Tombé par hasard sur cet album, je me suis lancé dans sa lecture sans a priori, charmé par l'élégance du dessin.
L'élégance visuelle est bien là, Trung Nguyen combinant les estampes japonaises avec un trait comics relativement classique, mais qui manque un peu de vie car les cases sont relativement vides. Il explicite son projet en postface de l'album : montrer les difficultés pour une famille d'immigrés de communiquer, mais surtout pour dire des choses simples, enfin en apparence. Mais là où la plupart des histoires à ce sujet nous montrent les difficultés en-dehors de la sphère familiale, Trung Nguyen (probablement inspiré par sa propre histoire ou celle de son entourage) a choisi de nous parler de ces difficultés à l'intérieur du cercle familial. En effet, si Hièn a gardé des liens forts avec sa famille et les traditions de son pays d'origine, le Vietnam, son fils lui est totalement intégré à la société américaine et parle à peine la langue de ses parents. la lecture de contes venus d'Asie est donc un moyen de garder le lien, de lui enseigner des choses de ce pays lointain. Si le dénouement de l'album permet de comprendre cet enjeu, j'avoue qu'il a fallu du temps pour y arriver. Seule la dernière histoire est claire à ce sujet, reflétant peut-être le cheminement de la pensée de la mère de Tièn.
Je suis peut-être passé à côté de ma lecture, mais j'ai tout de même bien apprécié les parties relatives aux contes lus par l'adolescent, la grâce du trait de Nguyen reflétant bien la délicatesse des contes. C'est pour ça que j'ai mis l'album en "inclassable, car il s'agit en fait d'une suite de contes encapsulés dans un roman graphique relativement simple. J'espère que l'album a tout de même rencontré son public.
Ramaïoli a beaucoup publié de récits d’aventures historiques et guerrières. A chaque fois en se documentant et en cherchant à faire coller sa petite histoire avec la grande.
C’est encore le cas avec cette série, qui nous plonge dans l’Afrique du Sud au moment de l’affrontement entre Anglais et Zoulous.
J’ai lu le premier cycle de six albums. Si ma lecture a été plutôt plaisante, je pense m’arrêter là. En effet, ça commence un peu à s’étirer, et les batailles prennent quasiment toute la place, au détriment des personnages, et d’une intrigue plus développée.
Après un premier tome introductif, mais au final déjà bien animé (la lourde défaite anglaise de l’Isandlwana, traitée dans le film « L’ultime attaque »), Ramaïoli nous présente un morceau de bravoure sur deux albums, autour de l’assaut par plusieurs milliers de Zoulous d’un peu moins de 200 Anglais à Rorke’s Drift. C’est un épisode que je connais bien, car il a été traité au cinéma (dans le film « Zoulou », que j’ai vu il y a longtemps), mais aussi en BD par D’Antonio dans L'Homme du Zoulouland. Ramaïoli délaye juste ce combat jusqu’au bout, pour en donner quelque chose d’épique et de désespéré, dans un rendu proche de ce que l’imaginaire a conservé de la résistance des Légionnaires à Camerone – mais là les défenseurs restent maîtres du terrain !
Les trois albums suivants suivent la campagne de 1879, les combats devenant de plus en plus omniprésents dans le récit.
Au milieu des chefs militaires (Anglais et Zoulous), Ramaïoli a placé comme personnages principaux et fil rouge Dundee, un Anglais vivant au milieu des Zoulous et adopté par eux, qui va se trouver, à son corps défendant, obligé de lutter du côté des Anglais, mais aussi un jeune soldat écossais, Kevin, que Dundee va prendre sous son aile. Ces deux personnages se retrouvent au cœur de tous les combats.
Le personnage de Dundee, entre deux cultures, et quelques aspects de l’histoire, m’ont fait penser à certains récits de Pratt (qui lui aussi a traité de la guerre de 1879 dans Cato Zoulou, album vraiment mineur dans son œuvre) se déroulant en Amérique du nord (Ticonderoga, mais aussi Fort Wheeling). Mais il manque ici une certaine force épique et poétique que savait insuffler Pratt à ces œuvres.
Pour revenir au récit de Ramaïoli, c’est de l’aventure classique et old school, assez « hollywoodienne » dans son traitement (même si Hollywood aurait sans doute ajouté une jeune et belle anglaise que tous les officiers british auraient draguée et défendue, là où Ramaïoli a placé une jeune zouloue dont Kevin s’amourache – un personnage féminin qui n’apporte pas grand-chose ici je trouve).
Un récit qui s’étire un peu trop, mais sur ce premier cycle, le lecteur ne s’ennuie pas. C’est très dynamique, et Ramaïoli utilise bien les termes zoulous, reconstitue très bien l’univers par son dessin réaliste et fort, pour que l’on se trouve immergé dans l’action du début à la fin. Les dispute entre un Dundee rebelle à toute autorité et quelques officiers et sous-officiers anglais rappellent quelques passages des westerns de Ford. Seul le personnage de Kevin m’est apparu parfois un peu trop falot et artificiel.
