Arca ou la nouvelle Eden (Arca)

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

La planète est morte mais les plus riches ont survécus en partant vers les étoiles. C’est le point de départ de ce récit dystopique brillamment conçu par Van Jensen et le dessinateur prodige Jesse Lonergan.


Conquête de l'espace IDW Publishing Les petits éditeurs indépendants Utopies, Dystopies

La société humaine s’est effondrée, dévoilant le projet d’un groupe de milliardaires : une arche spatiale en partance pour la planète habitable la plus proche. L’Arca est un navire dont le luxe n’a d’égal que la richesse de l’élite qu’elle est destinée à sauver. Les besoins de ses passagers sont satisfaits par de jeunes adolescents réduits en esclavage contre une promesse : celle d’une nouvelle vie dans un monde nouveau. Mais depuis le cœur de l’Arca la jeune Perséphone, découvre que l’avenir qui se dessine pour elle et ses compagnons d’infortune est tout autre. Elle va devoir faire face aux maîtres du vaisseau, prêts à tout pour préserver leurs privilèges. Écrit par l’auteur primé Van Jensen (Green Lantern Corps, Superman: Man of Tomorrow chez DC Comics, Two Dead en compagnie de Nate Powell) et dessinée par le prodige de la narration visuelle et du découpage Jesse Lonergan, acclamé pour ses travaux sur Hedra, Planet Paradise chez Image Comics et Miss Truesdale and the Fall of Hyperborea avec Mike Mignola.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Mars 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Arca ou la nouvelle Eden © 404 éditions 2024
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Ah mince, je voulais beaucoup plus aimer que ça... Rah, c'est presque frustrant ! L'idée de base de la BD m'a vite intéressé et je me suis plongé dans cette histoire servie par une pagination importante et une mise en scène bien campée sur des cases qui se répondent, jouant sur la mise en scène et les sens de lecture pour rendre compte du gigantisme de la station spatiale tout autant que de actions simultanées ou des scènes nerveuses notamment les courses poursuites. Je m'attarde sur ce point puisqu'en fait j'ai une petite frustration : la BD profite de son grand format pour en mettre visuellement plein les yeux, mais en même temps l'histoire ne profite pas souvent à mon goût de cette page immense pour son format. Il y a quelques utilisations sur la verticale (notamment lors des ascenseurs) mais ça manque de pleine page qui fait ressentir le gigantisme de tout ça. C'est dommage, mais le dessin est vraiment un point fort de par son utilisation qui joue des codes de la BD pour étaler des poursuites sur plusieurs cases, faisant ressentir le temps qui passe ou percevoir l'espace comme fouillis. Un très bon point, donc. Niveau histoire, c'est plus discutable. L'intention est louable et je ne dirais pas qu'elle est mauvaise en soi. Il y a de bonnes idées, notamment dans les caractérisations qui veulent chacune retranscrire un personnage de riche caricaturale mais dénonciateur de personnes réelles (masculinisme/virilisme à outrance, milliardaire touchant à la génétique, chanteur plagiant des œuvres...). Ces tendances exacerbées dans la caractérisation les rendent tout de suite détestables mais également réalistes. J'ai l'impression que l'auteur s'est inspiré de certaines têtes réelles, même si je ne suis pas certain desquelles. Par contre, l'histoire a beau avoir sa base intéressante, elle est devenue très - trop- vite prévisible. Après le premier quart de l'histoire j'avais déjà une idée des grandes lignes du récit et effectivement je n'ai pratiquement pas vu de déviation dans celui-ci. Il faut dire que certaines choses sont amenées trop vite et qu'il manquerait la rétention d'information pour que j'eusse été pleinement investi dedans. En fin de compte, pratiquement toutes les révélations ont été éventées au préalable par une petite phrase que j'ai compris trop vite, me dévoilant ainsi les coulisses de chaque retournement de situation. Ce qui est dommage, puisque ces révélations avaient un réel intérêt et le scénario aurait vraiment gagné à rester plus cryptique pour le lecteur. D'autre part certains détails semblent parfois mal intégrés ou pas assez développés. Son copain qui atterrit à l'hosto semble surtout là pour dénoncer la violence des jeux qu'on donne pour calmer la plèbe mais n'intervient plus ensuite, de même que son goût pour la lecture a sans doute façonné son envie de révolte, mais sans jamais nous expliquer son cheminement intellectuel. L'histoire semble parfois grosse aussi, notamment autour de la gamine qui semble accepter bien trop vite de faire des choses illégales, malgré un endoctrinement depuis l'enfance. Ce qui est dommage, c'est que j'ai fermé la BD en ayant plus le ressenti négatif alors que l'ensemble contient beaucoup de positif. Mais trop de petites choses auraient mérité plus de développement, comme cette société qui s'est figée dans le temps et ne fait que ressasser de vieilles œuvres d'art (musicales et littéraires) sans jamais en créer de nouvelles. Cette façon de recycler toujours tout aurait été une piste très intéressante à développer, sans doute à mettre en parallèle de nos industries du loisir actuelles. Il serait dommage de limiter les qualités de la BD à mon simple ressenti final, négligeant le réel travail visuel, l'histoire fouillée et l'envie de traiter de sujets importants sur notre société. Donc je finirais plutôt par une recommandation de lecture en précisant que ce n'est clairement pas la BD de l'année.

