Merci aux précédent(e)s posteuses et teurs qui ont avisé cette BD sans qui je ne l'aurais probablement jamais ouverte (et Ro en particulier qui a posté son avis récemment). C'est une très bonne BD qui n'a pas fait de vague (ah ah), mais qui est très juste dans sa narration et les thèmes abordés.
Outre le fait qu'elle nous offre l'occasion de mettre le nez dans un sport totalement méconnu du grand public, l'aviron en l'occurrence, cette histoire nous plonge dans une période charnière de l'Histoire de l'Allemagne : la réunification. C'est d'autant plus intéressant que ce moment est abordé par le biais de la jeunesse, un âge où les relations sont plus directes, moins engoncées dans les conventions. Zelba adopte pour cela le ton juste, frais, sans chichi, étayé par un langage parfois assez fleuri. C'est vécu, ça se sent, et les souvenirs de l'autrice paraissent conserver leur spontanéité. L'ensemble ne manque pas d'humour, le rythme ne faiblit pas. L'ennui ne pointe jamais le bout de son nez une seule seconde. Plusieurs doubles pages en couleurs offrent un focus sur un éclairage particulier de l'affaire (un point de règlement, un aspect historique...), et c'est bien dosé, toujours a propos et dans le bon timing.
Plusieurs passages m'ont vraiment marqué. Je pense notamment à la découverte des nouveaux maillots de l'équipe nationale "réunifiée", et la présence de cet aigle qui ravive de bien mauvais souvenirs... Or des moments comme celui-là, il y en a beaucoup. Ils parsèment le récit en lui donnant toute sa saveur et sa densité. On y trouve une ribambelle de thèmes plus ou moins exploités, mais abordés sous un angle juste (condition féminine, a priori culturels, relations familiales, entre sœurs...). On sent que Zelba a quelque chose à dire et j'aime ça !
Et enfin, j'ai aimé la sincérité de l'autrice qui se dévoile de façon assez crue.
J'ai deux ou trois petites réserves. D'abord au sujet de la frangine de l'autrice. En effet, j'aurais bien aimé savoir ce qu'elle était devenue, connaitre son parcours à elle... Et puis aussi la toute dernière page qui est à mon sens vraiment abrupte. On pourrait avoir l'impression qu'il manque une ou deux pages. En l'état, la conclusion me parait un peu faiblarde, disons rapidement expédiée, si on la compare à l'ensemble.
Mais enfin je tatillonne. Cette BD est très bien et émerge nettement du lot pour toutes les raisons évoquées, et comme mes prédécesseuses et ceurs (en fait, il faudrait écrire 'prédécesseures' au féminin, mais c'est vraiment naze), je ne peux qu'en conseiller la lecture à mon tour.
3.5
Un bon one-shot fait par deux auteurs qui semblent être des débutants (du moins ils ont rien d'autre d'enregistré sur ce site) et c'est un bon départ !
Une vieille Anne Bonny dicte ses mémoires parce qu'elle veut rétablir la vérité. Comme au final on sait peu sur la vie de cette pirate, il y a beaucoup de mélanges entre la réalité et la fiction et c'est justement un des points forts de l'album parce qu'on met bien en avant que le peu de ce que l'on sait de Bonny est en fait romancé et que ça serait impossible de retracer fidèlement sa vie, on ne sait même pas la date de sa naissance et ce qu'elle a fait après avoir été graciée ! On voit ça non seulement dans des discussions entre Bonny et sa biographe improvisée, mais aussi entre deux historiens qui interrompent parfois le récit pour discuter. Il y a des réflexions intéressantes sur le travail d'historien, l'impossibilité d'être 100% objective et aussi comment les idées contemporaines influencent comment on voit le passé. J'ai bien aimé comment on montre la complexité de la personnalité d'Anne Bonny et de sa situation.
Le dessin est dynamique et agréable à l'œil. On dirait par moment un film d'animation.
Un 4 étoiles généreux pour faire plaisir à Gaston ;) et parce que j’ai passé un bon moment il faut l’avouer. J’ai du lire la moitié de la série parue à ce jour et j’aurais poursuivi ma lecture si j’avais eu les autres tomes sous le coude.
L’histoire possède un début assez hallucinant, un enfant humain vendu par ses parents et adopté par un démon, Bonjour le malaise d’entrée de jeu ?! mais on dépasse vite ce stade.
Ce n’est qu’une mise en situation pour développer une série déjantée, loufoque au ton assez crétin, l’humain devenant élève dans une école de démons. Il y a des impondérables au genre mais dans l’ensemble j’ai bien rigolé, une belle galerie de personnages (certain étant plus tête à claques que d’autres mais de bonnes réussites).
Je ne suis pas expert mais un manga plutôt bien fait, et bien plus fun que les My Hero Academia et consort.
3,5
MàJ (passage du tome 7 à 28) :
Une série qui m’a carrément conquis sur la longueur (et j’en redemande), je m’y surprend vraiment à rire à pleines dents. Je rejoins maintenant de bon cœur l’engouement de Gaston. Iruma a été ma petite dose de joie ces dernières semaines.
Pas bien profond, ça met le paquet sur les bons sentiments mais c’est tellement loufoque et attachant que ça m’est devenu du fun en barre.