Une série en tout cas très recommandable pour les amateurs de récits historiques, Ramaïoli a soigné son travail.
Je n'ai jamais lu le roman Sa majesté des mouches dont je ne connais que les grandes lignes. Je ne peux donc pas comparer, mais pendant une bonne partie de l'album j'avais l'impression de lire une version tout public tant le récit me semblait moins glauque que je l'imaginais et puis il y a le dernier tiers où le drame s'accentue et la plupart des personnages basculent totalement. Je ne sais pas si c'est aussi comme ça dans le roman, mais cela m'a un peu dérouté parce que je pensais que c'était noir du début jusqu'à la fin.
J'ai trouvé la lecture agréable à défaut d'être mémorable sauf pour les moments les plus durs du récit qui je pense m'auraient traumatisé si j'avais vu ces images très jeune. C'est donc un peu dur de trouver passionnant un récit dont je n'ai ressenti de la tension que sur quelques pages. La fin est un peu trop abrupte, mais là je sais que ce coup-ci c'est 100 % la faute du roman et que l'autrice ne l'a fait que la reprendre.
Le dessin d'Aimée De Jongh est toujours aussi bon, mais peut-être un peu trop propre la plupart du temps sauf lorsqu'il y a la fameuse tête de cochon présente. Peut-être que mon opinion aurait été différente si j'avais lu le roman. En tout cas, c'est une bonne BD, mais je la mettrais pas dans les indispensables de 2024.
Une biographie honnête, mais qui ne m’a pas emballé plus que ça.
Je connais assez bien la période au cœur de l’album, à savoir le monde artistique et littéraire de l’entre-deux guerres parisien. Mais c’est surtout l’autre côté de la rue de l’Odéon qui m’avait intéressé, la librairie d’Adrienne Monnier ayant été un creuset et un lieu de rencontres pour beaucoup d’écrivains (Aragon, Breton, Apollinaire je crois).
Il s’agit ici de suivre l’amie d’Adrienne qui, à sa suite, a ouvert une librairie originale portant son nom, Sylvia Beach. Il y a des parties intéressantes dans ce récit, autour des rencontres, du hasard, de l’effervescence du Paris de cette époque, de son cosmopolitisme. Et le casting est bien évidemment impressionnant pour qui s’intéresse à la littérature de l’époque (Française et anglo-saxonne).
Mais j’ai trouvé le récit finalement un peu creux. Je n’ai pas trop aimé le tic – hélas répandu – de multiplier les apparitions de « noms célèbres », qui s’interpellent tous par leurs noms et prénoms. Ça n’est pas naturel et fait un peu trop « placement de produit ».
Je ne connais pas Joyce, que Sylvia Beach a énormément aidé, en publiant son « Ulysse », mais les auteurs le présentent comme quelqu’un d’ingrat et peu estimable, même si Beach semble ne pas lui en vouloir de son manque de reconnaissance.
Les dernières années de la librairie, du moins telle que rêvée et dirigée par Sylvia sont plus sombres – la seconde guerre mondiale est passée par là. Mais le reflux des auteurs américains dès la crise des années 1930 avait quelque peu sonné le glas d’une période d’euphorie pour cette femme qui a joué dans l’ombre un rôle majeure (comme Monnier).
La librairie qui porte encore son nom – délocalisée sur les quais de Seine pas loin de Notre Dame – est un témoignage souvent oublié de celle qui fut une passeuse remarquable.
Le sujet m’intéressait, et j’ai appris un certain nombre de choses. Mais il m’a manqué sans doute un souffle créateur, et j’ai été gêné par quelques facilités (évoquées plus hauts). Je ne regrette pas ma lecture, mais je n’y reviendrai pas.
Une lecture pas désagréable, même si elle m’a un chouia laissé sur ma faim.
Le dessin d’Arianna Melone est original et intéressant, avec un beau travail à l’aquarelle. J’ai par contre parfois été surpris et gêné (et n’ai pas vraiment aimé ça) par les tâches rouges sur les visages, qui leur donnent parfois des airs de clowns incongrus.
L’intrigue a un arrière-plan intéressant, autour d’Eugénie, une femme prétendant entendre des voix, être en contact avec des défunts, avoir des « visions ». Scandaleux pour son père, grand bourgeois coincé, qui la fait interner de force à la Salpêtrière, où elle rejoint la cohorte de femmes « soignées », mais aussi exhibées par Charcot.
