Salt Pit est un ouvrage qui met en lumière les prisons secrètes américaines qui se sont déployées dans le monde après les attaques terroristes du 11 Septembre. L'auteur souhaitait dénoncer les techniques d'interrogatoires totalement illégales. On assiste à de véritables scènes de torture ou d'humiliation du genre humain.
Je suis intimement persuadé que pour gagner la guerre contre le terrorisme, il ne faut pas utiliser les mêmes armes au risque de devenir pire que ceux qu'on combat. On y perd le plus important : son humanité. Le président Barack Obama l'a bien compris et c'est pourquoi il va mettre fin à ces pratiques dignes d'un autre âge instaurées par l'administration Bush. Sa première décision politique n'a-t-elle pas été celle de la fermeture du centre de Guantanamo dans le sud-est de Cuba ? Oui, la barbarie la plus abjecte est venue du monde occidental pendant notre décennie. Le but était louable mais les moyens pour y parvenir étaient bien trop sales.
L'auteur imagine une histoire totalement imaginaire mais qui aurait pu très bien se réaliser tant le contexte s'inspire de réalité. On fait ainsi la connaissance de Frank, un jeune garçon, élevé seul par sa mère dans la cité. On sent toute la potentialité de ce gamin qui va pourtant tomber sous le coup de l'injustice sociale. Il se retrouve en prison et va pratiquer l'Islam alors qu'il est français d'origine. Pas l'Islam tolérant qu'on connait tous mais celui marqué par la haine des extrémistes. Dès lors, la descente aux enfers ou plutôt en Afghanistan sera inéluctable.
J'ai franchement aimé l'initiative de cet auteur qui n'a pas peur de montrer la réalité pour dénoncer les actes de barbarie. J'espère qu'un jour, les responsables de ces actes odieux payeront devant le Tribunal International de la Haye.
C'est toujours bon de découvrir de nouveaux auteurs dans un genre qui n'est pas de prédilection. Le graphisme en aquarelle m'a littéralement envoûté par son côté à la fois réaliste et mature.
Pour l'histoire, on a droit à une n-ième version de l'enfant difforme qu'on cache dans une grange dans une ferme isolée d'une vaste campagne. Les habitants sont de véritables boeufs incultes. Heureusement que l'enfance conserve son humanité face à une situation totalement intolérable. La haine ou la honte peuvent aveugler. Les monstres ne sont pas ceux qu'on pense. Bref, des thèmes qu'on connait tous déjà par coeur.
Ce qui fait la différence en l'espèce, c'est à la fois un traitement graphique impeccable ainsi qu'une efficacité dans les scènes. On ne s'ennuie pas une seconde entre drame et horreur. La lecture est très agréable. Elle sera donc conseillée même à l'achat car l'objet est très beau avec un soin particulier pour la couverture qui bénéficie d'un véritable effet d'optique.
Double gauche représente le genre d'histoire mâtinée d'un peu de fantastique que j'aime bien au risque d'apparaître un peu "bancal". C'est comme ça et je n'y peux rien. Il y a tout le talent du scénariste accompli à savoir Corbeyran. Il rend ses récits tellement passionnants. On tombe vite sous le charme. Quand on commence cette lecture, on n'a plus envie de s'arrêter de lire tellement c'est captivant.
Par ailleurs, on ne peut être que bouleversé par ce récit d'un petit garçon qui devient orphelin et qui est maltraité par son entourage. Les thèmes de la différence et de la tolérance apparaissent clairement en arrière-plan. C'est étrange comme une même histoire peut être ressentie totalement différemment par chaque lecteur. Cela va même jusque dans le regard porté sur le graphisme!
Un arrière plan simple mais évocateur suffit à camper l'atmosphère et à situer le contexte. L'image est habilement conçue afin de révéler la personnalité dès le premier regard. Ainsi les couleurs sombres et anguleuses suggèrent les intentions malfaisantes du patron de cirque ou encore des tuteurs de l'orphelin à la double main gauche.
