Les derniers avis (47120 avis)

Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Sprague
Sprague

Que dire qui n'ait déjà été dit sur ce one shot ? Pas grand-chose, je crains. Sprague est indéniablement une très belle bande dessinée. Rodolphe nous plonge dans un monde très réussi, avec une mythologie intéressante quoique pas assez développée. C'est prenant, la narration est plutôt claire et limpide, donc on veut en savoir plus. Le problème, c'est qu'on n'en saura presque jamais plus... Comme cela a été abondamment signalé, le gros problème, c'est que le dénouement est d'une platitude, mais alors d'une platitude ! En fait, il n'y a jamais aucune péripétie dangereuse, dans ce récit. Il y a bien une séquence d'abordage réussie, mais c'est tout. Sinon, les personnages principaux ne rencontrent jamais aucune adversité, ni aucun danger majeur. C'est donc juste une découverte d'un monde inconnu. Sympa, mais pas de quoi tenir sur toute la longueur de l'intrigue. Le plus frustrant étant le rebondissement principal, quand les personnages arrivent enfin au but de leur expédition, et que le scénario est relancé de manière extrêmement prometteuse. On nous présente un nouvel univers, de nouveaux personnages, gentils comme méchants, et puis on les fait sortir aussi sec de l'intrigue ! Quant à la résolution du récit, je préfère ne pas en parler, tant elle est scandaleuse. Que reste-t-il alors ? Le dessin d'Olivier Roman. C'est clairement lui qui fait tout. Le monde imaginé par Rodolphe est sympathique, mais il ne serait pas grand-chose sans le génial coup de crayon de son dessinateur. C'est la finesse du trait de Roman qui donne tout son caractère à l'univers de Rodolphe. Roman nous propose des dessins somptueux, très délicats, et dans lesquels on adore se plonger. Ce qui rend l'expérience de Sprague non moins frustrante, mais particulièrement séduisante. Et finalement, même si tout ça n'a aucun sens, on se balade avec un plaisir non dissimulé dans ce monde fascinant. Ne manque plus qu'une histoire pour lui faire prendre vraiment vie.

26/11/2024 (modifier)
Par Simili
Note: 3/5
Couverture de la série Lanfeust Odyssey
Lanfeust Odyssey

Et voilà ca y est, c'en est fini des aventures de Lanfeust et Hébus. Alors par où commencer avec cette troisième et dernière quête de notre héros rouquin. Bon déjà globalement ce n'est pas aussi mauvais qu'on pourrait le croire. Pour dire vrai j'ai même préféré la trame de cette histoire à celle de Lanfeust des Etoiles. Je l'ai trouvé moins tiré par les cheveux et je préfère être sur Troy que dans les étoiles. Après malheureusement la série souffre de trop de défauts pour espérer mieux que ce pas mal. Tout d'abord et comme beaucoup les 2 premiers tomes peuvent vite décourager le lecteur, le dessin n'est pas au top et on se demande où Arleston veut nous emmener. Mais il y a surtout le dénouement de cette quête qui m'apparait complètement bâclé avec le sort d'un méchant (dont on ignore également complètement les motivations) passé sous silence. C'est beaucoup trop rapide et pas du tout maitrisé. Jusqu'à hier et ma lecture du dernier tome ma note était de 4 étoiles. Mais qu'est ce que j'ai pu être déçu de cette fin. Toute les bonnes choses ayant une fin, il est temps pour moi de dire au revoir à Lanfeust. Je ne me lancerai pas dans la lecture de Lanfeust Quest (je n'en vois pas l'intérêt) et j'espère sincèrement qu'Arleston laissera nos héros au repos tant le tome supplémentaire de Lanfeust de Troy sorti en 2021 est mauvais.

26/11/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série G.I. Gay
G.I. Gay