Martha Jane Cannary est entrée dans la légende, son personnage ayant été maint fois parodié (voir ses apparitions dans Lucky Luke par exemple), utilisé comme un stéréotype des légendes de l’Ouest. Il faut dire qu’entre les déclarations légèrement affabulatrices de Martha Jane Cannary et l’utilisation de son personnage par les journaux pour en faire une sorte d’égérie à même d’attirer attention, migrants et argent dans cet Ouest plus crasseux et dangereux que les articles ne le laissaient paraitre, on a là les ingrédients d’une bonne histoire. Un personnage du film « L’homme qui tua Liberty Valance » affirmait : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ». Voilà une citation qui colle parfaitement à l’image que nous avons de « Calamity Jane ».
Les auteurs se sont amplement documentés, et ça se sent. Ils ont même continué à le faire jusqu’au bout (s’inspirant par exemple de la dernière biographie parue durant la rédaction du troisième tome). Toutes les sources connues ont été utilisées, et tout cela a bien été complété. Car il faut bien évidemment compléter les « trous » dans les informations connues, et aussi faire le tri parmi tout ce que Martha Jane Cannary a pu dire ou écrire.
Le résultat est vraiment intéressant et plaisant. Christian Perrissin a fait le choix de traiter cette biographie en trois épais volumes. Sans que jamais on ait l’impression d’un étirement artificiel. Surtout, cela a permis de développer les « décors » de la vie de Calamity Jane, et de proposer ainsi une sorte d’histoire de la conquête de l’Ouest. Un choix judicieux pour captiver le lecteur. Mais aussi parce que, par-delà les récits parfois exagérés ou imprécis de Calamity Jane, on est bien forcé de constater qu’elle a vécu dans cette zone frontière instable, côtoyant beaucoup des protagonistes principaux de sa transformation (Hickok bien sûr, mais aussi Custer, Buffalo Bill ou d’autres). Et cette « histoire de l’Ouest sauvage » se révèle ici intéressante.
Les auteurs ont aussi réussi à ne pas ensevelir Martha Jane sous sa légende, laissant poindre sa personnalité, jusqu’à la fin et la lecture d’extraits de certaines des lettres adressées à sa fille. Loin des caricatures et des articles de presse de l’époque, elle se révèle une femme assoiffée de liberté, qui a dû faire preuve de courage et de persévérance, dans une époque et en des lieux où la femme n’est pas franchement dotée de beaucoup de droits. Dans un univers d’hommes, loin des villes, de leurs lois et de leurs moeurs un petit peu plus policées, elle a tracé sa route d’une belle façon – devant pour cela sacrifier famille et amis (et quelques rêves ?).
Le dessin de Matthieu Blanchin a quand même bien changé et progressé depuis ses premiers albums. Son trait est irrégulier, assez brouillon. Mais le rendu général m’a plutôt plu. Son aspect débraillé colle très bien au récit, à l’instabilité de la « frontière », et à la personnalité de Calamity Jane.
Une biographie amoureuse réussie.
FolkLore, c'est le nom que donne ce monde animalier au voyage initiatique que chaque adolescent entreprend à un moment de sa vie. Ce rite les conduit à Babel, une ville où ils doivent passer le temps nécessaire pour trouver leur voie et comprendre ce qu'ils souhaitent faire de leur existence. Composée d'albums indépendants, la série suit de jeunes héros aux parcours variés, chacun découvrant à sa manière un visage différent de la ville et de ses habitants.
Il y a un petit côté Zootopia dans cette Babel cosmopolite où toutes les espèces animales cohabitent, et où les jeunes arrivent de leurs contrées, portés par l'espoir et une légère appréhension. Chaque tome étant confié à un dessinateur différent, l'ensemble bénéficie de styles graphiques et d'ambiances variés qui enrichissent l'univers.
Le premier récit suit une jeune panthère, héritière d'un royaume façon maharadja, qui rêve plutôt de devenir réparatrice de mécanismes en tous genres. Son père, bienveillant mais exigeant, lui pose un défi : prouver sa motivation et sa valeur avant qu'il accepte son choix de vie. Elle part donc à Babel pour suivre l'enseignement d'un maître dans ce domaine.
L'histoire est mignonne mais un peu trop douce et prévisible à mon goût. Le dessin évoque légèrement Disney, surtout dans les expressions félines, avec un trait lâché mais sûr. Les décors, parfois un peu dépouillés, offrent néanmoins un bon aperçu de Babel et de son atmosphère. L'héroïne peut agacer un peu au début par son comportement un peu puéril, mais elle gagne en maturité au fil des pages. La fin, très heureuse et sans réel obstacle, donne une vision idéalisée des relations humaines, mais ce n'est pas désagréable.
Le deuxième tome met en scène un jeune mi-renard mi-loup, fils d'artistes saltimbanques, qui décide d'utiliser son FolkLore pour partir à la rencontre de son grand-père, un bourgeois misanthrope ayant coupé les ponts avec sa fille.
Le dessin de Lionel Richerand est une vraie claque visuelle. Ses personnages ont des visages d'une expressivité extrême, avec des yeux écarquillés, des gueules parfois presque inquiétantes. C'est surprenant au début, mais j'ai rapidement été conquis, d'autant que la mise en couleur est superbe. De nombreux clins d'œil à Miyazaki enrichissent encore ce style déjà très affirmé.
