Bien qu'il s'agisse de l'adaptation d'un texte de Marcel Pagnol, cette œuvre inédite à l'écran nous entraîne loin des collines provençales du début du XXe siècle auxquelles l'auteur nous avait habitués. C'est en effet dans un univers préhistorique fantasmé, peuplé à la fois de premiers humains et de dinosaures, que prend place ce récit étonnant. Inspiré à Pagnol par La Guerre du Feu, ce monde primitif repose sur une loi fondamentale : tous les hommes sont frères et ne doivent jamais s'affronter, tandis que les femmes n'appartiennent à personne. La procréation est régie par un rituel où le hasard désigne les unions d'un jour, assurant ainsi la survie de la tribu. Jusqu'au jour où un jeune homme transgresse la règle en revendiquant celle qu'il désire. Ensemble, ils seront bannis, contraints de vivre seuls et donnant ainsi naissance au premier amour de l'humanité.
Malgré ce cadre insolite, on retrouve les thématiques chères à Pagnol : l'absence de véritables antagonistes, des personnages mus par des convictions sincères, souvent prêts à discuter, même s'il faut du temps pour que la sagesse du cœur l'emporte sur la rigueur des traditions. Comme souvent chez lui, ce sont les jeunes qui remettent en question l'ordre établi, et l'amour ainsi que l'amitié deviennent les leviers du changement.
Ce conte, à la fois naïf et singulier, amuse par sa vision idéalisée de la préhistoire, mais séduit par sa douceur et son humanité. Il constitue une curiosité charmante dans l'œuvre de Pagnol, un écart dépaysant mais fidèle à son esprit. Une lecture qui mérite l'attention, ne serait-ce que pour découvrir cette facette inattendue de son talent.
Un homme et une femme, que le hasard réunit après avoir manqué leur avion, s'embarquent pour une nuit mouvementée dans les rues de Paris. Leur errance commence au cimetière du Père-Lachaise, où la jeune femme, sur un coup de tête, décide de renouer avec un ancien rituel partagé avec une amie disparue : embrasser la tombe d'Oscar Wilde. À leur grande surprise, ce geste fait apparaître le fantôme du célèbre écrivain, qui les accompagnera tout au long de leur périple nocturne. Commence alors une quête inattendue, à la croisée du surnaturel et de l'introspection, comme si leur départ ne pouvait avoir lieu avant qu'ils aient affronté les blocages intimes qui freinent leurs vies depuis trop longtemps.
Le récit suit les jalons bien connus de ces histoires de rencontres providentielles, où une nuit peut tout bouleverser. Hélas, ce schéma s'annonce avec une telle évidence dès les premières pages qu'il perd en crédibilité, notamment lorsque l'homme propose une nuit blanche à une parfaite inconnue qui se laisse convaincre un peu trop rapidement. Si l'on échappe à la romance attendue, l'intrigue se veut une aventure humaine et fantasque, agrémentée de la présence d'un Oscar Wilde fantomatique, à la fois drôle, discret et attendrissant. Mais malgré son ton léger et ses intentions bienveillantes, le récit souffre d'un trop-plein d'artifices. Les rebondissements paraissent forcés, chaque rencontre donnant systématiquement lieu à une péripétie ou à l'introduction d'un personnage aux contours trop appuyés pour sembler naturels. Certaines situations, comme une course poursuite avec la police surgie de nulle part, semblent plaquées, sans justification narrative. En revanche, la manière dont les deux protagonistes parviennent à faire émerger leurs blessures et à les apaiser conserve une forme de sincérité bienvenue : loin des grandes leçons de vie grandiloquentes, cette part du récit reste crédible, même si du coup elle déçoit un peu en comparaison avec le merveilleux d'une nuit entière passée avec le fantôme d'Oscar Wilde. .
Finalement, si l'ensemble peine à surprendre et reste très convenu dans son genre, c'est bien la figure d'Oscar Wilde, traitée avec délicatesse et humour, qui apporte à cet ouvrage une touche de charme et d'originalité bienvenue.
Note : 2,5/5
Dans les îles indonésiennes du XVIIe siècle, une jeune femme part en quête de ses origines, guidée uniquement par un pendentif en forme de quart de cercle et par les élucubrations d'un fantôme de pirate un brin dérangé. Par un enchaînement de hasards, elle croise la route de deux autres jeunes femmes arborant le même pendentif, la première dans un bar, la seconde sur une île déserte très peu de temps après. Ensemble, elles s'engagent dans une aventure à la recherche d'un célèbre pirate disparu qui pourrait bien être leur père et leur quête les mènera à croiser celle de la fameuse reine des pirates, quatrième détentrice du pendentif.
