Waoowwww!!!!....voici ce que je me suis dit en ouvrant cette bd. Les dessins de Sergio toppi sont juste excellents. Une maîtrise du noir et blanc à couper le souffle. Je me suis complètement laissé emporter dans ce monde. Je regrette juste le fait que les histoires soient un peu courtes.
Une très bonne lecture que je recommande.
J'ai découvert le travail des frères Brizzi en lisant cette adaptation en bande dessinées de l’œuvre de Dante et franchement j’avoue avoir été complètement bluffé. J’aurais cependant aimé que l’environnement soit présenté de manière un peu plus sombre. C'est tellement beau que cela nous fait oublier que nous assistons a une expédition au sein de l’enfer.
Après ma lecture, je me suis tout de suite mis à faire des recherches sur le travail des frères brizzi et j'ai donc beaucoup aimé aussi la bd Don quichotte.
J'ai vraiment passé un très bon moment en lisant cette bd que je recommande vivement.
Quand on se retrouve dans cette situation, c’est dur de s’en sortir. Il semble que l’auteure ait eu affaire à un beau modèle de pervers manipulateur.
On voit aussi que l’auteure a réussi à se sortir de cet enfer en analysant et en comprenant le mode de fonctionnement de son bourreau. Et elle nous permet de vivre ça directement avec elle.
Cette première partie où elle raconte son histoire d’amour naissante et la lente dérive vers la violence est bien faite. Elle nous fait bien partager ses émotions, l’amour puis les doutes, la culpabilité qui s’installe, le yoyo émotionnel instillé par le partenaire.
J’ai bien aimé l’artifice de l’ours en peluche qui lui (et nous) permet de sentir que quelque chose a l’air de clocher dans la relation à l’autre, même si elle ne veut pas se l’avouer encore.
Et cette seconde partie, où elle a pris conscience que non, ça n’est plus possible, où elle se fait aider pour comprendre, c’est celle qui est la plus instructive pour le lecteur ou la lectrice.
Les explications, issues de ses recherches persos et de ses séances de psy, permettent de mettre un nom sur les désordres et donnent des clefs pour les repérer.
Un bel ouvrage, qui pourra s’avérer utile, et servi par un dessin dans la veine des blogs, pas exceptionnel certes mais agréable à suivre et qui ne surcharge pas le propos.
Si Brüno avait déjà publié quelques petites plaquettes, « Nemo » est sans doute sa première série « d’envergure ». Et je dois dire que c’est d’emblée une réussite.
Graphique déjà. Son dessin caractéristique, faussement minimaliste, avec une colorisation tranchée, est chouette. Il accompagne très bien ce récit vernien. Le choix d’utiliser, dans les phylactères pour les dialogues entre Nemo et les membres de son équipage, des signes géométriques et autres figurés stylisés est au départ déroutant, mais rapidement on s’y fait et c’est même intéressant, ludique.
On baigne dans le récit de Verne, mais Brüno s’en affranchit à plusieurs reprises – il laisse d’ailleurs de côté certains passages mythiques du roman de Verne. Mais la narration, très fluide, plutôt avare de textes, se révèle très agréable.
De nombreuses cases muettes aèrent le récit, lorsque l’on suit les voyages sous-marins du Nautilus.
Rien de révolutionnaire ici, c’est à la fois fidèle à l’original, et en partie « décalé ». Mais l’intégrale que j’ai lue – d’une traite (ça se lit très rapidement en tout cas) – avec son format moyen, procure un bon petit plaisir de lecture.
Note réelle 3,5/5.
Une récente relecture de cet album me permet de déposer un avis sur cette jolie BD autobiographique de Rochette.
La thématique de l'alpinisme, peu traitée en BD, engendra néanmoins quelques récits marquants : Le Sommet des dieux et Ascension notamment me reviennent à l'esprit. Plus récemment le beau huis-clos Confession renouvela le sous-genre habilement en renversant les codes de la dextérité physique et des grands espaces.
Rochette envisage le sujet via l'autobiographie en invitant la thématique de l'adolescence. La grande réussite ici est moins d'envisager l'alpinisme comme un sport épique, avec une conception de l'intrigue calquée sur un shonen (progression dans son domaine permettant de franchir des difficultés, des niveaux), que de la décrire comme une échappatoire à un destin âpre (famille monoparentale pauvre, scolarité dans un sévère internat...), telle une source d'émerveillement dans la lutte.
