Sur un sujet qui pourrait être douloureux, propice à exacerber un certain pathos, ou rébarbatif pour ceux qui n’ont jamais été concernés par des difficultés à avoir un enfant, je trouve que William Roy s’en sort plutôt bien, pour raconter une expérience qu’il a vécue avec sa femme.
Que ce soit les aspects techniques, scientifiques (jamais escamotés), ou tout ce qui concerne les aspects psychologiques (comment gérer, assumer cette « situation » face aux proches, voire face à soi-même), il rend son récit à la fois intéressant et captivant.
Grâce à un dessin simple et dynamique d’abord. Grâce à une narration agréable ensuite. Il pique le personnage du professeur Burp à Gotlib (ici rebaptisé professeur Beuaârr), ce qui lui permet de faire passer sur un ton humoristique certaines connaissances, en y ajoutant pas mal de loufoque et de vulgarité amusante. Mais rassurez-vous, ce professeur absurde n’a pas le monopole de la vulgarisation scientifique, développée dans de nombreuses planches, de façon didactique, cela passe très bien, dans des dialogues et des mises en situation du jeune couple.
Le récit est aussi aéré par pas mal d’à-côtés de la vie du futur père, mais aussi par des flash-backs (et ses rapports très tendus avec un père assez « froid »).
Une lecture instructive et agréable donc.
Véritable ode aux plaisirs de la table, ce récit autobiographique répond on ne peut mieux à la définition du carpe diem. Profite de l’instant présent, car tu ne sais pas ce que demain te réserve. Et demain pour l’autrice va prendre la forme d’un deuil dans un premier temps (celui de sa grand-mère, en partie responsable de sa passion pour la cuisine) et dans un deuxième temps celui plus effrayant encore d’un cancer du sein.
Aurélie Aurita se confie à nous tout au long du récit, nous faisant partager son expérience de vie, ses amitiés passionnées, ses réflexions sur l’amour, ses découvertes des coulisses et des plats de restaurants huppés, ses rencontres surtout !
Ses descriptions des mets qu’elle apprécie sont on ne peut plus sensuelles et des allusions claires aux plaisirs charnels sont faites. Ce n’est pas pour me déplaire et toujours fait avec une petite pointe d’humour qui enlève tout aspect graveleux aux propos mais c’est quand même assez culotté.
La sincérité avec laquelle elle nous parle de son cancer est touchante et instructive. Cette expérience ainsi décrite permet de démythifier la maladie sans en occulter les dangers (j’ai été spécialement marqué par le décès d’une de ses amies).
La mise en page est aérée, le dessin est expressif en diable quand bien même il ne serait pas toujours des plus précis. Les choix de couleurs, qui mettent en évidence certains éléments (aliment ?), focalisent notre attention sur ceux-ci. L’album se lit d’une traite et avec plaisir. C’est extrêmement positif alors même que l’ombre de la mort plane tout au long de la lecture.
Franchement bien ! Vraiment !
Un avis très positif à la sortie de cet album. Ducoudray et Dumontheuil ont pris leur pied à construire cette fable truculente qu'est "L'impudence des chiens". Il n'y a aucune vulgarité ni grossièreté, ce qui pouvait paraître compliqué au vu du sujet de base. Ducoudray se paye le luxe de manier le verbe en rime à la fois de manière cocasse pour public du 21ème siècle, tout en restant en nature à celui du 17ème, c'est vraiment bien fait, et très drôle malgré quelques longueurs.
Ce sujet exploité avec humour ne pouvait qu'être dessiné par Dumontheuil, encore une fois très juste dans les plans, les couleurs vives, les décors bien fournis. Encore une fois son graphisme dessert parfaitement l'absurdité du propos.
Un bon album, drôle, dialogues ciselés, d'une idée parfaitement exploitée.
Attention, on est là dans le patrimoine de la BD française, paru en 1923 ! Et ma foi, c’est une antiquité qui, je trouve, n’a pas tant vieilli que ça.
