J'ai découvert Minetaro Mochizuki à travers cette série.
Cela a été une petite révélation pour moi : le niveau d'intensité émotionnelle est extrêmement élevé, inversement proportionnel au niveau d'action et d'expression des personnages. Plus ces derniers sont figés et enfermés dans leurs postures et retenues toutes japonaises, plus on se retrouve fasciné, et dans l'attente aigüe qu'ils se révèlent et qu'ils se lâchent.
Cette intensité, basée sur le mystère et sur le potentiel de ce qui peut arriver, va de pair avec un érotisme latent extrêmement puissant, renforcé par un talent rare de cadrage, de gros plans, et un réalisme du détail anatomique exceptionnel.
Bref, un manga à part, qui confine au chef d'œuvre si on est sensible à cet exercice de style intellectuel et érotique.
Depuis, je me suis régalé avec Dragon Head et Tokyo Kaido, qui démontrent que cet auteur est capable de changer de registre et de produire à chaque fois des œuvres marquantes.
Bonne lecture !
Rare sont les comics où je mets 4 étoiles. Il faut vraiment que cela me plaise. Je suis tombé sous le charme malsain de cette oeuvre assez introspective qui met en avant un jeune homme mal dans sa peau qui bascule dans l'horreur du métier de tueur. Il croit faire un pacte avec le diable suite à une tentative de suicide avortée. Est-ce seulement la réalité ? La fin de ce premier tome sera assez glaçante.
Oui, je mets 4 étoiles quand une oeuvre le mérite. Je n'ai pas eu besoin de me forcer pour le lire. J'ai éprouvé du plaisir à la lecture car c'est très bien réalisé dans un genre polar sombre. Il y a toute une immersion qui se fait et qui est progressive. Bref, il y a une intelligence dans la mise en oeuvre de ce scénario.
En conclusion, une vraie tuerie. ;)
C'est après avoir lu l'avis de Ro que je suis tombé sur cet album et son dessinateur sur les stands d'Angoulême cette année. Le temps de remettre tout ça en ordre dans ma tête... 3/4 personnes uniquement à faire la queue... Zou ! Je me lance ! Bon ma pile de BD à lire ayant eu cette année un peu de mal à sortir la tête hors de l'eau, ce n'est que cette semaine que j'ai pu me lancer dans cette lecture. Et franchement c'est plutôt du tout bon !
Tout d'abord le dessin. Guillem March nous régale d'un trait réaliste très maîtrisé rehaussé d'une colorisation diaphane aquarellée. C'est beau et parfaitement raccord avec le récit qui oscille entre le fantastique ou le psychotique, on ne sait pas trop, ce premier tome gardant encore quelques cartes dans sa manche. Jean Dufaux en tant que maître de jeu a su doser intelligemment ses effets de manche pour nous tenir en haleine et piquer notre curiosité tout le long de l'album.
C'est aussi son astucieuse façon de jouer sur la beauté et les corps et la retranscription qu'en fait Guillem March sans que cela sonne faux ou artificiel, qui font la réussite de ce premier tome.
Notre duo signe ici un très bon thriller où le fantastique semble vouloir passer le pas de la porte... Le mystère reste encore entier sur cette fameuse organisation I.A.P., et c'est avec une certaine curiosité que j'attends la suite.
Louable initiative que cette vulgarisation moderne en bande dessinée du programme d'économie de la classe de Première SES (Sciences économiques et sociales), qui parait en même temps que son équivalent pour le programme de sociologie par les mêmes auteurs.
Ces auteurs sont Claire Fumat d'une part, formatrice en droit, économie et analyse financière et autrice de manuels de formation, et Maud Hopsie d'autre part, graphiste et dessinatrice en agence de communication. Ce sont donc deux professionnelles dans le domaine de la formation en économie et de la communication visuelle documentaire.
Quand je lis un ouvrage sur l'économie, je ne peux pas m'empêcher de le comparer à Economix qui est pour moi la référence en la matière : incroyablement didactique, clair, complet et passionnant. Eh bien la comparaison avec cette nouvelle série n'est pas si mal même si l'ambition est un peu moins étendue et le sujet un peu plus académique.