De même les lignes sveltes du corps de la fée ou encore de Mimsy leur confèrent une grâce élégante. Pour être efficace, la physionomie doit traduire les pensées du personnage, révéler un peu son âme et susciter l'émotion du personnage. Or, quand on regarde l'évolution de Dustin, on ne peut qu'observer cette transformation quand il basculera du côté obscur.
En conclusion, je dirai que Double Gauche mérite votre attention pour une aventure humaine passionnante très bien rendue grâce à un graphisme expressif.
Je n'aime pas les mangas mais j'arrive à me forcer quand le contenu est de qualité.
"Demain les Oiseaux" m'a plu de bout en bout. Le scénario est intelligent, rythmé et maitrisé.
Les 19 chapitres peuvent se lire indépendamment mais forment une histoire complète sur l'avènement de la civilisation au pouvoir sur la terre.
Le parallèle avec la civilisation est bien narré. L'auteur décortique leur société avec brio. Il ne faut pas se leurrer, ce récit démontre les absurdités du règne humain avant tout car les oiseaux reproduisent exactement les mêmes erreurs que les hommes.
Le final est bien senti et clos admirablement ce petit pavé de 320 pages.
Ce one shot doit être la BD au meilleur rapport qualité / prix que je connaisse. En effet, le prix de vente n'est que de 10,50 euros, moins de 10 euros avec les 5%.
Si cette BD avait été imprimée dans le sens franco belge, j'aurai peut être mis un 5/5. Sauf erreur de ma part, il suffit de faire un mirroring au dessin. Je trouve pénible de lire à contre sens, sachant que je lis un manga tous les 36 du mois....
En tout cas, je suis heureux de cette lecture, j'ai déjà converti cet emprunt en achat. J'ai même passé commande avant d'avoir terminé d'en lire le tiers. Une première !!!
Avec un tel prix, je ne peux que conseiller vivement l'achat.
Encore un récit sur la violence conjugale ! Après « Inès » de Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau édité chez Drugstore, c’est au tour de Sylvain Ricard au scénario et de James au dessin de se plancher sur la question.
En fait, je n’attendais pas du tout à feuilleter une bd sur la violence conjugale. Pour moi, James était un auteur spécialisé sur les histoires humoristiques (« Les Mauvaises humeurs de James et de la tête X » et « Dans mon Open Space ») alors quand j’ai vu « … A la folie », je pensais que j’allais passer un bon moment de rigolade… eh bien, non, c’est loupé !
« … A la folie » est un récit sur un sujet grave abordé avec gravité… point barre ! A ce titre, la couverture qui montre un couple qui a l’air super sympa est trompeuse ! Parce que, bon, dès les premières pages, j’ai bien vu qu’il y avait plusieurs choses qui clochent dans ce duo : ils sont assis sur un divan très éloignés de l’un de l’autre… Et surtout, les deux êtres ne racontent pas la même chose : elle parle de leur mariage en mettant l’accent sur la présence des familles, tandis que lui raconte « son » union en prétextant que les moustiques lui a fait gâché un peu la fête et que ça lui a permis de nouer des contacts professionnels… En voyant cette première séquence, il était clair pour moi que ce couple n’allait pas durer…
J’ai vraiment aimé la narration de cette bd : Tout à tour, l’homme et la femme racontent leur vie et la façon dont ils l’ont vécu. Ainsi, le lecteur découvrira que l’homme aura une vision très différente de la femme sur comment vivre leur union. Surtout, le bédéphile découvrira un mec égoïste, ne pensant qu’à son boulot et à baiser une fois rentré chez lui. Il découvrira aussi un gars extrêmement macho qui a une idée assez basique et caduque de la femme en général : elle doit être au service de son mari quitte à se lever chaque matin pour lui préparer le petit-déjeuner par exemple…D’un autre côté, le lecteur découvrira aussi une femme rongée par la culpabilité qui croit que c’est sa faute si son couple en est à cette situation, et en perte de confiance totale en elle-même…
Bref, si on compare à « Inès », « … A la folie » est incontestablement plus riche en réflexions et joue un peu moins sur les sentiments. Le dénouement est très ouvert et laisse à penser qu’un homme brutal le restera… C’est un point de vue qui ne restera pas –à mon avis- sans débat (un peu comme si un prisonnier ayant sorti de prison recommencera ses mauvais actes dans la société)…
A première vue, le style de James où les personnages sont représentés de façon animalière n’apparaît pas adapté à ce genre de récit dramatique mais après quelques pages, je me suis fait à ce parti-pris graphique : je le trouve fin et très expressif. Cette initiative de mettre en scène des protagonistes animaliers permet aux lecteurs de les identifier facilement. En tout cas, j’ai hautement apprécié le travail de James sur cette bd !
