J'hésite entre le "Pas mal" et le "Franchement bien" pour cette BD.
Elle est franchement bien car c'est un vrai recueil de témoignages. On plonge véritablement dans l'horreur de la guerre des tranchées dans toute son authenticité, sa médiocrité, son humanité. C'est instructif, non seulement sur ce qu'il s'est passé dans l'Histoire, mais aussi pour l'histoire avec un petit h, l'histoire des hommes, chacun pris séparément avec ses pensées, ses peurs, ses idées. Tardi nous plaque dans la boue et nous montre la réalité de ce que ces anciens poilus racontent ou racontaient et que les jeunes écoutaient sans trop y croire. On est vraiment dedans, on sent que ça s'est sans doute passé de cette manière là, aussi horrible, inhumaine (ou trop humaine) et glauque. Chaque petite anecdote est intéressante et ces histoires courtes sont toutes prenantes.
Ensuite, le côté "pas mal" seulement, c'est que ce n'est pas vraiment le type de BD que je relirais pour le plaisir. Il y a un petit côté documentaire qui fait qu'on ne se sent pas totalement impliqué, captivé. Le fait qu'il n'y aie pas d'histoire globale, que ce ne soit que des tranches de vie et de mort, ça fait que le lecteur peut s'arrêter n'importe où dans sa lecture sans ressentir une envie intense de poursuivre l'album. C'est comme regarder un tel évènement par le petit bout de la lorgnette. C'est comme regarder un décor de théâtre sans y voir la pièce s'y jouer. En comparaison, par exemple, les histoires de Brindavoine, du même auteur, m'avaient encore plus plongé dans l'univers de 14-18 car le décor y était, c'était le même, mais en plus on y suivait un personnage du début à la fin de son histoire, attirant à la fois l'intérêt et l'esprit du lecteur.
C'est donc pour ce côté "documentaire" que je trouve que cette BD perd un peu de la puissance qu'elle aurait pu avoir autrement.
Une BD d'une superbe qualité.
Déjà, le dessin de Boucq y est fantastique. J'ai deux soucis mineurs avec le dessin de Boucq, ce sont ses visages (dont le réalisme dans la laideur les font parfois ressembler à des caricatures) et également une impression de voir un imbroglio de traits de dessin presque organique par moment, ne permettant pas un déchiffrement facile de ses cases d'un seul coup d'oeil (ceci n'est pas le cas quand les couleurs sont choisies de manière à rendre le dessin plus contrasté). Mais hormis ces détails, je trouve le dessin dans Bouche du Diable exceptionnel. On sent une quantité de travail énorme et ça donne des décors grandioses : le monastère au dessus de la Mer Noire, Moscou, New York, les égoûts... Cette BD est par moment digne d'une fresque, tant je trouve le dessin impressionnant. Et j'aime aussi beaucoup le choix de couleurs de Boucq, parfois profondes et intenses, parfois discrètes, le tout collant parfaitement au décor et à l'ambiance.
Quant au scénario, il est très prenant sur les deux-tiers de la BD à mon avis. Dans le dernier tiers, il devient un peu plus rocambolesque (car le fantastique y fait plus son apparition) mais reste très convenable. Ce ne sont que les deux dernières pages qui m'ont déçu : la fin de cet album m'a laissé un peu dans l'expectative. Mais ça ne retire rien de l'interêt et de la qualité du reste du scénario.
En quelques mots, un dessin superbe, grandiose, impressionnant et un scénario presque aussi bon.
Makyo comme d'habitude avec un dessin splendide, les images sont à la fine et pleine de sensibilité. L'intrigue est très prenante, comme d'habitude on veut savoir la suite. Comme dans Elsa, Makyo donne une grande importance à l'image et la beauté de la peinture. La seule chose que l'on peut espérer est une fin à la hauteur de ce tome (contrairement à la série évoquée précédemment).
Un délice.