C'est un récit de pirates pour adolescents et cela se ressent trop fortement. Il en épouse malheureusement tous les codes de manière un peu trop appuyée. Le dessin, influencé par l'animation, bénéficie d'une mise en couleur pastel plutôt plaisante, mais reste limité dans l'expressivité : les visages paraissent souvent figés dans un excès d'émotion, ce qui fatigue sur la durée. Narrativement, l'album s'inspire ouvertement de Pirates des Caraïbes, en y mêlant quelques touches rappelant Monkey Island ou Les Campbell. Le problème, c'est que l'ensemble semble bien trop familier. Malgré le décor indonésien qui aurait pu offrir une bouffée d'originalité, tout évoque les Caraïbes, à l'exception notable du navire de guerre chinois de la reine des pirates. Les quatre héroïnes, qui auraient pu incarner des archétypes un peu plus inattendus, peinent à dépasser leurs rôles stéréotypés. L'une d'elles, la blonde excentrique, apporte un peu de fraîcheur, mais cela reste insuffisant pour compenser la rigidité des personnages et la platitude de certains dialogues, notamment ceux entre les deux premières jeunes femmes en début d'histoire qui en deviennent pénibles tant ils manquent de naturel. L'intrigue, quant à elle, se lit sans déplaisir grâce à un rythme soutenu, mais elle suit des rails bien trop prévisibles pour véritablement captiver. La fin, attendue, n'apporte guère de relief supplémentaire.
Bref, un album qui fait passer le temps mais qui ne sort jamais des sentiers battus et laisse en bouche un goût d'aventure déjà vue.
Note : 2,5/5
Je connais Malaurie et l’expédition au cœur de cet album par son livre « Les derniers rois de Thulé », que j’avais lu il y a très longtemps, dans la belle collection « Terre Humaine » de Plon.
Cet album m’a permis de replonger dans cette aventure humaine et scientifique. Le côté humain est ici prédominant, prend le pas sur l’aspect scientifique, évoqué au fil des pages (c’est quand même le but de l’expédition !), mais ici en retrait.
C’est à la fois la découverte par Malaurie d’un peuple et de son mode de vie, mais aussi d’un univers (le grand nord arctique) hostile et grandiose. C’est aussi, j’allais dire avant tout une aventure personnelle, la découverte de ses limites. Le long passage de dépression lorsqu’il commence à s’installer dans son igloo au sein de la communauté inuit où il hiverne est symptomatique de cette lutte intérieure, qui ressemble extérieurement à une purification quasi rituelle, permettant ensuite de sortir, renforcé, pour se lancer dans une expédition de plusieurs mois dans les immensités glacées et désertiques, pour dresser des cartes collecter des pierres, etc.
Au travers du récit, c’est la personnalité de Malaurie qui se profile : traversée de fragilité, mais aussi de beaucoup de force. Ce voyage inaugural, qui lancera sa carrière, est ici bien rendu.
Grâce aussi au dessin de Bihel, simple, au rendu agréable.
Une lecture intéressante.
Note réelle 3,5/5.
Après avoir refermé l'intégrale des 2 tomes de la série, c'est un sentiment de déception qui prédomine.
Pourtant, je suis plutôt de nature à aimer ce type d'enquête policière sur fond de mysticisme / fantastique. Chacun des deux tomes est ainsi construit de façon similaire avec 3 enquêteurs d'un bureau dont on ne connait pas le nom qui mènent une enquête suite à un ou plusieurs décès. Chaque personnage possède un caractère très différent, entre le vieux briscard alcoolique, le jeune flic un brin rentre-dedans et la femme un peu plus psychologue. On sent que la série a été abandonnée car Richard Marazano distille ici et là quelques indices sur le passé et les failles de chacun des protagonistes ainsi qu'un début d'explication sur ce fameux bureau dont font partie les 3 personnages. Dommage, car la série avait un peu de potentiel et aurait gagné en épaisseur et en profondeur avec quelques tomes de plus... On pourra toutefois regretter parfois la lenteur de l'intrigue au détriment du dénouement final qui est parfois rapidement expédié (notamment dans le tome 1).