En relisant une bd sur la violence conjugale (après « Inès »), je pensais que j’allais frôler l’indigestion sur ce thème difficile : c’était sans compter sur la narration parfaite et originale de la part des deux auteurs, ainsi que sur le style de James (qui ressemble –à mon avis- à celui de Lewis Trondheim) qui m’ont fait accrocher à cette lecture !
Une réussite !
J'avoue avoir hésité entre le 3/5 et le 4/5. Mais plus pour ce que cette BD apporte comme informations que pour la plupart des témoignages narrés, je privilégie le 4/5.
En chemin elle rencontre... est une œuvre qui ne peut être qu'indémodable (malheureusement). Il se trouve qu'elle est aussi touchante par la naïveté de son propos : il ne s'agit "que" de constats (mais quels constats !!), et je suis persuadé que cela ne changera en rien la vision de tous ceux qui ne l'achèteront jamais, et qui confortera ceux qui l'achèteront et qui sont donc déjà un peu sensibles à ce sujet.
Un gros pavé dans la mare, je pense, mais quel pavé ! Mais c'est le lot de tout témoignage : il est souvent anecdotique, aussi grave soit le sujet abordé.
Beaucoup de thèmes de la maltraitance de la femme sont abordés, mais seules quelques histoires au final m'auront réellement touché : en premier lieu, le témoignage réellement poignant de Marie Moinard (l'initiatrice du projet dont l'histoire véridique est la plus longue du livre), et quelques histoires de ci de là particulièrement bien scénarisées.
Je regrette par contre que certains auteurs n'aient pas eu plus de place pour raconter leur écœurement : trop de ces historiettes tombent un peu à plat, et je ne suis pas fan de la plupart des illustrations qui donnent à l'ouvrage un côté parfois un peu trop décalé (et même à la limite du hors propos pour certaines).
En chemin elle rencontre... est donc pour moi un ouvrage BD indispensable car traitant d'un des fléaux de tous temps, mais trop inégal dans sa structure.
J'applaudis tous les chiffres, adresses et diverses informations données, qui pourront peut-être un jour être utiles (car "sous la main") à ceux qui seront témoins de tels agissements dans leur entourage.
Et je remercie enfin les nombreux auteurs qui se sont impliqués (avec plus ou moins de talent, certes) dans l'ouvrage.
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture (malgré déjà 1500 avis déposés). Moi, j'ai éprouvé beaucoup de colère contre une société qui laisse faire ce genre de choses totalement inadmissible. Oui, de la colère contre ces hommes qui se croient de véritables mâles en dominant leur femme tout en s'abreuvant de canettes de bière. Il n'existe pas plus vil ... Je suis totalement bouleversé par la dernière image. :((
Si je pouvais éradiquer d'un cou de baguette magique ce fléau qui gangrène la société, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire. Pourquoi ne pas créer des comités de vigilance dans chaque quartier pour éviter que de tel drame ne survienne ? S'il faut passer par la dénonciation pour lutter contre ces êtres ignobles, alors oui. En n'oubliant pas de durcir la loi au maximum ... Bien entendu, ceci est mon parti pris personnel que m'a inspiré une telle lecture. Les monstres modernes doivent être combattus et pas seulement par des super-héros issus du passé ...
Cette bd a le mérite de parler d'un sujet difficile en ne tournant pas autour du pot de manière hypocrite. Il n'y a point de sensiblerie inutile. C'est vrai que beaucoup de lecteurs éprouveront certainement un malaise devant notre impuissance. Mais il ne faut pas ... Il faut voir la réalité en face et agir en conséquence même s'il est difficile de rentrer dans l'intimité d'un couple. Cette lecture est d'utilité publique.