Jusqu’en 2014, l’homosexualité était proscrite dans l’armée des Etats-Unis. Nombre de militaires ont été exclus en raison de leur orientation sexuelle voire condamnés, quand ils n’étaient pas purement et simplement envoyés en cour martiale. Cet état de fait a été aboli par Barack Obama en 2011, mais les condamnations demeuraient en vigueur. Ce n’est que tout récemment que Joe Biden a gracié des milliers de militaires concernés. C’est d’un sujet encore très peu évoqué jusqu’à présent dans la culture que les auteurs se sont emparés pour produire « G.I. Gay ». Cette fiction basée sur une réalité taboue acculée par l’évolution des mœurs est co-signée par Alcante, connu pour La Bombe, un ouvrage historique remarqué en 2020 et relatant la mise au point de l’arme nucléaire qui avait dévasté Hiroshima à la fin de la seconde guerre mondiale. Sur un air de romance entre le docteur Cole et l’appelé Merle, Alcante a construit un scénario fluide, tout à fait plausible, en montrant la façon dont étaient considérés les hommes qui aimaient les hommes dans l’armée US dans les années 40, au milieu d’une majorité d’hétérosexuels qui devaient sans doute souffrir (les pauvres) dans cette ambiance ultra-testostéronée où l’apparition d’un rare jupon était susceptible de déclencher une émeute. Est-il besoin de préciser que les marines gays, comme le montre la BD, ne rechignaient pas à empoigner une arme et à risquer leur vie dans les combats, comme n’importe qui, et que la peur ne les assaillait ni plus ni moins que l’ensemble de leurs frères d’armes. Mais comme on le sait, les préjugés avaient la vie — encore plus — dure à cette époque… Sans être remarquable, le dessin de Munoz accompagne parfaitement la narration dans sa tournure un peu surannée. On est sur du classique réaliste qui est là pour restituer au plus juste une réalité maintenue sous silence depuis des décennies aux Etats-Unis, et peut-être aussi, pour la faire connaître au plus grand nombre. Ce qu’on apprécie ici, c’est que l’académisme formel de « G.I. Gay » a le mérite d’être dénué de toute provocation, ou d’animosité, tout au plus peut-on y déceler une légère ironie. Ce qu’il décrit simplement et sans clichés, c’est le quotidien d’appelés « invertis » (selon l’expression « polie » et quelque peu désuète, d’une affreuse condescendance), en particulier à travers les personnages de Merle Gore ou d’Alan Cole, qui n’étaient pas du tout efféminés, le second étant même sur le point de se fiancer avant de réaliser son homosexualité. Même si bien sûr on se doute que les « tapettes » les plus excentriques étaient exclues d’office lors des tests… Et c’est peut-être bien ce que redoutaient le plus les chefs militaires : le fait justement que ces garçons n’avaient pas l’air de « folles », qu’ils pouvaient avoir un look viril comme n’importe quel troufion. En réalité, ils leur ressemblaient beaucoup trop et cela leur était insupportable. Il y a des miroirs encombrants que l’on préfère briser… Ce qui est également troublant dans le livre — et aussi risible —, ce sont les méthodes de sélection et le langage employé par les supérieurs pour évoquer l’homosexualité (notamment par le biais du capitaine Seamund, qui fait savoir à Cole lors de sa première entrevue qu’il a intérêt à aimer voir « des mecs à poil » (sic)), avec cette crainte obsessionnelle de voir les marines « contaminés » et affaiblis, révélant chez eux un refoulé quasi-névrotique qui interroge… Hormis les arguments infondés et ridicules pour exclure les « pédés » de rangs militaires (le simple fait de se plaindre d’un mal de tête étant considéré comme suspect), il y a les tests plus explicites consistant par exemple à explorer le trou de balle des candidats pour juger de leur « expansion anale », lors des examens « chelous » où des médecins en blouse blanche et à grosses lunettes pouvaient ausculter à loisir et sous toutes les coutures, comme on le ferait pour du bétail, de jeunes hommes vigoureux et « innocents » dans le plus simple appareil. Après une campagne américaine « anti-woke » d’une rare violence, largement relayée sur les réseaux sociaux, et alors que Trump s’apprête à prendre les commandes de la « plus vieille démocratie » du monde, cette bande dessinée tombe à point nommé. On peut légitimement craindre un recul des libertés dans un pays extrêmement polarisé d’un point de vue politique. Le futur président orange reviendra-t-il sur les droits LGBT conquis de haute lutte, va-t-il congédier les hauts responsables militaires pour installer ses marionnettes ? On aimerait bien que l’avenir démente ces inquiétudes, mais le comportement agressif du milliardaire masculiniste a de quoi faire redouter une dystopie inédite dans ce pays martelant pourtant à tout bout de champ la liberté d’expression comme un droit fondamental.

26/11/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Aquaman - Andromeda
Aquaman - Andromeda

2.5 Ce comics d'Aquaman m'a paru très moyen. Graphiquement, c'est effectivement très beau et il y a de très belles planches, mais le scénario ne m'a pas passionné. Je l'ai trouvé un peu long et qu'il mettait trop en avant des personnages qui me laissaient indifférent. Il faut dire que l'intrigue est très classique et m'a trop fait penser à ''Namor - Voyage au fond des mers''. Mais bon ce one-shot pourra intéresser les lecteurs qui ne sont pas fans de super-héros et qui voudraient découvrir l'univers d'Aquaman sans être obligés d'avoir des grosses connaissances sur l'univers DC pour comprendre ce qui se passe, comme c'est souvent le cas avec les comics modernes.