Le style rugueux des illustrations au trait noir crée une juste distance avec les personnages, le lecteur ne verse ainsi ni dans le regard sociologique condescendant, ni dans une artificielle complicité, davantage dans une bienveillante mais froide compassion.
Un beau récit austère et un traitement graphique en harmonie.
Une aventure rondement menée et fort sympathique.
Ça ne révolutionnera pas grand chose mais j’ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans les aventures de ce héros, et ce de si belle manière.
Le dessinateur ne m’avait pas autant enthousiasmé sur sa version de Mickey, ici pas grand chose à redire. On perd en humour ou energie pour gagner en ambiance et lisibilité, ça passe bien mieux.
Le scénariste à la bonne idée de placer notre avare préféré dans ses jeunes années et sur sa terre natale. Il nous concocte une aventure tous publics, certes sans réelles surprises pour les plus aguerris mais pas dénué d’intérêt ou d’une certaine émotion.
Rien de foncièrement fou mais bien exécuté et mignon.
3,5
Flot est une cité-état isolée sur une île, encerclée par une barrière d'orage. Son protecteur, l'immortel Comendador, avait su unifier son peuple en accordant des pouvoirs magiques à ceux qui le souhaitaient, en échange de handicaps physiques. Mais depuis sa disparition, les habitants sont livrés à eux-mêmes. Un mystérieux justicier est toutefois apparu dans les rues : Don Juan, beau parleur, séducteur, fin bretteur, et surtout étonnamment doté de pouvoirs sans visiblement avoir payé de prix en retour. Une anomalie qui intrigue fortement la belle Doña Laura, dont l'organisation veille à sa manière sur la cité.
Même si le récit reprend de nombreux éléments du célèbre Don Juan de Molière, il s'agit ici d'un pur récit de fantasy, dans une cité-état qui n'est pas sans rappeler la Ciudalia de Jaworski, baignée dans une ambiance de cape et d'épée, de magie et de créatures surnaturelles. Don Juan y campe un héros flamboyant, charmeur et chanceux, qui terrasse les méchants, sauve les demoiselles et les conquiert d'un sourire. Il se retrouve bientôt engagé par Laura pour l'aider à capturer un tueur en série, mais ce n'est que le point de départ d'une intrigue plus vaste, car la ville comme le héros cachent de nombreux secrets.
Au dessin, Rebecca Morse, déjà remarquée avec Dragon & Poisons (là aussi aux côtés d'Isabelle Bauthian), livre un travail de grande qualité. Les décors sont foisonnants, les personnages expressifs et variés, et les planches séduisent d'emblée. L'album attire l'œil et donne envie de se plonger dans l'univers.
Quant au scénario, je lui accorde une note d'encouragement. Ce premier tome déborde d'idées, de personnages intéressants et de potentiel, mais il souffre de deux faiblesses notables. D'abord, un manque de contextualisation : le lecteur est jeté dans Flot sans repères, comme s'il devait déjà en connaître tous les codes. Même après un tome dense, bien des zones restent floues, notamment les origines de la ville ou la nature du Comendador. Une simple page introductive aurait grandement aidé. Ensuite, le rythme est parfois échevelé, notamment à cause du débit de paroles du héros. Certes, c'est dans la nature du personnage de séduire par les mots, mais cela finit par entraver la lecture, surtout quand on ne saisit pas toujours les sous-entendus, faute de contexte.
Malgré cela, la révélation finale relance vivement l'intérêt. Le potentiel est bien là, et l'on espère qu'une fois la trilogie complète, elle formera un ensemble cohérent et surtout plus limpide pour le lecteur.
Il m'aura suffi de voir le nom de Tradd Moore sur la couverture pour repartir avec ce comics.
Nous sommes en 2037 et après cinq explosions nucléaires sur le territoire des États-Unis, le pays se retrouve divisé en quatre États indépendants. Du post-apocalyptique pas vraiment innovant, mais l'univers créé par Alès Kot est très imaginatif. Je vais commencer par les personnages principaux. Stella Maris est la petite fille du président de la Nouvelle Californie. Elle est aussi une super-flic qui participe à une émission de télé-réalité où elle doit traquer un criminel, puis attendre le vote du public pour exécuter la sentence : épargner ou supprimer. Kirby Shakaku Miyazaki est un spécialiste en informatique et un dissident, il est opposé au pouvoir en place qui manipule le peuple. Nos deux protagonistes vont se rencontrer pendant une fête illégale et leurs destins vont être liés.