Au travers de l’exemple d’Eugénie, et de quelques femmes compagnes d’infortune internée, c’est la condition féminine qui est au cœur des débats, avec un parallèle à faire avec le traitement réservé à de nombreuses femmes trois ou quatre siècles plus tôt : l’asile et les accusations d’hystérie ayant remplacé le bûcher et les accusations de sorcellerie.
Mais cet aspect est sous-employé selon moi. Et l’intrigue elle-même manque un peu de fond. Et je pense qu’elle aurait pu fonctionner sans faire d’Eugénie une interlocutrice des fantômes.
Arawn est une BD de bourrin pour les bourrins. Beaucoup de sang, de têtes tranchées et de guerrières en culotte avec des gros seins. Notre côté pervers aimera scruter les courbes délicieuses de Siamh. Pour le reste, ça se lit pour passer le temps. Globalement on passe un bon moment mais sans plus. La façon de conter l'histoire est sobre, il n'y a pas énormément de dialogues. Les dessins sont parfois très imprécis, tandis que d'autres fois ils sont sublimes. On sent que S. GRENIER porte une attention particulière à son personnage féminin Siamh, qu'il lui rend hommage en dessinant son corps avec soin.
Je serais moins enthousiaste que Noirdésir en ce qui concerne ce one-shot.
En effet, contrairement à lui, je ne suis pas fan du dessin. C'est le genre de style réaliste que je n'aime pas trop parce que cela manque un peu de dynamisme et aussi les têtes sont un peu moches. On dirait des photos que quelqu'un aurait dessinées par-dessus. Je comprends qu'il y a un public pour ce genre de style hyperréaliste, mais moi cela ne m'attire pas du tout.
Quant au scénario, il raconte ce que le gangster québécois Lucien Rivard aurait pu faire lorsqu'il était à Cuba. Disons que je prends tout ce qui tourne autour de ce criminel avec un grain de sel parce qu'on a souvent exagéré ses exploits (du genre il aurait participé à l'assassinat de JFK) , mais Michel Viau semble s'être bien documenté et tenu à que cela soit le plus réaliste et crédible possible et ses théories font du sens, mais je considère cet album comme un mélange et de fiction, En tout cas, le scénario est pas trop mal, mais comme le dessin me repousse je n'ai jamais rentré dans le récit. Dommage, on voit que les auteurs ont travaillés forts et j'aurais bien aimé trouver cet album passionnant à lire.
Kago regroupe ici un grand nombre d’histoires courtes parues en revue, auxquelles il a ajouté quelques inédits et quelques simples dessins.
C’est un album que j’ai trouvé intéressant, mais qui est à réserver aux amateurs – qui plus est adultes. J’ai un peu hésité à le mettre en strictement pour adultes, mais l'y ai finalement placé. En effet, il y a dans la plupart des histoires des scènes de sexe, parfois explicites, et un grand nombre d’illustrations de torture : une certaine esthétique SM prédomine.
Mais on n’est pas là dans quelque chose de purement érotique ou porno. Car Kago pervertit le genre, en introduisant un humour – très noir, et une bonne dose d’absurde : en ce sens la première histoire du recueil, « Contre les murs » est un bon condensé de tous ces aspects.
Si les histoires sont inégales, l’ensemble est tout de même original et agréable. Kago y développe un Ero-Guro parfois loufoque, souvent pervers, qui le rapproche ici de certains albums de Maruo (comme La Chenille par exemple).
Le Chevalier Imberbe, c'est un melting pot d'idées et de propos intéressant-e-s. Déjà, au niveau de la forme, c'est un mélange de récit médiéval, avec des termes d'époques et des poncifs scénaristiques de la chanson de geste, et d'anachronismes modernes comme des motos remplaçant les chevaux ou des radios utilisés pour communiquer. Ce parti-pris qui n'est pas nouveau est ici intelligemment utilisé pour à la fois témoigner de l'aspect intemporel de la problématique, mais également pour parler du sujet qui nous est très contemporain de la transidentité et de la libération des carcans du genre tout en soulignant le côté moyenâgeux de la pensée conservatrice souhaitant s'y opposer.
Un propos simple mais ambitieux, ou en tout cas un minimum intéressant.
L'histoire est celle d'Isabeau, l'éponyme chevalier imberbe en route vers les croisades de la reine Aliénor. Il s'arrête quelques temps chez son cousin et y rencontre Radegonde, la femme dudit cousin, avec laquelle il va petit à petit tomber amoureux. Une histoire d'amour interdite c'est déjà beaucoup de problèmes, alors si on rajoute en plus à cela que personne (je dis bien personne) ne semble savoir si Isabeau est un homme ou une femme, on peut-être sûr que si leur secret venait à se faire savoir la catastrophe serait assurée (les remous du qu'en-dire-t-on, tout ça tout ça).