Au niveau du graphisme, le travail à la peinture de Christian De Metter, chaque case étant une véritable aquarelle, confère un côté figé aux visages des personnages rendant l'ensemble relativement froid. Cela m'a ainsi fait penser à Red Bridge. Les décors sont également un peu trop dépouillés à mon goût.
Une petite déception, l'ensemble méritant tout de même le coup d’œil.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10
NOTE GLOBALE : 12/20
J'ai lu la bd intégrale : " La mémoire dans les poches " de Luc Brunschwig. J'ai bien aimé la couverture de la BD et les dessins de ce livre, ils sont magnifiques, les choix des visages des personnages et de leurs émotions sont réalistes. L'histoire était plutôt intéressante au départ, mais après 150 pages j'étais un peu perdue, il se passait beaucoup de choses. Entre le passé, le futur, l'histoire de la guerre, tous ses copains et la famille, la maladie de Sidoine etc..., je trouve que c'est trop. Pour moi, cette fin est un peu décevante. Mais je comprends que le scénario est tiré d'une histoire vraie.
Le démarrage et lent, mais on prend le temps d’installer l’intrigue, le monde en « huis-clos » dans lequel nous allons baigner.
Le dessin au trait gras est inégal et parfois brouillon, il manque de détails (remarque valable pour les personnages et les décors), mais là aussi je m’y suis fait. D’autant que le papier épais est agréable pour le lecteur.
L’intrigue est classique dans les grandes lignes. Un régime dystopique et dictatorial va peu à peu être remis en cause par un grain de sable. Embarqués dans un vaisseau (dont le nom singe celui de l’Arche de la Bible) pour sauver des Terriens d’une catastrophe empêchant de vivre sur la planète bleue, les « survivants » sont divisés en catégories étanches et inégales : quelques dirigeants vénérés comme des sauveurs, quasi divinisés, qui vivent comme des nababs, tandis que les « jeunes » sont leurs serviteurs, jusqu’à leur majorité.
Parmi ces « serviteurs » une jeune fille, Perséphone, va, juste avant d’être « émancipée », commencer à se poser des questions, et comprendre – et nous avec elle – ce qui se cache derrière la Vérité assénée à coup de slogans par les dirigeants.
La SF bascule presque dans un thriller, et l’intrigue prend de l’ampleur, tout en étant de plus en plus dynamique. L’histoire est intéressante et agréable à suivre, même si la fin est un peu expédiée, tout étant résolu un peu facilement.
Une lecture sympathique en tout cas.
Note réelle 3,5/5.
J’ai plutôt bien aimé, moi, cette petite série japonisante. Délire de l’auteur ? Sans doute, mais j’ai trouvé ça plaisant à lire.
Même si les caractères des personnages ne sont pas très développés, je les ai trouvés néanmoins sympathiques à suivre, surtout la Renarde, visiblement directement inspirée du panthéon nippon, que j’avoue connaître très mal.
Elle m’a bien plu et même si elle est censée représenter la méchante, j’ai pris fait et cause pour elle. Il faut dire que ses ennemis sont fort peu engageants, c’est le moins que l’on puisse dire.
De l’action, des rebondissements, des artifices divers et variés pour toujours s’en sortir, des démons grimaçants, et un beau dessin en noir et blanc, bien gras mais bien lisible.
Il n’en fallait pas plus pour que je me fasse une petite lecture bien sympa et distrayante.
Je n’irai pas jusqu’à l’acheter mais contente de l’avoir emprunté et d’avoir découvert le dessin de l’auteur.
Tombé par hasard sur cet album, je me suis lancé dans sa lecture sans a priori, charmé par l'élégance du dessin.
L'élégance visuelle est bien là, Trung Nguyen combinant les estampes japonaises avec un trait comics relativement classique, mais qui manque un peu de vie car les cases sont relativement vides. Il explicite son projet en postface de l'album : montrer les difficultés pour une famille d'immigrés de communiquer, mais surtout pour dire des choses simples, enfin en apparence. Mais là où la plupart des histoires à ce sujet nous montrent les difficultés en-dehors de la sphère familiale, Trung Nguyen (probablement inspiré par sa propre histoire ou celle de son entourage) a choisi de nous parler de ces difficultés à l'intérieur du cercle familial. En effet, si Hièn a gardé des liens forts avec sa famille et les traditions de son pays d'origine, le Vietnam, son fils lui est totalement intégré à la société américaine et parle à peine la langue de ses parents. la lecture de contes venus d'Asie est donc un moyen de garder le lien, de lui enseigner des choses de ce pays lointain. Si le dénouement de l'album permet de comprendre cet enjeu, j'avoue qu'il a fallu du temps pour y arriver. Seule la dernière histoire est claire à ce sujet, reflétant peut-être le cheminement de la pensée de la mère de Tièn.