Cette satire politique sur un ton décalé est très bien réalisée. Un ton dur et brutal contrebalancé par un humour léger où le chat rondouillard de Stella en est la cause principale. Une narration maîtrisée qui prend le temps de planter le décor, de découvrir les personnages et d'accélérer le rythme lorsque c'est nécessaire. Il est aussi question d'un mur dans cette histoire et il ne peut faire penser qu'à celui entre les États-Unis et le Mexique.
Un excellent récit d'anticipation avec l'amour en toile de fond.
Une lecture très agréable qui doit énormément à la partie graphique.
J'adore le style tout en rondeur de Tradd Moore presque caricatural et élastique. Il déforme beaucoup moins les corps des personnages que sur Doctor Strange - Fall Sunrise ou sur Silver Surfer - Black, par contre ce n'est pas le cas des visages. Un énorme travail sur l'inventivité des décors, des costumes et de la mise en page.
Les couleurs de son épouse Heater donnent ce côté psychédélique et acidulé au récit.
Un régal !
Une œuvre baroque, elle est une belle porte d'entrée pour découvrir Tradd Moore.
Je ne sais pas si les auteurs ont choisi le nom de Kirby Shakaku Miyazaki par hasard ou pas. On y retrouve deux noms d'artistes célèbres, l'un dans le comics et l'autre dans le manga. J'y vois un clin d'œil aux univers des deux auteurs.
J'ai eu un peu peur en découvrant l'incipit de cet album : Thorgal sur une barque essayant de rejoindre Aaricia et ses enfants tel Ulysse tentant de rejoindre Pénélope, cela sentait le déjà vu.
Pourtant, même sans rejoindre la superbe version de Robin Recht (Thorgal Saga - Adieu Aaricia), le scénario signé Djian et Legrand est pas mal du tout. D'une trame assez classique, les auteurs ménagent tout de même des surprises avec comme par exemple la nouvelle gardienne des clefs.
Je dois préciser que j'ai lu cet album dans la version dite prestige, en noir et blanc, qui met parfaitement en valeur le dessin d'Etien.
Certes, nous aurions pu croire que cette édition noir et blanc ne fasse pas assez ressortir le combat du feu et du givre,mais il n'en est rien. Et, j'ai pourtant parcouru la version couleur en librairie, et elle ne m'avait guère convaincu.
Cette série "Thorgal saga" continue de me séduire (même si j'avais trouvé Thorgal Saga - Wendigo l'album le plus plus faible de cette série)
Nous avions tous été amusé à la lecture d'Extases, très ému avec Le Petit Frère et là Jean Louis Tripp continue de nous attendrir avec "Un père".
L'auteur nous replonge dans les années de son enfance avec un père instituteur, et communiste. Nous voyageons avec Jean Louis Tripp dans les années de militantisme de son père avec la vente de" l'huma", les vacances en Allemagne de l'Est (RDA) ou en Roumanie . Mais l’antifascisme de son père avait tout de même des limites, car cela ne l'empêchait pas d'aller faire le plein d'essence, très avantageux, dans l'Espagne Franquiste !
Pour les plus âgés d'entre-nous, certaines situations nous font encore écho, comme les vacances au camping, les voyages en 2 CV (qui donnent lieu à des scènes cocasses), bref je me suis reconnu dans bien des souvenirs de Jean Louis Tripp.
Mais au delà de cela, l'auteur nous dresse un formidable portrait de son père, parfois à charge, parfois à décharge. "Il n'y a pas de bon père, c'est la règle "écrit Sartre, ce à quoi Jean d'Ormesson répliquera plus tard dans "Au revoir et merci", "le mien était l'exception". C'est tout à fait ce qui ressort de cette lecture. Le père de Jean Louis Tripp était hors norme, et l'auteur découvre, en fin de ce récit, avoir eu le privilège à ne pas avoir eu à partager ce père, si imparfait et souvent de mauvaise foi, avec ses frères et sa sœur,au moment où il était encore le fils unique.
Un album que j'ai lu d'une traite, malgré ses 360 pages, et qui a le mérite de faire réfléchir le lecteur sur sa propre expérience de fils/père.
Une nouvelle réussite de Jean Louis Tripp, un album souvent drôle, émouvant et poignant vers la fin.
Bravo à l'auteur.