Comme dit plus haut, l'album tourne autour de la question du genre. On ne nous dit jamais quel est le genre d'Isabeau, lui-même s'exprime sur le sujet en disant qu'il préfère que les gens ne le sachent pas car il n'apprécie pas que l'on change sa manière d'agir en fonction de la perception que l'on a de lui. Par son apparence androgyne et son refus de s'exprimer sur la question de son identité de genre on traite le sujet de la liberté de tout individu à s'identifier comme iel l'entend et surtout de l'absurdité du besoin d'enfermer tout le monde dans des petites cases étriquées censées les définir. On permet également à Isabeau de représenter toutes les identités transgenres, qu'elles soient binaires ou non, fluides ou non. On ne sait pas ce qu'il est si ce n'est Isabeau, et c'est déjà bien assez pour pouvoir l'apprécier.
On note d'ailleurs qu'il semble accorder ses phrases au masculin lorsqu'il parle de lui (on apprend au détour d'une phrase que l'écriture inclusive existe dans cet univers ce qui le rend particulièrement notable), ajoutant ainsi une dimension intéressante en abordant la question de la distinction de l'emploi des pronoms genrés et du genre de l'individu en lui-même.
Il y a aussi l'antagoniste de cette histoire, Dame Marguerite, se présentant comme la défenseuse de la cause féminine tout en enfermant quotidiennement les femmes dans le rôle d'êtres serviables et soumises à leur maris. On devine dans ce personnage une caricature du mouvement TERF (Trans Exclusionary Radical Feminist), qui sous couvert de féminisme réduit les femmes à des êtres biologiquement inférieurs aux hommes et ne pouvant sortir d'une certaine vision très fermée de ce que doit être une femme (tant dans l'apparence que dans le comportement). Radegonde, dont Dame Marguerite est chargée de l'éducation, souffre justement de sa vision trop étriquée de ce que doit être une femme. Radegonde aime sortir, Radegonde aime se battre, Radegonde aime porter des bottes de combats (oui, on le voit sur deux/trois cases), Radegonde ne se rase pas les guiboles, Radegonde fume, Radegonde se travestit même à un moment, bref, Radegonde n'est pas féminine. Sauf qu'en fait si, justement. Radegonde est une femme, elle ne s'enferme simplement pas dans ce qu'une femme devrait être selon l'opinion d'autres personnes.
Vous l'aurez compris, ici on parle du genre sous toutes ses coutures, en tout cas on essaye d'aborder de nombreuses facettes de la chose.
Bon, après, tout n'est pas parfait. L'histoire est un peu trop simple, certains passages semblent survolés avec une désinvolture presque déconcertante, mais je parviens à pardonner ces petites déceptions car je trouve le propos intéressants et que les romances codifiées façon chanson de geste arrivent parfois à faire mouche chez moi. J'aurais préféré que l'histoire soit un peu plus étoffée et les personnages un peu plus développés mais j'ai tout de même apprécié ma lecture.
Le dessin de Tamos est intéressant, j'apprécie son aspect enfantin proche de dessinateur-ice-s comme Pef. Il y a un côté naïf dans les expressions et les mouvements que je trouve vraiment charmant (même si je me doute que cela ne fera pas l'unanimité).
Une ode à l'individualité, une présentation caricaturale des pensées conservatrices, une histoire d'amour, un récit perfectible mais pas inintéressant.
Pas parfait, donc, mais une lecture qui ne m'a sincèrement pas déplu.
Une drôle d'autobiographie.
Ce premier tome nous emmène au Québec dans le milieu des années 80, avec le début de la scolarisation d'Axelle Lenoir.
Axelle Lenoir est une autrice transgenre québécoise et cet album n'a pas été retouché au niveau des dialogues, il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour l'apprivoiser.
Une autobiographie avec une première surprise, l'autrice transgenre ne se représente pas en petit garçon, mais en petite fille. Seconde surprise, c'est le ton donné au récit, il a un côté surréaliste. Le titre de l'album, trompe-l'œil, est on ne peut mieux trouvé. En effet, Axelle joue sur la confusion de notre perception en nous emmenant dans sa dimension d'enfant à l'imagination débordante. Une autobiographie où on découvre aussi l'Axelle de 39 ans, celle qui réalise cette BD, elle se met en scène et interpelle régulièrement le lecteur pour nous donner son ressenti avec une certaine autodérision, mais aussi avec une pointe de narcissisme. Une lecture qui ne m'a pas complètement embarqué, je ne suis jamais entré dans son délire qui mélange réalité et fiction.
Graphiquement ce n'est pas un style qui me met des étoiles dans les yeux, mais c'est efficace et au fil des pages je l'ai adopté. Une colorisation minimaliste. En cadeau, une planche de Jeik Dion Aliss.
Pas pressé de lire la suite.