Je suis peut-être passé à côté de ma lecture, mais j'ai tout de même bien apprécié les parties relatives aux contes lus par l'adolescent, la grâce du trait de Nguyen reflétant bien la délicatesse des contes. C'est pour ça que j'ai mis l'album en "inclassable, car il s'agit en fait d'une suite de contes encapsulés dans un roman graphique relativement simple. J'espère que l'album a tout de même rencontré son public.
Ramaïoli a beaucoup publié de récits d’aventures historiques et guerrières. A chaque fois en se documentant et en cherchant à faire coller sa petite histoire avec la grande.
C’est encore le cas avec cette série, qui nous plonge dans l’Afrique du Sud au moment de l’affrontement entre Anglais et Zoulous.
J’ai lu le premier cycle de six albums. Si ma lecture a été plutôt plaisante, je pense m’arrêter là. En effet, ça commence un peu à s’étirer, et les batailles prennent quasiment toute la place, au détriment des personnages, et d’une intrigue plus développée.
Après un premier tome introductif, mais au final déjà bien animé (la lourde défaite anglaise de l’Isandlwana, traitée dans le film « L’ultime attaque »), Ramaïoli nous présente un morceau de bravoure sur deux albums, autour de l’assaut par plusieurs milliers de Zoulous d’un peu moins de 200 Anglais à Rorke’s Drift. C’est un épisode que je connais bien, car il a été traité au cinéma (dans le film « Zoulou », que j’ai vu il y a longtemps), mais aussi en BD par D’Antonio dans L'Homme du Zoulouland. Ramaïoli délaye juste ce combat jusqu’au bout, pour en donner quelque chose d’épique et de désespéré, dans un rendu proche de ce que l’imaginaire a conservé de la résistance des Légionnaires à Camerone – mais là les défenseurs restent maîtres du terrain !
Les trois albums suivants suivent la campagne de 1879, les combats devenant de plus en plus omniprésents dans le récit.
Au milieu des chefs militaires (Anglais et Zoulous), Ramaïoli a placé comme personnages principaux et fil rouge Dundee, un Anglais vivant au milieu des Zoulous et adopté par eux, qui va se trouver, à son corps défendant, obligé de lutter du côté des Anglais, mais aussi un jeune soldat écossais, Kevin, que Dundee va prendre sous son aile. Ces deux personnages se retrouvent au cœur de tous les combats.
Le personnage de Dundee, entre deux cultures, et quelques aspects de l’histoire, m’ont fait penser à certains récits de Pratt (qui lui aussi a traité de la guerre de 1879 dans Cato Zoulou, album vraiment mineur dans son œuvre) se déroulant en Amérique du nord (Ticonderoga, mais aussi Fort Wheeling). Mais il manque ici une certaine force épique et poétique que savait insuffler Pratt à ces œuvres.
Pour revenir au récit de Ramaïoli, c’est de l’aventure classique et old school, assez « hollywoodienne » dans son traitement (même si Hollywood aurait sans doute ajouté une jeune et belle anglaise que tous les officiers british auraient draguée et défendue, là où Ramaïoli a placé une jeune zouloue dont Kevin s’amourache – un personnage féminin qui n’apporte pas grand-chose ici je trouve).
Un récit qui s’étire un peu trop, mais sur ce premier cycle, le lecteur ne s’ennuie pas. C’est très dynamique, et Ramaïoli utilise bien les termes zoulous, reconstitue très bien l’univers par son dessin réaliste et fort, pour que l’on se trouve immergé dans l’action du début à la fin. Les dispute entre un Dundee rebelle à toute autorité et quelques officiers et sous-officiers anglais rappellent quelques passages des westerns de Ford. Seul le personnage de Kevin m’est apparu parfois un peu trop falot et artificiel.
Une série en tout cas très recommandable pour les amateurs de récits historiques, Ramaïoli a soigné son travail.