Il s’agit de saynètes humoristiques en une page et peu de vignettes, complètement muettes à l’exception du titre, et destinées à de tout jeunes enfants, nul besoin de la maîtrise de la lecture.
Même si les décors, costumes et situations sont sans doute quelque peu démodés, le côté purement visuel des gags devrait encore fonctionner sur les plus jeunes. Et personnellement, en tant que… on va dire moins jeune, je leur trouve un côté charmant.
Le dessin est rond et tout doux, les couleurs sont très douces également, chaque planche étant traitée dans une espèce de bichromie que je trouve paradoxalement assez moderne. En tout cas, c’est visuellement très harmonieux.
André Hellé était un des précurseurs de la bd, également illustrateur de livres jeunesse, mais également de livrets de musique d’opéra et de ballet (il a collaboré avec son ami Debussy), illustrateur satirique pour la presse adulte et… créateur de jouets en bois (pour lesquels il sera primé).
Avant d’être regroupées en album titré « films pour les tout-petits » par Garnier Frères, quelques unes de ces saynètes sont d’abord parues dans « Les petits bonshommes », une des premières revues socialistes pour la jeunesse populaire dans sa deuxième période (elle fut interrompue par la guerre et reprit en 1922). Une réédition sous un nouveau titre « Images drôlatiques » est parue en 1931.
C’est sous ce nouveau titre qu’un éditeur moderne les a enfin reprises et sorties de l’oubli, agrémentées d’une partie biographique de Hellé par Jean-Hugues Malineau.
Je n’ai eu en main aucune de ces éditions mais l’intégralité de l’édition d’origine est disponible, en tant qu’oeuvre tombée dans le domaine public, sur le merveilleux site Gallica de la BNF.
Cela dit, mon côté collectionnite m’oblige à avouer que je suis un peu tentée par cette édition moderne.
Quatre étoiles, pour le charme de ces planches et aussi pour le côté patrimonial et précurseur de cette bd qui visait les plus jeunes des plus jeunes.
Découverte lors la sortie de son deuxième tome, j’ai tout de suite succombé à ce petit univers.
Au 1er abord, un dessin simple que l’on pourrait qualifier de limite enfantin mais en dichotomie avec le ton déployé, les 2 s’associant parfaitement pour créer un juste équilibre à l’humour ni trop trash, ni trop gentillet.
Un chouette microcosme de créé, le tout est mené tambour battant par notre roublarde de renarde qui use de ses nombreuses facéties face à tout un panel de personnages. Ces derniers tous sympathiques ne brillent jamais par leur intelligence.
Une série avec beaucoup de qualités, assez peu connue et qui malgré de nombreuses similitudes vues ici ou là (un peu du génie des alpages, un zeste de Francis pour le fond et la forme), possède son propre ton et son originalité.
Bref j’adhère complètement et ne déconseille pas du tout.
Après Saison brune, Philippe Squarzoni nous revient avec la version numérique, "Saison brune 2.0".
Non, il ne s'agit pas de la version à télécharger sur votre tablette ou votre smartphone, mais bien d'un nouveau volet traitant du réchauffement climatique induit par l'explosion de l'utilisation de nos appareils numériques.
Un like, un mail, une photo chargée ou un film en streaming : que se cache-t-il derrière ce qui est aujourd'hui devenu "banal" et qui ne nous questionne même plus dans nos pratiques quotidiennes ? C'est ce que nous propose Philippe Squarzoni de façon détaillée et toujours aussi factuelle. Fidèle à ses questionnements individuels, il décline avec cet album la réflexion sur les conséquences climatiques de nos usages numériques.
Son sens de la sobriété graphique alliant une esthétique épurée permet au lecteur de ne pas se noyer sous une masse d'information qui pourrait vite être indigeste. Il joue avec les formes, les clins d’œils graphiques et compose ses planches en fonction, guidant le notre dans ce multivers de papier qui nous plonge dans celui du numérique...
Le constat est édifiant comme malheureusement à chaque fois... C'est là qu'on se dit qu'on est vraiment mal barré...