10/09/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Le démarrage et lent, mais on prend le temps d’installer l’intrigue, le monde en « huis-clos » dans lequel nous allons baigner. Le dessin au trait gras est inégal et parfois brouillon, il manque de détails (remarque valable pour les personnages et les décors), mais là aussi je m’y suis fait. D’autant que le papier épais est agréable pour le lecteur. L’intrigue est classique dans les grandes lignes. Un régime dystopique et dictatorial va peu à peu être remis en cause par un grain de sable. Embarqués dans un vaisseau (dont le nom singe celui de l’Arche de la Bible) pour sauver des Terriens d’une catastrophe empêchant de vivre sur la planète bleue, les « survivants » sont divisés en catégories étanches et inégales : quelques dirigeants vénérés comme des sauveurs, quasi divinisés, qui vivent comme des nababs, tandis que les « jeunes » sont leurs serviteurs, jusqu’à leur majorité. Parmi ces « serviteurs » une jeune fille, Perséphone, va, juste avant d’être « émancipée », commencer à se poser des questions, et comprendre – et nous avec elle – ce qui se cache derrière la Vérité assénée à coup de slogans par les dirigeants. La SF bascule presque dans un thriller, et l’intrigue prend de l’ampleur, tout en étant de plus en plus dynamique. L’histoire est intéressante et agréable à suivre, même si la fin est un peu expédiée, tout étant résolu un peu facilement. Une lecture sympathique en tout cas. Note réelle 3,5/5.

04/05/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
L'avatar du posteur grogro

Lecture très sympa, en effet. Tout comme Paul le Poulpe, j'ai trouvé l'intrigue solide et le scénario maitrisé. Les choses prennent le temps de s'installer, puis se dévoilent lentement, à mesure que grandit un certain malaise. Les thématiques, certes maintes fois traitées en SF, comme dans d'autres genres, ouvrent ici sur un horizon d'avenir, là où habituellement les histoires s'achèvent par un dénouement tragique, voire carrément apocalyptique. D'apocalypse il est certes question dans Arca, et comment ne pas y songer alors que le sujet plane quotidiennement sur l'actualité. Par exemple, j'ai récemment appris qu'à 50C°, la viande commençait à cuire... Mais Bref ! Arca ? il s'agit bien entendu d'une référence à l'Arche d'un certain Noé. Les auteurs nous racontent en effet que pour échapper à la destruction de la planète, l'humanité a trouvé refuge sur un énorme vaisseau spatial nommé Arca. Et il se trouve que son commandant est également son concepteur ; un richissime milliardaire qui a instauré à bord un système social extrêmement réglementé et hiérarchisé, ceci afin de préserver la paix et l'harmonie jusqu'à Eden, une planète lointaine censée accueillir tout notre petit monde. On s'en doute, l'envers du décor est nettement moins philanthrope... Cette BD m'a fait songer à Elysium, le film de Neill Blomkamp, qui s'appuie sur le même postulat de départ : en gros, les riches s'occupent de tout, à commencer par organiser leur propre survie. Arca m'a également rappelé la BD Sentient de Jeff Lemire dont elle reprend certains éléments, dont le principal : les enfants y sont les principaux protagonistes. C'est important ici, car on y décèle clairement des analogies avec la situation que nous vivons désormais sur la planète (la Terre hein ?). La jeunesse est l'avenir de l'espèce humaine. Le dessin est pas mal même s'il contient quelques maladresses (les mains notamment), et le découpage est dynamique. La mise en couleur est plus discutable, mais reste globalement bien sentie, à condition de ne pas regarder de trop près la texture des peaux aux effets un peu étranges parfois. Les dialogues sont bons, même si là encore, on tombe sur des phrases mal troussées, des mots manquants, des expressions approximatives, qui révèlent un manque criant de relecture. Mais enfin, tout cela ne gâte cependant pas la lecture. Tout est fluide, et on découvre cet univers cohérent sans déceler de faille réelles. Rien à redire sur le scénario : ça roule. Pour ma part, c'est la fin un peu précipitée qui m'a un peu gêné. Je me suis dit : "quoi ? déjà ?". En 6 pages, tout se précipite. J'aurais juste apprécié quelques pages supplémentaires. Là, j'ai eu un peu le sentiment que les auteurs étaient pressés de boucler leur affaire. Néanmoins, le "message" (tin tin tin !!!) est très positif, ce qui n'est pas si courant par les temps qui courent. Et dans la SF en général. Pour finir, les choix éditoriaux sont assez convaincants : livre agréable à lire, beau grain de papier... Une bonne lecture aisément recommandable, au sujet de laquelle je suis probablement un peu sévère quant à la note attribuée (mais bon, pas possible de mettre 3,5...).

27/04/2024 (modifier)

Cette lecture m'a fortement enthousiasmé. Un scénario solide et maitrisé de bout en bout. A la lecture terminée, on ne décèle presque pas de faille à l'intrigue et à son déroulement incluant les motivations des différents protagonistes. L'histoire aborde des thématiques maintes fois visitées et revisitées en Science-Fiction (SF), mais donne lieu ici à un angle et une mise en place salutaire et fort à propos => Bref présentation des personnages, leurs classifications et occupations à bord de l'Arca et même un plan succinct (mais suffisant) du vaisseau. Le cadre est planté et on s'y sent bien. Le dessin n'est pas impressionnant en tant que tel mais il a ce coté "Matt Kindt" que j'apprécie particulièrement, et qui sait se montrer ultra efficace, particulièrement dans le séquençage, la clarté des actions et l'identification des personnages. Bien entendu, vous l'aurez compris, tout n'est pas rose sur Arca et on va vite déchanter pour ne plus lâcher le livre avant d'avoir compris le fin mot de l'histoire. Je tiens à souligner la très grande qualité de l'impression proposé par "404 éditions", la maquette est juste superbe proposant un grain de couverture et de pages intérieurs fort agréable au toucher. Petit Bémol, au moins deux/trois grosses typos m'ont particulièrement heurter la rétine. Pour conclure néanmoins, fort probablement un des top 10 SF de 2024. De la Science-Fiction haut de gamme.

13/03/2024 (modifier)