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Sharaz-De
Waoowwww!!!!....voici ce que je me suis dit en ouvrant cette bd. Les dessins de Sergio toppi sont juste excellents. Une maîtrise du noir et blanc à couper le souffle. Je me suis complètement laissé emporter dans ce monde. Je regrette juste le fait que les histoires soient un peu courtes. Une très bonne lecture que je recommande.
L'Enfer de Dante
J'ai découvert le travail des frères Brizzi en lisant cette adaptation en bande dessinées de l’œuvre de Dante et franchement j’avoue avoir été complètement bluffé. J’aurais cependant aimé que l’environnement soit présenté de manière un peu plus sombre. C'est tellement beau que cela nous fait oublier que nous assistons a une expédition au sein de l’enfer. Après ma lecture, je me suis tout de suite mis à faire des recherches sur le travail des frères brizzi et j'ai donc beaucoup aimé aussi la bd Don quichotte. J'ai vraiment passé un très bon moment en lisant cette bd que je recommande vivement.
Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur
Quand on se retrouve dans cette situation, c’est dur de s’en sortir. Il semble que l’auteure ait eu affaire à un beau modèle de pervers manipulateur. On voit aussi que l’auteure a réussi à se sortir de cet enfer en analysant et en comprenant le mode de fonctionnement de son bourreau. Et elle nous permet de vivre ça directement avec elle. Cette première partie où elle raconte son histoire d’amour naissante et la lente dérive vers la violence est bien faite. Elle nous fait bien partager ses émotions, l’amour puis les doutes, la culpabilité qui s’installe, le yoyo émotionnel instillé par le partenaire. J’ai bien aimé l’artifice de l’ours en peluche qui lui (et nous) permet de sentir que quelque chose a l’air de clocher dans la relation à l’autre, même si elle ne veut pas se l’avouer encore. Et cette seconde partie, où elle a pris conscience que non, ça n’est plus possible, où elle se fait aider pour comprendre, c’est celle qui est la plus instructive pour le lecteur ou la lectrice. Les explications, issues de ses recherches persos et de ses séances de psy, permettent de mettre un nom sur les désordres et donnent des clefs pour les repérer. Un bel ouvrage, qui pourra s’avérer utile, et servi par un dessin dans la veine des blogs, pas exceptionnel certes mais agréable à suivre et qui ne surcharge pas le propos.
Nemo
Si Brüno avait déjà publié quelques petites plaquettes, « Nemo » est sans doute sa première série « d’envergure ». Et je dois dire que c’est d’emblée une réussite. Graphique déjà. Son dessin caractéristique, faussement minimaliste, avec une colorisation tranchée, est chouette. Il accompagne très bien ce récit vernien. Le choix d’utiliser, dans les phylactères pour les dialogues entre Nemo et les membres de son équipage, des signes géométriques et autres figurés stylisés est au départ déroutant, mais rapidement on s’y fait et c’est même intéressant, ludique. On baigne dans le récit de Verne, mais Brüno s’en affranchit à plusieurs reprises – il laisse d’ailleurs de côté certains passages mythiques du roman de Verne. Mais la narration, très fluide, plutôt avare de textes, se révèle très agréable. De nombreuses cases muettes aèrent le récit, lorsque l’on suit les voyages sous-marins du Nautilus. Rien de révolutionnaire ici, c’est à la fois fidèle à l’original, et en partie « décalé ». Mais l’intégrale que j’ai lue – d’une traite (ça se lit très rapidement en tout cas) – avec son format moyen, procure un bon petit plaisir de lecture. Note réelle 3,5/5.
Ailefroide - Altitude 3954
Une récente relecture de cet album me permet de déposer un avis sur cette jolie BD autobiographique de Rochette. La thématique de l'alpinisme, peu traitée en BD, engendra néanmoins quelques récits marquants : Le Sommet des dieux et Ascension notamment me reviennent à l'esprit. Plus récemment le beau huis-clos Confession renouvela le sous-genre habilement en renversant les codes de la dextérité physique et des grands espaces. Rochette envisage le sujet via l'autobiographie en invitant la thématique de l'adolescence. La grande réussite ici est moins d'envisager l'alpinisme comme un sport épique, avec une conception de l'intrigue calquée sur un shonen (progression dans son domaine permettant de franchir des difficultés, des niveaux), que de la décrire comme une échappatoire à un destin âpre (famille monoparentale pauvre, scolarité dans un sévère internat...), telle une source d'émerveillement dans la lutte. Le style rugueux des illustrations au trait noir crée une juste distance avec les personnages, le lecteur ne verse ainsi ni dans le regard sociologique condescendant, ni dans une artificielle complicité, davantage dans une bienveillante mais froide compassion. Un beau récit austère et un traitement graphique en harmonie.