L'intrigue, elle, est un peu plus élaborée que celle du premier tome et réserve quelques surprises. La fin est à nouveau positive, mais cette fois plus nuancée et moins convenue.
Ce ne sont pas les scénarios qui m'ont le plus emballé, mais j'aime beaucoup cette idée de suivre des récits initiatiques à travers les regards de différents jeunes personnages, et de découvrir ainsi les multiples facettes de Babel. Et le style graphique très personnel de Lionel Richerand a achevé de me convaincre d'apprécier cette série.
Quand je lis les avis précédents , je me rends compte que cette série est clivante. A mes yeux cela fait une partie de son charme. L'autre partie du charme est un scénario que j'ai vraiment trouvé original et bien construit. Toute la narration est centrée sur un personnage assez détestable que l'on ne voit jamais. Ce sont son fils et sa très jeune amante ( 40 ans de différence) qui vont petit à petit découvrir une personnalité kaléidoscope d'un père/amant aux multiples vies. Rutu Modan inscrit son récit dans une ambiance de banalisation des attentats que vit la population d'Israël. C'est souvent cynique comme pour l'épisode de l'institut médico-légal et parfois drôle. La progression de la relation Kobi-Nomi qui va de pair avec les révélations sur Gabriel(le père) dans une sorte de triangle amoureux bancal est très finement proposée par l'auteur. Dans un récit où l'action est quasi inexistante ce qui est un premier paradoxe pour la région, et où la recherche tourne vite en rond, Modan crée une tension à travers les dialogues de Nomi et de Kobi qui relègue l'intérêt pour l'enquête principale au second plan bien qu'elle ressurgisse comme un serpent de mer qui intrigue. En ce sens le final doublement imprévu conclut ou pas un récit qui est resté ouvert tout du long.
En fait derrière un aspect simpliste j'ai trouvé ce récit d'une belle intelligence.
Le graphisme va dans le même sens d'un certain trompe l'œil. L'aspect ligne claire est presque enfantin. Il y a peu de mouvement générer par des actions violentes et pourtant j'ai trouvé la narration visuelle dynamique et très expressive dans cette ambiance de non-dits où les attitudes corporelles sont le principal langage.
Je pousse un peu ma note mais c'est une lecture qui m'a parlé.
C'est avec un réel plaisir que j'ai lu ce manga atypique de Jiro Tanigushi. Le scénario conçu par le M.A.T en 1984 est dans la droite ligne des œuvres d'aventure fiction qui cartonnaient au début des 80's. Le récit nous plonge dans un univers à la Rambo en reprenant fidèlement tous les codes imposés. Seule la présence du chien Little John donne une touche d'originalité bienvenue pour pimenter la narration. Quarante années plus tard je ne sais pas si un-e jeune lecteur-trice peut goûter le sel contextuel du récit. En 1980 la guerre froide atteint un nouveau pic (guerre en Afghanistan, boycott des jeux de Moscou puis de L.A).Les révolutions d'Amérique centrales ont le vent en poupe et déstabilisent fortement les USA. Jimmy Carter a subi un affront en Iran et les séquelles morales de la guerre du Vietnam sont encore douloureuses. Dans les pas de Rambo, Enemigo travaille à la résurgence du soldat héros du Vietnam, franc tireur et justicier. C'est quand même très intéressant qu'un studio japonais s'approprie cette thématique. Le scénario renvoie dos à dos les révolutionnaires marxistes et les contras dans l'utilisation de la violence. Le rôle de la C.I.A ou des financements occultes américains sont traités à la marge d'une façon très soft. Un autre point fondamental qui m'a beaucoup intéressé est la non-vision écologique qui soutient le récit. En effet le gentil président du groupe Seshimo se trouve sur place pour collaborer avec le gouvernement à un projet qui vise le progrès et le bien être de la population locale: le déboisement de milliers d'hectares de la forêt hostile et improductive pour y planter des champs de céréales ( au grand dam de la bourse de Chicago). Dix ans plus tard, c'est la Cop de Rio et aujourd'hui plus aucun auteur ne proposerait un tel projet dans le camp des gentils. J'adore ce type de récit qui montre comment les paradigmes et les priorités ( de bonne foi) peuvent changer si vite à notre époque.
Enfin je retrouve le dessin très fin et élégant du maître Tanigushi. Un graphisme qui se rapproche beaucoup d'une façon européenne de traiter les personnages ou les contrastes du N&B. Les personnages ne ressemblent pas tous à des ados androgynes, nul besoin de SD pour rendre les expressions variées et le soin des détails pour les extérieurs donne un visuel d'une grande maitrise.
Je pousse un peu ma note mais j'ai trouvé une belle richesse de réflexion sur des thématiques qui ont bien évoluées en quarante ans.
Quel concept original ! C'est la première fois que je lis un ouvrage qui se lit indépendamment dans les deux sens et dont les histoires se rejoignent. Malheureusement, je rejoins un peu l'avis d'Emka, quelques défauts subsistent malgré tout.
Tout d'abord du point de vue visuel, il faut saluer la qualité de ce premier ouvrage d'Aurélien Lozes (qui aura tout de même mis la bagatelle de 10 ans pour le sortir) avec une tranche toilée et deux couvertures en noir et blanc du plus bel effet. Il aurait toutefois gagné selon moi à avoir un papier mat plus en phase avec le dessin au stylo en noir & blanc plutôt qu'un papier brillant, mais c'est affaire de goût...