Presque inconditionnelle de "tout Cosey", ce qui est appelé "bons sentiments" me fait surtout l'effet d'une brise fraîche et humaine, en toute simplicité, dans un monde fait de beaucoup de brutalité.
Le Bouddha d'Azur nous ramène au Tibet de Jonathan, le Tibet vu par Cosey, avec tendresse et comme de l'intérieur. Un autre regard sur l'autre.
Œuvre assez barrée, Afro Samurai suit les tribulations d'un guerrier hors norme.
Combattant errant d'une puissance rare, probablement d'origine africaine mais surnommé Afro pour sa chevelure, Afro est un homme sombre et taciturne. Il marche seul la clope aux lèvres, parlant peu au cours de l'aventure, Afro tranche à tout va et tue sans pitié un nombre faramineux d'adversaires.
Une vengeance sanglante, ça peut sembler banal, d'une certaine manière ça l'est sur le fond, mais la forme est plaisante.
L'univers tout d'abord. Un Japon féodal futuriste, peuplé de ronins et de machines bizarres, d'objets issus de diverses époques. L'auteur use ainsi d'effets amusants sans que cela ne semble anachronique. Ici un ninja met le feu à sa pointe de flèche avec un briquet Zippo, là bas un vieux moine se sert d'un téléphone portable.
Mais le point le plus fort de l'imagerie véhiculée par les dessins reste le dynamisme qu'il en ressort et l'utilisation d'une unique couleur, le rouge. Les nombreuses séquences d'action semblent filer à deux cent à l'heure, lors des combats, le sang éclabousse les pages et répand son rouge vif dans les cases. Seul le sang a droit à la couleur, les autres éléments sont en noir et blanc. Visuellement le spectacle est assuré.
Le style a aussi son importance, le trait est sec, les proportions sacrifiées au profit de l'esthétique graphique. Les personnages sont représentés de façons fine et longiligne. Afro, cheveux aux vents bandeau interminable et vêtements large, semble virevolter quand il se bat. Petites planches mais amplitude et grandeur garanties.
Certes, la médaille a un revers. Parfois des plans très serrés combinés à des scènes de combat nuisent à la lisibilité, mais pas assez souvent pour que l'ensemble s'en trouve gâché.
Quant à l'histoire, elle est simple et compréhensible. En deux tomes, divisés en dix chapitres qui relatent autant d’évènements différents mais qui ne suivent pas forcément une chronologie classique. L'enfance d'Afro n'est racontée qu'au début du deuxième tome par exemple. Il y a également des chapitres s'éloignant un peu de la quête principale, je pense au sixième chapitre simplement magnifique. Dommage que cette série souffre d'un déséquilibre qualitatif entre ses deux tomes. Le deuxième est largement meilleur que le premier, mais peu importe finalement car Afro Samurai est un cocktail plus réussi si il est dégusté d'un trait.
En résumé, Afro Samurai est une BD au scénario simple, largement transcendé par l'art graphique et narratif de l'auteur.
Fun !
JJJ
Avec ce genre de BD, il n'y a pas d'explications qui tiennent. Soit on s'immerge totalement dans le récit soit on en reste complètement étranger.
Il s'agit d'un pur roman graphique où il ne se passe rien de remarquable, si ce n'est un moment de vie avec une famille.
Celle-ci se réunit chez les parents qui annoncent leur volonté de divorcer au bout de quarante ans de mariage. La suite est à lire, on apprend à connaître les 3 enfants et leurs propres enfants. Il y a bien quelques autres personnages mais l'ensemble du récit se concentre sur les membres de la famille.
La narration est excellente, cette BD se lit avec une facilité déconcertante. Le dessin est très moyen mais a le mérite d'être lisible. Les relations priment dans ce genre d'histoire.
J'ai pensé à Blankets - Manteau de neige sur la forme et le fond.
En raison de son prix et de sa longueur, je ne conseille cette BD qu'aux adeptes des romans graphiques.
J'ai adoré, je suis convaincu que d'autres ressentiront le même plaisir en lisant ce pavé.