Pour autant, l'album ne se veut pas accusateur ou réprobateur ; il est juste une source d'informations aux données vérifiées (et vérifiables) qui nous remet une nouvelle fois le nez dans notre caca. A chacun d'en faire ce qu'il veut. Passer à autre chose ou essayer de changer (un peu) les choses et nos modes de consommation... A chacun de voir...
Comme pour ses albums précédents Squarzoni persiste et signe avec un album qui remet nos modes de vie en perspective et pointe les conséquences de nos aberrations.
Depuis que j’ai découvert le travail de Clément Vuillier, je suis clairement sous son charme, et cet album ne m’en fera pas sortir !
Pour la troisième fois ce sont les éditions 2024 qui l’accueillent, et elles ont encore fait un superbe travail éditorial, qui met très bien valeur le dessin de Vuillier : un joli bijou dans un bel écrin.
Ceux qui comme moi ont déjà lu – et apprécié – L'Année de la Comète chez le même éditeur, y trouveront quelques accointances. On pourrait presque dire que « Terre rare » propose un « avant » et un « après ». Pure supposition de ma part, puisque nous ne savons pas quand et sur quelle planète se déroulent ces deux « histoires ». Mais il y a quand même beaucoup de points communs.
Un paysage dominé par le minéral, la roche, acérée le plus souvent, avec des cataclysme venus de l’espace qui déclenchent des réactions en chaine, des bouleversements telluriques. Et là le dessin de Vuillier donne toute sa pleine mesure, c’est souvent grandiose ! Et encore une fois, si l’album muet peut se lire très vite, on est souvent happé par la beauté de certaines planches, sur lesquelles on passe et repasse sans épuiser leur pouvoir d’évocation.
Mais ici Vuillier ajoute quelques petites touches originales, qui ont titillé ma curiosité. La planète frappée par les cataclysmes recèle visiblement des pierres précieuses. Surtout, nous voyons une sphère venue des confins de l’espace, se diviser en deux et venir, comme une pelleteuse, se servir, pour repartir. Rien n’est expliqué, sans que cela n’ait nourri chez moi de frustration. Une petite pincée SF, mais surtout une imagination fouettée par le vent du large.
Chapeau bas monsieur Vuillier, et merci aux éditions 2024, cette « Terre rare » est un beau voyage.
A l’occasion du décès et de l’enterrement de leur mère, ses cinq enfants se retrouvent. C’est l’occasion d’un grand déballage familiale. On le voit, le pitch de départ sent le déjà-vu. Pourtant, j’ai bien aimé ma lecture.
D’abord parce que le dessin, simple et fluide, est agréable (quelques airs de manga pourtant dans la finesse du trait ou d’autres aspects).
Ensuite parce que l’histoire est bien construite.
Cela alterne entre des flash-backs, qui permettent de découvrir l’histoire familiale par bribes, et des passages se déroulant au moment de la narration (la mère est morte au moment où tous ses enfants se retrouvaient pour un repas familial chez elle).
La nourriture, les repas justement, jouent un rôle important dans l’histoire familiale (la mère était un cordon bleu), dans le titre, et dans l’intrigue (je ne spoile pas, même si j’avais vu venir un truc avant qu’il ne soit dévoilé).
La psychologie, la personnalité des protagonistes sont bien construites, on a là des « acteurs » forts, y compris la mère bien sûr. Sans compter un absent dans la tête de tous, le père.
Une chouette petite lecture en tout cas, qui revisite bien un thème pas mal traité un peu partout.
J’ai lu le diptyque dans l’intégrale publiée par Ankama. Et je l’ai lue très vite, tant le sujet et son traitement sont vraiment chouettes.
En effet, Eldiablo a bâti une bonne intrigue. Débutée comme un polar classique, cela bascule assez rapidement en quelque chose de plus original : une sorte de huis-clos entre un grand (et gros) caïd et une ancienne policière qui le traquait depuis longtemps. Les dialogues sont dynamiques, parsemés d’agressions plus ou moins vachardes. Surtout, l’histoire que raconte ce « caïd » permet de s’évader de ce huis-clos, dans le temps et dans l’espace.