Les visages animaliers des personnages, à la manière d'un Blacksad, sont vraiment magnifiques et très diversifiés mais j'ai trouvé dommage que le reste de leurs corps ne soient pas plus raccords avec l'espèce animalière. C'est ainsi un peu bizarre que des personnages à plumes ou reptiliens aient des mains glabres ou blanches. Par ailleurs, les personnages ont tous la même corpulence... Au niveau des mouvements, on sent également qu'il s'agit du premier ouvrage de l'auteur, certains personnages ayant des poses peu naturelles.
En ce qui concerne l'histoire, on a affaire ici à une enquête sombre et violente, l'auteur ne ménageant pas ses héros... La scénographie est vraiment très astucieuse avec ses effets de miroir entre les deux histoires. J'ai par exemple apprécié la description du meurtre d'un personnage à travers les yeux d'un autre personnage caché au sol. Très original.
Côté bémol, j'ai en revanche été un peu désorienté par les changements d'époque en cours du récit (mai 68/Guerre 39-45, commune, etc), n'ayant pas compris réellement quel était le but recherché par l'auteur ? Un parallèle avec les deux histoires qui se déroulent dans un espace temps différent puis finissent par se croiser ? De plus, on ne peut pas nier qu'en débutant l'histoire du côté du bouquetin, ça fonctionne tout de même mieux.
Malgré tout, l'objectif recherché par l'auteur est atteint puisqu'après avoir lu les deux côté du livre, on se prend à reparcourir l'histoire pour tenter de comprendre comment l'ensemble des événements s'enchainent ou pour identifier les éventuelles incohérences.
Une première œuvre originale et pleine de promesse pour la suite, si Aurélien Lozes se prend à vouloir se lancer dans un nouveau projet!
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8,5/10
NOTE GLOBALE : 16,5/20
Une version originale et touchante de Spider-Man. On suit Yu, un lycéen timide et mal dans sa peau, qui se retrouve propulsé dans le rôle du célèbre héros après avoir trouvé son costume. Ce n’est pas un simple copier-coller de Peter Parker : le manga propose une vraie réflexion sur la peur de ne pas être à la hauteur, l’envie de bien faire, et le poids d’un symbole.
Le dessin est propre, expressif, et l’histoire bien rythmée. C’est un bon mélange entre introspection et action. Pas besoin de tout connaître sur l’univers Marvel pour apprécier : c’est une belle porte d’entrée pour les novices comme pour les fans de longue date.
Déjanté !
Jasper Jubenvill est un jeune auteur d'une vingtaine d'années, il vit à Vancouver au Canada. Ce comics est le quatrième numéro des aventures de Dynamite Diva, les trois premiers numéros d'une trentaine de pages ont été publié dans un fanzine et celui-ci a été auto-édité, et c'est cet opus que les éditions Ici Même nous propose dans ce magnifique album. Un one shot se suffisant à lui-même.
Comme le souligne la première planche, une lecture pour un public averti, un récit inclassable, très très violent avec quelques scènes pornographiques sur fond de thriller.
L'histoire se déroule dans l'après guerre, le personnage central est Dynamique Diva, c'est une femme libérée, indépendante, pulpeuse et n'ayant pas froid aux yeux. Elle va se mettre à la recherche d'un serial killer, qui a assassiné une amie, en parallèle de l'enquête policière. De nombreux personnages, ils seront, chacun dans son rôle, à la limite du stéréotype et très bien campés. J'ai particulièrement aimé l'inspecteur Archie, il est homophobe, raciste et misogyne, et devra faire équipe avec une profileuse asiatique lesbienne. Détestable à souhait ! Et évidemment notre tueur en série qui se promène au volant de son taxi en slip et talon aiguille, tout en obéissant à la voix diabolique qui lui dicte ses actes. Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue.
Un récit au ton décalé, malaisant et trash, et aux nombreuses références, comment ne pas penser à Betty Boop, la ressemblance physique avec Dynamite Diva est frappante, son cache-œil et l'automobile tueuse à deux films de Tarantino, une verge en érection avec une tête de serpent à la place du gland à la bible, et bien d'autres encore. La conclusion cathartique est un excellent contre poids à tout le déchaînement de violence qui s'est abattu précédemment.
Une lecture qui demande de la concentration, c'est dense et les sauts temporels tombent comme un cheveux dans la soupe. Une BD qui pousse à la réflexion si on prend le recul nécessaire.
La partie graphique est sombre comme l'intrigue. Un noir et blanc dominé par le noir dans un style très underground. La mise en page alterne des planches sous la forme de gaufrier, mais le grand format permet de ne pas perdre en lisibilité, et d'autres plus aérées (mais moins nombreuses).
Quelques pages viennent régulièrement couper le récit avec de fausses publicités (dessins ou photos) sur le personnage de Dynamite Diva. Une autre référence...
Du très bon boulot.
Après le récit principal, un épilogue (Mère ! Mothra !) esquissant une suite possible.
Je ne suis pas forcément un adepte du underground, mais pour le coup j'ai bien apprécié.
Un album qui ne fera pas l'unanimité.