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Le Premier Amour
Bien qu'il s'agisse de l'adaptation d'un texte de Marcel Pagnol, cette œuvre inédite à l'écran nous entraîne loin des collines provençales du début du XXe siècle auxquelles l'auteur nous avait habitués. C'est en effet dans un univers préhistorique fantasmé, peuplé à la fois de premiers humains et de dinosaures, que prend place ce récit étonnant. Inspiré à Pagnol par La Guerre du Feu, ce monde primitif repose sur une loi fondamentale : tous les hommes sont frères et ne doivent jamais s'affronter, tandis que les femmes n'appartiennent à personne. La procréation est régie par un rituel où le hasard désigne les unions d'un jour, assurant ainsi la survie de la tribu. Jusqu'au jour où un jeune homme transgresse la règle en revendiquant celle qu'il désire. Ensemble, ils seront bannis, contraints de vivre seuls et donnant ainsi naissance au premier amour de l'humanité. Malgré ce cadre insolite, on retrouve les thématiques chères à Pagnol : l'absence de véritables antagonistes, des personnages mus par des convictions sincères, souvent prêts à discuter, même s'il faut du temps pour que la sagesse du cœur l'emporte sur la rigueur des traditions. Comme souvent chez lui, ce sont les jeunes qui remettent en question l'ordre établi, et l'amour ainsi que l'amitié deviennent les leviers du changement. Ce conte, à la fois naïf et singulier, amuse par sa vision idéalisée de la préhistoire, mais séduit par sa douceur et son humanité. Il constitue une curiosité charmante dans l'œuvre de Pagnol, un écart dépaysant mais fidèle à son esprit. Une lecture qui mérite l'attention, ne serait-ce que pour découvrir cette facette inattendue de son talent.
La Nuit est belle
Un homme et une femme, que le hasard réunit après avoir manqué leur avion, s'embarquent pour une nuit mouvementée dans les rues de Paris. Leur errance commence au cimetière du Père-Lachaise, où la jeune femme, sur un coup de tête, décide de renouer avec un ancien rituel partagé avec une amie disparue : embrasser la tombe d'Oscar Wilde. À leur grande surprise, ce geste fait apparaître le fantôme du célèbre écrivain, qui les accompagnera tout au long de leur périple nocturne. Commence alors une quête inattendue, à la croisée du surnaturel et de l'introspection, comme si leur départ ne pouvait avoir lieu avant qu'ils aient affronté les blocages intimes qui freinent leurs vies depuis trop longtemps. Le récit suit les jalons bien connus de ces histoires de rencontres providentielles, où une nuit peut tout bouleverser. Hélas, ce schéma s'annonce avec une telle évidence dès les premières pages qu'il perd en crédibilité, notamment lorsque l'homme propose une nuit blanche à une parfaite inconnue qui se laisse convaincre un peu trop rapidement. Si l'on échappe à la romance attendue, l'intrigue se veut une aventure humaine et fantasque, agrémentée de la présence d'un Oscar Wilde fantomatique, à la fois drôle, discret et attendrissant. Mais malgré son ton léger et ses intentions bienveillantes, le récit souffre d'un trop-plein d'artifices. Les rebondissements paraissent forcés, chaque rencontre donnant systématiquement lieu à une péripétie ou à l'introduction d'un personnage aux contours trop appuyés pour sembler naturels. Certaines situations, comme une course poursuite avec la police surgie de nulle part, semblent plaquées, sans justification narrative. En revanche, la manière dont les deux protagonistes parviennent à faire émerger leurs blessures et à les apaiser conserve une forme de sincérité bienvenue : loin des grandes leçons de vie grandiloquentes, cette part du récit reste crédible, même si du coup elle déçoit un peu en comparaison avec le merveilleux d'une nuit entière passée avec le fantôme d'Oscar Wilde. . Finalement, si l'ensemble peine à surprendre et reste très convenu dans son genre, c'est bien la figure d'Oscar Wilde, traitée avec délicatesse et humour, qui apporte à cet ouvrage une touche de charme et d'originalité bienvenue. Note : 2,5/5