L'univers de la BD est très prenant. L'intrigue est très bien faite et la frustration à la fin de chaque BD est présente. Néanmoins, la série avance et on a envie de savoir la suite. Il entretient le mythe et voit la réalité sous un angle à la fois actuel et guidé par son histoire. Cela donne envie de se plonger dans cet univers à travers les autres BDs de la collection (Le Maître du jeu, ...).
Une belle BD.
Cet album traite avec réalisme de la situation des mouvements antimondialistes et des réactions diverses qu'ils peuvent susciter, sans tomber dans l'analyse intello ou la psychologie de bazard. Le ton est simple, finement descriptif, et sans cliché facile.
Le dessin et la colorisation sont proprement formidables, très adaptés à l'atmosphère mystérieuse et feutrée qui plane d'un bout à l'autre de ce premier tome et suscite chez le lecteur de nombreuses questions...
Mais que va-t-il se passer ?
Une œuvre surprenante et hors norme. Passons le côté « l’histoire en train de se faire par son créateur», c’est assez commun de ce côté-là, déjà vu plus d’une fois, en tout cas. Ce qui est plus original en revanche, c’est le caractère ésotériquo-rigolo de l’œuvre. Bess, au grand désespoir de son épouse, a une propension à partir dans le mystique à tous moments (on ne collabore pas des années avec Jodorowsky sans en être marqué d’une manière ou d’une autre). Et son épouse, plus rationnelle, donne ses commentaires pragmatiques tout au long du récit. Leurs discussions ne manquent pas de piquant. C’est drôle, intelligent et cela ne se prend pas au sérieux.
Une autre bonne raison de s’intéresser à ce récit est la beauté du dessin de Bess. C’est un virtuose, il y a dans ces deux albums des images d’une grande puissance d’évocation qui frappent l’esprit. Accouplé à la verve « littéraire » des textes-off de Bess, elles envoient littéralement le lecteur dans un monde de beauté, de cruauté et de superstitions. Magique !
En feuilletant cette bd, on pourrait se dire que le thème de l'exclusion est assez banal car ce sujet a souvent été développé. Pourtant après avoir lu l'ouvrage en question, je dois dire que j'ai été séduit par son contexte et surtout son originalité.
Jean-David Morvan nous propose un récit assez captivant où la destinée d'une jeune fille est le centre d'interêt du récit.
Dans un univers futuriste, le race humaine est devenue immortelle. Pourtant, une petite fille (Aster) voit le jour "à l'ancienne". Cette gamine étant mortelle, elle sera régulièrement montrée du doigt.
La science-fiction est ici un pretexte pour mettre en évidence les différents protagonistes du récit. De ce fait, on retiendra plutôt l'aspect social et dramatique de cette histoire. A l'image de la solitude des parents d'Aster et le regard des autres devant la différence. On retiendra certains moments forts comme par exemple, quand notre petite héroïne recherche en vain l'affection de son papa. Un autre exemple : quand elle comprend les raisons de son isolement. Ce qui est paradoxal, c'est qu'on partage la vie d'une enfant qui à notre époque nous semblerait si ordinaire. Pourtant, projetée dans cette vision du futur, cette situation devient plutôt pathétique. Oui en effet, on se rend vite compte que cette gamine est, en fait, concidérée comme un "monstre" de foire.
J'ai remarqué que les bases du scénario avaient quelques similitudes avec le film "Bienvenue à Gattaca", où là aussi on créait des êtres parfaits dans un contexte futuriste au détriment des autres qui étaient, eux aussi, nés d'une manière naturelle. Est-ce une coïncidence ou l'auteur s'est-il volontairement inspiré du long-métrage précité en lui rendant ainsi hommage ?
Au niveau du dessin, il faut avouer que le graphisme de Nicolas Nemiri est assez particulier. Son trait ne manque pas de personnalité. Pourtant, je vous avoue que la première fois que j'ai eu l'album en main, je n'étais pas du tout emballé. Après l'avoir ouvert et refermé plusieurs fois, je me suis décidé à le lire et je le regrette pas car dès les premières pages, j'ai tout de suite compris que c'était ce dessin qui était le plus approprié à cette bd.