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Salt Pit
Salt Pit est un ouvrage qui met en lumière les prisons secrètes américaines qui se sont déployées dans le monde après les attaques terroristes du 11 Septembre. L'auteur souhaitait dénoncer les techniques d'interrogatoires totalement illégales. On assiste à de véritables scènes de torture ou d'humiliation du genre humain. Je suis intimement persuadé que pour gagner la guerre contre le terrorisme, il ne faut pas utiliser les mêmes armes au risque de devenir pire que ceux qu'on combat. On y perd le plus important : son humanité. Le président Barack Obama l'a bien compris et c'est pourquoi il va mettre fin à ces pratiques dignes d'un autre âge instaurées par l'administration Bush. Sa première décision politique n'a-t-elle pas été celle de la fermeture du centre de Guantanamo dans le sud-est de Cuba ? Oui, la barbarie la plus abjecte est venue du monde occidental pendant notre décennie. Le but était louable mais les moyens pour y parvenir étaient bien trop sales. L'auteur imagine une histoire totalement imaginaire mais qui aurait pu très bien se réaliser tant le contexte s'inspire de réalité. On fait ainsi la connaissance de Frank, un jeune garçon, élevé seul par sa mère dans la cité. On sent toute la potentialité de ce gamin qui va pourtant tomber sous le coup de l'injustice sociale. Il se retrouve en prison et va pratiquer l'Islam alors qu'il est français d'origine. Pas l'Islam tolérant qu'on connait tous mais celui marqué par la haine des extrémistes. Dès lors, la descente aux enfers ou plutôt en Afghanistan sera inéluctable. J'ai franchement aimé l'initiative de cet auteur qui n'a pas peur de montrer la réalité pour dénoncer les actes de barbarie. J'espère qu'un jour, les responsables de ces actes odieux payeront devant le Tribunal International de la Haye.
Freaks of the Heartland
C'est toujours bon de découvrir de nouveaux auteurs dans un genre qui n'est pas de prédilection. Le graphisme en aquarelle m'a littéralement envoûté par son côté à la fois réaliste et mature. Pour l'histoire, on a droit à une n-ième version de l'enfant difforme qu'on cache dans une grange dans une ferme isolée d'une vaste campagne. Les habitants sont de véritables boeufs incultes. Heureusement que l'enfance conserve son humanité face à une situation totalement intolérable. La haine ou la honte peuvent aveugler. Les monstres ne sont pas ceux qu'on pense. Bref, des thèmes qu'on connait tous déjà par coeur. Ce qui fait la différence en l'espèce, c'est à la fois un traitement graphique impeccable ainsi qu'une efficacité dans les scènes. On ne s'ennuie pas une seconde entre drame et horreur. La lecture est très agréable. Elle sera donc conseillée même à l'achat car l'objet est très beau avec un soin particulier pour la couverture qui bénéficie d'un véritable effet d'optique.
Double gauche
Double gauche représente le genre d'histoire mâtinée d'un peu de fantastique que j'aime bien au risque d'apparaître un peu "bancal". C'est comme ça et je n'y peux rien. Il y a tout le talent du scénariste accompli à savoir Corbeyran. Il rend ses récits tellement passionnants. On tombe vite sous le charme. Quand on commence cette lecture, on n'a plus envie de s'arrêter de lire tellement c'est captivant. Par ailleurs, on ne peut être que bouleversé par ce récit d'un petit garçon qui devient orphelin et qui est maltraité par son entourage. Les thèmes de la différence et de la tolérance apparaissent clairement en arrière-plan. C'est étrange comme une même histoire peut être ressentie totalement différemment par chaque lecteur. Cela va même jusque dans le regard porté sur le graphisme! Un arrière plan simple mais évocateur suffit à camper l'atmosphère et à situer le contexte. L'image est habilement conçue afin de révéler la personnalité dès le premier regard. Ainsi les couleurs sombres et anguleuses suggèrent les intentions malfaisantes du patron de cirque ou encore des tuteurs de l'orphelin à la double main gauche. De même les lignes sveltes du corps de la fée ou encore de Mimsy leur confèrent une grâce élégante. Pour être efficace, la physionomie doit traduire les pensées du personnage, révéler un peu son âme et susciter l'émotion du personnage. Or, quand on regarde l'évolution de Dustin, on ne peut qu'observer cette transformation quand il basculera du côté obscur. En conclusion, je dirai que Double Gauche mérite votre attention pour une aventure humaine passionnante très bien rendue grâce à un graphisme expressif.