Liées par le destin
Dans les îles indonésiennes du XVIIe siècle, une jeune femme part en quête de ses origines, guidée uniquement par un pendentif en forme de quart de cercle et par les élucubrations d'un fantôme de pirate un brin dérangé. Par un enchaînement de hasards, elle croise la route de deux autres jeunes femmes arborant le même pendentif, la première dans un bar, la seconde sur une île déserte très peu de temps après. Ensemble, elles s'engagent dans une aventure à la recherche d'un célèbre pirate disparu qui pourrait bien être leur père et leur quête les mènera à croiser celle de la fameuse reine des pirates, quatrième détentrice du pendentif. C'est un récit de pirates pour adolescents et cela se ressent trop fortement. Il en épouse malheureusement tous les codes de manière un peu trop appuyée. Le dessin, influencé par l'animation, bénéficie d'une mise en couleur pastel plutôt plaisante, mais reste limité dans l'expressivité : les visages paraissent souvent figés dans un excès d'émotion, ce qui fatigue sur la durée. Narrativement, l'album s'inspire ouvertement de Pirates des Caraïbes, en y mêlant quelques touches rappelant Monkey Island ou Les Campbell. Le problème, c'est que l'ensemble semble bien trop familier. Malgré le décor indonésien qui aurait pu offrir une bouffée d'originalité, tout évoque les Caraïbes, à l'exception notable du navire de guerre chinois de la reine des pirates. Les quatre héroïnes, qui auraient pu incarner des archétypes un peu plus inattendus, peinent à dépasser leurs rôles stéréotypés. L'une d'elles, la blonde excentrique, apporte un peu de fraîcheur, mais cela reste insuffisant pour compenser la rigidité des personnages et la platitude de certains dialogues, notamment ceux entre les deux premières jeunes femmes en début d'histoire qui en deviennent pénibles tant ils manquent de naturel. L'intrigue, quant à elle, se lit sans déplaisir grâce à un rythme soutenu, mais elle suit des rails bien trop prévisibles pour véritablement captiver. La fin, attendue, n'apporte guère de relief supplémentaire. Bref, un album qui fait passer le temps mais qui ne sort jamais des sentiers battus et laisse en bouche un goût d'aventure déjà vue. Note : 2,5/5
Malaurie - L'Appel de Thulé
Je connais Malaurie et l’expédition au cœur de cet album par son livre « Les derniers rois de Thulé », que j’avais lu il y a très longtemps, dans la belle collection « Terre Humaine » de Plon. Cet album m’a permis de replonger dans cette aventure humaine et scientifique. Le côté humain est ici prédominant, prend le pas sur l’aspect scientifique, évoqué au fil des pages (c’est quand même le but de l’expédition !), mais ici en retrait. C’est à la fois la découverte par Malaurie d’un peuple et de son mode de vie, mais aussi d’un univers (le grand nord arctique) hostile et grandiose. C’est aussi, j’allais dire avant tout une aventure personnelle, la découverte de ses limites. Le long passage de dépression lorsqu’il commence à s’installer dans son igloo au sein de la communauté inuit où il hiverne est symptomatique de cette lutte intérieure, qui ressemble extérieurement à une purification quasi rituelle, permettant ensuite de sortir, renforcé, pour se lancer dans une expédition de plusieurs mois dans les immensités glacées et désertiques, pour dresser des cartes collecter des pierres, etc. Au travers du récit, c’est la personnalité de Malaurie qui se profile : traversée de fragilité, mais aussi de beaucoup de force. Ce voyage inaugural, qui lancera sa carrière, est ici bien rendu. Grâce aussi au dessin de Bihel, simple, au rendu agréable. Une lecture intéressante. Note réelle 3,5/5.