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Merci aux précédent(e)s posteuses et teurs qui ont avisé cette BD sans qui je ne l'aurais probablement jamais ouverte (et Ro en particulier qui a posté son avis récemment). C'est une très bonne BD qui n'a pas fait de vague (ah ah), mais qui est très juste dans sa narration et les thèmes abordés. Outre le fait qu'elle nous offre l'occasion de mettre le nez dans un sport totalement méconnu du grand public, l'aviron en l'occurrence, cette histoire nous plonge dans une période charnière de l'Histoire de l'Allemagne : la réunification. C'est d'autant plus intéressant que ce moment est abordé par le biais de la jeunesse, un âge où les relations sont plus directes, moins engoncées dans les conventions. Zelba adopte pour cela le ton juste, frais, sans chichi, étayé par un langage parfois assez fleuri. C'est vécu, ça se sent, et les souvenirs de l'autrice paraissent conserver leur spontanéité. L'ensemble ne manque pas d'humour, le rythme ne faiblit pas. L'ennui ne pointe jamais le bout de son nez une seule seconde. Plusieurs doubles pages en couleurs offrent un focus sur un éclairage particulier de l'affaire (un point de règlement, un aspect historique...), et c'est bien dosé, toujours a propos et dans le bon timing. Plusieurs passages m'ont vraiment marqué. Je pense notamment à la découverte des nouveaux maillots de l'équipe nationale "réunifiée", et la présence de cet aigle qui ravive de bien mauvais souvenirs... Or des moments comme celui-là, il y en a beaucoup. Ils parsèment le récit en lui donnant toute sa saveur et sa densité. On y trouve une ribambelle de thèmes plus ou moins exploités, mais abordés sous un angle juste (condition féminine, a priori culturels, relations familiales, entre sœurs...). On sent que Zelba a quelque chose à dire et j'aime ça ! Et enfin, j'ai aimé la sincérité de l'autrice qui se dévoile de façon assez crue. J'ai deux ou trois petites réserves. D'abord au sujet de la frangine de l'autrice. En effet, j'aurais bien aimé savoir ce qu'elle était devenue, connaitre son parcours à elle... Et puis aussi la toute dernière page qui est à mon sens vraiment abrupte. On pourrait avoir l'impression qu'il manque une ou deux pages. En l'état, la conclusion me parait un peu faiblarde, disons rapidement expédiée, si on la compare à l'ensemble. Mais enfin je tatillonne. Cette BD est très bien et émerge nettement du lot pour toutes les raisons évoquées, et comme mes prédécesseuses et ceurs (en fait, il faudrait écrire 'prédécesseures' au féminin, mais c'est vraiment naze), je ne peux qu'en conseiller la lecture à mon tour.
La Dernière Nuit d'Anne Bonny
3.5 Un bon one-shot fait par deux auteurs qui semblent être des débutants (du moins ils ont rien d'autre d'enregistré sur ce site) et c'est un bon départ ! Une vieille Anne Bonny dicte ses mémoires parce qu'elle veut rétablir la vérité. Comme au final on sait peu sur la vie de cette pirate, il y a beaucoup de mélanges entre la réalité et la fiction et c'est justement un des points forts de l'album parce qu'on met bien en avant que le peu de ce que l'on sait de Bonny est en fait romancé et que ça serait impossible de retracer fidèlement sa vie, on ne sait même pas la date de sa naissance et ce qu'elle a fait après avoir été graciée ! On voit ça non seulement dans des discussions entre Bonny et sa biographe improvisée, mais aussi entre deux historiens qui interrompent parfois le récit pour discuter. Il y a des réflexions intéressantes sur le travail d'historien, l'impossibilité d'être 100% objective et aussi comment les idées contemporaines influencent comment on voit le passé. J'ai bien aimé comment on montre la complexité de la personnalité d'Anne Bonny et de sa situation. Le dessin est dynamique et agréable à l'œil. On dirait par moment un film d'animation.
Iruma à l'école des démons
Un 4 étoiles généreux pour faire plaisir à Gaston ;) et parce que j’ai passé un bon moment il faut l’avouer. J’ai du lire la moitié de la série parue à ce jour et j’aurais poursuivi ma lecture si j’avais eu les autres tomes sous le coude. L’histoire possède un début assez hallucinant, un enfant humain vendu par ses parents et adopté par un démon, Bonjour le malaise d’entrée de jeu ?! mais on dépasse vite ce stade. Ce n’est qu’une mise en situation pour développer une série déjantée, loufoque au ton assez crétin, l’humain devenant élève dans une école de démons. Il y a des impondérables au genre mais dans l’ensemble j’ai bien rigolé, une belle galerie de personnages (certain étant plus tête à claques que d’autres mais de bonnes réussites). Je ne suis pas expert mais un manga plutôt bien fait, et bien plus fun que les My Hero Academia et consort. 3,5 MàJ (passage du tome 7 à 28) : Une série qui m’a carrément conquis sur la longueur (et j’en redemande), je m’y surprend vraiment à rire à pleines dents. Je rejoins maintenant de bon cœur l’engouement de Gaston. Iruma a été ma petite dose de joie ces dernières semaines. Pas bien profond, ça met le paquet sur les bons sentiments mais c’est tellement loufoque et attachant que ça m’est devenu du fun en barre.