Le travail de vulgarisation est bien fait, avec une mise en scène et une narration claire. Le texte est suffisamment allégé pour ne pas devenir indigeste et les images qui l'accompagnent sont pleines d'humour et de légèreté pour compenser une complexité du sujet qui va croissante au fil des pages. Car comme pour Economix, le documentaire commence par les bases (ici le troc et l'intérêt de la monnaie pour le cas du début du premier tome) avant de peu à peu se complexifier et d'aborder des sujets plus ardus et spécifiques (comme le marché inter-bancaire et les taux de la BCE pour la fin de ce premier tome). C'est parfois un petit peu moins fluide et facile à suivre, parfois un peu moins captivant aussi, mais le ton des images restant gai et amusant, on réussit à ne jamais s'ennuyer et à avoir envie de lire la suite.
C'est une BD éducative et documentaire que je conseillerais volontiers, et sans hésiter en particulier aux parents dont les enfants vont suivre des cours d'économie car cela permettra de leur clarifier les idées avec le sourire.
Voilà une adaptation que je n'avais pas vu venir ! Grand fan de l'écriture de Jean-Philippe Jaworski et de son fabuleux roman "Gagner la guerre", j'étais donc curieux et un peu anxieux du résultat transposé en BD.
Et bien ma fois, c'est plutôt très bien réussi ! On retrouve toute la gouaille et la roublardise de notre personnage principal Benvenuto Gesufal, ancien soldat reconverti en tueur à gage dans la grande cité portuaire de Ciudalia, capitale du Vieux Royaume. C'est aussi cette ville, personnage à elle seule qui en impose, et son organisation politique très inspirée de la Rome Antique mais dans un style plus Renaissance, qui renforce cette fantasy douce que nous a concocté Jean-Philippe Jaworski.
Et c'est tout à l'honneur de Frédéric Genêt d'avoir réussi à coucher sur le papier le foisonnement, la richesse et la complexité de cette cité fabuleuse et grouillante, où populace et podestats (dignitaires de la ville) se croisent et tissent allègrement des liens ou des intrigues. Car question embrouilles et intrigues, Ciudalia n'est pas en reste en toute bonne capitale qui se respecte ! Et nos podestats locaux ne sont pas en manque d'imagination pour conquérir, reconquérir ou se maintenir en haut de l'estrade. Comme le caricature très bien notre très cher président Macouille "Le pouvoir ça ne se gagne pas, ça se prend !"...
Bref, même si comme pour toute adaptation de roman en BD des concessions et des coupes sont nécessaire, cet album introductif passe haut la main l'examen d'entrée et j'espère que la suite sera toute aussi efficace !
Voilà un album épais (plus de 150 pages) qui se lit relativement vite et très agréablement. Et qui a très bien réussi à mixer le mythe des Amazones, ces femmes guerrières venues de l’imagination de quelques hommes, avec une Grèce plus classique, au moment de la guerre de Troie.
L’histoire en elle-même est fluide et claire, renvoie aussi à quelques questionnements actuels (sur le rôle de chacun des deux sexes, leurs relations, la notion d’égalité, de tolérance, etc). Je regrette juste quelques passages un peu longs, lents. Sans doute aurait-on pu élaguer l’ensemble ?
Par contre, ce qui ne suscite aucune discussion, c’est le dessin de Rossi, vraiment très beau. Avec des cases parfois proches de la simple esquisse, d’autres où le trait est plus travaillé, avec une colorisation fine, délicate. En tout cas c’est original et réussi, et est pour beaucoup dans l’attrait de cet album (c’est l’aspect graphique qui me fait arrondir aux quatre étoiles).
Après Notre Mère La Guerre, l'on part sur le nouveau continent et l'on se retrouve avec les protagonistes (un français et un allemand) au Mexique en pleine révolution (entre 1910 et 1920).
Le tome deux est assez surprenant et m'a bluffé dans l'avancement soudain du récit dont je n'en dirai pas plus.
Le couple Kris-Maël nous livre avec talent un récit plein de subtilité, et avec un graphisme tendant vers le sépia qui convient à cette époque révolue de près d'un siècle.
Le scénario met en scène des personnage assez typés, et l'ambiance révolutionnaire est bien présente.
Le graphisme aux couleurs volontairement ternes et désuètes est beau et convainquant, principalement grâce à la magnifique mise en couleur qui ressemble (ou est-ce ?) à l’aquarelle.
Vivement la suite !
Exercice délicat et difficile que de réaliser une BD sans texte ; le dessin doit absolument tout raconter.
