Les derniers avis (31218 avis)

Couverture de la série Le Procès
Le Procès

Peu de dialogues dans cet album, qui se lit assez vite donc, mais qui, malgré la froideur du thème, se révèle aussi agréable à lire. C’est une adaptation de l’œuvre de Kafka. Une bonne adaptation. En effet, on est d’emblée placé, en même temps que monsieur K, dans un univers absurde – qui flirte parfois avec le loufoque, pour tout aussitôt basculer vers une sorte de fantastique angoissant. K ne sait pas qui l’accuse, de quoi il est accusé, où et comment se défendre, et son imagination échafaude des hypothèses, des antidotes à un poison qui agit de manière lancinante : il est forcément coupable ! Les décors, que ce soit les décors urbains ou les intérieurs, font la part belle à une géométrie labyrinthique, elle aussi manquant de sens, dans laquelle K se perd. La partie graphique est vraiment réussie. Bref, voilà un album tout à fait recommandable pour les amoureux de l’univers kafkaïen (dont les Julius de MAM se sont un peu inspirés). Note réelle 3,5/5.

13/09/2017 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Mémoires de Marie-Antoinette
Mémoires de Marie-Antoinette

Mémoires de Marie-Antoinette où la reine elle-même se livre et raconte sa vie, de sa jeunesse à Vienne jusqu'à son exécution durant la Révolution, en passant bien sûr par son mariage avec Louis XVI et la vie à la cour de Versailles. Cet ouvrage respectueux de la véracité historique se lit comme un récit d'aventure, d'histoire et de romance au ton moderne et dynamique. La narratrice est Marie-Antoinette elle-même et découvrir sa vision des choses est intéressante et permet de se rapprocher d'elle plus facilement. D'emblée, elle se présente avec honnêteté comme étant certes gentille mais aussi très futile et superficielle, s'ennuyant dès lors qu'il n'y a pas de fêtes, de rires et de danses. Et pourtant, grâce à la façon dont le lecteur est placé au plus près de ses pensées, on finit par lui pardonner son insouciance et ses dépenses somptuaires et presque à la plaindre quand les choses finissent par mal tourner. Ça donne vraiment l'impression d'une brave personne dans une prison dorée qui n'a pas les moyens de se rendre compte que ses actes de petite fille gâtée ne peuvent qu'attiser la haine du peuple et l'amener à sa perte en même temps que celle du royaume. Sur le plan historique, le récit est en outre bien instructif. On y découvre de l'intérieur un pan des rouages du fonctionnement du royaume, de la cour et de la société française de l'époque, même si cet aperçu est forcément incomplet puisque vu par les yeux d'une reine qui souhaiterait éviter autant que possible de s'impliquer dans la politique. J'ai apprécié en tout cas de voir sous un autre angle les événements et personnages rencontrés dans le prenant manga La Rose de Versailles. Et l'ensemble est rendu d'autant plus plaisant à lire que le dessin est très agréable. Le trait est doux, frais et fin. Les personnages sont bien rendus. Et si les paysages d'ensemble manquent un peu de détails, les décors plus rapprochés comme les couloirs et jardins de Versailles sont de belle qualité. Et surtout j'ai beaucoup apprécié les couleurs qui donnent une atmosphère jeune et lumineuse au récit, lui permettant de s'éloigner encore plus d'une BD historique trop académique. C'est un plaisir de découvrir l'Histoire de France de cette manière.

13/09/2017 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Holy Wood - Portrait fantasmé de Marilyn Monroe
Holy Wood - Portrait fantasmé de Marilyn Monroe

C'est à Angoulême que j'ai craqué pour cette BD dont j'avais lu des avis plutôt élogieux. Tommy Redolfi étant présent sur le stand de la Boîte à Bulles, je n'ai pas hésité longtemps. Ce qui frappe avant tout quand on ouvre cet album c'est la touche personnelle de l'auteur dans son graphisme. Que ce soit ce côté un peu caricatural des traits de ses personnages ou les couleurs utilisées, tout est fait pour nos faire vibrer, pour exacerber notre ressenti vis à vis de ce récit fantasmé de Marilyn. Ses personnages m'ont renvoyé au style de Grazia La Padula (qui dessine avec Tony Sandoval) que j'apprécie beaucoup aussi, et les touches de fantastique qui fleurissent de-ci de-là ne sont pas étrangères à ce sentiment non plus. Tout cela donne à l'ensemble un petit parfum Lynchien à cette histoire (en même temps, pas étonnant, Lynch a déjà bien donné côté Hollywood...) avec son lot de personnages étranges et dérangeants, et une esthétique singulière, avec au centre Marilyn et la forge de sa légende... et de sa déchéance. Dur de parle de l'histoire sans trop en dévoiler, je vous laisse donc ce plaisir pour profiter pleinement du talent de Tommy Redolfi qui a su construire un récit intrigant et prenant sur une personnalité hors norme