Picsou - Le Dragon de Glasgow
Une aventure rondement menée et fort sympathique. Ça ne révolutionnera pas grand chose mais j’ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans les aventures de ce héros, et ce de si belle manière. Le dessinateur ne m’avait pas autant enthousiasmé sur sa version de Mickey, ici pas grand chose à redire. On perd en humour ou energie pour gagner en ambiance et lisibilité, ça passe bien mieux. Le scénariste à la bonne idée de placer notre avare préféré dans ses jeunes années et sur sa terre natale. Il nous concocte une aventure tous publics, certes sans réelles surprises pour les plus aguerris mais pas dénué d’intérêt ou d’une certaine émotion. Rien de foncièrement fou mais bien exécuté et mignon. 3,5
Don Juan des Flots
Flot est une cité-état isolée sur une île, encerclée par une barrière d'orage. Son protecteur, l'immortel Comendador, avait su unifier son peuple en accordant des pouvoirs magiques à ceux qui le souhaitaient, en échange de handicaps physiques. Mais depuis sa disparition, les habitants sont livrés à eux-mêmes. Un mystérieux justicier est toutefois apparu dans les rues : Don Juan, beau parleur, séducteur, fin bretteur, et surtout étonnamment doté de pouvoirs sans visiblement avoir payé de prix en retour. Une anomalie qui intrigue fortement la belle Doña Laura, dont l'organisation veille à sa manière sur la cité. Même si le récit reprend de nombreux éléments du célèbre Don Juan de Molière, il s'agit ici d'un pur récit de fantasy, dans une cité-état qui n'est pas sans rappeler la Ciudalia de Jaworski, baignée dans une ambiance de cape et d'épée, de magie et de créatures surnaturelles. Don Juan y campe un héros flamboyant, charmeur et chanceux, qui terrasse les méchants, sauve les demoiselles et les conquiert d'un sourire. Il se retrouve bientôt engagé par Laura pour l'aider à capturer un tueur en série, mais ce n'est que le point de départ d'une intrigue plus vaste, car la ville comme le héros cachent de nombreux secrets. Au dessin, Rebecca Morse, déjà remarquée avec Dragon & Poisons (là aussi aux côtés d'Isabelle Bauthian), livre un travail de grande qualité. Les décors sont foisonnants, les personnages expressifs et variés, et les planches séduisent d'emblée. L'album attire l'œil et donne envie de se plonger dans l'univers. Quant au scénario, je lui accorde une note d'encouragement. Ce premier tome déborde d'idées, de personnages intéressants et de potentiel, mais il souffre de deux faiblesses notables. D'abord, un manque de contextualisation : le lecteur est jeté dans Flot sans repères, comme s'il devait déjà en connaître tous les codes. Même après un tome dense, bien des zones restent floues, notamment les origines de la ville ou la nature du Comendador. Une simple page introductive aurait grandement aidé. Ensuite, le rythme est parfois échevelé, notamment à cause du débit de paroles du héros. Certes, c'est dans la nature du personnage de séduire par les mots, mais cela finit par entraver la lecture, surtout quand on ne saisit pas toujours les sous-entendus, faute de contexte. Malgré cela, la révélation finale relance vivement l'intérêt. Le potentiel est bien là, et l'on espère qu'une fois la trilogie complète, elle formera un ensemble cohérent et surtout plus limpide pour le lecteur.