Martha Jane Cannary
Martha Jane Cannary est entrée dans la légende, son personnage ayant été maint fois parodié (voir ses apparitions dans Lucky Luke par exemple), utilisé comme un stéréotype des légendes de l’Ouest. Il faut dire qu’entre les déclarations légèrement affabulatrices de Martha Jane Cannary et l’utilisation de son personnage par les journaux pour en faire une sorte d’égérie à même d’attirer attention, migrants et argent dans cet Ouest plus crasseux et dangereux que les articles ne le laissaient paraitre, on a là les ingrédients d’une bonne histoire. Un personnage du film « L’homme qui tua Liberty Valance » affirmait : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ». Voilà une citation qui colle parfaitement à l’image que nous avons de « Calamity Jane ». Les auteurs se sont amplement documentés, et ça se sent. Ils ont même continué à le faire jusqu’au bout (s’inspirant par exemple de la dernière biographie parue durant la rédaction du troisième tome). Toutes les sources connues ont été utilisées, et tout cela a bien été complété. Car il faut bien évidemment compléter les « trous » dans les informations connues, et aussi faire le tri parmi tout ce que Martha Jane Cannary a pu dire ou écrire. Le résultat est vraiment intéressant et plaisant. Christian Perrissin a fait le choix de traiter cette biographie en trois épais volumes. Sans que jamais on ait l’impression d’un étirement artificiel. Surtout, cela a permis de développer les « décors » de la vie de Calamity Jane, et de proposer ainsi une sorte d’histoire de la conquête de l’Ouest. Un choix judicieux pour captiver le lecteur. Mais aussi parce que, par-delà les récits parfois exagérés ou imprécis de Calamity Jane, on est bien forcé de constater qu’elle a vécu dans cette zone frontière instable, côtoyant beaucoup des protagonistes principaux de sa transformation (Hickok bien sûr, mais aussi Custer, Buffalo Bill ou d’autres). Et cette « histoire de l’Ouest sauvage » se révèle ici intéressante. Les auteurs ont aussi réussi à ne pas ensevelir Martha Jane sous sa légende, laissant poindre sa personnalité, jusqu’à la fin et la lecture d’extraits de certaines des lettres adressées à sa fille. Loin des caricatures et des articles de presse de l’époque, elle se révèle une femme assoiffée de liberté, qui a dû faire preuve de courage et de persévérance, dans une époque et en des lieux où la femme n’est pas franchement dotée de beaucoup de droits. Dans un univers d’hommes, loin des villes, de leurs lois et de leurs moeurs un petit peu plus policées, elle a tracé sa route d’une belle façon – devant pour cela sacrifier famille et amis (et quelques rêves ?). Le dessin de Matthieu Blanchin a quand même bien changé et progressé depuis ses premiers albums. Son trait est irrégulier, assez brouillon. Mais le rendu général m’a plutôt plu. Son aspect débraillé colle très bien au récit, à l’instabilité de la « frontière », et à la personnalité de Calamity Jane. Une biographie amoureuse réussie.
FolkLore
FolkLore, c'est le nom que donne ce monde animalier au voyage initiatique que chaque adolescent entreprend à un moment de sa vie. Ce rite les conduit à Babel, une ville où ils doivent passer le temps nécessaire pour trouver leur voie et comprendre ce qu'ils souhaitent faire de leur existence. Composée d'albums indépendants, la série suit de jeunes héros aux parcours variés, chacun découvrant à sa manière un visage différent de la ville et de ses habitants. Il y a un petit côté Zootopia dans cette Babel cosmopolite où toutes les espèces animales cohabitent, et où les jeunes arrivent de leurs contrées, portés par l'espoir et une légère appréhension. Chaque tome étant confié à un dessinateur différent, l'ensemble bénéficie de styles graphiques et d'ambiances variés qui enrichissent l'univers. Le premier récit suit une jeune panthère, héritière d'un royaume façon maharadja, qui rêve plutôt de devenir réparatrice de mécanismes en tous genres. Son père, bienveillant mais exigeant, lui pose un défi : prouver sa motivation et sa valeur avant qu'il accepte son choix de vie. Elle part donc à Babel pour suivre l'enseignement d'un maître dans ce domaine. L'histoire est mignonne mais un peu trop douce et prévisible à mon goût. Le dessin évoque légèrement Disney, surtout dans les expressions félines, avec un trait lâché mais sûr. Les décors, parfois un peu dépouillés, offrent néanmoins un bon aperçu de Babel et de son atmosphère. L'héroïne peut agacer un peu au début par son comportement un peu puéril, mais elle gagne en maturité au fil des pages. La fin, très heureuse et sans réel obstacle, donne une vision idéalisée des relations humaines, mais ce n'est pas désagréable. Le deuxième tome met en scène un jeune mi-renard mi-loup, fils d'artistes saltimbanques, qui décide d'utiliser son FolkLore pour partir à la rencontre de son grand-père, un bourgeois misanthrope ayant coupé les ponts avec sa fille. Le dessin de Lionel Richerand est une vraie claque visuelle. Ses personnages ont des visages d'une expressivité extrême, avec des yeux écarquillés, des gueules parfois presque inquiétantes. C'est surprenant au début, mais j'ai rapidement été conquis, d'autant que la mise en couleur est superbe. De nombreux clins d'œil à Miyazaki enrichissent encore ce style déjà très affirmé. L'intrigue, elle, est un peu plus élaborée que celle du premier tome et réserve quelques surprises. La fin est à nouveau positive, mais cette fois plus nuancée et moins convenue. Ce ne sont pas les scénarios qui m'ont le plus emballé, mais j'aime beaucoup cette idée de suivre des récits initiatiques à travers les regards de différents jeunes personnages, et de découvrir ainsi les multiples facettes de Babel. Et le style graphique très personnel de Lionel Richerand a achevé de me convaincre d'apprécier cette série.