25/11/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Submersion
Submersion

Voilà bien une bande dessinée déconcertante, et ce à plus d’un titre. Tout d’abord par le mode de traitement du thème abordé : la montée des eaux liée au réchauffement climatique, comme s’accorde à le penser aujourd’hui la majorité des scientifiques. Et comme l’histoire se déroule vingt ans dans le futur, on penserait avoir affaire à un récit d’anticipation post-apocalyptique. Or, il n’en est rien. Ici, la question environnementale ne sert que de toile de fond à un récit plutôt ordinaire, qui pourrait se passer aussi dans le présent, voire dans le passé. On ne trouve guère d’indices dans le dessin, qu’il s’agisse des décors, des habitations, des véhicules ou des objets de la vie courante, pour signaler une différence d’époque, si ce n’est les entrepôts abandonnés, avec quelques carcasses de voitures à proximité. De manière surprenante, ce n’est donc pas un récit anxiogène malgré un thème qui arrive désormais en bonne place des préoccupations des opinions publiques, exception faite bien sûr des climato-sceptiques et des « décideurs » de ce monde. L’axe narratif se fait autour du personnage de Travis, qui ne se remet pas de la mort de son jeune frère Wyatt. Plongé dans une colère noire éclipsant sa douleur, Travis semble en vouloir à la Terre entière car il en est persuadé, cette histoire d’accident sous l’emprise de l’alcool pourrait dissimuler un meurtre. Devenu suspicieux et irascible, ses soupçons vont se tourner vers Joseph, le garagiste du coin réputé pour plumer ses clients. Persuadé que la police ne veut pas l’écouter, il va endosser lui-même le rôle du justicier… Il faut bien l’avouer Iwan Lépingle a réussi avec « Submersion » à créer quelque chose d’unique, loin d’être déplaisant. Le livre dégage une ambiance irréelle, « fortement iodée », où les couleurs paraissent délavées par le ciel laiteux d’Écosse — un peu comme si l’océan atlantique était venu projeter ses marées jusqu’à Tours ou Angoulême. Si l’on aperçoit quelques « mobile homes » suggérant que des déplacements de population ont eu lieu, aucun personnage ne semble réellement attristé d’avoir perdu son habitation et ses biens. D’ailleurs, rien ne vient trop situer le contexte avec précision, alors on suppose que la solidarité a joué. C’est donc une vision plutôt acceptée du changement climatique, pour ne pas dire résignée, mais on ne saurait en vouloir à l’auteur de survoler la question, puisqu’après tout, elle n’est que le prétexte à créer cette atmosphère particulière. — un peu comme si l’océan atlantique était venu projeter ses marées jusqu’à Tours ou Angoulême. Si l’on aperçoit quelques « mobile homes » suggérant que des déplacements de population ont eu lieu, aucun personnage ne semble attristé d’avoir perdu son habitation et ses biens. D’ailleurs, rien ne vient trop situer le contexte avec précision, alors on suppose que la solidarité a joué. C’est donc une vision plutôt acceptée du changement climatique, pour ne pas dire résignée, mais on ne saurait en vouloir à l’auteur de survoler la question, puisqu’après tout, elle n’est que le prétexte à créer cette atmosphère particulière. L’agréable ligne claire vient nous fouetter le visage tel une brise océanique vivifiante, sans s’appesantir sur la catastrophe climatique qui a eu lieu, préférant montrer une nature qui reprend doucement ses droits dans une Écosse encore peu impactée par l’activité humaine. Lépingle aime poser ses ambiances en nous offrant de larges plans muets représentant des entrepôts laissés à l’abandon et des ponts désertés où vient s’ébattre en toute sérénité la faune ornithologique. Pour notre plus grand plaisir, la ligne claire comporte toujours ses adeptes dans le neuvième art, et celle-ci se pose en héritière incontestable du style Hergé. Si la narration, plutôt bien construite, sait entrecroiser scènes psychologiques et scènes d’action, on pourra regretter un dénouement un peu à l’arrache, et pour éviter cela, il aurait peut-être mieux valu creuser davantage le personnage du « méchant », à l’instar de la plupart des autres protagonistes qui eux sont plutôt bien campés. De plus, cette conclusion très « héroïque » brouille un peu plus les pistes quant au véritable propos du livre, puisqu’au final, nos « héros » se réjouiront (ceci n’est pas un spoiler) d’avoir découvert un stock de pierres sous-marines destinées à la fabrication des batteries électriques… Et quand on sait que l’exploitation des terres rares est l’une des dernières bêtes noires des mouvements écologistes, on s’interroge… Cela ne remet pas outre mesure en question la bonne impression que l’on a au sortir de ce one-shot, et Iwan Lépingle, auteur en solitaire qui assure le stylo et le pinceau, nous a déjà fait de belles propositions récemment avec les deux polars Akkinen - Zone toxique et Esma, déjà publiés tous les deux chez Sarbacane, l’éditeur qui a du nez pour dénicher des auteurs originaux. On peut donc se lancer, sans crainte d’être trop déçu, dans la lecture de « Submersion ».

