Thé de noix

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Les enfants au pouvoir !


Auteurs argentins Séries avec un unique avis

Loin du politiquement correct et de la pensée unique « les bébés sont si mignons », Lucas Nine nous fait découvrir la véritable nature des enfants : intolérants, cruels et totalitaires, les bébés dirigent le monde d’une (petite) main de fer moralisatrice, comme si la Comtesse de Ségur et ses Malheurs de Sophie avait réussi à mettre en place un ministère chargé de contrôler le bon goût et la droiture morale des enfants. L’auteur nous invite surtout à revisiter le monde de notre enfance à travers les aventures rocambolesques de Timothée alias le Bébé d’Acier et le plus médiatisé et le plus intransigeant qui soit. La construction de cette histoire découpée en douze chapitres intègre des strips quotidiens des personnages principaux, des fausses publicités, et des jeux afin de renforcer cette illusion que Thé de Noix serait un livre du passé… (site éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Novembre 2011
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Thé de noix © Les Rêveurs 2011
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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23/04/2020 | Noirdésir
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Même si bien sûr son imaginaire lui est propre, on sent quand même ici l’influence de son père Carlos Nine dans le travail de Lucas Nine. En effet, les deux Argentins développent un univers étrange. Le dessin fait la part belle à des personnages aux formes disproportionnées, à des décors eux-aussi hors normes, comme si la réalité était quelque peu malmenée, au profit d’une poésie, d’un surréalisme plus ou moins diffus. En tout cas ce dessin est un peu déroutant, comme cette colorisation un peu terne, s’échappant parfois du contour des crayonnés. C’est un dessin original, même si je préfère quand même le style de son père (mais ce n’est pas la question…). En tout cas ce dessin et sa colorisation m’ont parfois fait penser, avec leur côté désuet et naïf, à certains ancêtres de la BD, à certains vieux comics (voir le passage sur le manège), singés par les pages « comiques ». De plus, il y a aussi pas mal de références aux premiers temps du cinéma, à certains cartoons (la Panthère rose par exemple). Déroutant, c’est aussi ce qui me vient à l’esprit lorsque j’évoque l’intrigue, qui bouscule quelque peu les idées que nous avons de l’enfance, prétendument innocente, positive, puisqu’ici les enfants, désormais au pouvoir, ont des comportements dictatoriaux, ont des mœurs très « adultes » (ils fréquentent les bordels par exemple !). Nous suivons essentiellement le personnage principal, qui est un gamin minuscule, Monsieur Timothée, sorte d’enquêteur improbable (il travaille pour le Ministère des Affaires Enfantines), accompagné de « Mamelon », femme/chatte aux seins proéminents. Déroutant dans la construction aussi. En effet, autour de « l’intrigue » principale (découpée, voire ventilée en chapitres), des digressions plus ou moins loufoques (jeux, publicités) se greffent, pour ajouter un peu de folie à un univers qui n’en manque pas vraiment. Une bonne partie de l’album est en fait un assemblage de digressions, dans des collages un peu surréalistes qui rapprochent là encore le travail de Lucas Nine de celui de son père. C’est donc un univers onirique et loufoque très particulier, dans lequel il faut faire l’effort d’entrer – mais les amoureux d’œuvres décalées y trouveront matière à nourrir leur imagination.

23/04/2020 (modifier)