Exit Wounds
Quand je lis les avis précédents , je me rends compte que cette série est clivante. A mes yeux cela fait une partie de son charme. L'autre partie du charme est un scénario que j'ai vraiment trouvé original et bien construit. Toute la narration est centrée sur un personnage assez détestable que l'on ne voit jamais. Ce sont son fils et sa très jeune amante ( 40 ans de différence) qui vont petit à petit découvrir une personnalité kaléidoscope d'un père/amant aux multiples vies. Rutu Modan inscrit son récit dans une ambiance de banalisation des attentats que vit la population d'Israël. C'est souvent cynique comme pour l'épisode de l'institut médico-légal et parfois drôle. La progression de la relation Kobi-Nomi qui va de pair avec les révélations sur Gabriel(le père) dans une sorte de triangle amoureux bancal est très finement proposée par l'auteur. Dans un récit où l'action est quasi inexistante ce qui est un premier paradoxe pour la région, et où la recherche tourne vite en rond, Modan crée une tension à travers les dialogues de Nomi et de Kobi qui relègue l'intérêt pour l'enquête principale au second plan bien qu'elle ressurgisse comme un serpent de mer qui intrigue. En ce sens le final doublement imprévu conclut ou pas un récit qui est resté ouvert tout du long. En fait derrière un aspect simpliste j'ai trouvé ce récit d'une belle intelligence. Le graphisme va dans le même sens d'un certain trompe l'œil. L'aspect ligne claire est presque enfantin. Il y a peu de mouvement générer par des actions violentes et pourtant j'ai trouvé la narration visuelle dynamique et très expressive dans cette ambiance de non-dits où les attitudes corporelles sont le principal langage. Je pousse un peu ma note mais c'est une lecture qui m'a parlé.
Enemigo
C'est avec un réel plaisir que j'ai lu ce manga atypique de Jiro Tanigushi. Le scénario conçu par le M.A.T en 1984 est dans la droite ligne des œuvres d'aventure fiction qui cartonnaient au début des 80's. Le récit nous plonge dans un univers à la Rambo en reprenant fidèlement tous les codes imposés. Seule la présence du chien Little John donne une touche d'originalité bienvenue pour pimenter la narration. Quarante années plus tard je ne sais pas si un-e jeune lecteur-trice peut goûter le sel contextuel du récit. En 1980 la guerre froide atteint un nouveau pic (guerre en Afghanistan, boycott des jeux de Moscou puis de L.A).Les révolutions d'Amérique centrales ont le vent en poupe et déstabilisent fortement les USA. Jimmy Carter a subi un affront en Iran et les séquelles morales de la guerre du Vietnam sont encore douloureuses. Dans les pas de Rambo, Enemigo travaille à la résurgence du soldat héros du Vietnam, franc tireur et justicier. C'est quand même très intéressant qu'un studio japonais s'approprie cette thématique. Le scénario renvoie dos à dos les révolutionnaires marxistes et les contras dans l'utilisation de la violence. Le rôle de la C.I.A ou des financements occultes américains sont traités à la marge d'une façon très soft. Un autre point fondamental qui m'a beaucoup intéressé est la non-vision écologique qui soutient le récit. En effet le gentil président du groupe Seshimo se trouve sur place pour collaborer avec le gouvernement à un projet qui vise le progrès et le bien être de la population locale: le déboisement de milliers d'hectares de la forêt hostile et improductive pour y planter des champs de céréales ( au grand dam de la bourse de Chicago). Dix ans plus tard, c'est la Cop de Rio et aujourd'hui plus aucun auteur ne proposerait un tel projet dans le camp des gentils. J'adore ce type de récit qui montre comment les paradigmes et les priorités ( de bonne foi) peuvent changer si vite à notre époque. Enfin je retrouve le dessin très fin et élégant du maître Tanigushi. Un graphisme qui se rapproche beaucoup d'une façon européenne de traiter les personnages ou les contrastes du N&B. Les personnages ne ressemblent pas tous à des ados androgynes, nul besoin de SD pour rendre les expressions variées et le soin des détails pour les extérieurs donne un visuel d'une grande maitrise. Je pousse un peu ma note mais j'ai trouvé une belle richesse de réflexion sur des thématiques qui ont bien évoluées en quarante ans.