Sans trop révéler de l’intrigue, disons qu’Eldiablo a réussi à bien utiliser un thème ancien des contes, a presque réussi à lui donner corps et chair, crédibilité. En tout cas ça donne du coffre à son histoire.
Quant au dessin de Cha, il est moderne, très lisible (il réussit à bien alterner les styles en fonction des époques illustrées), un parfait complément à l’histoire d’Eldiablo.
Les auteurs parlent de premier cycle. Je ne sais pas si ce serait une bonne idée de poursuivre. Car il faudrait vraiment avoir matière à, sans faire retomber le soufflé. En l’état, c’est un diptyque très recommandable.
J’ai bien aimé ce récit. D’abord parce qu’il est basé sur une histoire vraie complètement barrée qui m’a poussé à me demander si ces lascars étaient complètement frapadingues ou s’ils allaient arriver à concrétiser un rêve de prime abord inaccessible. Le fait qu’au fil du récit, les ambitions de départ sont finalement quelque peu revues à la baisse n’enlève rien au mérite de ces kayakistes improvisés. Au contraire, cela les humanise et nous donne envie de nous dire « pourquoi pas nous ? »
Ensuite pour ses paysages. Le choix de laisser exploser la couleur que lorsque la nature s’impose les rend encore plus grandioses. Franchement, c’est une vraie invitation au voyage.
Enfin, ses thématiques. Réflexion sur les changements climatiques, histoire de camaraderie et puis récit plus personnel pour le narrateur qui doit faire le deuil d’une relation amoureuse. Ce sont des thèmes auxquels je suis sensible et qui ont contribué à mon envie de continuer la lecture. Ils sont abordés par le petit bout de la lorgnette, à hauteur d’homme serais-je tenté de dire. Et ça non plus, ce n’est pas pour me déplaire.
Au final, même si je ne considère pas cet album comme un indispensable, j’ai beaucoup aimé cette lecture. Franchement pas mal du tout.
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De père en FIV
Sur un sujet qui pourrait être douloureux, propice à exacerber un certain pathos, ou rébarbatif pour ceux qui n’ont jamais été concernés par des difficultés à avoir un enfant, je trouve que William Roy s’en sort plutôt bien, pour raconter une expérience qu’il a vécue avec sa femme. Que ce soit les aspects techniques, scientifiques (jamais escamotés), ou tout ce qui concerne les aspects psychologiques (comment gérer, assumer cette « situation » face aux proches, voire face à soi-même), il rend son récit à la fois intéressant et captivant. Grâce à un dessin simple et dynamique d’abord. Grâce à une narration agréable ensuite. Il pique le personnage du professeur Burp à Gotlib (ici rebaptisé professeur Beuaârr), ce qui lui permet de faire passer sur un ton humoristique certaines connaissances, en y ajoutant pas mal de loufoque et de vulgarité amusante. Mais rassurez-vous, ce professeur absurde n’a pas le monopole de la vulgarisation scientifique, développée dans de nombreuses planches, de façon didactique, cela passe très bien, dans des dialogues et des mises en situation du jeune couple. Le récit est aussi aéré par pas mal d’à-côtés de la vie du futur père, mais aussi par des flash-backs (et ses rapports très tendus avec un père assez « froid »). Une lecture instructive et agréable donc.