13/09/2017 (modifier)
Par jujub
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Nouvelles Aventures de Lapinot
Les Nouvelles Aventures de Lapinot

Et revoilà Lapinot. Trondheim fait dans la continuité, avec un album cartonné couleur au format classique (nouveauté pour la maison d'édition "L'Association"). J'ai beaucoup aimé cet album, qui, comme les autres Lapinot, contient son lot de petites réflexions sur la vie. Concernant l'intrigue, je la trouve plutôt davantage travaillée que dans les albums précédents. De plus, Trondheim fait passer quelques messages politiques, sur le journalisme, les réseaux sociaux, dont il ne me semblait pas être coutumier dans les albums précédents. Côté dessin, on retrouve le trait de Trondheim, avec des décors plus détaillés qu'avant. Bref, du tout bon.

13/09/2017 (modifier)
Par Bouriket
Note: 4/5
Couverture de la série On Mars
On Mars

Un peu de SF pour la rentrée ! Le prolifique Sylvain Runberg nous propose, en ce début d'année scolaire, le premier tome d'une trilogie martienne accompagné de Grun pour la partie dessin. Résumé rapide : après avoir commis une bavure policière, Jasmine est envoyée dans les camps de travaux martiens visant à terraformer la planète pour y accueillir l'humanité future... À la frontière entre l'anticipation et la SF, le scénario de ce premier tome est principalement introductif. On y découvre l'organisation mise en place sur la planète rouge à travers le personnage de Jasmine. Rien de réellement surprenant pour l'instant mais c'est parfaitement maîtrisé et l'intrigue qui prend forme donne envie de lire la suite. Côté dessin, j'ai été totalement bluffé par le travail de Grun, que je ne connaissais pas. De superbes vues martiennes alternent avec des plans plus serrés sur des personnages biens caractérisés mais ce qui m'a réellement surpris c'est l'impression d'espace sur les planches (j'ai d'ailleurs sorti mon mètre de couturière pour prendre les dimensions de l'album qui s'avère être un grand format plutôt standard - couv légèrement supérieure à 24*32 - alors que j'avais la sensation de regarder des tableaux). Au final, un très bon tome d'introduction, au scénario classique mais sans fausse note, et au dessin magnifique. Je souligne pour finir le travail des Editions Daniel Maghen, dont j'avais déjà entendu beaucoup de bien. L'objet en lui-même est beau, et un cahier graphique de 20 pages accompagne les 52 planches de l'histoire.

12/09/2017 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série La Terre des fils
La Terre des fils

Un autre album que ce site m'a donné envie de lire. Jusqu'à présent, je n'avais lu que trois albums de Gipi et la qualité était inégale selon moi (un bon album, un album moyen et un autre vraiment ennuyeux). Ce très bon album me donne envie de mieux connaitre son oeuvre ! C'est un monde post-apocalyptique comme il y en a des dizaines dans la BD et c'est très bien fait. L'auteur n'explique pas comment l'humanité en est arrivé là et cela ne m'a pas trop dérangé car on suit deux jeunes qui ne savent pas grand chose de ce monde et du coup je trouvais que je pouvais facilement les comprends car j'avais les mêmes informations qu'eux. J'ai beaucoup aimé leur quête. Leurs père est mort et il ne les a jamais appris à lire ou à écrire. Du coup le cahier où il a couché ses états âmes est un peu une relique sacré pour ses deux fils (enfin, surtout pour l'un d'entre eux) et ils vont partir à la recherche de quelqu'un qui sait lire. Il y a plusieurs thèmes abordé dans cet album qui sont très maîtrisé et de plus cela se lit sans problème du début jusqu'à la fin. Le dessin en noir et blanc est très bien fait. Un album qui mérite d'avoir plus d'avis.