25/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Codine
Codine

Une lecture qui ne m’a pas emballé plus que ça, même si je lui reconnais des qualités certaines. En fait je pense juste que ça n’est pas ma came (l’œuvre de Panaït Istrati donc). On a là une histoire pleine de mélancolie, d’une certaine nostalgie d’un monde qui s’efface. La relation forte nouée entre Adrien, gamin pur et délicat, tout juste arrivé avec sa mère dans un quartier pouilleux d’un port du Danube, et Codine, grande gueule musculeuse refusant de s’écarter de son code d’honneur, est intéressante. Mais c’est le rythme un peu nonchalant auquel je n’ai pas accroché. Même s’il convient sans doute au dénouement dramatique, proche des drames antiques. Un dénouement qui se laisse deviner, tant la pureté des sentiments incarnée par le lien du sang et d’honneur entre nos deux protagonistes que tout semblait séparer n’a pas sa place dans l’univers noir et crasseux dans lequel l’intrigue prend place. Note réelle 2,5/5.

25/11/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Petit pays
Petit pays

"Petit pays" relate l'enfance de Gaël Faye, fils d'un riche français expatrié au Burundi, marquée par les guerres civiles entre Hutus et Tutsis au Burundi et Rwanda voisins. Si racisme et classes sociales impactaient déjà amplement les jeux d'enfants, l'innocence et l'insouciance des larcins et jeux de gamins dominaient un quotidien d'enfant privilégié d'expatriés, mais pas non plus idyllique car impacté par l'évolution tumultueuse du couple parental et les craintes de la guerre civile. Celle-ci advint, le chaos le dispute alors à l'horreur ! La réussite de cette BD repose sur le postulat de départ de nous faire vivre la guerre civile et les génocides à hauteur d'enfant. La compréhension des enjeux en cours, les motivations des camps, etc. demeurent méconnues, seuls les faits impactant le jeune Faye nous sont révélés. L'incompréhension générale domine permettant de déshumaniser plus encore l'horreur quand bien même elle est colportée par les uns et les autres, le mécanisme global l'emportant sur les décisions individuelles. Certes, cela déresponsabilise en partie les coupables, mais évite les lourdeurs didactiques qu'un tel sujet risquait grandement de convier. Il manque néanmoins à ce titre un cri de révolte, des illustrations et mises en page allant vers l’allégorie comme ce fut le cas pour l'impressionnant Le Ciel dans la tête ; cela demeure un peu froid, comme une situation géopolitique connue et vue via le prisme d'une presse internationale parcourue assis dans son canapé. Ce qui fut historiquement le cas, tout comme lors de l'éclatement de l'ex-Serbie, ou aujourd'hui au Proche-Orient.

25/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Voyages d'Ulysse
Les Voyages d'Ulysse

Je suis partagé après la lecture de cette série. Il y a incontestablement beaucoup d'intelligence dans le scénario de Sophie Michel qui transpose de nombreux épisodes de l'Odyssée dans une version contemporaine et féminine. Le défi d'Ulysse est de ne pas se perdre en route en oubliant d'où il vient . Pour la belle Salomé c'est l'image de la mère qui servira de quête au quatre coins de la Méditerranée. Toutefois j'ai peu adhéré aux aventures du couple. Déjà je ne suis pas un grand fan du personnage d'Ulysse , l'homme aux mille ruses, qui laisse un paquet de morts dans son sillage. Ensuite j'ai trouvé que l'autrice se dispersait trop dans son récit. Outre un Toulet assez transparent et un équipage très sage et assez cliché,(le second gentil géant Black protecteur),l'autrice s'aventure dans des thématiques très contemporaines qui alourdissent et éloignent le personnage de Salomé de son modèle antique. Ce faisant je me suis peu à peu détaché des aventures du couple Salomé/Toulet avec un final assez fade après les tempêtes traversées. Par contre j'ai beaucoup aimé le graphisme de Follet et Lepage. Ainsi les nombreuses œuvres picturales avec la mythologie pour thème sont d'un grande puissance et donne un beau fil rouge à la narration. Un trait très dynamique qui palie de temps en temps à la longueur de certaines scènes. Un très bel album graphique qui m'a moins séduit par le déroulé de son scénario. 3.5