La prouesse est pleinement réussie, et très joliment.
Le scénario aborde de façon enjouée des thèmes pourtant graves tels l'échec, l'abandon, et le problème de l'acceptation de l'image de soi après une ablation d'un sein à la suite d'un cancer.
Le scénario imagé semble être monté sur des ressorts tant il repart sans cesse avec drôlerie, humour, bonne humeur, et positivisme. La fin est splendide.
A lire ... euh, puisqu'il n'y a pas de texte, disons plutôt plutôt à regarder !
Après la lecture du précédent (premier et unique) avis, j'ai pensé prendre le contre pied en citant ma propre expérience de lecture. En effet, j'ai pour ma part découvert cette BD il y a maintenant vingt ans, alors que j'héritais des numéros d'Okapi de mon grand frère. Donc je peux dire l'effet que cela fait sur un esprit d'enfant, et j'adorais...!
Ne connaissant pas les réalisations précédentes du même auteur, je ne pouvais évidemment pas comparer, ni même avoir du recul sur ma lecture (du haut de mes dix ans...).
En tout cas, l'univers que je considérai comme "bizarre" et perturbant m'a tout de suite fasciné et intrigué. Des aventures simples et énergiques, des personnages faciles à cerner, des idées farfelues, des décors familiers et étrangers en même temps.
Mon fils de sept ans s'est mis à lire les trois tomes et semble apprécier tout autant. Je n'ai pas pu m'empêcher de transmettre une de mes nombreuses BD d'enfance qui m'ont marqué.
Si même un titan de la japanimation tel Qu'Eiichiro Oda donne son satisfecit à cette oeuvre, c'est que l'on tient assurément un must-read.
The Promised Neverland (en référence au "Pays Imaginaire" de Peter Pan) fait partie de ces séries bâtardes qui naviguent entre le shônen et le seinen, à l'image d'un Full Metal Alchemist ou d'un Shingeki No Kyojin plus récemment. Elle cartonne apparemment au pays du soleil levant, en plus d'être plébiscitée par les éditeur français de façon unanime. Il ne m'en fallait pas plus pour me décider à aller jeter un coup d'oeil.
Grace Field House est un orphelinat ou vivent et grandissent en harmonie toute une marmaille tirée à quatre épingles sous l'oeil attendri de "Maman", la tutrice et l'institutrice du lieu. Un genre de Poudlard pour moldus perdu au milieu de nulle part, ou règne une ambiance joyeuse et familiale. Mais les apparences sont parfois trompeuses et un soir, Emma et Norman vont découvrir avec épouvante ce qu'ils n'auraient jamais dû découvrir : leur "maison" n'est pas le cadre idyllique qu'ils imaginaient, il est sous le contrôle discret d'êtres lucifériens aux desseins malveillants et opaques.
A partir de là, le monde va tanguer sous leurs pieds, toutes leurs certitudes vont s'évaporer comme neige au soleil. Désormais, épaulés par leur comparse et ami Ray, ils ne seront animés que d'une obsession : échafauder le plan parfait afin de s'évader de ce camp de concentration déguisé en paradis.
En lisant ces deux premiers tomes on ne voit pas le temps passer tellement on est captivés : ce sont de véritables page-turner ou rien n'est laissé au hasard et ou les changements d'ambiance, entre l'enfantin et l'oppressant, donnent la chair de poule. Dans cette intrigue brillante, qui prend la forme d'une enquête, toutes les pièces du puzzle s'emboîtent à la perfection, tout est millimétré comme une montre suisse. Un vrai travail d'orfèvre.
Ce qui est d'ailleurs rafraîchissant avec The Promised Neverland, c'est que les exploits intellectuels sont privilégiés aux exploits physiques. Ici pas de Ninjutsu, de Kaméhaméha ou de Zanpakutô, la meilleure arme des protagonistes, ce n'est rien d'autre que leur matière grise et leur capacité à anticiper. En cela la série me fait penser à une progéniture de Détective Conan et de Prison break.
Trahison, double-jeu, duplicité, manipulation: le doute est toujours de mise lorsque l'on parcours les pages de ce thriller psychologique et devant autant de dangers et d'écueils, on se met à frémir d'angoisse pour ces orphelins surdoués, engagés dans une course contre la montre qui s'apparente plus en réalité à une course contre la Mort.