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The Magic Fish
Tombé par hasard sur cet album, je me suis lancé dans sa lecture sans a priori, charmé par l'élégance du dessin. L'élégance visuelle est bien là, Trung Nguyen combinant les estampes japonaises avec un trait comics relativement classique, mais qui manque un peu de vie car les cases sont relativement vides. Il explicite son projet en postface de l'album : montrer les difficultés pour une famille d'immigrés de communiquer, mais surtout pour dire des choses simples, enfin en apparence. Mais là où la plupart des histoires à ce sujet nous montrent les difficultés en-dehors de la sphère familiale, Trung Nguyen (probablement inspiré par sa propre histoire ou celle de son entourage) a choisi de nous parler de ces difficultés à l'intérieur du cercle familial. En effet, si Hièn a gardé des liens forts avec sa famille et les traditions de son pays d'origine, le Vietnam, son fils lui est totalement intégré à la société américaine et parle à peine la langue de ses parents. la lecture de contes venus d'Asie est donc un moyen de garder le lien, de lui enseigner des choses de ce pays lointain. Si le dénouement de l'album permet de comprendre cet enjeu, j'avoue qu'il a fallu du temps pour y arriver. Seule la dernière histoire est claire à ce sujet, reflétant peut-être le cheminement de la pensée de la mère de Tièn. Je suis peut-être passé à côté de ma lecture, mais j'ai tout de même bien apprécié les parties relatives aux contes lus par l'adolescent, la grâce du trait de Nguyen reflétant bien la délicatesse des contes. C'est pour ça que j'ai mis l'album en "inclassable, car il s'agit en fait d'une suite de contes encapsulés dans un roman graphique relativement simple. J'espère que l'album a tout de même rencontré son public.
Zoulouland
Ramaïoli a beaucoup publié de récits d’aventures historiques et guerrières. A chaque fois en se documentant et en cherchant à faire coller sa petite histoire avec la grande. C’est encore le cas avec cette série, qui nous plonge dans l’Afrique du Sud au moment de l’affrontement entre Anglais et Zoulous. J’ai lu le premier cycle de six albums. Si ma lecture a été plutôt plaisante, je pense m’arrêter là. En effet, ça commence un peu à s’étirer, et les batailles prennent quasiment toute la place, au détriment des personnages, et d’une intrigue plus développée. Après un premier tome introductif, mais au final déjà bien animé (la lourde défaite anglaise de l’Isandlwana, traitée dans le film « L’ultime attaque »), Ramaïoli nous présente un morceau de bravoure sur deux albums, autour de l’assaut par plusieurs milliers de Zoulous d’un peu moins de 200 Anglais à Rorke’s Drift. C’est un épisode que je connais bien, car il a été traité au cinéma (dans le film « Zoulou », que j’ai vu il y a longtemps), mais aussi en BD par D’Antonio dans L'Homme du Zoulouland. Ramaïoli délaye juste ce combat jusqu’au bout, pour en donner quelque chose d’épique et de désespéré, dans un rendu proche de ce que l’imaginaire a conservé de la résistance des Légionnaires à Camerone – mais là les défenseurs restent maîtres du terrain ! Les trois albums suivants suivent la campagne de 1879, les combats devenant de plus en plus omniprésents dans le récit. Au milieu des chefs militaires (Anglais et Zoulous), Ramaïoli a placé comme personnages principaux et fil rouge Dundee, un Anglais vivant au milieu des Zoulous et adopté par eux, qui va se trouver, à son corps défendant, obligé de lutter du côté des Anglais, mais aussi un jeune soldat écossais, Kevin, que Dundee va prendre sous son aile. Ces deux personnages se retrouvent au cœur de tous les combats. Le personnage de Dundee, entre deux cultures, et quelques aspects de l’histoire, m’ont fait penser à certains récits de Pratt (qui lui aussi a traité de la guerre de 1879 dans Cato Zoulou, album vraiment mineur dans son œuvre) se déroulant en Amérique du nord (Ticonderoga, mais aussi Fort Wheeling). Mais il manque ici une certaine force épique et poétique que savait insuffler Pratt à ces œuvres. Pour revenir au récit de Ramaïoli, c’est de l’aventure classique et old school, assez « hollywoodienne » dans son traitement (même si Hollywood aurait sans doute ajouté une jeune et belle anglaise que tous les officiers british auraient draguée et défendue, là où Ramaïoli a placé une jeune zouloue dont Kevin s’amourache – un personnage féminin qui n’apporte pas grand-chose ici je trouve). Un récit qui s’étire un peu trop, mais sur ce premier cycle, le lecteur ne s’ennuie pas. C’est très dynamique, et Ramaïoli utilise bien les termes zoulous, reconstitue très bien l’univers par son dessin réaliste et fort, pour que l’on se trouve immergé dans l’action du début à la fin. Les dispute entre un Dundee rebelle à toute autorité et quelques officiers et sous-officiers anglais rappellent quelques passages des westerns de Ford. Seul le personnage de Kevin m’est apparu parfois un peu trop falot et artificiel. Une série en tout cas très recommandable pour les amateurs de récits historiques, Ramaïoli a soigné son travail.