Demain les Oiseaux
Je n'aime pas les mangas mais j'arrive à me forcer quand le contenu est de qualité. "Demain les Oiseaux" m'a plu de bout en bout. Le scénario est intelligent, rythmé et maitrisé. Les 19 chapitres peuvent se lire indépendamment mais forment une histoire complète sur l'avènement de la civilisation au pouvoir sur la terre. Le parallèle avec la civilisation est bien narré. L'auteur décortique leur société avec brio. Il ne faut pas se leurrer, ce récit démontre les absurdités du règne humain avant tout car les oiseaux reproduisent exactement les mêmes erreurs que les hommes. Le final est bien senti et clos admirablement ce petit pavé de 320 pages. Ce one shot doit être la BD au meilleur rapport qualité / prix que je connaisse. En effet, le prix de vente n'est que de 10,50 euros, moins de 10 euros avec les 5%. Si cette BD avait été imprimée dans le sens franco belge, j'aurai peut être mis un 5/5. Sauf erreur de ma part, il suffit de faire un mirroring au dessin. Je trouve pénible de lire à contre sens, sachant que je lis un manga tous les 36 du mois.... En tout cas, je suis heureux de cette lecture, j'ai déjà converti cet emprunt en achat. J'ai même passé commande avant d'avoir terminé d'en lire le tiers. Une première !!! Avec un tel prix, je ne peux que conseiller vivement l'achat.
… à la folie
Encore un récit sur la violence conjugale ! Après « Inès » de Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau édité chez Drugstore, c’est au tour de Sylvain Ricard au scénario et de James au dessin de se plancher sur la question. En fait, je n’attendais pas du tout à feuilleter une bd sur la violence conjugale. Pour moi, James était un auteur spécialisé sur les histoires humoristiques (« Les Mauvaises humeurs de James et de la tête X » et « Dans mon Open Space ») alors quand j’ai vu « … A la folie », je pensais que j’allais passer un bon moment de rigolade… eh bien, non, c’est loupé ! « … A la folie » est un récit sur un sujet grave abordé avec gravité… point barre ! A ce titre, la couverture qui montre un couple qui a l’air super sympa est trompeuse ! Parce que, bon, dès les premières pages, j’ai bien vu qu’il y avait plusieurs choses qui clochent dans ce duo : ils sont assis sur un divan très éloignés de l’un de l’autre… Et surtout, les deux êtres ne racontent pas la même chose : elle parle de leur mariage en mettant l’accent sur la présence des familles, tandis que lui raconte « son » union en prétextant que les moustiques lui a fait gâché un peu la fête et que ça lui a permis de nouer des contacts professionnels… En voyant cette première séquence, il était clair pour moi que ce couple n’allait pas durer… J’ai vraiment aimé la narration de cette bd : Tout à tour, l’homme et la femme racontent leur vie et la façon dont ils l’ont vécu. Ainsi, le lecteur découvrira que l’homme aura une vision très différente de la femme sur comment vivre leur union. Surtout, le bédéphile découvrira un mec égoïste, ne pensant qu’à son boulot et à baiser une fois rentré chez lui. Il découvrira aussi un gars extrêmement macho qui a une idée assez basique et caduque de la femme en général : elle doit être au service de son mari quitte à se lever chaque matin pour lui préparer le petit-déjeuner par exemple…D’un autre côté, le lecteur découvrira aussi une femme rongée par la culpabilité qui croit que c’est sa faute si son couple en est à cette situation, et en perte de confiance totale en elle-même… Bref, si on compare à « Inès », « … A la folie » est incontestablement plus riche en réflexions et joue un peu moins sur les sentiments. Le dénouement est très ouvert et laisse à penser qu’un homme brutal le restera… C’est un point de vue qui ne restera pas –à mon avis- sans débat (un peu comme si un prisonnier ayant sorti de prison recommencera ses mauvais actes dans la société)… A première vue, le style de James où les personnages sont représentés de façon animalière n’apparaît pas adapté à ce genre de récit dramatique mais après quelques pages, je me suis fait à ce parti-pris graphique : je le trouve fin et très expressif. Cette initiative de mettre en scène des protagonistes animaliers permet aux lecteurs de les identifier facilement. En tout cas, j’ai hautement apprécié le travail de James sur cette bd ! En relisant une bd sur la violence conjugale (après « Inès »), je pensais que j’allais frôler l’indigestion sur ce thème difficile : c’était sans compter sur la narration parfaite et originale de la part des deux auteurs, ainsi que sur le style de James (qui ressemble –à mon avis- à celui de Lewis Trondheim) qui m’ont fait accrocher à cette lecture ! Une réussite !