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Chiisakobé
J'ai découvert Minetaro Mochizuki à travers cette série. Cela a été une petite révélation pour moi : le niveau d'intensité émotionnelle est extrêmement élevé, inversement proportionnel au niveau d'action et d'expression des personnages. Plus ces derniers sont figés et enfermés dans leurs postures et retenues toutes japonaises, plus on se retrouve fasciné, et dans l'attente aigüe qu'ils se révèlent et qu'ils se lâchent. Cette intensité, basée sur le mystère et sur le potentiel de ce qui peut arriver, va de pair avec un érotisme latent extrêmement puissant, renforcé par un talent rare de cadrage, de gros plans, et un réalisme du détail anatomique exceptionnel. Bref, un manga à part, qui confine au chef d'œuvre si on est sensible à cet exercice de style intellectuel et érotique. Depuis, je me suis régalé avec Dragon Head et Tokyo Kaido, qui démontrent que cet auteur est capable de changer de registre et de produire à chaque fois des œuvres marquantes. Bonne lecture !
Kill or be killed
Rare sont les comics où je mets 4 étoiles. Il faut vraiment que cela me plaise. Je suis tombé sous le charme malsain de cette oeuvre assez introspective qui met en avant un jeune homme mal dans sa peau qui bascule dans l'horreur du métier de tueur. Il croit faire un pacte avec le diable suite à une tentative de suicide avortée. Est-ce seulement la réalité ? La fin de ce premier tome sera assez glaçante. Oui, je mets 4 étoiles quand une oeuvre le mérite. Je n'ai pas eu besoin de me forcer pour le lire. J'ai éprouvé du plaisir à la lecture car c'est très bien réalisé dans un genre polar sombre. Il y a toute une immersion qui se fait et qui est progressive. Bref, il y a une intelligence dans la mise en oeuvre de ce scénario. En conclusion, une vraie tuerie. ;)
The Dream
C'est après avoir lu l'avis de Ro que je suis tombé sur cet album et son dessinateur sur les stands d'Angoulême cette année. Le temps de remettre tout ça en ordre dans ma tête... 3/4 personnes uniquement à faire la queue... Zou ! Je me lance ! Bon ma pile de BD à lire ayant eu cette année un peu de mal à sortir la tête hors de l'eau, ce n'est que cette semaine que j'ai pu me lancer dans cette lecture. Et franchement c'est plutôt du tout bon ! Tout d'abord le dessin. Guillem March nous régale d'un trait réaliste très maîtrisé rehaussé d'une colorisation diaphane aquarellée. C'est beau et parfaitement raccord avec le récit qui oscille entre le fantastique ou le psychotique, on ne sait pas trop, ce premier tome gardant encore quelques cartes dans sa manche. Jean Dufaux en tant que maître de jeu a su doser intelligemment ses effets de manche pour nous tenir en haleine et piquer notre curiosité tout le long de l'album. C'est aussi son astucieuse façon de jouer sur la beauté et les corps et la retranscription qu'en fait Guillem March sans que cela sonne faux ou artificiel, qui font la réussite de ce premier tome. Notre duo signe ici un très bon thriller où le fantastique semble vouloir passer le pas de la porte... Le mystère reste encore entier sur cette fameuse organisation I.A.P., et c'est avec une certaine curiosité que j'attends la suite.
Toute l'éco en BD
Louable initiative que cette vulgarisation moderne en bande dessinée du programme d'économie de la classe de Première SES (Sciences économiques et sociales), qui parait en même temps que son équivalent pour le programme de sociologie par les mêmes auteurs. Ces auteurs sont Claire Fumat d'une part, formatrice en droit, économie et analyse financière et autrice de manuels de formation, et Maud Hopsie d'autre part, graphiste et dessinatrice en agence de communication. Ce sont donc deux professionnelles dans le domaine de la formation en économie et de la communication visuelle documentaire. Quand je lis un ouvrage sur l'économie, je ne peux pas m'empêcher de le comparer à Economix qui est pour moi la référence en la matière : incroyablement didactique, clair, complet et passionnant. Eh bien la comparaison avec cette nouvelle série n'est pas si mal même si l'ambition est un peu moins étendue et le sujet un peu plus académique. Le travail de vulgarisation est bien fait, avec une mise en scène et une narration claire. Le texte est suffisamment allégé pour ne pas devenir indigeste et les images qui l'accompagnent sont pleines d'humour et de légèreté pour compenser une complexité du sujet qui va croissante au fil des pages. Car comme pour Economix, le documentaire commence par les bases (ici le troc et l'intérêt de la monnaie pour le cas du début du premier tome) avant de peu à peu se complexifier et d'aborder des sujets plus ardus et spécifiques (comme le marché inter-bancaire et les taux de la BCE pour la fin de ce premier tome). C'est parfois un petit peu moins fluide et facile à suivre, parfois un peu moins captivant aussi, mais le ton des images restant gai et amusant, on réussit à ne jamais s'ennuyer et à avoir envie de lire la suite. C'est une BD éducative et documentaire que je conseillerais volontiers, et sans hésiter en particulier aux parents dont les enfants vont suivre des cours d'économie car cela permettra de leur clarifier les idées avec le sourire.