La Vie gourmande
Véritable ode aux plaisirs de la table, ce récit autobiographique répond on ne peut mieux à la définition du carpe diem. Profite de l’instant présent, car tu ne sais pas ce que demain te réserve. Et demain pour l’autrice va prendre la forme d’un deuil dans un premier temps (celui de sa grand-mère, en partie responsable de sa passion pour la cuisine) et dans un deuxième temps celui plus effrayant encore d’un cancer du sein. Aurélie Aurita se confie à nous tout au long du récit, nous faisant partager son expérience de vie, ses amitiés passionnées, ses réflexions sur l’amour, ses découvertes des coulisses et des plats de restaurants huppés, ses rencontres surtout ! Ses descriptions des mets qu’elle apprécie sont on ne peut plus sensuelles et des allusions claires aux plaisirs charnels sont faites. Ce n’est pas pour me déplaire et toujours fait avec une petite pointe d’humour qui enlève tout aspect graveleux aux propos mais c’est quand même assez culotté. La sincérité avec laquelle elle nous parle de son cancer est touchante et instructive. Cette expérience ainsi décrite permet de démythifier la maladie sans en occulter les dangers (j’ai été spécialement marqué par le décès d’une de ses amies). La mise en page est aérée, le dessin est expressif en diable quand bien même il ne serait pas toujours des plus précis. Les choix de couleurs, qui mettent en évidence certains éléments (aliment ?), focalisent notre attention sur ceux-ci. L’album se lit d’une traite et avec plaisir. C’est extrêmement positif alors même que l’ombre de la mort plane tout au long de la lecture. Franchement bien ! Vraiment !
L'Impudence des chiens
Un avis très positif à la sortie de cet album. Ducoudray et Dumontheuil ont pris leur pied à construire cette fable truculente qu'est "L'impudence des chiens". Il n'y a aucune vulgarité ni grossièreté, ce qui pouvait paraître compliqué au vu du sujet de base. Ducoudray se paye le luxe de manier le verbe en rime à la fois de manière cocasse pour public du 21ème siècle, tout en restant en nature à celui du 17ème, c'est vraiment bien fait, et très drôle malgré quelques longueurs. Ce sujet exploité avec humour ne pouvait qu'être dessiné par Dumontheuil, encore une fois très juste dans les plans, les couleurs vives, les décors bien fournis. Encore une fois son graphisme dessert parfaitement l'absurdité du propos. Un bon album, drôle, dialogues ciselés, d'une idée parfaitement exploitée.
Images drôlatiques (Films pour les tout-petits)
Attention, on est là dans le patrimoine de la BD française, paru en 1923 ! Et ma foi, c’est une antiquité qui, je trouve, n’a pas tant vieilli que ça. Il s’agit de saynètes humoristiques en une page et peu de vignettes, complètement muettes à l’exception du titre, et destinées à de tout jeunes enfants, nul besoin de la maîtrise de la lecture. Même si les décors, costumes et situations sont sans doute quelque peu démodés, le côté purement visuel des gags devrait encore fonctionner sur les plus jeunes. Et personnellement, en tant que… on va dire moins jeune, je leur trouve un côté charmant. Le dessin est rond et tout doux, les couleurs sont très douces également, chaque planche étant traitée dans une espèce de bichromie que je trouve paradoxalement assez moderne. En tout cas, c’est visuellement très harmonieux. André Hellé était un des précurseurs de la bd, également illustrateur de livres jeunesse, mais également de livrets de musique d’opéra et de ballet (il a collaboré avec son ami Debussy), illustrateur satirique pour la presse adulte et… créateur de jouets en bois (pour lesquels il sera primé). Avant d’être regroupées en album titré « films pour les tout-petits » par Garnier Frères, quelques unes de ces saynètes sont d’abord parues dans « Les petits bonshommes », une des premières revues socialistes pour la jeunesse populaire dans sa deuxième période (elle fut interrompue par la guerre et reprit en 1922). Une réédition sous un nouveau titre « Images drôlatiques » est parue en 1931. C’est sous ce nouveau titre qu’un éditeur moderne les a enfin reprises et sorties de l’oubli, agrémentées d’une partie biographique de Hellé par Jean-Hugues Malineau. Je n’ai eu en main aucune de ces éditions mais l’intégralité de l’édition d’origine est disponible, en tant qu’oeuvre tombée dans le domaine public, sur le merveilleux site Gallica de la BNF. Cela dit, mon côté collectionnite m’oblige à avouer que je suis un peu tentée par cette édition moderne. Quatre étoiles, pour le charme de ces planches et aussi pour le côté patrimonial et précurseur de cette bd qui visait les plus jeunes des plus jeunes.