En chemin elle rencontre...
J'avoue avoir hésité entre le 3/5 et le 4/5. Mais plus pour ce que cette BD apporte comme informations que pour la plupart des témoignages narrés, je privilégie le 4/5. En chemin elle rencontre... est une œuvre qui ne peut être qu'indémodable (malheureusement). Il se trouve qu'elle est aussi touchante par la naïveté de son propos : il ne s'agit "que" de constats (mais quels constats !!), et je suis persuadé que cela ne changera en rien la vision de tous ceux qui ne l'achèteront jamais, et qui confortera ceux qui l'achèteront et qui sont donc déjà un peu sensibles à ce sujet. Un gros pavé dans la mare, je pense, mais quel pavé ! Mais c'est le lot de tout témoignage : il est souvent anecdotique, aussi grave soit le sujet abordé. Beaucoup de thèmes de la maltraitance de la femme sont abordés, mais seules quelques histoires au final m'auront réellement touché : en premier lieu, le témoignage réellement poignant de Marie Moinard (l'initiatrice du projet dont l'histoire véridique est la plus longue du livre), et quelques histoires de ci de là particulièrement bien scénarisées. Je regrette par contre que certains auteurs n'aient pas eu plus de place pour raconter leur écœurement : trop de ces historiettes tombent un peu à plat, et je ne suis pas fan de la plupart des illustrations qui donnent à l'ouvrage un côté parfois un peu trop décalé (et même à la limite du hors propos pour certaines). En chemin elle rencontre... est donc pour moi un ouvrage BD indispensable car traitant d'un des fléaux de tous temps, mais trop inégal dans sa structure. J'applaudis tous les chiffres, adresses et diverses informations données, qui pourront peut-être un jour être utiles (car "sous la main") à ceux qui seront témoins de tels agissements dans leur entourage. Et je remercie enfin les nombreux auteurs qui se sont impliqués (avec plus ou moins de talent, certes) dans l'ouvrage.
Inès
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture (malgré déjà 1500 avis déposés). Moi, j'ai éprouvé beaucoup de colère contre une société qui laisse faire ce genre de choses totalement inadmissible. Oui, de la colère contre ces hommes qui se croient de véritables mâles en dominant leur femme tout en s'abreuvant de canettes de bière. Il n'existe pas plus vil ... Je suis totalement bouleversé par la dernière image. :(( Si je pouvais éradiquer d'un cou de baguette magique ce fléau qui gangrène la société, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire. Pourquoi ne pas créer des comités de vigilance dans chaque quartier pour éviter que de tel drame ne survienne ? S'il faut passer par la dénonciation pour lutter contre ces êtres ignobles, alors oui. En n'oubliant pas de durcir la loi au maximum ... Bien entendu, ceci est mon parti pris personnel que m'a inspiré une telle lecture. Les monstres modernes doivent être combattus et pas seulement par des super-héros issus du passé ... Cette bd a le mérite de parler d'un sujet difficile en ne tournant pas autour du pot de manière hypocrite. Il n'y a point de sensiblerie inutile. C'est vrai que beaucoup de lecteurs éprouveront certainement un malaise devant notre impuissance. Mais il ne faut pas ... Il faut voir la réalité en face et agir en conséquence même s'il est difficile de rentrer dans l'intimité d'un couple. Cette lecture est d'utilité publique.
