.
Le Guide Mondial des Records
Pour une fois, je ne jouerai plus au lecteur blasé. Je salue ici la performance des auteurs à avoir su créer une histoire très originale à partir lu livre mondial des records. C'est toute la philosophie de la performance qui est décortiquée pour en tirer une sorte de leçon de morale. Bien entendu, c'est le culte de la performance d'une société de la gagne qui est visé. Il faut dire qu'à l'image de la couverture, je croyais que j'allais lire une bd d'humour et c'est bien plus que cela. Par ailleurs, le dessinateur a parfaitement assuré pour faire en sorte que cela soit très agréable à la lecture tout en étant également parfois assez profond dans la réflexion. Alors, comme je suis plutôt bon public malgré mes notes assassines, je mets 4 étoiles surtout pour l'originalité et la mise en scène. Il ne faut pas bouder son plaisir quand c'est bon. Bref, un album très sympathique.
La Longue Marche des éléphants
3.5 J'ai emprunté cet album juste en regardant la couverture et en voyant les noms des auteurs sur la couverture. Je fus donc surpris par son contenu. Moi qui m'attendais à un récit de fiction (avec peut-être de l'absurde vu que Dumontheuil est un des auteurs), je me suis retrouvé avec un album documentaire dont le sujet est les éléphants du Laos. Autrefois, cet animal peuplait ce pays et aujourd'hui il est en voie de disparition. L'album est divisé en deux parties, une pour chaque auteur. J'ai bien aimé lire cet album qui est un mélange de documentaire et de carnets de voyage vu que les auteurs parlent à la fois de ce qu'ils ont vu et qu'ils donnent des informations générales sur les éléphants. Vu que j'aime bien cet animal, cela a été un plaisir fou d'en apprendre plus sur eux et je pense que je les aime encore plus après la lecture de cet album. Le ton des deux auteurs est différent. La partie de Dumontheuil m'a fait un peu penser aux autobiographies à la manière que ce que fait Trondheim avec comme grosse différence que l'auteur ne se met pas trop en avant. C'est la partie que j'ai le mieux aimé, mais j'ai aussi apprécié le travail de Troubs dont le ton est plus sérieux et poétique.
L'Échappée
Contrairement à mes deux précédents collègues j'ai bien aimé cette histoire d'un homme qui un jour décide de tout laisser tomber, de partir. Il faut malgré tout une certaine dose de caractère voire même une dose certaine pour oser tout laisser tomber de la sorte. Chacun appréhendera ce récit en fonction de son rapport au monde et surtout à sa vie. Qu'est-ce que cela nous montre ? A mon sens le fait que quoi que l'on fasse il ne sert à rien de vouloir aller contre le destin, l'homme serait immanquablement contraint de se comporter en rapport avec un chemin tout tracé. Ici notre héros quitte une routine pour finalement tomber sur une autre société elle aussi pétrie de codes qui n'est pas sans rappeler un certain village où le héros n'était pas un numéro. Quant au retour à la vie sauvage que d'aucuns idéalisent l'on voit ici qu'elle possède sous des dehors idylliques ses propres limites. Même si cela se lit vite je trouve que les choses sont bien pensées, elles amènent à réfléchir de manière intelligente sur le sens de la vie ce que l'on veut y mettre et pourquoi. En tout état de cause un album malin, à lire.
Pawnee
Il semble y avoir un consensus en rapport aux BDs de Prugne : un dessin magnifique, mais des histoires un peu légères. Pas de discussion possible sur le dessin. Dans Pawnee, l’auteur s’est surpassé, et les planches sont un véritable régal pour les yeux. Des couleurs aquarelles magnifiques transcendent un dessin précis et maitrisé. Un carnet de croquis en fin d’album enfonce le clou et propose de nombreuses illustrations toutes aussi belles les unes que les autres. Quant à l’histoire, cela dépendra de vos gouts et de vos attentes. Moi, j’aime bien ce genre d’aventures, les grands espaces, les fusillades, les courses poursuites, les indiens… ce n’est pas très recherché, certes, ni terriblement original, mais les multiples destins sont habillement racontés, les déboires des protagonistes m’ont tenu en haleine, et j’ai trouvé le dénouement beau et satisfaisant. Et puis l’auteur s’est clairement bien documenté, et campe son intrigue dans un contexte historique intéressant. Une chouette aventure, bien dans le ton des autres albums de cet auteur.
Le Voyageur
Chaque chapitre de cette BD évoque une rencontre de cet étrange voyageur qui parcourt les Etats Unis en auto-stop et semble immortel malgré lui. D'où vient-il ? Quel est son but ? On comprend vite que le récit comporte de nombreuses ellipses et que l'imagination du lecteur sera mise à contribution pour comprendre les non dits de l'histoire. Si le premier épisode se déroule dans les années 50, les autres se situent dans un futur proche qui apparaît de plus en plus inquiétant. J'ai beaucoup aimé cette BD. Le dessin et le scénario contribuent à installer une atmosphère à la fois étrange et anxiogène . Le récit est très fluide et ce one shot se dévore d'une traite.
Betty Boob
Virevoltant, étonnant, amusant, touchant, séduisant, généreux, audacieux, talentueux, original. Je ne sais quel superlatif utiliser pour qualifier cet album tant tous ceux qui précèdent peuvent lui convenir sans totalement le cerner. Différent ? Oui, clairement ! Car les auteures partent d’un thème que l’on imaginerait bien plus vite traité à la manière d’un roman graphique réaliste avec des larmes, des vérités, des phylactères grands comme le monde et remplis des réflexions des acteurs, des petites notes scientifiques… mais le traitent à la manière d’un film muet de la belle époque, burlesque, sur-joué bien comme il faut, tendre et drôle à la fois. Et ça marche incroyablement bien ! Pourquoi ? Tout d’abord pour une question de rythme. Comme je disais, cet album est virevoltant et le dessin de Julie Rocheleau explose de dynamisme et d’émotion. Ce trait, graphique et séduisant, envoûte le regard du lecteur. A titre personnel, j’ai été happé, hypnotisé, fasciné. Mais cette fascination n’aurait été que temporaire si le récit en lui-même n’avait tenu la route. Et là encore le découpage est excellent. L’exercice délicat de la narration muette est parfaitement maîtrisé. Le message passe, les sentiments se partagent, les scènes burlesques gardent une rare élégance. Oui, mais le fond ? Me direz-vous. Ce récit nous parle du cancer du sein et de son impact sur l’image de la femme. Comment il est ressenti, accepté dans notre société, tellement basée sur le paraître. Un sujet sérieux s’il en est. Et très bien traité dans cette comédie burlesque, en fait. Cette approche différente, inattendue, dédramatise le sujet mais force le lecteur à réfléchir sur son propre regard, sa propre vision de la féminité et son acceptation de la différence. Donc voilà ! Cet album n’a l’air de rien, là, comme ça, et le lecteur distrait pourrait même croire qu’il s’agit d’une biographie imaginaire de Betty Boop. Il passerait alors à côté d’une petite perle burlesque et touchante, intelligente et vive, drôle et belle. Bon ! J’arrête là avec mes superlatifs. Lisez-le et puis c’est tout. On en reparlera après si vous voulez.