Gagner la Guerre
Voilà une adaptation que je n'avais pas vu venir ! Grand fan de l'écriture de Jean-Philippe Jaworski et de son fabuleux roman "Gagner la guerre", j'étais donc curieux et un peu anxieux du résultat transposé en BD. Et bien ma fois, c'est plutôt très bien réussi ! On retrouve toute la gouaille et la roublardise de notre personnage principal Benvenuto Gesufal, ancien soldat reconverti en tueur à gage dans la grande cité portuaire de Ciudalia, capitale du Vieux Royaume. C'est aussi cette ville, personnage à elle seule qui en impose, et son organisation politique très inspirée de la Rome Antique mais dans un style plus Renaissance, qui renforce cette fantasy douce que nous a concocté Jean-Philippe Jaworski. Et c'est tout à l'honneur de Frédéric Genêt d'avoir réussi à coucher sur le papier le foisonnement, la richesse et la complexité de cette cité fabuleuse et grouillante, où populace et podestats (dignitaires de la ville) se croisent et tissent allègrement des liens ou des intrigues. Car question embrouilles et intrigues, Ciudalia n'est pas en reste en toute bonne capitale qui se respecte ! Et nos podestats locaux ne sont pas en manque d'imagination pour conquérir, reconquérir ou se maintenir en haut de l'estrade. Comme le caricature très bien notre très cher président Macouille "Le pouvoir ça ne se gagne pas, ça se prend !"... Bref, même si comme pour toute adaptation de roman en BD des concessions et des coupes sont nécessaire, cet album introductif passe haut la main l'examen d'entrée et j'espère que la suite sera toute aussi efficace !
Le Coeur des Amazones
Voilà un album épais (plus de 150 pages) qui se lit relativement vite et très agréablement. Et qui a très bien réussi à mixer le mythe des Amazones, ces femmes guerrières venues de l’imagination de quelques hommes, avec une Grèce plus classique, au moment de la guerre de Troie. L’histoire en elle-même est fluide et claire, renvoie aussi à quelques questionnements actuels (sur le rôle de chacun des deux sexes, leurs relations, la notion d’égalité, de tolérance, etc). Je regrette juste quelques passages un peu longs, lents. Sans doute aurait-on pu élaguer l’ensemble ? Par contre, ce qui ne suscite aucune discussion, c’est le dessin de Rossi, vraiment très beau. Avec des cases parfois proches de la simple esquisse, d’autres où le trait est plus travaillé, avec une colorisation fine, délicate. En tout cas c’est original et réussi, et est pour beaucoup dans l’attrait de cet album (c’est l’aspect graphique qui me fait arrondir aux quatre étoiles).
Notre Amérique
Après Notre Mère La Guerre, l'on part sur le nouveau continent et l'on se retrouve avec les protagonistes (un français et un allemand) au Mexique en pleine révolution (entre 1910 et 1920). Le tome deux est assez surprenant et m'a bluffé dans l'avancement soudain du récit dont je n'en dirai pas plus. Le couple Kris-Maël nous livre avec talent un récit plein de subtilité, et avec un graphisme tendant vers le sépia qui convient à cette époque révolue de près d'un siècle. Le scénario met en scène des personnage assez typés, et l'ambiance révolutionnaire est bien présente. Le graphisme aux couleurs volontairement ternes et désuètes est beau et convainquant, principalement grâce à la magnifique mise en couleur qui ressemble (ou est-ce ?) à l’aquarelle. Vivement la suite !