Le seul petit reproche que je ferais c'est au niveau des deux personnages masculins (Ewig et Duster). On a parfois tendance à les confondre.
Je n'aurai donc qu'une chose à dire : achetez cette bd où graphisme et scénario sont réunis pour nous faire goûter des saveurs nouvelles, synonymes de talent et de succès.
J'adore Tardi et de toutes ses BDs je crois bien que c'est "120, rue de la gare" que je préfère. Les autres tomes de la série sont sympas aussi mais souffrent de la comparaison. Quoique "brouillard au pont de Tolbiac" me plaise beaucoup aussi, faut dire, cet album a bercé mon enfance. Je ne sais pas combien de fois je les ai lus, ces deux-là, mais je n'arrive pas à m'en lasser. Le fait que Nestor Burma soit personnellement impliqué dans ces deux histoires y doit sans doute beaucoup.
Les ambiances sont particulièrement réussies, les personnages attachants et les intrigues policières passionnantes. C'est qui plus est extrêmement bien documenté. Et puis la mise en scène, ahlala il est bon le Tardi !
Bref, 5/5 pour "120 rue de la gare" et "Brouillard au pont de Tolbiac", un peu moins pour les autres !
Cette histoire reprend les personnages de De l'Autre Côté de la Nuit, des mêmes auteurs, mais je pourrai difficilement comparer car je n'ai pas lu ce dernier. Si je m'en réfère à la fiche, cette suite me paraît néammoins plus légère, dans le ton comme dans le graphisme.
Quoi qu'il en soit, ce tome (tome unique ou une suite est-elle en préparation ?) est une petite merveille.
Il n'y a pas vraiment d'histoire suivie, même si un petit mystère plane d'un bout à l'autre de l'album et lie entre elles ces tranches de vie.
Mais le sujet en lui-même, c'est la vie quotidienne, les rapports d'amitié, d'amour, de désir, entre garçons et filles, et entre garçons... Des petites anecdotes fines et sensuelles aux dialogues succulents entre personnages attachants dans leur force de caractère et leur fragilité encore adolecente... Le quotidien de la jeunesse sur fond, à peine esquissé mais bien présent, de régime berlusconien.
C'est un petit album léger dans le ton, mais émouvant... Très simple dans les thèmes mais passionnant... Mettant en scène des protagonistes ordinaires mais attachants... Une parfaite alchimie...
Je donne ici mon avis pour "Histoire sans Héros". La suite n'est qu'une récupération commerciale et je ne vois même pas pourquoi il est considéré comme un tome 2 de cette série.
Je n'aime pas les histoires de Van Hamme, personnellement. Je trouve ses scénarios trop proches de films américains à suspense, action, etc... et comme je n'aime pas ces films, je trouve les scénarios de Van Hamme la plupart du temps commerciaux et sans saveur.
Et j'aime bien Dany par contre, mais plus dans son style humoristique et gai, comme dans Olivier Rameau. Ici, dans un style réaliste, je trouve que certains visages de ses personnages font un peu étranges, un peu déformés.
Mais malgré ces réticences, force est d'avouer que cet album est extrêmement efficace. Il y a bien quelques facilités scénaristiques (comme le chargement de toile de l'avion, qui aide bien, avouons-le), mais le tout est bien construit et vraiment prenant. Et comme malgré mes petits reproches, le dessin de Dany rend très bien, cela donne un album d'une qualité indéniable, agréable à lire et même à relire.
Une bonne histoire d'aventure capable de captiver son lecteur et qui ne déçoit pas sur la fin, comme beaucoup d'histoires de ce genre.