L'Orfèvre (Lozes)
Quel concept original ! C'est la première fois que je lis un ouvrage qui se lit indépendamment dans les deux sens et dont les histoires se rejoignent. Malheureusement, je rejoins un peu l'avis d'Emka, quelques défauts subsistent malgré tout. Tout d'abord du point de vue visuel, il faut saluer la qualité de ce premier ouvrage d'Aurélien Lozes (qui aura tout de même mis la bagatelle de 10 ans pour le sortir) avec une tranche toilée et deux couvertures en noir et blanc du plus bel effet. Il aurait toutefois gagné selon moi à avoir un papier mat plus en phase avec le dessin au stylo en noir & blanc plutôt qu'un papier brillant, mais c'est affaire de goût... Les visages animaliers des personnages, à la manière d'un Blacksad, sont vraiment magnifiques et très diversifiés mais j'ai trouvé dommage que le reste de leurs corps ne soient pas plus raccords avec l'espèce animalière. C'est ainsi un peu bizarre que des personnages à plumes ou reptiliens aient des mains glabres ou blanches. Par ailleurs, les personnages ont tous la même corpulence... Au niveau des mouvements, on sent également qu'il s'agit du premier ouvrage de l'auteur, certains personnages ayant des poses peu naturelles. En ce qui concerne l'histoire, on a affaire ici à une enquête sombre et violente, l'auteur ne ménageant pas ses héros... La scénographie est vraiment très astucieuse avec ses effets de miroir entre les deux histoires. J'ai par exemple apprécié la description du meurtre d'un personnage à travers les yeux d'un autre personnage caché au sol. Très original. Côté bémol, j'ai en revanche été un peu désorienté par les changements d'époque en cours du récit (mai 68/Guerre 39-45, commune, etc), n'ayant pas compris réellement quel était le but recherché par l'auteur ? Un parallèle avec les deux histoires qui se déroulent dans un espace temps différent puis finissent par se croiser ? De plus, on ne peut pas nier qu'en débutant l'histoire du côté du bouquetin, ça fonctionne tout de même mieux. Malgré tout, l'objectif recherché par l'auteur est atteint puisqu'après avoir lu les deux côté du livre, on se prend à reparcourir l'histoire pour tenter de comprendre comment l'ensemble des événements s'enchainent ou pour identifier les éventuelles incohérences. Une première œuvre originale et pleine de promesse pour la suite, si Aurélien Lozes se prend à vouloir se lancer dans un nouveau projet! SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8,5/10 NOTE GLOBALE : 16,5/20
Spider-Man - Fake Red
Une version originale et touchante de Spider-Man. On suit Yu, un lycéen timide et mal dans sa peau, qui se retrouve propulsé dans le rôle du célèbre héros après avoir trouvé son costume. Ce n’est pas un simple copier-coller de Peter Parker : le manga propose une vraie réflexion sur la peur de ne pas être à la hauteur, l’envie de bien faire, et le poids d’un symbole. Le dessin est propre, expressif, et l’histoire bien rythmée. C’est un bon mélange entre introspection et action. Pas besoin de tout connaître sur l’univers Marvel pour apprécier : c’est une belle porte d’entrée pour les novices comme pour les fans de longue date.
Dynamite Diva - Rumeur mécanique
Déjanté ! Jasper Jubenvill est un jeune auteur d'une vingtaine d'années, il vit à Vancouver au Canada. Ce comics est le quatrième numéro des aventures de Dynamite Diva, les trois premiers numéros d'une trentaine de pages ont été publié dans un fanzine et celui-ci a été auto-édité, et c'est cet opus que les éditions Ici Même nous propose dans ce magnifique album. Un one shot se suffisant à lui-même. Comme le souligne la première planche, une lecture pour un public averti, un récit inclassable, très très violent avec quelques scènes pornographiques sur fond de thriller. L'histoire se déroule dans l'après guerre, le personnage central est Dynamique Diva, c'est une femme libérée, indépendante, pulpeuse et n'ayant pas froid aux yeux. Elle va se mettre à la recherche d'un serial killer, qui a assassiné une amie, en parallèle de l'enquête policière. De nombreux personnages, ils seront, chacun dans son rôle, à la limite du stéréotype et très bien campés. J'ai particulièrement aimé l'inspecteur Archie, il est homophobe, raciste et misogyne, et devra faire équipe avec une profileuse asiatique lesbienne. Détestable à souhait ! Et évidemment notre tueur en série qui se promène au volant de son taxi en slip et talon aiguille, tout en obéissant à la voix diabolique qui lui dicte ses actes. Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue. Un récit au ton décalé, malaisant et trash, et aux nombreuses références, comment ne pas penser à Betty Boop, la ressemblance physique avec Dynamite Diva est frappante, son cache-œil et l'automobile tueuse à deux films de Tarantino, une verge en érection avec une tête de serpent à la place du gland à la bible, et bien d'autres encore. La conclusion cathartique est un excellent contre poids à tout le déchaînement de violence qui s'est abattu précédemment. Une lecture qui demande de la concentration, c'est dense et les sauts temporels tombent comme un cheveux dans la soupe. Une BD qui pousse à la réflexion si on prend le recul nécessaire. La partie graphique est sombre comme l'intrigue. Un noir et blanc dominé par le noir dans un style très underground. La mise en page alterne des planches sous la forme de gaufrier, mais le grand format permet de ne pas perdre en lisibilité, et d'autres plus aérées (mais moins nombreuses). Quelques pages viennent régulièrement couper le récit avec de fausses publicités (dessins ou photos) sur le personnage de Dynamite Diva. Une autre référence... Du très bon boulot. Après le récit principal, un épilogue (Mère ! Mothra !) esquissant une suite possible. Je ne suis pas forcément un adepte du underground, mais pour le coup j'ai bien apprécié. Un album qui ne fera pas l'unanimité.