La Renarde
Découverte lors la sortie de son deuxième tome, j’ai tout de suite succombé à ce petit univers. Au 1er abord, un dessin simple que l’on pourrait qualifier de limite enfantin mais en dichotomie avec le ton déployé, les 2 s’associant parfaitement pour créer un juste équilibre à l’humour ni trop trash, ni trop gentillet. Un chouette microcosme de créé, le tout est mené tambour battant par notre roublarde de renarde qui use de ses nombreuses facéties face à tout un panel de personnages. Ces derniers tous sympathiques ne brillent jamais par leur intelligence. Une série avec beaucoup de qualités, assez peu connue et qui malgré de nombreuses similitudes vues ici ou là (un peu du génie des alpages, un zeste de Francis pour le fond et la forme), possède son propre ton et son originalité. Bref j’adhère complètement et ne déconseille pas du tout.
Saison brune 2.0 (Nos empreintes digitales)
Après Saison brune, Philippe Squarzoni nous revient avec la version numérique, "Saison brune 2.0". Non, il ne s'agit pas de la version à télécharger sur votre tablette ou votre smartphone, mais bien d'un nouveau volet traitant du réchauffement climatique induit par l'explosion de l'utilisation de nos appareils numériques. Un like, un mail, une photo chargée ou un film en streaming : que se cache-t-il derrière ce qui est aujourd'hui devenu "banal" et qui ne nous questionne même plus dans nos pratiques quotidiennes ? C'est ce que nous propose Philippe Squarzoni de façon détaillée et toujours aussi factuelle. Fidèle à ses questionnements individuels, il décline avec cet album la réflexion sur les conséquences climatiques de nos usages numériques. Son sens de la sobriété graphique alliant une esthétique épurée permet au lecteur de ne pas se noyer sous une masse d'information qui pourrait vite être indigeste. Il joue avec les formes, les clins d’œils graphiques et compose ses planches en fonction, guidant le notre dans ce multivers de papier qui nous plonge dans celui du numérique... Le constat est édifiant comme malheureusement à chaque fois... C'est là qu'on se dit qu'on est vraiment mal barré... Pour autant, l'album ne se veut pas accusateur ou réprobateur ; il est juste une source d'informations aux données vérifiées (et vérifiables) qui nous remet une nouvelle fois le nez dans notre caca. A chacun d'en faire ce qu'il veut. Passer à autre chose ou essayer de changer (un peu) les choses et nos modes de consommation... A chacun de voir... Comme pour ses albums précédents Squarzoni persiste et signe avec un album qui remet nos modes de vie en perspective et pointe les conséquences de nos aberrations.
Terre rare
Depuis que j’ai découvert le travail de Clément Vuillier, je suis clairement sous son charme, et cet album ne m’en fera pas sortir ! Pour la troisième fois ce sont les éditions 2024 qui l’accueillent, et elles ont encore fait un superbe travail éditorial, qui met très bien valeur le dessin de Vuillier : un joli bijou dans un bel écrin. Ceux qui comme moi ont déjà lu – et apprécié – L'Année de la Comète chez le même éditeur, y trouveront quelques accointances. On pourrait presque dire que « Terre rare » propose un « avant » et un « après ». Pure supposition de ma part, puisque nous ne savons pas quand et sur quelle planète se déroulent ces deux « histoires ». Mais il y a quand même beaucoup de points communs. Un paysage dominé par le minéral, la roche, acérée le plus souvent, avec des cataclysme venus de l’espace qui déclenchent des réactions en chaine, des bouleversements telluriques. Et là le dessin de Vuillier donne toute sa pleine mesure, c’est souvent grandiose ! Et encore une fois, si l’album muet peut se lire très vite, on est souvent happé par la beauté de certaines planches, sur lesquelles on passe et repasse sans épuiser leur pouvoir d’évocation. Mais ici Vuillier ajoute quelques petites touches originales, qui ont titillé ma curiosité. La planète frappée par les cataclysmes recèle visiblement des pierres précieuses. Surtout, nous voyons une sphère venue des confins de l’espace, se diviser en deux et venir, comme une pelleteuse, se servir, pour repartir. Rien n’est expliqué, sans que cela n’ait nourri chez moi de frustration. Une petite pincée SF, mais surtout une imagination fouettée par le vent du large. Chapeau bas monsieur Vuillier, et merci aux éditions 2024, cette « Terre rare » est un beau voyage.