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C'était la guerre des tranchées
J'hésite entre le "Pas mal" et le "Franchement bien" pour cette BD. Elle est franchement bien car c'est un vrai recueil de témoignages. On plonge véritablement dans l'horreur de la guerre des tranchées dans toute son authenticité, sa médiocrité, son humanité. C'est instructif, non seulement sur ce qu'il s'est passé dans l'Histoire, mais aussi pour l'histoire avec un petit h, l'histoire des hommes, chacun pris séparément avec ses pensées, ses peurs, ses idées. Tardi nous plaque dans la boue et nous montre la réalité de ce que ces anciens poilus racontent ou racontaient et que les jeunes écoutaient sans trop y croire. On est vraiment dedans, on sent que ça s'est sans doute passé de cette manière là, aussi horrible, inhumaine (ou trop humaine) et glauque. Chaque petite anecdote est intéressante et ces histoires courtes sont toutes prenantes. Ensuite, le côté "pas mal" seulement, c'est que ce n'est pas vraiment le type de BD que je relirais pour le plaisir. Il y a un petit côté documentaire qui fait qu'on ne se sent pas totalement impliqué, captivé. Le fait qu'il n'y aie pas d'histoire globale, que ce ne soit que des tranches de vie et de mort, ça fait que le lecteur peut s'arrêter n'importe où dans sa lecture sans ressentir une envie intense de poursuivre l'album. C'est comme regarder un tel évènement par le petit bout de la lorgnette. C'est comme regarder un décor de théâtre sans y voir la pièce s'y jouer. En comparaison, par exemple, les histoires de Brindavoine, du même auteur, m'avaient encore plus plongé dans l'univers de 14-18 car le décor y était, c'était le même, mais en plus on y suivait un personnage du début à la fin de son histoire, attirant à la fois l'intérêt et l'esprit du lecteur. C'est donc pour ce côté "documentaire" que je trouve que cette BD perd un peu de la puissance qu'elle aurait pu avoir autrement.
Bouche du diable
Une BD d'une superbe qualité. Déjà, le dessin de Boucq y est fantastique. J'ai deux soucis mineurs avec le dessin de Boucq, ce sont ses visages (dont le réalisme dans la laideur les font parfois ressembler à des caricatures) et également une impression de voir un imbroglio de traits de dessin presque organique par moment, ne permettant pas un déchiffrement facile de ses cases d'un seul coup d'oeil (ceci n'est pas le cas quand les couleurs sont choisies de manière à rendre le dessin plus contrasté). Mais hormis ces détails, je trouve le dessin dans Bouche du Diable exceptionnel. On sent une quantité de travail énorme et ça donne des décors grandioses : le monastère au dessus de la Mer Noire, Moscou, New York, les égoûts... Cette BD est par moment digne d'une fresque, tant je trouve le dessin impressionnant. Et j'aime aussi beaucoup le choix de couleurs de Boucq, parfois profondes et intenses, parfois discrètes, le tout collant parfaitement au décor et à l'ambiance. Quant au scénario, il est très prenant sur les deux-tiers de la BD à mon avis. Dans le dernier tiers, il devient un peu plus rocambolesque (car le fantastique y fait plus son apparition) mais reste très convenable. Ce ne sont que les deux dernières pages qui m'ont déçu : la fin de cet album m'a laissé un peu dans l'expectative. Mais ça ne retire rien de l'interêt et de la qualité du reste du scénario. En quelques mots, un dessin superbe, grandiose, impressionnant et un scénario presque aussi bon.
Le Maître de Peinture
Makyo comme d'habitude avec un dessin splendide, les images sont à la fine et pleine de sensibilité. L'intrigue est très prenante, comme d'habitude on veut savoir la suite. Comme dans Elsa, Makyo donne une grande importance à l'image et la beauté de la peinture. La seule chose que l'on peut espérer est une fin à la hauteur de ce tome (contrairement à la série évoquée précédemment). Un délice.