Sa Majesté des Mouches
Je n'ai jamais lu le roman Sa majesté des mouches dont je ne connais que les grandes lignes. Je ne peux donc pas comparer, mais pendant une bonne partie de l'album j'avais l'impression de lire une version tout public tant le récit me semblait moins glauque que je l'imaginais et puis il y a le dernier tiers où le drame s'accentue et la plupart des personnages basculent totalement. Je ne sais pas si c'est aussi comme ça dans le roman, mais cela m'a un peu dérouté parce que je pensais que c'était noir du début jusqu'à la fin. J'ai trouvé la lecture agréable à défaut d'être mémorable sauf pour les moments les plus durs du récit qui je pense m'auraient traumatisé si j'avais vu ces images très jeune. C'est donc un peu dur de trouver passionnant un récit dont je n'ai ressenti de la tension que sur quelques pages. La fin est un peu trop abrupte, mais là je sais que ce coup-ci c'est 100 % la faute du roman et que l'autrice ne l'a fait que la reprendre. Le dessin d'Aimée De Jongh est toujours aussi bon, mais peut-être un peu trop propre la plupart du temps sauf lorsqu'il y a la fameuse tête de cochon présente. Peut-être que mon opinion aurait été différente si j'avais lu le roman. En tout cas, c'est une bonne BD, mais je la mettrais pas dans les indispensables de 2024.
Sylvia, Shakespeare & Co
Une biographie honnête, mais qui ne m’a pas emballé plus que ça. Je connais assez bien la période au cœur de l’album, à savoir le monde artistique et littéraire de l’entre-deux guerres parisien. Mais c’est surtout l’autre côté de la rue de l’Odéon qui m’avait intéressé, la librairie d’Adrienne Monnier ayant été un creuset et un lieu de rencontres pour beaucoup d’écrivains (Aragon, Breton, Apollinaire je crois). Il s’agit ici de suivre l’amie d’Adrienne qui, à sa suite, a ouvert une librairie originale portant son nom, Sylvia Beach. Il y a des parties intéressantes dans ce récit, autour des rencontres, du hasard, de l’effervescence du Paris de cette époque, de son cosmopolitisme. Et le casting est bien évidemment impressionnant pour qui s’intéresse à la littérature de l’époque (Française et anglo-saxonne). Mais j’ai trouvé le récit finalement un peu creux. Je n’ai pas trop aimé le tic – hélas répandu – de multiplier les apparitions de « noms célèbres », qui s’interpellent tous par leurs noms et prénoms. Ça n’est pas naturel et fait un peu trop « placement de produit ». Je ne connais pas Joyce, que Sylvia Beach a énormément aidé, en publiant son « Ulysse », mais les auteurs le présentent comme quelqu’un d’ingrat et peu estimable, même si Beach semble ne pas lui en vouloir de son manque de reconnaissance. Les dernières années de la librairie, du moins telle que rêvée et dirigée par Sylvia sont plus sombres – la seconde guerre mondiale est passée par là. Mais le reflux des auteurs américains dès la crise des années 1930 avait quelque peu sonné le glas d’une période d’euphorie pour cette femme qui a joué dans l’ombre un rôle majeure (comme Monnier). La librairie qui porte encore son nom – délocalisée sur les quais de Seine pas loin de Notre Dame – est un témoignage souvent oublié de celle qui fut une passeuse remarquable. Le sujet m’intéressait, et j’ai appris un certain nombre de choses. Mais il m’a manqué sans doute un souffle créateur, et j’ai été gêné par quelques facilités (évoquées plus hauts). Je ne regrette pas ma lecture, mais je n’y reviendrai pas.
Le Bal des folles
Une lecture pas désagréable, même si elle m’a un chouia laissé sur ma faim. Le dessin d’Arianna Melone est original et intéressant, avec un beau travail à l’aquarelle. J’ai par contre parfois été surpris et gêné (et n’ai pas vraiment aimé ça) par les tâches rouges sur les visages, qui leur donnent parfois des airs de clowns incongrus. L’intrigue a un arrière-plan intéressant, autour d’Eugénie, une femme prétendant entendre des voix, être en contact avec des défunts, avoir des « visions ». Scandaleux pour son père, grand bourgeois coincé, qui la fait interner de force à la Salpêtrière, où elle rejoint la cohorte de femmes « soignées », mais aussi exhibées par Charcot. Au travers de l’exemple d’Eugénie, et de quelques femmes compagnes d’infortune internée, c’est la condition féminine qui est au cœur des débats, avec un parallèle à faire avec le traitement réservé à de nombreuses femmes trois ou quatre siècles plus tôt : l’asile et les accusations d’hystérie ayant remplacé le bûcher et les accusations de sorcellerie. Mais cet aspect est sous-employé selon moi. Et l’intrigue elle-même manque un peu de fond. Et je pense qu’elle aurait pu fonctionner sans faire d’Eugénie une interlocutrice des fantômes.