Basilicò
A l’occasion du décès et de l’enterrement de leur mère, ses cinq enfants se retrouvent. C’est l’occasion d’un grand déballage familiale. On le voit, le pitch de départ sent le déjà-vu. Pourtant, j’ai bien aimé ma lecture. D’abord parce que le dessin, simple et fluide, est agréable (quelques airs de manga pourtant dans la finesse du trait ou d’autres aspects). Ensuite parce que l’histoire est bien construite. Cela alterne entre des flash-backs, qui permettent de découvrir l’histoire familiale par bribes, et des passages se déroulant au moment de la narration (la mère est morte au moment où tous ses enfants se retrouvaient pour un repas familial chez elle). La nourriture, les repas justement, jouent un rôle important dans l’histoire familiale (la mère était un cordon bleu), dans le titre, et dans l’intrigue (je ne spoile pas, même si j’avais vu venir un truc avant qu’il ne soit dévoilé). La psychologie, la personnalité des protagonistes sont bien construites, on a là des « acteurs » forts, y compris la mère bien sûr. Sans compter un absent dans la tête de tous, le père. Une chouette petite lecture en tout cas, qui revisite bien un thème pas mal traité un peu partout.
Un homme de goût
J’ai lu le diptyque dans l’intégrale publiée par Ankama. Et je l’ai lue très vite, tant le sujet et son traitement sont vraiment chouettes. En effet, Eldiablo a bâti une bonne intrigue. Débutée comme un polar classique, cela bascule assez rapidement en quelque chose de plus original : une sorte de huis-clos entre un grand (et gros) caïd et une ancienne policière qui le traquait depuis longtemps. Les dialogues sont dynamiques, parsemés d’agressions plus ou moins vachardes. Surtout, l’histoire que raconte ce « caïd » permet de s’évader de ce huis-clos, dans le temps et dans l’espace. Sans trop révéler de l’intrigue, disons qu’Eldiablo a réussi à bien utiliser un thème ancien des contes, a presque réussi à lui donner corps et chair, crédibilité. En tout cas ça donne du coffre à son histoire. Quant au dessin de Cha, il est moderne, très lisible (il réussit à bien alterner les styles en fonction des époques illustrées), un parfait complément à l’histoire d’Eldiablo. Les auteurs parlent de premier cycle. Je ne sais pas si ce serait une bonne idée de poursuivre. Car il faudrait vraiment avoir matière à, sans faire retomber le soufflé. En l’état, c’est un diptyque très recommandable.
Le Passage intérieur
J’ai bien aimé ce récit. D’abord parce qu’il est basé sur une histoire vraie complètement barrée qui m’a poussé à me demander si ces lascars étaient complètement frapadingues ou s’ils allaient arriver à concrétiser un rêve de prime abord inaccessible. Le fait qu’au fil du récit, les ambitions de départ sont finalement quelque peu revues à la baisse n’enlève rien au mérite de ces kayakistes improvisés. Au contraire, cela les humanise et nous donne envie de nous dire « pourquoi pas nous ? » Ensuite pour ses paysages. Le choix de laisser exploser la couleur que lorsque la nature s’impose les rend encore plus grandioses. Franchement, c’est une vraie invitation au voyage. Enfin, ses thématiques. Réflexion sur les changements climatiques, histoire de camaraderie et puis récit plus personnel pour le narrateur qui doit faire le deuil d’une relation amoureuse. Ce sont des thèmes auxquels je suis sensible et qui ont contribué à mon envie de continuer la lecture. Ils sont abordés par le petit bout de la lorgnette, à hauteur d’homme serais-je tenté de dire. Et ça non plus, ce n’est pas pour me déplaire. Au final, même si je ne considère pas cet album comme un indispensable, j’ai beaucoup aimé cette lecture. Franchement pas mal du tout.