12/09/2017 (modifier)
Couverture de la série SHI
SHI

Ce tome inaugure une nouvelle série, et en particulier un cycle de quatre albums. Et il le fait franchement bien. Le dessin d’Homs est vraiment bon, dans un style semi-réaliste efficace, avec des visages très expressifs et des décors bien fichus. J’ai aussi bien aimé la colorisation, très sombre. Le scénario de Zidrou est lui aussi bien fichu – même si ce tome inaugural n’a évidemment pas livré toutes les clés : la dernière page, reprenant celles du début de l’album, donne envie d’en savoir plus, c’est certain. L’histoire est un long flash-back censé nous expliquer pourquoi un vendeur d’armes a vu sa femme et son fils tués. Il faut remonter au milieu du XIXème siècle pour comprendre. Cet album pose les bases, nous montrant les liens qui vont unir une jeune héritière (plutôt rebelle) de la bonne société londonienne et une énigmatique japonaise. Un album bien ficelé, une bonne introduction : on ne demande qu’à lire la suite pour confirmer ce début prometteur.

10/09/2017 (modifier)
Couverture de la série Giant
Giant

La première chose qui frappe lorsque l’on ouvre cet album, c’est la qualité du dessin. Je l’ai trouvé très beau – et le cahier graphique qui clôt l’album, regroupant des crayonnés, des essais pour les principaux personnages – confirme le chouette coup de crayon de Mikaël. De plus, j’ai vraiment bien aimé la colorisation, très sombre, parfois brumeuse (beaucoup de scènes se déroulent au sommet des échafaudages de construction de gratte-ciel), avec des tons de rouille plutôt réussis. L’histoire se déroule en 1932, à New-York, en plein dans grande crise qui frappe le pays (et le reste du monde) depuis 1929, l’année où Hoover va laisser la place à Roosevelt. Nous suivons des ouvriers irlandais, qui construisent un gratte-ciel, le Rockefeller center. Parmi ces ouvriers, « Giant » est un taiseux, un gros costaud que ses camarades peinent à connaître. Un homme que les circonstances vont transformer en coucou (on découvre cela petit à petit, et un beau parallèle est fait avec le film de Chaplin « Les lumières de la ville »). On découvre en parallèle, vers la fin de l’album, quelques pans du passé de Giant, en Irlande, au moment de la guerre d’indépendance contre les Anglais. Et l’on découvre aussi en dernière page les complications qui vont arriver pour Giant, qui va être confronté à la famille qu’il s’est inventé. Très bel album je trouve, simple, avec une narration assez fine, peu de dialogues, une belle reconstitution du cadre social de la crise et de la grosse pomme en pleine expansion, avec les Italiens et les Irlandais qui essayent de se faire une place au soleil. Un second tome doit conclure ce qui est annoncé comme un diptyque, et je l’attends avec impatience. Mais, en l’état, c’est déjà un album que je vous recommande.