The New World
Il m'aura suffi de voir le nom de Tradd Moore sur la couverture pour repartir avec ce comics. Nous sommes en 2037 et après cinq explosions nucléaires sur le territoire des États-Unis, le pays se retrouve divisé en quatre États indépendants. Du post-apocalyptique pas vraiment innovant, mais l'univers créé par Alès Kot est très imaginatif. Je vais commencer par les personnages principaux. Stella Maris est la petite fille du président de la Nouvelle Californie. Elle est aussi une super-flic qui participe à une émission de télé-réalité où elle doit traquer un criminel, puis attendre le vote du public pour exécuter la sentence : épargner ou supprimer. Kirby Shakaku Miyazaki est un spécialiste en informatique et un dissident, il est opposé au pouvoir en place qui manipule le peuple. Nos deux protagonistes vont se rencontrer pendant une fête illégale et leurs destins vont être liés. Cette satire politique sur un ton décalé est très bien réalisée. Un ton dur et brutal contrebalancé par un humour léger où le chat rondouillard de Stella en est la cause principale. Une narration maîtrisée qui prend le temps de planter le décor, de découvrir les personnages et d'accélérer le rythme lorsque c'est nécessaire. Il est aussi question d'un mur dans cette histoire et il ne peut faire penser qu'à celui entre les États-Unis et le Mexique. Un excellent récit d'anticipation avec l'amour en toile de fond. Une lecture très agréable qui doit énormément à la partie graphique. J'adore le style tout en rondeur de Tradd Moore presque caricatural et élastique. Il déforme beaucoup moins les corps des personnages que sur Doctor Strange - Fall Sunrise ou sur Silver Surfer - Black, par contre ce n'est pas le cas des visages. Un énorme travail sur l'inventivité des décors, des costumes et de la mise en page. Les couleurs de son épouse Heater donnent ce côté psychédélique et acidulé au récit. Un régal ! Une œuvre baroque, elle est une belle porte d'entrée pour découvrir Tradd Moore. Je ne sais pas si les auteurs ont choisi le nom de Kirby Shakaku Miyazaki par hasard ou pas. On y retrouve deux noms d'artistes célèbres, l'un dans le comics et l'autre dans le manga. J'y vois un clin d'œil aux univers des deux auteurs.
Thorgal Saga - De givre et de feu
J'ai eu un peu peur en découvrant l'incipit de cet album : Thorgal sur une barque essayant de rejoindre Aaricia et ses enfants tel Ulysse tentant de rejoindre Pénélope, cela sentait le déjà vu. Pourtant, même sans rejoindre la superbe version de Robin Recht (Thorgal Saga - Adieu Aaricia), le scénario signé Djian et Legrand est pas mal du tout. D'une trame assez classique, les auteurs ménagent tout de même des surprises avec comme par exemple la nouvelle gardienne des clefs. Je dois préciser que j'ai lu cet album dans la version dite prestige, en noir et blanc, qui met parfaitement en valeur le dessin d'Etien. Certes, nous aurions pu croire que cette édition noir et blanc ne fasse pas assez ressortir le combat du feu et du givre,mais il n'en est rien. Et, j'ai pourtant parcouru la version couleur en librairie, et elle ne m'avait guère convaincu. Cette série "Thorgal saga" continue de me séduire (même si j'avais trouvé Thorgal Saga - Wendigo l'album le plus plus faible de cette série)
Un père
Nous avions tous été amusé à la lecture d'Extases, très ému avec Le Petit Frère et là Jean Louis Tripp continue de nous attendrir avec "Un père". L'auteur nous replonge dans les années de son enfance avec un père instituteur, et communiste. Nous voyageons avec Jean Louis Tripp dans les années de militantisme de son père avec la vente de" l'huma", les vacances en Allemagne de l'Est (RDA) ou en Roumanie . Mais l’antifascisme de son père avait tout de même des limites, car cela ne l'empêchait pas d'aller faire le plein d'essence, très avantageux, dans l'Espagne Franquiste ! Pour les plus âgés d'entre-nous, certaines situations nous font encore écho, comme les vacances au camping, les voyages en 2 CV (qui donnent lieu à des scènes cocasses), bref je me suis reconnu dans bien des souvenirs de Jean Louis Tripp. Mais au delà de cela, l'auteur nous dresse un formidable portrait de son père, parfois à charge, parfois à décharge. "Il n'y a pas de bon père, c'est la règle "écrit Sartre, ce à quoi Jean d'Ormesson répliquera plus tard dans "Au revoir et merci", "le mien était l'exception". C'est tout à fait ce qui ressort de cette lecture. Le père de Jean Louis Tripp était hors norme, et l'auteur découvre, en fin de ce récit, avoir eu le privilège à ne pas avoir eu à partager ce père, si imparfait et souvent de mauvaise foi, avec ses frères et sa sœur,au moment où il était encore le fils unique. Un album que j'ai lu d'une traite, malgré ses 360 pages, et qui a le mérite de faire réfléchir le lecteur sur sa propre expérience de fils/père. Une nouvelle réussite de Jean Louis Tripp, un album souvent drôle, émouvant et poignant vers la fin. Bravo à l'auteur.