Betty Boob
Exercice délicat et difficile que de réaliser une BD sans texte ; le dessin doit absolument tout raconter. La prouesse est pleinement réussie, et très joliment. Le scénario aborde de façon enjouée des thèmes pourtant graves tels l'échec, l'abandon, et le problème de l'acceptation de l'image de soi après une ablation d'un sein à la suite d'un cancer. Le scénario imagé semble être monté sur des ressorts tant il repart sans cesse avec drôlerie, humour, bonne humeur, et positivisme. La fin est splendide. A lire ... euh, puisqu'il n'y a pas de texte, disons plutôt plutôt à regarder !
Les Aventures de Gil et Georges
Après la lecture du précédent (premier et unique) avis, j'ai pensé prendre le contre pied en citant ma propre expérience de lecture. En effet, j'ai pour ma part découvert cette BD il y a maintenant vingt ans, alors que j'héritais des numéros d'Okapi de mon grand frère. Donc je peux dire l'effet que cela fait sur un esprit d'enfant, et j'adorais...! Ne connaissant pas les réalisations précédentes du même auteur, je ne pouvais évidemment pas comparer, ni même avoir du recul sur ma lecture (du haut de mes dix ans...). En tout cas, l'univers que je considérai comme "bizarre" et perturbant m'a tout de suite fasciné et intrigué. Des aventures simples et énergiques, des personnages faciles à cerner, des idées farfelues, des décors familiers et étrangers en même temps. Mon fils de sept ans s'est mis à lire les trois tomes et semble apprécier tout autant. Je n'ai pas pu m'empêcher de transmettre une de mes nombreuses BD d'enfance qui m'ont marqué.
The Promised Neverland
Si même un titan de la japanimation tel Qu'Eiichiro Oda donne son satisfecit à cette oeuvre, c'est que l'on tient assurément un must-read. The Promised Neverland (en référence au "Pays Imaginaire" de Peter Pan) fait partie de ces séries bâtardes qui naviguent entre le shônen et le seinen, à l'image d'un Full Metal Alchemist ou d'un Shingeki No Kyojin plus récemment. Elle cartonne apparemment au pays du soleil levant, en plus d'être plébiscitée par les éditeur français de façon unanime. Il ne m'en fallait pas plus pour me décider à aller jeter un coup d'oeil. Grace Field House est un orphelinat ou vivent et grandissent en harmonie toute une marmaille tirée à quatre épingles sous l'oeil attendri de "Maman", la tutrice et l'institutrice du lieu. Un genre de Poudlard pour moldus perdu au milieu de nulle part, ou règne une ambiance joyeuse et familiale. Mais les apparences sont parfois trompeuses et un soir, Emma et Norman vont découvrir avec épouvante ce qu'ils n'auraient jamais dû découvrir : leur "maison" n'est pas le cadre idyllique qu'ils imaginaient, il est sous le contrôle discret d'êtres lucifériens aux desseins malveillants et opaques. A partir de là, le monde va tanguer sous leurs pieds, toutes leurs certitudes vont s'évaporer comme neige au soleil. Désormais, épaulés par leur comparse et ami Ray, ils ne seront animés que d'une obsession : échafauder le plan parfait afin de s'évader de ce camp de concentration déguisé en paradis. En lisant ces deux premiers tomes on ne voit pas le temps passer tellement on est captivés : ce sont de véritables page-turner ou rien n'est laissé au hasard et ou les changements d'ambiance, entre l'enfantin et l'oppressant, donnent la chair de poule. Dans cette intrigue brillante, qui prend la forme d'une enquête, toutes les pièces du puzzle s'emboîtent à la perfection, tout est millimétré comme une montre suisse. Un vrai travail d'orfèvre. Ce qui est d'ailleurs rafraîchissant avec The Promised Neverland, c'est que les exploits intellectuels sont privilégiés aux exploits physiques. Ici pas de Ninjutsu, de Kaméhaméha ou de Zanpakutô, la meilleure arme des protagonistes, ce n'est rien d'autre que leur matière grise et leur capacité à anticiper. En cela la série me fait penser à une progéniture de Détective Conan et de Prison break. Trahison, double-jeu, duplicité, manipulation: le doute est toujours de mise lorsque l'on parcours les pages de ce thriller psychologique et devant autant de dangers et d'écueils, on se met à frémir d'angoisse pour ces orphelins surdoués, engagés dans une course contre la montre qui s'apparente plus en réalité à une course contre la Mort.