09/09/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Chenal
Le Chenal

Comment à travers un clavier faire partager au plus grand nombre une passion, une découverte majeure sur un sujet, la BD, que tous connaissent. Faut il écrire trois ou quatre avis de suite, inonder les forums adjacents de propos dithyrambiques? Et puis ce posteur on le connait ce n'est pas son style ou son genre habituel, lui c'est plutôt SF et Fantasy. Comment faire pour être cru ? Mais bon allons au fait " Le chenal" est une BD envoûtante au sens premier du terme, à savoir qu'elle vous prend et ne vous lâche plus, je sais que cela ne se fait pas mais je suis en complet désaccord avec Erik quand il parle de narration pesante; chacun étant cependant libre de penser ce qu'il veut je passe donc mais l'invite et vous par la même occasion à lire avec attention le contenu de ces bulles. Car au fait de quoi s’agit il ? Alors qu'un vieux marin se meurt d'un cancer un tout jeune garçon sait lui que ce n'est pas le principal car dans le même temps une bête a remonté le chenal de la Charente. Hop là qui dit cancer dit récit plombant plein de pathos ou que sais je ? Rien de cela nous sommes ici à la limite du conte entendu à la veillée et du roman graphique L'auteur Thierry Boulanger connait son sujet et le lieu ou se passe son récit. Le pertuis d'Antioche. Même pour un breton qui a du mal a passer au sud de la Loire ce nom d'un phare situé à la pointe nord de l'île d'Oléron possède une puissance d'évocation évidente. Antioche, ville de croisade (1098) nom entendu dans l'adolescence et qui faisait rêver, synonyme de voyage exotiques donc paré de toutes les vertus de l'aventure et du dépaysement. Ce qui m'amène d'évidence à évoquer le dessin de cet auteur. Alors un mot un seul Wouaw!!, la claque les gars et filles, forcément vu le sujet des ambiances maritimes à tomber, des pontons, des bateaux, des vasières, ceux qui connaissent la région apprécieront, les autres découvrirons un lieu assez magique. Un bestiaire fantastique mais ô combien crédible, des visages de marins burinés, les détails mais les détails! non c'est véritablement l'ensemble dont se dégage une impression, un sentiment diffus de mystère, de poésie. Et puis le texte, il est rare en BD de lire quelque chose d'aussi bien écrit, oui il faut prendre son temps car au travers de ce texte c'est toute une chronique de la vie rude et difficile de ces mareyeurs charentais vivant presque à l'écart du monde. Que dire de plus, les mots sont surfait, coup de cœur forcément, j'attends avec impatience vos retours.

08/09/2017 (modifier)
Couverture de la série Hitler=SS
Hitler=SS

Moi qui n’ai jamais rien lu sur tablette et ne jure que par la version « papier », voilà bien la première fois que je lis une BD en version PDF. Il faut dire que cela fait des années que je recherche cette œuvre poétique, et que je me suis toujours refusé à l’acheter au prix (plus que prohibitif et spéculatif) auquel certains libraires ou vendeurs occasionnels le proposent, sur le net ou ailleurs – en plus faut-il le trouver ! Bref, renonçant – momentanément ? – à ma quête, je me suis rabattu sur l’une des versions disponibles en lecture en libre accès sur internet, pour découvrir enfin cet album. Alors voilà, je l’ai lu, et peut donc en tirer un bilan. D’abord, fidèle à Desproges, qui affirmait que « l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », je trouve dommage qu’un sujet – fut-il aussi horrible que la shoah – soit présenté comme « intouchable », tout rire à ses dépens étant assimilé à de la complaisance, voire de l’anti-sémitisme. Ici comme ailleurs, la liberté d’expression doit prévaloir, même si je ne rirais évidemment pas avec ça et de ça avec un nazillon ! Il est certain et dommage que notre époque politiquement correcte ne verra plus ce genre de chose publiée (ou alors, j’imagine le tollé, et les gros titres des journaux, pourtant plus complaisants, par leur silence, avec des horreurs bien plus grandes et réelles). Des gens comme le professeur Choron, à l’initiative de ce délire, manquent à notre époque d’autocensure. Ceci étant dit, est-ce vraiment drôle ? La partie roman-photo du début est dispensable, et c’est très inégal. Mais globalement, c’est quand même drôle : humour TRES noir et donc franchement trash bien sûr, mais un certain nombre de trucs sont franchement réussis (« encore en pyjama à cette heure-là ? » ; l’histoire « bonnes résolutions » ; le supplément jeux, atroce, etc.). Pas mal d’horreurs, mais qui arrachent sourire voire rire. Quelques ratages, certes, mais dans ces petites histoires (plusieurs pages chacune), il y a souvent du trash drôle. Le dessin de Vuillemin – crado comme souvent, est plutôt raccord avec le sujet et le ton. A noter, que de Porteere a, plus récemment – et de manière un peu moins frontale, mais franchement très réussie ! – fait quelque chose sur le même sujet avec son Dickie « Le fils d’ Hitler ». Mon conseil de lecture est donc de principe (mais aussi parce que j’ai plutôt aimé ma lecture). Le conseil d’achat, étant donné le contexte, est purement virtuel : refusez en tout état de cause d’encourager la spéculation. En cela une bonne réédition calmerait certains spéculateurs, même si cela exciterait les censeurs. Elle trouverait en tout cas en moi un acheteur. Note réelle 3,5/5.

08/09/2017 (modifier)