Le Bouddha d'Azur
Presque inconditionnelle de "tout Cosey", ce qui est appelé "bons sentiments" me fait surtout l'effet d'une brise fraîche et humaine, en toute simplicité, dans un monde fait de beaucoup de brutalité. Le Bouddha d'Azur nous ramène au Tibet de Jonathan, le Tibet vu par Cosey, avec tendresse et comme de l'intérieur. Un autre regard sur l'autre.
Afro Samurai
Œuvre assez barrée, Afro Samurai suit les tribulations d'un guerrier hors norme. Combattant errant d'une puissance rare, probablement d'origine africaine mais surnommé Afro pour sa chevelure, Afro est un homme sombre et taciturne. Il marche seul la clope aux lèvres, parlant peu au cours de l'aventure, Afro tranche à tout va et tue sans pitié un nombre faramineux d'adversaires. Une vengeance sanglante, ça peut sembler banal, d'une certaine manière ça l'est sur le fond, mais la forme est plaisante. L'univers tout d'abord. Un Japon féodal futuriste, peuplé de ronins et de machines bizarres, d'objets issus de diverses époques. L'auteur use ainsi d'effets amusants sans que cela ne semble anachronique. Ici un ninja met le feu à sa pointe de flèche avec un briquet Zippo, là bas un vieux moine se sert d'un téléphone portable. Mais le point le plus fort de l'imagerie véhiculée par les dessins reste le dynamisme qu'il en ressort et l'utilisation d'une unique couleur, le rouge. Les nombreuses séquences d'action semblent filer à deux cent à l'heure, lors des combats, le sang éclabousse les pages et répand son rouge vif dans les cases. Seul le sang a droit à la couleur, les autres éléments sont en noir et blanc. Visuellement le spectacle est assuré. Le style a aussi son importance, le trait est sec, les proportions sacrifiées au profit de l'esthétique graphique. Les personnages sont représentés de façons fine et longiligne. Afro, cheveux aux vents bandeau interminable et vêtements large, semble virevolter quand il se bat. Petites planches mais amplitude et grandeur garanties. Certes, la médaille a un revers. Parfois des plans très serrés combinés à des scènes de combat nuisent à la lisibilité, mais pas assez souvent pour que l'ensemble s'en trouve gâché. Quant à l'histoire, elle est simple et compréhensible. En deux tomes, divisés en dix chapitres qui relatent autant d’évènements différents mais qui ne suivent pas forcément une chronologie classique. L'enfance d'Afro n'est racontée qu'au début du deuxième tome par exemple. Il y a également des chapitres s'éloignant un peu de la quête principale, je pense au sixième chapitre simplement magnifique. Dommage que cette série souffre d'un déséquilibre qualitatif entre ses deux tomes. Le deuxième est largement meilleur que le premier, mais peu importe finalement car Afro Samurai est un cocktail plus réussi si il est dégusté d'un trait. En résumé, Afro Samurai est une BD au scénario simple, largement transcendé par l'art graphique et narratif de l'auteur. Fun ! JJJ
Bottomless Belly Button (nombril sans fond)
Avec ce genre de BD, il n'y a pas d'explications qui tiennent. Soit on s'immerge totalement dans le récit soit on en reste complètement étranger. Il s'agit d'un pur roman graphique où il ne se passe rien de remarquable, si ce n'est un moment de vie avec une famille. Celle-ci se réunit chez les parents qui annoncent leur volonté de divorcer au bout de quarante ans de mariage. La suite est à lire, on apprend à connaître les 3 enfants et leurs propres enfants. Il y a bien quelques autres personnages mais l'ensemble du récit se concentre sur les membres de la famille. La narration est excellente, cette BD se lit avec une facilité déconcertante. Le dessin est très moyen mais a le mérite d'être lisible. Les relations priment dans ce genre d'histoire. J'ai pensé à Blankets - Manteau de neige sur la forme et le fond. En raison de son prix et de sa longueur, je ne conseille cette BD qu'aux adeptes des romans graphiques. J'ai adoré, je suis convaincu que d'autres ressentiront le même plaisir en lisant ce pavé.