25/11/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série L'Ombre des Lumières
L'Ombre des Lumières

Difficile d'évaluer cette nouvelle série d'Ayroles à la lecture de ce seul tome 1. L'intrigue rend dans un premier temps un hommage appuyé aux "Liaisons dangereuses", ce qui est loin de me déplaire tant j'estime ce roman. C'est très élégant, prenant, gentiment prévisible et malheureusement pas assez irrévérencieux. Le portrait façon "grandeur et décadence" bifurque ensuite fort (et trop) rapidement pour aborder la déchéance puis l'exil forcé du machiavélique Chevalier de Saint Sauveur. L'ensemble ne se tient pas encore véritablement, la faute je pense à un mauvais positionnement narratif : le récit épistolaire s'embourbe dans une mise en avant trop prononcé de personnages dont le statut évolue trop fortement. Au risque de nous perdre ou décevoir un peu quand Eunice de Clairefont disparaît à mi-album tandis que le marquis de Maurepas débarque. Mais il s'agissait d'une nécessité liée au souhait brillant d'évoquer d'abord indirectement le personnage de Saint-Sauveur, afin d'en façonner le mythe et non seulement le portrait. Un grand potentiel, de la belle ouvrage, qui une fois considéré dans son ensemble prendra peut-être tout son sens pour s'épanouir et sortir de l'ombre des "Liaisons dangereuses". En l'état, le lecteur intrigué par sa plaisante lecture demeure sur sa faim. Comme pour 1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, je mets un généreux 4 d'encouragement. ****************************** Avec le tome 2, le récit gagne en cohérence, mais perd peut-être un peu en finesse. Mon avis demeure en suspens, l'ensemble semble toujours aussi prometteur, mais je crains désormais que l'envolée espérée n'ait jamais lieu, qu'il faille se contenter d'un récit propre, à bien des égards habile, mais avec une perfidie contenue, un machiavélisme attendu. D'où cette note dévaluée à un fort honorable 3/5, plus en rapport avec le crédible horizon d'attente.

05/12/2023 (MAJ le 25/11/2024) (modifier)
Couverture de la série Macbeth Roi d'Écosse
Macbeth Roi d'Écosse

Cette version de l’histoire de Macbeth, fortement influencée par la tragédie écrite par William Shakespeare, lui-même s’étant grandement inspiré des Chroniques de Raphael Holinshed (merci Wikipédia), cette version donc, donne la part belle à l’emphase et octroie à Gruoch (l’épouse de Macbeth) un rôle tellement essentiel que la série aurait sans peine pu être intégrée à la collection des reines de sang si les auteurs n’avaient pas laissé autant d’espace à l’aspect fantastique (faut que j’arrête d’écrire des phrases aussi longues, moi !) Ce qui marque en premier, bien entendu, c’est le dessin de Guillaume Sorel. Ses aquarelles très sombres, son trait riche, ses décors travaillés donnent à chaque planche l’aspect d’une peinture. Ce n’est pas toujours évident à lire mais quel boulot ! Ce qui marque en second, c’est l’écriture de Daniel Day,. Elle est très emphatique, très maniérée, fidèle à l’esprit de Shakespeare. C’est parfois lourdingue, parfois fatiguant mais dans l’ensemble j’ai bien accroché et ce style littéraire a le mérite d’être cohérent et avec le thème et avec le dessin. Ce qui marque en troisième, c’est le personnage de Gruoch, fascinante dans son arrivisme destructeur, sombrant progressivement dans la folie, rongée par les cauchemars des morts que son ambition a causés. Au final, je peux dire que j’ai bien aimé ce diptyque, même s’il est parfois un peu lourd à lire ou un peu trop sombre au niveau du dessin. Vraiment pas mal du tout.

25/11/2024 (modifier)