Arawn
Arawn est une BD de bourrin pour les bourrins. Beaucoup de sang, de têtes tranchées et de guerrières en culotte avec des gros seins. Notre côté pervers aimera scruter les courbes délicieuses de Siamh. Pour le reste, ça se lit pour passer le temps. Globalement on passe un bon moment mais sans plus. La façon de conter l'histoire est sobre, il n'y a pas énormément de dialogues. Les dessins sont parfois très imprécis, tandis que d'autres fois ils sont sublimes. On sent que S. GRENIER porte une attention particulière à son personnage féminin Siamh, qu'il lui rend hommage en dessinant son corps avec soin.
Havana connection
Je serais moins enthousiaste que Noirdésir en ce qui concerne ce one-shot. En effet, contrairement à lui, je ne suis pas fan du dessin. C'est le genre de style réaliste que je n'aime pas trop parce que cela manque un peu de dynamisme et aussi les têtes sont un peu moches. On dirait des photos que quelqu'un aurait dessinées par-dessus. Je comprends qu'il y a un public pour ce genre de style hyperréaliste, mais moi cela ne m'attire pas du tout. Quant au scénario, il raconte ce que le gangster québécois Lucien Rivard aurait pu faire lorsqu'il était à Cuba. Disons que je prends tout ce qui tourne autour de ce criminel avec un grain de sel parce qu'on a souvent exagéré ses exploits (du genre il aurait participé à l'assassinat de JFK) , mais Michel Viau semble s'être bien documenté et tenu à que cela soit le plus réaliste et crédible possible et ses théories font du sens, mais je considère cet album comme un mélange et de fiction, En tout cas, le scénario est pas trop mal, mais comme le dessin me repousse je n'ai jamais rentré dans le récit. Dommage, on voit que les auteurs ont travaillés forts et j'aurais bien aimé trouver cet album passionnant à lire.
Présence de corps étrangers
Kago regroupe ici un grand nombre d’histoires courtes parues en revue, auxquelles il a ajouté quelques inédits et quelques simples dessins. C’est un album que j’ai trouvé intéressant, mais qui est à réserver aux amateurs – qui plus est adultes. J’ai un peu hésité à le mettre en strictement pour adultes, mais l'y ai finalement placé. En effet, il y a dans la plupart des histoires des scènes de sexe, parfois explicites, et un grand nombre d’illustrations de torture : une certaine esthétique SM prédomine. Mais on n’est pas là dans quelque chose de purement érotique ou porno. Car Kago pervertit le genre, en introduisant un humour – très noir, et une bonne dose d’absurde : en ce sens la première histoire du recueil, « Contre les murs » est un bon condensé de tous ces aspects. Si les histoires sont inégales, l’ensemble est tout de même original et agréable. Kago y développe un Ero-Guro parfois loufoque, souvent pervers, qui le rapproche ici de certains albums de Maruo (comme La Chenille par exemple).
Le Chevalier Imberbe
Le Chevalier Imberbe, c'est un melting pot d'idées et de propos intéressant-e-s. Déjà, au niveau de la forme, c'est un mélange de récit médiéval, avec des termes d'époques et des poncifs scénaristiques de la chanson de geste, et d'anachronismes modernes comme des motos remplaçant les chevaux ou des radios utilisés pour communiquer. Ce parti-pris qui n'est pas nouveau est ici intelligemment utilisé pour à la fois témoigner de l'aspect intemporel de la problématique, mais également pour parler du sujet qui nous est très contemporain de la transidentité et de la libération des carcans du genre tout en soulignant le côté moyenâgeux de la pensée conservatrice souhaitant s'y opposer. Un propos simple mais ambitieux, ou en tout cas un minimum intéressant. L'histoire est celle d'Isabeau, l'éponyme chevalier imberbe en route vers les croisades de la reine Aliénor. Il s'arrête quelques temps chez son cousin et y rencontre Radegonde, la femme dudit cousin, avec laquelle il va petit à petit tomber amoureux. Une histoire d'amour interdite c'est déjà beaucoup de problèmes, alors si on rajoute en plus à cela que personne (je dis bien personne) ne semble savoir si Isabeau est un homme ou une femme, on peut-être sûr que si leur secret venait à se faire savoir la catastrophe serait assurée (les remous du qu'en-dire-t-on, tout ça tout ça). Comme dit plus haut, l'album tourne autour de la question du genre. On ne nous dit jamais quel est le genre d'Isabeau, lui-même s'exprime sur le sujet en disant qu'il préfère que les gens ne le sachent pas car il n'apprécie pas que l'on change sa manière d'agir en fonction de la perception