Dusk
Après avoir refermé l'intégrale des 2 tomes de la série, c'est un sentiment de déception qui prédomine. Pourtant, je suis plutôt de nature à aimer ce type d'enquête policière sur fond de mysticisme / fantastique. Chacun des deux tomes est ainsi construit de façon similaire avec 3 enquêteurs d'un bureau dont on ne connait pas le nom qui mènent une enquête suite à un ou plusieurs décès. Chaque personnage possède un caractère très différent, entre le vieux briscard alcoolique, le jeune flic un brin rentre-dedans et la femme un peu plus psychologue. On sent que la série a été abandonnée car Richard Marazano distille ici et là quelques indices sur le passé et les failles de chacun des protagonistes ainsi qu'un début d'explication sur ce fameux bureau dont font partie les 3 personnages. Dommage, car la série avait un peu de potentiel et aurait gagné en épaisseur et en profondeur avec quelques tomes de plus... On pourra toutefois regretter parfois la lenteur de l'intrigue au détriment du dénouement final qui est parfois rapidement expédié (notamment dans le tome 1). Au niveau du graphisme, le travail à la peinture de Christian De Metter, chaque case étant une véritable aquarelle, confère un côté figé aux visages des personnages rendant l'ensemble relativement froid. Cela m'a ainsi fait penser à Red Bridge. Les décors sont également un peu trop dépouillés à mon goût. Une petite déception, l'ensemble méritant tout de même le coup d’œil. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 12/20
La Mémoire dans les poches
J'ai lu la bd intégrale : " La mémoire dans les poches " de Luc Brunschwig. J'ai bien aimé la couverture de la BD et les dessins de ce livre, ils sont magnifiques, les choix des visages des personnages et de leurs émotions sont réalistes. L'histoire était plutôt intéressante au départ, mais après 150 pages j'étais un peu perdue, il se passait beaucoup de choses. Entre le passé, le futur, l'histoire de la guerre, tous ses copains et la famille, la maladie de Sidoine etc..., je trouve que c'est trop. Pour moi, cette fin est un peu décevante. Mais je comprends que le scénario est tiré d'une histoire vraie.
Arca ou la nouvelle Eden
Le démarrage et lent, mais on prend le temps d’installer l’intrigue, le monde en « huis-clos » dans lequel nous allons baigner. Le dessin au trait gras est inégal et parfois brouillon, il manque de détails (remarque valable pour les personnages et les décors), mais là aussi je m’y suis fait. D’autant que le papier épais est agréable pour le lecteur. L’intrigue est classique dans les grandes lignes. Un régime dystopique et dictatorial va peu à peu être remis en cause par un grain de sable. Embarqués dans un vaisseau (dont le nom singe celui de l’Arche de la Bible) pour sauver des Terriens d’une catastrophe empêchant de vivre sur la planète bleue, les « survivants » sont divisés en catégories étanches et inégales : quelques dirigeants vénérés comme des sauveurs, quasi divinisés, qui vivent comme des nababs, tandis que les « jeunes » sont leurs serviteurs, jusqu’à leur majorité. Parmi ces « serviteurs » une jeune fille, Perséphone, va, juste avant d’être « émancipée », commencer à se poser des questions, et comprendre – et nous avec elle – ce qui se cache derrière la Vérité assénée à coup de slogans par les dirigeants. La SF bascule presque dans un thriller, et l’intrigue prend de l’ampleur, tout en étant de plus en plus dynamique. L’histoire est intéressante et agréable à suivre, même si la fin est un peu expédiée, tout étant résolu un peu facilement. Une lecture sympathique en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Le Tengû Carré
J’ai plutôt bien aimé, moi, cette petite série japonisante. Délire de l’auteur ? Sans doute, mais j’ai trouvé ça plaisant à lire. Même si les caractères des personnages ne sont pas très développés, je les ai trouvés néanmoins sympathiques à suivre, surtout la Renarde, visiblement directement inspirée du panthéon nippon, que j’avoue connaître très mal. Elle m’a bien plu et même si elle est censée représenter la méchante, j’ai pris fait et cause pour elle. Il faut dire que ses ennemis sont fort peu engageants, c’est le moins que l’on puisse dire. De l’action, des rebondissements, des artifices divers et variés pour toujours s’en sortir, des démons grimaçants, et un beau dessin en noir et blanc, bien gras mais bien lisible. Il n’en fallait pas plus pour que je me fasse une petite lecture bien sympa et distrayante. Je n’irai pas jusqu’à l’acheter mais contente de l’avoir emprunté et d’avoir découvert le dessin de l’auteur.