Le Chant des Stryges
L'univers de la BD est très prenant. L'intrigue est très bien faite et la frustration à la fin de chaque BD est présente. Néanmoins, la série avance et on a envie de savoir la suite. Il entretient le mythe et voit la réalité sous un angle à la fois actuel et guidé par son histoire. Cela donne envie de se plonger dans cet univers à travers les autres BDs de la collection (Le Maître du jeu, ...). Une belle BD.
Kabbale
Cet album traite avec réalisme de la situation des mouvements antimondialistes et des réactions diverses qu'ils peuvent susciter, sans tomber dans l'analyse intello ou la psychologie de bazard. Le ton est simple, finement descriptif, et sans cliché facile. Le dessin et la colorisation sont proprement formidables, très adaptés à l'atmosphère mystérieuse et feutrée qui plane d'un bout à l'autre de ce premier tome et suscite chez le lecteur de nombreuses questions... Mais que va-t-il se passer ?
Leela et Krishna
Une œuvre surprenante et hors norme. Passons le côté « l’histoire en train de se faire par son créateur», c’est assez commun de ce côté-là, déjà vu plus d’une fois, en tout cas. Ce qui est plus original en revanche, c’est le caractère ésotériquo-rigolo de l’œuvre. Bess, au grand désespoir de son épouse, a une propension à partir dans le mystique à tous moments (on ne collabore pas des années avec Jodorowsky sans en être marqué d’une manière ou d’une autre). Et son épouse, plus rationnelle, donne ses commentaires pragmatiques tout au long du récit. Leurs discussions ne manquent pas de piquant. C’est drôle, intelligent et cela ne se prend pas au sérieux. Une autre bonne raison de s’intéresser à ce récit est la beauté du dessin de Bess. C’est un virtuose, il y a dans ces deux albums des images d’une grande puissance d’évocation qui frappent l’esprit. Accouplé à la verve « littéraire » des textes-off de Bess, elles envoient littéralement le lecteur dans un monde de beauté, de cruauté et de superstitions. Magique !
Je suis morte
En feuilletant cette bd, on pourrait se dire que le thème de l'exclusion est assez banal car ce sujet a souvent été développé. Pourtant après avoir lu l'ouvrage en question, je dois dire que j'ai été séduit par son contexte et surtout son originalité. Jean-David Morvan nous propose un récit assez captivant où la destinée d'une jeune fille est le centre d'interêt du récit. Dans un univers futuriste, le race humaine est devenue immortelle. Pourtant, une petite fille (Aster) voit le jour "à l'ancienne". Cette gamine étant mortelle, elle sera régulièrement montrée du doigt. La science-fiction est ici un pretexte pour mettre en évidence les différents protagonistes du récit. De ce fait, on retiendra plutôt l'aspect social et dramatique de cette histoire. A l'image de la solitude des parents d'Aster et le regard des autres devant la différence. On retiendra certains moments forts comme par exemple, quand notre petite héroïne recherche en vain l'affection de son papa. Un autre exemple : quand elle comprend les raisons de son isolement. Ce qui est paradoxal, c'est qu'on partage la vie d'une enfant qui à notre époque nous semblerait si ordinaire. Pourtant, projetée dans cette vision du futur, cette situation devient plutôt pathétique. Oui en effet, on se rend vite compte que cette gamine est, en fait, concidérée comme un "monstre" de foire. J'ai remarqué que les bases du scénario avaient quelques similitudes avec le film "Bienvenue à Gattaca", où là aussi on créait des êtres parfaits dans un contexte futuriste au détriment des autres qui étaient, eux aussi, nés d'une manière naturelle. Est-ce une coïncidence ou l'auteur s'est-il volontairement inspiré du long-métrage précité en lui rendant ainsi hommage ? Au niveau du dessin, il faut avouer que le graphisme de Nicolas Nemiri est assez particulier. Son trait ne manque pas de personnalité. Pourtant, je vous avoue que la première fois que j'ai eu l'album en main, je n'étais pas du tout emballé. Après l'avoir ouvert et refermé plusieurs fois, je me suis décidé à le lire et je le regrette pas car dès les premières pages, j'ai tout de suite compris que c'était ce dessin qui était le plus approprié à cette bd. Le seul petit reproche que je ferais c'est au niveau des deux personnages masculins (Ewig et Duster). On a parfois tendance à les confondre. Je n'aurai donc qu'une chose à dire : achetez cette bd où graphisme et scénario sont réunis pour nous faire goûter des saveurs nouvelles, synonymes de talent et de succès.