que l'on a de lui. Par son apparence androgyne et son refus de s'exprimer sur la question de son identité de genre on traite le sujet de la liberté de tout individu à s'identifier comme iel l'entend et surtout de l'absurdité du besoin d'enfermer tout le monde dans des petites cases étriquées censées les définir. On permet également à Isabeau de représenter toutes les identités transgenres, qu'elles soient binaires ou non, fluides ou non. On ne sait pas ce qu'il est si ce n'est Isabeau, et c'est déjà bien assez pour pouvoir l'apprécier. On note d'ailleurs qu'il semble accorder ses phrases au masculin lorsqu'il parle de lui (on apprend au détour d'une phrase que l'écriture inclusive existe dans cet univers ce qui le rend particulièrement notable), ajoutant ainsi une dimension intéressante en abordant la question de la distinction de l'emploi des pronoms genrés et du genre de l'individu en lui-même. Il y a aussi l'antagoniste de cette histoire, Dame Marguerite, se présentant comme la défenseuse de la cause féminine tout en enfermant quotidiennement les femmes dans le rôle d'êtres serviables et soumises à leur maris. On devine dans ce personnage une caricature du mouvement TERF (Trans Exclusionary Radical Feminist), qui sous couvert de féminisme réduit les femmes à des êtres biologiquement inférieurs aux hommes et ne pouvant sortir d'une certaine vision très fermée de ce que doit être une femme (tant dans l'apparence que dans le comportement). Radegonde, dont Dame Marguerite est chargée de l'éducation, souffre justement de sa vision trop étriquée de ce que doit être une femme. Radegonde aime sortir, Radegonde aime se battre, Radegonde aime porter des bottes de combats (oui, on le voit sur deux/trois cases), Radegonde ne se rase pas les guiboles, Radegonde fume, Radegonde se travestit même à un moment, bref, Radegonde n'est pas féminine. Sauf qu'en fait si, justement. Radegonde est une femme, elle ne s'enferme simplement pas dans ce qu'une femme devrait être selon l'opinion d'autres personnes. Vous l'aurez compris, ici on parle du genre sous toutes ses coutures, en tout cas on essaye d'aborder de nombreuses facettes de la chose. Bon, après, tout n'est pas parfait. L'histoire est un peu trop simple, certains passages semblent survolés avec une désinvolture presque déconcertante, mais je parviens à pardonner ces petites déceptions car je trouve le propos intéressants et que les romances codifiées façon chanson de geste arrivent parfois à faire mouche chez moi. J'aurais préféré que l'histoire soit un peu plus étoffée et les personnages un peu plus développés mais j'ai tout de même apprécié ma lecture. Le dessin de Tamos est intéressant, j'apprécie son aspect enfantin proche de dessinateur-ice-s comme Pef. Il y a un côté naïf dans les expressions et les mouvements que je trouve vraiment charmant (même si je me doute que cela ne fera pas l'unanimité). Une ode à l'individualité, une présentation caricaturale des pensées conservatrices, une histoire d'amour, un récit perfectible mais pas inintéressant. Pas parfait, donc, mais une lecture qui ne m'a sincèrement pas déplu.
Passages secrets (Axelle Lenoir)
Une drôle d'autobiographie. Ce premier tome nous emmène au Québec dans le milieu des années 80, avec le début de la scolarisation d'Axelle Lenoir. Axelle Lenoir est une autrice transgenre québécoise et cet album n'a pas été retouché au niveau des dialogues, il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour l'apprivoiser. Une autobiographie avec une première surprise, l'autrice transgenre ne se représente pas en petit garçon, mais en petite fille. Seconde surprise, c'est le ton donné au récit, il a un côté surréaliste. Le titre de l'album, trompe-l'œil, est on ne peut mieux trouvé. En effet, Axelle joue sur la confusion de notre perception en nous emmenant dans sa dimension d'enfant à l'imagination débordante. Une autobiographie où on découvre aussi l'Axelle de 39 ans, celle qui réalise cette BD, elle se met en scène et interpelle régulièrement le lecteur pour nous donner son ressenti avec une certaine autodérision, mais aussi avec une pointe de narcissisme. Une lecture qui ne m'a pas complètement embarqué, je ne suis jamais entré dans son délire qui mélange réalité et fiction. Graphiquement ce n'est pas un style qui me met des étoiles dans les yeux, mais c'est efficace et au fil des pages je l'ai adopté. Une colorisation minimaliste. En cadeau, une planche de Jeik Dion Aliss. Pas pressé de lire la suite.