The Magic Fish
Tombé par hasard sur cet album, je me suis lancé dans sa lecture sans a priori, charmé par l'élégance du dessin. L'élégance visuelle est bien là, Trung Nguyen combinant les estampes japonaises avec un trait comics relativement classique, mais qui manque un peu de vie car les cases sont relativement vides. Il explicite son projet en postface de l'album : montrer les difficultés pour une famille d'immigrés de communiquer, mais surtout pour dire des choses simples, enfin en apparence. Mais là où la plupart des histoires à ce sujet nous montrent les difficultés en-dehors de la sphère familiale, Trung Nguyen (probablement inspiré par sa propre histoire ou celle de son entourage) a choisi de nous parler de ces difficultés à l'intérieur du cercle familial. En effet, si Hièn a gardé des liens forts avec sa famille et les traditions de son pays d'origine, le Vietnam, son fils lui est totalement intégré à la société américaine et parle à peine la langue de ses parents. la lecture de contes venus d'Asie est donc un moyen de garder le lien, de lui enseigner des choses de ce pays lointain. Si le dénouement de l'album permet de comprendre cet enjeu, j'avoue qu'il a fallu du temps pour y arriver. Seule la dernière histoire est claire à ce sujet, reflétant peut-être le cheminement de la pensée de la mère de Tièn. Je suis peut-être passé à côté de ma lecture, mais j'ai tout de même bien apprécié les parties relatives aux contes lus par l'adolescent, la grâce du trait de Nguyen reflétant bien la délicatesse des contes. C'est pour ça que j'ai mis l'album en "inclassable, car il s'agit en fait d'une suite de contes encapsulés dans un roman graphique relativement simple. J'espère que l'album a tout de même rencontré son public.
Zoulouland
Ramaïoli a beaucoup publié de récits d’aventures historiques et guerrières. A chaque fois en se documentant et en cherchant à faire coller sa petite histoire avec la grande. C’est encore le cas avec cette série, qui nous plonge dans l’Afrique du Sud au moment de l’affrontement entre Anglais et Zoulous. J’ai lu le premier cycle de six albums. Si ma lecture a été plutôt plaisante, je pense m’arrêter là. En effet, ça commence un peu à s’étirer, et les batailles prennent quasiment toute la place, au détriment des personnages, et d’une intrigue plus développée. Après un premier tome introductif, mais au final déjà bien animé (la lourde défaite anglaise de l’Isandlwana, traitée dans le film « L’ultime attaque »), Ramaïoli nous présente un morceau de bravoure sur deux albums, autour de l’assaut par plusieurs milliers de Zoulous d’un peu moins de 200 Anglais à Rorke’s Drift. C’est un épisode que je connais bien, car il a été traité au cinéma (dans le film « Zoulou », que j’ai vu il y a longtemps), mais aussi en BD par D’Antonio dans L'Homme du Zoulouland. Ramaïoli délaye juste ce combat jusqu’au bout, pour en donner quelque chose d’épique et de désespéré, dans un rendu proche de ce que l’imaginaire a conservé de la résistance des Légionnaires à Camerone – mais là les défenseurs restent maîtres du terrain ! Les trois albums suivants suivent la campagne de 1879, les combats devenant de plus en plus omniprésents dans le récit. Au milieu des chefs militaires (Anglais et Zoulous), Ramaïoli a placé comme personnages principaux et fil rouge Dundee, un Anglais vivant au milieu des Zoulous et adopté par eux, qui va se trouver, à son corps défendant, obligé de lutter du côté des Anglais, mais aussi un jeune soldat écossais, Kevin, que Dundee va prendre sous son aile. Ces deux personnages se retrouvent au cœur de tous les combats. Le personnage de Dundee, entre deux cultures, et quelques aspects de l’histoire, m’ont fait penser à certains récits de Pratt (qui lui aussi a traité de la guerre de 1879 dans Cato Zoulou, album vraiment mineur dans son œuvre) se déroulant en Amérique du nord (Ticonderoga, mais aussi Fort Wheeling). Mais il manque ici une certaine force épique et poétique que savait insuffler Pratt à ces œuvres. Pour revenir au récit de Ramaïoli, c’est de l’aventure classique et old school, assez « hollywoodienne » dans son traitement (même si Hollywood aurait sans doute ajouté une jeune et belle anglaise que tous les officiers british auraient draguée et défendue, là où Ramaïoli a placé une jeune zouloue dont Kevin s’amourache – un personnage féminin qui n’apporte pas grand-chose ici je trouve). Un récit qui s’étire un peu trop, mais sur ce premier cycle, le lecteur ne s’ennuie pas. C’est très dynamique, et Ramaïoli utilise bien les termes zoulous, reconstitue très bien l’univers par son dessin réaliste et fort, pour que l’on se trouve immergé dans l’action du début à la fin. Les dispute entre un Dundee rebelle à toute autorité et quelques officiers et sous-officiers anglais rappellent quelques passages des westerns de Ford. Seul le personnage de Kevin m’est apparu parfois un peu trop falot et artificiel. Une série en tout cas très recommandable pour les amateurs de récits historiques, Ramaïoli a soigné son travail.