Nestor Burma
J'adore Tardi et de toutes ses BDs je crois bien que c'est "120, rue de la gare" que je préfère. Les autres tomes de la série sont sympas aussi mais souffrent de la comparaison. Quoique "brouillard au pont de Tolbiac" me plaise beaucoup aussi, faut dire, cet album a bercé mon enfance. Je ne sais pas combien de fois je les ai lus, ces deux-là, mais je n'arrive pas à m'en lasser. Le fait que Nestor Burma soit personnellement impliqué dans ces deux histoires y doit sans doute beaucoup. Les ambiances sont particulièrement réussies, les personnages attachants et les intrigues policières passionnantes. C'est qui plus est extrêmement bien documenté. Et puis la mise en scène, ahlala il est bon le Tardi ! Bref, 5/5 pour "120 rue de la gare" et "Brouillard au pont de Tolbiac", un peu moins pour les autres !
Coeurs à louer (Fou de toi)
Cette histoire reprend les personnages de De l'Autre Côté de la Nuit, des mêmes auteurs, mais je pourrai difficilement comparer car je n'ai pas lu ce dernier. Si je m'en réfère à la fiche, cette suite me paraît néammoins plus légère, dans le ton comme dans le graphisme. Quoi qu'il en soit, ce tome (tome unique ou une suite est-elle en préparation ?) est une petite merveille. Il n'y a pas vraiment d'histoire suivie, même si un petit mystère plane d'un bout à l'autre de l'album et lie entre elles ces tranches de vie. Mais le sujet en lui-même, c'est la vie quotidienne, les rapports d'amitié, d'amour, de désir, entre garçons et filles, et entre garçons... Des petites anecdotes fines et sensuelles aux dialogues succulents entre personnages attachants dans leur force de caractère et leur fragilité encore adolecente... Le quotidien de la jeunesse sur fond, à peine esquissé mais bien présent, de régime berlusconien. C'est un petit album léger dans le ton, mais émouvant... Très simple dans les thèmes mais passionnant... Mettant en scène des protagonistes ordinaires mais attachants... Une parfaite alchimie...
Histoire sans Héros
Je donne ici mon avis pour "Histoire sans Héros". La suite n'est qu'une récupération commerciale et je ne vois même pas pourquoi il est considéré comme un tome 2 de cette série. Je n'aime pas les histoires de Van Hamme, personnellement. Je trouve ses scénarios trop proches de films américains à suspense, action, etc... et comme je n'aime pas ces films, je trouve les scénarios de Van Hamme la plupart du temps commerciaux et sans saveur. Et j'aime bien Dany par contre, mais plus dans son style humoristique et gai, comme dans Olivier Rameau. Ici, dans un style réaliste, je trouve que certains visages de ses personnages font un peu étranges, un peu déformés. Mais malgré ces réticences, force est d'avouer que cet album est extrêmement efficace. Il y a bien quelques facilités scénaristiques (comme le chargement de toile de l'avion, qui aide bien, avouons-le), mais le tout est bien construit et vraiment prenant. Et comme malgré mes petits reproches, le dessin de Dany rend très bien, cela donne un album d'une qualité indéniable, agréable à lire et même à relire. Une bonne histoire d'aventure capable de captiver son lecteur et qui ne déçoit pas sur la fin, comme beaucoup d'histoires de ce genre.